Documents rares ou inédits de l'histoire des Vosges ; 5-6. Histoire de l'abbaye de Senones. Tome 5, 1 / rédigée par D. Aug. Calmet ; et continuée par D. Fangé, son neveu (2024)

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Titre : Documents rares ou inédits de l'histoire des Vosges ; 5-6. Histoire de l'abbaye de Senones. Tome 5, 1 / rédigée par D. Aug. Calmet ; et continuée par D. Fangé, son neveu

Auteur : Calmet, Augustin (1672-1757). Auteur du texte

Éditeur : J.-B. Dumoulin (Paris)

Éditeur : V. Collot (et)

Date d'édition : 1878-1879

Contributeur : Fangé, Augustin (1709-1784). Continuateur

Contributeur : Chapellier, Jean-Charles (1821-1891). Éditeur scientifique

Contributeur : Gley, Gérard (1815-1901). Éditeur scientifique

Sujet : Histoire locale -- Vosges (France)

Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb37352320t

Relation : Titre d'ensemble : Documents rares ou inédits de l'histoire des Vosges

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb37309291q

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 1 microfilm ; 35 mm

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Droits : conditions spécifiques d'utilisation - Microformes et reprints

Droits : restricted use

Identifiant : ark:/12148/bpt6k103494v

Source : Médiat. S.-Dié

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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DOCUMENTAI

RARES OU !NËDtT8 DB

L'HISTOIRE DES VOSGES POBUÉ6 AU NOM DU

COMITÉ D'HISTOIRE VOSGIENNE r par

J.-C. CHAPELLIER et G. GLE}~~ J Officiers d'Académie, membres du Comité.

Tome cinquième. 5001

PARIS,

J -B. DUMOUUN LÏBRAtRE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE tiES AfmQUAIBM DE PXANCE, OUA! DES AOGCSTtNS, 43.

EPMAL. V. COLLOT, !MPtUMEUR DO CoMtTR.

i8'?8.

AYAKT PROPOS.

L'accueil de plus en plus sympathique fait à t'œuvre entreprise par notre Comité, nous engage à publier le 5" volume de Documents sur l'Histoire vosgienne.

L'an dernier, nous constations des pertes bien regrettables la mort était venue éclaircir nos rangs, et nous priver de nombreux et intelligents collaborateurs. Notre laborieux président, M. Charton, qui avait consacré une grande partie de sa vie à la composition d'ouvrages précieux pour notre département, nous était lui-même entevé, quand nous pouvions compter encore sur l'activité de son intelligence que l'âge avait respectée.

Notre Comité ainsi atteint ne s'est pas découragé; de nouveaux membres sont venus remplir nos listes, et ajouter leurs souscriptions à celles de nos anciens correspondants pour la continuation d'une œuvre que les étrangers mêmes savent apprécier. Nous pouvons donc poursuivre avec confiance cette publication, et nous le faisons en sollicitant, toujours avec instance, la communication des documents intéressants que chacun de nos bienveillants associés, pourrait découvrir et voudrait bien nous transmettre.

Comité d'histoire vosgienne

MEMBRES TmJLAIRBS.

MM. N. président du Comité.

CHAPELLIER, <r~oftef-afcMo~<e.

GLEY, Gérard, secrétaire.

LEBRUNT, vice-président de la Société d'BtHMÏaMon. BARBIER, receveur de l'enregistrement et dM <!owa<ne<. COLNENNE, inspecteur dM ~r~.

VODLOT, Félix, directeur du musée d~)a<'<eMett(a<.

MEMBRES HONORAIRES.

MM.

~~ace (le comte d') prince d'Hénin, au château de Bourlémont. André, fabricant de couverts à Rambervillers.

Antoine, ancien agent-voyer chef à Saint-Dié.

~rmatt~ (abbé), curé de Vecoux, près Remiremont.

~u6r~, F. ancien président du tribunal de commerce, à Mirecourt. Aubry, Maurice, ancien député, boulevard d'Antin <, à Paris. Audinot, huissier de la banque de France, à Epinal.

Auray, percepteur à Vaubexy.

Balland (abbé), secrétaire général de l'évêché, à Saint-Dié. Ballon, bibliothécaire en chef. de la ville de Nancy.

Barthélemy (comte E. de), membre de la Commission du sceau e des titres au Ministère de la Justice, à Paris.

Bardy, pharmacien à Saint-Dié.

B<M«eM, président honoraire du tribunal de Mirecourt. BaM~retKOttt (prince, duc de), à Paris.

Batt~emot~ (général, prince de), à Paris.

Bauffremont-Courtenay (prince de), à Paris.

Bou~efMO~-CoMWeHay (prince de), duc d'Atrisco, à Paris. Ba. ancien avoué, à Saint-Dié.

Benoit, archéologue, à Berthelming (Lorraine).

Beurnel, percepteur à Docelles.

Donvalot, conseiller à la cour d'appel de Dijon.

Boucher, fabricant de papier à Docelles.

BoM~M~Mf, avocat à Remiremont.

Bourcier <~ Villers (comte de), cours Léopold 40, à Nancy. Brenier (abbé), curé de ta. YH)~ d'Epiïfàf.

Ff~a~, teinturier à Raon-l'Etape.

Bruyère (de), avocat à Remiremont.

Buffet, sénateur, ancien min~tre, à' Paris.

Cabasse, pharmacien à Raon-l'Etape, (3 exempl.)

Caiment (abbé), à Bains.

C/tM~NM (de), atcbivrste paMographe, au chMeau deMontbra:. Chapelier (abbé), curé à Rouvres-ea-Xaistois.

Chasael, imprimeuf-ëditeur, à Mirecourt.

Chavane, Paul, membre du Conseil général des Vosges, à Bains. Chavane, Edmond, manufacturier à BaMs.

Cherest, principal du collége et directeur de l'école industrielle, à Epinal.

CAOM6, ancien notaire à Raon-l'Etape.

CAfH<qp/ notaire, membre du Conseil général, à Epinal. Claudel (abbé), curé de Mandray.

Colin (de Raon-l'Etape), général de division en retraite. Colin, colonel eu retraite à Bulgnéville.

Colin (abbé), curé de Vagney.

Colin, marbrier à Epinal.

Collet (M~~), archevêque de Tours.

Collot, imprimeur du Comité~ à Epinal.

CoMftoM, instituteur en retraite à Cornimont.

Cf~o~ter (de), percepteur à Girecourt.

Danican-Philidor, secrétaire général de la Préfecture, à Lille. Da~M, juge de paix à Lunéville.

Danis, docteur en médecine à Saint-Nicolas.

Darras, vicaire général d'Ajaccio et de Nancy, à Paris. Deblaye (abbé), archéologue, à Coussey.

Deguerre, docteur en médecine à Rambervillers.

Demange, négociant à Raon-l'Etape.

DtuoM~ Ch. bijoutier et horloger à Epinal.

Doyen, notaire à Xertigny.

Durand (veuve), libraire à Epinal.

BrM«, Adolphe, avoué à Saint-Dié.

Evrard, Auguste, banquier à Epinal.

Ferry, Albert, membre' du Conseil généra!, à Saint-Dié. Fiel (abbé), curé de Tbaon.

Fournier, docteur en médecine à Rambervillers.

Fourier de Bacourt, rentier à Ligny, (Meuse).

Friry, avocat, archéologue à Remiremont.

Frogier de Ponlevoy, député des Vosges, à Autigny-la-Tour. Gaillot, capitaine en retraite à Epinal.

Garnier (abbé), curé de Gigney.

Ca<par< Emile, notaire à Mirecourt.

Gaudé, instituteur à Sauvigny (Meuse).

CsMf~ sous-inspecteur des forêts, à Epinal.

Gautier, Léon, ancien capitaine du génie, à Montbureux-sur-Saône. Gebhart, pharmacien à Epinal.

<?e<<(o<M, négociant à Epinal.

George, sénateur des Vosges, avocat à Epinal.

Gérard, Charles, avocat à Nancy.

Gérard, propriétaire à Sapois.

Gley, ofncier d'administration principal en retraite, à Paris (7, Boulevard Magenta).

Gourdot, régisseur à l'usine de Villars (Circourt).

CW~ot, pharmacien à Remiremont.

Guénin, notaire à Remiremont.

Cw< limonadier à Xertigny.

Guillaume (abbé), aumOnier de la chapelle ducale à Nancy. Guyot, professeur à l'école forestière, à Nancy.

Guyot, propriétaire à Brouvelieures.

Haffner, tanneur à Epinai.

Haillant, docteur en droit, avoué à Epinai.

Hentz, receveur des domaines à Pontarlier.

HMtM, propriétaire à Raon-l'Etape.

Humbert, pharmacien à Saint-Dié.

Humber t, Nicolas, proptiétaire à Senade (Hadol).

Jacquot, docteur en médecine à Senones.

Jacob, directeur du Musée de Bar-le-Duc.

Jarry de BoM~Mon< (de), propriétaire à Epinai.

Joly, cultivateur à Eloyes.

Joly, fils, horloger à Remiremont.

Jouve, professeur, 18, rue d'Erlanger à Passy (Paris). Kuhn (abbé), curé de Brouderdoff (Lorraine).

~<<tt<f, père, membre du Conseil général, à Epinal. Laprevote, Charles, archéologue à Nancy.

Laprevote, président du tribunal de Mirecourt.

Lécrivain, ancien libraire à Epinal.

Ze<!<rMn, directeur des établissem*nts industriels de Thaon. ZetKStsot! (abbé), curé de Ville-sur-Illon.

L~KaMom, agent d'affaires à Epinal.

Le jfoyme, directeur des postes et des télégraphes à Epinal. J~e~Me, vétérinaire à Epinal.

Liégey, docteur en médecine à Choisy-le-Roi (Seine). Liétard, docteur en médecine, maire de Plombières. Louis, Léon, secrétaire de la Commission départementale, à Epinai. Lung, Emile, industriel à Moussey (Senones).

Mamelle, percepteur de Lorrain, à Darney.

MarcM (Ms'), évoque de Belley.

Marchal, notaire à Neufchâteau.

Martin (abbé), curé de Moyenmoutier.

Mathieu, ancien négociant à Neufchâteau.

Maud'heux, docteur en droit, avocat à EpinaL

Ma~tn-Fr~Mon, négociant à Epinal.

Merlin, secrétaire de l'inspection académique, à Epinal. Micard, supérieur du grand séminaire, à Saint-Dié.

~M~ Emile, officier d'administration des subsistances militaires à Paris.

Morand, Jean-Baptiste, capitaine en retraite à Gérardmer. More!, directeur de la papeterie d'Arches.

AfoM~tM)<, architecte à Epinal.

~oM~eo<, Antoine, membre du Conseil général, à Bruyères. Mourot (abbé), curé de Monthureux-Ie-Sec.

MM~er, professeur au collége de Remiremont.

Napleg, architecte du Gouvernement, boulevard des Batignolles 5, à Paris.

Nicolas, ancien avoué, licencié en droit, à Epinal.

~oe'<, industriel à Thunimont, (Harsault).

Pange (comte Maurice de), rue de Varennes, 72, à Paris. Perrin-Lallemand, maitre de forges à Uzemain.

Pernot, propriétaire, adjoint au maire d'Epinai.

Pernot, Th. instituteur à Framont-St-André, (Meurthe). Perrout, avoué à EpinaL

f/Mttpttt, Louis, ancien membre du Conseil général, à Saint-Dlë. Picard, Jules, négociant à Remiremont.

Pierrez ainé, propriétaire à Remiremont.

F<en'on, employé de banque à Epinal.

fo<Mer, chef d'escadron, membre du Conseil général des Vosges. Pr<tMM< (de), ancien membre du Conseil général, à Semouze. Puton, professeur à l'école forestière de Nancy.

0MtM<~<t, Léopold, avocat à Nancy.

Raoul, docteur en médecine à Raon-l'Etape.

Renaud, Jean-Baptiste, architecte à Epinal.

Renault, pépiniériste à Bulgnévitle.

Rivat, propriétaire à Epinal.

Rlocourt (comte de), à Létricourt (Nomeny), (Meurthe). Romary, huissier à Xertigny.

Sadoul, Adrien, membre du Conseil général, à Raon-l'Etape. Schuk, propriétaire à Saint-Dié.

Seillière, Frédéric, ingénieur civil, avenue de l'Alma, 6<, à Pari:, (6 exempl.)

~oKMer, officier en retraite à Epinal.

yA<MK<M, avocat, membre du Conseil général, à Remiremont Tkomas (abbé), curé de Dounoux.

TAMWot, vice-président du comice agricole d'Epinal. Thuriot, instituteur à Fresse.

Tt~erat~, ancien percepteur à Gérardmer.

Tocquard, ancien instituteur à BazotHes (Neufchâteau). Trevillot, instituteur à Celles-sur-Plaine.

rMrc~, docteur en médecine, ancien représentant, à Plombières. Vagner, rédacteur de l'Espérance, à Nancy.

7aMMM<re, notaire à Cornimont.

Valette, receveur municipal à Raon-l'Etape.

Vautrin, ancien agent-voyer à Epinal.

Viellard de Pruines, à Morvillars par Borogne (Haut-Rhin). FoMM~on, marchand de vin à Fraize.

7o! (abbé), curé du Puid.

Volfrom (abbé), curé à La Neuveville-les-Raon.

Vinkler, industriel à Epinal.

BIBLIOTHÈQUES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ASSOCIES.

Acadmie des Inscriptions et Belles-lettres, à Paris.

Soct~ nationale des Antiquaires de France, à Paris.

Comité des travaux historiques prés le Finistère de l'ïnsttHCHoa publique.

Société d'archéologie lorraine, à Nancy.

Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle, à Metz. Sociétépour ta conservation des monuments historiques d'Alsace. Société historique et archéologique de Langres.

SociBté des antiquaires de Picardie, à Amiens.

Archives du département des Vosges.

~rc~M de la ville d'Épinal.

Bibliothèque de l'Evêché de Saint-Dié.

Bibliothèque de la ville de Châtel.

Bibliothèque de la ville d'EpinaI.

Bibliothèque de la commune d'Etival.

Bibliothèque de la ville de Fontenoy-le-Château.

Bibliothèque de la commune de La Neuveville-les-Raon. Bibliothèque de la ville de Neufchâteau

Bibliothèque de la ville de Rambervillers.

Bibliothèque de la commune de Thaon.

Bibliothèque de la ville de Nancy.

Bt6He<A~Me de la ville de Strasbourg.

Le Comité, désirant honorer la mémoire des membres décodes depuis la publication du quatrième volume, rappelle ici leurs noms:

MM.

Charton, Charles, président du Comité.

Blondin, avoué à Saint-Dié.

Guery, ancien archiviste des Vosges, à Epinal.

JoMwar, avocat à la cour d'appel de Paris.

Lambert, propriétaire à Remiremont.

Laurent, directeur du musée des Vosges, à Epinai.

AfoMtow (de), capitaine de vaisseau en retraite à Kpinal. Noël, notaire à Remiremont.

Papigny, inspecteur primaire à Saint-Dié.

Rambaud, avocat à Epinal.

Retournard, membre du conseil d'arrondissem*nt à RambM'NUers.

HISTOIRE

DE

L'ABBAYE DE SENONES PUBLIÉE PAR LE

COMITÉ D'HISTOIRE VOSGIENNE

Première partie

rédigée par D. Aug. Calniet

La .plupart des ouvrages de Dom Calmet ne sont pas seulement de bons livres, ce sont des livres dont on ne peut se passer.

VoLTAfM, lettre à D. Fangé.

EPINAL

V. COLLOT, MPR'MEUR -)878

Dès que je me suis vû tranquille dans l'abbaie de Senones, où il a plû à la Providence de m'établir Abbé par le choix de mes confrères, je me suis résolu d'en écrire l'histoire; et pour y réussir, j'ay soigneusem*nt recueilli tous les monuments historiques et tous les titres de l'archive, qui y sont en très-grand nombre, et très-bien conservés et les ayant rangés par ordre chronologique, j'en ai tiré des connaissances suffisantes non-seulement pour dresser une liste exacte de nos abbés, mais même une histoire assez suivie de cette illustre et ancienne liaison. Richerius, religieux de ce monastère, qui a vécu jusqu'à l'an d260, nous a laissé une Chronique ou histoire de Senones, où l'on trouve quantité de circonstances et de détails, qu'il dit avoir pris sur d'autres plus anciens monumens écrits en vers, que nous n'avons plus. Richerius in prologo Histor. Senoniens. Ea <~<B M ~Mt&M~am M/p<M versibus, annotatis de /M7M~<M)M hujus ~KOMte?M:~ aMat:'<B vel .E'CC~KP, vel ~'M /K?M~!0~ succedentibus abbatibus r~en're potui, licet ~/paM<M MK< r'e/atu ~?M. lauic m<M?!<7K<B inserere ~M~Mt. Cet écrivain nous est important, surtout pour son tems et pour le tems qui en est proche, dont il nous donne une connoissance très-curieuse et très-exacte, comme témoin et très-bien informé. Mais il faut avouer que, pour les tems plus reculés, il a omis quantité de particularités importantes, pour n'avoir pas assez consulté les titres originaux qui se conservent dans l'abbaie. Il ne se borne pas à l'histoire de Senones, il parle des abbaies voisines, des Princes et Ducs de Lorraine, des comtes de Salm et

PRÉFACE

des évoques de Metz et de Toul. En un mot, c'est un des plus précieux monumens que nous aions pour l'histoire tant ecclésiastique que civile de ce païs.

On conserve son manuscrit original en velin dans la bibliothèque de Senones, et on lit à la fin une vie manuscrite en vers de l'abbé Antoine, qui a gouverné le monastère depuis l'an ~068 jusqu'en H36 ou -H37. Le P. D. Luc d'Achery s'étant fait donner communication de ce manuscrit par ordre de la cour de France, le fit imprimer dans le 111~ tome de son Spicilège en '!687. On l'a réimprimé depuis in-folio en '1723, avec le reste du SpMt/ enfin nous en avons fait imprimer la meilleure partie dans le 2e tome de notre Histoire <~ Zo/'ra:M, de la première édition, et à la fin du III" tome de la 2" édition en 1748. Il est bon de remarquer que le P. d'Achery en a supprimé les VI, XIX, XXI et XXVIIe chapitres du livre Ile et les chapitres XVIII, XXXIV, XXXV, XXXVII, XXXIXe du livre IVe, et enfin les chapitres IV et V du livre Ve. Mais les lecteurs ne perdent rien à ces omissions, puisque ces endroits ne contiennent rien d'intéressant, ni qu'on ne puisse trouver ailleurs mieux digéré et plus exact; en un mot rien qui concerne notre histoire. Nous avons aussi une version françoise manuscrite et ancienne de l'ouvrage de Richerius, mais elle n'a rien de particulier.

Depuis Richerius, je ne sache personne qui ait travaillé à l'histoire de Senones, jusqu'au R. P. D. BarthéIemiCIaudon, qui y étoit Prieur en 1663, 1664 et '1663, et qui a recueilli avec beaucoup de soin et de diligence la succession chronologique des abbés de ce monastère. C'était un homme d'une vertu et d'une capacité extraordinaires. Sa mémoire est encore aujourd'hui en bénédiction dans la Congrégation de S. Vanne. Ceux qui ont eu l'avantage de 'le voir et de le converser, n'en parlent qu'avec un respect mêlé d'admiration. Sa mortification étoit extrême son respect pour les saints mystères et pour les prêtres du Seigneur se remarquoit dans tous ses discours, dans son maintien et

dans sa modestie angélique dans l'église. Lorsqu'il parloit de Dieu, il étoit transporté hors de lui-même, et ravissoit ceux qui t'écoutoient; mais aussitôt qu'il s'en appercevoit, sa modestie le retenoit, et il renfermoit en luimême les sentimens sublimes qui auroient pû lui attirer des applaudissem*ns et des louanges. Son zèle et sa vivacité dans les choses qui concernoient la gloire de Dieu, ou l'observance régulière, égaloient ses grandes lumières et l'ardeur de sa charité mais elles étoient au-dessus de la portée commune de la plupart de ceux au milieu desquels il vivoit. Ils le regardoient à peu près de même que les premiers disciples de S. Bernard regardoient ce saint abbé, c'est à dire, comme plus propre à converser avec des anges, qu'à gouverner de foibles mortels. D. Barthélemi étoit né à S. Nicolas, et avoit fait profession à Beaulieu, le 21 mars 1639. Il fut deux fois visiteur de la Congrégation. II mourut au Prieuré de Deuilly (ou Morisécourt), simple religieux, ravi de se trouver dans cet état de subordination, le 2 mai de l'an 1693. Le R. P. D. Humbert Belhomme qui assista à sa mort, m'a dit plus d'une.fois que jamais homme n'avoit parlé comme lui, et qu'au milieu des ardeurs de la fièvre qui le consumoit, il témoigna un zèle, une foi, une charité égales à tout ce qui est raconté des plus grands saints. On me pardonnera cette petite digression, puisqu'aussi bien nous écrivons pour l'édification de nos frères, et que l'éloge de ce saint homme entre naturellement dans l'histoire de cette abbaie, à laquelle il a rendu de grands services, et qu'il a travaillé à illustrer par ses écrits. Plusieurs religieux m'ont assuré que dans l'incendie de l'abbaie deBouzonviIIe, arrivé le 19 mai de I'an'1683, le R. P. D. Barthélemi Claudon avoit perdu un ouvrage considérable qu'il avoit composé avec grand soin et qui fut consumé par les flammes mais comme il ne parloit presque jamais de lui-même, on n'a pû savoir quel étoit cet ouvrage.

Depuis ce tems le R. P. D. Bennin Jeannin travailla aussi

à notre histoire. Son ouvrage est en latin, et plus étendu que celui de Dom Claudon, puisqu'au retour de S. A. R. Léopold I dans ses Etats, en '1699, on retrouva dans les archives de Lorraine des copies de presque tous les titres de l'abbaie de Senones, ramassées dans un très-gros corps, composé sans doute pendant que le prince Nicolas-François étoit abbé de Senones. D. Jeannin profita des lumières que lui fournirent ces monumens et poussa son histoire jusqu'à l'an d708, auquel le R. P. D. Pierre Alliot commença à bâtir l'abbaie comme nous la voions aujourd'hui. Je me fais un devoir de rendre honneur à ceux qui ont travaillé avant moi à cette histoire, et de reconnoître que j'ai profité de leurs lumières et de leurs travaux.

LISTE OU CATALOGUE DES ABBÉS DE SENONES. L'abbaie de Senones fut fondée vers l'an 640, par saint Gundebert archevêque de Sens, qui obtint, en 66-1, du Roi Childéric un privilège qui confirma les biens que l'abbaye avoit alors, il y ajouta ce qu'on appelle le Val ou le ban de Senones. S. Gundebert mourut vers l'an 673. La réforme de S. Vanne y fut introduite en '1618. d. S. Gundebert, fondateur et premier abbé de Senones, depuis l'an 640 jusque vers l'an 673.

2. Magneramnus I.

3. Aggaricus.

4. Magneramnus II.

5. Bonciole.

6. Estienne.

7. Angelramne, évêque de Metz, nommé par Charlemagne, mort en 79'1.

8. Norgandus, mort le 7 novembre.

9. Theodrade.

-10. Perin.

'H. Notherus.

'12. Vicpode, fondateur de Vipucelle.

13. Thierry, auquel Frotaire évêque de Toul adresse une de ses lettres.

'14. Urbefrède, ou ErbefrMe, nommé dans une lettre de Frotaire, évêque de Toul, à Drogon, évêque de Metz. 1S. Rigbodus, vivoit en 826.

16. Adelard. Richer dit qu'il n'a pas jugé à propos de rapporter les noms des six abbés successeurs d'Adelard à cause de leur vie peu édinante.

17. Ringerus mort le 25 janvier de l'an 930. 18. Rambert, obtint un privilège d'Adalberon, évêque de

Metz, en 938 vivoit encore en 949, mort le 3 de mars. 19. Daubert.

20. Anselme.

21. Sutard I. vivoit l'an 1000, mort le 9 mars. 22. Sutard II. mort le 29 juin.

23. Erlin, vivoit vers l'an '1030, mort le 18 mars. 24. Bercherus ou Dercherus vivoit en l'an 1054, mort

en 1086.

25. Antoine, auparavant prieur de Lay, fut abbé de Senones depuis 1090, jusqu'en 1136.

26. Gauthier, vivoit en 1139, mort le 11 février. 27. Humbert, vivoit en 114S, mort vers l'an 1160. 28. Bernard, mort vers l'an 1169.

29. Gérard, vivoit en H70, abdiqua vers l'an d200, après 3~ ans de gouvernement.

30. Thierry de Noviant, vivoit vers -H80. Elu en d200, gouverna environ six mois, puis se retira au prieuré de Vie.

3d. Conon de Deneuvre, postulé en 1201, mort en 1204. 32. Henry, élu en 1206, mort à Beaupré en 1227. 33. Videric ou Vidric, étoit déjà abbé de Senones en 1224. Elu abbé de Saint-Evre vers l'an 1236, mort vers l'an 1247.

34. Baudouin I. auparavant prieur de Varangeville, fait abbé de Senones en 1239, mort en 1270.

38. Simon, mort en 1288.

36. Baudouin II, vivoit en 1306 et 1314.

37. Hartungus, vivoit en 1316 et 1322.

38. Bencelin, depuis d327 jusqu'en 1349.

39. Rennerus Finance, vivoit en 1353, résigna son abbaie

entre les mains du Pape Urbain V qui y nomma 40. Pierre de Varise, mort le 18 septembre 1390. 41. Baudoin III, mort en 1397.

42. Nicolas de Batlemont, étoit encore abbé en 1400. 43. Thierry ou Thyrion de la Chambre, vivoit en 1418

et 1420.

44. Valentin Herbé, élu !e24 mars 1420, fut ensuite abbé de Moyenmoutier en '1438, retint apparemment les deux abbaïes jusqu'à sa mort arrivée en '145-1.

45. Didier de Borville, a commencé en 1440, mort en 1461.

46. Henry Breton de Deneuvre, depuis 1461 jusqu'en 1490.

47. Jean Curati, nommé par le Pape Innocent VIII, le 8 juillet 1490, mort en '1492 ou environ.

48. Jean de Borville, mort le 6 octobre 1506. 49. Thyrion d'Anthlu, élu en 1806, mort le 8 janvier '1841.

50. Jean Durand, mort en'1548.

51. Claude Padoux, élu en 1845, mort en '1S64. 82. Claude Raville, élu en 1864, mort en 1~88. 83. Jean Lignarius, mort en 1628.

84. Nicolas-François de Lorraine, depuis 162S jusqu'en 1633.

55. Charles de Lorraine, dit de Remoncourt, abbé de Gorze, jouit de l'abbaie de Senones après lui, jusqu'en 1647 qu'il s'en démit.

56. D. André Royer, élu abbé le 16 aoust 1648, après la mort du Prince Charles, abbé de Gorze mais il ne put jouir de l'abbaye à cause de la démission faite par le même prince Charles de Remoncourt en faveur de

87. Charles de Lorraine, connu depuis sous le nom de

duc Charles V, qui en jouit depuis l'an 1647 jusqu'en 1661, qu'il s'en démit en faveur du duc Nicolas-François son père, qui étoit rentré dans l'Etat ecclésiastique, et qui résigna l'abbaie en '1668, à

58. D. Joachim Vivin mort le 24 octobre 1684. 59. D. Pierre Alliot, élu en '1684, nommé par le Roy le 1 er novembre 1684, et encore en 1685, mort le 21 septembre 171S:

60. Le Prince François de Lorraine, abbé de Stavelo jetta un dévolut sur l'abbaie en '17-12, et mourut en 1718. 61. D. Matthieu Petitdidier, évoque de Macra, fut élu abbé de Senones, le 28 septembre 171S.

62. Claude de Bouzey obtint des bulles de dévolut en 1719. D. Petitdidier obtint contre lui une première sentence en 1724, et fit son accord avec lui le 9 octobre 1726. Mort le 15 juin 1728.

63. D. Augustin Calmet, élu le 9 juillet 1728, mort le 5 octobre 1757. II eut pour coadjuteur son neveu D. Augustin Fanget qui suit.

64. D. Augustin Fanget, élu coadjuteur de son oncle D. Aug. Calmet, le G septembre 173S, auquel il a succédé en 1757.

65. Dom Lombard a été choisi par la communauté pour succéder à D. Fanget il est mort retiré à S. Jean du Mont, le 11 janvier 1815. (1)

~t) Sur l'humble monument élevé à la mémoire de Dom Lombard, sous le portique de l'egiise de Saint-JeM-da-Mont, on lit l'épitaphe suivante que M. l'abbé Volf, un de nos correspondants, a bien voulu nous adresser.

Lector, siste gradus, hominum qaoque discito casns Nam quod es fueram sumque quod ipse fies

Hic jacet in Senone olim abbas Lombard sancti Bénedicti Ordinis ille decus de)icia;que fuit

Splenduit ingenio, neenon decol-amine morum Fratribus acceptus notus apud proceres

Ornamento infantum animoram cuncta roliquit Huic igitur pateant limina sacra Poli

Obitt œtatis 78, anno 18to, die XIjanuari).

L'abbaie de Senones quoi qu'environnée de hautes montagnes, ne laisse pas d'occuper un terrain assez dégagé et assez large, où il y a un bourg assez considérable et plusieurs habitations, des preys et des terres labourables en assez grande quantité. Ce bourg est aujourd'hui une petite ville, chef-lieu de la Principauté de Saim, et la résidence de S. A. S. Charles-LouisOtho, prince régnant de Salm-Salm. L'abbaie est soumise immédiatement au Saint-Siège, et jouit des droits quasi-épiscopaux dans toute l'étendue de son territoire, qui s'étend en longueur d'orient en occident, depuis la Broque jusqu'à la ville de Senones, et en largeur du septentrion au midi, depuis le village de Chatay jusqu'à l'hermitage de la Mer. Mais depuis

HISTOIRE

DE

L'ABBAYE DE SENONES

I. SITUATION DE L'ABBAIE DE SENONES.

L'abbaie de Senones, dont j'entreprens d'écrire l'histoire est située dans les montagnes de Vosge, sur la petite rivière de Rabodo (en latin Rapida aqua), qui tombe dans la Meurthe à une lieüe et demie de là, au-dessous du village de SaintBlaise. L'abbaie est à deux tieiies et demie de Raon l'Etappe au couchant, à trois lieües de Saint Diez au midi, à huit lieuës de Molsheim à l'orient, environ à cinq lieuës de BadonviHer et autant de Raon sur Plaine vers le septentrion, à une bonne lieuë de l'abbaie de Moyenmoutier et à deux jieuës de celle d'Etival, toutes deux au couchant.

peu l'abbaie a été obligée de céder presque toute sa jurisdiction au nouvel eyëché de Saint-Diez établi l'an dernier, 4777, (4). II. LIMITES DU VAL DE SENONES.

Nous trouvons diverses assignations des limites de la dépendance de Senones. Celles qni sont marquées dans le titre de fondation de l'an 66') ou 662. Celles du diplôme de l'Empereur OthonIdonné en 9~9. Celles de l'Empereur Henry III, vers l'an ')040. Celles de Richerius, L. 1, c. 2. Et enfin celles qui se voient dans un ancien Ecrit (sans date) intitulé Les bornes et devis du Val de Senones. Toutes ces descriptions diffèrent en quelque chose; et la piûpart des noms de lieux et de fontaines qui y servent de limites, sont aujourd'hui inconnus. On ne laisse pas d'en connaître assés pour juger que le Val de Senones a toujours eu à peu prés la même étendue qu'il a aujourd'hui. Mais le terrain qui fut donné à Saint-Gondebert au tems de sa fondation, était bien plus grand, comme nous le verrons bientôt. Onpeut consulter et comparer entr'elles ces différentes assignations de limites.

Selon le titre de fondation de l'an 661, l'abbaie de Senones possédait en toute propriété tout le terrain qui s'étend depuis le ruisseau Pierrier, ou Pigerius, qui coule aux pieds des murantes de l'ancienne abbaie de Moyenmoutier à l'occident, jusqu'à la Broque à l'orient; et depuis Hurbache au midi, jusqu'à Celles et Allarmont et la rivière de Plaine au septentrion ce qui fait environ quinze tieuës de circonférence, et cinq iieuës de diamètre.

Selon les limites plus modernes ce terrain est beaucoup plus resserré. L'abbaie de Moyenmoutier possédant une grande

(i) L'histoire de Senones, qne nous publions, a donc été écrite en 1778 le manuscrit est de la main de Dom Fangé ou Dom Fanget, mais la première moitié du texte a pour auteur Dom Calmet luimeme~

partie de ce terrain du côté du Paire, de la Chapelle et du Ban de Sap au midy; et du côté de la Haute-Pierre et de Ma)fosse au nord, la maison de Salm possédant ce qui est dans les villages de Celles, d'Allarmont, de Plaine et dans les environs de Framont.

On trouvera le détail de ces assignations de limites dans le Cartulaire sous leurs dattes, et même celles de Richerius et l'ancien devis, à la suite du diplome de l'Empereur Henry III.

!!I. TEMS DE LA RETRAITE DE S. GONDEBERT.

Saint Gonbert, ou Gondebert, ou Gondelbert, archevêque de Sens, aïant quitté son siège vers l'an 640 ou 650, se retira dans les montagnes de Vosge, et y bâtit son monastère, qu'il nomma Senones, Senonias, en mémoire de sa première épouse, qui étoit l'Eglise de Sens. Les Historiens sont fort partagés sur le tems auquel S. Gondebert vint dans cette solitude. Richerius L. l, c. i. dit qu'il florissait en 6~0, et qu'aïant été fait archevêque de Sens, il quitta son évêché et vint dans les Vosges sous le règne du Roi Childeric II. C'est à dire vers l'an 660, et qu'étant allé trouver ce prince, qui régnoit en Austrasie, et par conséquent sur ces déserts de Vosge, il lui demanda permission de s'y établir; que le Roi qui le connaissoit de longue main, et qui l'honoroit de son amitié et de son estime, lui accorda non-seulement la permission de demeurer dans ses Etats, mais aussi lui donna un ample privilége et un vaste terrain pour y construire un monastère. Les autres historiens rapportés dans Bollandus, au 2') février, p. 262, le font vivre plus tard. Robert moine d'Auxerre dans sa Chronologie le met entre l'an 760 et 777. La Chronique manuscrite d'un chanoine de Sens le place au huitième siècle, sous le Pape Léon IV et i'Empereur Charlemagne; la Chronique de S. Pierre le Vif de Sens s'accorde avec celle du chanoine de la même ville; Claude Robert dans sa Gaule chrétienne le place après Gotescalc archevêque de Sens, mort en 773,

et met )a mort (ou la retraite) de S. Gombert en 778. Ruyr, dans ses Antiquités de Vosge, croit qu'il vivoit dans la Vosge vers l'an 675 pendant les guerres des reines Brunehaud et Frédégonde, après la mort do roi Sigebert I, ou du tems des guerres de Thierry et de Théodebert, vers l'an 6~2. Bucelin, dans son Martirologe bénédictin, met sa mort en 778.

IV. L'ABBAIB DE SBNONBS FONDÉB VERS L'AN 650,

PLUS ANCIBNNE QU'AUCUNE DES ABBAÏES DU VOISINAGE. Sans nous arrêter à refuter ces divers sentimens, on peut démontrer que S. Gondebert a quitté le siège de Sens et s'est retiré dans les déserts de V osge vers l'an 640, ou 650, puisqu'en 661, ou 662, il obtint du roi ChiidéricII, prM~~ed'ea;e-mtion pour le Monastère qu'il avoit bati en l'honneur de la Sainte Vierge et de S. Pierre, et la confirmation des biens qu'il a.voit acquis dans le Chaumontois et dans le Saintois. Ce saint avoit dès lors un grand nombre de disciples, Ubi plurimam ad prcMeTM monachorum t-urbam noscituradunasse. H avait acquis de grands biens, non seulement dans le Chaumontois, où son abbaie est située, mais aussi dans le Saintois et dans le Saulnois sur la Seille; il avoit acquis des sujets, des serfs et des serviteurs. Tout cela ne s'étoit pu faire que dans la suite d'un assés grand nombre d'années. Le titre est de l'an 66 ). On ne bazarde donc pas beaucoup de mettre sa venue dans la Vosge quinze ou vingt ans auparavant, c'est à dire en 645 ou 640. Et par conséquent qu'il est le premier qui s'y est retiré; puisque S'-Diez n'y est venu au plutôt qu'en 569. (a) Saint Hydulphe en 671 ()), et que Bodon n'a fondé

(a) Histoire de S. Diez p. 26. 27. le P. MabiU. T. t. Annal. Bened. ne met le commencement de l'abbaie de SI Diez qu'en 669, comparez l'Hist. de S. Diez. p. 27.

(1) Voiés l'Histoire de Moyenmoutier p. 67i, c. f, 2, 3.

les monastères d'Etival, de Bonmoutier et d'Offonville que vers l'an 663 (c), s'il les a fondés avant son épiscopat, ou après cette année, s'il les a bâti depuis.

V. NOM DU LIEU OU SENONES FUT BATI

DANS LE COMMENCEMENT.

Le B. Pierre de Damien parlant du lieu où S. Gondebert bâtit son monastère, l'appelle Grandiavium, in !oco qui Grandiavium dicitur, Senonense e<pM.o&n~ construxit. Pet.Damian. T. 3. Oper. Opusculo ~9. c.

Les manuscrits de Moyenmoutier, qui contiennent la vie de S. Hydulphe et de ses successeurs, donnent aussi le nom de G~KSM~M~K. au lieu où S. Gondebert bâtit le monastère de Senones. Hist. Me~M~t ~o?:<M<. p, 99. c. 7. Le roi Childéric II dans le privilége dont on a parlé, dit que S. Gondebert avoit travaillé et défriché des terres sur la rivière de Rabodo et de Grandrap, super ~MO~Tn..Ra~odotMtm et G~sn~m ?'MM~; ce quipourroit faire croire qu'au lieu de G~a~MMMW, il faut lire G7'aMdM~?'MMm dans le texte de Pierre de Damien; car dans ces quartiers on ne connait aucun lieu du nom de C~aMdMMtMm. Mais le Grandrup, Grandis rivus est environ à un quart de iieue au dessus de l'abbaie el se jette dans le Rabodo entre le village de la Petite Raon et l'abbaie de Senones. Pierre de Damien avoit sans doute appris ces particularités, qu'il rapporte de S. Gondebert, de S. Diez et de S. Hydulphe il les avoit, dis-je, apprises du pape Léon IX, et du cardinal Humbert, qui avoient vécu dans ce païs ci, et qui étoient liés d'amitié avec Pierre de Damien. H y a très-grande apparence que tout ce païs-ci étoit inculte lorsque notre saint fondateur y arriva, puisque le roi Childéric dans le dénombrement qu'il fait des limites de la dépendance

(c) Vide MS. S. Mansueti impressum T. I. Hist. de Lorraine, f édit. p. d28.. preuves, et dans le corps de l'Hist. p. 466.

de Senones, ne marque aucun village que Fe<M~w villare, apparemment Pétonville, dans le ban de la Rivière, qui est un très ancien fond de l'abbaie; tout le reste ne sont que des fontaines, des ruisseaux, des montagnes, des bois, des chaumes, des chemins. De Pétonville jusqu'à la Broque, il y a environ dix lieuës de chemin. De la Broque la ligne alloit à la montagne d'Ormont et à la source du ruisseau d'Hurbache; de là elle retournoit joindre le ruisseau de Pierrier qui passe au pied des murs de l'ancienne abbaie de Moyenmoutier, du côté de l'orient.

VI. SAINT GONDBBBRT CÈDE UNE PARTIB

DE SON TERRAIN A SAINT HYDULPHB POUR BATIR L'ABBAtB DE MOYENNOUTIER.

Lorsque S. Hydulphe vint de Trêves pour fixer sa demeure dans ces déserts, on croit que S. Gondebert lui céda une partie du terrain qui lui avoit été accordé par le roi Childéric c'est-à-dire le Ban de l'Aitre, ou le Ban de Sap, et celui où sont situés Saint Jean d'Ormont, Hurbache, la Chapelle et le Paire, et tout ce qui est depuis la montagne de la HautePierre jusqu'à Ma)fosse et jusqu'au petit ruisseau de la Margoute, dont l'abbaie de Moyenmoutier jouit encore aujourd'hui. C'est la tradition des deux abbaies, et Richerius le suppose ainsi. Zt&. c. 2. Pars Terrce adjacentis Médiano~OMCM~tO postea fertur data esse Ot?°0 sanctissimo Hidulpho e~Mdem loci fundatori.

VII. QUELLE RÈGLE ON OBSERVA A SBNONBS

DANS LES COMMENCEMENTS

Toutes les monumens qui nous restent dans le monastère de Senones nous insinuent qu'on n'y a jamais observé d'autre règle qae celle de S. Benoit. Richer l'assure ainsi positivement ~~MSH<M ibi /7'a<?'~MS congregatis, sub B. Benedicti regulit ipsos mititare decrevit, sicut hactenus t?K~M<s~tK~'

M~Me ad tempora nostra deo regnante ~z~M?' subsistere. Richer L. c. 7. S'il est vrai que l'Abbé Norgaudus ou Norgandus, qu'Angelram évoque de Metz établit en sa place abbé de Senones vers l'an 785, ait été religieux à Gorze, comme nous le croyons, ce sera une preuve qu'alors la règle de S. Benoit s'observoit à Senones, de même qu'on l'observoit à Gorze.

L'empereur Oton J, dans son diplome de l'an 949, marque expressément qu'on y gardoit la rég)e de S. Benoit; Fratres qui sub reguld Beati Benedicti ~M noctuque Domino indesinenter militant. Depuis ce temps là il ne peut y avoir aucun doute que la règle de ce saint Patriarche n'y ait toujours été observée. II ne faut pas toutefois dissimuler qu'il y a quelque apparence que dans les commencemens la règle de saint Colomban y fut observée avec celle de S. Benoit; ainsi qu'il se pratiquoit à Saint-Diez, comme il paroit par le privitége de Numerien archevêque de Trèves accordé à ce monastère en l'an 674. Deodatus mo~ss<e?'tMm. construxit ubi monachos et peregrinos sub ?'epMM Beati Benedicti et Sancti Colombani abbatis eoMoesp~. Il est même très croyable qu'en ce temps là les monastères de Senones, de Saint-Diez, de Moyenmoutier, d'Etival, de Bonmoutier, de Remiremont et de Luxeu observoient la même manière de vie, c'est-à-dire, la règle de S. Benoit jointe aux statuts de S. Colomban.

VIII. S. GO~DBBERT EXERÇA-T-IL LES FONCTIONS ÉPISCOPALES DANS SON NONAST6RB.

L'abbaie de Senones est en possession d'exercer la jurisdiction quasi-épiscopale dans son propre territoire, qui consiste en quatre paroisses, savoir, S. Maurice St Jean, Plaine et la Broque, auxquelles on a ajouté Mouxsey, érigé depuis quelques années en cure. On peut joindre à ces paroisses St Stail, la Petite Raon et Chatay, qui sont églises succursales ou annexes, et encore Framont érigé en cure depuis quelques années. Il est question ici de savoir si cette exemtion lui est venue

de S. Gondebert son fondateur, ou des papes, ou des rois, ou des évêques. H paroit indubitable que S. Gondebert continua à exercer dans son monastère sur ses religieux et sur ses sujets la même jurisdiction qu'il avoit exercée sur ses diocésains à Sens. Notre historien dit qu'il consacra lui même l'église qu'il avoit bâtie. (Richer, c.3 et 5. Spicileg.)

Le titre da roi Childéric le nomme Episcopus sive Abba, et Richérius 3, e. -S et insinue que depuis S. Gondebert jusqu'à la démission faite par Angelramne archevêque de Metz et abbé de Senones, les abbés de ce monastère étaient dépendans de l'évêque de Toul pour le spirituel, et des évêques de Metz pour le temporel: Archiepiscopus et Abbas Angetramnus huic loco substituit aMa<s?M Norgandum, e< à tempore illo abbates hujus loci ab episcopo ~e~MSt temporalia ab ipso 'cefo episcopo yM.Me~M spiritualia ~ceperM~ ce qui duroit encore du temps de cet historien, sicut et adhuc contingere videmus. En effet, on trouve un grand nombre d'actes par lesquels il paroît que l'on s'est reconnu du diocèse de Toul mais depuis assés longtemps on voit divers autres actes d'indépendance, et la possession où nous nous trouvons n'est pas même contestée par les évêques. Cette possession est le meilleur et le plus certain de tous les titres que l'on pourroit produire. On verra l'exercice de notre jurisdiction quasi-épiscopale dans la suite de cette histoire.

IX. TRAVAUX DE S. GONDEBERT, EGLISES QU'IL BATIT.

Richer, dit, l. 7, c. 3, que S. Gondebert aïant obtenu du roi Childéric le privilége dont on a parlé, consacra une église à la Sainte Vierge, et y joignit un monastère, un moutier, une ég]isc, avec ses officines, où il voulut que l'apôtre S. Pierre fut particulièrement honoré. Ainsi il y eut dès lors deux églises, dans l'abbaïe de Senones, l'une dédiée à S. 2

Pierre, qui étoit en la même place que celle qui subsiste aujourd'hui; et l'autre dédiée à la S~ Vierge, renouveDée ou rebâtie au XIIe siècle, que l'on démolit en ~708, lorsque l'on rebâtit tout de nouveau le monastère. Le P. MabHion. <. Annal. Bened. p. 462, a cru que l'église de la Vierge, qu'il vit en ce monastère dans le voyage qu'il y Et en 1699, et qui étoit faite en rotonde, et d'un goût particulier, étoit la même qui avoit été d'abord bâtie p~r St Gondebert mais nous apprenons par la vie manuscrite de l'abbé Antoine, que ce fut cet abbé qui la construisit vers l'an ~2o. Elle étoit entièrement semblable à celle de l'abbaie de Honcourt, qui subsiste encore aujourd'hui dans le Val de Viller en Alsace. Nous voyons le plan de cette rotonde sur un vitrau l'on y voit l'abbé Antoine à genoux devant l'image de la Vierge, et de l'autre côté le frère Gautier, qui étoit apparemment le vitrier qui avoit fait ces images sur le verre, ou l'architecte de la chapelle.

On croit que le même Saint bâtit des celles ou des habitations pour ses disciples en divers endroits du Val de Senones, et que c'est ce qui a donné origine aux paroisses dudit Val De cellis CtVCM~M.agM.e positis, quas sancti viri hujus nostri /bMdc!<07*M Gundelberti eo tempore coMs<rMa;eys~<, mentionem me facturum TH~Httu p7'omMMM. Richer l. c..2, 3. Ses mêmes disciples défrichèrent ce désert et le rendirent habitable. Comme ils étoient propriétaires de tout le terrain du Val et des environs, ainsi que de tous les hommes qui l'habitoient, ils empioièrent tous leurs soins à Je mettre en culture et en état d'en tirer leur subsistance et celle de leurs serviteurs, des pauvres et des hôtes qui les visitoient.

X. MORT DB S. GONDBBBRT, VERS L'AN 673.

Notre Saint comblé de mérites et épuisé de travaux alla recevoir de Dieu dans une meilleure vie Ja récompense qu'il avoit méritée en celle-ci. Du temps de l'historien Richer. l.

c. <?. la tradition étoit que S. Gondebert étoit mort et enterré à Moyenvic, et qu'il reposoit auprès des corps des SS. Pient, Agent et Colombe. On seait que ces trois saints ont fleuri dans le diocése de Toul sous le saint évéque Antimonde, qui vivoit au VF siècle, et que leur culte étoit célèbre à Moyenvic dans ce siècle et dans le suivant, puisque peu après leur mort on y bâtit un monastère sur leurs tombeaux. Voyez Hist. de Lorraine t. p. ~.M. Leur église située hors de la ville subsiste encore, mais en très mauvais état. (Depuis quelques années cette église a été démolie, et on s'est servi des matériaux pour bâtir l'église paroissiale de Moyenvic). H est assez croiable que S. Gondebert étant allé visiter leur église, y mourut et y fut enterré. On ignore le lieu précis de sa sépulture, et nous n'avons aucune de ses reliques. Une très-ancienne tradition de la ville de Moyenvie, veut que S. Gondebert soit mort en ce lieu. Lorsqu'on démolit il y a quelques années l'ancienne église du prieuré de S. Pient, on trouva sous le pavé entre la sacristie et le grand autel un caveau, où étaient quelques cercueils de pierre, mais absolument vuides.

Je visitai moi-même (.1) les ruines de cette église, j'examinai ces cercueils, que je trouvai sans inscription et sans aucune marque qui denotât à quoi ils avoient servi. M'' Jaquinot alors curé de Moyenvic, avoit donné ses soins à ce qu'on ne dérangeât rien ni au pavé, ni aux fondemens des murs de l'église, mais inutilement; les ouvriers n'exécutèrent pas ses ordres, mais ils ne découvrirent rien. U m'ajouta qu'une vieille de sa paroisse, âgée de plus de 80 ans, qui avoit beaucoup de dévotion à S. Gondebert, lui disoit souvent qu'elle avoit appris de sa grande mère, âgée de plus de 80 ans, qu'elle avoit toujours ouï dire que S. Gondebert étoit mort en ce lieu et avoit été inhumé en l'égiisc de S. Fient, entre la sacristie et le grand autel.

(i)D. Aug. Fanget coadjuteur, ensuite abbé de Senones en 1767.

D'autres (a) conjecturent que ce saint finit sa vie dans un hermitage situé dans un fond du Val de S. Diez, à deux lieuës de Senones, proche la Grande-Fosse, lieu dépendant de la cure de Provenchères, où l'on voit une chapelle sous son invoeation et une fontaine nommée la Bonne-fontaine, où les peuples vont en pèlerinage, et où ils croient recevoir plusieurs grâces et plusieurs guérisons par l'intercession du Saint. On s'y assemble principalement, des paroisses voisines, le dimanche dans l'octave de l'Ascension. Ce lieu est des plus, solitaires et très-propre à inspirer le recueillement et la dévotion. La tradition de ces lieux est que S. Gondebert se retiroit souvent entre des rochers qui se voient dans cette gorge, pour y vaquer plus en paix à la contemplation, de même que plusieurs autres saints, comme S. Rouïn à Beauiieu,S.F)orentàHazelach, S. Diez à S.-Martin.S.AméàRemiremont, S. Colomban à Annegray.

Ce qui prouve ['antiquité du culte de S. Gondebert dans le vallon de la Bonne-fontaine, c'est qu'en rebâtissant la chapelle dont l'autel est bâti sur cette fontaine sa]utaire, on trouva sous les anciens toits plus de deux charrettes de vieilles crosses et bequilles, et une infinité d'inscriptions sur les murailles, qui rendoient témoignage du nombre et des noms des personnes qui y avoient reçu la guérison, ou du soulagement par les mérites du saint. L'eau de la fontaine sort immédiatement de dessous la chapelle de S. Gondebert, coule par trois canaux et vase rendre dans trois maisons voisines, où sont trois grandes chaudières qui tiennent plus d'un tonneau de Bar, que l'on échauffe par-dessous, en mêlant dans l'eau des hièbles et d'autres herbes aromatiques des eaux ainsi échauffées on en fait des bains aux malades, qui y trouvent du soulagement. Depuis très-longtemps on a érigé dans cette chapelle une confrairie en l'honneur de S. Gondebert, à laquelle non seule-

(a) D. Barthëlemi Claudon, Mémoire mss. sur les abbés de Senones.

ment les habitans du lieu, qui forment un petit village autour de la Bonne-fontaine, mais aussy ceux des environs, et même d'Alsace et de Bourgogne, se font inscrire et viennent se baigner à cette fontaine, dans la confiance d'en tirer du soulagement, et souvent Dieu y donne des marques de sa miséricorde et y récompense leur foy par la guérison de leurs infirmités. Nous plaçons la mort de S. Gondehert vers l'an 673 parce qu'Angelranine evéque de Metz, qui fut le sixième abbé après lui, obtint l'abbaïe de Senones de Charlemagne vers l'an 770. Or depuis la mort de S. Gondebert jusqu'à Angelram nous ne comptons que cinq abbés, qui peuvent aisément remplir l'espace de 93 ans.

XI. CULTE DE S. GONDEBERT.

Le nom de S. Gondelbertse trouve dans l'ancien Nécrologe de Senones le 47 d'octobre, où l'on lui donne le nom de Saint, Commémorai S" G-MM~e~ p?'epseK<M ~'Ms loci /M?K~07'M. Ce nécrologe a près de six cens ans d'antiquité de la première main; car on y a beaucoup ajouté depuis. II faut toutefois convenir qu'on ignore le tems auquel on a commencé à lui rendre un culte publie dans son abbaïe. Je trouve un acte de visite de ce monastère du ')7 aonst <67't, par lequel il est ordonné de faire la fête de St Benoit martyr, sub ritu duplici, et celle de S. Gondebert de 2~ classe et de 2~ ordre, avec octave. Il est certain que longtems auparavant on la faisoit déjà, mais d'une manière moins solennelle, en sorte que ce règlement n'est que pour l'augmentation de son culte. Je n'en trouve rien dans aucun de nos anciens livres d'Eglise.

On célèbre la fête de S. Gondebert dans l'église de Provenchères et dans la chapelle de la Bonnefontaine le même jour qu'à Senones, Je 2') de février; et quelques personnes dévotes de la paroisse de Provenchères et autres pèlerins après leurs dévotions faites à la chapelle de S. Gondebert, viennent les achever dans t'égiise de Senones, pour trouver du soulagement

à leurs maux de jambes et à la goutte. D. Barthélemi Claudon, qui visita cette chapelle en 1656, paroit persuadé que c'est le lieu de la sépulture de notre saint fondateur, étant un endroit très-salutaire et de plus propre à attendre la mort. Il présume que le Saint y aïant fini ses jours, les moines de Saint-Diez (aujourd'hui chanoines) refusèrent de rendre le corps du saint, qui étoit décédé dans leur territoire.

Au prieuré de illervaville derrière le grand autel il y a une ancienne chasse qui a autrefois servi apparemment au grand autel de Senones, où l'on voit l'abbé Jean de Borville à genoux devant S. Siméon, et à côté de S. Siméon est représenté S. Gondebert, en habits pontificaux, avec une gloire autour de la tête, et cette inscription S. Godeberti. Jean de Borville a vécu depuis )~9) jusqu'en )o06. Au mois de décembre 1733, en relevant l'ancien pave du choeur et des environs, on découvrit le débris d'une figure de pierre ancienne représentant un archevêque avec ]e Pallium, tenant de la main gauche un livre fermé et le bâton de sa crosse ou de sa croix archiépiscopale, car le haut en étoit rompu, entre sa poitrine et son bras droit. Cette figure devoit avoir plus de deux à trois cens ans; ce qui prouve l'antiquité du culte de notre fondateur. Mais je n'en trouve rien du tout dans un bréviaire de Senones écrit en ')36).

Nous chômons sa fête dans t'abbaïe et dans tout le Val de Senones le 2') de février. Cependant son nom ne se trouve dans le nécrologe qu'au ')7 octobre, comme on l'a déjà vû, ce qui insinue que c'est le jour de sa mort.

Le mss. intitulé Florarium 5s?:c~rMm, cité par Bollandus, et M'' l'abbé Châtelain dans son Martyrologe universel, fixent le jour de la fête de S. Gondebert au 4er mars. Mais le P. Mainard dans son Martyrologe monastique M'' du Saussay évéque de Toul dans son Martyrologe des saints de France; le P. Bucelin dans son Menologe bénédictin, et Bollandus le mettent au 2't de février. Depuis l'an 1722, on a imprimé un office propre de S. Gondebert, composé par le R. P. D.

Maximin Longeau, et qui se récite le jour de sa fête dans l'église de !'abbaïe.

Il est surprenant qu'un homme du mérite de S. Gondebert, un archevêque de Sens, fondateur d'un céièbre monastère, père de tant de saints solitaires, d'une sainteté reconnue, soit décédé hors de son monastère, et qu'on n'ait pas eu soin de marquer au moins le lieu de sa sépulture, ou de rapporter son corps dans son monastère; et s'il est mort à Senones, qu'on ait oublié jusqu'au lieu où il avoit été inhumé, qu'on n'ait pas levé ses reliques de terre. Je ne saurois croire que ce soit indifférence, ou négligence de ses disciples. Je l'attribue piûtot à leur respect pour la solitude, pour le silence, pour une vie cachée aux yeux des hommes, à un esprit de détachement et d'humilité, qui entrant dans les sentimens du Saint, souhaitoient qu'il demeurât dans l'oubli après sa mort, comme il avoit voulu vivre pendant sa vie. Combien de saints solitaires sont de même enterrés dans les solitudes, inconnus aux hommes, et connus de Dieu seul. Les pères Chartreux et les Prémontrés n'ont sollicité la canonisation de leurs saints fondateurs que plusieurs siècles après leur mort. Saint Théodore disciple de saint Pachome tira secrettement ce yaint abbé de son tombeau pour le mettre dans un lieu inconnu aux hommes, afin qu'on ne lui rendit pas des honneurs qu'il savoit que le saint ne souhaittoit pas. Saint Antoine dans le même esprit, commanda qu'on cachât son corps après son décès.

M. le Beuf chanoine d'Auxerre, m'écrit que Je chanoine de Sens qui travaille à l'histoire de cette Eglise, doute que notre SC Gondebert ait jamais été archevêque de Sens. Il conjecture que le lieu ou est situé Je monastère de Senones, s'appeloit originairement Senon, ou Se~o~-VtHa, et que delà on aura pris occasion de dire que S' Gondebert étoit archevêque de Sens, à cause de la ressemblance des noms. Mais cette conjecture n'a pas

(i) Lettre de M. le Beuf, de Paris ie ~7 septembre 1744.

le moindre fondement dans l'histoire, ny dans les monumens du pays.

Le titre de Chiidéric II, de l'an 66~ ne parle point de ce prétendu lieu de Senon. Il ne nomme aucun village dans l'étendüe da canton où S. Gondebert evéque et abbé, Episcopus se~ Abba, a construit son monastère Senonicum. Les monumens de Moyenmoutier, et le B. Pierre de Damien portent que S. Gondebert bâtit son abbaïe dans le lieu nommé G?'aM<K<M)tMm, Mais on n'en trouve aucun vestige dans les monumens du monastère de Senones, et je conjecture qu'au lieu de Grandiae~Mm. il faut lire G?'<MK~??WMM??! qui est le Grandrupt au-dessus du monastère, bien marqué dans le diplome de Childéric, où S. Gondebert avoit beaucoup défriché avec ses disciples.

Quant à l'omission du nom de S. Gondebert dans le catalogue d'e l'Eglise de Sens, la chose ne doit pas surprendre. Les anciens catalogues généralement parlant sont fort défectueux, et il étoit assez ordinaire de ne pas mettre dans les diptyques les noms des évéques qui avoient quitté leurs Eglises, et qui n'y étoient pas morts. On peut voir sur cela l'histoire de Moyenmoutier, p. 29, 30.

Quelques auteurs ont cru que S. Gondebert, fondateur de Senones, avoit été lié d'une étroite amitié avec S. Diez fondateur de l'abbaïe qui porte son nom. (')) Mais je n'en trouve rien dans aucun bon auteur, ni domestique, ni contemporain, ni dans les monumens de Senones, ni dans ceux de S. Diez. Toutefois, il est très probable que S. Gondebert, S. Hydulphe et S. Diez, tous trois revêtus du caractère épiscopal, tous trois venus dans ces déserts pour y vivre dans la perfection du christianisme, éloignés du grand monde, et pour inspirer à leurs disciples les mêmes sentimens de piété et d'éloignement du siècle, étant remplis du même esprit, vivoient aussi entr'eux dans une parfaite union de coeur et d'esprit.

CHAPITRE II.

2. MÀGK6RANME, 1~ du nom; 11'' abbé de Senones.

3.AGBRK:,in"abbé.

4. MAGNBRANNB,2~ du nom, IVe abbé.

8. BoprCtOLB, V~ abbé.

6. ETIENNE, VIe abbé.

7. ANGBLRAMMB, ''VU abbé.

L'histoire ne nous a conservé que !fs noms des cinq succes-

seurs immédiats de S. Gondebert. On nous dit seulement que Magnéramne étoit un saint homme et de moeurs très-pures, moribus sanctis exornatum, Richer, 2, c, p. 299. L'ancien nécrologe m~ met sa mort au 'i7 d'octobre, avec celle de S. Gondebert. On ne sait rien du tout d'Ageric, de Magnéramne 2e du nom, de Bonciole ni d'Etienne, sinon qu'au 28 Juillet, on marque le décès de Bonciole, abbé de ce lieu. Dans la liste des monastères qui étoient en société de prières avec i'abbaïe d'Augie ou Reichenau, au Ixe siècle, on litSenonicas, Médiano et Gorzia etc., et ensuite; Ex MMK.M<eyM Senonicas, Boniciolo ~6&<ï F~. Mo~MM<e?'to lliédiano, Sundarbe-rto Abba; Gorzia, Optorius ~Ms(')). Or nous savons que Sundinbert abbé de Moyenmoutier gouverna depuis l'an 738 jusqu'en 789, et qu'Optarius, abbé de Gorze, vivoit en 795 et 796. On peut donc mettre notre abbé Bonciole vers l'an 780 ou 760, puisqu'entre lui et Angelramne nommé à i'abbaïe par Charlemagne, vers l'an 770, nous ne connoissons que l'abbé Etienne, à qui l'on peut donner dix ou douze ans de gouvernement. Selon le même manuscrit d'Augie, que nous y avons vu, il y avoit à Senones environ deux cens religieux, y dénommés, et à Moyenmoutier environ quatre-vingts. I. ANGELRANNB EST FAIT ABBÉ ET SEIGNEUR DE SENONES,

PAR CHARLEMAGNB.

Etienne eut pour successeur Angelramne évéque ou archevêque

(i) Hugo, Sacras antiq. monument, not. p. <76. (t) MabiMon, Vêt. Analect. p. 426. Edit. in-folio, 1728.

de Metz. Car dans cette église plusieurs évoques ont été honorés de la quaitté d'archevêque. Angelram ou Angelramne succéda à Epodegrad dans ce siège l'an 768, le 25 de septembre. ('))

Il avoit été élevé dans l'abbaïe de Gorze par un religieux nommé Norgandus, maitre des jeunes enfans qu'en y élevoit. Angelramne fut religieux dans l'abbaïe de Saint Avold. Richer, !.2, c. ~p. 299, soutient qu'il étoit chancelier de l'Empereur Charlemagne. La chose n'est pas sans dimcufté; mais il est certain qu'il fut grand-aumonier de l'Empereur depuis son épiscopat.

L'abbaïe de Senones étant venuë à vaquer vers l'an 770, par la mort de l'abbé Etienne, Angelramne la demanda et l'obtint de l'empereur ou du roi Charlemagne, car il ne fut nommé empereur qu'en l'an 800. Notre historien dit, l. 2, c. p. 299, qu'avant Angelram i'abbaïe de Senones étoit impériale, et que !'évéque Angelram demanda à l'empereur qu'elle fut dans la suite soumise à l'Eglise de Metz, de même qu'auparavant elle étoit soumise à l'Empire; ce qui causa une douleur très sensible aux religieux, qui ne purent voir sans un extrême déplaisir leur monastère déchu de la dignité d'abbaïe impériale. Mais e'étoit un honneur qui leur étoit très-onéreux, continue toujours Richer; car ils ne considéroient pas que les Elises du voisinage, qui jouissoient de ce privilège, étoient exposées à l'oppression de la part de l'Empire, qui exigeoit d'elles de grosses contributions, ou des troupes de soldats pour leur contingent, on à d'autres charges encore plus onéreuses de la part des ennemis de l'Empire, qui les ravageoient, sans que les empereurs qui étoient souvent très éloignés, fussent en état de les secourir. C'était donc mal à propos que ces religieux s'affligeoient si fort de n'être plus soumis à l'Empire. Car si les monastères de ces quartiers, continue Richer, étoknt toujours demeurés impériaux, il n'y

(i)V.Hist.deLorrame,t.<,I.Xt,p.SM,i"6dit.

seroit pas reste pierre sur pierre, par la dimcutté qu'il y avoit d'aller demander te secours des empereurs qui ne pouvoient par eux-mêmes défendre leurs vassaux; au lieu que les évoques étant plus à portée, pouvoient en moins de deux ou trois jours écouter leurs plaintes et apporter du remède à leurs maux. On voit un exemple sensible de ces inconvéniens, dont parle ici Richer, dans l'abbaïe de Moyenmoutier, qui étant demeurée impériate ou roiale, et asservie à fournir les subsides et le nombre des soldats équipés qui lui étoit imposé fut réduite aux dernières extrémités sous t'abbé Pippin, du roi Lothaire, qui abandonna leur monastère au duc Regnier, qui leur enleva tout d'un coup plus de quinze cents métairies. Puis on les livra au comte Hillin, qui en chassa les moines, et y mit des chanoines en leur place.

II. L'ABBAtE DE SENONES ÉTOIT-ELLE !MPB!UALB

AVANT ANGBLRAN.

Pour entendre ce que dit ici Richer, que l'abbaïe de Senones étoit impériale, il faut remarquer qu'anciennement chez les Grecs et même chez les Latins, il y avoit des monastères de trois sortes. Les uns étoient soumis, selon le droit commun, à la jurisdiction des évéques les autres dépendoient immédiatement du Saint Siège en Occident, ou du Patriarche en Orient. Les troisièmes étoient nommés roiaux ou impériaux, parce qu'ils étoient de fondation roiale ou impériale, et par cette raison exemts de la jurisdiction des Ordinaires. (')) L'abbaïe de Senones étoit donc monastère roial ou impérial, comme aiant été fondé par S. Gondebert archevêque de Sens, et dotée et confirmée par Childéric II roi d'Austrasie, qui l'avoit prise sous sa protection particutière. S. Gondebert y exerça sans difficulté les fonctions épiscopales, qu'il s'étoit

(1) Du Cange, hist. de C. P., t. 2, p. 47, in Hist. Bizant. édit. Paris.

réservées, dit Richerius Solo sibi Episcopo officio 7'Me~s<o, g~o tanta e< tam ctM~ solitudine ad Ecclesias eo~ecrs~<M', et personas ad o~a divina idoneas p?'omoce~c!as uti potuisset e~c. Il consacra lui même l'église qu'il avoit bâtie. Charlemagne ayant donc donné cette abbaïe en commande à Angelramne, lui en donna aussi la régale, ou la seigneurie, que les évéques de Metz ont conservée jusques vers l'an 4570, et dont les comtes de Salm, pendant les troubles du royaume de France s'emparèrent. Depuis Angelramne, les abbés de Senones relevèrent de )'évéque de Metz pour le temporel. Ils recevoient de lui les régales, ou les drois régaliens, et comme l'évêque de Toul étoit le plus à portée, ils s'adressoient à lui pour exercer dans leur territoire les fonctions réservées de droit au caractère épiscopai Abbates hujus loci a~ Eptscopo i~e~MSt ~mporsHa ab ipso ce~ FpMeopo yMMe~t spiritulia receperunt. Richer.

Avant Angelram, l'abbaïe de Senones était soumise aux rois d'Austrasie qui l'avoient comblée de biens et qui lui avoient donné les privilèges d'immunité, franchises et exécutions qu'on n'accordoit qu'aux abbaïes royales. C'est ce qui paroit manifestement par )e diplome accordé à ce monastère en l'an 661, dans lequel il est dit Cum antiquitus yMa!<A constit-utionem Fo~~cM.m per regalem sanctionem multorum sanctorum monasteria sub eudem libertatis Tideantur p~tw~M quo et preeseTts, volumus cum Dei adjutorio p?'Œmunitum consistere. I[ ajoute que tous les biens du monastère demeureront francs, libe-rrima ~M illibataque permaneant; en sorte qu'aucun juge ni officier royaux ne puisse ny s'emparer du monastère ni le soumettre à l'autorité d'un autre seigneur, sans le consentement des religieux Ut nullus judicium pree/a~MW monasterium absque voluntate ipsorum seT'poT'Mm. Dei, in o;m hominis jus vel domwwm audeat we7'<e?'e, sibimet usurpare. Le roi ajoute qu'il l'affranchit de toutes charges publiques et lui remet tout ce qu'il pouvoit devoir au fisc roial; Quidquid inde fiscus noster /b7'M<aM aut ex eontwt hominibus aut ex illorum serot~~M~, ~sj in

eorum a~M manentibus vel MM~'M?K~ poterat sperare aut solebat suscipere, 1 ex ~e~M~e~~o. nostra penitus ipsi sancto loco remittimus.

C'était donc de ces privilèges ou d'une partie d'iceux que les religieux de Senones souffroient si impatiemment de se voir dépouiHés et au lieu que jusqu'alors ils avoient été sous la dépendance du roi, ils étoient afuigés qu'Angelram voulût les soumettre à son Eglise et rendre les abbés de Senones vassaux des évoques de Metz. En effet pendant plusieurs siècles les abbés de ce monastère reprenoient leur temporel de l'évéque de Metz, et recevoient d'eux des avoués et défenseurs, comme nous l'allons voir. Ainsi Angelram ne fut pas simplement nommé abbé de Senones, mais il fut établi seigneur et régalien par Charlemagne.

III- A~GEMAM FAIT VBNtR A SBNONBS LE CORPS DB S. StNBON,

ËVËQUB DE METZ.

Angelram ainsi nommé par l'empereur, voulant gagner l'affection de ses religieux, et les consoler de la perte qu'ils faisaient de la protection du roi, leur envoia le corps de S. Siméon, 7e évéque de Metz après S. Clément, qui est considéré comme apôtre de cette Eglise (')). On ignore les particniarités de la vie de S. Siméon et le temps de son gouvernement et de sa mort. Mais sa sainteté est connue, et Dieu l'avoit déjà honorée de plusieurs miracles, lorsque Angelram le fit venir à Senones.

D'abord les religieux toujours aigris contre leur abbé, refusèrent de le recevoir dans leur église et le prélat usant de prudence et de douceur, fit déposer les saintes reliques sur une colline située au midi du monastère, où il bâtit une chapelle pour les recevoir. Bientôt Dieu y fit éclatter tant de miracles, qu'on y accouroit de toute part, et que (1) Richer, 1. 2, c. 2, p. 300.

personne ne sortoit de sa présence sans recevoir quelque bienfait.

Encore aujourd'hui la chapelle de S. Siméon subsiste audessus du jardin de l'abbaïe. On y fait une procession solennelle le troisième jour des Rogations, et on y dit la messe paroissiale le jour de sa translation, le 2~- octobre. Ce lieu a toujours été considéré avec respect, et c'est encore à présent la dévotion du païs. On invoque S. Siméon dans les nécessités publiques et l'on expose sa chasse, qui est prétieuse, pour demander à Dieu la pluie ou le beau tems selon l'exigence des cas. On verra dans la suite de cette histoire qu'anciennement les religieux en corps y céfébroient tous les jours le saint-sacrifice. Cette chapelle a été rebâtie en ')735, très-proprement par le R. P. Dom Augustin Calmet, abbé de Senones.

Jean Ruyr, chanoine de S' Diez dans ses Antiquités de ia Vosge 1. '), c. 6, p. 820, dit que S. Siméon évoque de Metz, transporté à Senones par i'évéque Angelram, avoit été inhumé hors de la ville de Metz dans I'ég)ise de S. JeanBaptiste, nommé depuis de S. Clément; que la 6< bras de ce saint Siméon se gardent ~peM'~we?!~ en deux beaux reliquaires d'argent /SpO~M~S, ~'MM en forme de tête, et l'autre en forme de bras e< que le reste du corps est dans une chasse d'argent historiée de personnages et e~tatH~s vers latins, à la mode du tems.

En voici la copie Pausat in hac s7'cM Simeon noster Patriarcha si relegas o~sm genus hune probat Israelitam Mettis septenam .PreMM~ moderavit habenam. Cet auteur écrivoit en 4 633.

Le chef de S. Siméon est dans sa chasse. Le chef d'argent ne subsiste plus non plus que l'ancienne chasse d'argent, marquée dans Richer et dans Ruyr. La nouvelle chasse d'argent a été faite par l'abbé D. Joachim Vivin. Mais la chasse de bois argenté qui est sous le grand autel conserve encore les vers cités par Ruyr. Au devant de la chasse on voit

Jésus-Christ en croix et dans les quatre panneaux S. Pierre et S. Paul S. André et S. Jacques.

Ardua regna poli, mare, tellus et infima mundi JK. cruce morte mea damnatur mors aliena

Ut pede semper eam, Ttece, M<Œ, morte sequantur

De t'autrf côté la S~ Vierge, et dans les quatre panneaux les quatre EvangéHstes ayec ces trois vers.

~f(BC cttw prole pid disignat, imago ~art<~??~

Hi famuli Christi qui Christo sic /Œ?M.M~r

Te cum prole pid ~eKer<m<Mr, virgo ~a~a.

A un des côtés de la chasse, S. Siméon en habits pontificaux.

Pausat in hac archa Simeon noster joa<?'ts?'c/Kï;

Si re~fM ~t<sm ~eMMs ÂM~c probat 7~rae~<<ï??t

Mettis septenam ProMM! moderavit habenam

Zee~/tca< 7?KBs(a~ mentes spectata majestu.

Consecrat et Polus nostros cum suscipit artus

IV. ANGELRAM FAIT SA DÉMISSION DE L'ABBAIE DE SBNONBS

BN FAVEUR DE NORGANDCS.

Charlemagne étant à Rome en 783 pria le pape Adrien de lui donner l'évoque Angelram pour lui servir d'archichapelain ou grand aumonier (a) afin de demeurer continuellement auprès de sa personne, et afin qu'il pût l'emploier dans les affaires les plus importantes et se servir de ses conseils. Le pape non-seulement accorda au roi ce qu'il souhaitoit, mais il nomma aussi Angelram pour son apocrisiaire ou son nonce auprès de lui de manière que notre prélat accablé d'affaires séculaires, ne put plus vaquer, comme il avoit été à souhaitter, au gouvernement de son église, ni aux besoins de son abbaïe. Les évëqucs de France ne purent approuver qu'Angelram eût accepté cet emploi qui jusqu'alors n'avoit

(a) V. t. 7, Concil. gén. p. 1064 ou 774. Cône. Francof. c. 68.

été rempli que par de simples prêtres, et qui étoit regardé comme incompatible avec la résidence qu'un évoque est obligé de faire dans son église.

Angelram fut obligé de faire son apologie (b) en présentant au pape Adrien un recueil de 80 articles tirés des fausses décrétâtes lesquelles toutefois ne justifient point sa conduite, et n'excusent pas la non-résidence d'un évoque. On soupçonne même avec beaucoup de fondement Angelram lui-même d'avoir fabriqué ou fait fabriquer ce recueil des fausses décrétales de Marius Pecca~r ou AfercŒ<or d'où il a tiré les 80 articles pour sa propre justification. On n'en avoit aucune connoissance avant lui. II est le premier qui les ait cités. Il est manifeste qu'ils sont faits pour lui, et les anciens manuscrits les lui attribuent assez clairement. Voyez le P. D. Bernard de Montfaucon, B~'o~ca manuscriptor. nova. t. '< folio ')00, p. 426, 428, fol. '<34, p. 847. Ce fut apparemment en ce tems là qu'il résigna son abbaïe de Senones à un religieux nommé Norgandus ou Norgaudus, dont nous allons parler.

CHAPITRE 111

NORGANDUS VIII'' ABBÉ, VERS L'AN 753

Nous avons remarqué ci-devant que l'évéque Angelram avoit

été éievé dans l'abbaïe de Gorze par un religieux nommé Norgandus. D n'est pas hors d'apparence que c'est le même à qui il résigna l'abbaïe de Senones.

Rieherius ne dit pas qu'il t'ait remise à un religieux de Senones, mais à homme religieux nommé Norgandus ItM~o co?MtKo c~Mm ?'e~g'M~M?n. ~VorptïM.dM~n. p7'6B/Mt<. I. LES REÏ.!G!BUX DE SBNONBS TRANSPORTENT DANS LEOR É&H8B LE CORPS DE S. SHtËON

Les merveilles continuelles que Dieu opéroit par les mé-

(b)-Hi8t, de Lorraine t. i, p. 618,629, 1" Mit.

Y ,$

rites de S. Siméon, touchèrent les religieux de Senones. Ils se repentirent de n'avoir pas accepté le présent que l'évêque Angelram avoit voulu leur faire. Le temps modéra leur douleur. L'abbé Norgandus les calma entièrement, et les détermina à transporter avec honneur dans leur église les reliques du saint, qu'ils avoient d'abord refusé de recevoir. On prit jour pour cette sotemnité qui fut le avant la fête de tous les Saints, c'est à dire le 24 octobre. H y eut un concours extraordinaire de peuples, et la cérémonie se fit avec toute la pompe et la dévotion possibles. On mit quelque temps après le corps dans une châsse d'argent qui se voyoit du temps de Richer, c'està-dire au 13~ siècle. t. 2, c.

Mais du depuis on ignore en quel tems on prit l'argent de la châsse pour l'employer aux besoins pressants de la maison. L'abbé D. Joachim Vivin ayant trouvé ces précieuses reliques dans une châsse de bois argenté, fit de nouveau faire en ~)684, la châsse d'argent que nous voions aujourd'hui. On célèbre tous les ans la fête de la translation de S. Siméon au même jour 24 octobre, et l'historien Richer dit que de son tems tous les curés qui tenoient des cures de l'abbaïe étaient obligés d'y apporter ce jour là, sous peine d'amende, une certaine quantité de poissons, pour le service de la table et l'honneur du jour.

II. ANGBLRAt! KONNE UN AVOUÉ A L'ABBAJB

Après avoir pourvu au gouvernement spirituel de l'abbaïe en lui donnant pour abbé un homme vraiment religieux, l'évoque Angelram voiant que ses grands emplois ne lui permettoient pas de vaquer à sa défense, songea aussy à lui procurer un défenseur, pour la protéger contre les ennemis du dehors. Nous ne savons pas qui fut le premier avoué de l'abbafe de Senones institué vers l'an 786, mais le premier dont nous trouvions le nom, est Gérard de Turkestein qui vivoit en l'an mil de J. C. les comtes de Salm leur succédèrent quelque tems après vers l'an 'H 00.

4

Richer ~2. <3'. p. 304 raconte que le voué établi par l'évêque de Metz n'avoit droit que de prendre le tiers des amendes dans les plaids qu'il tenoit au nom et à la prière ou à l'invitation de l'abbé, et rien au delà. II ajoute que pour l'engager plus efficacement à soutenir les intérêts du monastère, de ses sujets et de ses dépendances, on lui donna la terre de Bayon-sur-Moseiie, vis à vis Neuviller, qui étoit encore possédée par les comtes de SdIm ou par leurs héritiers du tems de cet historien en sorte que le voüé n'avoit aucun droit ni aucune jurisdiction ni sur les hommes et les sujets de i'abbaïe, ni sur ses terres ni sur le ban, les bois, les eaux, les plaids les justices et les dépendances du monastère. Mais il étoit tenu d'en prendre la défense en toute occasion, en récompense du bénéfice ou du fief qu'il tenoit de l'abbaïe, et des honoraires qui étoient attachés à la vouerie. L'abbé de Senones convoquoit ses plaids, rendoit jugement, condamnoit ses sujets à l'amende selon l'exigence des cas, et faisoit lever ces amendes par son eschevin indépendamment du voüé. Si dans l'entretems qui s'écouloit entre la tenüe des plaids, il arrivoit quelque contestation, quelque procès, ou quelque délit, l'abbé, ou son intendant établi par lui, en prenoit connoissance, les décidoit et les terminoit de son autorité. De plus, l'abbé de Senones créait et déposoit de plein droit et sans contradiction ses intendants ou receveurs, ses maires, ses sergens ou doiens, ses forétiers, ses eschevins et les marguiiiiers des paroisses de S. Maurice, de S. Jean, de Plaine et de Yipucelle, et le voué ne pouvoit exercer aucune autorité contre ces officiers ainsi établis par l'abbé. Et si le voué entreprenoit quelque chose contraire aux anciens priviléges de l'abbaïe, c'étoit à i'évéque de Metz à le réprimer et à le punir, si le cas le méritoit. Tel fut l'état de l'abbaïe de Senones jusqu'au tems de l'abbé Adelard. Richer, ~8, c. 5, p. 305.

La mort de l'abbé Norgandus est marquée dans le nécrologe au 7 de novembre, mais non pas l'année.

CHAPITRE IV.

9" THBODRADB, IX" abbé.

'i0~ PER!N onBAR!:< X~ abbé.

1)° NoTËRBOu MoTÈBB, XIe abbé.

12° VICPODB ou VtPODB, XIP abbé.

Les noms de ces quatre abbés se trouvent dans l'ancien

nécrologe de t'abbaïe au ')7 octobre, dans ce même ordre après S. Gondebert et Magneramne, il y est dit qu'ils étoient prêtres, et Richer remarque l. 9,c. p. 3~7, que les ~4 abbés qui succédèrent à S. Gondebert furent des hommes d'un mérite extraordinaire et d'une grande sainteté de vie que pendant tout leur sage et heureux gouvernement, ce monastère étoit comme un paradis de délices, tant dans le spirituel que dans )e temporel. Vipode ou Vicpode fonda sur la Brusche, au lieu nommé aujourd'hui la Broque, un prieuré, qui fut nommé de son nom FMpocH-c~a, et qui porte encore aujourd'hui le nom de Vipucelle. Le prieuré ne subsiste plus, mais la paroisse du lieu se nomme encore aujourd'hui Vipucelle, et l'église paroissiale étoit certainement l'ancienne église du prieuré. On trouve encore dans le cimetière d'anciens cercueils de pierre et quantité de fondemens qui dénotent qu'il y avoit joignant l'église des bâtimens assez considérables qui étoient ceux du prieuré. Nous apprenons par une charte donnée en 826, par les empereurs Louis et Lothaire, que Vipode avoit donné ce prieuré avec ses dépendances à t'évécbé de Metz, et en avoit passé des actes de donation FtcpodMS Episcopio jMe~Mt quod est in honare S. Stephani proto-martyris co?M~MC<Mm perstrumenta chartarum tradidit. Les empereurs dont on a parlé, restituèrent, à titre de bénénce ou de fief, ce prieuré à Ricbode neveu de Vicpode, pour sa vie seulement, à charge qu'après sa mort il retourneroit à l'évêque de Metz. Toutefois l'abbaïe de Senones en a joui jusqu'aujourd'hui.

CHAPITRE V.

~TmBRRT, XIIIe abbé.

~4° URBEFRËDEOU ERBBFR&DE, XIV° abbë,

Ces deux abbés ne sont pas connus dans Richer, ni dans les monumens de i'abbaïe mais nous avons une lettre de Frotaire, évoque de Toul adressée à deux abbés nommés Thierry et Renard, qae l'on croit avoir été, le premier, abbé de Senones, et le second, abbé de Moyenmoutier voici la lettre. ('))

Frotarius gratia Dei ëCC~MB ?'MMe~M antistes T/MM~~MO e< Ragenardo venerabilibus viris, cum universo grege ~o~M commisso, perpe~MŒ beatitudinis in Domino opto salutem. Quoties 'ce~~ce dignitatis personam, cum his qui vobis sub nostro regimine subditi sunt bene acsalubriter ~ce~ cognoseo, dtPMce pietati gratias refero. ~Mo~ro vos ac plebem ~a~. cttŒce~m nostram pertinentem, utcumque tM.~?MSVt M! peTecH~s~ audio, ingenti mc~ore ac doloris anxietate a~cMT', et veluti pro ~~M charissimis atque ovibus propriis undi-que contristor. Quod his diebus fateor ŒM~MSM,' cum scilicet m~T'eT'aM pestem accerrime grassatam me contigit agnovisse. Siquidem st~)M/!ca~M~ mihi est devastatione luporum quosdam 'BM~ûr~w hominum superatos et ruinis subitis /M?K~M ab hac vita esse extinctos. Quam quidem plagam per fraude7n diabolicam divino judicio permittente in omnibus {actam esse non ambigo. Siquidem peccatis nostris exigentibu,s mM~~ adversa permittente Deo patiemur, ~MŒ m~MMe nobis accide-rent, si ei ut dignum /'Merst, tota mente quotidie /a?KM~?'6M?~. Quod ~M~ cum 6'7'SM gemitu dicendum est, abundat iniquitas, 7'e/e.c~ caritas mM~to7'Mm. Ob hoc tot plagas C~~M~ M?MM~ disponente ingruentes tot adversitates demo~cœ instigationis miseria nostra tolerat generi AMtna?!o M/es~a.?. ~~M~CH: cum his ~r<B~?'t~ annis MMpMM /amM ~M~tmoaa~ ob a7'~st~<eM ~e~m., vol

(i) duch*esne, Hist. franc, t. 2. Mabiil. Annal. BënÉd.I. 2, p. 4Si.

grandinis irruptionem perpessi /'M~'tWM~ p7'6MeM.~ annô /6~tilitatem messium atque ubertatem vineorum, murium de~M<s<MKe consomptam conspicimus. Ad extremum, quod CMm. luctu dicendum est, ~uporMMt ?'o&MM infestatione animas hominum christianas subito ?:ecart 'ct~em~s, ~MŒ /'ac<Œ cur ?:os<?*(B p~cMen~Œ non antea M~M!~cac6?'KM Ms~M~~Ma~M~ miror. Venissem quippe ad vos, c< tam per ~M p?'cedtea~o~ew, quam per maMÙs impositionem ac confirmationem pectora fluctuantium hominum corroborare satagerem. Quod quia adhuc non, in proximis diebus, si m~ comes /M~<, actur-u-s sim. Nunc autem moneo ut pnBCtpM<!s omnes Presbyteros in illis locis commanentes ad vestra MOK~M~a7'~7'CO?H)enire, et per triduum jejuniis et letaniis insistere cilicio et sacco o6oo~t, cinere conspergi et communi supplicatione Domini clementiam obnixe deprecari, ~!M exuberans misericordia non secundum merita nos dijudicet, ~ec sec~?:J~w iniquitatum ~os<7'Œ7'M~ scelera ultionem ex nobis capiat quin potius propitiatus expectet et ad pœK~eK<M!m T'ec~T'ë~~s misericorditer suscipere dt~Me~M?'. Omnem itaque populum ad confess:OtM??t et p<B?n(MctMM?7t pro peccatis suis sacerdotes provocant, 6< ?MŒ ignoranter à plebe commissa sunt d~~ amendatione so~os~KMT' ne s~tto nos exitialis morbus absumat, e{ inferni DOp'aet~ pe7'~7:t<e7' cruciandos absorbeat. Etsi mens nostra caritatis amore Dei coneectibus renuit famulari, salteni mortis for-midine à ?ns!M retractata in salutiferis ac~&M~ co~ca~scs(. Telle fut la lettre de i'évéque Frotaire. La manière dont il y parle, insinue que son autorité épiscopale n'y étoit pas fort reconnue, et l'affectation avec laquelle il marque que ces lieux étoient de son diocèse et soumis à sa jurisdiction, rend la chose assez douteuse et peut servir pour prouver le contraire.

Urbefrède abbé de Senones est dénommé dans une lettre du même Frotaire écrite à Drogon évêque de Metz en 824 (a)

(a) T. 2, Hist. francor. p. 715. Epist. X. Frotarii.

Il s'y plaint que quelques religieux de cette abbaïe, sous prétexte de certaines plaintes qu'ils avoient à faire à l'empereur ou à d'autres puissances, s'étaient donné la liberté de sortir de son diocèse de Toul sans sa permission, et d'aller où il leur plaisoit, sans qu'il en fût informé.

Voici sa lettre

A'o~MMMŒ d~M<a<M ~ro et celso honore dignissimo, Drogoni, divind favente gratid, Ecc~s:e6 ~e<e~sM Episcopo, Frotarius exiguus t<e~ Episcopus perpetuam in Christo opto sa~<eM. Amorem et dt~e~oMent ces~t pro cultu conservans /eKc~M. p~&~ ~OK~(poM annorum CM.rrMM~~ cos ducere gra<M~?n.M7', e< id nutu concedi superno sedulo /?a~~ŒM~. A ~o&is g~o~Me e/tMdem mihi charitatis jura rependi e< inMo~tK~r coMerca~t suppliciter expeto, et hoc spiritualiter glutino M~M connexus et ~M<rM conloquiis recreer, et salutiferis studiis atque exemp~M proficere informer. CŒ~er~m sicut 'pes~Œ dilectio wtAt oppido displicere de quibusdam monachis cœMO&~ 'cex< cui Erbfredus rector esse ~de<M'r. Cum enim Mos<r<B Pa~T'oc/neB Mdem adjaceat ~oc~s et habitatores ejus nostro munimine Deo adnuente protegi debeant egrediuntur quidam eorum Parrochiam ?:os<rsm. absque nostro permissu e~ licentia, quasi ob ~Masdam 7'ec~atna<M?!M, et quo tendant peKt<-u~ ~M07'o. Fory'o si ad vos T~tMM< aut molestiam 'ces~M auribus inferunt, ordo canonicus erga nos debuerat co?!serca?'t, ut mihi tHo/w OM~e~cB paterent et nostro pari consultu correctio eis c~H~rMa c!a7'e(Mr. Quod quia hactenus negligenter omissum est, ces~ra id deinceps industria dignd e-7nendatione corrigi debea.t ut nec vestrcc aures ulterius hac in re molestentur, nec nobis jus canonic-um etT'tM~ ~ac ?'e wo~M<eK<MT, ~ec Mo&M ~s ca~o?ncMt~ e< reverentia debita auferatur. Est pra'~T'ea aHa OM~Œ dominationis, cella sita in Warengislirilla, (C'est que Drogon iui-mëme étoit abbé de Gorze, dont Varengéviife est un membre.) quam etiam monachi sine med licentia inhabitare woscMK~MT'. Sed quia inter eos me constat ado~Mse, c<Bnobio videlicet Gorzensi, /MBC M~CMmoM~ wea pareras tolerat.

t

De~nique illud roestrcr. Paternitati non sileo, quod qucedam

D~t~Me ~MM~ wes~œ Ps~~Ka~ Mon ~eo, g'Mod ~Mœdis~

vestri ,S Basilicce in providentia nostra constituat, ~M<B nec mansorum subjectione /~MMM(M', nec sacerdotum pTŒsentia C~OC{M~KM7'. Pro quibus omnibus 'CM(?'Œ ordinatio legatum ad nos mittat, quo instante ~œc emeMc!e~<M7'. Antiquam enim in prce/'eKM cellis vel Ecclesiis congrua emendatio fiat, nihil nobis de eorM?~ o~dMKï<MM'&Ms tel dispositionibus Ecclesiasticis p?"6M~nMK.dMW es<Va~ et in prœ~Mso monasterio Vosgensi, quidam ~es<r;' missi ob rectitudinem /acMM~s~ ~M~c directi, ntA~ utilitatis, ni fallor, t~ gesse?'??<; sed ma~M discordiam multiplicantes eosdem fratres deteriores per omnia reddiderunt. Deee< pe7'o ut e< in moM<M~?'!M in Ë'CCJM!M, et in OMM~M~ ~MO PM<y<B ditioni subdita sunt, talis ordinatio et rectitudo servetur, quatenus et nos et universi /ïM!(tw~ vestri, vestris exemplis institu(tWMr, e< per vos ad ~ercs religionis studium M<CMm.~Me per~MeamM", ce~~ per summum pastor-um ac 7'ec~Mm nobi!M~tmMM plebis. r&~a< paternitas ees<ra prolixo tempore feliciter in Christo. Amen.

L'évéque Drogon, à qui la lettre est adressée et à qui Frotaire donne de si grands éloges, étoit fils naturel de Charlemagne, et frère de t'empereur Louis le Débonnaire. Il conserva une très-grande autorité non-seulement dans les affaires ecclésiastiques, mais aussy dans le gouvernement civil, non-seulement sous Louis le Débonnaire, mais encore sous les princes ses fils et ses successeurs.

L'évêque Frotaire dit qu'Erbefrède est supérieur d'un monastère de Vosge de la dépendance de i'é~éque de Metz, ce qui ne peut guère s'entendre que de celui de Senones, qui relevoit de révëque de Metz quant au temporel, et qui étoit demeuré sous sa protection depuis qu'il avoit été donné à Angelram. Je ne sais pourquoi il ne donne pas à Erbefrède le nom d'abbé peut-être que Drogon possédoit cette abbaïe comme abbé commendataire, de même que celles de Gorze et de Luxeuil.

CHAPITRE VI.

RICBODE, XV'' ABBÉ.

Ricbode neveu de l'abbé Vicpodus, étoit abbé de Senones en' 826. L'historien Richer n'en a rien dit mais nous avons un diplôme des empereurs Louis et Lothaire qui porte qu'ils ont accordé à titre de bénéfice ou de fief, à l'abbé Ricbode, une cellule au prieuré situé sur la Brusche, en un lieu nommé le mont Aluvin, que l'abbé Vicpode ou Vipode avoit autrefois cédé à l'évéché de Metz. Ces empereurs donnent donc ce prieuré avec ses dépendances à Ricbode pour sa vie seulement, et à condition qu'après son décès il retournera de plein droit à l'évéché de Metz. Le diplôme est de l'an 826 de J. C., et datté d'Aix la Chapelle.

CHAPITRE VII.

ADELARD, XVIe ABBÉ.

(Richerius lo compte pour le XIV".)

Le nom de cet abbé est noté dans notre histoire comme l'époque des malheurs de l'abbaïe et la ruine de la régularité, qui y avoit été jusqu'alors observée avec l'édification de tout le païs. AdeJard commença par la ruine du temporel. li en aliéna et dissipa les fonds et les revenus par sa négligence et sa mauvaise économie puis il renversa le bon ordre par son mauvais exemple et par son relachement. Ce lieu qu'on avoit regardé depuis sa fondation comme un jardin de délices ta) et une retraite de saints, ne fut plus que comme une caverne de loups ravissans. Chacun se croioit permis de prendre et d'envahir les biens du monastère, et personne ne s'opposoit aux ravisseurs. Les religieux au lieu de travailler à leur sanctification, se plongeoient dans toute sorte de dé-

sordres et de dissolutions. Ils quittèrent la demeure des lieux. réguliers, du dortoir, du réfectoir, et du cloître, et se jettant au dehors, se livroient aux excès de bouche, à Fyvrognerie et aux désordres les plus grossiers et les plus honteux. L'abbé non-seulement ne les réprimoit pas, mais les autorisoit par sa conduite. Chacun d'eux se bâtit une demeure à part hors du monastère pour y vivre sans subordination et sans règle.

Bientôt du relachement et de la dissipation ils tombèrent dans la disette, manquant des choses les plus nécessaires à la vie. Ils se virent contraints de cultiver la terre de leurs propres mains et de vivre en malheureux, après avoir longtemps vécu en scélérats. L'abbaïe demeura sous un bon nombre d'abbés dans cet étatsidépiorabie. CarAdetard eut des imitateurs, dont l'historien Richer dit qu'il n'a pas pu se résoudre à rapporter les noms, de peur de souiller son récit par la mémoire de leurs crimes.

Nous conjecturons qu'Adelard a vécu vers l'an 835 ou 840 et que le relachement a subsisté à Senones pendant près de cent ans car i'abbaïe de Gorze ne fut réformée que vers l'an 933, sous le bienheureux Jean de Gorze et sous l'abbé Einolde. Ce fut à l'occasion de cette réforme de Gorze que l'abbaïe de Senones reprit sa première régularité, ainsi que nous l'allons voir.

CHAPITRE VIII.

RsffGBRUs, XVII~ abbé, mort vers l'an 930.

ROBERT, XVIIIe abbé, mort vers l'an 948.

Rengerus est mis ici comme XVLIe abbé de Senones quoiqu'il soit certain qu'il y en a eu plusieurs entre lui et Adelard, mais nous ne parlons que de ceux qui nous sont connus. C'étoit un homme prudent et modeste, dit Richer (1. 2, c. ')8, p. 318-320.) qui permit à un jeune homme du nombre de ses religieux nommé Rambert, d'aller dans !'abbaïe de Gorze, qui étoit alors en grande réputation dans toute la Lorraine,

pour y apprendre l'exercice de la règle de S. Benoit, dont on ne voioit plus aucun vestige à Senones.

RAMBERT SE RETIRE DANS L'ABBAIE DE GORZE.

I! fut reçu à Gorze avec beaucoup de charité et comme il étoit très-docile il fit de si grands progrès dans les pratiques de la règle de S. Benoit, que le prieur du lieu et les religieux l'auroient volontiers conservé dans leur communauté mais Rambert aima mieux retourner au lieu de sa profession où Dieu le destinoit à y rétablir l'observance. Il revint donc à Senones rempli des bons sentiments et édifié des bons exemples qu'il nvoit vus à Gorze, et i'abbé Rengerus charmé de sa sagesse et de sa modestie, l'établit bientôt après son retour prieur de son abbaïe.

II. RAMBERT EST ÉLU ABBÉ DE SBKONES VERS L'AN 930.

Rambert s'acquitta de ses fonctions d'une manière qui lui att.ira l'estime et l'amitié de ses confrères, et l'abbé Rengerus étant mort quelque tems après, ils le choisirent pour leur abbé. Comme son abbaïe relevoit de t'évoque de Metz pour le tempore), il fit un voyage vers Adalberon qui gouvernoit alors cette église, et qui considérant la réforme de Gorze comme son ouvrage, voioit avec plaisir les élèves de cette abbaïe placés dans les anciens monastères, où la discipline étoit déchiie, dans l'espérance d'y voir rétablir le bon ordre. Etant de retour à Senones il paria à ses religieux avec beaucoup de douceur, leur fit connoitre l'étendue de leurs obligations, leur traça une peinture de ce qu'il avoit vû pratiquer à Gorze et les exhorta à se conformer A la vie de ces saints religieux. Mais comme l'habitude est une seconde nature, ils le prièrent de les laisser vivre comme ils avoient fait jusqu'alors. L'abbé jugea que dans une affaire de cette importance, il ne devoit pas se conduire par son propre esprit-

Il consulta l'évéque de Metz, qui loua son zèle et sa bonne volonté, et résolut de seconder ses bons desseins. I! pria Agenolde ou Evolde, abbé de Gorze, de lui prêter son secours pour l'exécution de cette bonne oeuvre.

UI. RÉFORME DE L'ABBAtB DE SBNONBS.

Ils se rendirent ensemble à l'abbaïe de Senones et parlérent aux religieux, emploiant tantôt tes caresses et tantôt les menaces. Ils tachèrent de leur persuader de se soumettre à une observance plus exacte de leur règle. Mais ces religieux endurcis ne se laissèrent toucher ni par leurs exhortations, ni par les chatimens qu'on emploia selon la règle, contre les plus mutins. Ils en vinrent même aux reproches et aux insultes, et peu s'en fallut qu'ils ne maltraitassent leur abbé. Alors Agenolde et Rambert leur dirent qu'ils pouvoient choisir l'une des deux choses qu'ils leur proposoient, de demeurer dans le monastère dans la pratique exacte de leur règle, ou d'en sortir et d'aller vivre à leur guise où ils jugeroient à propos.

Quatre des plus jeunes et des plus entêtés, qui croioient en savoir plus que les autres, se retirèrent du monastère et retournèrent au siècic les autres plus simples et plus craignans Dieu, se soumirent et demeurèrent sous l'obéissance de Rambert. Ainsi les frères étant rentrés dans leur devoir, et le bon ordre étant rétabli dans l'abbaïe, Agenolde abbé de Gorze, retourna chez lui. Rambert continua la maison de Senones d'une manière qui lui attira l'estime et f'amitié de tout le monde.

Depuis cette réforme introduite à Senones par i'abbé de Gorze, il y eut toujours beaucoup de liaison entre ces deux abbaïes; et on lit dans la vie du B. Jean de Gorze, qu'un saint religieux de cette célèbre nbbaïe, nommé Angelram, qui avoit été autrefois princier de i'égtise de Toul, puis de celle de Metz, étant décédé, la nuit même de son décès un religieux du monastère de Gorze, nommé Adelger étant à Senones et

reposant avec les frères, eut nne vision dans laquelle on lui dit de se lever et de faire sonner les cloches, parce que Dom Angeh'am étoit mort. (1) Ce religieux se leva, éveit)aque)ques religieux et leur fit signe de sonner les cloches, n'osant parler par respect pour le silence. Le lendemain matin, il raconta ce qu'il avoit vû et ouï, mais on n'en crut rien, jusqu'à trois jours de là qu'on reçut la nouvelle du décès d'Angelram. Alors on reconnut qu'il étoit mort la même nuit et à la même heure qui avoit été révélée à Adalgère. I! y a beaucoup d'apparence qu'Agenolde abbé de Gorze envoia à Senones quelques uns de ses religieux pour y introduire la réforme de son monastère, et qu'Adalgère étoit du nombre.

IV. ÂDALBBRON, BVËQUE DE METZ CONFIRME L'ÉGLISE DE VAQUBVILLB A L'ABBAIE DE SENONES B~f 939.

Rambert obtint d'Adalberon, '). du nom évêque de Metz une charte, qui confirme à Fabbaïe de Senones l'église de Vaqueville, qui lui avoit été donnée par quelqu'un de ses prédécesseurs comme aussi neuf familles de serfs, qui dépendoient de cette église. L'évoque ajoute que si quelqu'un des sujets serfs de l'abbaïe de Senones épouse une fille libre de la dépendance de SI-Etienne de Metz, il transfère à ce monastère tout le droit qu'il avoit sur ces personnes pour le cens et pour le service qu'ils lui devoient. La lettre est de l'an 939, et est souscrite par Béatrix duch*esse de Lorraine, femme du duc Fridéric, par Zindebasde comte du palais de l'évoque de Metz et par plusieurs autres.

V. PRIVILÉGE DE L'EMPEREUR ÛTHON EN 949.

Le même éveque Adalberon continuant de favorise)' l'abbé

(<) Vita B. Joan. Gorze, p. 386, 387. famul. V. Bënéd.

Rambert et son abbaïe, lui procura en 949, un privilége de l'empereur Othon I, par lequel il conSrme tout ce que le roi Childéric avoit autrefois accordé à I'abba!'e de Seaones. Il marque que les religieux y observaient la règle de S. Benoit et il désigne les limites des biens qui leur avoient été donnés, et qu'ils possédoient, à peu près de même qu'avoit fait le roi Childéric en 66'f. Il est à remarquer qu'il donne pour bornes au ban de Senones du côté de Moyenmoutier le petit ruisseau de Pierris, qui coule aux pieds des murs de cette dernière abbaïe quoiqu'apparemment dès le tems de S. Hidulphe une grande partie du terrain qui est au midi du Rabodo, lui eût été cédé par S. Gondebert.

L'abbé Rambert mourut le 3 may vers l'an 950

CHAPITRE IX.

DAUBERT, XIX~ abbé. ANSELME, XXe abbé. ScTHARDB, XXI" abbé.

ABBÉS INCERTAINS QUANT AU TEMS DE LEUR GOUVERNEMENT.

L'historien Richer, J..S. c. ne parle pas de ces trois

abbés. II donne pour successeur à Rambert l'abbé Bercherus, dont nous parlerons ci-après. Mais en plaçant la mort de Rambert en 980, et le commencement de Sutharde vers l'an 1000, il faut de toute nécessité admettre quelques abbés dans cet intervalle de 50 ans, qui s'est écouté entre Rambert et Sutbarde. Comme nous avons dans te nécrologe de l'abbaïe douze ou quinze abbés, dont on ne connoit que les noms et le jour de leur mort, nous avons mis ces deux en cet endroit, tout évènement, sans les garantir, en attendant qu'il nous vienne de plus grandes lumières. Daubert mourut le 18 septembre, et Anselme le ~9 novembre. Le nécrologe met encore Probus le 't 8 mars, Ferri le 20 mars, Leutfride

le 20 avril, Conon le 9 aoust, Pierre le 18 septembre, etc. On ignore le rang, la vie, les années, les actions de ces abbés. Richerius remarque, 2. c. f8. et 3~, p. ~3, 7 qu'Adelard fut le ') i" abbé de Senones, et Antoine le 27s. Cependant entre ces deux abbés, il n'en nomme que trois, savoir Rengerus, Rambert et Bercherus. H faut donc qu'il y en ait dix d'omis.

Il. SUTHARDB, ABBÉ DE SENONES.

Le nécrotoge met la mort de Sutharde au 9 mars et au 29 juin, soit que ce soit deux personnes, ou qu'on fasse mémoire du même abbé en deux jours différens. Cet abbé nous est connu par deux monumens respectables. Le ~'est un texte des IV Evangiles qu'en iisoit à la messe les jours solemnels. H a toutes les conditions qui rendent précieux ces sortes d'ouvrages. II est d'une très-belle écriture, écrit sur un très-beau velin, accompagné de vignettes et autres ornemens dont on embeifissoit ces sortes de livres. Outre les canons d'Eusèbe et l'épitre de S. Jérôme à Damase, on lit à la tête de chaque évangéliste l'argument et l'abrégé du livre, puis le symbole de l'évangétiste. Par exemple, pour S. Matthieu, c'est un ange avec ce vers ~M?tM~ ea; homine CA7'M<MW AfaM~aeMS in Orbe. Pour S. Marc, c'est un lion avec ces mots Ceu ~eo desertum ~aT'c~ sermone petivit. Pour S. Luc, c'est un bœuf accompagné de ce vers: Jure Sacerdo~w Lucas bovis exprimit ore. Enfin pour S. Jean, c'est un aigle et ces mots Asserit ante Deum /~re~< quam MM~: Johannes. A la fin de l'argument sur S. Matthieu on lit ces paroles Deo suoque domino 5'° Petro pro remedio Œ~m05 mŒ Suthardus Senonensis Abbas AMMC librum CO~<M~<.

III. LETTRE D'ADALBERON H, ÉVÊQUE DE METZ,

QUI RÈGLE LES DROITS DU VOUÉ DE SENONES, EN L'AN ')000.

Le second monument qui nous reste du gouvernement de

l'abbé Sutharde est une lettre d'Adalberon II, évêque de Metz, en date de l'an 4 000, de J. C., par laquelle ce prélat dit que l'abbé Sutharde lui ayant souvent porté ses plaintes contre les vexations et les excès de Gérard de Turkeistein, voilé de son abbaïe, lequel de tems en tems publioit des plaids dans les terres du monastère, exigeoit le serment de fidélité des sujets de l'abbaïe, faisoit sur eux de grandes exactions, entroit dans l'intérieur du cloitre avec sa femme, ses chiens, et ses gens, et s'y faisoit donner ou prenoit par force ce qui lui plaisoit; qu'enfin Sutharde ayant pris avec lui les discrets de ses religieux, s'étoit venu présenter à la cour plénière de i'évéque, dans le tems où il étoit assemblé au milieu de ses vassaux, y avoit fait ses plaintes, et y avoient !ù le privilège du roi Childéric, qui aceordoit l'immunité et la franchise à son abbaïe. Adalberon ajoute qu'ayant fait réflexion que les évêques de Metz ses prédecesseurs avoit autrefois distrait la plus grande partie des biens de ce monastère pour se les approprier, il avoit résolu de faire en sorte qu'au moins les religieux jouissent en paix du peu qui ieurrestoit. C'est pourquoi il pria Thierry premier eschevin de l'église de Metz, qui étoit présent, d'examiner quels étoient les droits du voué de Senones, et ayant trouvé qu'il ne lui étoit rien du après le fief qu'il tenoit de l'abbaïe, si non qu'à la prière de i'abbé, s'il venoit pour tenir quelque plaid et terminer quelque différent, qu'alors il avoit le tiers des amendes et rien plus. Adalberon ayant pris conuoissance de toutes ces choses, réprima les entreprises de l'avoué, et lui ordonna de se conformer aux anciens usages. Le titre est signé de t'évoque Adalberon, de l'abbé Sutharde et de Humbert prévôt ou prieur du monastère.

Le P. Benoit capucin, dans son histoire de Toul p. 338, parle d'un titre donné à t'abbaïe de Senones en 994, par Folmar comte de Lunévitfp, par lequel ce comte renonce à l'avocatie qu'il prétendoit avoir sur quelques terres de cette abbaïe. II dit en termes exprès qu'il fait cette renonciation à la prière d'Etienne son évëque et son oncle paternel, Fa~M,

Richer, 3. c. (1) parle d'Efienne évêque de Toul, et dit qu'il vint dans J'abbaïe de Moyenmoutier et y passa un jour de fête, et qu'étant mort à Bonmoutier, il choisit sa sépulture à Moyenmoutier; mais il ne parle pas de ce titre d'Etienne pour Senones, et on n'en a aujourd'hui aucune connoissance dans t'abbaïe. U est assez croiable ou qu'il est perdu, ou qu'on l'a soustrait avec quelques autres. Le même P. Benoit, Ibid. p..?, dit que l'an 962. Pridëric 1 duc de Lorraine reçut des évéques de Metz l'avocatie de l'abbaïe de Senones, Vilardus comte de Blamont signe à cette charte comme témoin, S. Vilardi Comitis ~?0~0~ Nous ne connoissons pas ce titre dans notre archive.

CHAPITRE X.

SuTHARDB II, XXIIe abbé. ERLiN; XXtIP abbé.

I. SUTHA.RDE II, (DOUTEUX.)

Nous avons déjà remarqué que nous n'avons aucune preuve

certaine qui y ait eu deux abbés du nom de Sutharde, et qu'on n'en rapporte deux que parce qu'on en trouve un mort le 9 mars, et l'autre le 29 juin. S'i! y en a eu deux, nous n'avons aucune connoissance du gouvernement du second. ERLIN, VIVOIT EK 1030.

Comme l'abbaïe de S. Evre avoit été réformée presqu'en même temps que celle de Senones et que l'une et l'autre avoit tiré sa réforme de celle de Gorze, elles conservèrent une grande union, et s'entre secoururent dans leurs besoins mutuels. Humbert qui avoit été religieux de Gorze, fut fait (i) T. 3. Spiciieg, p. 3<0.

abbé de S~-Evre de Toul au Xe siècle (a), et S. Guillaume abbé de St-Benigne de Dijon, y avoit de nouveau introduit la réforme dans l'onzième siècle. En ce tems là Brunon évéque de Tout ayant résolu de rétablir cet ancien monastère, qui menaçoit ruine, et qui avoit été brûlé une ou deux fois, engagea les personnes puissantes et pieuses à contribuer à cette bonne œuvre pour leurs aumônes; notre abbé Erlin lui donna une livre et demi d'or. C'étoit alors une somme considérabie. La duch*esse Mathi)de n'en donna pas d'avantage, et l'évêque de Metz ne donna que deux livres d'or.

ni. ÉGLISE DE VIPUCELE, DU DIOCÈSE DE TOUL.

C'est apparemment sous cette abbé qu'arriva ce que nous lisons dans la défense de l'église de Toul (a).. Vers l'an '1023 sous l'épiscopat d'Herman, deux clercs de Strasbourg s'emparèrent de l'église de Vipucelle, qui est de la dépendance de l'abbaïe de Senones. Pour colorer leur entreprise, ils soutinrent que la cure étoit du diocèse de Strasbourg. L'évéque de Toul en porta ses plaintes à celui de Strasbourg, qui ayant examiné la chose, et reconnu la mauvaise foy de de ces deux clercs, les excommunia, les obligea de donner satisfaction à l'évoque de Toul, et les chassa de son diocèse. S. Léon IX confirma la restitution qui avoit été faite de cette paroisse au diocèse de Toul, et adressa à ce sujet une bulle à Udon son successeur dans l'évêché de Tout.

IV. DIPLÔME DU ROI HENRI III

EN FAYBCR DE L'ABBAtB DE SBNONBS, VERS L'AN '1040. Nous rapportons aussi au tems de cet abbé un diplôme accordé à l'abbaïe de Senones vers t'an 1040, par le roi (a) Histoire de Lorraine T. t, p. 863. 1" édit. et p. i036. (b) Défense de l'Eglise do Toul par M. Broulier, Tiré de la bulle du pape Léon IX de l'an tOot pour S'-Diez, imprimée dans le T~ 1 de l'Hist. de Lorraine, preuve, i, an 1031, i. édit. 5

Henry, III à la prière de Thierry dit le jeune ou le II" du nom, évéque de Metz. I) n'y exprime pas le nom de l'abbé, mais il dit qu'ayant été prié par l'évoque de Metz de renouveller et de confirmer la charte du roy Childéric accordée à t'évéque Gondebert fondateur du monastère de Senones, il y a donné volontiers son consentement, et a ordonné que le monastère, avec le marché qui y est établi sous la redevance d'un certain tribut, y subsistera comme du passé. Puis il marque les limites du Val de Senones.d'une manière assez différente de celle qui est rapportée dans le titre de Childéric, et dans celui d'Othon I de l'an 949, apparemment à cause du changement des noms des contrées et des lieux. Ici il désigne principalement ces limites par les fontaines et ruisseaux qui sont choses plus stables, mais dont les noms changent aussi comme de tout le resté.

CHAr:"RE XI

BERCHERUS OU DERCHERUS, XXIV ABBÉ (\ËRS L'AN 1050.)

Le gouvernement de l'abbé Bercherus est marqué dans notre historien Richer 2, c. p..M/, par des traits honorables. Ce fut, dit-il, un homme qui suivant les traces de l'abbé Rambert, conserva fidèlement le bien qu'il trouva dans l'abbaïe, et y en ajouta encore de nouveau. II finit sa vie par une mort précieuse aux yeux de Dieu; le jour de son décès n'est pas marqué dans le nécrotoge de )'abbaïe mais on y conserve un titre original, qui est une donation faite en l'an 10o9 par un nommé Jean et Eve sa femme de ce qu'ils possédoient dans le Chaumontois à Sommerviller, pas loin de Léomont.

DONATION DES BIENS

DE JEAN ET EVE SA FEMME, A SOMMBRVIU.ER EN 4 059. Non-seulement ils offrirent à Dieu, à la S~ Vierge, et à S~ Pierre patron de l'abbaïe de Senones, ce qu'ils avoient à

Sommerviller, ils leur consacrèrent leurs personnes, leurs enfans et tous leurs descendans, s'engageant de payer tous les ans pour marque de leur servitude et de leur assujettissem*nt sur l'autel de S. Pierre, l'homme 2 denadas, peut être deux denrées, ou la valeur de deux deniers de cire, et la femme une denrée, c'est-à-dire un cierge de la valeur d'un ou de deux deniers; chacun de ses fils ou petit* fils deux cierges, ou un cierge valant deux deniers, et chacune de ses filles ou petites filles dans la suite de leur race, chacune un cierge d'un denier par an; et pour ses héritiers, ceux qui hériteront de ses champs payeront aussi chaque année ch~M denadas, que nous expliquons de deux denrées de cire, ou la valeur de deux denrées de cire. Que si quelqu'un de ces héritiers se trouvoit dans la nécessité de vendre ces héritages, il ne le pourra sans le consentement de l'abbé de Senones, et s'il arrive que quelqu'un viole ce traité, ou retire cette donation, il ne sera pas traité comme homme libre, mais comme enfant de Mammone, et il rendra la chose au centuple. Le titre est passé à Domtail (peut être Dombale) l'an 4039, sous le règne du roi ou de l'empereur Henry IV, et sous l'épiscopat d'Adalberon III, évéque de Metz.

Dans un Mss. de i'abbaïe de St-Hubert en Ardenne, on )it Domina Gela nobilis femina, <?'sdK~ ad a~<N'e S. Pe~ ad xxx denerandas cerce. Apud ~ar<e~~e, Voyage littéraire, t. 8, p. y~. Ces denerandas de cire pourroient bien signifier des denrées de cire, c'est-à-dire la valeur de 2 de 3 ou 30 deniers en cire. Une denrée de terre signifie certainement un fond du revenu de tant de deniers. Cette explication est confirmée par le canon VIII du concile de. où il est ordonné que chaque famille donne à son égiise paroissiale une denrée de cire, de Singulis dow~Ms cerce denaratam ad t~MmMMï~ŒW Ecclesiam altari offerant, r. X. Co~c~. p. 393, a.

Dans un très-ancien obituaire de l'abbaïe de Remiremont, on lit souvent de ces dévouemens de personnes, avec charge de donner par an à l'église pour le luminaire, des denrées

de cire Dedit in censum denaradas duas de cer< ou quatuordecim denadas. Ailleurs, Singulas cerce obboletas, la valeur d'une obole de cire.

La princesse Ermengarde, petite-fille de Charles de France, frère du roy Lothaire, se voua, elle et sa postérité, à l'Eglise de St-Diey en 105'), et s'obligea de donner chaque année à cette Eglise un cierge le jour de la fête de St-Diey. EUe s'y obligea elle et sa postérité, à peine de deux cens d'amende monnoie de St-Diey de deux écus pour chaque homme et un écu pour chaque femme; outre les censures ecctésiastiques qu'ils encouroient, et en cas de refus, de poursuites de la part du voué de St-Diey, et pour marque de son vœu elle coupa une tresse de ses cheveux, et la mit sur l'autel de S~-Diey.

On voit dans l'histoire Ecclésiastique de ces tems là et des siècles suivans plusieurs exemples de pareilles dévotions. Quelquefois un ho.nme dévouait sa personne, sa femme, ses enfans, sa postérité à une certaine Eglise, à un saint auquel ils avoient dévotion, et ils demeuroient serfs de cette Eglise. D'autrefois ils se eontentoient de dévouer leurs biens ou une certaine partie de leurs biens, qu'ils chargoient à perpétuité d'un certain cens en argent, ou en cire, ou en autre chose. Il étoit aussi très-ordinaire de donner des hommes et des femmes de condition servile, qui demeuroient esclaves du monastère eux et leur postérité. On en voit divers exemples dans nos titres. Voyez par exemple ceux des années ~74, 1200, 1224, -<2S9.

Il. BERCHÈRE SOUSCRIT A DEUX CHARTES DE L'BVËQCB DE TOUL, EN ')057 BT EN 1059.

Le nom de Pabbë Bercherus se lit dans les souscriptions de deux lettres d'Udon évêque de Toul (Benoit, hist. de 7'OM~, fol. 75, prewes), l'une est de l'an 1057, contre les habitants de VarengéviUe. qui sous prétexte qu'ils dépendoient de t'abbaïe de Gorzc, refusoient de se soumettre aux décrets

synodaux de l'évoque de Toul, et de payer le cens dù à l'archidiacre de cette Eglise. De plus les religieux de Gorze s'étoient établis de leur autorité près l'église où est à présent le prieuré de Varengéviife, et avaient éteve un autel dans cette église, sans attendre la bénédiction et la permission de I'évéque diocésain. Udon aiant assemblé les évêques comprovinciaux, Adalbéron de Metz, Thierry de Verdun et l'archidiacre de Trèves député- de l'archevêque de la même église, et quantité d'abbés, de clercs et de seigneurs, I'évéque Udon obligea les habitans de VarengéviHe à le reconnoître pour leur évéque, consacra l'église du lieu et pour en conserver la mémoire en adressa une charte à laquelle signèrent les évéques dont nous avons parlé, avec les abbés de SaintEvre, de S. Mihiel, de S. Mansuy, de Moyenmoutier, de S. Sauveur, de Senones, de Gorze, de S. Arnoud, de S. Vincent, de S. Simphorien et de S. Félix aujourd'hui de S. Clément de Metz. Le duc Gérard d'Alsace étoit présent à cette assemblée.

L'autre charte où l'abbé Berchère a souscrit est celle du rétablissem*nt de la collégiale de S. Gengoû de Toul (Benoit, ~d, p. 77, jo~Mces), faite en l'an 1059, par le même Udon évêque de Toul. On y voit les noms de Vidric abbé de S. Evre, de Grimalde abbé de S. Mansuy, de Leitfride abbé de S. Sauveur, de Benoit abbé de Moyenmoutier, de Berchère abbé de Senones d'Allulfe grand-prévôt de S. Diez, de Lambert prévôt d'Etival en présence d'Hecry IV, roi de Germanie.

Berchère mourut en l'année ~087. Ce fut sous cet abbé, vers l'an ~070, selon Herculanus, qu'un bon religieux de Senones nommé Regnier, se retira dans la solitude nommée aujourd'hui la Mer, à cause d'un lac qu'on voit près de là. (Richer, 3. c. Herculanus, Johan. de Bayon). Régnier s'y retira pour vivre dans une plus grande retraite. Il y construisit une égHse, qui fut consacrée par Pibon, évêque de Toul, le jour des nones de may, ou le 7 de ce mois, auquel tomboit la fête de la S"~ Trinité, ou l'octave de la Pentecôte, et depuis

ce tems cette église a toujours été fréquentée ce jour là comme elle l'est encore aujourd'hui par un grand concours de peuple tant des environs que de l'Alsace. L'église est grande et belle pour un hermitage, et la S~ Vierge y est particulièrement honorée dans une chapelle souterraine fort dévote. Richer ne met ni la dalle de la retraite du moine Reinerus, ni celle de la dédicace par t'évéquePibon. Herculanus met cet évènement en 1090. Mais nous croions que l'abbé Bercherus mourut en 1087, et Pibon à commencé à gouverner l'église de Toul en 1070, et est mort en 1107. L'hermite de la Mer est nommé et destitué à volonté par l'abbé de Senones, et soumis à sa correction. Il est obligé de venir à t'abbôïe les jours de grande fête et de porter la croix à la procession solemnelle. Il y fait ses pâques après tous les religieux. H y a eu des prêtres hermites à la Mer en plusieurs occasions.

Depuis la mort du R. P. D. Augustin Calmet, abbé de Senones, son successeur D. Augustin Fanget, sur les plaintes à lui faites en divers tems par les curés et vicaires du district de Senones, et par plusieurs autres personnes respectables des abus et des désordres qui se commettoient dans le pélerinage de N.-Dame de la Mer, jugea à propos, en 17S8, de donner un mandement pour interdire cette chapelle et supprimer pour toujours le pélerinage, et de transférer la dévotion au village de Moussey, où l'on a bâti une église qui sert aujourd'hui de paroisse à Moussey depuis que ce lieu a été érigé en cure, c'est-à-dire en 1772. En sorte que l'église ou chapelle de la Mer est en partie ruinée, et il n'y a 'plus eu d'hermite.

CHAPITRE XII

ÀKTOIKE, XXVe ABBÉ (DEPUIS L'AN 1090, JUSQU'EN 'H36). Voici un des plus grands personnages et des plus illustres

abbés, qui aient gouverné l'abbaïe de Senones, et qui lui aient fait plus de bien et d'honneur depuis S. Gondebert son fondateur.

L'abbé Berchère étant mort en l'an 1087, l'abbaïe vagua trois ans, dit Richer (lib. 2. c. p. 3.2.3), non pas à cause qu'ii n'y avoit point d'évêque à Metz, comme il le croit, Adalberon III ne mourut qu'en 1071, et il eut pour successeur Hériman qui siégea depuis 1075 jusqu'en 1090, mais parce que les religieux ne s'accordoient pas entr'eux sur le choix d'un successeur. Richer fait encore une faute de chronologie quand il avance que ce fut Etienne évoque de Metz qui nomma Antoine à l'abbaïe de Senones, ce fut t'éveque Hériman, qui lui en confia le gouvernement en l'an 1090. Enfin il se trompe lorsqu'il dit qu'Antoine mourut en 1136, et qu'il gouverna l'abbaïe pendant 38 ans. II faut dire qu'il mourut en 1137, et qu'il fut abbé pendant 47 ans, comme le marque l'auteur manuscrit contemporain, qui a écrit en vers la vie de ce grand abbé, et que nous suivrons ici dans ce que nous allons dire de cet abbé.

Il. VIE D'ANTOINE, ABBÉ DE SENONES

Antoine étoit de Pavie, en Italie, d'une famille très-noble et considérable. (a) Il fit ses études dans sa patrie et y fit de grands progrès. L'amour des sciences et le désir de connoitre les mœurs des étrangers et de se former par les voyages, lui firent quitter sa patrie et ses proches. Il arriva à Metz, où il y avoit alors des éc&tes célèbres dans l'abbaïe de S. Arnoud. Il y étudia quelque tems, mais étant tombé dangereusem*nt malade, il fut touché de Dieu, et résolut de se convertir et d'embrasser la vie religieuse. II prit l'habit à Saint-Arnoud, et s'y distingua bientôt par son humilité et par son zèle à pratiquer les vertus les plus essentielles à un religieux de S. Benoit.

(a) ~M<o?' anon Elogii ~~OM. abb. Senon. Compare.? Richer, ~2, c. 21, p. 3.22.

III. ANTOINE EST FAIT PRIEUR DE LAY.

Bientôt ses supérieurs le jugèrent digne des plus importans emplois. Son abbé l'envoia au prieuré de Lay près Nancy, qui avoit été fondé en 950, par Ja comtesse Eve, et donné à Fabbaïe de S. Arnou. C'étoit alors une simple obédience, où l'abbé envoioit quel religieux il vouloit, et qu'il retiroit aussi, quand il le jugeoit à propos. (Richer, 2, c. 2~). Antoine trouva ce monastère presqu'entièrement ruiné. A peine pouvait-il nourrir deux ou trois religieux. Antoine en fit valoir les biens, et y en acquit de nouveaux: en sorte qu'en peu de tems il s'y vit à la tête de dix ou douze moines. Les bâtimens étoient renversés ou menaçoient ruine, Antoine les répara et bâtit la belle et grande église que l'on y voit encore aujourd'hui. EHefut dédiée par l'évoque Pibon en 4092, deux ans après que l'abbé Antoine eut été nommé abbé de Senones, mais apparemment avant qu'il en fût paisible possesseur car il y eut sur sa nomination quelque duHcutté, ainsi qu'on le verra bientôt.

IV. DÉSORDRE DANS L'ABBAIE DE SENONBS

APRÈS LA MORT DE L'ABBÉ BBRCHBRE.

Adalbéron III, évéque de Metz, étant mort au mois de novembre ')073, Hériman son successeur fut élû et sacré en ')073. L'abbaïe de Senones se trouva vacante vers le même tems par le décès de l'abbé Berchère. L'évéque de Metz en étoit seigneur temporel, et il paroit qu'alors il y nommoit les abbés sans attendre l'élection des religieux, du moins il y pourvoioit, dès que les religieux négtigeoient ou différoient trop l'élection, comme il arriva dans cette circonstance car l'historien manuscrit dont nous avons parlé dit que les religieux de Senones, par un esprit de lésine et d'intérêt (~M~t sed turpis amore), affectoient de grands délais, chacun voulant vivre à sa volonté et profiter du tems de la vacance

de l'abbaïe pour s'affranchir du joug de la régularité. En effet ils furent pendant environ trois ans comme des acéphales, s'appropriant les biens du monastère et en cultivant les terres à leur profit. Les uns étoient à leur aise, les autres gémissoient dans la plus honteuse pauvreté; )a piété et l'obéissance régulière étoient bannies du saint lieu. C'étoitune abomination de désolation.

V. ANTOINE EST NOMMÉ ABBÉ DE SBNONBS, EN 4 092.

Enfin Hériman, évéque de Metz, informé de ces désordres fit venir f'abbé de S. Arnoù et le pria de lui donner Antoine son religieux, prieur de Lay, pour gouverner l'abbaie de Senones; qu'il étoit informé du mérite, de la sagesse, de la piété de ce religieux, et qu'il n'en connoissoit point de phis propre que lui à rétablir le bon ordre dans ce monastère. L'abbé de S. Arnoû eut peine à se priver d'un aussi excellent sujet, mais la demande de i'évéque étoit si juste et si raisonnable, qu'il ne put ne pas y acquiescer. Antoine aiant donc pris avec lui queiques-uns de ses amis et de ses confrères se rendit à Senones, où il fut reconnu pour abbé par les religieux. Sa réputation lui attira plusieurs disciples du nombre du clergé. Il donna d'abord tous ses soins à rétablir le bon ordre dans sa maison, et à rappeller les anciens religieux à leur devoir. Il les obligea de quitter leurs anciennes habitudes et les voyes larges qu'ils s'étoient faites à eux-mêmes. Cette sévérité leur dépiut. Ils se soulevèrent contre lui et l'obligèrent à se retirer. Les gens de bien afSigés de sa retraite, envoièrent après lui et rengagèrent à reprendre la conduite de son troupeau.

VI. VERTUS DE L'ABBÉ ANTOINE.

Il crut que la voye la plus courte et le moyen le plus efficace pour les convertir et les rappeler à Dieu, étoit le bon

exemple. I! leur fit voir en sa personne un modèle parfait des vertus chrétiennes et religieuses. On ne vit jamais un homme plus tempérant, plus silencieux, p)us humble, plus discret, évitant les dépenses folles et superflues, grave dans toute sa conduite, inspirant le réspect par son air sérieux et sa gravité, mais toutefois accompagné de douceur et d'auabitité. Sa ferveur dans la psalmodie, son zèle pour l'observance des règles, étoient l'exemple de sa communauté. Bon et clément envers les religieux dociles et obéissans, ferme et sévère envers ceux qui manquoient à leur devoir par malice ou affectation, il se faisoit tout à tous et se communiquoit sans distinction du riche et du pauvre, du grand et du petit, du noble ou du roturier, pour les gagner tous à Dieu.

VII. ÉTAT FLORISSANT DE L'ABBAIB SOUS L'ABBÉ ANTOJKB.

L'abbaïe de Senones ne fut jamais plus ftorissante ni en plus grande réputation. Dieu y versoit des bénédictions abondantes par les iibéraiités de plusieurs grands du monde, qui y donnèrent des fonds considérables. Le nom d'Antoine étoit en vénération dans tout le païs. La bonne odeur de ses vertus y attiroit un très-grand nombre de sujets, qui y cherchoient un asyle contre la corruption du siècle. Ce grand homme avoit du goût et de l'inclination pour les bâtimens. Il bâtit des églises en grand nombre tant dans l'abbaïe, que dans les prieurés qui en dépendent. L'auteur de sa vie dit qu'il n'y avoit pierre sur pierre qu'il n'eût bâtie dans son monastère et dans ses dépendances, fert lapis haud lapidem quem non co~s<7'M~e7'K ipse.

VIII. DONATIONS FAITES A SBNOKBS PAR CUNÉGONDE, BAME DU CHATEAU DE VIVIERS, EN 't')03.

Le temporel de l'abbaïe avoit été fort dérangé, surtout depuis la mort de l'abbé Berchère, pendant la longue vacance ui suivit. A'.toine s'appliqua très-sérieusemeat à procurer à

ses religieux les choses nécessaires à la vie, persuadé que la disette est la cause, ou du moins le prétexte d'un grand nombre d'h'réguiarités et d'abus dans les cloîtres. Dès l'an 1't03, une dame nommée Cunégonde, étoit veuve de Matfride seigneur de Tincey, et mère de Gobert et de Thierry. (Matfride étoit encore en vie en ~092, lorsqu'à la prière de la même Cunégonde son épouse, il donna au prieurédeLayt'égtisede Wis). Cunégonde ne cessa pendant sa vie de faire du bien à l'abbaïe de Senones. Elle étoit fille de Gérard, seigneur du château de Richecourt, et d'une dame nommé Marthe parente dés fondateurs du prieuré de Lay. Ailleurs on lit qu'elle étoit dame du château de Viviers Thierry son fils fut tué dans son jeune âge et enterré dans le chapitre de l'abbaie de Senones (b). Elle eut un autre fils nommé Gobert, qui fut voiié de Senones. Elle eut aussi une fille nommée Alaide, qui épousa un seigneur nommé Simon, dont elle eut Thierry et Gérard, tous bienfaiteurs de Senones, et dénommés dans un titre de l'an H29, qui est celui de la fondation du prieuré de Schures.

IX. PRIEURÉ DE SCHURBS.

En ~03, Cunégonde donna à t'abbaïe plusieurs fonds qui furent dans la suite la dot du prieuré de Schures, fondé seulement en 'H29, par Etienne évoque de Metz; c'est-à-dire que ce prélat lui donna le titre de prieuré, et lui confirma les biens que la dame Cunégonde lui avoit donnés 26 ans auparavant. Ces biens sont pour la plupart situés aux environs de Xures. On y dénomme entr'autres la terre et seigneurie de Moacour, et le bois de Leaumont ou de Beaumont, donné par le seigneur Matfride un peu avant sa mort. Le titre est

(a) Titre de l'aD <242. (b) Titre de l'an 1203.

du mois de septembre, et signé de Cunégonde et de Gobert son fils voüé de l'abbaïe de Senoues, de Bertrice abbé de Moyenmoutier, de Laurent abbé de S, Vanne, de Raimbaud grand-prévôt de S. Diez, d'Eduinus seigneur de Froville et de plusieurs autres seigneurs.

X. DÉDICACE DE L'ÉGLISE DU PRIEURÉ DE SCHURBS, BN~)29.

Dans la cérémonie de la consécration de l'église de ce prieuré, qui se fit le 8 décembre de l'an 4429, en l'honneur de l'apôtre S. Jaques, i'évéque de Metz, Etienne de Bar, confirma non-seuiement les anciennes donations faites à ce monastère, mais y ajouta de nouveaux biens et de nouveaux priviléges, par exemple de pouvoir enterrer dans leur égtise, ou dans leur cimetière, tous ceux qui auroient la dévotion d'y choisir teursépu!ture; de ne donner ni dixmes, ni prémices à aucune église paroissiale de leur labourage, ni de leurs bestiaux, ni du produit de leurs autres travaux. Les petit* fils de la comtesse Cunégonde, dont on a parlé, firent aussi plusieurs présens à ce saint lieu au jour de la dédicace, comme des gagnages qu'ils avoient à Schures, à Moacourt, à Poovil. Ils lui donnèrent les églises de AfoM~ et de Fo?t<gnières, une vigne à Torquerey et quelque autres biens, sans s'y réserver aucuns droits d'avocatie. Le titre est daté du jour même de la dédicace, en présence de Hugues abbé de S. Sauveur, de Hugues archidiacre, d'Amant chancelier, de Frideric de Gerbévitter, de Bertrant de Sancey et de plusieurs autres.

La même dame Cunégonde est dénommée dans la donation du fief de Basemont à l'église de l'abbaïedeChaumousey,~) et y est qualifiée de MM~e de Geoffroi de Viviers cAeca~e?'. Elle dit que cet atœuf de Basemont vient de son patrimoine.

(i) Ruyr, p. 373.

Ceci peut servir à éc!aircir ce que dit Etienne de Bar, évêque de Metz, dans la donation qu'il fait à i'abbaïe de Senones du même fief de Basemont en 1)30.

Dans un autre endroit, Cunégonde, MMoe d~ seigneur de Richecourt, en considération de l'dme de Thierri son fils, donne à la même abbaïc de Chaumousey l'église paroissiale de Dompierre.

En comparant ceci avec ce qu'on a dit ci-devant, articles VIII-IX, il paraît que Cunégonde étoit fille de. Gérard seigneur de Richecourt et de Af<:7'</M; qu'elle avoit épousé Geoffroi seigneur de Viviers, peut-être en premières noces, et ensuite ~</Wde, qui vivoit encore en 4092; que son fils Thierri tué en sa jeunesse, fut enterré au chapitre de l'abbaïe de Senones.

XII. VEXATIONS CONTRE L'ABBAIB,

FAITES PAR LE VOUE HERMAN DE SALM, RÉPRIMÉES EN IH'). Comme l'abbaïe de Senones avoit des biens en din'érens endroits, il est à croire qu'elle avoit aussi ses voüés ou défenseurs dans les diverses terres qu'elle possédoit, et que les voüés étoient établis au choix de i'abbé. Mais pour le Val de Senones, c'étoit Févéque de Metz qui les nommoit, comme on !'a raconté ci-devant. En l'an mil, Adalberon évêque de Metz réprima les violences de Gérard de Turkestein voué de Senones. En H05, Gobert fils de Matfride et de Cunégonde étoit voué de Senones. En ~)H, c'étoit Herman, comte de Salm. Ce seigneur abusant de son autorité ne cessoit d'inquiéter les sujets de Fabbaïe par des exactions et des tailles qu'il leur imposoit, et en indiquant maigre l'abbé des plaids, auxquels il les obHgeoit de comparoître.

Antoine abbé de Senones en porta ses plaintes à Adalberon IV, du nom, évêque de Metz, qui cita devant lui Herman, l'excommunia, et l'obligea à satisfaire à )'abbé, à lui restituer ce qu'il avoit pris, et à demander l'absolution de l'excommunication qu'il avoit encourue. Cela se passa à Metz dans une

assemblée publique et so)emne!)e des abbés et des seigneurs du pays. L'évoque Adalberon y parla d'une bulle du pape Pascal II, que nous ne trouvons plus.

XIII. CONFIRMATION DBS BIENS DU MONASTÈRE PAR L'EMPEREUR HENRY IV; EN H'H.

La même année l'abbé Antoine obtint de l'empereur Henri IV, un ample privitége par lequel il confirme et prend sous sa protection tous les biens de l'abbaïe, dont if fait le dénombrement. I! nomme Vipucelle avec ses dépendances, la forêt de Varanseille, Moacourt, ~sco~~n~, peut être RéctonviHe ou Recling, Basemont, le marché de Dompierre et ses dépendances, ce que l'abbaïe possédoit à Tingesheim, à Rosheim, et à Chatenoy en Alsace; ce qu'elle avoit à Moyen, à Buriville, à Colombey; la maison qu'elle avoit à Metz, avec la vigne et l'église paroissiale de S. Hilaire, et généralement tout ce que la maison de Senones, possédoit dans le Chaumontois, le Saulnois, le Saintois et le Blamontois, AM)msM ou Alvinsis pagus, ou Albechowa, le comté de Blamont. L'empereur confirme toutes ces choses et toutes celles qui pourront être acquises au monastère, et renouvelle les priviléges d'immunités et de franchises, dont l'abbaïe jouissoient déjà. Le diplôme est daté de Strasbourg l'an ~')~. L'empereur y dénomme Albert archevêque de Mayence, Brunon de Trèves, Conrad de Satzbourg, Burchard de Munster, Brunon de Spire, Eberard d'Eischtad, Ricuin de Toul et Je duc Pridéric, Jes comtes ~odefroi de Calve, Vuillaume de Luxembourg et Godefroi de Castres ou de Blis-Castel. Ce fut par conséquent un concile provincial de tous ces pré)ats.

XIV. PRIEURÉ DE LBONONT.

On voit par ce détail quels étoient alors les biens du monastère. Léomont mérite une réflexion particulière. Nous

avons vu ci-devant que Matfride époux de Cunégonde donna à l'abbaïe le bois de Léomont avant l'an ')')03. Jean de Bayon raconte que vers l'an 1097, un religieux de Moyenmoutier nommé Hugues, pénétré du désir d'une plus grande perfection, résolut de vivre en parfaite solitude dans un hermitage. (a) Il se retira dans la forêt de Terne appartenante à Gérard comte de Vaudémont, fils de Gérard d'Alsace duc de Lorraine, et frère de Thierry son frère aussi duc de Lorraine, où il bâtit d'abord un hermitage, puis un prieuré par la libéralité du comte Gérard. C'est le prieuré de Belval, qui fut donné à l'abbaïe de Moyenmoutier, et ensuite transféré à Nancy, où il subsiste encore aujourd'hui sous le nom de l'abbaïe de S'Léopofd.

Ce bon religieux Hugues avoit un talent particulier pour ces sortes d'établissem*ns, et Dieu bénit tellement ses travaux qu'il bâtit aussi les prieurés de Romont, de Léomont, de Schures et de Clairmont près de S'-Diez.

L'historien de Moyenmoutier (b) s'étonne que ces prieurés ne soient pas demeurés en propre à cette abbaïe, mais qu'ils soient passés en des mains étrangères. li en attribue la cause ou à la négligence des abbés et des religieux, ou à la mauvaise conduite de ceux qui ont habité ces prieurés. Mais il y a beaucoup plus d'apparence, ou que l'historien Jean de Bayon n'étoit pas bien informé de l'origine de ces prieurés, ou que Hugues établit simplement des hermitages dans ces endroits de Schures et de Léomont, et qu'ils ne furent proprement dettes et fondés que par ['abbé Antoine, qui y bâlit des maisons religieuses et y établit des communautés. On voit au pied du bois de Léomont vers le septentrion une fontaine qui a été célèbre autrefois par les superstitions payennes qu'on y a exercées. Elle étoit apparemment consacrée à Diane, de même que le bois de futaye qui subsiste encore

(a) Hist. Mediani monast. f. 208. (b) Johan, de Bayon, loco cit. p. 268.

aujourd'hui, et qui occupe la plus grande partie de cette montagne de Léomont, et forme la plus agréable situation du pays. Cette fontaine avoit été très-longtems négligée, et ce n'est que par hazard que D. Pierre Alliot abbé de Senones y aïant fait travailler vers i'an 4705, on y trouva quelques jambes d'airain, avec quantité de médailles antiques, toutes du haut empire. D. Augustin Calmet quelques années après fit imprimer dans le journal de Trévoux, avril 1709, une dissertation sur ces jambes d'airain; et ét~nt depuis fait abbé de Senones en )728, il fit creuser de nouveau dans cette fontaine, la fit réparer et environner de murailles, et il eut le bonheur d'y faire de nouvelles découvertes; car outre plusieurs médailles très-antiques, il y trouva deux de ces jambes d'airain dont on a parlé, et qui n'ont jamais été attachées à aucune statue; mais qui sont de simples voeux ou appensa, que l'on suspendait aux arbres, et que l'on y nchoit par le pied. Car il y en a une où l'on remarque encore une pointe de fer qui pouvoit servir à cet usage. De plus on y a déterré une petite phiote de verre très-antique, où il paroit y avoir eu quelque huile de senteur. Enfin ce qui fait juger que cette fontaine, ainsi que le bois de Léomont étoieut. consacrés à Diane, c'est que l'on y a trouvé deux espèces de médailles de plomb, où Diane est représentée en habit de chasse, tenant en main un lièvre par les pieds, et autour d'elle un grand chien courant. De plus une autre petite figure de Diane aussy en plomb, armée, avec le bouclier et l'épée.

Tout le monde sçait qu'anciennement les payens suspendoient aux arbres, ou aux murailles de leurs temples des images votives, comme autant de marques de leur reconnaissance. C'est de là qu'est venu dans l'église chrétienne l'usage des appensa, ea; 'co<o, que l'on voit dans nos temples, où l'on honore certaines images miraculeuses. On sçait aussy que les peuples des Gaules, d'Allemagne et de la Grande-Bretagne étoient très attachés au culte des arbres, des fontaines et des rochers, et que dans plusieurs conciles, on condamne ces cultes superstitieux. II n'est pas moins certain que les peuples

jettoient leurs offrandes dans les eaux des fontaines pour honorer les divinités qui y présidoient, ou pour reconnoitre les faveurs qu'ils croioient en avoir reçues. La ville de Lunéville, située près de Léomont, conserve encore des vestiges de cette antiquité, par son nom de la ville de la Lune ou de Diane, et le village d'AntIup, ~K~ lucum, rappelle Je bois de Léomont dédié à Diane. Vide Concil. Turon. II, an. 567, c. 22; Concil. Antissindor. c. 3; S. E~Ms, serm. in Append.; S. Aug. Concil. ro~<. XII, c. Concil. Zep~'M. an 743. Francoford. e. 43; Capitul. CŒT'oM pro Saxonibu; Concil. Nannet, c. ~0; et Agathias, de Rebus Justiniani, e. 5.

En HtS Cunon de Preneste légat du pape en ces quartiers ci, après avoir employé divers moyens pour engager Theotgère étu évéque de Metz, à accepter i'épiscopat, lui adressa une lettre, dont il chargea Antoine vénérable abbé de Senones, par laquelle il le menaçoit des censures s'il continuoit à refuser cette dignité (1).

XV. LE PAPE CAUXTB CONFIRME LES BIENS DE Ï,'ABBA!B, BN))23.

On voit encore mieux les anciens biens de l'abbaïe de Senones, et combien ils étoient augmentés sous le gouvernement de l'abbé Antoine, dans une bulle qu'il obtint en f 123 du pape Calixte II. Ce pape confirme au monastère l'église de Vipucelle, c'est-à-dire la collation de la cure et les dixmes, avec le marché qui se tenoit au même lieu tous les samedis de chaque semaine. L'église de Plaine, l'église de S. Jean, celle de S. Maurice de Senones, avec le marché qui se tenoit en ce lieu tous les jeudis les églises de Couvay, de VaqueviHe, de Deneuvre, de Borville, de Domptail, celle de Moyen, de S. Evre (Le village de S'ure

(i) Annal. Bened. t. VI, p. i7.

n'existe plus; il était au-dessus ~.4n(~; l'église ~S~-E~r~ a ~MKM à celle de ~Mr!7/~ /7~, d'Antiup, celles de Saaxures et de Colombey, avec les deux familles serves qui lui appartenoient celle de S. Hilaire de Metz, avec la maison et la ville du même lieu, !'ég!ise de Fonteneys, l'église de MottS, (l'église de ilons ou ~foy~x étoit sur une AaM~Mr sans village; elle étoit /a mère église de Rechicourt et <& Jt/OMM~; depuis la ruine de l'église de .fMoTM, on a érigé en paroisses ~fûMM~ ~cA~M?'~); celle de SeteiatroS* (on ne sçait plus où est ce lieu), Je marché de Dompierre et le fief que Cunégonde possédoit au même lieu; l'église de Léomont avec ses appendices; le prieuré de Xures avec ses dépendances; le prieuré de Vie avec ses dépendances; ce que l'abbaïe

possédoit à Rosheim, à Chatenoy et à Sta! près Molsheim. XVI. PRIEURÉ DE VIC.

Quant au prieure de Vie, Richerius 2. c. p. 323,

raconte qu'il fut fondé par les libéralités de quelques personnes nobles, qui offrirpnt une portion de leurs biens à l'abbé Antoine pour construire près de la ville de Vie un monastère. Mais nous sçavons qu'un seigneur de Deneuvre, nommé Vidric avec sa femme Gepre et ses deux fils Baudoin et Rambaud offrirent vers l'an '!)00 à S. Hugues abbé de Cluny le prieuré de S. Christophe de Vie. quiétnit gouverné par un retigicux nommé Vnutiicr, lequel étoit onticrement dévoué à S. Hugues il se faisoit piusieors miracfes dans f'égiise de S. Christophe. Vidric avoit donné au prieuré des terres autant que huit bœufs en pouvoient tabourer, une place pour faire du sel et une poële pour le faire cuire à Vie. Ce projet ne s'exécuta pas, et t'abbe Antoine étoit en possession du prieuré dès l'an H 23, puisque le pape Calixte II en a fait mention dans le privilége qu'il donna cette même année à )'nbbaïe, et que l'année suivante '~24, Antoine en ftt présent à son église au jour de la dédicace, le 21 de juin 'tt24. Ce prieuré fut d'abord construit sur le penchant de la colline

qui regarde la ville du cote du midy; mais dans la suite par le malheur des guerres il fut ruiné et transporté dans la ville de Vie, ainsi que nous le verrons ci-après sous l'on -)380.

Dans la même bulle, Calixte II confirme Jes immunités de l'abbaïe de Senones, l'exemte de toutes charges tant envers les évêques qu'envers leurs oSieters; règle les droits des avoués, et leur ordonne de se contenter de ce qui leur a été accordé par les évêques de Metz, ad cx/'M .EpMcop~MyM~M<M)?!~ locus idem ~y'?M~ dit' la bulle, dans la jurisdiction duquel est le ;nonastere de Senones. Enfin il accorde aux religieux l'exemtion des dixmes et des prémices de tous leurs travaux et des biens qu'ils cultivent par leurs mains, envers les ég~ses paroissiales qui y pourroient prétendre /MJ ~M<7~ subjunyimus, et ex B. Gregorii Pa~~B sententia <MtmM~ ne loci illius fratres de cari-uci4, aM< M7:gM, vel quilmslibet laboribus sive nutrimentis propriis Parrochiali M~MSM .Ecc~MB reddere ~< primilias ~.E~an~Mr. ut idem mOM<M~:MM &/M~M~/M~ cum atrio suo ab omni OM~rMM/ /Mm?MMM :KCMr.S!0?M sit ~MMj et a~ episcoporum oMi?:;Mm, seu ~Meo~a/tMm m!?:M<r&rMM o?KKtmo~M seru~tM et ~rat;amtKt6MS sit alienum. Le pape Honoré II, dans sa bulle de l'an '))2o, répète la même chose.

XVU. DÉDICACE DE L'ÉGLISE S'-PtERBB, M 'HM.

Depuis que l'abbé Antoine étoit entré dans son abbaïe, il n'avoit cessé de bâtir au-dedans et au-dehors, dans l'abbaïe et dans les membres qui en dépendent. Celui de tous les édifices qui lui coûta le plus, et qui lui fit plus d'honneur, est la grande égtise de son abbaïe, dédiée à j'apotre S. Pierre. I! la bâtit à grands frais et l'acheva enfin vers l'an ')')20. Mais les maiheors des temps, les vicissitudes continuelles qui arrivèrent à l'église de Metz, dont celle de Senones dépendoit, les petites guerres qui désoioient le païs et qui avoient presque réduit le val de Senones dans son ancienne solitude, où à peine trouvoit-on quelques habitants, à l'ex-

ception de l'abbaïe et de ses dépendances, tout cela était cause que l'on n'avoit pu encore célébrer la dédicace de cette église. Enfin en H24, Etienne évéque de Metz, à la prière de l'abbé Antoine, se rendit à Senones, le siège de Toul étant alors vacant par la mort de l'évéque Ricuin, arrivée vers l'an H30, et consacra l'église et ie grand autel de l'abbaïe !e2) juin, en l'honneur de S. Pierre et de S. Paul; et ce jour là même il fit son offrande à la nouvelle église, selon la coutume, en lui donnant les sujets qu'il avoit dans le Val de la Broque. On a vû ci-devant vers l'an 826 que l'abbé Vicpode en fondant le prieuré de Vipucelle, l'avoit soumis à i'évéque de Metz.

L'abbé Antoine de son côté offrit à l'église nouvellement dédiée, les prieurés de Léomont, de Xures et de Vie, avec leurs dépendances, et ce qu'il avoit acquis à Moyen, à Fontenoy et à Dompierre; l'on croioit donc alors qu'un abbé régulier pouvoit disposer en faveur de sa propre église des biens qu'il avoit acquis, ou qu'on lui avait donnés; et l'on considéroit cela comme un présent dont on lui avoit obligation, et non comme une chose due et d'un devoir de sa part.

XVU:. DÉDICACE DES V AUTELS DE L'ABB.UE.

Le lendemain qui fut le 22 de juin, J'évoque consacra encore cinq autels dans la même église. Le premier en l'honneur de S. Etienne; Je second en l'honneur de S. André le troisième en l'honneur de S. Simon le quatrième en J'honneur de S. Jean-Baptiste; le cinquième enfin en l'honneur de la Croix. Cette cérémonie se fit en présence d'une infinité de personnes de considération, de Mi)on abbé de Moyenmoutier, d'Albert, grand prévôt de S~-Diez, d'Heriman comte de Salm voué du monastère, de Conrad comte de Langstein et de plusieurs autres.

Cette église de 3. Pierre étoit assez différente de ce qu'elle est aujourd'hui. En 174),. travaillant au nouveau choeur que nous avons construit tout à neuf, nous avons découvert les

anciens fondemens de l'église bâtie par l'abbé Antoine, et nous avons fait lever le pian ci-joint. Il ya)ieudecroire qu'après l'incendie de )'ég)ise et de l'abbaïe arrivée en ~) 334, Ja coquille de cette église menaçant ruine, on en renversa la plus grande partie, et on la réduisit en l'état où elle a été jusqu'en ~742.

Presqu'en même tems, Antoine bâtit aussi de fond en comble toutes les officines du monastère, et les murs de clôture, et la belle chappelle de Notre-Dame dénommée la Rotonde, à cause de sa forme et de sa structure singulière. C'étoit une coupole soutenue de dix colonnes, et environnée de bas côtés en rond. Au devant de cet édifice étoit une grosse tour quarrée, et au fond, vers l'orient, étoit. le presbytère, où se voioit l'autel hors de l'enceinte des colonnes et des bas côtés. Sous cet autel et sous le fond du chevet ou presbytère étoient des grottes souterraines avec des autels. On peut jetter les yeux sur le plan que nous donnons ici de cet édifice. L'auteur mss. en vers j'attribue cfairement à l'abbé Antoine. Il adresse ces paroles à la S~-Vierge.

Qui tibi tam, bellam studuit campons cellam

0M/B sic stat /mKM~ patet ut, subnixa CO~U?K?H'~ T~Me Mo~Mm eo~As cella deducitur alte,

Turris et /!a~c ornat et firmo S' Sc/a~~rms<. Mais notre abbé n'eut plus la satisfaction de voir cette

dernière église consacrée; elle ne le fut qu'après sa mort t en 'H84, ainsi que nous le dirons.

La Rotonde fut démolie en 1708. Elle n'étoit éloignée de la grande église de S. Pierre, qui est la même, à peu de choses près, qui fut bâtie par Antoine, que de 46 pieds. Sa longueur d'occident en orient étoit de 155 pieds; sa largeur de 74 pieds dans oeuvre; la hauteur de )a coupole sous voûte, de 45 pieds, son diamètre, de 34 pieds, les bas cotés n'avoient que dix pieds de large, les colonnes avoicnt deux pieds et demi de diamètre, et de hauteur avec leurs bases 20 pieds. Elles étoient posées trois pieds au-dessus du rez de chaussée des co))atéraux ou bas cotés.

Le presbytère, où étoit l'autel, avoit environ 34 pieds en

quan'e, et 19 de haut. La tour, qui étoit à l'entrée et à l'occident de cette chapolle, avoit 90 pieds de haut, et 2j. pieds en quarré dans œuvre. Les fondemens étoicnt de ')0 pieds d'épaisseur; la flèche qui la couvroit, et qui étoit des plus belles du païs, avoit 95 pieds de haut, y compris la croix. I) paroit, par la grande quantité d'ardoises qu'on a trouvé dans la démoiition de la Rotonde, qu'avant l'incendie de j'abbaïe et des églises, arrivée en <a3i, elles étoient couvertes d'ardoises. On entroit du cloitre dans la Rotonde par dessous le tour, qui lui servoit comme de vestibule.

XX*. ANTOINE BNRtCStT L'iBXAIB DE LIVRES ET D'ORNENBNS. Les ornemens dont ces églises étoient décorées repondoient à la beauté des bâtimens. I! fit faire pour cet effet six croix d'or ornées de pierreries, deux calices, une table sacrée, cinq textes des évangiles, et autant de chalumeaux d'or avec lesquels on suçoit le précieux sang du Sauveur dans le calice. H fit deux autels (apparemment des autels portatifs), et deux encensoirs. H donna à son église quantité d'autres vases et. meubles en or, en argent, en cuivre, ayant toujours été très-curieux d'achepter tout ce qu'il trouvoit de plus beau et de plus riche. On remarque en particulier qu'il achetta deux courtines d'un grand prix, peintes avec un art merveilleux. I! est presque impossibfe de marquer le grand nombre de livres qu'il ramassa, et qu'il regardoit comme devant être un jour sa plus douce consolation dans sa vieillesse. Le pape Honoré H donna en 1)24 deux bulles à Fabbaïe: dans la )",it il lui confirme la cure de S. Hilaire de Metz, et les prieurés de Léomont, de Xures et de Deneuvre; dans la 2e, il comprend tous les biens de l'abbaïe, dont il fait le dénombrement, presque entièrement semb!ab)e à celui qu'on a vû dans la bulle de Calixte II de l'an 1 )23, et il y confirme l'exemtion des dixmes et des prémices pour toutes les terres que les religieux cultivent par eux-mcmes, et pour les troupeaux qu'ils y nourrissent.

Le g x)x n'est pus indiqué dans le manuscrit.

XXt. SIX PRIEURÉS DÉPBNDANS DE L'ABBAIR, ACQUIS PAR L'ABBË ANTOINE.

L'ahbé Antoine avoit fait de son abbaïe une espèce de chef d'ordre, qui avoit sous soy un certain nombre de monastères et de dépendances; outre les prieurésde Vipucelle, de Mervavitte, de Sales, et peut être celui de la Cour d'en haut ou de S. Sauveur dans le val de la Broque, on en compte six dont il est regarde comme le fondateur, par exemple, Léomont, la Cour dans t'enceinte du monastère, Vie, Schures, Lorquin, Alinge, Deneuvre autrement le ~o~n~. Antoine avoit mis dans chacun de ces six prieurés quatre religieux qu'il envoioit et qu'il en retiroit à sa volonté.

7?KJTM<' suo senas conquirit tempore cellas,

/? quibus et monachis, ut spero, ~M ~MO~HM coustituit ~M~Mm.

XXH. PRtBCRË DE SALBS.

Le prieure de Sales étoit au diocèse de Besançon. Richer dit, 2, c. qu'H fut aliéné vers l'an H60 par l'abbé Bernard. Le R. P. D. Basile Payen, que j'ay consulté sur ce prieuré, nommé Jfansus S. Benedicti, ou autrement le prieuré de Sales au diocèse de Besançon, après avoir d'abord jugé que ce pourroit être la chapeHe de C/ nommée dans le PouHié de ce diocèse Capella S. Benedicti, a une tieue de Salins sur la rivière qui sort de cette ville, on y honore une ancienne reiique, qu'on dit être le doigt dn S. Benoit abbé. D. Basile Payen, dis-je, dans une seconde lettre ou mémoire croit que c'est phttôt t'nbbaïe de ~o?~KO!'t, située dans une vaitée nommée Salière. C'étoit au commencement un simple hnrmitage.ou une celle habitée pa!'(m soiitairc': ensuite les seigneurs de Joiihe lui donnèrent de grands biens, et elle fut érigée en abhaïe, possédée aujourd'hui par des chanoines régutiers de S. Augustin. Il y a plus d'un monastère dénommé

du nom ancien de .~an~, comme celui du Mont S~-Marie, nommé dans les titres .tVa~m S. ~ar:'<B.

XXIII. PRIEURÉ DE LA COOR.

Nous connoissons deux prieurés dépendant de notre abbaîe, dénommés de la Co!< l'un situé au val de )aBroque,appe)ié de la Cour d'en /M:M~ et l'autre dans J'enclos de l'abbaïe. Les titres de l'un et de l'autre sont supprimés. I! y avoit encore un prieur titulaire nommé Dom Arnoux de Salm au prieuré de la Cour dans le val de la Broque en 1492. Le prieuré de la Cour situé dans l'abbaïe fut supprimé et aboli vers l'an 1210 par l'abbé Henri. Richer, c. 20, p.582. Pr<Bpo~:<Mram Curte omnino ~~t'

XXIV. PRtBDRË DR LORQUIN.

Le prieuré de Lorquin fut fondé en H28, par Bencelin de Turkestein, du consentement de Mathiide son épouse, de e. Cuonon son fils, de ses filles et ses petit* fils. Bencelin donna à l'abbaïe de Senones, ]e nefqu'iipossédoitàLorquin, avec toutes ses dépendances. Albert de Darney et Guy son frère, qui étoit chanoine, cédèrent au monastère de Lorquin tout ce qu'il possédoient dans l'étendue du ban de ce lieu. Enfin Etienne, évêque de Metz, en considération du bon ordre qui régnoit dans Fabbaïe de Senones et de la sainteté de t'abbé Antoine: Quoniam Ecc/MMMpr~/a~t CfBno~nprop~r fch'ytoiMm loci diliginam, et sanctitatem ?M)Mt):a<!mmt abbatis Antonii etc. accorda pour toujours au même monastère le presbytérat ou la cure et le soin des âmes, et ce qui peut appartenir au curé, à charge d'entretenir vingt retigieux au même lieu de Lorquin. L'abbaïe n'y possède plus rien du tout. On nommoit encore à la cure en 1526. On ne sçait pas comment J'abbaïe a été dépouillée de ce domaine. XXV. PRIEURÉ D'AUNGE.

Le prieure d'Alingc est dénommé l'auteur mss. de la

vie de l'abbé Antoine, parmi ceux qu'il fonda, ou qu'il acquit à J'abbaïe. Mais il en parle d'une façon qui fait connaître que ce prieuré fut bientôt envahi par des usurpateurs des biens de i'égtise Pauper Alingia. pra~a latronis. En effet nous ne possédons rien à Alinge. Je ne sais pas même où il étoit situé, à moins que ce ne soit Albinge entre Fribourg et Assudange, entre l'étang de Lindre et celui d'Estok. XXVI. PRIEURÉ DU MONIBT.

Le prieuré du Moniet dédié à S. Etienne, et situé près le bourg de Deneuvre, au pied du château du même lieu, proche Baccarat, fut fondé par Etienne de Bar, évoque de Metz, l'an US. Ce prélat veut qu'il soit consacré à l'honneur de S. Etienne premier martyr. Richer 2. c. 2't~ p. 323. Cependant il est communément connu sous te nom de Saint Christophe, et il y a lé jour de la fête de ce saint un grand concours de peuple, qui y vient en péferinage.

Pour la dotation de ce nouveau monastère et des religieux qui y devoient demeurer, Etienne donna la place située au pied de son château de Deneuvre, le jardin, le prey et les deux ménages de serfs qui étoient joignant la place outre cela, deux autres ménages de serfs à Vaqueville, et deux à Nossoncourt. De plus il permet aux religieux du Moniet ia pêche dans la rivière, le pâturage dans ses prairies et l'affouage dans ses bois, de même que les bois de marnage pour les bâtimens. H leur remet 20 sols que l'abbaïe de Senones payoit annuellement pour la garde du château de Deneuvre et le sel ou l'argent que l'abbaïe lui devoit pour droit de saline à Vie. Item cinq sols que l'on prenoit pour le droit de puiser l'eau dans le puid salé de Vie. (~t~Mg solidos pro yMa~M /Mrca, ~M~ vulgo Ciconia ~M~M~' supra j~~Mm Vici sita.

Le titre de fondation est signé et scellé de t'évéque de Metz, Etienne de Bar, d'Adelo abbé de Maurmoutier, d'Albert grand prévôt de S. Diez, d'Adalberon princier et archidiacre

de Metz, du comte Heriman voiié de Senones, de Godefroy comte de Castres, de Thierry comte de Montbéliard, de Conrad comte de Pierre-Percée, le comte Folemare étant préfet de Metz.

L'église du prieuré du Moinet fut dédiée par le cardinal Tieuvin, en l'honneur de S. Etienne, avant l'an 4139. Voyez ci-après la bulle d'Innocent II de cette année. (Richer, t6!<~ Je ne trouve rien sur le château et le bourg de Baccarat jusqu'en ')89') que Bouchart, évoque de Metz, et le duc Ferry III font un accord ensemble par lequel entr'autres choses, Ferri promet de rendre audit évoque, HambemHcr, le chastel et les dépendances, le chastel de De~Mur<'oM'oK~t< Baccarat et ce qui e~a~~ etc. Et. en ')294., le même Bouchard. évoque de Metz, et Henri sire de Blamont parlent encore de Bakarat, comme d'une place vuide de tout édifice au delà du château et du bourg de Deneuvre.

En ~434, la cronique de 3. Thiébaut marque Baccarat avec les chatellenies de Nomexy, Ramberviller et la Garde. En ~34~, sous Ademar de Monteil évéque de Metz, et Raout duc de Lorraine, Bakarat étoit chef lieu d'une chatellenie. Le même évoque Adémar acquit la Tour que les voués avoient à Baccarat à rentrée du château. (Cronique de J~z waMMcrite).

XXYI! DONATION DU F!BF DE BASBMOM A L'ABBAIE, B~ '))30.

La dernière marque de fibéraiité et de bienveillance que l'évoque Etienne de Bar donna Ii t'abbaïc de Senones et à son ami, le vénérable abbé Antoine, fut la donation du fief de Basemont, qu'il lui fit on -1130. Voici comme il raconte la chose dans la charte qu'i) en fit expédier. Une dame nommée Leucardc de Basimont ayant donné son nef. situé au même lieu, à i'égiise cathédrafc de S. Etienne de Metz, sous la redevance d'un cens annuel de deux écus; elle épousa quelque tems après un seigneur nommé Albert de Deneuvrc, qui étoit

homme ou feudataire de t'égtise de Metz, avec lequel elle vécut paisiblement, et ils continuèrent de payer le cens dont on a parlé, sur i'aute) de S. Etienne.

Après la mort de Leucarde, un seigneur nommé Vichard de Parroye, s'empara de ce fief. L'évéquc Etienne en étant informé, le contraignit par la voie des censures à restituer et le fief et les intérêts qu'il en avoit perçus. L'évéque en fit ensuite donation à Fabbaïe de Senones, tant en considération de l'amitié qu'il avoit pour !'abbé Antoine, que de la sainteté des frères qui y vivoient dans une exacte observance de leur règle. La concession fut faite du consentement du seigneur Gérard de Basemont et de sa femme, en présence du comte Hermau, voiié de f'abbaïe, et de son fils Herman, et de plusieurs autres seigneurs.

XXVIII. ABSOLUTION D'HBNR! VOUÉ DE L'ABBA!E.

PAR ADALBERON, ARCHEVEQUE DE TRÊVES, EN ')235. Le comte Herman, voiié de l'abbaïe de Senones, est le premier de la maison de Salm, qui ait possédé la voûerie de ce monastère. Il étoit déjà voiié en 1 <~t, et il {'étoit encore en ~)27, comme nous le venons de voir. I) mourut bientôt après, puisqu'on '))35, l'abbé Antoine porta ses plaintes à Adalberon archevêque de Trèves, qui tenoit alors son concile provincial en présence du légat du pape et de ses évoques suffragans. Antoine se ptaiguoit qu'Henri .fils de Herman, qui avoit reçu de l'abbaie une terre en fief (peut-être Bayon. co~~ .RtcAer 2, c. 8~), au lieu de la protéger, ne cessoit de la molester et d'exiger divers services et contributions des sujets du monastère, les obligeant contre raison de plaider en sa présence, sans avoir égard aux ordonnances des rois et aux privilèges accordés par les souveraines pontifes Pascal, Calixte et Honoré.

L'archevêque de Trèves cita devant lui et devant le concile le comte Henri, et l'obligea de demander l'absolution de l'excommunication qu'il avoit encourue, de restituer ce qu'il avoit

injustement exigé, et de promettre solemnellement de cesser ses vexations et de respecter à l'avenir les droits et priviléges du monastère. Le diplôme est souscrit de Folmar doyen de l'église de Trèves, de Bertram abbé de S. Arnoù, de Landulphe abbé de S. Vincent, d'Herbert abbé de S. Clément, de Richer abbé de S. Martin et de S. Simphorien de Metz, de Simon duc de Lorraine, de Renaut comte de Bar et de ses deux fils Hugues et Renaut, et de plusieurs autres.

XXIX. BULLE D'HONORÉ III

QUI CONFIRMB LES BIENS DE L'ABBAtB EN '~25.

La bulle de Pascal Il, dont il est parié dans ce titre, ne se trouve plus dans notre archive, mais nous avons celle de Calixte II, dont j'ay donné l'extrait sous l'an ~23. Celle d'Honoré III est de l'an H2o. Elle fut obtenue par l'abbé Antoine. Le pape y confirme l'abbaïe en tous ses biens présens et à venir, et )ps prend sous la protection du saint siége, et en particulier Fégiise de S. Hilaire située au pont Rammon à Metz, que t'évoque Etienne de Bar du consentement de son chapitre avoit donnée au monastère de Senones. Le pape conSrme aussi les prieurés de S. Christophe, de Léomont, de Xures, deDeneuvre avec leurs appartenances.

XXX. PAROISSE DE S. HILAIRE, A METZ.

L'église de S. Hilaire de Metz donnée à Fabbaïc par Févéque Etienne étoit située près le pont de Rammon. Ce pont étoit bâti sur fa Seille au bout de ]a ruë de Ayert. Il étoit de pierre et solide, et ia fable l'attribuë à un seigneur nommé Raymrendus. H y avoit une grosse tour quarrée devant la porte du pont Raimond, qui fait la première porte. Cette paroisse de S. Hilaire de Metz fut unie à ia mense abbatiale par !c pape Adrien VI, en 1523. Elle fut renversée en 45. pour faire de nouvelles fortifications. On verra dans la suite, sous J'an 4221, que Conrad évoque de Metz

avoit donné cette cure à l'abbaïe de Senones du consentement de son chapitre.

XXXI. EXEMTIOK DE SENONES

DES SERVITUDES QUE 1,'ËVËQUB DE METZ EN VOULOIT EXIGER EN 4125 ET ')~0.

L'évêque de Metz étoit en possession depuis longtemps d'exiger dans le val de Senones certains services ou certaines redevances annueiïes en signe de son autorité régalienne. I) prétendait que ces servitudes devoient être payées par l'abbé et le monastère de Senones. L'abbé Antoine s'en deffendit, et prouva par bons témoins, que ce n'étoit pas l'abbaïe, mais le ban de Senones qui en étoit chargé, et que les deux tiers en étoient à la charge du ban de Senones, et l'autre tiers à celle des bans de Vipuceile et de Plaine. L'évoque se rendit à ses raisons, et donna un acte autentique de décharge à i'abbé Antoine en ')25.

Cette diSicuJté recommença en )2)0 sous Bertram évéque de Metz. Ce prélat ayant prétendu que l'abbé et le couvent de Senones lui devoient les services dont on a parlé, l'abbé Henri produisit la charte d'Etienne évëque de Metz, et Bertram reconnut l'exemtion de l'abbaïe par un acte de 't~O.

XXX! ANTOINE DEVIENT AVEUGLE ET GOUTTEUX SUR LA FIN DE SA VIE.

Antoine n'avoit cessé de travailler à procurer l'embellissem*nt, et l'augmentation du temporel dp son abbaïe. On assure qu'il l'augmenta au double de ce qu'il l'avoit trouvé Et tamen &OC ~tCOM quod KOM ~tC~'g quosdam

Abbatia MO quod crevit tempore duplo. (Autor anonym. vitse Anton.)

Sur !e déclin de sa vie il fut attaqué de deux incommodités très-sensibles, l'une fut la privation de la lumière, et l'autre des douleurs aux pieds causées par la goute. Il souffrit l'une

et l'autre dans un esprit de pénitence et avec une parfaite résignation aux ordres de la Providence. On ne l'entendit jamais se plaindre, il ne donna nulle marque d'impatience; il rendoit au contraire de continuelles actions de grâces à Dieu, et encourageoit ses frères en leur disant Mes chers enfants en J. C. demandez pour moi au père des miséricordes que les maux dont il m'afflige, me servent pour l'expiation de mes péchés et pour me procurer )e salut; celui-là n'est pas bon fils qui rejette les corrections de son père et qui ne les reçoit pas de sa main comme des marques de son amitié. »

XXXIM. MORT DE L'ABBÉ ANTOINE EN -1137.

U mourut dans ces sentimens, muni du corps et du sang du Sauveur, le 27 octobre de l'an ~37, après 47 ans de gouvernement. L'opinion qu'on avoit de sa sainteté jointe à sa grande réputation, attira une infinité de personnes à ses obsèques. Son corps demeura quelque tems exposé dans l'église, où l'on dit plusieurs messes et où l'on fit plusieurs offrandes pour le repos de son âme. Il fut enterré au milieu de l'église de S. Pierre de Senones, devant l'autel d<* la Croix, dans un cercueil de pierre sur lequel on érigea une espèce de mausolée, ou de tombe élevée sur de petites colonnes. Richer dit l. 2. c. 24, p. 223, que pour illustrer la mémoire de ce grand homme, il grava de sa propre main sur sa tombe la figure de )'abbé Antoine en habit d'abbé, qui tient en main sa crosse. On ignore aujourd'hui l'endroit où il fut enterré. L'autel de la Croix étoit apparemment au-devant du choeur, mais on ne sçait de quel coté. Depuis que l'on a rehaussé le pavé de l'église, on a déplacé et brisé la plûpart des tombes. Voici l'éloge que l'on trouve d'Antoine dans le nécroiogc 0&M< .DOMtMMS ~M~OKttM MMraMM et ~!<B mCMOr!Œ Abbas totius -Ecc~iŒ .S~MMM~MM /(aM/Y~o?' Voyez son éloge en vers imprimé t. 2. 240, jSacr~ Antiq. jMo?WM.

CHAPITRE XIII.

GAUTIER XXVI'' ABBÉ DE SBNONBS, DEPUIS L'AN 'H 37 JUSQU'EN ~40.

Richer dit l. 2. c. 21. p. 323, qu'il ne sçait autre chose de cet abbé, sinon qu'il succéda à Antoine, et qu'il fut le 28~ abbé de Senones. Ce n'est toutefois que le 26~ de ceux dont les noms nous sont connus. Son nom se trouve au nécrotoge le XI de février, et on lui donne l'éloge d'homme de pieuse mémoire, mais on ignore l'année de son décès. I) procura à son abbaïe un titre de confirmation de la part du pape Innocent II, et à la prière d'Etienne de Bar évéque de Metz, après que l'église du prieuré dn Moniet eut été consacrée par Tietvin légat du pape dans ces quartiers. L'évoque Etienne, qui affectioilnoit ce prieuré, et qui le regardoit avec raison comme son ouvrage, joignit ses instances à celle de t'abbé Gautier pour obtenir du pape la confirmation des biens du Moniet. Outre ceux qui sont exprimés dans la charte de fondation de l'an '<126, le pape spécifie encore l'église de Ramherviller avec la maison curiate et le revenu, cMM conductu, et les dixmes grosses et menues du même lieu, le fief de Basemont et le quart de l'église. qui avoit été donnée ou restituée par un nommé Siccardus, peut être Vicardus ou Vichard, (voyez le titre de l'an ~130,) le quart du fief du même Siccardus, la moitié du fief de Fontenoi, qui avoit appartenu au nommé Alnodus, et l'autre moitié donnée par -~etzon, et la septième partie du restant, donnée par .Hae~tZ fille de Thierri. Le pape confirme toutes ces choses au Moniet, l'an 'H 39, qui étoit le 10e de son pontificat.

Nous trouvons un nommé Vautier nommé abbé de Senones en 't')83, qui pourroit bien être Gautier, dont nous parlons, lequel auroit résigné son abbaïe vers l'an 'H40, ou H.4.5, et auroit vécu jusques vers l'an 'H83. (Voiez ci-après la viede l'abbé Gérard.)

D"puis qu'Etienne de Bar, évéque de Metz eut pris et retiré par la voie des armes Je château de Pierre-Percée des mains des comtes de Salm, vers l'an ')')40, et que Jaques de Lorraine aussy évëque de Metz, eut ache'té les mêmes terres des comtes de Salm, ceux-ci ont fait hommage de ces fiefs aux évéques de Metz, et en particulier Henri comte de Salm les reprit de Jaques de Lorraine en 4288, et Jean comte de Salm rendit le même devoir à George de Bade, évêque de Metz, en 4560. Jean Rhingrave au nom de sa femme Jeannette de Salm, fit hommage à Henri de Lorraine évéque de Metz, en <488 son fils Jean rendit les mêmes devoirs à Henri en 4495, et la comtesse Jeanne en 1499. Mais dans la suite les comtes de Salm furent compris dans le cercle du Haut-Rhin. (V. M. de Longuerue, description de la France, part. 2, p. 2')o. Hist. de Lorraine, t. 2. p. 74 et 283, 1" édit.)

La chambre des réunions établie à Metz aiant rendu un arrêt qui condamnoit les seigneurs de Salm et de PierrePercée à faire foy et hommage au roy, et à faire leur reprise de t'évéque de Metz pour ces seigneuries, le prince de Salm refusa d'obéir à cet arrêt, Sur son refus, on confisca ses terres. Mais il fut rétabli en possession par l'article IV du traité de Risvic, qui révoqua toutes les réunions faites hors de l'Alsace.

CHAPITRE XIV.

HfMBERT, XXVIIe ABBÉ DE SENONES.

I. ADALBERON, ARCHBVÈQUB DE TREVES CONFIRME A L'ABBAIE CE QU'ELLE AVOIT A RENËRÉVILLE, EN 1245.

L'abbé Humbert succéda à Gautier vers l'an K40. Il étoit déjà abbé en H45, puisque cette année il obtint d'Adalberon archevêque de Trèves, à la recommandation et sur le bon témoignage d'Etienne de Bar, évoque de Metz, un privilége

qui confirme à t'abbaïe de Senones ce qu'elle possédoit à RemerévHie. Simon de Nancy, Dux Simon A'aTM;~ duc de Lorrainelui avoit donné quatre quarterons, (quatuor quadrantes), et l'église ou les dixmes de ce lieu. Une dame nommée Cunégonde avoit offert pour son fils Coa~/WaM, qui s'étoit fait religieux, à Senones, trois quarterons, ou peut-être trois quarts des dixmes, <rM ~sa/'anfM. Un gentilhomme nommé Simon de Parroie donna dans le même lieu de RemeréviUe, quatre quarterons, ~a~Mcr ~uaaraH~. Amédée de Coincherey, ou peut-être de Sainti'ey, accorda à l'abbaïe trois quarterons et la part des dixmes qu'il avoit dans le même lieu; et en reconnoissance les religieux de Senones lui rendirent douze livres de monnoie touloise. Les témoins de ce privilége furent Hillin doyen de l'église de Trèves. Sigère abbé de S. Maximin, Durand abbé de Belchamp, Isembalde abbé de &orze, Isembart abbé de S. Vincent. Henri abbé de S. Simphorien, Simon abbé de S. Clément, Formare comte de Castres, Henri comte de Salm. Donné à Metz le )~ de novembre H4o.

H v a assés d'apparence que cette dame Cunégonde, dont le fils nommé Coalfride se iit religieux à Senones, est différente d'une autre Cunégonde insigne bienfaitrice de cette abbaïe. Nous lisons dans notre nécrologe au 6 juillet, qu'une dame nommée Cunégonde nous donna un fief nommé Rocholingias, ou ~K/maison, et, au 6 may, que Conon religieux profès de ce monastère nous donna la moitié de Fontenay, les terres, les preys, les bois et l'église du même lieu et celle de MervaviDe. Enfin, nous avons un titre, assés peu certain à la vérité, qui porte que Cunégonde est la principale fondatrice de Mervaville.

Il. CONFIR-MATtON DES DtXiIES D'ART-SUR-NBCRTHB

PAR HENRI ÉVËQUE DE TOUL, 1147.

Un clerc .lommé Renard avoit quetquc part dans les dixmes grosses et menue. d'Art-.ur-Mcurthc. I! iouissoit, dans les

é

grosses dixmes de trois portions dans sept, et des deux tiers dans les menues dixmes de plus il avoit les deux tiers dans la dot, ou le bouverot de i'égtise contre le curé pour l'autre tiers. I! fit donation du tout à l'abbaïe de Senones, à la prière d'Etienne de Bar, évêque de Metz, et cette donation fut solennellement agréée et connrmée par Henri évêque de Toul, en présence de plusieurs clercs et de plusieurs seigneurs l'an ~147.

III. ASCENSBMBNT D'UNE PLACE A MOYBNVIC.

En H 50, l'abbé Humbert laissa à titre de cens perpétuel à i'abbaïe de Notre-Dame de la Crète, ordre de Citeaux, une place de sept pieds de long et de quatre pieds de large située à Moyenvic, auprès et au-dessous de la maison que la même abbaïe de la Crète possédoit en ce lieu, et où elle faisoit sou sel, à raison de trois sols de cens paiables au jour de S. Etienne après Noël, le tout avec l'agrément et le consentement du chapitre de Senones, par les mains de Bernard prieur de Xures. En ce tems là toutes les abbaïes faisoient leur sel par elles mêmes, et avoient des maisons et des poëles à Vie ou à Moyenvic pour cet effet.

IV. CONFIRMATION DE LA DONATION D'ALINGBS

A L'ABBAIB DE SENONES PAR THIERRY, S~ DE DOMBASLE, H52. Etienne, évéque de Metz, continuoit toujours de favoriser i'abbaïe de Senones, comme il paroit par une charte de confirmation qu'il donna l'abbé Humbert en ~-)52. Thierry seigneur de Dombnste et Pétronille son épouse, du consentement de leurs enfants et de leurs héritiers, donnèrent à S. Pierre de Senones les Hets~M et ~/M/<~ francs de toute servitude et de toute vouo'ic, et pour plus grande assurance de cette cession, l'évêque de Metz la confirma et défendit qu'aucune personne sëcuHcre ne s'en empara ni n'en usurpa la vouerie; mais il ordonna que ces biens demeurassent francs et quittes de toute domination étrangère. La charte est dattée de RamberyDier en )'an 'H 52, en présence de Frideric de Piuvoise,

de Hugues de Saint-Don, de Goëric d'Epiuai, de Milonet Thierry de Coutures, de Guelphe de Mu!sey et de plusieurs autres. Nous ne possédons plus rien à Alinges, et nous avons trèspeu de chose à Uting ou Cuting.

V. CONFIRMATION DES BIENS DE SENONES PAR LE PAPE EUGÈNE III, ~82.

La même année 'H 52, l'abbé Humbert obtint du pape Eugène III, une ample confirmation de tous les biens de son abbaïe. On voit par le dénombrement que le pape en fait dans sa bulle queUes étoient alors les richesses de l'abbaïe, et jusqu'à quel point elles s'étoient accrues sous les abbés Antoine et Humbert. Elle possédoit tout le val de Senones renfermé dans ses anciennes bornes, le marché qui se tenoit au bourg de Senones tous les jeudis; les églises ou les paroisses de S. Maurice et de S. Jean, situées dans le même val; Vipucelle avec l'église et le marché qui se tenoit au même lieu tous les samedis; Grandfontaine avec son église; Plaine avec son église; Anserviller et Couvay avec l'église ou la paroisse; le fief de Montigny (i'abba'te n'y possède plus rien); le fief de Magnévitie avec la cure; les fiefs d'Alinges et d'Utinges dans l'étendue de leurs confins (nous n'avons plus rien à Alinges); la cure de Vaqueville avec huit familles de serfs appartenants à l'abbaïe; Borville et Ogéviller avec leurs églises; BétonviHe avec la cure, qui est à Hablainville; la cure de Brouville; la cure de Deneuvre; le fief de Fontenoy avec la moitié de l'église ou des dimes et la moitié de Mauonville (~Vayn'aMt-F: ce lieu nous est inconnu, si ce n'est Mervaviiie; Domptai! avec la cure; ~:<z-F:7/N?'f en Alsace, peut être Roschviir. Nous lisons dans Richer, l. 4, c. 3.S, que l'abbé Vidric acheta ~M-Vt~aw pour huit mares d'argent, et que cette terre fut perdüe sous t'abbé Baudouin; la cure de Moyen avec tous les fonds qu'Emeiine, Thierri et Gautier y possédoient; le fief de VoKereis et de Bolville ou Polville (nous n'y avons rien, et nous ne les connoissons plus, Volfereis

fut ascensé aux Templiers de Xugney en 1173), t'égtise de S. Evre près Deuville (unie à présent à la cure de Deuville depuis 1713); le prieuré de Léomont avec ses dépendances; !'ég)ise ou la cure d'Antlup (cédée à M~ les chanoines de S. George de Nancy) le fief d'Art-sur-Meurthe avec l'église et partie des dixmes (cédés à S. Léopold de Nancy) l'église de Saulxures près Nanci, avec trois familles de serfs Je fief de Vigneules avec la chapelle (possédé aujourd'hui par M. Renaut de Rosières) l'église de Remberviller; celle de Chenevières; I'ég)ise de Colombé dans le païs Messin, avec deux familles et demie de serfs et les terres et autres héritages qu'ils cultivent; l'église de S. Hilaire dans la ville de Metz, avec une maison dans la même ville (cette église ne subsiste plus) le fief de Tignoncourt au païs Messin; l'église de Fonteneis avec trois familles serves; l'église de Monz (nous ne la possédons plus); le droit que l'abbaïe a dans l'église de Bazemont, avec le fief du même lieu; Moacourt et ~amn~MMa~î~peut-étre Frumenil avec l'église; Avoncourt avec le droit que l'abbaïe a dans l'église (nous n'y possédons rien); le fief de Givrecourt et celui de Bésangc avec Je fond qu'on appelle ~a~s (nous ne possédons rien dans i'uu ni dans l'autre); l'église de Fricourt, aujourd'hui érigée en prieuré (c'est ici la première fois que je trouve ce nom dans nos titres); Remoncourt avec l'église; le fief de Doncourt. et de Gnaconcourt (ces deux villages sont entièrement ruinés) et deCraincourt, avec le droit que !'ubbaïe a dans l'église et les dixmes de ce lieu; le fief de Crevy et de Remeréviue, avec le droit que l'abbaïe a dans t'égiise ou dans les dixmes; le fief de Fresne avec le droit que l'abbaïe a dans l'église (nous n'y possédons rien); le fief d'Imberménit; le marché de Dompaire (Dompierre, près Bruyères) avec le fief que Cunégonde y possédoit (nous n'y possédons plus rien); onze places ou maisons à faire du sel à Moyenvic; quarante une et deux demies à Vie, avec d'autres biens au même lieu (tout cela est perdu); une cour tranche ù Strasbourg avec un jardin (t'en n'y :t plus rien"); tcsmnisons, terres, preys et vignes que i'abbaïc possède a Roshcim, a Stuif pt'è~ de Muishuim (~i7<«~,

A Tingesheim et à Chatenoy le prieuré nommé la ferme de S. Benoît, autrement Sales, dans Je diocèse de Besançon avec ses dépendances (on ne le connoit plus depuis plusieurs siècles) Je prieuré de Lorquin, avec la desserte de i'égtise et les autres biens que i'abbaïe ypossédoit (elle n'y possède plus rien); le prieuré de Deneuvre avec ses dépendances; le prieuré de Vie et celui de Xures et ce qui en dépend ce dernier ne nous appartient plus.

Vt. PRIEURÉ DE FRICOURT,

SON ORIGINE, ÉGLISE DE CE LIEU CONNUE EN 1152. H faut dire ici quelque chose de l'origine du prieuré de Fricourt, puisqu'il en est fait mention dans ce titre. Dans son commencement, ce n'étoit qu'une église dédiée à la S~-Vierge, ou à Notre-Dame de Bon-Succès, à laquelle on avoit grande dévotion dans le pays, en sorte qu'il s'y forma une confrairie et un pélerinage, et que plusieurs personnes y donnèrent des biens assez considérables. On en conserve les donations et les contrats des années '1409, 1420, 1427, '1433 et suivantes, dans lesquels les curés de Remoncourt pour l'ordinaire, sont dénommés gouverneurs de la confrérie de Fricourt.

I! y avoit quelquefois deux gouverneurs de la confrérie de Fricourt, tous deux différens du curé de Remoncourt, quelquefois un seul. En 1416, Pierre Abdon hermite de Fricourt, étoit aussi gouverneur de la confrérie. Dès l'an 1561, Jean Vaultier prend la quatité de prieur de Fricourt. En 160o, Didier Richard est nommé prêtre curé de Remoncourt et de Fricourt son annexe. Dans d'autres actes de la même année, il se qualifie prieur de Fricourt et curé de Remoncourt. Il étoit encore prieur en 1624, et néanmoins en 1620, un nommé Demenge prend la qualité de curé de Remoncourt et de gouverneur de la confrairie de Fricourt. En 1480, on nomme simplement le curé de Fricourt, et en 't866, Jean Vaultier est nommé prêtre curé de t'égHse de Fricourt et Remoncourt. En t875. Onudr Raville ahbc (le Scnones confère JeanLignarius

chanoine de S. Diez l'église paroissiale de Remoncourt et son annexe l'église ou la chapelle de Notre-Dame de Fricourt. Tout cela prouve qu'alors le prieuré de Fricourt étoit encore considéré comme une dépendance de la cure de Remoncourt, ou au contraire que Remoncourt étoit regardé comme dépendant de Fricourt, et que Fricourt étoit un prieuré cure. En 1501 Jean Vatey curé de S. Marien de Remoncourt, et chapelain perpétuel de la chappelle de Notre-Dame de Fricourt annexe de Remoncourt, résigne l'un et l'autre entre les mains du collateur ordinaire. En 4805, le onzième octobre, les deux petit* autels de l'église de N.Dame de Fricourt furent consacrés par Conrad Des Carmes suffragant de Metz, à la prière de discrète personne Léonard Barchet prêtre chanoine de Vie, curé de Remoncourt et Fricourt. L'état du prieuré de Fricourt ne fut proprement fixé qu'en 1668, par le cardinal Louis de Vendôme légat à latere du pape Clément IX vers le roi de France, qui par une bulle spéciale désunit la cure de Remoncourt, ou comme il parle, la vicairie amovible de Remoncourt, il la démembre du prieuré de Fricourt, et l'érigé en vicairie perpétuelle à la nomination du prieur de Fricourt, nommé Paul Jolly, qui se qualifie commandataire du prieuré de N.-Dame de Bon-Succès de Fricourt, ordre de S. Benoit, diocèse de Metz. Aujourd'hui, la cure de Remoncourt, de même que le prieuré de Fricourt sont à la nomination de l'abbé de Senones, et les dixmes de Remoncourt appartiennent au couvent dudit Senones. Le prieuré a été en commande pendant 200 ans; il n'est entré en règle que depuis D. Alexandre Blondelot qui t'eut par résignation de M. Beausire en 1704. Il mourut )e23 juillet )725. Il eut pour successeur D. Nicolas Neuville qui le résigna à D. Joseph Chabusson en -<7.. qui lui-méme l'a résigné à D. Joseph Millian en ~777, mort à Lunévitte, dans la plus grande misère. en 1794.

V!I. GRANDS BIENS DE L'ABBAIB PB SBNONBS, ~82.

On voit par la bulle d'Rugcne III, à l'occasion de laquelle

nous avons fait cette digression sur le prieuré de Fricourt, quels étoient, en ~52, les biens que possédait i'abbaïe de Senones, qui égaioient ou surpassoient ceux des plus grands et des plus puissans étabfissem*ns du païs. Car à présent, dans les lieux mêmes où il lui reste quelque chose, il s'en faut bien que l'on possède les biens que l'on possédoit autrefois. Depuis ce tems, i'abbaïe n'a fait que décheoir. Les biens ont été ou négHgés, ou dissipés, ou aliénés, ou usurpés par les voués, ou par des seigneurs qui avoient la force en mains; ou les abbés les ont donnés en fiefs, ou ascensés, ou enfin ils ont accompagné dans leurs seigneuries des seigneurs qui, étant les plus forts, de compagnons en sont enfin devenus les maîtres.

Le pape Eugène III ajoute que l'avoué qui sera nommé par Févéque de Metz, de la jurisdiction duquel dépend l'abbaïe de Senones que le voüé dis-je, se contentera du bénéfice ou du fief qui lui est donné pour son honoraire, sans qu'il puisse exiger autre chose ny de l'abbaïe, ni de ses sujets, ni tenir des plaids et tirer des amendes malgré f'abbé; que s'il est invité à venir tenir les plaids, il se contentera du tiers des amendes, comme il a été réglé par les anciens.

VIII. DÉDICACE DR L'ÉGLISE DE LA ROTOKDE, EN ))33. DON DES AUTELS ET DES PAROISSES DE S. JEAN ET DE S. DIAURICE.

L'égHse de Notre-Dame, nommée la Rotonde, commencée par t'abbé Antoine, ne fut dédiée et confirmée qu'en 1')o3,sous l'abbé Humbert, par Henri de Lorraine, évéque de Tout. Le jour de la dédicace de cette église, le prélat fit présent au monastère des autels de S. Jean et de S. Maurice, qui sont deux églises dépendantes de t'abhaïe. I) les unit au monastère et lui en céda les profits, les revenus et le droit de circature et de pa)efroy, que les vicaires de ces ég)ises avoient accoutumé de donne)' tous les ans a t'évoque. 6~K;<w ~iMm~, c~?MMm Mn/m r< <'f/'(Y~'< ~t7/r~ Il veut que dans fa

suite ces choses soient données tous les ans aux religieux, le jour de son anniversaire, sans préjudice de la sommission et de l'obéissance que les vicaires doivent à !'évéque de Toul et à ses oSiciaux, et à charge qu'ils continueront de faire ce qu'ils ont accoutumé à l'égard de ses assemblés et de ses synodes.

H est bon de remarquer que sous le nom d'église, on entend ici parler de la dixme d'une église, et sous le nom d'autel (altare), on entend une paroisse dont on donnoit la nomination ou la collation à une communauté, avec tous les fruits et revenus qui en dépendoient, à la charge toutefois de fournir au prêtre qui la desservoit ta subsistance raisonnable. De ces concessions d'autets sont venus les cures unies aux monastères, ou aux chapitres, et la qualité de curés primitifs donnée à ceux en faveur de qui ces unions ou concessions étoient faites. Ecclesia donne précisément droit aux dixmes, et les laïques les peuvent posséder; Altare, donne outre cela droit à tous les profits de la parroisse. ·

Les lettres de t'évêque Henri sont souscrites par plusieurs abbés, qui assistèrent à la cérémonie de la dédicace de la Rotonde, comme Herman abbé de Moyenmoutier, Hugues abbé de S. Sauveur, Imbran abbé de Haute-Seille, Hugues abbé d'Etival, Etienne abbé de Ftabémont, Albert doyen de S. Diez, et de plusieurs autres ecclésiastiques. Fait et passé à Senones le 2~ janvier 'Ho3, jour de la dédicace dont on a parlé.

L'abbé Humbert mourut le 25 d'avril de l'an 'H60. On le peut mettre au rang des meillenrs abbés de ce monastère. Il en a soutenu l'honneur et l'observance, et en a non-seulement conservé, mais encore augmenté les biens temporels.

CHAPITRE XV.

BERNARD, XXVtU" ABBÉ DE SENONES.

Bernard succéda ;') Humbert en l'an ~)60. ~tc/~r, 2,

c. 2't. 11 ne nous reste aucun monument qui puisse nous faire juger de son administration et de la conduite qu'il a tenue tant au dedans qu'au dehors de son abbaïe. II la gouverna pendant neuf ans, et mourut le 'i4 de décembre 4169. Richer avoue qu'il n'a rien trouvé touchant le règne de cet abbé, sinon que de son tems le prieuré nommé ~a ferme de S. Benoit, ou le prieuré de Sales, dénommé dans la bulle d'Eugène III, et situé dans le diocèse de Besançon, fut vendu, On ne sçait ni pourquoy, ni à quelle occasion, ni combien ni pour combien de tems. Le nécrologc met la mort de f'abbé Bernard au ')4 décembre.

CHAPITRE XVI.

GÉRARD XXIXe ABBÉ, DEPUIS d'170 JUSQU'EN 1200. GÉRARD, ABBÉ M SENONES, TROP ATTACHÉ A SA FAMILLE.

Gérard étoit natif du val de S. Diez, Richer, liv. c. ~6, p. 226, et fils d'un gentilhomme du palais. Il se fit religieux à S. Arnon de Mcfz et comme il étoit d'une conduite très régies et d'une bonne réputation, il fut fait abbé de Senones. On lui reproche d'avoir été trop attaché a ses parens et de leur avoir accordé trop d'autorité sur ~es biens du monastère auquel ils devinrent bientôt a charge. Le bon abbé n'eut pas la force de les réprimer, ni de les détourner de leurs mauvaises voies. Ils s'attirèrent de puissans ennemis qui les firent prisonniers. Gérard en conçut tant de déplaisir qu'il abdiqua son abbuïc. et se retira a Lcomont après trentc-un ans de gouvernement. On croit qu'il y mourut et y fut enterré.

II. ÉPOQUB DES ASCENSBMENS DES BtEKS DU MONASTÈRE.

Nous trouvons quelques chartes qui nous font voir que sous le gouvernement de l'abbé Gérard on commença à asecnscr les

fonds du monastère pour certaines sommes d'argent. Ces sommes étaient alors assés considérabtes, mais aujourd'hui elles sont réduites à très-peu de chose et presque à rien du tout. On peut dire que c'est une des sources les plus fécondes et les plus ordinaires de la perte des biens du monastère, et l'on en peut mettre l'époque sous l'abbé Gérard. Car il laissa à titre de cens annuel et perpétue! pour la somme de six deniers et deux chapons payables à la S. Martin d'hyver, .a un nommé Arnoud Bonigezi, une cour franche, ou maison que i'abbaïe possédoit dans la ville de Vie, et pour laquelle il y avoit quelques difficultés avec certains héritiers qui la contestoient à i'abbaïe. Bonigezi délivra comptant huit livres de toulois à I'abbé et se chargea de défendre à ses risques les droits de l'abbaïe.

III. ASCENSBNEKT DE LA TERRE DE VOLFBRBIS AUX TEMPLIERS DE XCGKBY, H73.

Il laissa aussi aux templiers de la commanderie de Xugney, située entre Charmes et Savigny, le fond que l'abbaïe avoit à Vo//o'~M (peut-être Foucrey), moiennant un cens de cinq sols par an, payables à perpétuité au jour de S. Remy chef d'octobre. L'acte est de l'an 4173. L'année suivante, ~74, Henri comte de Salm asccnsa à i'ahbaïe, au profit de l'hôpital, sous la redevance de quatre écus par an, le champ de Madey, situé dans le finage de Reherey. Il donna en même tems au monastère une femme esclave avec ses enfans, qui tui.étoit venue d'Allemagne.

tV. HENRI, CONTE DE SALM ET JCDtTH SA. PENNE,

ENTERRÉS A SBNONES,

Ce comte de Salm étoit Henri II, qui avoit épousé Jeanne ou Joutte, on Judithe de Lorraine, fille de Ferri de Bitche. Elle étoit venue d'Allemagne, c'est-à-dire de la Lorraine allemande, ou Bitche est situé. L'un et l'autre sont dénommés

comme bienfaiteurs dans le nécrologe, et on voit leurs tombes devant l'autel de la Vierge.

C'est apparemment le même comte Henri qui, en ))90, échangea un prey qu'il avoit à Fonteney, (peut-être Fontenei près Viviers, diocèse de Metz: la cure de ce lieu dépend du prieuré de Vie), contre un autre prey que t'abbaïe avoit à Plaine, et qui étoit à portée du château de Salm, qui manquoit de foin et de pâturage. H n'est donc pas vra) que le' château de Salm n'ait été construit qu'en ~25 par EenriIV, comte de Salm, comme on l'a dit dans l'histoire de Lorraine, tome 2, p. 382, 1" édit., après le P. Benoit capucin. V. ORIGINE DU CHATBAO DE SALM, BATi AVANT 1190. Richer, 4, c. 26, 392, et 5, c. 6, ~p. 422, met la fondation du château de Salm sous l'abbé Henri, par Henri II, comte de Salm, qui a vécu depuis l'an H50 jusqu'après ')244. Ce château subsistoit dès avant l'an ~90. Ce qui est certain, c'est qu'il fut bâti sur le terrain de t'abbaïe de Senones. et que les comtes de Salm ont payé pendant plusieurs siècles un cens annuel de deux sols sfrasbourgis en reconnoissance de la cession que l'abbaïe leur avoit faite de ce terrain. Ils ont continué de payer cette redevance jusques vers f'ati 4550. Mais ils en ont été déchargés par l'arrèt du grand Conseil, de l'an .)689.

BULLE DU PAPE LL'CtCS Ut, AN ~82,

(Sacrae antiq. Mon. t. ').p. 112.)

En )'<82, J'abbé Gérat'd céda à j'abbaïc d'Autrey, ordre de S. Augustin, sous la redevance de deux sois payables le jour de S. Jean.-Baptiste, sur l'autel du prieuré de S. Etienne ou du Moniet, la dixme depuis Bervfi et Thiarmesnil et au-dessus, tant pourtour nourris, que pour lem' culture. C'est-à-dire qu'il exemte cette abbaïe de payer la dixme dans ces cantons, moiennant fa redevance de deux sots.

V!. DONATIONS FAITES AU PRIEURÉ DU MOSIBT ('H88--H89,)

Le prieuré de S. Etienne du Moniet près Deneuvre, étoit alors habité par des religieux vivans dans toute la vigueur de l'observance régulière. On leur fit sous l'abbé Gérard quelques donations assez considérabfes. Un gentilhomme de Deneuvre nommé Falco, avant qu'il fut marié avoit donné du consentement de ses sœurs et de ses héritiers, tout ce qui lui appartenoit au lieu de Fontenoy-la-Joutte proche Deneuvre, Après son mariage il ratifia cette première donation, et la fit agréer par tous ses héritiers. 11 ajoute qu'il donne au même monastère du Moniet une femme serve avec ses descendans, et il veut que si quelqu'homme de ses anciens sujets de Fontenoy prend femme ailleurs dans quelques-unes de ses terres, il demeure toujours assujetti aux frères du Moniet; et si quelqu'un des sujets du monastère du Moniet se marie dans quelques-unes des terres de Falco, il ne iaissera pas de demeurer sujet du Moniet. C'est qu'alors presque tous les paysans étoient serfs, et ne pouvoient se marier hors des terres de leurs seigneurs sans leur consentement. Il accorde de plus au même monastère, pour la terre de Fontenoy, le privilége de n'avoir point d'avoué. Que si f'abbé ou les frères du Moniet jugent à propos d'en prendre un, ils n'en pourront prendre d'autre que Falco lui-mème.

Anciennement on regardoit comme une grande prérogative d'être sous la protection d'un avoué; dans la suite, c'en fut une de n'en point avoir, tant ces sortes de voueries étoient devenues a charge et odieuses par i'ahus r~c les avoués faisoient de leur autorité.

VI!. ENGAGEMENT DE LA CURE DE S. EVRB AUX CHANOINES RÉGULIERS DE LUXËVfLLE, EN 1190.

Un chanoine de S.-Diez, nommé Simon, donna au même prieuré du Moniet, tout ce qo'ijpo.ssëdoit n Fontenoy, en )')89.

L'abbé Gérard engagea, en 1)90, aux chanoines réguliers de Lunéville la cure de S. Evre, (apparemment S. Evre entre Deuville et LunéviHe, autrefois village, aujourd'hui simple cense), pour assurance d'une somme de neuf livres de monnoie touloise, que les dits chanoines réguliers avoient prêtée aux abbé et rcHgieu~ de Scuone~, dans icur très pressant besoin et dans un tems où le marc valoit 26 sots le tout à faculté de réachapt mais à charge que le rachat de la somme de neuf livres, ou plutôt de la cure dont a parlé, ne se pourra faire que dans le cours du mois de mars en sorte que si l'on manque à le faire dans ce mois, on ne pourra y revenir que dans le mois de mars de l'année suivante, et encore ne leur sera-t-i) pas loisihle de la rachepter pour la donner à d'autres, mais seulement pour la réunir à leur abbaïe de Scnones comme auparavant. Le vicaire de cette paroisse rendra aux chanoines réguliers de LunéviHe la même obéissance qu'il rendoit aux nbbés de Senoncs, et la mort dudit vicaire arrivant, les dits chanoines réguliers présenteront à l'abbé de Senones celui qu'ils auront choisi pour vicaire, sauf le droit accoutumé de l'église de Senones. A'o~ e~< <'ce/Mt<M~co worg t~odu'gMM~ M~'O M~ usu C(~<:f~MC~M7'!0 <;<:C~M' <tû!f/'0'. Ce qui semble insinuer que i'abbaïe exerçoit sur cette cure la jurisdiction quasi-épiseopaic, quoiqu'elle fut située au milieu du diocèse de Toul.

Et pour affermir plus étroitement la charité et l'union entre ces deux monastères, ceux de Senones accordent à ceux de Lunéville la jouissance de tout ce qui pourra leur revenir de bénéfice de cette cure, tandis que cet engagement durera, et réciproquement ceux de Lunéville s'engagent à recevoir et à traiter dans leur maison ceux de Senones qui iront dans ces quartiers pour les affaires de leur monastère. La lettre d'engagement est souscrite par les abbés de Senones, de Beaupré et de Lunéviiie. et par quelques religieux des deux communautés. On y nomme Thierri, prévôt ou prieur de Senones, Henri chantre et Falco cc!fcWcr. Ln di~nitr <)<' chantre est )'cm:u'quab)c dans une abbaïc.

L'on rachetta dans la suite la cure de S. Evre lez Lunéville. Nous avons un titre de l'an t360 par lequel il paroit que l'abbé de Senones jouissoit des dixmes grosses et menues dans le finage de S. Evre, à cause de la cure dadit lieu. Le village de S. Evre est ruiné depuis assez longtems, et l'église en a été transférée à Deuville en l'an ~7~3, sous l'abbé D. Pierre Alliot.

VIII. L'ABBE GÉRARD SB DÉMET DE SON ABBAIB BN ')200, AUTRES ABBÉS DE SENONES EN CE TBHS LA.

C'est à peu près ce que nous savons de i'abbé Gérard. Il se démit de son abbaïe en ')200, et se retira au prieuré de Léomont, où il mourut et il y fut apparemment enterré. Son nom se trouve au nécrologe le 4 juillet.

De son tems, je trouve dans quelques titres d'autres abbés de Senones, par exemple en ~80, Thierri de Noviant, dénommé dans une bulle d'Alexandre III, pour l'abbaïe de Saiiva); un nommé Valtherus dans une charte de l'abbaïe de Beaupré en 4483. H est indubitable que Gérard étoit encore abbé en H9'), comme on vient de le voir, et qu'il n'abdiqua qu'en ~00, comme le marque Richer. Il faut donc que dès l'an 'H80, il ait désigné pour son successeur Thierri de Noviant, qui lui succéda effectivement eu 1200; et peut être que Vautier, qui prend le titre d'abbé de Senones en '~83 est le même que nous avons déjà vu en ')')39.

CHAPITRE XVII.

THIERRY UE NOVIANT, XXX~ ABBÉ DE SENONES, EN 1200, KE GOUVERKA QC'BNVtRON S[X MOtS.

Nous n'avons dans t'abbaïe aucun monument de l'abbé Thierri de Noviant. H y a beaucoup d'apparence que c'est le même Thierri de Noviant qui est dénommé dans la bulle d'Alexandre

III dont. nous avons parlé, et qui étoit prieur de Senones en H9~. Richer dit, 2, c. 26, p. 326, que c'étoit un homme simple et de bonne vie; qu'il succéda à l'abbé Gérard, et reçut la bénédiction abbatiale (c'est le premier dont on marque la bénédiction, non que les autres ne l'aient reçu auparavant, mais on n'en dit rien). I) ne gouverna qu'environ six mois, savoir depuis Pâques jusqu'à la fête de S. Siméon, un des patrons du monastère, qui se cé!èbre le 24 octobre, et se démit de sa dignité pour se retirer dans le prieuré de S. Christophe, situé alors auprès de Vie, aujourd'hui transféré dans la ville. Il y mourut quelques années après et y fut inhume. Le jour de sa mort est marqué dans le nécrologe, au 29 avril.

CHAPITRE XVIII.

CONON DE DENBUVRB, XXXI° ARBE, DEPUIS ~0) JUSQU'EN ~204 ou ~205.

CARACTERE DE CONON, ABBÉ DE SBNONES.

L'abbaïe de Senones, que nous avons vu si puissamment riche sous l'abbé Humbert en ~82, se trouva si épuisée et réduite à une si grande indigence qu'après la démission de i'abbé Thierry, les religieux ne crurent pouvoir mieux faire que de donner t'abbaïe à un nommé Conon de Deneuvre, (Richer, 3, c. ')), prêtre séculier, en réputation d'être fort riche et en état de soulager le monastère dans ses extrêmes besoins, mais du reste absolument incapable d'un tel emploi, ne connoissant ni la règle de S. Benoit, ni les observances régulières homme du monde de cœur et d'effet, tout occupé du soin des choses temporelles, il ne sut jamais ni commander, ni obéir, ni se conformer aux usages du c)o!tre, portant ses épreviers et ses oiseaux de chasse comme auparavant dans le cloitre, et même au chœur, sans être même revêtu de la cuculle, ou du froc monastique, occupé de ses affaires domestiques,

de celles de ses parens et de sa famille, comme s'il n'eut pas été abbé. Les religieux qui par des vues d'intérêt avoient fait choix de ce personnage si peu convenable, n'en tirèrent aucun avantage comme il n'étoit nullement affectionné au bien de la maison, il n'en procura jamais le profit. H gouverna l'abbaïe pendant cinq ans et mourut en )205 ou )206. Son nom est marqué dans le nécrologe au neuf d'aoust.

Il. NAHERUS, ËV6QCB DB TOUL, CONFIRME A L'ABBAIE LA DONATIOFf DE L'EVBQUB HENRI, ')203.

Sous son gouvernement, Maherus ou Mathieu de Lorraine, évêquc de Toul confirma, en )303, ia donation que Henri, l'un de ses prédécesseurs, avoit faite des autels ou des paroisses de S, Maurice et de S. Jean, à l'abbaïe de Senones. Ce Maberus est célèbre dans notre histoire par ses dérèglements

et par sa fin malheureuse. On peut voir Richer, 3, c. '1, 2, 3, 4, p. 327 et suiv. et notre histoire de Lorraine, tomll, p. 147, 48 J 49 etc.

CHAPITRE XtX

HENRI, XXXUe ABBÉ DE SENOKES, DEPUIS 120o OU 1206, JUSQU'EN-t22o.

I. BONNES ET MAUVAISES QUALITES DE HENRI.

Henri étoit religieux du monastère de Senones lorsqu'il en fut élu abbé. Il étoit originaire de Metz et assés savant pour ce tems là. Il avoit vécu longtemps dans le cloître et dans l'exercice des observances monastiques, aimant l'office divin et les solemnités des saints, chantant, lisant et réglant l'extérieur du culte du Seigneur d'une manière édifiante. Richer qui a vécu sous son gouvernement lui rend ce témoignage (~. 3, r. H ~0: 381~. Mai: ii avoue <;u'i! étoit trop nttaché aux

choses temporelles et ménager à l'excès. Comme il ne donnott pas aux religieux leurs nécessites comme il devoit, et comme ils étoient accoutumés de les recevoir, la division se mit entr'eux et la chose éclata d'une manière qu'il faillit exciter un schisme entre lui et ses religieux.

II. HENRI COMTE DE SALM ET SON ÉPOUSE RÉCONCILIENT L'ABBË HENRI AVEC SES RBL!G!ECX SUITE DE CETTE AFFAIRE.

L'abbé se voiant poussé par ses religieux eut recours à Henri comte de Salm voué de l'abbaïe et à la comtesse son épouse (c'étoit Henri II de Salm et Juditbe de Lorraine) il les gagna de telle sorte qu'il en faisoit ce qu'il vouloit. Il les fit donc venir à l'abbaïe et les pria de parler aux religieux et de les ramener à l'obéissance. Le comte et la comtesse emploièrent les prières, les menaces, les promesses, les présens, et firent si bien qu'ils les réconcilièrent à l'abbé et les engagèrent à lui rendra obéissance. Mais Henri reconnut bientôt le tort qu'il s'étoit fait à lui-même et à son abbaïe car le comte de Salm voiant le besoin que l'abbé avoit de son autorité pour se maintenir et pour réprimer la mauvaise disposition de ses religieux, ne mit plus de bornes à ses entreprises contre Ics droits de t'abbnïe et de ses sujets, agissant à sa volonté, sans aucune dépendance de t'abbé. It commença par imposer des tailles et à faire des exactions sur les sujets du Val de Senones chose qui ne s'étoif. point vue pratiquer jusqu'alors. D'où vient que l'abbé disoit souvent à ses religieux, en frappant sa poitrine Malheur à moi Qu'ay-je fait! Quand j'ai été élu abbé de ce monastère, a peine l'avoué tiroit- de tout le Val de Senones quatre livres, ou cent sois toulois, ce qui s'appeloit pn'ca: à présent, par ma faute, ces cent sols sont convertis en autant de livres. )) Voita le commencement des malheurs de l'abbaïe de Senones, les voués, depuis ce tems, ayant toujours empiété sur les biens du monastère, 8

et ayant commis une infinité de véxations contre elle et contre ses sujets.

III. MAUX QUE CAUSA HENRt A SON ABBAIB.

Pour entrer à présent dans le détail des maux que causa i'abbé Henri à son abbaïe pendant les 2) ans qu'il la gouverna, Richer lui reproche d'avoir pris trop d'autorité et d'avoir gouverné avec un empire trop absolu en sorte qu'aucun de ses religieux u'osoit lui résister, et que quand il vouloit une chose, il falloit qu'elle s'exécutât selon ses désirs, sans qu'il suivît d'autre loi que sa volonté. Ainsi il tint ses religieux dans un assujettissem*nt servile. Il supprima la prévôté, ou le prieuré de la Cour, qui étoit dans l'enceinte de l'abbaïe, et qui est aujourd'hui la ferme de S. Sauveur. I! ôta l'office d'aumonier, et retint entre ses maios celui de chambrier. H en usa de même de la plupart des obédiences, ou des prieurés; il en retint les revenus sans en remplir les places en y nommant des religieux. U laissoit ses biens a des fermiers de dehors, en sorte que les religieux ignoroient absolument l'état du monastère, tant pour ce qui se passoit au dedans qu'au dehors.

IV. OUVRAGBS DE L'ABBÉ HENRI AU PROFIT DE SON ABBAIB.

Mais on doit aussi lui faire justice sur le bien qu'il a fait à la maison, et reconno!tre que de son tems t'abbaïe et toutes ses dépendances étoient comblées de toutes sortes de biens. II bâtit un moulin à Art-sur-Meurthe sur la rivière où l'on en voit encore les vestiges. Il bâtit une maison de pierres à Rosheim, dans la cour franche de l'abbaïe, et il acquit la paroisse de Saint-Hilaire à Metz, au pont Remmon. Mais j'ai de la peine à suivre ici Richer, puisque Fégtisc de S Hilaire de Metz étoit déjà à l'abbaïe en 1)26; sous i'abbé Antoine, comme il paroit par la bulle d'Honoré II, et sous l'abbé

Humbert en 1 i 62. Elle avoit été donnée à t'abbé Antoine, par Etienne évoque de Metz.

V. DONATION DE L'ÉGLISE DE St HILAIRE DE METZ A L'ABBAIE. Il est vrai qu'en 1231 sous le gouvernement de l'abbé Henri, le chapitre de la cathédrale de Metz donna son consentement à la donation que Conrad, évéque de la même ville avoit faite à l'église de Senones, de l'église de S. Hilaire. Or i'évéque Conrad siégea à Metz depuis ')~0 jusqu'en ~)ai8. Il faut donc dire que Richer n'a voulu marquer autre chose, sinon que ce n'est qu'au tems de l'abbé Henri que cette paroisse de S. Hilaire a été bien assurée à l'abbaïe de Senones, ou que i'évéque Conrad nous donna l'autel de cette église et les revenus qui en dépendoient. En effet, on verra par la suite qu'elle appartenoit entièrement à l'abbaïe. Le pape Adrien VI l'unit en ~523, à la mense abbatiale. Cette paroisse ne subsiste plus on en a déjà parlé sous l'an H25.

Yt. DONATION OU ACHAT DU FIEF DE DONJEVIN, ~9.

La donation que Henri II, comte de Salm, Judith son épouse, Henri et Frideric ses fils firent à l'abbaïe de Senones en 12~9, de leur fief de Donjevin avec ses dépendances, situées à HerbéviHer et à Blumerey, sont des preuves de !a piété de ce seigneur et du soin qu'eut l'abbé Henri de procurer t'avantage de son monastère. Il est remarqué dans la charte qui en fut expédiée à Senones même le lendemain de la fête de S. Siméon en l'an )2i9, que cette donation se fit en présence de plusieurs témoins, en mettant un gazon sur l'autel des apotresS. Pierre et S. Paul; t~o~MK~ cespitis SM~' s~n'e s;)(M<o/o/'Km Petri et Pauli. Dans la même lettre, il est dit que !'abbé et ses religieux de Senones en reconnoissance de la libéralité du comte, lui donneront 60 livres de messins. Et le pape Honoré III, dans la confirmation qu'il fit de ce

présent, la même année, dit que les abbé et religieux ont achetté ce fief de Donjevin pour une certaine somme d'argent Allodïum de Dom~?~ quod cum pertinentiis suis pro certa emistis, M< proponitis, ~CM?HŒ quantitate. Ainsi, c'est plutôt une vente de la part du comte Henri qu'une véritable donation.

VU. LE PAPE HONORE IH CONFIRMB L'ÉGLISB DB S. HlLAIRB, BT LES PRIEURES DE LEOMONT, DE XURRS ET DEDENEUVRE, EN 't222. Le même pape Honoré III confirma au monastère de Senones l'église de S. Hilaire de Metz et les prieurés de S. Christophe de Léomont, de Xures et de Deneuvre. Il avoit con6rmé, en ~2)9. ie fief de Mervaville avec la chapelle qui y étoit, allodium de ~MrpaMt-ï~a cum coM~e~ tK ipso capellâ. On peut remarquer ici que quelquefois on donne pour patron au prieuré de Léomont la S~-Vierge, quelquefois S. Christophe et quelquefois S. Miche).

VIII. PRIEURÉ DE MERVAVILLE; SA FONDAT!ON, ETC.

A l'égard de Mervavitfe et de sa chapelle, voici la première fois qu'il en est fait mention dans nos titres; à moins que ce ne soit le même qui est nommé le fief de ~a:oMt- ci-devant dans )a bulle d'Eugène III, de l'an '))o2. C'étoit donc d'abord un fief, ensuite on y bâtit une chapelle. La dévotion y attira beaucoup de monde et quantité d'oiïrandes. On y envoia quelques religieux pour la desservir. En 't224, Eudes de Sorcy évéque de Toul, exhorta l'abbé de Senones à achever i'ëg)ise de ce lieu et Jui accorda les mêmes franchises et priviléges dont jouissoient les autres prieurés de la même abbaïe.

On trouve une charte de Catherine de Limbourg, duch*esse de Lorraine, épouse du duc Mathieu II, de l'an ~42, par laquelle elle donne au prieuré, de Mervaville, tout ce qu'elle

possédoit dans les bans de Mervaville et de Reulles. Ensuite elle raconte qu'une dame nommée Cunégonde de Viviers aiant perdu son mari et ses deux fils, Gospert et Thicrri qui furent enterrés dans le chapitre de Senones, elle donna pour le salut de leurs âmes au prieuré de Mervaville, les biens qu'elle possédoit dans le ban d'Epinal, et la moitié du fief qu'elle avoit à Reulles et à Mervaville, conjointement avec !a duch*esse Catherine de Limbourg dont on a parlé.

Sur ce pied là, il fandroit dire que c'est Cunégonde qui a donné les biens sur lesquels le prieuré de Mervaville est fondé: ce qui n'est nullement impossible, quoique nos anciennes chartes n'en parlent pas; mais de faire vivre Cunégonde en même tems que Catherine de Limbourg, c'est un anacronisme insoutenable. De plus ce titre de 't242 porte tant de caractères de fausseté, ou du moins d'altération que nous ne pouvons admettre son témoignagne au reste le village de Reulles, non plus que celui de Mervaville, ne subsiste plus. Mais le prieuré de Men'aviHe est en état, et en cette année 't729, on a fait réparer i'égfise qui est très-belle, et sans doute la même qui fut bâtie sous J'évoque Eudes de Sorcy. Mais en ')738, le 36 de janvier, une grande partie de la nef de cette église tomba de pure vétusté.

En 1753, on a supprimé le titre de prieur de Mervaville et on en a transféré les revenus à la maison de Breuil, proche la ville de Commercy pour y entretenir deux régens du coitégo étabti en ce Heu.

!X. ACQUET DE LA RIVIÈRE D'ART-SCR-HECRTHE, 1223, ')2M. L'abbé Henri acquit d'un gentilhomme de DameHviére une partie de la rivière d'Art-sur-Meurthe avec quelques autres biens au même endroit. Environ trente ans après, un seigneur nommé Othon d'Amance fit donation de ce qu'il avoit dans la même pescherie d'Art-sur-Meurthe. L'abbaïe possédoit cette partie de la rivière, qu'elle s'étoit réservée lorsqu'en ')702,

l'on a démembré de la mense abbatiale les dixmes, l'égHse et les autres biens qui lui appartenoient à Art-sur-Meurthe, pour les unir à l'abbaïe de S. Léopotd de Nancy. En ~732, les religieux de Senones ont échangé cette partie de la rivière qui leur appartenoit à Art-sur-Meurthe contre l'étang de la Rappe situé au-dessus de notre étang de Bademénil, qui a été achetté par les pères chartreux de Bosservitfe, et à nous cédé en échange de cette partie de la rivière que nous avions à Art-sur-Meurthe.

X BCHANGB DE CE QUE L'ABBA!E POSSÉDOIT A MOYEN CONTRE D'AUTRES BIENS, AVEC L'EVBQOE DE METZ, EN ')224.

L'abbaïe de Senones possédoit autrefois de grands biens à Moyen. Car outre !e droit de patronage et les dixmes dont elle jouit encore à présent, elle y avoit des droits considérables sur les hommes, les terres, les bois, les eaux, et même dans le ban ou la justice de ce lieu. Jean d'Apremont évéque de Metz engagea les abbé et les religieux à lui céder tout ce qu'ils avoient à Moyen, à la réserve du droit de patronage et des dixmes, et leur donna en échange dix livres, monnoie de Metz, à prendre annuellement sur les places ou maisons où ils faisoient leur sel à Vie, lesquelles étoient chargées envers lui de quelques rentes ou cens; jusqu'à ce que ces places ou maisons appartenantes à l'abbaïe de Senones fussent entièrement libres et déchargées de ces redevances, ou que ledit évéque leur eût assigné d'autres revenus à Vie ou à Metz de la même valeur de dix livres de produit annuel. Les lettres de cet échange furent passées à Metz, dans l'octave de l'Assomption de Notre-Dame, en 1324.

XI. JEAN D'APRBMONT, BVBQUE DE METZ, DONNE A 1/ABBAtE L'ÉGLISB DE COLOMBBY, EN 1224.

La même année, le primier, le doyen et tout le chapitre

de la cathédrale de Metz donnèrent leur consentement à la donation qui avoit été faite par Jean d'Apremont, évoque de Metz, à l'abbaïe de Senones, de la cure de Colombey dans le païs messin.

On a déjà vu dans la bulle de Calixte II, de l'an 1')23, que l'abbaïe possédoit dès lors l'église de Colombey. On la voit encore bien marquée dans la bulle d'Eugène III, de l'an ~52. Comment donc peut-on dire que l'évoque de Metz la donne à l'abbaïe en ')224? Il faut sans doute qu'il lui en accorde la collation et les revenus distingués des dixmes, ou au contraire qu'il leur en donne les dixmes distinguées du droit de patronage. Nous y avons encore l'un et l'autre.

XH. ACCOMPAGNEMENT DE HENRI LE LOMBARD A LA COUR OU MAISON FRANCHE DE BORVILLE

PAR L'ABBR HENRI, EN 122S.

Henri de Lorraine dit le Lombard, seigneur de Bayon, fils du duc Ferri de Bitche du nom, duc de Lorraine, fut associé, pour sa vie seulement, par l'abbé Henri à la cour franche que l'abbaïe de Senones possédoit à Borville, avec toutes ses terres et ses bestiaux, à la charge que ledit Henri le Lombard contribuera pour moitié aux charges et réparations de la cour et de ses appartenances, et jouira de la moitié du produit, en donnant annuellement à l'abbaïe un cens de quatorze sois toulois payables à la S. Remi. Et lorsque ledit Henri le Lombard sera décédé, tout ce qui se trouvera dans ladite cour de Borville ou dans la seigneurie, appartiendra sans dimcdté à l'abbaïe, à qui il en fait donation pour le salut de son âme; dès ce moment l'accompagnement cessera et le monastère rentrera dans tous ses biens comme auparavant. La lettre en fut passé à Senones le vendredi d'avant Noël de l'an 't225. Elle fut faite double et écrite sur le même parchemin, l'une à un bout, et l'autre à l'autre bout. Entre les deux on écrivit en gros caractères le mot c/~ro~rap/w~, que l'on coupa par le

milieu, en sorte que chacun des deux contractans' en eut moitié. Cela servoit à prévenir et empêcher les fraudes et les falsifications des titres, que l'on vérinoit en les approchant les uns des autres. Cette précaution fut fort commune dans tout le Xin~ siècle, et nous avons plusieurs titres de cette sorte dans l'archive.

Il y a beaucoup d'apparence que la clause qui portoit que la cour de Borville et ses dépendances retourneroient àt'abbaïe après le décès du prince Henri le Lombard n'eut point d'exécutiot). puisQU'cncore aujourd'hui les seigneurs de Rayon jouissent de cette cour et de ses dépendances. Au reste Henri avoit pour frères Philippe sire de GerbéviDer et Thierri surnommé d'Enfer, qui sont dénommés dans le titre d'accompagnement avec le duc Thiébaut leur oncle. Ils y avoient tous mis leurs sceaux; mais il ne reste plus que celui du duc Thiébaut.

Henri favorisa toujours t'abbaïe de Senones, comme on le verra ci-après. H fut enterré dans l'église de ce monastère avec la princesse Agnès son épouse. Leur tombe à présent se voit au bas de l'autel de la Vierge avec les armes de l'un et de l'autre, mais sans inscription. Nous créions que l'épouse de Henri le Lombard étoitde la maison de Riste; elle a pour armes deux cignes naissans. Leur mémoire est marquée dans le nécrologe de Senones t'onzième des calendes de février, c'est-à-dire le 22 janvier, et il est dit qu'ils donnèrent 40 sols sur la taille de Borville pour leur anniversaire. Agnès, dame de Bayon épouse de Henri est marquée en particulier au 3~ des ides d'octobre, et il y est dit que ses héritiers donnent aux frères 20 sots par an pour son anniversaire. Cet accompagnement est le dernier monument que nous trouvions de l'abbé Henri, Richer 4, c. 20. Il mourut dans Fabbaïe de Beaupré, où il étoit tombé malade, et son corps fut rapporte u Senones et enterré au chapitre, qui ètoit à peu près où est aujourd'hui la sacristie. Sa mort est marquée dans le nécrologe au 2') septembre.

L'an ~733, en relevant le pavé de t'égtise on trouva ce

fragment INSIGNIS HBNmCVS EST VOCITATVS. StGBNVS EST CERTB GRNBROSO SANGVINE CRBTvs, tiré d'une moitié d'une tombe gravée fort proprement. Elle ne peut regarder Henn Breton de Deneuvre abbé de Senones, dont on vo~t la tombe et l'épitaphe à présent devant l'autel de S. Joseph.

CHAPITRE XX.

VIDRIC XXXIH~ ABBÉ, DEPUIS -t224 JUSQU'EX <238. I. VIDRIC ABBÉ DE SENONES. SA NAISSANCE, SES VERTUS. DIFFICULTÉS

SUR LE COHMBNCEMBNT tB SON GOUVERNEMENT.

Vidric étoit sorti de la famille des seigneurs de Couvay. Bicher l. 4~ c. 2d. I) avoit été élevé dans l'abbaïe de Senones et y avoit fait profession de fa vie monastique. Détoit de bonnes moeurs et avoit de fort belles manières selon le monde. Il aimoit l'office divin et s'en acquittoit volontiers. 1) imita en cela son prédécesseur, ainsi que dans la bonne économie du temporel de son monastère.

Il y a dimculté sur l'année de sa promotion à l'abbaïe. J'ai vû un titre de !'abbaïe de Beaupré où il est qualifié abbé dès l'an ~22~. Cependant, Henri son prédécesseur étoit encore abbé le vendredi d'avant Noël ')228. Vidric étoit aussi abbé au mois d'octobre ~22o comme nous le voions par nos chartes. Comment concilier tout cela? Et si Henri n'est mort que vers le 2~ septembre, comme le marque le nécroioge, il faudra dire que ce n'a été qu'en 1226, et par conséquent qu'il étoit encore abbé en cette année.

Pour accorder ces différences, je ne vois qu'un seul moien, qui est de dire que Vidric avoit été élu abbé ou coadjuteur de Henri dès l'an ~224, ou que dès cette année Henri avoit fait une démission de son abbaïe en faveur de Vidric, se

réservant toutefois le titre d'abbé sa vie durant. Nous avons déjà remarqué la même chose dans les abbés Gérard, Thierri et Vautier.

II. VIDRIC RÈGLE L'OFFICE BIVtK DANS SON ABBAIB.. Avant que d'entrer dans le récit des choses que Vidric fit au-dehors de son monastère, il faut premièrement rapporter ce qu'il fit au-dedans pour le bon ordre de l'omce divin. Bicher l. 4, c. 22. Sous l'abbé Henri son prédécesseur on ne récitoit pas au choeur et en commun les heures canoniales de tierce, sexte, none et complies mais seulement matines, prime et vêpres. Et pour l'office de la Vierge que les religieux récitoient tons les jours, ils ne le disoient pas au chœur; mais après matines, ils alloient dire, sans chanter, les matines de la Vierge devant l'autel de la Croix avec les laudes de tous les saints. On y disoit de même les vêpres de la Vierge après les vêpres canoniales.

H!. L'OFFICE DE LA VIERGE SE DLSOtT TOUS LES JOURS

A SENONES.

Mais l'abbé Vidric ordonna qu'on chanteroit au chœur toutes les heures canoniales, et pour l'office de la Vierge, il voulut qu'après les matines canoniales, les religieux allassent en procession avec le luminaire et en chantant un répons .de la Vierge, qu'on allât, dis-je, à l'église de la Vierge ou la Rotonde, et qu'on y chantât ses matines. Pour les aulres heures de l'office de N.-Dame, il régla qu'on les chanteroit au chœur après les heures canoniales, à l'exception des vêpres qu'on atioit chanter à la Rotonde, après les vêpres canoniales, chantées au chœur.

IV. ON DÏSOtT TOUS LES JOURS 3 MESSES SOLENNELLES A. SENONES.

A l'égard de la messe, sous l'abbé Henri, on en céiébroit

tous les jours trois dans le monastère. ~° Celle du matin se cbantoit à la Rotonde par la communauté avec l'office de tierce qui la prëcédoit. 20 La messe couventuelle au grandautel de l'église de S. Pierre; et la 3e à S. Siméon mais à cette dernière la communauté n'y assistoit pas; et comme le prêtre qui la célébroit avoit plus de peine que les autres, à cause de l'éloignement de la chapelle de S. Siméon, Henri lui faisoit donner une portion de vin au-dessus de l'ordinaire; car de;) lors les religieux recevoient en particulier leur portion de pain et de vin.

L'abbé Vidric conserva le même nombre de trois messes par jour; mais il voulut que la messe matutinale se chantât à S. Siméon et par toute la communauté présente; que la messe conventuelle se dit à l'ordinaire dans la grande église, et que la 3e se célébrât à N.-Dame ou à la Rotonde, mais non pas par la communauté. Il paroit par Richerius que c'éroit le prêtre semainier qui disoit toutes ces 3 messes Qui hebdomadarius majoris missae et matitunalis esset, hanc tertiam J/tssaM a~S'~ ~a?'M~ cum coadjutore ce~6)'s're<, et qu'il avoit une portion de vin qu'on lui donnoit par surérogation du Cellier. C'est ce qui s'observoit encore du temps de Richer. Richer, l. 4, c..23, p. 386.

V. BATtNENS FAITS PAR L'ABBÉ VIDRIC.

Vidric fit quelques bâtimens dans son abbaïe. Il fit voûter le cloître et l'orna de piliers et de colonnes depuis la porte qui conduit au chapitre jusqu'au réfectoire. C'est sans doute le cloître que Fon démolit en 1708, lorsqu'on commença le nouveau bâtiment. Il bâtit aussi une chambre ou un appartement entre la porte de devant et le moutier ou l'église. C'étoit le quartier abbatial, qui fut démoli par l'abbé D. Alliot, en 1688, lorsqu'il bâtit sa nouvelle maison abbatiale, dont nous avons cédé une partie aux religieux. En <22o, qui est la première année où le nom de Vidric paroit dans les chartes de l'abbaie de Senones, il s'accorda

avec Frideric de Btamont et la dame de Dombâie femme de Frideric, par la médiation de Matthieu II, duc de Lorraine, au sujet d'une corvée ou pièce de terre située au-dessus de Crévi, et dépendante du prieuré de Léomont. Il fut arrêté que )c seigneur de Blâmont et son épouse jouiroient de cette pièce de terre pendant sept ans, après quoi elle retourneroit à la maison de Léomont; que si toutefois la dame de Dombasle venoit à mourir dans cet intervalle des sept années, dès ce moment la corvée seroit rendue à Léomont. Je ne rapporte ce titre que pour faire connoîfrefer~ ou Frideric de Blâmont, qui étoit frère de Henri comte de Salm, voüé de l'abbaïe de Senones. Dans le même titre, il est parlé de Philippe de Lorraine, seigneur de Gerbéviller et de Rosières, Richer, 2, c..25', et du seigneur de la Haute-pierre.

VI. SEIGNEURS DE LA HAUTE-PIERRE.

Ces seigneurs de la Haute-pierre prenoient leur nom d'un château situé près la Haute-pierre au dessus de l'abbaïe de Moyenmoutier. Richer, 4, c. 33, p. 3<M, remarque que ce château fut bâti par Albert sire de Paroye en 'H93, et qu'il fut détruit la 26 année du gouvernement de l'abbé Yidric. F. Histor. MecK<MH-mo7KM<. p. 3~2, 3~3. Or ce château étoit certainement détruit en 1224. Par conséquent, il faut mettre le commencement de Vidric avant l'an ')2'25. Il faut donc avouer que Vidric commença à porter le titre d'abbé de Senones quelques années avant la mort de l'abbé Henri, ainsi que nous l'avons déjà remarqué ci-devant. Lorsque le château de la Haute-pierre fut renversé, c'étoit Albert de Paroye qui en étoit seigneur. Il obtint du duc Matthieu la permission de bâtir un autre château sur la montagne d'Aensus audessus de Cotroy, dans le val de Saint-Diez. Mais i! est certain qu'Albert de Paroye ne bâtit point de château à A~MMs prés de Colroy. Il répara celui de la Haute-pierre, et sa postérité y subsista encore longtemps après lui. Aussi n'est-il pas dit dans le traité d'accomodement entre le duc Matthieu et lui

qu'il bâtiroit, mais qu'il pourroit bâtir près Colroy, ou rebâtir la Haute-pierre. Je crois entrevoir des vestiges du nom d',4~MM~ dans celui de Lassu, ou Lassé, ou Lesseux, à une demie lieuë de Colroy.

VU. CURE BT DIXMES DE RAMBERVtLLBR; DISPUTES A CE SUJET EN ~223, 't227 ET ~229.

L'église et les dixmes de Remberviller avoient été données au prieuré du Moniet par Etienne de Bar fondateur de ce prieuré, en )126. Les religieux en avoient joui assez longtems sans contradiction, lorsque certains gentilshommes de Ramberviller s'emparèrent d'un tiers de ces dixmes, prétendant les avoir reçues en fief d'Etienne évéque de Metz. Les religieux du Moniet en portèrent leurs plaintes au pape, qui en écrivit à Pierre de Brixey, évéque de Toul (qui siégea depuis l'an ~68 jusqu'en '))92). Ce prélat ayant inutilement emploié la voie des exhortations et des remontrances envers ces seigneurs, se vit enfin obligé de les excommunier. Ils rentrèrent ensuite en eux mêmes, et aiant pris la croix pour faire le voyage d'outremer, ils vinrent au prieuré du Moniet et remirent sur l'autel la part des dixmes dont ils s'éfoient emparés. Mais quelque tems après un de leurs descendans, père de Simon gentilhomme de Remberviller, s'en empara de nouveau par le crédit de son frère nommé Renaut, qui étoit receveur général de l'évêque de Metz dans la Vosge. Les religieux du Moniet se plaignirent de cette violence et le firent excommunier. Ce châtiment ne lui fit pas changer de conduite, et il mourut dans son excommunication.

Simon de Remberviller son fils retint ce que son père avoit injustement possédé, et Vidrie s'étant pourvu auprès de Jean d'Apremont évêque de Metz, dont Simon étoit feudataire, t'évcque nomma pour commissaire l'abbé d'Autrey et le prieur de Salone, qui firent leur rapport, ainsi que nous venons de l'exposer. L'abbé et Simon mirent l'affaire en arbitrage entre

les mains de Thierri de Deneuvre et de Jean le Brun de Vie, qui prononcèrent que l'abbaïe de Senones, ou le prieuré de Deneuvre rentreroit en possession du tiers des dixmes de Remberviller en question, et que l'abbé Vidrie paieroient 30 livres de toulois à Simon pour être employées à achetter un fond qu'il reprendroit en fief de f'évéque de Metz, afin de dédommager en quelque sorte ce dernier de l'hommage qu'il recevoit auparavant de Simon, à cause de ce tiers des dixmes. Cette sentence fut rendue en ~229, et l'évêque de Metz la ratifia la même année, au mois de juillet.

VIII. CESSION DE LA CURE DE RAHBBRVtLLBR OU DU DROIT DE PATRONAGE, A L'ABBAIE DE SBNONBS, EN ')227.

Pendant ces procédures et en l'an ')227, Eudes de Sorcy, éveque de Toul à la prière de l'abbé Vidric, céda à l'abbaïe de Senones le personat de la cure de Ramberviller, c'est à dire le droit de patronage et les revenus de l'église dont elle possédoit déjà les dixmes comme on l'a vu, à la charge de donner au prêtre qui devoit lui être présenté pour la desservir, un revenu raisonnable pour sa subsistance, au jugement de t'évoque, sauf le droit de l'évêque et celui de l'archidiacre. C'est-à-dire que l'évéque se réserve le droit d'instituer le curé et de connoitre de ses vie et moeurs et à son archidiacre, le droit attaché à sa dignité d'archidiacre. Mais la même année et au même mois d'octobre, Villaume, archidiacre de Toul, céda aussi son personat à Vidric. Je ne vois pas distinctement si la cession de l'archidiacre Villaume est antérieure à la donation de t'évoque elles sont toutes deux de la même année au mois d'octobre le jour n'y est pas marqué il est croiabie que ces deux choses se firent en même tems. II est certain que la cure de Ramberviller est demeurée depuis ce tems à t'abbaïe de Senones en toute propriété, tant pour le droit de patronage que pour les dixmes.

IX. LES REVENUS DE LA. CURE DE SAINT-NAURtCE RESTITUES AU COUVENT DE SENONES, EN 1233.

On a vu ci-devant que sous l'an H23, t'égtise de SaintMaurice au val de Senones et ses revenus avoient été donnés à l'abbaïe au jour de la dédicace de l'église de Notre-Dame de la Rotonde. Quelque temps après, l'abbé Gérard céda les revenus de cette cure à Folmare archidiacre de Toul lequel en jouit pendant tout le gouvernement de l'abbé Gérard. Mais l'abbé Henri, son successeur, ayant fait voir à Folmare que les revenus appartenoient à la mense des religieux de Senones et non à l'abbé Folmare, les remit et reconnut le droit des religieux. Mais Vidric, qui succéda à Henri, demanda pour plus grande assurance que Folmare donnât un acte de tout ce qui s'était passé. Ce qu'il fit le lendemain de Pâques ~33.

ï. DONATION M NAGNBVJLLB PAR HENRI DE DOHBASLB EN ~235. En ')235, Henri de Dombasle frère du comte de Salm fit donation à l'abbaïe de Senones entre les mains de l'abbé Vidric, de tout ce qu'il avoit acquis à MagneviUe en terres, en preys, en bois et en autres choses. La même année un nommé Vidric d'Etinges, prévôt de i'évéque de Metz témoigne que Févéque de Metz restitua au monastère les deux tiers du moulin de Lorquin ou de Loritiges, dont Vaterie, un de ses prédécesseurs d'heureuse mémoire s'était emparé longtemps auparavant. (Je ne connais pas cet évoque Vaterie ou Vatenric; il ne se trouve pas dans les listes des évêques de Metz). Mais comme Etienne, prieur de Lorking avoit emprunté cinquante livres du susdit Vidric, il ne devoit rentrer dans la jouissance de son moulin qu'après le remboursem*nt de cette somme au prévôt. L'acte est scellé de l'abbé de Hesse et de l'archiprètre de Sarbourg.

XI. CONFIRMATION DES BtBNS DU MON!ET PAR GRËGOIRB IX ~230 et ~38

Le pape Grégoire IX à la diligence de l'abbé Vidric, donna deux confirmations des biens du Moniet, l'une générate en 1230, et l'autre particulière pour les biens que ce prieuré possédait en Alsace principalement les vignes qu'il avoit à Rosheim à Châtenoy et à Regisvilla (peut-être Roschvir,) où Richer, e. ~3, 883, dit que l'abbé Vidric avoit acquis un bien considérable pour la somme de 80 marcs d'argent lequel bien fut perdu sous l'abbé Baudouin, successeur de Vidric.

XII. BROOtLLBRIES ENTRE LE COMTE DE SALM ET L'ABBE VIDRIC. LBS RELIGIEUX DE SBNONBS

SE RETIRENT A RAMBBRVILLBR ET A LBOMONT.

Tout ce que nous venons de dire est une preuve de la diligence de l'abbé Vidric et de son attention à conserver les biens de son abbaïe, et à y maintenir le bon ordre. Pendant qu'il étoit ainsi occupé à procurer le bien dp son monastère, il lui survint une fâcheuse affaire avec Henri IH, comte de Salm fils du comte Henri II et de Judith de Lorraine, dont on a parlé ailleurs à l'occasion que nous allons dire. Le comte prétendit que Jean et Geoffroi, gentilshommes de Couvay, frères de l'abbé Vidric, et Raoul d'<3Mero: autrement d'Outray, Richer, 4, e. p. 385. (Outray étoit une maison ou un petit village situé sur le ruisseau et dans le vallon qui sont à l'occident de la Petite-Raon; il y avoit aussi un moulin), efoient ses vassaux et dcmeuroicnt sur ses ferres, dicens eo~ esse de familid sua, (dans le style de ce temps-là, être de la /a??nHe d'un ~MCMr signifioit être son vassal, s'il s'agissoit d'un gentilhomme, ou être son serf, s'il s'agissoit d'un particulier, car alors presque tous les sujets étoient serfs.) Les

gentilshommes dont on vient de parler, soutenoient au contraire qu'ils ne dépendoient en rien du comte de Salm. Celuici fit saisir tout ce qu'ils possédoient dans son comté et les fit arrêter eux-mêmes.

L'abbé Vidric prit part à cette querelle et fit citer le comte devant les évêques de Metz et de Toul. On y plaida longtemps sans rien conclure. Enfin Vidric prit une résolution d'éciat, croiant par ta toucher le comte et l'obliger à se relâcher. H fit sortir tous ses religieux de l'abbaïe de Senones, et en mena une partie à RamberviHer et envoia les autres à Léomont, où il fit aussi porter le corps de Saint-Siméon que l'on tira de la châsse d'argent où il étoit enfermé.

Il ne demeura dans le monastère que cinq religieux qui étoieut attachés au comte de Salm, et qui ne jugèrent pas à propos d'en sortir, le comte leur fournissant du sien la subsistance nécessaire. Cet attachement opiniâtre au comte, et cette demeure dans l'abbaïe sans le consentement de Vidric, aigrirent cet abbé, qui se plaignit de )eur désobéissance aux évoques de Metz et de Toul qui ordonnèrent que ces religieux rebelles seroient punis et mis en prison. Ces ordres furent exécutés. Quatre de ces religieux furent arrêtés et enfermés dans une tour à Ramberviller le cinquième s'étant trouvé absent, évita le sort qu'avoient eu ses confrères. Les choses étoient portées de part et d'autre à un tel excès, que l'on vit bien que le comte et l'abbé ne vivroient jamais en bonne intelligence, à moins que les frères de Vidric ne fissent quelque satisfaction au comte. Les amis communs s'entremirent et les trois gentilshommes firent leur accommodement. Le comte les relâcha, leur rendit leurs biens et bientôt après le comte et Fabbé firent aussi leur paix. Le comte promit de rendre tout ce qu'il avoit pris sur l'abbaïe, et l'abbé mit en liberté ses religieux.

Richer parlant de ce comte Henri III (~. 4, c. ~6, p. 893.) en fait un portrait des plus hideux. I! dit qu'il conçut le dessein de dépouiller ses père et mère de leur seigneurie, et de les enfermer dans un monastère ce qu'il auroit apparemment exécuté s'il n'eût 9

été prévenu par la mort. Que dans une grande maladie ayant été cru mort on l'ensevelit et on le porta à Haute-Seille pour y être enterré que la nuit qui suivit son enterrement, on entendit de grands cris à son tombeau. Le lendemain on ouvrit la terre et on le trouva qui étoit renversé dans son cercueil ce qui fit juger qu'il avoit été enterré encore vivant. Un jour l'abbé Vidrie l'étant allé trouver pour lui faire quelque remontrance sur certains biens de son abbaïe, dont il s'étoit emparé, Henri le reçut avec hauteur et lui dit d'un ton menaçant et jurant par S. Nicolas, dans la chapelle duquel ils étoient alors, dans le château de Deneuvre, qu'avant qu'il fùt la S'-Remi, il lui feroit tant de déplaisir dans sa personne et dans ses biens, qu'it l'obligeroit à souhaiter être plutôt outremer pour n'en revenir jamais. Mais la maladie qui fut suivie de sa mort, arriva bientôt après et l'empêcha d'exécuter sa mauvaise volonté.

XUJ. VIDRIC EST CHOISI POUR ABBÉ DE S'-BVRB DE TOUL. BROUILLERIES A L'OCCASION

DU CHOIX DE SON SUCCESSEUR, VERS -t236.

Quelques temps après, c'est-à-dire vers l'an 1236, i'abbaïe de S~-Evre de Toul étant vacante par le décès de Geoffroy, abbé de ce monastère, et les religieux ne pouvant s'accorden sur le choix d'un successeur, s'adressèrent aRogerdeMarcey, évéque de Toul, et le prièrent de leur procurer un bon abbé. Il leur suggéra Vidric, abbé de Senones, qu'il honorait d'une amitié particulière, et leur conseilla de j'étire.

lis i'é)urent et Vidric accepta l'honneur qu'on lui faisoit. Mais il avait dessein de faire tomber son abbaïe de Senones, à un de ses parents, qui en étoit religieux. I) en parla à son chapitre, qui n'y voulut pas entendre. Il fit venir à Senones les évêques de Metz et de Tout et Vuillaume abbé de S' Mansuy et quantité de personnes distinguées par leurs emplois et par leur condition et qui lui étoient dévouées. Ils parlèrent à la communauté assemblée, ils virent les religieux en par-

ticulier; ils employèrent les raisons, les caresses, les promesses, les menaces pour les engager à faire ce que désiroit leur abbé. Ils ne purent rien gagner, et s'en retournèrent comme ils étoient venus les religieux disant qu'ils vouloient une élection libre, et que Vidric n'ayant pas encore fait sa démission, ils n'étoient pas en droit d'en élire an autre. II s'y prit ensuite d'une autre sorte, qui fut de tâcher de gagner ses religieux par des présents, des grâces, des promesses. H donna à l'un l'aumônerie, à l'autre la chambrerie ou l'hôtellerie, à celui-ci la trésorerie, à celui-là la charge de prieur du monastère. Il promit aux autres de les envoier aux obédiences, ou aux prieurés du dehors dépendaus du monastère. Chacun d'eux reçut avec joie les présens qu'il leur fit, mais nul ne voulut se rendre à ses désira. Tous les jours c'étoit de nouvelles tentatives; tantôt c'étoient les évoques, tantôt les abbés, tantôt les gentilshommes, tantôt des clercs ou des députés qui venoient solliciter les religieux de condescendre aux volontés de Vidric. Celui-ci voiant que les esprits ne se réunissoient point, proposa de déférer l'élection aux deux évoques de Metz et de Toul dont il se tenoit assuré. Nous nous assemblâmes, dit Richer, qui eut beaucoup de part à cette affaire, au jour nommé dans l'abbaïe de Beauprey. Les deux prélats insistoient fortement à ce que la communauté de Senones se réunit dans )e choix du sujet que l'abbé proposoit, mais n'y voiant aucune disposition, ils nommèrent pour abbé l'aumônierde l'abbaïe de S. Vanne de Verdun, qui ne tint compte d'accepter l'abbaïe, parce qu'il comptoit d'avoir celle de S. Vanne, dont l'abbé étoit très-infirme et fort âgé. Alors Vidric renouvela ses instances et sollicita de nouveau les religieux de Senones à donner les mains à ce qu'il souhaitoit; mais il ne put rien obtenir parce qu'ils insistoient toujours sur leur droit d'élection, et qu'ils ne vouloient pas qu'on donnât atteinte à leur liberté. A la fin fatigués de tant de sollicitations et de tant de remises ils résolurent de faire un effort sur l'esprit de Vidric afin qu'il les laissât procéder à une élection. Ils lui proposèrent de lui abandonner le prieuré

de Léomont, dont il porteroit le revenu à son ahbaïe de S. Evre. On en dressa le traité, et on le mit entre les mains de Vidric, puis on prit jour pour !'é)ection. Il s'y trouva et parla avec sept ou huit religieux qui favorisoient son parti, et qui jusqu'alors avoient été la cause du retardement de l'élection. Au jour nommé on proposa pour éviter le tumulte et le partage de voix de prendre la voie du compromis plutôt que celle du scrutin, ou quetqu'autre voie de celles qui sont en usage dans ces occasions.

Vidric et ceux de son parti y consentirent, à condition que l'un des trois compromissaires seroit pris du nombre de ceux qui étoient attachés à Vidric. La communauté choisit un ancien religieux nommé Jean. Mais le moine Richer, de qui nous tenons ces particularités, dit que le parti de Vidric, nomma Frédéric, prieur de Xures. L'on proposa à ce dernier tous ceux de la communauté à qui l'on pouvoit penser pour i'abbaïe, mais il n'en agréa aucun. On iui offrit ensuite des prieurs et d'autres personnes de mérite qu'il rejctta de même, et comme il rendoit compte à l'abbé Vidric de ce qui s'étoit passé, on dit qu'il répondit « Puisque ces religieux ne veulent pas s'accorder, je leur ferai donner .un abbé tel qu'ils le méritent x.

XIV. BEAODOU)N PRIBCR DE VARENGÉVILLE ÉLU ABBÉ DE SBNONBS, VERS L'AN 4237.

En euet, il consentit qu'ils é)ussent un nommé Baudouin, religieux de Gorze, qui venoit d'être fait prieur de Varengéville. On le présenta à Roger évêque de Toul, qui eut toutes les peines du monde de l'admettre et de confirmer son élection. Baudoin se tendit à Senones vers le tems de la Purification de J'an 'i236 ou '1237, et fut reçu avec grand appareil et en procession, par les religieux de la communauté. XV VIDRIC PREND POSSESSION DE L'ABBAIB DE S. EVRE, VERS ~37.

t

Pour Vidric, il alla à son abbaïe de S~ Evre et emporta

avec lui tout ce qu'il put, tant de Senones que des dépendances. Car il n'ignorait pas que le monastère dont il a))oit prendre le gouvernement étoit dans un dénuement presqu'incr6yab)e des choses les plus nécessaires. Car croira-t-on qu'il n'y a pas de l'exagération dans ce que dit Richer (~. 4, c. 24, p. ~.S9.), que les meubles, les ornemens d'église, les croix, les calices, les chappes de soye étoient demeurés en gage chez une certaine femme de Metz; que les fermes et les seigneuries étoient toutes ou engagées ou aliénées que dans le monastère il n'y avoit qu'un seul âne emptoié pour aller chaque jour chercher la provision de bois pour la cuisine.

Malgré cet extrême dérangement, le nouvel abbé sçut si bien gagner les coeurs de tout le monde, et usa d'une si grande sagesse et de tant d'économie, que dans fort peu de tem", il rachetta tout ce qui étoit aliéné, et dégagea ce qui étoit engagé. Mais Dieu ne permit pas qu'il jouit longtems de l'abbaïe. Il y entra vers l'an 1237, et il mourut vers l'an 4246 ou 1247. I) fut enterré dans son abbaïe, sous une tombe élevée et ornée de sculptures assés propres à la droite de l'égtise. On n'y voit plus aucuns anciens tombeaux depuis la démolition qui fut faite de cette église en 1552, à l'occasion du siège de Metz par l'empereur Charles V, que l'on craignoit qu'il n'assiégeât aussi la ville de Toul. Sous i'évéque Vidric, en 1242, les deux abbaïes de Senones et de St Evre entrèrent en société de prières pour un acte solemnel passé en cette année 1242.

Dès auparavant et au neuvième siècle, le monastère de Senones étoit associé aux prières de )'abbaïe d'Augie-la-Riche, ou Reichenau. (V. ~aMH<m, Fe<e7'. anal. p. ~2~ édit. infolio.)

L'abbaïe de Senones étoit aussi en confraternité de prières avec les pères de Citeaux, et en particulier avec les religieux de Maisiéres, ~<M(M'eMMMM:, ancien prieuré dépendant de l'abbaïe de Haute-Seille, aujourd'hui réduit en simple métairie à quatre lieues de Haute-SeiHe. A~e?°o~e de Senones, 2 calendas februarii.

Les abbaïes de Moyenmoutier etd'Etivatne~ont entrées en société de prières avec nous, par acte autentique, qu'en <594.

Nous étions aussi en confraternité avec les pères de Belchamp, Voyez le nécrologe VI idus décemb. Item avec les pères de S~ Pierre de Corbie Nécrologe. v ~{. octob. Obiit Radulphus abbas, Johannes abbas, cum duobus prioribus et XLIsacerdotibu, ~a~MOT' diaconibus, septem pro fessis ~cc~sM S. Petri de Corbeia. Item, avec i'abbaïe de Montier-en-Derf: Nécrolog. Senon. III idus ms7'<M; de S. Pierremont, de Belval, de Tournus, de Péris ordre de Citeaux:A~ro~e~ Peris. Item avec tes pères de Marbach, II idus martii.

CHAPITRE XXI

BAUDOUIN, XXXIY~ ABBÉ, DEPUIS L'AN ~238 JUSQU'EN d270.

t. CARACTÈRE D'ESPRIT DE BAUDOON,

Baudouin aiant été fait abbé de Senones, de la manière

que nous avons dit, prit possession de son abbaïe vers la Purification de la Vierge de l'an 4239. C'étoit un jeune homme d'âge et de moeurs légers, Richer, c. 25 page 390, causeur, emporté, écoutant volontiers les rapports, présomptueux, abondant dans son propre sens, aimant les flatteurs et la vaine gloire. Dans les commencemens il avoit accoutumé de dire à ses religieux Mes frères, vous voiez que je suis jeune et que j'ignore les usages et les pratiques de votre monastère, l'état des choses et des intérêts de la maison; c'est pourquoi si je fais, ou si je dis quelque chose qui ne convienne pas, avertissez-moi, afin que je me corrige. Toutefois quand on lui donnoit des avis, il n'en prontoit que peu ou point du tout. Il aimoit à exercer )'hospita)ité, principalement pour les nobles et les personnes dévouées au service et aux intérêts du monastère. I) les traitoit fort bien, et pour les divertir, il

se plaisoit même à voir des bouffons et des baladins, dans leur compagnie. Ce qui fait juger à quel point la discipline étoit déchue en ce tems-)à.

Il. BAPDOU!!t RÉCUPÈRE LE PRIEURR DE LËOMOKT. La première année de son gouvernement, Baudouin aiant appris que les religieux de son abbaïe avoient cédé le prieuré de Léomont à l'abbé Vidric, s'adressa aux visiteurs de l'ordre de S. Benoit, qui avoient tenu depuis peu un chapitre général par le commandement du pape, et dont un des visiteurs étoit l'abbé de S. Mathias de Trèves il s'adressa, dis-je, à eux, et obtint des lettres adressées à Vidrie, par lesquelles il lui étoit ordonné de rendre incontinent à Baudouin le prieuré de Léomont sous peine d'excommunication. Ainsi Baudouin rentra dans la jouissance de ce prieuré, .HM<. de Lorraine t..2. preuves, pag. CCC'CZLfF.

III. ÉDIFICBS ET AUTRES BIENS QUE BAUDOUIN FAIT

A SON MONASTERE.

Baudouin quoique non exemt dé fautes avoit toutefois de bonnes qualités. Richer l. 4, c. 25, page 390, 39/, avoue que s'il eût été plus aSectionné à ses religieux et qu'il les eût traité d'une manière plus paternelle, s'il eût été plus assidu, à l'office divin et à célébrer la sainte messe, et plus exact à observer les pratiques de son monastère, qu'il eût plus souvent pris l'avis de ses religieux, enfin qu'il eût vécu d'une manière plus religieuse et plus digne d'un chef de communauté, tes religieux n'en auroient pas souhaitté un meilleur. Il acheva de voûter le cloître que Vidric avoit commencé et qu'il avoit conduit jusqu'à la chapelle de )a Vierge nommée la Rotonde. I) avoit deux tailleurs de pierre, dit notre historien, dont l'un étoit convers, et i'autreprébendier, qui y travaiffoient assidûment. Cela fait voir queUe étoit alors la rareté des ouvriers. Il constrfnsit quelques nouveaux moalins et en répara d'anciens. Il en bâtit un à Reclonville

et un autre à C~M~ autrement C/M~&M~M, qui appartient à l'aumônerie. H rétablit celui de Merviller et acheva celui de Lorfinge, que Pierre prévôt d'Anserviller avoit commencé. Tout cela est aujourd'hui perdu.

IV. DONATIONS FAITES AU PRIEURE DE MERVAVILLE RN 1238, 't239.

Le prieuré de Mervaville étoit alors en vénération par les merveilles que Dieu y opéroit par l'intercession de la S~ Vierge, et par la grande dévotion des peuples qui y venoient en pélérinage et y faisoient des biens considérables. L'abbé et les chanoines réguliers d'Autrey lui cédèrent une terre qu'ils avoient entre Reulles et Mervaville, moiennant un cens de trois sols toulois. La lettre de donation est de l'an 4238, et en françois. C'est la plus ancienne pièce en cette langue, qui se trouve dans notre archive. Il seroit mal aisé d'en voir ailleurs de plus vieille en cette langue, car ce n'est que depuis 4230 ou environ qu'on a commencé à écrire quelques lettres en françois.

C'est vers le même tems et un peu plus tard que l'on commença à prendre des surnoms. En 4339 un nommé Conon surnommé le Go~M, demeurant à Domptail, donna au même prieuré, une terre qu'il avoit aux environs de là. La lettre est sce))ée du sceau de Vidric, abbé de S. Evre, qui étoit venu à Senones à la fête de S. Siméon. On rapporte aussi à Fan 4242 une lettre de Catherine de Limbourg, duch*esse de Lorraine, qui donne à cette église tout ce qu'elle avoit dans les bans de Reulles et de Mervaville. En 4234. Jaques de Lorraine, évéque de Metz, accorda à ce prieuré, en récompense de ce que l'abbé et le couvent de Senones lui avoient cédé leurs bois de Reulles, il lui accorda, dis-je, l'usage dans ses bois de Moyen, tant pour les édifices que pour le chauffa*ge, et même la glandée pour les porcs que l'on nourrit au prieuré.

En 4360, un nommé Jean de Vomécourt et ses héritiers lui

firent aussi donation de plusieurs pièces de terre et de prez, et de quelques cens. Tout cela prouve.la dévotion qu'on avoit alors pour ce saint lieu. On a vu sous l'an')324, que t'évéque de Metz Jean d'Apremont avoit obtenu de l'abbaïe les biens qu'elle avoit à Moyen, en échange d'autres biens situés à Vie, qu'elle lui céda. En 1265, Thierri comte de Rechicourtdonna au même prieuré de Mervaville un cens de douze sols messins, et après sa mort quatre muids de vin à prendre annuellement sur ses vignes, à condition que l'on fera son anniversaire et celui de sa femme et de ses parens, non-seulement dans l'abbaïe, mais aussi dans tous les prieurés qui en dépendent. Telle étoit la dévotion de ces siècles-là. On ne donnoit rien aux égtises qu'à des conditions onéreuses.

V. ACQUET D'DNB MAISON FRANCHE A SARRBBOURG, EN ~40 ET ~258.

L'abbé Baudouin reçut en ')240, la donation qu'un prêtre nommé Raimbaud, fit à son abbaïe d'une cour ou maison située à Sarbourg, devant la maison de i'évéque de Metz. Et en ~)288, un nommé Simon, bourgeois de Sarrebourg, reçut de l'abbé de Senones cette même maison, la place et une grange, à charge d'en payer annuellement à l'abbaïe un cens de vingt sols tournois, et de recevoir, nourrir et coucher les religieux de Senones avec leurs montures dans ladite maison, autant de fois qu'ils iront à Sarrebourg, pour leurs affaires. Nous n'y possédons plus rien. Voi)à les fâcheuses suites de ces ascensem*ns.

VI. ASSOCIATION ENTRE LES ABBA)ES DE SENONES ET DE S. EVRE DE TOUL, 1242.

C'étoit un usage assez commun autrefois, avant que les monastères fussent unis en congrégation, comme ils le sont la plupart aujourd'hui, de faire des sociétés de prières et de

bonnes œuvres. Nous en trouvons une de l'an ')242, entre les abbaïes de Senones et de S. Evre, qui consistoit en ce que dés qu'on annonçoit la mort d'un religieux d'une abbaïe à l'autre, celle-ci lui rendroit tous tes mêmes devoirs que s'il eût été de sa communauté. On célébroit la messe, on faisoit les obsèques, on disoit un trentain de messes à commencer au jour de sa mort, chaque prêtre disoit sept messes pour le défunt, les diacres et les sous-diacres récitoient trois psautiers et !es enfants disoient pendant ces jours les sept psaumes. OnservoitàiataMeau réfectoir pendant trente jours pour le frère défunt tout ce qui se servoit chaque jour à un religieux; et ensuite on le distribuoit aux pauvres. Toutes ces pratiques s'observent encore aujourd'hui dans les congrégations réformées. S'il arrivoit qu'un religieux de l'une des deux abbaïes sortit de son monastère par !égèreté, ou par quelqu'autre motif, on le recevoit dans l'autre, non comme étranger, mais comme s'il eût été religieux de la maison, et on l'y retenoit jusqu'à ce qu'on l'eût remis dans le devoir et fait recevoir dans son monastère. S'il étoit sorti pour quelque faute grave et qui eût mérité l'excommunication, on le recevoit aussi, mais non parmi les frères. On lui nssignoit un appartement séparé, où il pouvoit demeurer 40 jours. Si durant ce tems il rentroit en lui-même et reconnoissoit sa faute, on n'oublioit rien pour le réconcilier à son abbé et à ses frères mais s'il demeuroit incorrigible, on le chassoit selon la régie, de peur qu'une brebis galeuse n'infectât tout le troupeau. VU. ACQUET DE LA SB)GNBUR!B DE COLOMBEY, PROCHE METZ, 1246. L'abbaïe de Senones possédoit depuis longtems l'église ou les dixmes de Colombey proche Metz, et quetques autres biens au même lieu. En 1246 l'abbé Baudouin y acquit de nouveaux droits et de nouveaux fonds en bois, en prez, en terres, en tailles, auprès d'Isabelle de Craincourt voüeresse de Colombey, et auprès de Thierri son fils, qui tenoient déjà quelque chose de l'abbaïe de Senones. Dans les lettres qui en

furent faites, on règle les droits réciproques de l'abbé et du seigneur voué Dans les terres que l'avoué tient de t'abbaïe, l'abbé a les deux tiers des amendes et Favoué l'autre tiers Ils ne peuvent faire l'un sans l'autre ni four ni moulin bannaux, et s'ils en font de commun consentement et à frais communs, ces fours et ces moulins seront aussi communs pour le profit aux deux parties. Les fermiers de l'abbé et ceux de l'avoué seront francs, à moins qu'ils ne cultivent et qu'ils ne possèdent d'autres terres que celles de leurs maitres. L'avoué s'oblige de ne prendre jamais, sans t'agrément de l'abbé, aucun autre héritage mouvant de l'abbaïe, et il se soumet à toutes ces choses sous peine d'excommunication.

VtH. EXEMTION DES KOVALBS DANS TOUTES LES BGMSES OU L'ABBAIB A DES DIXMES, 1248.

Les novales, que le droit commun attribue aux curés, sont pour l'ordinaire une source de procès etde contestations, surtout dans tes lieux et dans les pays comme ceux-ci, qui sont sujets aux révolutions de la guerre, et où les héritages demeurent si souvent en friche, que l'on ignore même s'ils ont jamais été cultivés, et par conséquent s'ils sont novales ou non. L'abbé Baudouin aiant fait sur cela ses remontrances au pape Innocent IV, ce pontife lui accorda une bulle en 4248 par laquelle il permet à l'abbé et aux religieux de Senones de percevoir les dixmes novales dans les lieux où ils ont les anciennes, en la même quantité, et dans la même proportion qu'ils jouissent des anciennes. Depuis ce tems, on a toujours prétendu jouir des novales dans toutes les cures dépendantes de l'abbaïe; et presque partout l'on en a joui, ou l'on a fait des accords et transactions avec les curés à cet égard. !X. UNION DE LA CURE DE RAMBBRVILLER A L'tNFIRHERjE DE SBNONES, 1249.

L'anuce suivante au mois de may, te même pape, à ta

prière du prince Henri de Lorraine, surnommé le Lombard, unit à perpétuité à l'infirmerie de Senones la cure de Ramberviller, dépendante du prieuré du Moniet, et dont la collation appartient à l'abbaïe. Le motif de cette union est la disette où se trouvoit réduit le monastère à l'occasion des troubles qui agitoient alors l'église. Henri le Lombard étoit à la cour du pape à Lyon, avec quantité de noblesse. Ce Prince devoit être alors fort avancé en âge. Voiez ci-devant ce que nous en avons dit sous l'abbé Henri, en ~225.

X. ACCOMPAGNEMENT DE HENRI LE LOMBARD A LA SEIGNEURIE DE BORVILLB, -)249,

Le service que Henri le Lombard rendit alors à l'abbaïe de Senones n'étoit pas entièrement gratuit. Avant son départ pour Lyon, au mois d'avril ~249, l'abbé Baudouin l'accompagna dans !a terre et seigneurie de Borville, pour en tenir la moitié en fief de l'abbaïe de Senones, en toute justice, tout profit, et en tout usage. En récompense Henri accompagna l'abbé dans la moitié d'une vigne qu'il avoit plantée depuis peu; à charge qu'ils payeroient chacun la moitié des frais de culture et qu'ils jouiroient de la moitié des fruits. L'abbé seul créera le maire de Borville, et le maire fera serment de fidélité à l'abbé et à Henri. L'abbé ne peut prendre d'autre voué dans Borville, sinon )e prince Henri et ses héritiers et réciproquement Henri ne peut y reconnoitre d'autre seigneur que l'abbé. Et s'it arrivoit que Henri et ses enfans, Philippe, Jacques et Isabelle décédassent sans hoirs légitimes, toute cette partie de la seigneurie de Borville reviendroit à t'abbaïe de Senones. Dèz l'an ~225, Henri abbé de Senones avoit. accompagné le même prince Henri le Lombard à la maison franche et au gagnage que l'abbaïe possédoit à Borville. X!. LE DUC FERRt III CONFIRME LA DONATION DE SON PÈRE, LE DUC MATTHIEU, A L'ABBAIE,

DANS LE LIEU DE VITRIMOKT, ~248.

Il seroit mal aisé de donner ici un détail de tout ce que

l'abbé Baudouin a fait au profit de son abbaïc pendant tout son gouvernement. Nous marquerons seulement les principales acquisitions et donations. En ')248, le duc Ferri 111 donna ses lettres par lesquelles il approuve, confirme et ratifie ce que le duc Matthieu son père avoit donné à l'abbaïe dans le lieu de Vitrimont, ajoutant qu'il ne prétend pas que Jes entreprises que lui ou ses officiers auront pu faire injustement contre les intérêts de l'abbaïe lui préjudicient à l'avenir.

Un seigneur de Provenehères nommé Hugues fit (4 2o4) transport à l'abbaïe de tout ce qu'il possédoit dans le val de Senones, et qu'il tenoit de son beau père Varnerus de HerbéviUer, à condition que l'abbé et les religieux lui remettroient ce qu'ils prétendoient dans certains biens situés a Luce, minuta ZMce~, au Val de S'-Diez.

Bernard de Brouville, chevalier, fit présent à i'abbaïe de Senones, en 1259, de trois filles serves, à charge que ces filles et leurs hoirs payeroient annuellement certain cens à l'abbaïe pour marque de leur servitude.

Xft. BIENS DONNÉS A L'ABBAtB, A DOMBRAY.

Philippe de Florenges, évoque de Metz, donna en 126< pour son anniversaire, qui devoit être célébré dans l'abbaïe de Senones, tout ce qu'il avoit acquis à Dombray ou DoMëf~; et les abbé et couvent de Senones lui laissèrent le profit de cette donation moiennant six livres de messins de cens, qu'il devoit leur en rendre par an.

xm. HENRI CONTE DE SALM, FONDE SON ANNtVBRSAtttE A SENONE9, <24i.

Henri II, comte de Salm, époux de Jeanne ou Joutte, ou Judithe de Lorraine, dont on a déjà parlé plus d'une fois, et qui est le seul des comtes de Salm qui ait fait quelques biens à l'abbaïe de Senones, étoit encore en vie en 1244,

puisque cette année il donna à ce monastère, pour son anniversaire et celui de son épouse, une somme de trente livres de toulois, à prendre sur les tailles qu'il possédoit au val de Senones, et qu'il destinoit à Ferri le second de ses fils; desquelles 30 livres les religieux de Senones devoient achetter un fond pour faire ledit anniversaire. Henri donna de plus toute la dixme qu'il avoit à la Neuveville près Viviers. Richer remarque que ce monastère n'a point pronté de tout cela, par sa pure négligence. L. 4, c. 37, p. ~M.

XIV. LE MÊME HENRI, CHASSÉ DE SON PROPRE CHATBAU PAR FBRRI SON FILS.

Il ajoute que Ferri fils du comte Henri, dont nous avons parlé, ayant été fait solemnellement chevalier à la manière de ce temps là, c'est-à-dire ayant été émancipé, exécuta ce que Henri de Salm son frère avoit voulu faire, qui est de chasser son père de son propre château de Btâmont. Il le chassa en effet, et le contraignit d'aller à pied, accablé de vieillesse, accompagné d'un seul garçon jusqu'au château de PierrePercée, et de là il auroit été obligé d'aller de même jusqu'au château de Salm, qui est à six lieues de Blâmont, sans t'abbé Baudouin, qui lui préta un cheval pour s'y rendre. Le comte Henri mourut après l'an 4241, et fut enterré dans l'église de l'abbaïe de Senones, près du tombeau du vénérable abbé Antoine, et où l'on enterra dans la suite Agnés, épouse du prince Henri le Lombard, seigneur de Bayon.

XV. TONBBAD DE HENRI II, COMTE DE SALN, DE SA PENNE JEANNE DE LORRAINE,

ET DE HENRI LE LOMBARD, StRB DE BAYON.

Richer dit qu'il grava de sa propre main sur leurs tombeaux, des images, des fleurs et des vers. On voit encore aujourd'hui ces .tombes, savoir, celle de Henri comte de Salm et de sa

femme Jeanne de Lorraine, devant l'autel de la Vierge, et on y remarque les saumons de Salm et tes atérions de Lorraine, avec des fleurs; mais on n'y voit point d'écriture. Le tombeau de Henri le Lombard et de son épouse sont au même endroit. On y remarque de même les alérions et les armes de la princesse avec des fleurs, mais sans écriture. Au reste ces tombeaux ont été dep!acés, et ils seroit mal aisé à présent de dire où ils étoient dans le commencement.

XVt. MAUX QUE FBRtU DB BLAMONT FAIT A L'ABBAIB DE SBNONBS.

Ferri de Salm, comte de Btâmont, ce fils dénaturé dont on

a parlé, fit une inûnité de maux aux abbaïes de S. Sauveur, de Senones et de Haute-Seille, non-seulement par lui même, mais aussi par son prévôt nommé Matthieu, qui n'étoit pas moins animé que lui contre les églises et les religieux. Richer 4, c. 28, 29, p. 396. L'abbé Baudouin et les religieux de Senones, après avoir longtems souffert leurs vexations, furent enfin obligés de lui en porter leurs plaintes.

Ferri n'en devint que plus emporté; il les menaça et les accabla de plus en plus; de sorte que ne sachant à qui s'adresser pour avoir justice, ils furent contraints de lui remettre leurs intérêts entre les mains, de le rendre lui-même juge de leurs différens et de reconnoitre qu'ils avaient tort. C'est ce que cherchoit le comte.

XVIt. TRANSACTION TOUCHANT LES 8 BONS HOHMBS.

Il leur donna jour pour terminer toutes leurs di6icu!tés, et on écrivit une transaction par laquelle il fut dit que l'abbaïe de Senones devoit avoir deux c~?'peK.<M'ri!, un cuisinier, un acranteur, scr<m~)7'em unum (l'acranteur étoit le grenier, le notaire, le garde-notes encore aujourd'hui, nous disons dans ce païs-ci cranter M?t traité, le passer devant notaire, Qui ~otoco~s et rreanta si/.pe?' conficiendis instrumentis rstineat

Voyez )e P. Martenne Anecdot. ~o/n. 7P, p. 242. c. Ducange, Glossar. ~Voa. ddit. creantare, gréer, agréer, confirmer, approuver, ratifier.) un ~seaK~MT', un cordonnier, (ailleurs il le nomme coroest&y, qui signifie la même chose que cordonnier), e< deux pescheurs, francs et exemts de la jurisdiction du comte de Salm. C'est ce qu'on appelle les 8 bons &o?KmM, et que tous les autres seroient soumis à son obéissance. On ne trouve pas cette transaction dans l'archive, et je doute qu'elle y ait jamais été, car on ne la rappelle nulle part. XVIII. L'ABBAIE DE SEN ONES EST UN FIEF DE L'BVËQUE DH METZ. Voilà une des plus grandes brêches que l'abbé et les religiéux aient jamais faites à leurs priviléges et à leur liberté. « Je

» n'étois pas présent à cette affaire, dit Richer, et j'aurois » été bien faché de m'y trouver. H est étonnant qu'ils n'aient » pas fait attention que l'église de Senones avec ses dépendances ~estsoumiseàiajurisdictiondel'évéquedeMetz.etque » quiconque est fait abbé de Senones doit reprendre de lui » son temporel et lui faire hommage. H ne leur étoit donc » pas permis de passer cette malheureuse transaction et de » disposer ainsi du fief de i'évéque, sans sa participation et » sans son aveu C'est ce que dit Richerius, qui étoient alors prieur de Senones. Il ajoute qu'on ne laissa pas encore depuis et jusqu'au tems de Henri comte de Salm, neveu de Ferri, dont on vient de parler, de faire tout ce qu'on voulut de la pesche et des pescheurs dans le Val de Senones; c'est à dire qu'on ne contesta à l'abbaïe ni l'usage, ni ia propriété des rivières, ni le droit absolu de pescher sans limitation ou contradiction.

XIX. MORT DE FERRt COMTE DE SALM.

Ferri de Salm, comte de Blâment, qui avoit traité son père

d'une manière si indigne, et qui avoit exercé tant de viotencRs contre les églises, ne jouit pas longtems des fruits de ses

vexations. Il fut toujours ou accablé de maladies, ou poursuivi et arrêté par ses créanciers, ou détenu prisonnier par ses ennemis ne sachant comment acquitter les dettes immenses qu'ils avoit contractées, il vendit à i'eveque de Metz son château de Blàmont et le reprit ensuite de lui en fief. Henri de Ribaupierre son neveu, fils du comte Henri son frère, lui déclara la guerre pour avoir sa part du comté de Btâmont, qui lui étoit échue par succession. Ferri pour se délivrer de ses poursuites, lui céda Morhanges, Viviers et les châteaux de Pierre-Percée et de Salm, ne se réservant que Blàmont et le château haut de Deneuvre; et encore n'en jouit-il pas, parce que sa mère le retenoit, comme étant son douaire. Enfin il mourut peu regretté et à la fleur de son âge. XX. HBNRI DE SALM IV* DU NOM, MALTRAITE L'ABBÀIB

P.

Henri de Salm son neveu, comte de Ribaupierre, qui avoit hérité de !a voùcrie du Va) de Senones, du val de Vipucelle et du ban de Plaine, commença aussi à maltraiter les habitans de ces cantons, et à les accabler de tailles, d'exactions et de diverses sortes de servitude, ~c~r 4. c. 30, p. 397 ~MM), puur tâcher par ce moyen de se délivrer des poursuites de ses créanciers, qui le firent souvent arrêter à Metz, où demeuroit celui à qui il devoit le plus. It fut à la fin obligé de vendre pour le prix de 700 livres de messins, au duc de Lorraine, Ferri le jeune ou Ferri III, et par conséquent après l'an 1250, son fief de Morhange, et de le reprendre ensuite de lui à titre d'hommage, ce qui lui attira l'indignation de t'évoque de Metz. H fit une infinité de maux à l'abbaïe de Senones, mettant de son autorité, des forétiers dans les bois et des pescheurs dans les eaux de l'abbaïe, ne permettant à celle-ci que d'avoir un seul pescheur, au lieu qu'auparavant nous en mettions autant que nous jugions à propos, dit Richer.

De plus il obligeoit les. paysans du Val de plaider devant 40

lui, ou devant son baillif; et si quelqu'un des sujets de l'abbaïe avoit une affaire contr'elle il p!aidoit pour lui et prenoit son parti. Si l'abbé vouloit tenir les plaids sans l'avoüé, il l'empéchoit et prétendoit y assister, sous prétexte de les appuyer de son autorité, ou pour donner main forte, afin de faire exécuter les sentences de l'abbé, dicens se debere interesse pro /<ïCM?nM. I[ forçoit les receveurs, les maires, les doïens, les forétiers et les autres officiers de l'abbaïe, que l'abbé avoit jusqu'alors institué et déposé à sa volonté, il les forçoit, disje, à lui rendre les mêmes services que les autres sujets du Val. Si quelqu'un vouloit se rendre convers à l'abbaïe, il l'empêchoit et se faisoit donner par écrit une assurance qu'il ne le feroit pas, et si quelqu'un prenoit ce parti malgré lui. et qu'il mourût sans héritiers, ou qu'il allât demeurer ailleurs, le comte saisissoit ses effets et s'en rendoit maitre par force.

XX!. FORGES DE FRAMONT, LEUR ORIGINE.

On trouva de son tems des mines dans la montagne de Framont, près Grand-fontaine il s'en empara et y fit ériger des forges, Richer, 4, c. 30, p. 399 et 5, c. 5, p. ~.2. L'abbé et les religieux lui remontrèrent qu'il n'avoit aucun droit de faire des forges sur un fond qui appartenoit à l'abbaïe de Senones; il répondit que la montagne lui appartenoit en qualité dévoué du Val, et ne se mit pas en peine de faire cesser l'ouvrage de ces forges. Mais l'abbé étant allé trouver Jacques de Lorraine, évëque de Metz, et lui aiant exposé la conduite du comte Henri, Févéque envoia aussitôt renverser les forges en question, et enlever le fer et les outils qui s'y trouvèrent.

XXII. TRANSACTtON SUR LES FORGES DE FRANONT EN 126~. Mais aussitôt que ce prélat fut mort, (il décéda en 4 260), l'abbé et les religieux furent obligés de transiger avec le comte Henri et de i'aocompagner pour moitié dans les dites

forges de Framont, en telle sorte que la mine se devoit tirer à frais communs, les bois se fournir de même, et que chaque partie devoit également contribuer à l'exécution et entretien des forges et fourneaux, et percevoir la moitié de leur produit; les bois pour l'usage des forges se devoient prendre dans les quatres bans, savoir de Senones, de Celle, de Vipucelle et de Plaine; mais la mine ne pouvoit se tirer que des montagnes de Framont et Froide-Plaine. Si l'on étoit obligé d'en tirer des quatres bans, on la partageoit également, et chacun faisoit de sa part ce qu'il jugeoit à propos. Ils ne pourront ériger des forges que d'un commun consentement, et encore n'en mettra-t-on au Val de Senones, que quand on n'en pourra plus mettre ailleurs.

En considération de ce traité, le comte de Salm ôtera ses forétiers des bois et ses pescheurs des eaux des quatre bans, et les abbé et couvent y mettront les leurs bannaux, comme d'ancienneté. De plus le comte promet de remettre toutes choses au même pied qu'elles étoient avant la mort de t'évéque Jacques, et de ne se servir contre l'abbaïe ni à son préjudice, d'aucune chose ou entreprise faite avant la mort de ce prélat.. Si le comte de Salm ou la comtesse son épouse se trouvent aux châteaux de Salm ou de Pierre-Percée, ou dans leur châtettenie, ou lorsque quelqu'un de leur conseil, ou de leurs commis, s'y trouveront, ils pourront librement faire pescher dans les eaux des environs; mais en d'autres tems ils ne le pourront pus, ni leurs baillifs, prévôts, gardes ou serviteurs. L'abbé et les religieux auront un pescheur franc portant la bandouittière, qui sera du nombre des huit bons hommes. Si une partie contrevenoit à cette transaction, la contravention ne pourroit préjudicier à l'autre partie; mais on reviendroit toujours aux termes de ces lettres, qui furent passées au mois de novembre 126t, et scellées du sceau de Philippe évéque de Metz, duquel relève le fief de l'abbaïe de Senones. Voilà la première transaction passée entre les abbé et couvent de Senones et les comtes de Salm.

XXtU. PHAttAMOND EST-IL ENTERRB A FRAMONT.

H est bon de remarquer ici que le nom de Framont ou Ferramont, comme il est écrit dans notre charte, et ferratus m.o~, comme il est nommé dans un titre de S~-Diez de l'an H 72, V. Hist. de Lorraine, t. 2, p. CCCLXV, 7° édit. et sur lequel on a tant parlé, vient des mines de fer qu'on y découvrit avant l'an ')259, et que ce nom dérive de ferratus mons, et non de Pharamond roi de France, que quelques-uns ont prétendu y avoir été enferré. Le R. P. Mabillon a composé une dissertation sur les sépultures (1) des anciens rois de France, dans dans laquelle il avance que la montagne de Framont est nommée par les Allemands Frankenberg et par les François Framont; que Hunibalde dit que Marcomire, chef des François orientaux fut enterré sur la montagne de Frankenberg, in monte qui dicitur Frankenberg m&?'e gentilitio sepultus, et que Pharamond a été aussi inhumé sur la même montagne. Le père Mabillon ajoute, que l'on trouve la même chose

!) attestée dans une charte de f'abbaïe de Senones de l'an » <26), ce qui <ait voir au moins que cette tradition n'est »pas nouvelle et elle n'est pas sans quelque fondement, »puisque les François, qui étoient encore païens avoient leur tempte et leurs sépultures sur cette montagne. » C'est ce que dit ce savant homme, que je regarderai toujours

avec une respectueuse reconnoissance, ayant eu l'avantage de le voir, de le converser et de profiter de ses avis et de sa direction dans le tems que je fus envoié à Paris auprès de lui pour mes études. Mais je ne puis m'empêcher ici de dire qu'il avoit eu de mauvais mémoires au sujet de Framont, et que mal à propos on lui avoit mandé que la charte de')26~ portoit que Pharamond avoit été enterré à Framont. Je l'ay

(1) MsbtI!on,Disser). sur les sépultures des anciens rois de France. OEuvres Post, c. p. 44, et suiv.

actuellement devant les yeux, cette charte, elle n'en dit pas un mot. Il est vrai qu'elle parle de Framont ou plutôt Ferramont, et c'est la première fois que ce mot se rencontre dans nos titres quoiqu'il y soit souvent parlé de la montagne nommée aujourd'hui Framont, mais sous d'autres noms. Ce n'est que depuis la découverte des mines et l'érection des forges, qu'on lui a donné le nom de Ferratus Mo~M, Ferramont. Son vrai nom est Donnon dérivé de l'ancien gaulois Dunum, une hauteur, une montagne. M. Cassini et les autres mathématiciens envoiés par le roi Louis XV pour examiner la forme et l'étendue de la terre, en ')732, assurèrent M. Ferrand subdélégué de M. l'Intendant de Metz, qui les accompagna sur le Donnon, que cette montagne est haute de 400 toises, à 6 pieds de roy l'une, au-dessus du niveau de la mer, ou de la circonférence de la terre

Quant aux autres antiquités qui se voient sur cette montagne, je les ay vuës plus d'une fois, et je puis assurer qu'il n'y a aucun vestige qui prouve que les anciens Francs y aient été enterrés, ni qu'ils y aient fait les exercices de leur religion. Toutes les statues ou bas-reliefs qu'on y voit, sont ou gauloises ou romaines. Les inscriptions des autels qu'on a pris pour des morceaux de colonnes sont latines, par exemple D. 0. M. C. LVCVLLVS. LEPIDINVS. V. S. L. M., et une autre I. M:: ISS. 0. V. S. L. M. L'inscription BELLICVS. SVRBVR. est d'un caractère mal fait et beaucoup plus récent que tes autres inscriptions. Le temple, dont on voit encore quelque reste, est un ouvrage des Romains. H étoit bâti de grandes pierres de 4 à o pieds de long, et de hauteur à proportion. Le plan étoit un quarré oblong, aiant 40 pieds de roy de long sur 31 de large. I) y avoit deux portes qui se répondoient l'une à l'autre; l'une à l'orient, l'autre à l'occident, de 2 pieds de large et de 4 pieds 7 pouces de haut. En l'an ~732, j'ay vù la pierre qui étoit au-dessus de la porte du temple elle a pour inscription MERCVRIO. LE N10 et sur une autre pierre MERCVRIO. SECATE LIS VLPO CELLO. V. S. L. M. TRAIANO. DACICO.

XXIV. BAUX SALÉES TROUVÉES DU TEMPS D'HBNRI IV, COMTE DE SALM.

Richerius raconte 4, c. 30. p. 399, et 5, c. 5, p. que du tems du même Henri IV, comte de Salm, dont on a parlé, on découvrit auprès du château de Morhange des fontaines salées; que ce seigneur y ayant fait creuser un puit, voulut y ériger des salines; mais que Jacques de Lorraine évéque de Metz en aiant été informé, lui commanda de s'en désister, et de remettre toutes choses au même état qu'elles étoient auparavant. Mais ma!gré les défenses de t'évoque, il continua son ouvrage à grands frais, et le sel n'aiant pas réussi, il fut obligé d'abandonner entièrement cette entreprise.

XXV. HENRI IV COMTE DE SALM, VEND A L'EVEQUE DE METZ LES CHATEAUX DR PIERRE-PERCEE

ET DE SALM, ET LES REÇOIT DE LUI EN FIEF.

A la fin accablé de dettes énormes qu'il avoit contractées,

il fut obligé de vendre à Jacques, évoque de Metz, ses châteaux de Salm et de Pierre-percée, de même qu'il avoit vendu Morhange au duc de Lorraine. Par ce moïen, il se réconcitia avec ce prélat, qui étoit depuis longtems indisposé contre lui, et satisfit à une partie de ses créanciers mais il ne put obtenir de lui la permission de rétablir les forges de Framont, ainsi qu'on l'a déjà vu. L'évêque vint donc prendre possession des châteaux de Salm et de Pierre-percée, y mit garnison, en prit les papiers et les privilèges et les emporta à Metz.

XXVt. ON MET SUR LES ÉPINBS LES RELIQUES DES SAINTS DANS L'ÉGLISB DE SENONES.

Henri continuoit cependant ses violences contre l'église de Senones, et après avoir pendant quatorze ans lassé la patience

de l'abbé et des religieux, et les avoir attiré tantôt devant l'évoque et tantôt devant des conseillers, dans l'espérance de finir leurs difficultés par un accomodement; enfin l'abbé ne voiant point d'autre remède, suivit le conseil de Giles de Sorcy, évoque de Toul, qui commença à gouverner cette église en 1283, et de quelques autres personnages de poids, et au milieu des larmes et des gémissem*ns des assistants, fit mettre sur les épines au milieu de l'église les images du Sauveur et la châsse de S. Siméon, patron de l'abbaïe, et pendant cette lugubre cérémonie les religieux chantoient. Nous avons attendu la paix, et elle n'est pas venue; nous espérions des biens, et ~O~M tribulation Seigneur, nous reconnaissons nos ~~cM~; Dieu ~?'a~, ne soiés pas toujours irrité contre nous. Cet usage fut défendu par le XIIIe concile de Tolède, c, ~7. Vide YI, concil. p. ~6.8 par le concile de Lyon, sous Grégoire X en 1274. Cet abus étoit déjà en usage dès la fin du VIe siècle. Voyez Fleury ~M, n. 53.

Comme les bulles des papes et les privHéges des archevêques et des évoques excommunioient les persécuteurs des égtises et les violateurs de leurs priviléges, toutes les fêtes et tous les dimanches on pub)ioit dans l'église que le comte de Salm et ses complices avoient encourus ces censures, et tous les jours à la grande messe avant l'Agnus Dei, le diacre prononçoit tout haut la même chose devant l'autel, et les religieux à genoux chantoient le répons; Aspice Domine, avec le verset; puis ils récitoient le psaume, Deus ?~M~a<M7' nostri. Kyrie eleison. Pater noster puis le prêtre célébrant, à genoux devant le corps et le sang de J. C., disoit le verset, Exsurgat .D~, et la collecte, Eccle8ice <M<B preces, ou quelqu'autre convenable au tems de la tribulation après quoi il achevoit la messe. XXVII. LE COMTE DE SALM FAIT SAISIR LES BIENS DB L'ABBAIE. Mais tout cela ne toucha poit )e comte Henri, il continua à molester l'église de Senones, et après la mort de Jacques évêque de Metz, il se porta encore à de plus grands excès

qu'auparavant. Il envoia un de ses officiers, nommé Renaud, digne ministre de ses violences, dans le monastère de Senones, Richer, l. 5, c. 8, p. ~6, où il parla ainsi aux religieux qui s'y trouvèrent. « Mon maitre m'a envoié vers vous pour vous dire qu'il est prêt de vous protéger tous, si vous voulez le reconno!tre pour votre protecteur. Les religieux entrèrent au chapitre pour en délibérer les uns disoient que puisque l'abbé n'étoit pas au monastère, qu'ils pouvoient bien pour un tems se mettre sous sa protection, sous le bon plaisir toutefois de l'abbé; d'autres furent d'avis de ne pas accepter ce que le comte faisoit offrir. Ainsi Renaud et ceux qui l'accompagnoient se retirèrent en colère et commencèrent par saisir la maison abbatiale et les granges de l'abbaïe.

XXVIU. RËTABUSSBMENT DES FORGES DE FRAMONT.

Cependant les chanoines de Metz ne pouvant s'accorder sur le choix d'un successeur à Jacques de Lorraine leur évéque, furent assez longtems sans faire élection. A la fin il y en eut deux de choisis, savoir Philippe de Florenges, et Thiébaut de Porcelete; Richer, 5, c. 8. p. 426. Pendant ces délais et les poursuites mutuelles des deux élùs, le comte Henri, qui n'étoit plus retenu par la crainte d'un évêque de Metz, rétablit les forges de Framont, coupa les bois appartenans à l'abbaïe, pour faire du charbon et y rétabfit des forgerons comme auparavant. Ce fut alors que l'abbé Baudouin résolut de faire avec lui la transaction de ')26'I dont on a parlé.

XHX. LE COMTE HENRI FAIT ENLEVER TOUT CE QUI HTOIT A L'ABBAIE ET DANS SES DÉPENDANCES.

Comme l'on continuoit toujours dans t'égtise de J'abbaïe, à le dénoncer nommément excommunié avec ses complices le comte pour s'en venger envoia Renaud avec une troupe de gens armés qui enlevèrent de l'abbaïe tout ce qu'ils y

trouvèrent, chevaux, bœufs, vaches, brebis, pourceaux. Ils en usèrent de même dans les fermes dépendantes de l'abbaïe, et même dans le prieuré de la Broque et dans la maison franche d'Anserviller. Tous ces exploits se firent le même jour, qui fut le samedy devant la Septuagésime.

Les religieux croioient qu'après cela la colère du comte seroit appaisée et qu'il les laisseroit jouir d'un peu de tranquiiiité. Mais un matin Renaud vint de nouveau avec sa suite se présenter à la porte de l'abbaïe, demandant qu'on leur ouvrit; et comme on ne vouloit pas les laisser entrer, ils prirent des échelles, et descendant devant l'appartement de l'abbé, ils entrèrent dans le cloitre, et s'étant saisis des clefs de l'église, du ctoitre et de la celererie, ils s'emparèrent de tous les meubles du monastère, chargèrent sur des chariots les meubles de la cuisine, les garnitures des lits et les provisions destinées pour les pauvres, et emportèrent le tout avec eux, puis mirent de leurs vassaux pour garder les tours et pour faire sentinelle.

XXX. LES RELIGIEUX DE SENONES SE RETIRENT DU MONASTÈRE EN DIVERS ENDROITS.

Alors Matthieu prieur du monastère qui étoit un jeune religieux de bonnes mœurs et de bon conseil, délibéra avec ses frères sur ce qu'il y avoit à faire en cette conjoncture, et voiant qu'il n'y avoit point de moien de demeurer dans le monastè'e !ans l'état où étoient les choses, ils résolurent d'un commun consentement de se retirer; Richer, l. 5, c. 8, p. 426. Ainsi ils sortirent comme en procession, aiant la croix à leur tête et demandant à Dieu avec larmes qu'il conduisit leurs pas dans la voie du salut. Ils allèrent à Moienmoutier et y couchèrent. De là ils se retirèrent chacun dans les lieux où ils furent dcstinés par leur abbé. U ne resta dans le monastère que le moine Richer et un autre religieux nommé Bertrand qui y étoit retenu par une maladie sérieuse.

Le comte n'en demeura pas là, il fit piller par son oBIcier Renaud, les maisons des huit bons hommes qui composoient la famille de l'abbaïe, en sorte qu'à peine leur laissa-t-il les quatre murailles entières. Dans une telle extrémité les religieux consultèrent les chanoines de la cathédrale de Metz, et leur demandèrent des secours, mais en vain.

L'abbé Baudoin envoia un de ses religieux à Philippe de Florenges évêque de Metz pour lui exposer le triste état des aSaires de son abbaïe. Mais ce prélat naturellement indolent, et d'ailleurs porté d'inclination à favoriser le comte Henri, n~ parut nullement touché de ces remontrances, et se contenta de lui faire quelques promesses verbales, qui ne furent suivies d'aucun effet.

XXXI. GILBS DE SORCY, EVËQUE DE TOUL, FAIT EXCONMCNIER LB COMTB PAR L'ABBÉ

DE MOYBNMOUTIER IL EST ARRÊTE.

Baudouin fut donc obligé de s'adresser à Giles de Sorcy évêque de Toul. Il lui députa quelques-uns de ses religieux qui lui exposèrent tout ce qui étoit arrivé à leur monastère. L'évoque en fut vivement touché, et ayant sur le champ fait venir son secrétaire lui ordonna d'écrire a, Alexandre abbé de Moyenmoutier, qu'il eût à se transporter en diligence au domicile du comte de Salm, et de t'avertir de réparer les torts qu'il avoit faits à l'abbaïe de Senones, et de satisfaire à Dieu qu'il avoit offensé, et à l'église qu'il avoit scandalisée. L'abbé se mit en chemin en diligence, et étant arrivé à Badonviller, il y rencontra le baillif Renaud, qui lui demanda le sujet de son voyage. Alexandre lui déclara qu'il était chargé de la part de t'évoque de Toul, d'aller trouver le comte de Salm et de le dénoncer excommunié s'il ne réparoit les torts qu'il avoit fait à t'égtise de Senones. Le bailly l'arrêta et le mit sous sùre garde dans une maison. Ceux qui le gardoient ne doutant pas que toute la dépense qu'ils feroient ne retombât sur t'nbbé, se mirent à faire grande

chère, en sorte qu'en deux jours et deux nuits ils dépensèrent huit sois, qui étoient pour ce tems là une somme assez considérable.

XXXH. L'ABBB DE HOYENMOUTtER EST MIS EN HBERTB, ET S'ACQUITTE DE LA

COMMISSION CONTRE LE COMTE DE SALM.

Mais les religieux de Moyenmoutier informés de ce qui étoit arrivé à leur abbé, coururent au prévôt du duc de Lorraine et le prièrent de le tirer des mains du bailli. Le prévôt prit avec lui une troupe de gens armés, et marcha du côté de Badonviller, mais on lui conseilla de ne pas entrer dans ce lieu, sans savoir auparavant si l'on rendroit l'abbé. Il envoia donc deux de ses gens pour le répéter. Le bailli sachant que le prévôt étoit proche avec ses gens, relacha l'abbé, qui s'en alla accompagné du prévôt vers le comte de Salm, et lui dénonça solennellement et dans les formes, de la part de l'évoque de Toul, qu'il avoit encouru l'excommunication; et en même tems, selon les statuts du concile de Trèves, il mit toute sa terre en interdit, à l'exception du viatique pour les mourans et du batéme des enfaus.

XXXIII. LE CURE DE VIC, PAR ORDRE DE L'ÊVËQUE DE METZ EXCOMMUNIE LE COMTE

DE SALM ET MET SA TERRE EN INTERDIT.

Après cela, l'abbé de Moyenmoutier revint dans son abbaïe,

et Féveque de Toul fit scavoir à celui de Metz ce qu'il venoit de faire dans son propre diocèse contre le comte de Salm, afin que ht) évèque de Metz en fit autant dans Je sien. Philippe de Florenges se trouva par ce moien dans l'obligation d'employer aussi les censures, quoique malgré lui, contre le comte de Salm, Il ordonna donc au curé de Vie de se transporter à Morhange, et d'y faire lecture de ses

lettres au comte, par lesquelles il le sommoit de restituer à l'abbaie de Senones tout ce qu'il lui avoit pris, et de satisfaire aux torts qu'il lui avoit faits sinon que lui et tous ses adhérans et complices avoient encouru l'excommunication, et que selon les statuts du concile de Trèves, toute sa terre étoit soumise à l'interdit.

Le curé aiant ainsi exécuté sa commission fut aussitôt arrêté par les gens du comte et mis en prison les fers aux pieds, mais il s'en tira moiennant soixante livres d'argent dont il donna des garants, et revint à Metz rendre compte de sa commission à celui qui l'avoit envoie. Le comte s'adressa à l'archevêque de Trèves pour faire casser la sentence d'excommunication et faire lever la sentence d'interdit, mais il ne put rien obtenir de manière que dans toute sa terre on ne célébroit pas )e service divin et on ne donnoit pas la sépulture aux morts, ce qui faisoit grand bruit parmi le peuple. XXXIV. LE BAILLI RENArD DÉFBND AUX PAYSANS DE FAIRE DES CORVÉES ET DE

CULTIVER LES TERRES DE L'ABBAIE, )26~.

Le bailly Renaud, toujours plus animé et ne pouvant plus rien prendre à l'abbaïe de Senonfs, s'avisa, au commencement du printems .de cette année i26), de défendre aux paysans du Val qui devoient des corvées, de labourer les terres et de cultiver les jardins de l'abbaïe, pour réduire tes religieux à la dernière nécessité, et les forcer de se soumettre aux volontés de son maitre. Mais i'évéquc de Toul s'arma de zèle et de force dans cette occasion, ordonna par ses lettres de dénoncer excommuniés aux prônes, toutes les fêtes et dimanches, dans toute l'étendue de son diocèse, non-seulement le comte de Salm, mais aussi les baillis et leurs adhérans. XXXV. LE COMTE nEXR! SONGE A FAIRE LA PAIX AVEC

L'ABBAIE DE SENONES.

Le comte Henri se voiant ainsi entrepris de toute part,

et ne trouvant aucun moien de se tirer de cet embarras, songeùit sérieusem*nt à faire la paix avec l'abbé de Senones. Mais deux raisons le retenoient la première parce qu'il falloit restituer tous les dommages faits à l'abbaïe, à quoi il ne se trouvoit pas en état de satisfaire la deuxième étoit la honte de céder à un abbé et à une communauté de religieux, contre lesquels le jeune duc de Lorraine et plusieurs autres jeunes seigneurs l'animoient et le portoient plutôt à la vengeance qu'à la satisfaction. Enfin, pourtant il prit sa résolution, et étant ai)é trouvé i'évcque de Metz, il le pria de s'entremettre pour terminer ses différens avec l'abbé et l'abbaïe de Senones. Le prélat entra volontiers dans ses sentimens, et aiant dressé un projet d'accomodement le fit proposer aux religieux et. leur fit dire que s'ils ne s'y conformoient, il leur feroit ressentir les effets de son ressentiment.

XXXV!. L'ABBE BAUDOIN DEMANDE LA RESTITUTION DE CE QU'ON AVOIT ENLEVÉ DE L'ABBAIB.

L'abbé Baudouin, à qui on en parla, répondit qu'il étoit très-disposé à faire la paix avec le comte, mais qu'au préalable il demandoit que le comte restituât tout ce qu'il avoit enlevé de son abbaïe. L'évéque de Metz trouva la proposition raisonnable et protesta qu'il ne lui donneroit jamais l'absolution qu'il ne lui promit solemnellement d'exécuter les ordres de l'Eglise et d'accomplir la volonté des prélats. Le comte s'y soumit et s'engagea par un serment solemnel fait en présence des évêques, des clercs et de plusieurs seigneurs, de réparer tous les torts qu'il avoit faits au monastère, et de s'en tenir au jugement des prélats. Ainsi il reçut aussi l'absolution de t'évoque de Toul, qui leva l'interdit de ses terres.

XXXVII. LE COMTE HENRI FAIT SORTIR LES SOLDATS DU MONASTÈRE, MAIS NE RESTITUE

POINT AUSSITOT CE QU'IL EN AVOIT EMPORTE.

Aussitôt le comte Henri donna ses ordres aux païsans du

Val, de faire les corvées à l'ordinaire, de cultiver les champs et les jardins de l'abbaïe, et de payer les redevances qu'ils devoient à l'abbé et aux religieux. Ces ordres furent donnés !a dernière semaine du mois d'avril, qui étoit cette année la plus proche de Pâques. En 1261, Pâques étoit le 24 avril, et le vendredi saint suivant, le bailly Renaud se rendit dans l'abbaïe, et en ôta ia garnison qui y étoit et qui en gardoit les tours. Mais on ne restitua rien de ce qui avoit été pris dans le monastère. Aussi l'abbé ne se hâta pas d'y faire revenir les religieux, n'y d'y ramener le trésor de l'église et les autres choses, qui avoient été transportées ailleurs durant la guerre. Il voulut attendre que tout le reste fut rétabfi, et que le comte eût entièrement satisfait à sa promesse. Ainsi sans compter le tems qui s'écoula depuis le Septuagésime, auquel les religieux furent obligés de sortir du monastère jusqu'au vendredi saint de la mème année, que le comte retira ses troupes de Fabbaïe. l'office divin y demeura interrompu depuis le vendredi saint de l'an ')261, jusqu'à la veille de Noët de l'an 1262. Car alors l'année commencoit ordinairement à Pâques dans ce païs-ci. Pendant tous ce tems, il n'y eut de religieux dans l'abbaïe que Richerius et Bertrand dont on a déjà parlé, et un moine nommé Hugues, qui avoit une adresse particulière pour recueiHir et conserver les choses qui restoient dans la maison, et pour entretenir et raccomoder les équipages et les harnois des chevaux et des bœufs. XXXVIII. LES RELIGIEUX RENTRENT DANS L'ABBAIE ET RECOMMENCENT L'OFFICE DIVIN, 1262.

A la 6n, le comte aiant fait reporter à Fabbaïe tout ce que le bailly Renaud par ses ordres en avoit emporté, l'abbé Baudoin y revint avec toute sa communauté, et on y recommença l'office divin, la veille de Noël,

Jusqu'ici nous avons suivi l'historien Richerius, religieux de cette maison, qui a continué son histoire jusque l'an 1268. Il nous apprend qu'il avoit été prieur de Deneuvre ou du Mo-

niet, et qu'il avoit été emploié par ses abbés à divers emplois, par exemple, qu'il fut envoié par l'abbé Henri vers Thiébaut 1", duc de Lorraine, pendant que ce prince étoit prisonnier à Virtzbourg auprès de l'empereur Frideric, pour lui demander justice contre Philippe de Lorraine, seigneur de Gerbéviller, qui faisoit de la peine à l'abbé Henri, et lui faisoit des menaces très-sérieures. On ignore au juste l'année de la mort de Richer, mais elle arriva entre les années ')262 et ')270, car quand il écrivoit, l'abbé Baudoin vivoit encore; or il est mort en ')270, et Richer raconte des choses qui sont arrivées en ~)262 et peut-être même en <263 ou 1264. (Richer, l. 5. c. 36, p. 408, et l. 5, c. &?, p. 356).

XXXIX. HUGUES, PRIEUR DE DENBUVRE.

De son temps, le prieuré du Moniet ou de Deneuvre fut gouverné pendant plus de 20 ans par un religieux nommé Hugues, qui ferma ce prieuré de bons murs, dans lesquels il enveloppa le four, l'étang et le moulin, et la chapelle de S~ Catherine, que Richerius avoit fait construire pendant qu'il en étoit prieur Le même Hugues construisit des appartemens fort logeables, et y auroit pu faire beaucoup plus, si Dieu lui en avoit donné l'intelligence.

J'avois crû que cette chapelle de sainte Catherine et l'étang joignant étoient ceux qui se voient sur le chemin de LunéviDe à un quart de lieu de Baccarat. La chapelle subsiste encore avec un ancien cimetière, et appartient à la cure de Deneovre, l'étang et le moulin ne subsistent pins mais ces lieux sont trop éloignés du Moniet,

XL.

RBKtBR, PRIEUR DB MBRVAVILLB.

Vers le même tems, Renier gouvernoit le prieuré de Mervaville, et il le gouverna pendant sept ans. Il en bâtit l'église à l'exception du chœur, qui étoit déjà fait. Ii en fit consacrer le grand autel par Giles éveque de Toul, qui bénit aussi i&

cimetière. Renier fit de bonnes murailles autour du prieuré ` et y acquit beaucoup de terres et de preys. Il fit ce qu'il put pour éloigner du prieuré les voüés d'Aseraille, qui s'y rendoient trop assidus, 1

XLI. FRBDBRIC PRIEUR DE SCHURBS.

Le prieuré de Xures était alors gouverné par un religieux très-habile et très-industrieux nommé Frideric qui augmenta le chœur de son église et l'acheva heureusem*nt. H l'orna de peintures et de fenêtres de verre. H embellit de même le grand autel dédié à S. Jacques, par des sculptures, des dorurès et des peintures. II bâtit le cloître de briques vernissées d'un ouvrage rare et singulier. I! construisit des demeures et d'autres édifices dans le prieuré, et ferma le tout de bonnes murailles. Il couvrit de thuiles toutes les paroisses dépendant de son prieuré et y fit faire des maisons de pierres pour enfermer les salines, qne son monastère possédait à Moyenvic. Tant de bonnes actions, qui devoient lui attirer l'estime et la reconnoissance de son abbé et de ses confrères ne furent récompensées que de jalousie et d'ingratitude. On ne voit aujourd'hui aucun reste de tout cela dans le prieuré de Xures, où tout est en désordre. Mais depuis quelques années on l'a mis en meilleur état.

XHf. DONATIONS FAITES A L'ABBAIB, SOUS L'ABBE BEAUDOIN. Depuis ces violentes tempêtes que l'abbé Baudoin essuia en ~60 et en 126), il ne paroit pas par les titres qui nous restent de son tems qu'il ait eu beaucoup de fâcheuses affaires dans son abbaïe. On trouve au contraire quelques donations faites à son monastère, par exemple, une dame nommée Sémour lui fit une donation que l'on n'exprime pas toutefois dans les lettres de consentement que donnent les parens à cette donation, en~60 et ')26').

Un nommé Villaume clerc de Ramberviller donna aussi à l'abbaïe en 4264, sa maison qu'il avoit au même lieu. En ')267, Ferri de Ltc~'e et ses frères chanoines de S' Diez, lui cédèrent ce qu'ils possédoient à Celle et dans toute la châtellenie de Pierre-percée. En 4269, Regnier, chevalier d'Hablainville changea le prey qu'i! avoit près le moulin de Chenesières contre un autre prey situé à Bétonvitte, et cela moiennant un cens de 4 deniers payables chacun an à la maison que l'abbaïe avait à Bétonville.

XLIII. LES REVENUS DE LA CURE DE REMBREVtLLB CËD68 POUR FONDER LE CHAPITRE DE BRIXEY, 4260,

Nous avons vû ci-devant le zè)e que Gi!es de Sorcy évêque de Toul témoigna pour soutenir les intérêts de t'abbaïe de Senones. Les religieux de leur coté lui donnèrent des marques de leur soumission et de leur attachement, en lui cédant les revenus de la cure de Remeréville, dont la collation leur appartenoit, pour servir à la dotation du chapitre de Brixey que ce prélat avoit dessein de fonder. En 1260, il donna des lettres à l'abbé et aux religieux, par lesquelles il les porte quittes de toutes poursuites, qu'on pourroit faire contre eux au sujet de cette cession et promet de prendre leur fait et cause. La lettre est du vendredi avant la S. Jean-Baptiste 4260. C'est que les loix ecctésiastiques, ainsi que les ordonnances des rois et des empereurs défendent aux évoques et aux abbés d'aliéner et de donner les biens de leurs églises. En 998, )'emp'reur Othon III avait ordonné par une constitution impériale que toutes les aliénations qui auroient été faites des biens des églises n'auroient aucun effet après la mort de ceux qui les auroient faites, et qu'il seroit loisible à leurs successeurs de les faire casser et de rentrer dans leurs biens ainsi aHénés Sit successori H&6Ta facultas omnia çuœ, per libellos et alias quaslibet scripturas abalienata /Me7'~< in proprium ji4s ecc~œ revocare. Vide. tom. IX co~e~. p. 77~.

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XLIV. L'ABB6 DE SBKONBS ACCOMPAGNE JBAN DE NANCY A LA SEIGNEURIE DE VITRIMONT, 1269.

L'abbé Baudoin pour terminer certaines dimcuttés qu'il avoit avec le sire Jean chevafier de Nancy, autrement nommé Jean de Toul ou Jean de Neuviiier, fils du duc Ferri III, l'accompagna dans la seigneurie de Vitrimont, à ces conditions qu'ils posséderont par moitié tout ce qui dépend de cette seigneurie, et qu'ils ne pourront s'y accroître l'un sans l'autre, qu'à profits communs et par moitié, qu'ils feront leur maire et leur doyen de concert, et que s'ils ne peuvent s'accorder sur ce sujet, ils les créeront chacun à son tour. Les maires et doyens seront francs et jureront fidélité aux seigneurs. L'abbé et couvent de Senones se reservent les corvées à Vitrimont et la franchise de l'église du prieuré et de toute ta dépendance de Léomont se réservent aussi )e')r maison d'Ant)up avec ses usuaires, jusqu'à ce que le sire Jean de Nancy leur ait assigné un fond de même valeur. Cet accompagnement fut ménagé par le duc Ferri III, père de Jean, et les lettres en furent faites et scellées de son sceau en 1269. Le même duc Ferri en 1286, confirma l'accompagnement ci-dessus, il nous apprend que Jean était son fils.

XLV. ACCORD ENTRE LE COMTE DR BLANONT ET L'ABBÉ BAUDOIN POUR TORTS QU'IL AVOIT FAITS,1269.

La même année, Henri II, comte de Blâmont fit un accord avec i'abbé de Senones, par l'entremise du duc Ferry III. I! paroit par les termes, paroles et les conditions de cet accomodement que le comte de Blâmont avoit fait d'étranges vexations à )'abbaïf, et que ce n'étoit pas seulement les comtes de Salm qui l'opprimoient mais que ceux de Blâmont, qui étoient de la même famille, ne leur étoient pas plus favorables. Henri reconnoitdonc qu'i) a fait de grands torts à l'abbaïe de Senones dans les lieux de Domptai), Buriville, Hablainville, BétonviHe, MagnéviXe, Anserviner, Remoncourt, Lintrey, et dans les maisons que l'abbaïe possédoit dans ces lieux et

que pour t'indemniser il lui a cédé son moulin qui est devant Vacheinville, et toute sa corvée qui est devant Chenesières en telle manière que lui ni ses hoirs ne pourront à l'avenir bâtir aucun moulin entre celui de Vacheinville et celui de Bétonville sans l'agrément de l'abbé, duquel don il s'engage de lui faire donner des assurances par l'évéque de Metz avant la S. Remi qui vient; et au cas qu'ils ne pourroient pas jouir paisiblement dudit moulin, le comte Henri s'oblige à leur assigner un fonds de terre de même valeur dans le ban d'Hab)ainvU!e, et sous la garantie de Philippe et Jacques seigneurs de Bayon. De plus il s'engage à leur payer une somme de sept vingts livres de provenesiens forts, dont il donne pour répondans Geoffroy, dit Gène!, chevalier de Herbéviller. Il remet l'abbé et les retigieux de Senones en possession de tout ce qu'ils avoient à Domptai! et dans les autres lieux ci-devant nommés de même qu'ils y étoient du temps de Jacques de Lorraine, évoque de Metz. Enfin, il cède aux dits abbés et religieux tout le droit qu'il pouvoit avoir dans le cours de l'eau et à la place du moulin de MerviUer promettant que quand il seroit créé chevalier, et qu'it auroit un sceau de leur faire expédier des lettres en bonne forme, et en attendant le duc Ferri mit son sceau dans les lettres qui furent faites au mois d'avril ~269. C'est la dernière affaire importante qu'ait terminé f'abbé Baudoin, puisque l'on met sa mort au 27 avril de l'an ')270. If eut pour successeur Simon.

Dans le nécrologe de S. Vincent de Metz, on fait mémoire de Beaudoin abbé de Senones, au 't2 may, mais il y a eu 3 abbés de Senones du nom de Beaudoin.

CHAPITRE XXII.

Sni0'< XXXVe ABBÉ. DEPUIS '1270 JCSQU'EN 128o. 1. SIMON ABBÉ DE SEKONBS; CE QU'IL FIT AU COMMENCEMENT

DE SON GOUVERNEMENT.

Comme Richer a Gni son histoire avant la mort de l'abbé

Baudoin, nous serons obligés ci-après de nous contenter des chartes et autres monumens que nous trouverons dans l'archive, pour composer la vie de nos abbés. En 4270, et au mois de juillet c'est-à-dire, peu de temps après la mort de Beaudoin, l'abbé Simon laissa ses dimes de Remeréville à deux religieuses de Bouxières-aux-Dames pour leur vie, moiennant la somme de 35 livres de messins, sans qu'après la mort desdites religieuses l'abbesse ou le couvent de Bouxières puissent rien prétendre aux dixmes. Ce qui donne l'idée d'une assez grande liberté dans ces religieuses sur le fait de vosu de pauvreté. En 427~, les héritiers de Huart le Vosgien ratifièrent le don que leur père avoit fait à l'abbaïe de six quartes de bled, à prendre sur le moulin situé au-dessus de Bertrichamp et en 1274, i'abbe Simon ascensa à un nommé Hibetung sa maison franche de Kiindshem, moiennant huit sols strasburgiens, paiables annuellement à la S~ Martin d'hyver.

En ~275 Renaud, sire de Jandetaineourt donna à notre abbaïe tout ce qu'il avoit à Chatay,

Il.

ABUS DES VOIES DB FAIT ET DES GA6IÈRES BN LORRAINE AUXni"StÈCLB.

Une mauvaise coutume ou un abus manifeste régnoit alors dans ce païs lorsque deux personnes ou deux communautés ou deux seigneurs avoient quelques prétentions les uns contre les autres, ils usoient de voies de fait, < t se faisoient justice à eux-mêmes. Quelquefois lorsqu'un sei;:neur, comme le duc de Lorraine, devoit quelque chose à un autre seigneur, par exemple au duc de Luxembourg, celui-ci sans autre forme de justice, gageoit !os sujets de son débiteur et se paioit par ses mains, en faisant piller les villages, les moissons, les marchandises des sujets du duc de Lorraine, et réciproquement. Les villes libres et les seigneurs particuliers en usoient de même à proportion. Ils s'en prenoient aux hommes, aux bestiaux, aux champs, aux biens de leurs débiteurs, ou de celui qu'ils croioient leur avoir fait tort. C'étoit

après cela au débiteur d'indemniser ceux qui avoient été pillés et maltraités. C'étoit une espèce de représaille, avec cette différence toutefois que la représaille se fait par une autorité souveraine, au lieu que ces gagières, comme on les appeloit et ces voies de fait. se faisoient souvent par autorité privée. Ces procédés si peu réguliers prouvent assez quelle était alors la situation du païs, et quelle licence y régnoit parmi les princes et parmi les peuples. Les souverains en virent bientôt les conséquences, et, dans les 13~ et ')4" siècles, ils commencèrent à établir entre eux certains juges chacun de leur côté, pour juger les différens et pour mettre fin aux petites guerres et aux voies de fait. Dans l'abbaïe de Senones, l'abbé Simon, qui avoit des domaines assez étendus et dans différentes dominations des ducs de Lorraine des évêques de Metz, des comtes de Salm et de Blâmont, ne pouvant emploier ni les armes, ni la force, ni même en plusieurs occasions )a voie de la justice, s'adressa au pape Jean XXI qui lui accorda en ')276, une bulle notable, dans laquelle il dit

UI. BULLE DE JEAN XXI CONTRE LES GAGIRRBS, ~376.

Que quelques personnes même iaïques, sous prétexte d'une certaine mauvaise coutume et de quelques différens qu'ils disoient avoir avec l'abbaïe, présumoient de gager, d'attaquer, d'arrêter et de retenir non-seulement des religieux de ce menas-, tère, mais aussi des bestiaux et autres biens du couvent jusqu'à ce qu'on leur eut fait justice à leur volonté quoique ces personnes n'eussentsur lesdits religieux aucune jurisdiction ni ordinaire, ni déiéguee le pape condamne fortement ces abus, et défend à toute personne d'en user ainsi, et de se faire justice de son autorité, cela étant condamné par toute sorte de droit. IV. DONATION DE CE QUE GEOFFROY D'OUTRAY AVOIT DANS LA FORÊT DE ROTOMONT, 1277.

Geoifroy fils du seigneur .Ro& ou Raoul, ou Roi d'Outrais,

tenoit en fief de i'abbé de Senones, une partie de la forêt de Rotomont (Rotomont est joignant le bois du PaHon fort différent d'Ortemont, bois de chambre au-dessus de Senones; mais le bois de chambre d'Ortomont est assez souvent nommé Rotomont, comme qui diroit ~o~bK<) il la rendit et la céda en aumône en plein chapitre, pour son âme et pour son anniversaire, le jour de Bures ~77. Le même Geoffroy aiant donné en mariage à Alizette sa fille de St Morize, un preys situé au Val de Senones et relevant de l'abbaïe, déclare qu'il ne l'a fait que du consentement de l'abbé, et à charge que son gendre le tiendra de même en fief de l'abbé de Senones. La même année 1277, les enfants d'Aubry seigneur de Coincourt, assignèrent à cet abbé deux pièces de prey finage de Coincourt, pour assurance d'un cens annuel de dix sois messins, que les héritiers dudit Aubry devoient à l'abbaïe.

V. FIEFS RENDUS A L'ABBAtE, ~282.

Les terres données en fief par les abbés et les ascensem*ns faits de certaines terres à des particuliers sous certaines redevances annuelles sont constamment un des plus grands maiheurs et une des sources les plus fécondes de la perte des biens des monastères. L'abbé Simon retira un assez bon nombre de ces fonds laissés en fiefs ou à titre de cens. Virion de Toul fils de Godefroy d'Outrais, dont on a parlé remit à cet abbé tout ce qu'il tenait en son fief de l'abbaïe dans le Val de Senones, consistant en terres et en preys situés aux environs de la Neuve-Maison, le tout pour la somme de six livres toulois que l'abbé lui compte.

VJ. BOUCHARD ~VËQUE DE METZ ACHÈVE DE PAYER A L'ABBAIB CE QUI ÉTOÏT REDU POUR LA CESSION DE MOYEN, ')283. On a vû ci-devant, sous l'an <224, que l'abbaïe de Senones avoit cédé aux évéques de Metz ce qu'elle possédoit à Moyen,

sous l'espérance de certains équivalens qu'on lui avoit promis. Les évéques avoient déjà donné quelque chose; enfin Bouchard, évoque de Metz en ')283, assigna à i'abbaïedes cens annuels à prendre sur Vacqueville et sur Moyen, de la valeur de dix livres, que les évéques devoient payer au monastère.

VII. DONATION DE CE QUE HBRMAN ET VtI.LACMR FRÈRBS AVOIENT À MOACOURT, ")283.

La même année, Herman et Vuillaume, frères, fils d'un nommé Aubert donnèrent à l'abbaïe de Senones tout ce qu'ils possédoient à Moacourt, en héritages, en preys en terres, en jardins et en bois, à condition que l'abbaïe fourniroit tous les ans pendant sa vie audit Villaume une prébende de convers en la maison de la prévoté de Senones, et qu'elle donneroit de même chaque année pendant leur vie à Herman et à sa femme douze ymaux de wayn de moiage, mesure Vie. (Le prévôt prieur avait donc sa demeure et sa table à part). Le wayn signfie le seigle ou le froment le moiage signifie le méfange de ces deux grains, le ~~m-ot ou tr~Ot signiue l'orge et l'avoine et le mélange de ces grains. Quand il est question de corvées, la corvée de :pa~ est celle de l'automne, pour labourer les terres où l'on doit semer les fromens et les seigles la corvée du tramot, est celle du mois de mars, pour les semailles d'orge et d'avoine. Ces mots se trouvent fréquemment dans nos titres.

VHt. ACCORD ENTRE L'ABBÉ DE SENONES ET HBNR! COMTE DE BLAMONT AU SUJET DES AMENDES

ET DES BOIS DE BURtV!LLE ET DE BBTONVtHB, ~279. Henri, comte de Blâmant, dont on a déjà parte, sous l'an 1269, prétendoit avoir toutes les amendes des villages de Domptail, Buriville et BétonviUe, sans doute en sa qualité

d'avoué de t'abbaïe dans ces lieux-là. L'abbë Simon les lui contestoit. Ils convinrent que ces amendes se partageroient par moitié, De plus il fut accordé qu'en reconnoissance des bois de marnage que le comte prenoit dans les bois de l'abbaïe à Buriville et à Bétonvitfe, pour réparer son château, son pont et son moulin de Deneuvre, il donneroit à t'abbaïe annuellement deux quartes de seigle à prendre en son moulin de Deneuvre de plus, que pour le marnage du pont et du moulin de Donjevin, qu'il prenoit aussi dans les bois de Buriville et de Bétonville, il payeroit dix sols de fors ou cent livres de messins par an à l'église de Senones. Enfin comme les habitants d'Hablainville et de Bétonville avoifnt droit de prendre leur chaunage et les bois de marnage pour leurs maisons, leurs chars et leurs charrues dans les bois de l'abbaïe, il fut accordé que chaque habitant de ces lieux, qui met bête aux champs, et qui fait venir des bois dans sa maison sur un chariot de louage, payeroit un bichet d'avoine annuellement à la cour de l'abbé à Bétonville, et que celui qui iroit chercher le bois sur son col, payeroit seulement à ce dernier. Et en reconnoissance de ce, les habitans des deux villages devant dits renoncent et quittent à l'abbé de Senones les grands pains bannaux qu'on avoit accoutumé de leur donner quand ils allaient aux corvées pour i'abbaïe, et accordent que chaque charrue se contentera de deux pains. C'est-à-dire un pain et un denier pour la corvée de tramoi, et autant pour la corvée de wayn.

!X. VBNTB OU ADMODtATION DES BtBNS DE COLONBB? ET DU

PAIS HBSSIN POUR 25 ANS, 1280.

L'abbé Simon fit de son tems, vers l'an 1280, une chose qui eut d'assez grandes suites après sa mort. Il laissa pour 25 ans à un nommé Colin Poirotz bourgeois de Metz, tous les revenus qui lui appartenoient dans la ville de Metz et à 2 lieues aux environs, moiennant la somme ou le cens annuel de 34 livres de messins. Quelques années après, c'est-à-dire vers l'an 4290, Colin

Poirotz rétrocéda son traité à un nommé Barthélemi Paillés ou Paillas, qui actionna les abbé et religieux de Senones en garantie, prétendant n'étre pas attenu aux réparations de l'église de Saint-Hilaire au pont Remmon à Metz, pourquoi les paroissiens avoient fait saisir les revenus dudit Paillas. L'abbé et Barthélemi firent un compromis en ')292, et les juges compromissaires prononcèrent que, pendant la durée du traité passé avec Colin Poirotz, les abbé et couvent de Senones n'étoient nullement attenus auxdites réparations, mais qu'elles étoient à la charge dudit Barthélemi, pendant la durée de son bail. Ces diSicuttés durèrent encore quelque tems, et se terminèrent enfin en ')293, par la résiliation du bail que fit Barthélemi, qui avoit encore 12 ans de jouissance, et par l'achat qu'il fit de la terre de Colombey, appartenante à l'abbaïe de Senones, à charge d'en faire hommage à i'abbé, ce que nous verrons sous l'abbé Baudoin II, en ~293.

x. TRANSACTION AVEC LE CONTE DE SALM POUR LA MOITtË DES BOIS DU VAL DB SBNONBS, BN 1284.

L'abbe Simon, autant qu'on en peut juger par ce que nous en avons vû jusqu'ici, avoit gouverné son temporel avec assez de bonheur et de sagesse mais sur la fin de sa vie c'est-à-dire en~284, il fit un tortirréparabte à son abbaïe en accompagnant le comte de Salm dans tous ses bois, c'est-à-dire dans plus de quatre-vingt milles arpens de bois, pendant que le comte de Salm ne l'associa que dans le bois dit des Oigneys, qui peut contenir environ deux mille arpens. On a déjà pu remarquer que ces sortes d'accompagnemens furent assez fréquens dans ce siècle. Nous avons rapporté celui de Henri le Lombard à la cour franche de Borville en 4225, et celui du même à la seigneurie dudit Borville en 4249, encore celui du comte de Salm aux forges de Framont, et celui de Jean de Nanci à la seigneurie de Vitrimont en 4269 enfin voici celui de Henri', comte de Saim à la moitié des bois de l'abbaïe en ~)284. On peut assurer que ces accompagnemens

ont toujours été très-désavantageux aux monastères, et on doit croire que ceux qui les ont faits, y ont été forcés par !a nécessité des circonstances fâcheuses de leurs affaires. L'abbé Simon associa donc le comte Henri~dans les bois des bans de Plaine de Vipucelle de Celles et du Val de Senones, et le comte met dans cette société le bois qu'il a acquetté d'Albert dit Grise), situé au lieu nommé des Oigneys. Cette société ne fut faite que pour la superficie desdits bois, dont les ventes et profits devoient être partagés par moitié l'abbaïe demeurant toujours propriétaire du fond, et s'étant aussi réservé le passonage des dits bois (passonage ou paxonage, droit de pâturage et de mettre des porcs dans les bois), sans que le comte y pût rien prétendre, en sorte que quand ces bois viendroient à être essartés, les essarts demeureroient pour le tout et sans part d'autrui à l'abbaïe en dixmes en justices en cens, en quartiers, en gerbages, et en tous autres profits de même que toutes les autres terres du Val de Senones, lesquelles réserves furent aussi réciproquement accordées au comte de Salm, pour le bois d'Oigneys, qu'il mettoit dans cette société.

De plus la forêt de la montagne de Rotomont (c'est sans doute Orthemont, qui est quelquefois nommé Rotomont), de même que toutes les forestelles et bois taillis du val de Senones, et la forêt voisine du prieuré de St-Sauveur dit de la Cour d'en haut, au ban de Vipucelle, comme aussi toutes les autres forestelles qui sont hors des grands bois, demeureront à l'abbaïe pour le tout et sans part d'autruy. Et à t'égard de la vente des bois communs, elle se fera toujours au profit des deux parties et que ni l'abbé et le couvent, ni ledit comte Henri et ses hoirs ne pourront s'aider de nulle teneur, de nulle possession, de nulle prescription, ni par nulle autre manière l'un contre l'autre, mais qu'on en reviendra toujours à ce traité d'accompagnement. Les habitans des bans de Plaine, de Vipurelle de Celles et du Val de Senones ne pourront arracher ni couper bois de sapin, de chêne, ni de hêtre dans les lieux et bans dessus nommés, sinou pour leurs chars, leurs charrues et leurs

bâtiments et ils leur seront marqués par les forétiers, tant dans le bois vif, qu'au bois mort, et pour leur affouage, ou chauffa*ge, il leur sera de même marqué par les forétiers. Ils n'auront pas droit de cueillir les glands dans !es bois, sans la permission des abbés et religieux de Senones; ils devront de plus payer les aumônes des morts et les grosses et menues dixmes, selon l'usage du doyenné de la chrétienneté de Flin.

Le maire de Celles doit faire pescher dans les ruisseaux de son ban trois fois l'année pour l'abbaïe, savoir pour l'Ascension, pour la S' Pierre et pour la SI Siméon. L'abbé peut aussi faire pescher quand il se trouve à Celles. Ce traité fut &ceHé à la prière des contractans par Bouchard élu de Metz comme étant seigneur des parties, et par cette qualité en droit d'emploier son autorité pour leur faire observer leurs conventions réciproques.

Voilà donc à peu près ce que l'on sçait du gouvernement de J'abbé Simon. Il paroit que de son temps les religieux avoient leurs prébendes, c'est-à-dire une certaine quantité de pain et de vin, ce qui était déjà en usage sous l'abbé Baudoin son prédecesseur; que les officiers du monastère demeuroient à part, et avoient leurs apparlemens séparés que les prieurs des celles ou prieurés, quoique révocables à la volonté de l'abbé, géroient tout le bien de leurs prieurés y faisoient des acquisitions et en usoient comme du leur. Simon mourut le 8 de mars 1284 ou f285, selon notre manière de compter. Il eut pour successeur Baudoin II du nom.

L'abbé Simon fut témoin et scella de son sceau les lettres de Henri comte de Salm qui reconnoit devoir à Pierron de Pierre-percée d00 livres de messins, pour lesquelles il lui engage tout ce qu'il a à Pexonne. Ces lettres sont du lendemain de la Sainte Lucie de l'an 1270. (Archives de Lorraine, layette cottée De?MMM-e, Azerailles, Fo~~Hoy, 2). Le même abbé mit aussi son sceau aux lettres de Henri, escuyer dit de Pierre-percée, fils de feu Kar)on dit Chiche-Vache, par lesquelles ledit Henri reconnoit avoir vendu à noble homme

Ferri duc de Lorraine, la moitié de ce qu'il avoit ès villes de Flin, Azerailles et Gelacourt, en la garde de la grange de Velezey de Mazerulle et de Lenezeis pour 50 livres de toulois. Fait en octobre ~8a.~d~°5.

CHAPITRE XXIII.

BAUDOUIN 11~ DU NOM, XXXVI~ ABBÉ,

DEPUIS L'AN '1.888 JUSQUES VERS L'AN 1315.

t. CONMBNCBMBNT DE L'ABBÉ BAUDOUIN II. QUELQUES HBUGIBUX LUI REFUSENT L'OBBtSSANCB, 4285.

Beaudoin n étoit abbé le lundi d'après le second dimanche d'après Pâques, où l'on chante JtfM~co~M~ Domini, de l'an ~285, puisque Conrade évéque de Toul donna, ce jour-là, une lettre par laquelle il ordonne aux religieux de lui rendre obéissance et de lui remettre les biens du monastère sous peine d'excommunication. Or si en ce tems-là on ne eommençoit l'année qu'à Pâques ou à l'Annonciation, il faudra dire que l'abbé Simon étoit mort en 4284, selon la manière de compter d'alors, qui revient à 4288 au mois de mars, selon la manière de compter d'aujourd'hui.

L'éveque Conrade, dans la lettre dont nous venons de parler, nous apprend que l'abbaïe de Senones étant vacante par la mort de l'abbé Simon, il y a pourvû en y nommant Baudouin, ci-devant cellerier du monastère, qu'il y a, dis-je, pourvû, tant par le pouvoir qui lui en étoit dévolu que par son autorité d'Ordinaire tam ex potestate ad nos devolutd, quàm autoritate ordinarid. Or je ne vois qu'une seule chose qui peut lui avoir acquis le droit d'y nommertomme ordinaire autoritate <!eco~< qui est la division des religieux, qui ne purent s'accorder, ou leur négligence à procéder à une élection canonique.

De plus, il nomme neuf religieux de ce monastère, qui aiant été admonestés de sa part de rendre obéissance au nouvel abbé, avoient négligé de le faire, et il ordonne en vertu

de sainte obéissance au prieur de l'abbaïe de leur dénoncer de sa part, que si dans trois jours ils ne se soumettent à leur abbé, il les dénonce excommuniés et suspens de tout office. Les surnoms de ces religieux semblent montrer qu'ils étoient de condition; les voici Guillaume d'Aulle, André de Taixay, Henri de Remiremont, Geoffroy de Pierre-percée, Renaud d'Aixeins, Albert de Rosières, Jean Braxenois, Jean de Jandelincourt, et Jean de Port sur Seille.

II. CONFIRMATION DE LA DONATION DU MOULIN

DE VAXAINVULE, <285.

Louis comte de Chiny et sire de Blâmont ratifia le don qui avoit été fait du moulin de Vaxainville par Henri sire de Blàmont son fillàtre ou fils de sa femme, et auquel lui Louis croioit avoir droit, à cause du douaire de Jeanne sa femme, qui avoit épousé en premières noces Ferri de Salm comte de Blâmont. Ce Louis comte de Chiny et Jeanne comtesse de Chiny et dame de Blâmont nous sont connus par les sceaux que nous avons fait graver dans le second tome de l'Hist. de Lorraine. Voyez les sceaux XCV, XCVI, XCVII et XCVIII et leurs explications au même tome. Le moulin de Vaxainville fut donné par Henri sire de Blâmont en 12o9. Voyez le titre sous cette année.

La même année ')28o, l'abbé Baudouin scella de son sceau, avec Jean abbé de Lunéville, des lettres de Ferry d'Ogéviller, fils de Henri dit Champenars, chevalier, par lesquelles il se reconnoit homme lige de Henri sire de Blâmont et lui devoir six mois de garde à Blâmont, pour quarante livres de toulois qu'il lui a donné et assigné sur les chaptels de Franconville. Ces lettres sont du vendredi après la Purification N.-Dame de 1~288.

ASCBNSBMBNS FAITS A CERCUEIL BN ~)286.

Nous connoissons en Lorraine deux lieux du nom de C&rce&M?' ou Cerceuil, Sarcophagus, ou Se?'c<BMf, Cercorium. L'un est

environ à trois lieues de Nanci vers Pulenoi et Saulxures l'autre est du bailliage d'Epinal, et environ à trois iienes de Bruyères vers Dompierre et Gircourt. Nous ne possédons plus rien ni dans l'un ni dans l'autre de ces deux iieux, et je ne sçais pas même dans lequel des deux étoient situés les héritages que l'abbé Baudouin ascensa en 1286, moiennant la somme de 4 sols toulois. Ce qui pourroit faire croire que c'étoit à Cerceuil près de Nanci, c'est que le titre d'ascensem*nt porte que ces biens étoient venus à l'abbaïe par Forcon curé d'Anttup; mais ce qui pourroit persuader le contraire, c'est que l'abbaïe possédoit autrefois des biens considérables à Gircourt et à Dompierre près de Cercoeur. Le titre original lit Cercus ou Cereaës.

Baudouin fut témoin et scella de son sceau, avec Alexandre abbé de Moyenmoutier les lettres de Bertrand dit d'~?tc~ct/ chevalier, par lesquelles il vend à Henri seigneur de Diâmont ce qu'il avoit à Fontenoi, le samedy après la Nativité de -Dame de l'an 1286.

IV. ACCOMPAGNEMENT DE JEAN DE DOMBASLE A LA SEIGNEURIE D'ANTLUP, 1290.

Le même abbé Baudouin fit d'autres ascensem*ns et des accompagnemens, qui firent un très-grand tort à son abbaïe. En 1290, il accompagna Jean de Dombasle, écuier, fils de Henri de Dombasle, chevalier, dans tout ce qu'il avoit à Anllup, et mutuellement ledit Jean associa l'abbaïe de Senones dans ce qu'il possédoit au ban Saint-Pierre dudit Antiup, sans en rien réserver; à condition que Jean auroit moitié de ce que l'abbaïe possédoit en ce lieu et réciproquement. H y a toutefois plusieurs choses exceptées, où ledit seigneur Jean ne devoit avoir aucune part, comme la maison que i'abbaïe y possédoit avec ses usuaires, le domaine du monastère le patronage de l'église, les droits d'église, les corvées. Si néanmoins il y avoit des amendes pour les corvées mal faites, le seigneur Jean de Dombâle y auroit moitié; et depuis

ce tems, ni l'abbé ni son associé ne pouvoient rien acquérir à Antlup l'un sans l'autre. Ils y doivent faire un four bannal à frais communs et à profit de même les personnes et les bêtes de la maison franche appartenantes à l'abbaie ne payeront point d'amende si elles sont prises en dommage, mais payeront seulement le dommage, au dire de prud'hommes. Le moitrier ou fermier, qui demeurera dans la maison appartenante à l'abbaïe, sera franc de service, de taitte. de rentes et de tous autres débits, à moins qu'il ne soit homme de la compagnie, et appartenant au seigneur Jean en quetqu'autre manière. Les deux seigneurs feront les maires, doiens, forestiers et messiers de concert, et s'ils ne peuvent s'accorder, ils les feront à l'alternative, l'un un an et l'autre un autre. On règle après cela ce que chaque habitant, qui sera de l'accompagnement, doit payer chaque an à son seigneur, conformément à ce qui se pratiquoit à Vitrimont. Ce fut le duc Ferri m qui procura cet accompagnement en faveur du seigneur d,e Dombâle qui étoit de la maison de Salm. Il procura de même la plupart des autres accompagnemens qui se sont faits pendant sa vie avec l'abbaïe de Senones.

En ~90, l'abbé Baudouin mit son sceau avec Alexandre abbé de Moyenmoutier et Gérard abbé d'Estivaux (Etival) à l'acte par lequel Varnier de Provenchéres, chevalier, se déclare homme lige de Henri seigneur de Blâmont après le duc de Lorraine et M. de Salm, et devoir quatre mois de garde au château de Deneuvre. L'acte est du samedy après la S. George')290.

Y. ASCENSBMBNT DE LA PLACE DU MOULIN M RAMBERYtLLBR, ')298. Baudouin ascensa, en')298, une partie de la place du moulin de Rembervillei, et le cours de l'eau, à un nommé Jacques de Remberviller, moiennant trois sols de toulois de cens payables à Noët; et au cas que le moulin, dont il s'agit, dépérisse ou soit réduit au néant, ledit Jacques assigne d'autres fonds pour hypothèque de la rente ou du cens.

V!. VENTE DE LA SEIGNEURIE DE COLOMBBY, '1293.

En 1293, il vendit à Stevenin fils de Pierson Billeron de Chàte!, la seigneurie de Colombey près de Metz, et tout ce qui en dépendoit, excepté la dixme grosse et menuë, le droit de patronage et la grange aux dixmes, qui est au milieu du village; et l'achettenr s'oblige à bâtir une maison curiate à celui qui desservira la cure dudit Colombey. Item il vendit tout ce qu'il avoit aux bans de Montoy, Aubigni, Bournayet Ars-près-Colombey, à Coineï, et aux dépendances; à la réserve des dixmes, grosses et menuës. Il exemte celui qui demeurera en l'hôtel qu'il a vendu, du payement de !a menuë dixme mais il charge l'achetteur de lui rendre plein hommage, soit lui ou autre qui tienne ladite seigneurie à titre d'achapt, de don ou d'engagement. De plus, l'achetteur donne comptant à l'abbé et au couvent une somme de six vingt dix livres de messins, et outre cela doit faire don à l'abbaïe les deux parties des fruits de l'église de S. Hilaire de Metz, et les deux parts des dixmes et cens qui appartiennent à la même église, et quantité d'autres biens, qui étoient entre les mains d'un nommé Bertignon Paillat bourgeois de Metz, à qui I'abbé Simon les avoit laissés pour 28 ans, et qui en devoit encore jouir pendant '<2 ans; lesquels ledit Bertignon quitte à l'abbaïe, et la remet actuellement en jouissance de ces biens. Pour bien entendre ]es raisons de cette vente, on peut consulter le compromis de <290, et la sentence de 4292, qui sont trèsinstructifs.

VII. ASCBNSENBNT D'UNE MAISON A RBMBBRVILLBR ET DU MOULIN DE BBTONVILLB, ~295 ET ')297.

En ~295, l'abbé de Senones ascensa à un nommé Vautier de Remberviller une maison audit lieu située derrière l'église, et dont l'usuaire s'étendoit jusqu'aux murs de la ville, pour 4 sois toulois de cens; et deux ans après, il laissa de même à titre de cens, à un nommé Fririot dit Crehés, de Hablainville, son

moulin de Bétonville (ce moulin et cette cour' que nous avions à Pétonville sont passez depuis longtems en d'autres mains), à tenir pendant toute sa vie, moiennant 39 quartes de bled marchand, le tiers en froment, le tiers en seigle et le tiers en avoine, payables en trois termes, savoir à Noël, à la S. Jean et à la Nativité N.-Dame. Outre cela il doit encore donner une quarte de cire, une livre de poivre, un porc de dix sols et 4 chapons, 4 pains blancs et un septier de vin à la cour de l'abbé et à ses gens. Et après la mort dudit Fririot, le moulin doit retourner à l'âbbaïe sans dinicuité.

Nous parlerons ci-après de la rente de 18 resaux de froment, et de six resaux d'avoine dûs sur Barbonville en 1295. Au mois de mars de l'an 1298, l'abbé Baudouin aiant eu divers débats avec Jeannot de Dun, escuyer, au sujet de la justice d'Imberménii, ils firent accord en cette sorte Que le maire en la justice d'Imberméni! doit faire féauté ou jurer fidélité audit Jeannot de Dun et à l'abbé de Senones, et doft recevoir de chacun d'eux son droit et sa raison et peuvent lesdits seigneurs renvoier et déposer ledit maire à leur volonté et s'ils ne pouvoient s'accorder sur le choix du maire et de la justice, ils le feroient alternativement d'une année à l'autre. Le maire ainsi élu sera franc pendant toute l'année, en payant chaque année un porc de dix sols à chacun des deux seigneurs; les eschevins pareillement seront francs, moiennant une demie rente et un porc de dix sols, à payer chaque année à Noël aux mêmes seigneurs, lesquels prendront ensemble de moitié à moitié toutes les amendes et prises audit lieu. Ils ne pourront s'accroître l'un sans l'autre en estang ni en moulin; et s'ils en faisoient à frais communs, ils seront communs entr'eux en tout profit. Ledit Jennot de Dun tenoit un prey de l'abbaïe de Senones audit lieu d'Imberménil, pour lequel il devoit un cens de six deniers, tandis qu'il tiendra le prey. Et s'il arrivoit qu'un homme ou une femme dudit lieu commit quelque grand délit pour lequel il seroit condamné de corps ou de biens, la confiscation en appartiendroit à l'église de Senones, ou plutôt au prieuré de Xures, auquel appartient ce qui est marqué

ci-dessus, ledit prieuré étant membre de l'abbaïe de Senones. Xures appartient à présent à la maison de Sainte Barbe au territoire de Metz. Voyez ci-après sous l'abbé D. Joachim Vivin. Je trouve ailleurs que la cure d'Imberménii, est à la nomination du prieur de Fricourt.

VIII. VENTE DE LA TOTALITÉ DES D!XMES DE VAQUBVILLB, EN 1300.

L'abbé Baudouin vendit, ou admodia ia~otatité des grosses dixmes de Vaqueville et des dépendances à un nommé Gérard de Vaqueville, clerc, qui étoit alors receveur de Renaud évoque de Metz pour ses biens situés dans la Vosge. Il les lui vendit, dis-je, à vie, moyennant une quarte de cire payable à la S. Remi, et cela en considération des grands et importants services que ledit Gérard avoit rendus et pouvoit encore rendre à i'abbaïe, et pour le respect des seigneurs évoques de Metz. La même année 't300, l'abbé Baudouin fut témoin et scella les lettres par lesquelles Ferri de Brouvelotte, escuier, fils de Jacquemin, se reconnoit homme lige d'Henri sire de Blâmont, pour Brouvelotte, Brouville et Gelacourt, et devoir faire garde six mois au châtel de Deneuvre. Fait au mois de mars en 4300.

En 1307, ie même abbé scelle de son sceau les lettres d'Olry de Cercceur, fils de feu Liébaut d'Escorday chevalier, par lesquelles il déclare tenir de Jeoffroy de Biencourt son neveu, en fief et hommage, tout le partage qu'il a d'héritage à Cercceur; et ledit JeoSroy lés tient en foy et en hommage entièrement de noble homme Henri, chevalier, seigneur de Blâment, le samedi devant la S. Pierre au mois de février 4307.

Le même, en ')302, avoit scellé les lettres d'Arnould chevalier d'Epinal' qui reconnoit avoir reçu de Henri seigneur de Blâmont, 4 livres de toulois en accroissem*nt des autres fiefs qu'il tient déjà de lui, ù prendre sur la rente de la ville de Mazilly. Fait au mois d'avril '1302. (Archives deLorraine ~cn/e«e coM~ Blâmant, fiefs, 17 et 21.

IX, A8CBNSBMBNT DU MOULIN DB CHATAY, 130~.

En ~301, il ascensa le moulin de Chatay pour deux sols toulois de cens, payables annuellement à la S. Etienne après Noël. Il y a encore quelques lettres de pareilles ventes ou ascensem*ns faits par l'abbé Baudouin; le plus considérable est l'accompagnement qu'il fit de Henri sire de Btâmont, à la terre et seigneurie de Fontenoy-la-Joutte.

X. ACCOMPAGNEMENT DE HENRI SIRE DE BLAMONT SN LA SEIGNEURIE DE FONTBNOY, EN ~98.

Henri sire de Blâment, dont on a parlé, fit un accord en <29o, avec l'abbé et le couvent de Senones comme propriétaires, des biens du prieuré du Moniet, au sujet des dixmes et de la seigneurie de Fontenoy, autrefois village considérable, aujourd'hui annexe de Domptail. Le sire de Blâmont reconnoit que l'abbaïe de Senones possède à Fontenoy la totalité des grosses et menuës dixmes, le droit de patronage, le don de l'église, la marguillerie, une maison, une grange, des gagnages; de plus leur appartiennent les corvées des charrues, de la faulx, de la fourche, de la faucille, de la même sorte qu'au ban de la Rivière. Item un bois qu'on dit la Lumière, quelques cens en chappons et en deniers, et un héritage nommé le Bocerat, dont l'abbaïe possède la dixme et le gerbage; le tout sans part d'autruy.

Sera loisible au comte de faire un étang au lieu nommé en G~M, moiennant un cens de cinq sols de toulois, et s'il faisoit un moulin au-dessous de l'étang, i'abbaïe de Senones en auroit moitié en payant moitié des frais de construction et de l'entretien. Quant au reste des biens et des revenus de la seigneurie de Fontenoy, il sera partagé également entre les sires de Blâmont et l'abbé de Senones. Les seigneurs feront les maires doyens, échevins, bangards forestiers de commun accord, sinon ils les créeront à l'alternative,

l'abbé la première année, et le sire de Blâmont, la suivante. Le maire sera chargé de lever les droits et redevances, et de les distribuer par moitié aux deux seigneurs. Ils ne peuvent l'un sans l'autre faire imposition, ni taille, ni prise de bled; et si une partie faisoit un acquet dans le lieu, elle partageroit avec l'autre, en partageant aussi le prix de l'achat. De plus le sire de Blâmont ne peut mener les hommes de Fontenoy hors de là pour aller à la guerre, ou à une chevauchée mais il peut les obliger à garder et défendre sa terre et châtellenie de Deneuvre, à commun cri, qui arriveroit à la dite terre; et encore ne les peut-il tenir qu'un jour et une nuit, et ils seront obligés d'en faire de même pour le service de l'abbaïe de Senones.

Ni l'un ni l'autre des seigneurs ne pourra attirer hors de leur village les habitants de Fontenoy pour affaires qu'ils auroient l'un contre l'autre, mais on les terminera sur les lieux; les deux seigneurs consentant que s'ils viennent à manquer à quelques-uns de ces articles, ils puissent être contraints à les observer par Bouchard évoque de Metz, comme seigneur souverain du fief de la ville de Fontenoy. Enfin ils conviennent mutuellement de ne s'aider l'un contre l'autre de nulle teneur, possession ou autres choses qui puissent les empêcher de revenir toujours à la teneur de ces lettres, et ils s'engagent réciproquement de jurer sur saints évangiles, s'ils en sont requis, qu'ils exécuteront fidellement et de bonne foi ce qui est contenu dans le présent accompagnement, qui fut passé la veille de l'Assomption de N.-Dame ')298. L'abbaïe n'a plus aucune part à la seigneurie de Fontenoy, possédée en entier ci-devant par le duc de Lorraine, comme ayant succédé aux comtes de Blâmont aujourd'hui par le roi depuis la cession de la Lorraine à la France. XI ACQUETS FAITS PAR L'ABBÊ BAUDOIN A JOYEUSE B!~286, ~3(M, ~304.

Si la nécessité des affaires de l'abbaïe et d'autres fâcheuses

circonstances obligèrent l'abbé Baudouin à faire des ascensem*ns, des accompagnemens, des aliénations désavantageuses, on doit aussi lui rendre justice et avoüer qu'il a fait quantité d'acquêts très-considérables, et qu'il a reçu des donations très-utiles au monastère.

En <286, Vautier de Hautepierre chevalier fit donation à i'abbaïe de quatre ymaux de bled de rente à prendre sur ses terres et ses preys qn'il possédoit à Juvelize et en <304, Simonin de Luscere escuier, fils du seigneur Vautier de Hantepierre donna dix ymaux de bled, moitié froment, moitié tramois, sur les dixmes qu'il possédoit audit Juvelize, pour faire son anniversaire dans l'église de Senones. Aubert de !a Vetrize chevalier, oncle de Simonin, avoit donné au monastère un héritage dans le même lieu de Juvelize. Enfin Albert frère dudit Simonin avoit fait donation de dix imaux de bled pour son anniversaire sur des fonds situés audit lieu. En ~3, le même Simonin de Luscere laissa, par son testament à f'abbaïe de Senones, tout ce généralement qu'il possédoit à Juvelize en dixmes grosses et menuës, en terres, en preys, en champs, en bois, en cens, en patronage, sauf le douaire de Gillette sa femme, lequel se devoit prendre sur lesdits héritages. XII. ACQUETS DE PLUSIEURS BIENS A NOSSONCOURT, EN 't894, ~99 ET 't314.

En 1294, une dame Lucars dite la Comtesse, aiant choisi sa sépulture dans l'église du prieuré de Deneuvre, donna au même prieuré 20 soudées de terre à toulois, et cinq soudées de terre à toulois à l'église de Senones, lesquelles 25 soudées furent affectées sur les premiers revenus de la vouerie de Nossoncourt à quoi Bertram d'Anserviller et Jaquemin son frère, fils de ladite Lucars ou Leucarde consentirent et Bouchard évêque de Metz confirma cette donation. Il est bon de remarquer qu'une so~e de terre, une li-orée de terre, une florinde de terre, n'est autre chose qu'un fond de terre qui rapporte par an la valeur de tant de sols, de tant de livres, de tant de florins.

En 1299, Jean Petit, curé de Nossoncourt, aiant acheté la sixième partie des dixmes dudit lieu auprès de Jean d'Epinal et d'.4e7M dame de Beaumont, veuve de Verri dit d'Autel chevalier, ledit curé revendit à Baudoin abbé de Senones lesdites dixmes avec les autres biens qu'il avoit acquettés, moiennant la somme de 64 livres de toulois, qu'il reçut comptant du dit abbé, se réservant seulement sa vie durant les cens en argent, les poules et les preys qui dépendoient dudit acquet, moiennant 6 sols de toulois par an, et après son décès le tout devoit retourner à l'abbaïe de Senones. Fait au mois de janvier 4299. Cétte donation fut confirmée par Gérard évêque de Metz en octobre de la même année. Enfin en 4 31 4, Jean de Domptail écuier ratifia la vente que Jean de Domptai! son père avoit faite à l'abbé Baudoin de tout l'héritage qu'il avoit à Nossoncourt et au ban. Cette ratification accordée moiennant la somme de dix livres toulois que l'abbé lui donna.

XIII. ACQUÊTS BN ALSACB, A CHATENOY, KUNTZHBIM, A BERKNELZ, ETC.

Le même abbé acquit aussi de grands biens en Alsace. Il lui fut adjugé à Berkheim deux journaux de vignes, par sentence arbitrale du 23 juin 1292. Et en 1294, Aubert de Lauveline chevalier céda à l'abbaïe de Senones tout ce qu'il avoit à Berkmeiz, soit en vignes, en champs ou en rentes, à charge que i'atbé lui feroit rendre et délivrer chacun an dans la ville de Colroy la quantité de douze mesures de bon vin. En <295,Gertrude dame de Colroy, veuve de Ferri de Colroy, et femme en secondes noces de Liébaut de Landéville, donna à l'abbaïe de Senones les vignes que son premier mari avoit achettées de l'argent de son mariage audit lieu de Berkmelz. En 1299, Aubert fils du seigneur Rathier de Luscez donna en aumône à l'abbaïe tout ce qu'il avoit à Berkmelz, et d'autres héritages, moiennant deux salles de bon vin (apparemment deux sceaux ou deux mesures de vin) qu'on lui devoit donner annuellement. Beaudoin achetta aussi plusieurs vignes à Châtenoy ez années 1298, 1296, 1297, Il en achetta par un

seul article pour M marcs d'argent monnoie de Strasbourg. On en donna aussi beaucoup en aumône et pour des fondations à i'ég!ise de Senones.

En ~297, Louis de Raville et Hildegarde son épouse, flrent aussi donation à l'abbaïe de tout ce qu'ils avoient tant en fond qu'en meubles, dans le lieu de Raville en Alsace, (peut être Roschvir). Et en 4299, Baudouin achetta des vignes à Kintzhem pour la somme de dix marcs et dix sols strasburgiens. Il y fit encore quelque acquêt en ')303, de façon qu'il se passa peu d'années qu'il n'acquit quelque chose au profit de son monastère.

X!V. D!FP!CULTË AU SUJET DB LA CURE DE BROUVILLE, EN ~98.

Il survint, en 1298, une grande difficulté à l'occasion de la cure de Brouville, à laquelle l'abbé de Senones avoit nommé un certain Dominique prêtre de Deneuvre, et le pape en avoit donné la provision à un nommé Simon, fils de Renaud de GerbéviHer. Dominique se présenta à Conrad évoque de Toul, qui l'aiant renvoié à Jean de Bp))aimont~BoMrMmo?K), alors chantre de i'égiise de Toul, pour contester avec Simon son compétiteur, le chantre de Bellaimont débouta Simon, et adjugea la cure à Dominique, qui fut mis en possession en vertu de la nomination de i'abbé de Senones, et de l'institution de t'évëque de Toul. Quelques tems après Simon s'étant pourvu par devant le pape Boniface VIII, obtint une sentence, qui lui adjugeoit cette cure, à l'exclusion de Dominique. L'abbé de Senones pour conserver son droit et empêcher le progrès des entreprises des officiers de la cour de Rome, députa un nommé Laurent d'Imberméni), clerc du diocèse de Toul, pour interjetter appel au Saint-Siège en son nom, du mal jugé de la dernière sentence. C'est ce qu'il fit dans les formes, le 20 septembre ~98, au milieu du chœur de l'église de Toul, à i'heure de vêpres, en présence du doien de cette église et de l'archidiacre de Ligny, qui avoient été nommés exécuteurs de la sentence

de Barthé!emi de Poitier, chapelain du pape Boniface VIII.

XV. ACCORD POUR LE DROIT DE PASSAGB DES BOIS QUI DESCENDENT DE LA RIVIÈRE, ~302.

Le comte de Salm et l'abbé de Senones firent un accord en 4302 avec Ferri duc de Lorraine, pour le transport ou voilage des bois de mairien qui descendent du Val de Senones et de celui de Celles, ou qui remontent d'Azeraille vers Raon l'Etappe, en telle manière, que de chaque voile de marien qui viendra d'Azeraille en montant soit par eau ou par charrois, ils en payeront audit seigneur Duc, 9 sols et deux deniers de toulois; de même pour le bois qui descend vers la Meurthe; de plus que ledit Duc empêchera qu'il ne soit fait aucun trouble ni empêchement au transport des bois. En outre qu'il sera permis audit abbé et audit comte de Satm de faire nettoyer la rivière qui vient de Celles à Ravon, sans aucune duEcuIté ni de sa part, ni de celle de l'abbé de Moyenmoutier, dont il doit les garantir Cet accord fut fait seulement pour quatre ans, à commencer à la S. Martin de l'an 4302. XV!. MORT DR L'ABBB BAUDOIN H, EN 4345.

L'abbé Baudouin étoit encore en vie le lundy dans l'octave de S. Martin d'hyver 4344, et même le mardy devant le dimanche des Paimes de la même année, comme il paroit par les titres que nous en avons dans l'archive; et Harton ou Hartony, son successeur, l'étoit déjà le lundi après la fête de S. George au mois d'avril 4316. Ainsi Baudouin, probablement, est mort en 4345, le 43 juillet, auquel sa mort est marquée dans le nécrologe; il avoit donné un fond de vingt livres par an, sur lequel on prenoit 20 sols pour son anniversaire, lesquels étoient distribuez aux religieux. Ce fond étoit affecté sur le moulin d'Outray, situé sur le ruisseau qui coule derrière la Petite-Raon.

Je trouve dans les extraits des archives de Lorraine qu'en 43t3, Bertrand fils de feu Simon, dit le Vosgien, chevalier,

Bertrand et Jacomin frères, enfans de feu Huart de Deneuvre chevalier, donnèrent en aumône a Fabbaïe de Senones et au prieuré du Mouiet 20 soldées dp terre à toulois ,à prendre sur les héritages qui leur étoient eschus de feu Jacques, dit Dorcey, chevalier, leur oncle, en la ville et finage de Fontenoy, t et vendirent à la même abbaïe le surplus des dits héritages qui leur étoient eschus de la succession de leur dit oncle, moiennant une certaine somme et lesdits abbé et couvent reconnoissent qu'en tout l'acquêt ci-dessus et aumône, ils ont accompagné pour moitié Henri sire deBtâmont. Fait l'an 1313. le jour de S. André apôtre. Ces lettres sont signées et scellées de Baudouin et de tout le couvent de Senones. (Archives de .LoTTCHKet ~/eMe cottée Blâmont n. 59).

CHAPITRE XXIV.

HARTUNGUS, XXXVII~ ABBÉ, DEPUIS 13~6 JUSQU'APRÈS ~322. I. AGE DE L'ABBÉ HARTONG, CE QU'IL A FAIT A SBNONBS, ~316. Le peu de monumens que nous avons de )'al)bé Hartung

ou Hartong nous laisse à peine connoitre son âge et le temps auquel il a vécu. Le premier titre où il soit parié de lui est une lettre du mois d'avril ')316, qui est une vente de la moitié du moulin de le Clerc faite au profit de l'abbaïe de Senones par Bernard et Varnequin frères, fils de Varnier de Brovitotte, chevalier, pour la somme de 24 livres de toulois, à charge de payer 't2 deniers de cens au prévôt de i'évéque de Metz dans le ban de Vacqueville, par celui qui sera propriétaire dudit moulin. Et la même année, lejeudy d'après la Ste Lucie, Guillaume de Beaumont, fils de Verri d'Autel chevalier, ratifia le vendage qui avoit été fait à l'abbaïe de Senones, de ce qu'Aëfis, mère de Guillaume, avoit à Nossoncourt ladite ratification accordée moiennant la somme de ~5 livres de petit* tournois; et ledit Villaume s'engage de garantir le vendage, contre toutes manières de gens, et en

particulier de Richard son frère, religieux de l'Ordre des Frères mineurs, au cas qu'il viendroit à retourner au siècle. L'abbé Hartong scella de son sceau avec Bancelin, abbé de Moyenmoutier, et Gérard, abbé d'Autrey, les lettres de Huguenin de Port, écuier, et de Sibylle de la Bourgonce sa femme, portant que pour les bienfaits que Henri, sire de Blâment leur a fait et fera encore, ils reprennent de lui en fief et hommage ligement tout ce qu'ils ont à Bruyères et Belmont, étant de franc-a)œuf de ladite Sibylle. Fait l'an <3<6, le mardi après la S* Remi. (Archives de Zo7'r~?M, ~eMecoM~BM~o~, /M°~).

Il. DONATION DU MOULIN DE MBRVtU.BR, 13~9.

En ')3~9, Emechins de Landove, écuier, et Marguerite de Provenchères, sa femme, échangèrent les deux parties qu'ils avoient au moulin de MerviHer, moicnnant neuf quartes de seigle à prendre sur les deux parties de ce moulin, et encore à charge que les abbé et religieux de Senones, en considération de cet échange, leur quitteroient 20 sols qu'ils leur devoient annuellement pour les anniversaires de leurs prédécesseurs seigneurs de Provencbères. Gérard, abbé d'Étival, mit son sceau à ces lettres avec le M~er de S~ Diez. En i328, il y eut encore quelque débat pour ce moulin. (Voyez le titre de1328). En 1322 et 4326, il achetta ou rachetta moiennant certaines sommes d'argent, quelques biens situés à Brekmel, pour lesquels il y avoit contestation entre l'abbé et les religieux de Senones, à cause des prétentions qui y avoient Ferri de HerbéviHer et dame Colette sa femme. Depuis ~22, nous ne trouvons rien dans l'archive jusqu'en ')327 où Bencelin étoit déjà abbé de Senones. Le nécrologe met la mort de l'abbé Hartung au 25 avril mais il ne marque pas l'année de sa mort. On peut toutefois conjecturer qu'elle arriva sur la fin de ~326, puisqu'au commencement de ~327, sou successeur transigea avec un seigneur du diocèse de Strasbourg, pour ce qui lui étoit dû par l'abbé Hartung.

CHAPITRE XXV

PANCEUN XXXVIH" ABBÉ DE SENONES, DEPUIS "t327 JUSQU'EN d349.

TRANSACTION DB L'ABB6 BBNCEUN POUR LES DETTES DE SON PREDECESSEUR, <327.

Nous trouvons des monumens de l'abbé Bencelin depuis l'an 1327 jusqu'en 1349. Mais nous n'oserions assurer que ces deux années soient la première et la dernière de ce prélat. Le premier est datté du jeudy après la Conversion de saint Paul. C'est une transaction de l'abbé Bencelin avec un nommé Harteman, fils de Childeric sire de Ra~a chevalier, qui quitte l'abbé et les religieux de Senones de tout ce qui lui étoit dû, à cause des noms et actions qu'il avoit eu contre l'abbé Hartung, moiennant la somme de 90;livres de petit* tournois qu'il a reçue d'eux comptant, pour la somme de 60 deniers d'argent, promettant d'annuller toutes les lettres et écrits qu'il pouvoit avoir contre le dit Hartung, ce qui insinue que cet abbé n'étoit pas mort depuis longtems.

La même année, il laissa à titre de cens perpétuel, à une famille de Vie, une maison avec ses usuaires, située au même lieu de Vie, moiennant la somme de 14 sols par an. Il està remarquer que la maison dont il s'agit, et toutes les autres maisons voisines, que l'on rappelle dans ce titre, sont nommées anciennes, sans addition. La lettre est du samedi avant la Saint Laurent au mois d'aoust.

II. ACCOMPAGNEMENT DE JEAN COMTE DE SALN AVEC LES ABBÉS DE SBNONBS ET DE MOYBNMOUTIBR, AUX BOIS DE RAVtNE 1388.

En -<338, Jean' comte de Salm, Simon et Nicolas ses fils, les abbés de Senones et de Moyenmoutier firent ensemble un

traité d'accompagnement pour les bois dits de Ravine, à commencera la fin des bois de Moyenmoutier, dessas SaintPrayel, au ruisseau nommé de la Bo~M~m-~e, en remontant Je long de la cime des montagnes jusqu'à Huison, et de là par dessus Croix-en-fontaine, par dessus la Neuve-voie, jusqu'à la Voie du Diable-trépois, qui va de Celles à Senones, avec toutes les vallées qui dépendent de ces montagnes et portent l'eau vers le ruisseau de Ravine. Les conditions de cet accompagnement sont

Que de tous les émolumens, profits et amendes des bois, les trois seigneurs contractans eu auront chacun un tiers, sauf l'usuaire des abbé et couvent de Senones et des hommes du lieu et du Val de Senones, comme ils l'ont eu jusqu'au jour du traité, tant au bois vif qu'au mort, sans faire don, ni vendage à d'autres; et quand les bois, dont est question, seront défrichés et dépouillés du poil des grands bois, les héritages et le fond en demeureront sans part d'autrui à l'abbé de Senones.

2° Les abbé et couvent de Moyenmoutier s'engagent à faire nettoyer à leurs frais le ruisseau de Ravine et celui de Reponfosse qui tombe dans Ravine; en sorte que ce ruisseau puisse porter quatre ou cinq cens bûches de bois. Ils s'obligent en outre à garantir le cours de la dite eau de tout dommage que l'on pourroit faire aux héritages qui sont situés sur ce ruisseau; et après que ce ruisseau sera ainsi nettoyé, les trois seigneurs dessus nommés seront tenus à J'entretenir à frais communs, chacun pour son tiers.

3° Que si le comte de Salm et l'abbé de Senones faisoient travailler dans les bois qui sont du coté de Celles, pendant sur le dit ruisseau de Ravine, les abbé et religieux de Moyenmoutier y auroient leur tiers, comme dans les autres bois de compagnie.

Si l'un des trois ne jugeait pas à propos de vouloir faire travailler dans les dits bois, pendant que les deux autres y travaillent, ceux-ci partageroient le profit avec celui qui ne feroit pas travailler et lui donneroient son tiers, déduction faite des

frais et de la dépense, principalement de ~'a~e~t, s'il avoit été emprunté à Juif ou à Lombard.

5" Chacun des trois seigneurs mettra un homme dans les bois de compagnie, ou l'on y en mettra un pour les trois, lesquels seront sergens et gardes des dits bois, y feront les reprises et auront le tiers des amendes.

Les habitans de Moyenmoutier, ny ceux de S. Prayel, ne peuvent demander usuaire dans ces bois, sinon la vaine pâture, comme ils l'ont euë jusqu'ici, les contractans se soumettent à l'excommunication de )'o6icia! de Toul, s'i!s contreviennent à ce traité, qui fut scellé du sceau de ia cour du dit officiai, le samedi d'avant la Magdelaine au mois de juillet, en <328.

PLAIDS ANNAUX DU VAL DB SBNONBS, EN ~)328.

La même année l'abbé Bencelin tint les plaids annaux dans son abbaïe, et ce sont les plus anciens dont nous ayons les actes. I! les tint le ~2 décembre vers l'heure de tierce, dans la salle où l'on avoit accoutumé de les tenir chaque année, en présence d'un notaire apostolique et impérial qui les a rédigés par écrit. Lors donc qu'on fut assembté, l'échevin établi par l'abbé Bencelin commença à exposer les droits et usages de la terre et seigneurie de Senones, en présence de l'abbé, du cellerier, de plusieurs religieux de l'abbaïe et des peuples du Val.

']" ~ŒM~e justice. Que le ban, la justice et le détroit du Val de Senones, sont à t'abbaïe sans part d'autrui. 2° Création des officiers. Qu'un abbé de Senones, ou le cellerier, ou un autre des seigneurs de Senunes, à l'exclusion de tous autres, a droit de tenir la justice et de créer les maires, les doyens, les forestiers, lesquels sont francs de tailles, de rentes et de toutes servitudes. Item créent i'écbevin et les banvars.

3° Que s'il se trouvoit quelqu'un qui se rebellât et ne voulût se soumettre aux plaids, f'abbé pourroit appeller l'avoüé, pour le

réduire par la force, et t'avoué auroit le tiers de l'amende qu'on tireroit de celui ou de ceux qui refuseroient de se soumettre, et l'abbé et les religieux les deux tiers.

C/MMsg. Si un prudhomme du Val de Senones prenoit un cerf, un sanglier ou un ours, il devroit le présenter aux seigneurs de l'abbaïe, qui en auront la tête, les quatre pattes et ie quartier du derrière, le reste demeurera à celui qui l'aura pris.

5° Abeilles. Si quelqu'un trouvoit dans un crpax d'arbre un essein d'abeilles, i! seroit obligé d'en donner avis au cellerier, qui feroit couper l'arbre, et prendroit la moitié des abeilles et donneroit l'autre moitié à celui qui les auroit trouvées. 6° Chaque laboureur doit les corvées des trois saisons aux terres de l'abbaïe, et chaque paire de boeufs doit un virlin d'avoine à l'abbaïe en carême. Ceux qui n'ont point de charrues, doivent aller trois jours travailler et fossoyer au profit de l'abbaïe, à peine d'un denier d'amende. Item, chaque homme du Val doit aller bêcher au jardin de l'abbaïe en carême pendant deux jours, et les femmes veuves y doivent aller planter pois et fèves, sous peine de trois deniers d'amende pour celles qui y manqueroient ces deux jours. Item, doivent faucher, faner et amener dans l'abbaïe les foins de leur breüil, et ces breiiits sont en ban depuis le lendemain de Pâques jusqu'à la Toussaint, en sorte que nul n'y peut mettre ses animaux.

7" Eaux, pesche. Les eaux du Val de Senones sont aux seigneurs de l'abbaïe, et les forestiers sont chargés; de les garder et de reprendre ceux qui y mésusent; et les amendes sont toutes aux dits seigneurs.

8" jMs~tce criminelle. Si l'on trouve un voleur ou un meurtrier, on doit l'amener à l'abbaïe, et les seigneurs le doivent faire mettre dans leurs seps par leurs maires qui le mènent ensuite dans les prisons de la forteresse du seigneur avoüé, et celui-ci le doit renvoier par son prévôt dans l'abbaïe. Puis le maire et la justice de Senones le conduisent en la salle de l'abbé qui juge le coupable avec sa justice. l'abbé

recommande qu'on ne lui fasse aucun tort; mais ses omciers après l'avoir jugé, le remettent à l'avoüé pour en faire justice convenable; s'i] a des biens fonds, ils seront acquis à i'abbaïe s'il a des meubles, ils seront à l'avoüé.

Cens et redevances. Chaque chef de famille doit aux seigneurs de Senones un denier par an pour la MM~e-tKa!<anMe, (c'est le droit qu'exigeott le SM~MeM?* de ses sujets pour la droit de vente). (V. Du Cange, G~MM~. verb. Tallia et Venda).

10° Item, les hommes du Val de Senones doivent charroyer à l'abbaïe de trois ans à autres, un chauffour, apparemment la chaux d'un four à chaux.

L'abbé Bencelin reconnut toutes ces choses mais il contredit ce que i'échevin avoit dit de l'amende des contrevenans !a corvée, prétendant qu'ils étaient amendables à sa volonté. Ces plaids annaux furent tenus en présence de Vancelin, abbé de Moyenmoutier, de Nicolas d'Epinal écolâtre de S~ Diez et de plusieurs autres témoins. Tels étoient les droits de l'abbaïe dans le Val de Senones en 1328.

IV. FONDATION DB DEUX ANNIVERSAIRES, d329.

Henri de Gerbéviiier, chevalier, et Perette sa femme, firent donation de cent soudées de terre de petit* tournois coursables en la cité de Metz, pour faire leur anniversaire en l'abbaïe de Senones. Ils assignent ces cent soldées de terre sur différens biens, par exemple, 60 sols sur leurs cens du ban de la Rivière et sur les dixmes d'Hablainville, et les autres 40 sols sur leurs rentes du franc afteuf de Verdenois (Verdeval). La même année le curé d'Hablainville fit une pareille fondation pour lui et pour le seigneur Henri son oncle, et donna cent soudées de rente à petit* tournois, à prendre sur les marguilleries du Val de Senones, et sur tout ce qui doit appartenir auxdites margitiller-ies, soit en offrandes, en aumônes, ou en menues dixmes, ou autres émotumens, comme aussi sur les cens et autres biens de l'abbaïe de Senones, audit Val. Il y

a toute apparence que ce curé avoit donné ou prêté pareille somme à l'abbaïe, pour laquelle on lui avoit cédé toutes les choses qu'il rend ici pour son anniversaire.

V. ACQUET D'UNE MAISON AU PUI, d333.

En ')333, l'abbé Bencelin achetta, ou plutôt rachetta d'une nommée Cunisse du Pui, une maison dite la Haute-Maison, qui relevoit de l'abbaïe de Senones; il la rachetta dis-je, moiennant la somme de 30 livres de petit* tournois et de huit quartes de seigle. L'année suivante, BëMc/MHM de Morhange chevalier lui donna une reconnoissance, que tout ce qu'il avoit au lieu de Juvelise, devoit retourner après son décès et celui de son épouse à t'abbaïe de Senones. En 1335, Bertrand voüé de Baccarat, écuier,aiant élû sa sépulture au prieuré de Deneuvre, donna à l'église de Senones par son testament, le moulin et l'étang df Humbépaire, à charge de dire par semaine deux messes, l'une de Requiem, et l'autre du Saint-Esprit. Item il donna à la chapelle de S'" Catherine, qui étoit auprès dudit prieuré de Deneuvre (Richer 5, c.), pour y entretenir une lampe, la part qu'il avoit au~ dimes de Nossoncourt, et la part qui lui appartenoit dans le moutiu de Bertrichamp (cette chapelle a été transférée à un quart de lieu de Baccarat, avec un cimetière pour la sépulture des pestiférez), le tout à charge de deux messes par semaine. Cette donation fut contestée par le fils dudit Bertrand, et on en vint à un accomodement en 1336, par la médiation de Jacques, dit Por~ voué de Baccarat, frère dudit Bertrand, en cette manière Que l'abbé et les religieux de Senones jouiront de la part que Bertrand avoit au moulin de Bertrichamp, à charge d'entretenir la lampe de la chapelle de S'" Catherine mais pour tout le reste, lesdits abbé et religieux le laissent audit héritier, moiennant une somme de dix livres de bons petit* tournois de rente, à prendre sur différens héritages assignés par Jacques dit Doré, frère du testateur, moiennant quoi les religieux demeurent chargés de la fondation des deux messes dont on a parlé.

VI. CHAPELLE DE SAINT BENOÎT PROCHE REMBBRVILLBR~ 4333. Les habitants du village de S~ Benoît proche Remberviller aiant intenté procès aux abbé et religieux de Senones pour la réparation de la toiture de leur église, qui avoit été brûlée pendant la guerre d'entre i'évéque de Metz et le seigneur de Bfamont, prétendans que comme gros décimateurs du lieu ils étoient attenus à cette réparation, et les abbé et les religieux au contraire s'en défendant sur ce que cette église n'étoit qu'une simple chapelle, et non une mère église les arbitres choisis et agréés de part et d'autre déclarèrent que l'abbaïe de Senones n'étoit tenue à rien à cet égard, et quelles habitants de se Benoît étaient mal fondés en leur demande. VII. CHAPELLE DE LA MADBLAINE FONDÉE DANS L'ÉGLISE DE RENBBRVILLER, EN -1340.

Briet prévôt de Remberviller et Odile sa femme aiant résolu de fonder dans l'église paroissiale de Remberviller une chapelle en l'honneur de Dieu, de la S'° Vierge et de S'" Magdeiaine, demandèrent à Bencelin abbé de Senones qu'il lui plût en. sa qualité de curé primitif de cette égHse, permettre et agréer cette fondation. L'abbé y consentit volontiers et présenta sa requête conjointement avec Thierri curé de Remberviller, à Thomas de Bourlémont évoque de Toul, pour le prier d'approuver et de confirmer par son autorité d'ordinaire la fondation et érection de cette chapelle. L'évêque donna ses lettres de confirmation le samedy d'après le dimanche où l'on chante Ice<a~, c'est-à-dire le samedy d'avant le dimanche de la Passion, 1340. La chapelle devoit être d'un revenu considérable puisqu'elle étoit chargée de trois messes par semaine. Le fondateur Briet s'en réserva fa nomination pendant sa vie, et après sa mort il en laissa le droit à l'abbé. Depuis les dernières guerres de Lorraine le revenu de cette chapelle s'est entièrement dispersé. Elle est située près le grand autel du coté de i'épitre dans la paroisse de Remberviller. On trouve plusieurs nominations 43

à cette chapelle faites par 'les abbés de Senones depuis l'an 4390 jusqu'en 1604 que l'abbé Lignarius y nomma encore. Aujourd'hui, quoiqu'on connoisse la chapelle on ne sçait ce que sont devenus les fonds, et depuis assez longtems on a cessé d'y nommer des chapellains, et l'on n'en acquitte plus les charges; on soupçonne que les .revenus ont été réunis à l'hopytal de Remberviller.

VIII. VIRIAT DE SBNONBS CÈDE A L'ABBAIB CE QU'IL AVOIT, NOIENNANT UNE PREBENDE DE PAIN ET DE VIN

QU'ON LUI DONNE, 1345.

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Nous voions quelle étoit, en 1345, la manière dont on traitoit 'les religieux de Senones, dans un traité de donation fait par un nommé Viriat dudit Senones, par lequel il cède à l'abbaïe tous ses biens meubles et immeubles, en outre une somme de 60 Hvres straburgis, à condition qu'on lui fourniroit chaque jour le vin, le pain blanc, le potage, la pitance et le général, de même qu'on le sert chaque jour à un religieux de l'abbaïe; en outre qu'on lui fournira chaque année la cotte et le corset pour son habillement, tels qu'ils le donnent à leurs domestiques et quand il sera ma)ade ou infirme, en sorte qu'il ne puisse plus sortir du logis, on lui fournira une chambre et une pinte de vin, mesure de Senones, par jour, et à son valet de même une chambre et quatre pains bis par semaine. De plus il donne à Fabbaïe six bichets de fèves de cens par an, et déclare que quand il plaira à )'abbé ou au ceHeWer de le faire manger à sa table, il ne tirera rien du couvent. Ce traité fut scellé par Jean abbé de Moyenmoutier, et par Jean de la chretiennaté de Deneuvre, le dimanche d'après la fête de tous les saints, -)34S.

IX, UNION DE LA CURE D'ANTLUP AU CHAPITRE DB S. GEORGB DE NANCY, ')348.

L'abbé Ancelin ou Bencelin et sa communauté, en ~342,

cédèrent au chapitre de S. George de Nancy le droit de patronage qui leur appartenoit dans l'église d'Antlup, se réservant les dixmes grosses et menuës et tous les autres droits, revenus, émolumens, cens et corvées qui appartenoient à leur abbaïe dans ledit lieu d'Antlup et dans ses dépendances, priant Thomas évoque de Toul d'agréer et approuver cet abandonnement, ce qu'il fit le jeudy d'après la Conversion de St Paul, au mois de janvier ')342.

En 434o, le même évoque unit et incorpora l'église paroissiale d'Antlup au même chapitre de St George, pour jouir à perpétuité de ses revenus, en payant toutefois au vicaire qui y seroit établi, le tiers du revenu de la cure pour sa portion congruë. Enfin en ')506, !n pape Jules III, à la prière du prévôt et des chanoines de S~ George et du duc René II, unit de nouveau et incorpora la même église paroissiale au dit chapitre.

Cette union n'empêcha pas que l'abbé de Senones ne jouisse encore aujourd'hui des offrandes de Pâques, tant à Antlup qu'à Vitrimont, et en -)578, on trouve un départ de cour, qui le maintient en possession de percevoir les novales en qualité de curé primitif à Antlup et à Hudiviller. Depuis l'union du prieuré de Léomont à la maison du MesniMez-LunéviDe, en 1736, l'abbaïe de Senones n'a plus rien à Antlup. X. DROITS DE L'ABBE DE SBNONBS BN LA SEIGNEURIE DE BURBS, 1347.

L'abbé Bencelin, en 1347, fit reconnoitre et renouveller tous les droits qui lui appartenoient dans la seigneurie de Bures, en une espèce de plaids annaux qu'il y tint en présence des habitans dudit lieu, d'un notaire impérial de la ville de Metz et de plusieurs autres témoins.

Il fut dit et reconnu que l'abbé de Senones est sgr haut justicier, moïen et bas de la ville de Bures, sans part d'autrui; qu'il a droit de faire le maire et la justice quand il lui plait. S'il arrive que l'on arrête à Bures quelqu'un pour meurtre,

larcin ou antre mal fait, le criminel est amené à Bures, où on lui fait son procès, puis on le livre à l'avoué pour en faire faire justice.

3° Toutes les amendes sont à l'abbé de Senones seul, excepté celle où l'avoué est appelé, dans lesquelles il a le tiers. Celui qui déclineroit la justice de l'abbé seroit condammé à cinq sols d'amende et à retourner à son tribunal pour y contester; et si la justice de Bures ne peut décider la difBculté, on a recours à Vie pour avoir droit.

4° L'abbé peut faire tenir des plaids annaux trois fois l'année: la 4 à )'Epipbanie, la 2~ au mois de may, et la 3' à la S. Martin, mais il peut les avancer ou les différer, ou même les omettre entièrement; et doit le diner à ses officiers, le jour des plaids annaux.

o° L'abbé et le couvent de Senones tirent deux quartiers et demi à Bures. Chaque habitant doit à la mi-may, deux deniers et maille; à la S. Remi autant, et au jour de S. Martin ou dans l'octave huit bichets de bled moitange. Item, le jour de S. Etienne quatre pains chacun d'un denier, et outre cela quatre deniers. Des quatre pains l'abbé en prend moitié et l'avoüé l'autre moitié, et des 4 deniers l'avoüé en a le tiers. Le lendemain de S. Etienne, chaque quartier doit à l'avoüé deux bichets rez d'avoine, où l'abbé ne prend rien. De plus il y a Bures 22 meiz et demi (c'est-à-dire des jardins) chacun desquels doit à l'abbé quatre chapons et 3 deniers, desquels l'avoüé tire le tiers.

6° Chaque laboureur doit 3 corvées à l'abbé aux trois saisons, savoir au wayn, au somars et au tramois, (c'est-à-dire, au mois de mars pour les orges et avoines, dit ici <rŒWOM; au tems des semailles du froment ou MMK/ et au temps des somars, lorsqu'on prépare les terres pour les semailles du froment); et l'abbé leur doit chaque jour un pain et le fourniment le titre n'explique pas ce dernier terme il dit seulement que les 3 pains doivent faire le vaxel, et qu'à la corvée du somars, on ne donne que le fourniment. Ils doivent aussi les autres corvées de la faucille et du sarclage; et celui qui

n'y viendroit pas, y étant appellé, l'échevin prend un gage dans la maison du délinquant et le vend pour louer un autre ouvrier en sa place. Ils doivent aussi la corvée pour le foin du breuil de Bencien. Le char de l'abbé en doit tirer la première voiture, les habitans mènent le reste.

7° L'abbé doit fournir les bêtes mâles à Bures, et quand lui ou ses gens viennent à Bures, on leur doit fournir des lits. L'avoué a aussi certaines corvées à Bures, lesquelles doivent être commandées par le sergent de t'avoué. Mais il ne peut prendre à celui qui n'y viendroit pas, que la moitié de la journée d'un ouvrier. Item chaque bête tirante doit à t'avoué dix deniers payables en deux termes, à !a St Remi et aux bures. Chaque vache doit 6 deniers, un jeune bceuf un denier; une génisse un denier, etc. Chaque habitant doit au voüé à la S. Remi, un poulet et un denier.

8° S'il se trouvoit une masure à Bures, et que quelqu'un la demandât pour en faire une maison ou un jardin, si le propriétaire n'y faisoit pas travailler dans l'année pour la somme de 20 sols messins, il en seroit pour une pareille amende envers l'abbé, et perdroit sa masure qui seroit confisquée au profit du seigneur. Les bêtes sauvages que l'on tire dans les bois, ou dans la campagne, doivent être amenées à Bures à la cour de l'abbé, qui en fait sa volonté. Si l'on trouve un essein de mouches à miel, l'abbé en a moitié, et celui qui l'aura trouvé l'autre moitié. Tels étoient les droits de l'abbé de Senones dans la seigneurie de Bures en '<347. Cette seigneurie appartient aujourd'hui à la maison du Mesni!ez-Lunéviiie. depuis l'année 1736.

XI. RACHAT DES REVENUS DU PRIEURÉ DE LÊOHONT, 1348. Un nommé frère Nicole Fomerot, prieur de Léomont, avoit vendu ou aSermé à vie à Henzelot de Morhenges, chevalier, tout le prieuré de Léomont avec ses revenus, pour en jouir tant en son nom qu'au nom de ses deux fils Jean, et Henri; l'abbé Bencelin après la mort dudit Henzelot ou Renchelot de

Morhenges, retira le prieuré des mains de Jean et Henri ses fils, qui renoncèrent au traité passé à leur profit et à celui de leur père, promettant de ne s'en pévaloir jamais, et prièrent Jean comte de Sa)m de mettre son sceau avec le leur à l'acte de renonciation ou de rescission du contrat. Les lettres sont du iundy après la fête de S~ Martin ')348.

X! PIBF DE VI8NBDLLBS LAISSÉ A JEAN DE TOUL, 1348. La même année l'abbé Bencelin et le couvent de Senones laissèrent à titre de cens et d'homage à Jean de Toul, écuier,

et à demoiselle Alienor sa femme, tout ce que l'abbaïe avoit et pouvoit avoir dans le lieu de Vigneules près Rosières et au ban, scavoir, la maison, la chapelle et ses appartenances; la corvée derrière la maison, qui contient ')2 jours de terre en outre environ 80 jours en d'autres endroits et plus de 33

fauchées de preys, sans compter les redevances en argent, en froment et avoine; le tout laissé audit Jean de Toul moiennant la somme de cent sols de petit* tournois à payer chacun an auxdits abbé et couvent au jour de la Toussaint ou dans le mois; et s'ils y manquoient ledit cens doubleroit; et s'ils refusoient ou négligeoient de reprendre en fief et en homage

de main et de bouche, lesdits héritages, l'abbé et les religieux de Senones pouvoient les reprendre et se les approprier jusqu'à ce qu'on eût satisfait aux charges du fief. Le traité fut passé au mois d'octobre 't348, et scellé du sceau du duc de Lorraine en sa cour de Lunéville et de celui de Jean de Toul. Ce seigneur était fils du prince Jean de Toul, fils du duc

Ferri III. Il avoit pour frères Thiébaut et Pétreman, nommés dans le titre dont nous venons de donner l'extrait. Il y a beaucoup d'apparence que c'est lui-mème qui est nommé cidevant Jean de Nancy et Jean de Neuviller. Voiez ci-devant sous les années 1269 et 4288. I[ est remarquable que ni lui, ni Henri le Lombard ne prennent jamais le surnom de Lorraine, quoique fils immédiats de nos Dues.

XIII. ACQUET DU MOULIN D'OUTRAY PAR L'ABBÉ BBUCBUN, 1349. L'abbé Bencelin, peu de temps avant sa mort, achetta le moulin d'Outray de Fcrri de Badonviller fils de Ferri d'Outray, moiennant la quantité de huits bichets de seigle et de 4- d'avoine, à payer annuellement au jour de S. Remi, et à prendre sur les dixmes de la ville de Senones. La lettre d'achapt est dattée du 9 septembre ')349, et scellée de Jean abbé de Moyenmoutier et de Jean de la chrétienneté de Deneuvre.

Depuis ce tems, on ne rencontre plus aucun monument de t'abbé Bencelin II. Le nécrotoge ne marque pas même le jour de sa mort; mais on sçait certainement que Rennerus son successeur étoit abbé depuis fort peu de temps le 28 avril ')352. On peut regarder Bencelin comme un des meilleurs abbés de Senones. Il y a fait de grands biens et en a bien soutenu les droits. Si l'on trouve sous son règne des ascensem*ns, des accompagnemens et des transactions désavantageuses, il en faut accuser l'iniquité des temps et les fâcheuses circonstances.

Nous trouvons un vidimus fait par cet abbé, et Jean curé d'Hablainville etc., le vendredi après l'Assomption de N.-Dame au mois d'août de l'an ')335, de l'arcord fait entre Edouard comte de Bar et Henri seigneur de Bfamont, par lequel ils se quittent et déchargent repectivement, eux et leurs hoirs, de tous les dommages et intérêts qu'ils peuvent avoir souffert pendant la guerre qu'ils ont eu l'un contre l'autre et leurs prédécesseurs. Cet accord est de l'an -)334.

Il fut aussi témoin dans les lettres de grâce que Raoul due de Lorraine accorda à Jean seigneur de Ja Haute Ribaupierre le jeune, pour l'emprisonnement de Bencelin abbé de Moyenmoutier, qui mourut dans sa prison. Ces lettres sont de l'an <34). Frère Renaud aumônier de Senones, Huard de Serrières et Godin de Priney, chevaliers, furent de même témoins avec l'abbé Bencelin. (ATcAMM c~ Lorraine layette cottée

Abbayes de Lisle en Bs~roM, S..E'pwe, ~fMM<M' en jd~o~~e, ~M~, ZM~~Me, Moyenmoutier. 5/).

CHAPITRE XXVI

RENNERUS OU RORICUS, XXXIXe ABBÉ DE SE~ONES, DEPUIS d3S2 JUSQUES VERS 1367.

1. COMMENCEMENT BE RENt(BRUS.

Nous avons l'époque du commencement de Rennerus dans la reprise qu'il fit de main et de bouche au château de Liverdun, de Thomas de Bourlémont, évoque de Toul, le samedy après la fête S. George 28 d'avril ')3o2. Dans cette cérémonie, qui se fit en présence d'un grand nombre de noblesse, t'évoque Thomas dit a l'abbé Rennerus, qu'il devoit aussi reprendre de lui ~on temporel; à quoi l'abbé répondit qu'il n'étoit pas informé de cette obligation; que si m~ de Toul pouvoit lui faire voir qu'il y fût obligé, ou qu'il pût en avoir connoissance par lui-même, ou par sa communauté de Senones, il ne manqueroit pas de satisfaire à tout ce que le droit et la justice demanderoient de lui.

Il. ACCORD POUR LA HAUTE MAISON DU PU), ~353.

Nous avons vû ci-devant que l'abbé Bencelin II avoit acquis en ~333, d'une dame nommée Cunisse du Puy, la haute maison du Puy, qui relevoit de l'abbaïe de Senones. Jeah comte de Salm forma sur cela quelques di(ncu)tés, prétendant apparemment que cette maison lui devoit revenir: après plusieurs contestations, il s'accorda avec l'abbé Rennerus. Les parties consentirent que cette maison, qui menaçoit ruine, et qui ne devoit pas être sur pied à la S. Remi prochaine, demeureroit renversée et que nul ne la répareroit, mais qu'on convertiroit la place où elle auroit été, en nature de terre arable. Les lettres de cet accomodement sont du mardy après la fête du S. Sacrement 1383; elles furent scellées à la prière des

parties par Ademare évéque de Metz, conjointement avec l'abbé de Senones et Jean comte de 3a!m.

III. CESSION DE LA CURE DE DENEUVRE AUX CHANOINES DUDIT LIEU PAR L'ABBÉ DE SENONBS, BN <354.

Les comtes de Blâmont avoient fondé en 130~, (Voyez Ms<. de Lorraine t. 2, p. ~M et p. DLII.), une collégiale dans leur chapelle castrale de Deneuvre; la cure du même lieu, dépendante du prieuré du Moniet, étoit fort à la bienséance des chanoines; Henri comte de Blâmont s'employa auprès de l'abbé de Senones et du prieur du Monte!, pour obtenir leur consentement, afin de faire unir cette cure au chapitre de Deneuvre. L'abbé Renier, sa communauté et le prieur du Moniet, donnèrent les mains à cette union, et se dépouillèrent volontairement du droit de patronage qui leur appartenoit, se réservant néanmoins les deux tiers de la grosse dixme et la moitié de la menuë dans toute l'étendue de la paroisse de Deneuvre et à condition que toutes les dixmes de Deneuvre, de Baccarat et de Bademenil seront transportées et gardées dans ledit prieuré du Moniet, et que la création des marguilliers de ]'ég)ise de Deneuvre et des autres églises qui en dépendent, se fera de concert par l'abbé de Senones et le curé de Deneuvre que s'ils ne peuvent s'accorder sur le choix d'un sujet ils nommeront à l'alternative; l'abbé nommant une année et le curé une autre, et ainsi de suite; lesquels marguilliers seront obtigés de porter tous les ans le lendemain de Noë! au prieuré du Moniet, le pain, le vin et les chapons nommés communément le Requast. De plus, il fut convenu que le prieur du Moniet seroit déchargé à l'avenir de fournir à l'église de Létre (la paroisse de S. Remi, ci-devant hors la ville de Deneuvre), le missel et les autres choses qu'il y fournissoit avant cette union mais il demeurera comme auparavant chargé de la toiture de la nef de ladite église.

De plus il fut accordé que le curé de Deneuvre ne pourra jamais rien prétendre aux novales pour le passé, pour le présent

ou pour l'avenir, et que ce qui revient de l'eau bénite, qui se porte tous les dimanches dans les maisons de Deneuvre et de Baccarat, se partagera de telle manière que le prieur aura une année l'eau bénite de Deneuvre, et la même année le curé aura celle de Baccarat; et l'année suivante au contraire, l'eau bénite de Deneuvre sera pour le curé, et celle de Baccarat pour le prieur, ainsi à l'alternative.

Item, les prieur et couvent du Moniet se réservent les droits qu'ils avoient dans la maison de Lunesey, (voyez ci-après chapitre 33, n" VIII, où il est parlé de la maison de Lessey ou Luci à Dombâle), et dans ses dépendances, et en particulier la création du maitre ou de i'ceconome de cette maison. Enfin les maîtres d'école se feront du commun consentement du prieur et du curé de Deneuvre que s'ils ne peuvent s'accorder, ils les nommeront chaque année à l'alternative.

Tout ceci fut agréé et confirmé par Bertrand de la Tour évoque de Toul, et par tout le chapitre de son église, la veille de S. Vincent, c'est à dire le 2< janvier ')354, et le même jour il unit et incorpora à perpé!uité ladite paroisse de Deneuvre au chapitre du même lieu, et enmêmetems Guillaume cardinal du titre de S. Etienne au Mont-Ceiius, et légat apostolique dans la province de Trèves, confirma la cession des abbé et religieux de Senones et celle du prieur de S. Christophe du Moniet, faite au profit de la cure de Deneuvre et du chapitre de S. George du même lieu, aussi bien que l'union qui en avoit été faite par i'évéque de Toul aux termes et sous les conditions exprimées plus haut.

Jean de Rosières doyen en la collégiale de Brixey et vicaire général de l'évêché de Toul reconnut en ') 557, par un acte authentique, que de tout tems les églises de S. Diey, Senones, Moyenmoutier, Etival, dépendoient immédiatement du S~ Siège; qu'il étoit de notoriété publique que le S~ Siège renvoioit souvent les causes d'appels pour y être plaidées et discutées par les dignitaires des dites églises; qu'il constoit non-seulement par ce qui se pratiquoit alors, mais encore par ce qui s'étoit fait, suivant le témoignage qu'en avoient donné plusieurs évêques

de Toul et plusieurs de leurs grands vicaires. (7~ généalogie de la maison de HgwM~e, ~~7.)

Nous avons un breviaire à l'usage du monastère de Senones écrit en ')367, par conséquent sous l'abbé Rennerus, où l'on voit la manière dont on y célébroit l'office divin sous son gouvernement. On y disoit tous les jours !'of5ce de la Vierge, considérablement piûs long que celui que nous disons aujourd'hui aux jours fériaux; et pour l'office canonial il étoit aussi plus long, et différent en bien des choses de celui que l'on récite à présent dans nos congrégations réformées. On peut voir le précis de ce breviaire à la fin de cette histoire. On peut aussi consulter le brcviaire ms. de M. Claude Jaquot de Chamagne, religieux de Senones en ~o82 et ')580, IV. L'ABBË RBNNERCS RÉSIGNE SON ABBAÏE ENTRE LES MAINS DU PAPE, 4367.

L'abbé Rennerus accablé d'infirmités corporelles et fatigué des soins du gouvernement, surtout dans des tems aussi fâcheux, et parmi tant de travaux et de contradictions, résolut de quitter son abbaïe et de la résigner entre les mains du pape, chose inusitée jusqu'alors dans ce monastère, où les anciens abbés se démettoient simplement entre les mains du chapitre, qui choisissoit après cela librement qui il jugeoit à propos. Renier donc fit présenter sa supplique au pape le ~)5 de juillet de l'an 1367, dans laquelle il expose les motifs de sa démission, et prend Dieu à témoin de la vérité de son exposé. Il y a beaucoup d'apparence qu'il avoit eu en vue de faire tomber l'abbaïe A Pierre de Varize, qui lui succéda, puisque sa supplique est signée de Renaud de Varize chevalier, et de Jean de Varize moine de S. Martin de Glandiéres, aujourd'hui nommé Longeville.

V. PIERRE DE VARIZE NOMME ABBÉ DE SBNONBS, ~367. Le pape Urbain V aiant donc admis la démission de l'abbé Renier, déclare dans sa bulle à Jean évoque de Basic, qu'il

s'est réservé depuis longtems la provision de toutes tes .églises cathédrales et des monastères vacans en cour de Rome; que l'abbé Regnier aiant résigné son abbaïe entre les mains de Nicolas cardinal du titre de la Ste Vierge in M<ï ~<~ la chose lui aiant été proposée en consistoire, et aiant vû les lettres des religieux de l'abbaïe de Senones qui témoignoient que Pierre de Varize, prieur du prieuré de la Cour (au ban de ia Broque, ou de Vipucelle), profès de leur abbaïe, seroit très-propre pour la gouverner, il a jugé à propos de l'y nommer; nul autre que le pape n'aiant pû pour cette fois se mêler d'y pourvoir à cause des réserves et du décret dont on a parlé. 11 ordonne à Févéque de l'en mettre en possession, supposé qu'il se trouve digne de cet emploi, et qu'ensuite il lui donne la bénédiction abbatiale, ou qu'il la lui fasse donner par un autre évêque catholique, lié de communion avec le S. Siège, sans que tout cela puisse préjudicier au droit de j'évoque de Toul, auquel l'abbaïe de Senones est soumise 1 comme à son ordinaire. On ignore le jour et l'année de !a mort de l'abbé Rennerus ou Regnier.

CHAPITRE XXVII.

PIERRE DE VARIZE XLe ABBÉ DE SENONES, DEPUIS ~367 JUSQU'EN 1390; ET PEUT-ÊTRE AU-DELA.

I. COMMENCEMENT DE L'ABBE PIERRE DE YAR!ZE, SA FAMILLE, SON AGE.

Pierre de Varize étoit de l'ancienne maison de ce nom, qui portoit d'argent à la face de sable et cimier. On ne trouve que peu de monumens qui nous apprennent les particularités de son gouvernement. Le pape Grégoire XI confirma les biens et les privilèges de i'abbaïe le V des nones de juillet ')376, la quatrième année de son pontificat.

II. LE PAPE GRÉGOIRE XI CONFIRME LES BIBKS DB L'ABBAIB M 8BNONBS, ')376.

A la prière de l'abbé et du couvent de Senones, le même pape en ~378, donna une bulle par laquelle il dit qu'aiant appris que les prédécesseurs abbés de ce monastère avoient aliéné un grand nombre de seigneuries, de droits, de terres, et en avoient fait des lettres de concession concrmées par serment, et dont quelques particuliers avoient même obtenu des lettres de confirmation in forma Co~m~M du S. Siège, il ordonne au grand-prévôt de S. Diez, que nonobstant ces lettres et ces formalités, il contraigne par censures les détenteurs de ces biens à les restituer à l'abbaïe de Senones; et si ceux qui seront cités pour témoins refusent de comparoitre, qu'il les y oblige par les mêmes peines. Donné à Avignon le 4 des calendes de mni, l'an VI du pontineat de Grégoire XI,

Mf. LES RENTES DE FONTBNOY ENGAGÉES A THIBBACT DE BLAMONT, EN 4374.

En ')37't, Matthieu prieur de Moniet donna ses lettres par lesquelles il reconnoit devoir à Thiébaut seigneur de Blâmont la somme de 'MO petit* florins vieux de bon or de juste poids, pour l'utilité de son prieuré et remédier à plusieurs dommages qui en venoient, et pour sûreté du payement il a mis en gage à faculté de rachapt la part des rentes qu'il avoit à Fontenoy, et quatre florenées de terre des quinze que ledit seigneur de Blâmont lui devoit sur les tailles de ladite ville, avec promesse de garantie, priant Pierre abbé de Senones de vouloir confirmer ladite gagière et mettre son sceau auxdites lettres avec Je sien, ce qu'il a fait. Lesdites lettres faites en la maison du prévôt de i'égiise de Deneuvre i'an 437~ le lundi après la Trinité. Le sceau de l'abbé se trouve encore attaché à ces lettres un abbé debout sous un portique, au bas un écusson, une face brisée d'une crosse

en pal. (Archives deLorraine, layette cottée DëM6Mwe, A?e?'<H~6, Fo~~o~, ?t°~7).

IV. LE PRIEURE DB VIC TRANSFÈRE DANS LA VILLE, ')380.

Le prieuré de S. Christophe de Vie fondé avant l'an 1123, sous Etienne évoque de M~tz et sous Antoine abbé de Senones, fut détruit vers l'an 4376 et 1379, pendant les guerres de l'évoque de Metz et du comte de Bar, de peur que les ennemis ne s'en servissent pour battre la ville de Vie, qu'il commandoit par sa situation sur une colline au voisinage de la place. Thierry Bayer de Boppart évêque de Metz en 1380, touché des plaintes du prieur de S. Christophe, qui lui exposa que son monastère détruit comme il étoit, n'étoit plus propre à y loger une communauté, ni à y pratiquer les exercices de sa profession, et le pria de lui donner une autre place où il pût demeurer, lui accorda la chapelle de la S's Vierge, située dans la ville de Vie, avec toutes ses dépendances et appartenances, laquelle chapelle avoit été fondée par Laurent évéque de Metz, depuis l'an 1269 jusqu'en 1279, et Henri Dauphin évoque de Metz, depuis 1316 jusqu'en 1324, et qui étoit dans une entière et absolue dépendance des prélats de cette Eglise.

Cette chapelle ou église avoit autrefois appartenu à des béguines ou religieuses du tiers ordre de S. François, lesquelles étant tombées dans un grand relâchement, on travailla à les réformer dès l'an 1364.

Jean de Vienne, évéque de Metz, qui donna ses soins à cette réforme, remarque que quelques-uns doutoient si ces filles étoient véritablement religieuses du nombre de celles qui sont approuvées par l'Eglise, et si elles n'étoient pas p{'M.td{ de l'état détestable des Béguines; mais qu'aiant examiné la chose plus à fond il avoit reconnu qu'elles étoient du tiers ordre de S. François. Il leur ordonne de porter une robe et un manteau gris, et un couvre-chef entièrement noir, de linon ou de chanvre, de chanter l'office de nuit et de jour et la messe

en notes; de né donner à mangerdansteur couvent à aucun homme, ni religieux, ni séculier; et il leur donne sa malédiction et les excommunie, si elles tombent dans des désordres honteux, si elles écrivent des lettres galantes; et afin qu'elles puissent vivre plus réserrées, et qu'elles aient moins de prétextes de sortir, il s'engage de leur donner dix livrées de terre, qu'il achettera de ses propres deniers.

En ')368, le mémeévéque Jean de Vienne, étant transféré à l'évéché de Basic, Thierry Bayer de Boppart son successeur dans J'évéché de Metz, connrma les règlemens faits par son prédécesseur. Mais cette réforme n'aiant point de succès, les religieuses furent entièrement dissipées, et leur église, aussi bien que leur maison, abandonnées. L'évoque Thierry donna non-seulement I'ég)ise et le monastère, mais aussi tous les biens, cens et revenus, droits etc. de cette maison, et l'unit et l'incorpora à perpétuité au prieuré de S. Christophe; ordonnant au prieur et aux religieux, qui vivront avec lui, de faire leur demeure dans ce lieu, et d'y chanter les louanges de Dieu au son des cloches, des voix, des orgues et des instrumens de musique; laissant aux évoques ses successeurs de fixer le nombre de religieux qui y résideront, selon les revenus et la faculté du lieu, et accordant à ce nouvel établissem*nt les mêmes privilèges, franchises et immunités, dont jouissoit le prieuré de S. Christophe lorsqu'il étoit dans sa première situation. Donné à Vie )e S février ~380.

Le pape Clément VII, à la prière de Baudouin prieur de S. Christophe de Vie, confirma la translation et l'union dont on vient de parler, le 27 juin de la même année <380. Mais malgré tout cela ce prieuré, bientôt après, fut uni à la mense de i'évéque de Metz, et l'église de la Ste Vierge cédée aux Franciscains, qui la possèdent encore aujourd'hui. Nous rapporterons ci-après la suite de cette grande affaire, sous ~)420. V. L'ABBÉ DE SBNONBS RÉPÈTB SES 8 BONS-HOMMES QU'ON AVOIT GAGE POUR LE CONTE DE SALN, ')38't.

L'abus de gager et de prendre indifféremment sur les sujets

d'un seigneur avec qui que l'on étoit en guerre, ou qui étoit débiteur de quelque somme, continuoit dans le pays, et y causoit une infinité de désordres. En 'i38'), Jean de Vatronville écuyer aiant fait une course dans le Val de Senones, dans le dessein de gager sur les biens et sur les sujets du comte de Salm, gagea aussi certains hommes appartenans à l'abbé de Senones, sans part d'aucun autre seigneur, et les emmena avec leurs bêtes. Pierre de Varize en étant informé, les réclama et les fit réclamer par le comte de Blâment, comme un des voüés du monastère. Jean de Vatronville promit de les; rendre pourvu que l'abbé prouvât par bons témoins que ces hommes n'appartenoient en aucune manière au comte de Salm, et s'engagea de se trouver un certain jour à Deneuvre avec l'abbé, pour ouïr les témoins qu'il y devoit produire. L'abbé se rendit à S. Diez pour citer les témoins qu'il croioit propres à appuyer son droit, et à montrer l'indépendance de ses Bons-hommes. Les témoins craignant de se commettre et qu'on ne leur fit quelque violence en allant à Deneuvre, répondirent qu'ils ne pouvoient se rendre en cet endroit, ce qui obligea l'abbé de les faire comparoitre devant le notaire de S. Diez, qui reçut leur déposition. Ils déclarèrent les uns qu'ils étoient présens lorsqu'on rendit à l'abbé de Senones ses hommes qu'on avoit gagés, croiant gager ceux du comte de Salm; d'autres que.le due de Lorraine les envoiant gager sur le comte de Salm, leur avoit défendu de gager sur l'abbé de Senones, ses hommes n'aiant rien de commun avec ledit comte; d'autres qu'ils avoient été présens lorsqu'on restitua à l'abbé de Senones ou à ses gens les gages qu'on avoit pris sur eux, pensant prendre sur les sujets du comte de Salm. Tout cela se passa à S. Diez, en présence du notaire et de plusieurs témoins, le ~8 septembre ~381.

VI. LES HABITANS DE S' STAIL SB METTENT SOUS LA PROTECTION DU DUC DE LORRAINE, 1398.

C'est apparemment la crainte de ces gaigiéres ou de ces

voies de fait, qui engagea les habitans de Sc Stail de recourir à la protection de Chartes Il duc de Lon'aiue qui les reçût sous sa défense, de même que ses autres sujets, et leur promit son aide et sa deffense, autant de fois qu'ils en auroient besoin, et qu'ils le demanderoient, moiennant certaines redevances qu'il leur imposa par chaque maison ou conduit, d'un resal d'avoine, d'une poulie et douze deniers s{7'<M&M et la femme veuve moitié de cette somme. Cette sauvegarde -n'étoit que pour la vie du duc Charles, et pour 20 ans après sa mort. La lettre est dattée du 47 avril après l'an 1390. On peut voir ce que nous avons déjà dit de ces gagières cidevant sous l'an 4 276.

VII. SENTENCE DU CONTE DE BLAHOKT POUR LES BONS BONMES DE L'ABBAIB.

Le jour pris pour comparoitre devant le comte de Blâmont, Jean de Vatronville, et Pierre de Varize abbé de Senones se trouvèrent au château de Blâmont, et le comte, après avoir ouï les raisons de part et d'autre, fit faire pleine et entière récréance et restitution à l'abbé de Senones de généralement tout ce qui avoit été pris sur ses Bons hommes. La sentence du comte est dattée du 8 octobre 4384.

VIII. LAIX A VIE DES DIXMBS DE RAMBBRV!LLER AU COMTE DE BLAMONT, ~381.

Sur la fin de la même année, Maheus ou Matthieu prieur du Moniet, laissa à Henri sire de Blâmont les grosses dixmes de Remberviller dépendantes de son prieuré du Moniet, pour la vie de ce seigneur, de Valburge de Fénétrange sa femme et de Thiébaut leur fils aîné seulement. Il n'est pas dit dans le titre si le comte en rendoit quelque chose au prieur. Ces sortes de laix pour la vie de plusieurs personnes étoient encore un des grands abus de ce tems-là, et une sorte d'aliénation très-

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préjudiciable aux bénéfices et aux bénéficiers, sans parler du dangerque les biens nedemeurassent pour toujours aux seigneurs, à qui on les laissoit ainsi à longues années.

!X. ACHAT DE DEUX PARTIES DU MOULIN DE LA DONE A MERVULER, POUR L'ABBAIE, 13<9, 1382.

Hartung abbé de Senones avoit rachetté d'Fm-ecine de Landaw écuier et de Marguerite de Provenchères sa femme, les deux parts qu'ils avoient au moulin de la Dône, près MerviHer, sur la rivière de Varnis, moiennant neuf quartes de seigle que l'abbaïe devoit payer annuellement et à perpétuité audit Emecine ou à ses héritiers, à prendre sur le produit dudit moulin, ou sur les dixmes de Merviller. De plus, l'abbé et le couvent de Senones en considération de cet achapt quittoient audit Emecine la somme de 20 sols qu'il devoit annuellement à l'abbaïe pour les anniversaires de ses ayeux, seigneurs de Provenchères, et en outre trois sols qu'il devoit pour le cours de i'eau~ dudit moulin.

Plusieurs années après, c'est-à-dire en ~382, un héritier dudit Emecine de Landaw, savoir Lietard de Brouville écuier, donna en aumône au chapellain de la chapelle de S~-Martin et de Ste-Barbe, qui est en l'église de Baccarat, les neuf quartes de seigle duës par l'abbaïe de Senones. X. FONDATION DES CARMES DE BACCARAT, 4433.

En 1433, Conrad Bayer de Boppart évoque de Metz ayant fondé les pères carmes de Baccarat, leur donna la chapelle de St-Martin, située dans le fauxbourg de la ville de Baccarat, fondée, dit-il, par Thierry Bayer de Boppart son oncle. Les pères carmes s'y établirent et y bâtirent une maison considérable de leur ordre, et jouirent des biens affectés à cette chapelle, en particulier des neuf quartes de seigle, dont on a parlé. Après les guerres de Lorraine, il y eut procès entre les carmes de Baccarat et l'abbaïe de Senones, au sujet de

cette redevance que l'on refusoit de payer. Mais les carmes obtinrent un arrêt en 4642, qui leur adjuge 48 resaux de seigle à prendre sur les dixmes de MerviHer.

XI. LETTRE DU B. PIERRE DE LUXEMBOURG EN FAVEUR DU PRIEURÉ DE VIC EN 4384, ')385.

Malgré la concession et l'union faite du couvent et de l'église des sœurs du tiers ordre de S. François au prieuré de S. Christophe de Vie, par Thierry Bayer évêque de Metz, dont on a parlé sous l'an 4 380, plusieurs bourgeois de Vie, sans avoir égard aux ordres de leur seigneur évéque, confirmés par le pape, ne cessoient de troubler le prieur de S. Christophe, enlevant les pierres et les planches et les autres matériaux du prieuré qui avoit été démoli, et dont il auroit fait profit dans le nouvel établissem*nt qu'on lui avoit donné dans la ville. Il fut obligé d'en porter ses plaintes à Pierre de Luxembourg, évêque de Metz et cardinal, qui ordonna à ses oniciers de Vie de réprimer ces entreprises et de soutenir le prieur contre les malveillans. Il paroit par une autre lettre du même cardinal, de l'an 1385, que les officiers de l'évêque de Metz à Vie citoient souvent le prieur dans les actions personnelles, et l'obligeoient de comparoitre devant leurs tribunaux, ce qui étoit contre les règles canoniques et contre la liberté ecclésiastique. Le cardinal défend de rien attenter de pareil à l'avenir; de ne ravir, ni saisir les biens du prieur, et de le maintenir non seulement dans ses privilèges, mais aussi dans ceux des sœurs, dont on lui a donné la maison, avec tous ses droits, appartenances et dépendances.

XI:. TBNS DE LA MORT DE L'ABBE PIERRE DE VARtZE APRÈS L'AN 1390.

L'abbé Pierre de Varize étoit encore vivant en 4390~ puisque cette année il donna la chapelle de la Magdelaine, sise à Remberviller, à un prêtre nommé Jean de Camera, qui fut

présenté à Jean de Neufchâtel cardinal, alors administrateur de i'évéché de Toul. On ignore i'année précise de sa mort, mais le jour en est marqué dans le nécrologe au 48 septembre.

CHAPITRE XXVIII

BAUDOUIN II, XLIP ABBÉ, VIVOIT EN ~1397, EST MORT APRÈS d399.

Nous ne trouvons que peu de monumens de l'abbé Baudouin II. Le est une lettre d'acquet de quelques biens à Kentzhem en Alsace. EUe est dattée du mercredy après la Pentecôte ~397, et la même année !e~5 d'aoust, Nicole ou Nicolas de Batlemont étoit déjà abbé de Senones.

Le nécrologe met la mort d'un abbé de Senones nommé Baiduin au 43 de juillet; mais il ne dit pas si c'étoit le ou le 3" du nom, ni en quelle année il est mort. Le nécrologe de S. Vincent de Metz, au 42 mai, met un Baudouin abbé de Senones, comme aiant été tiré de l'abbaïe de S. Vincent.

CHAPITRE XXIX

NMOLE OU NICOLAS DE BATLÉMONT XHII~ ABBÉ DE SENONES, DEPUIS L'AN 1397 JUSQU'EN 14..

I. ACCORD AVEC LA DAME BB MAGNIBRBS AU SUJET D'UK PASTB DU A DONPTAÏL 4 397

La seigneurie de Domptait appartient depuis très-longtems à l'abbaïe de Senones. Elle étoit sous la voüerie des comtes de Blâmont et de la dépendance de leur château de Deneuvre. En 1397, cette voüerie était passée à Jeanne de Ribaupierre, dame de Magnières, laquelle prétendoit avoir droit de prendre trois

pastes on repas par an dans la maison seigneuriale de l'abbé de Senones à Domptail. L'abbé Nicolas soutenoit au contraire, que sa maison n'étoit obligée qu'à un paste ou repas par an envers ladite dame, qui le pouvoit venir prendre en telle compagnie qui convenoit à sa condition; en an mot que cette dame n'avoit pas plus de droit dans la maison seigneuriale de Domptail, qu'en avoient les seigneurs de Blâmont et de Deneuvre dans les autres maisons de l'abbaïe, qui étoient de leur vouërie. Les juges, arbitres nommés et agréés des deux parties déclarèrent que la chose étoit comme le prétendoit l'abbé, et la dame par bon conseil reconnnt qu'elle n'avoit droit qu'à un seul paste. Ainsi fut-il arrêté le 15 d'aoust 4397. En 1399 ledit abbé laissa les biens qu'il avoit à Girecourt à un particulier dudit lieu. Ces biens de Girecourt furent aliénés en 1602, par l'abbé Lignarius.

Nicolas de Batlémont étoit encore abbé en 1400, mais nous ignorons l'année de sa mort. Son nom est marqué dans le nécrologe au 14e d'octobre.

CHAPITRE XXX

THIERRY OU THIRION DE LA CHAMBRE, XLIV~ ABBÉ, DEPUIS '1418 JUSQU'A 1423.

t. L'ABBÉ THIRION DE LA CHAMBRE EMPÊCHE CEUX DE S'-STAtL DE MENER LEUR BÉTAIL DANS LES BOIS

DE BBLPBY, DB ROTONONT ET DB JBHANXBY, 1418.

Dès l'an 1418, nous trouvons un acte de l'abbé Thirion de ia Chambre. En cette année le prévôt de S~ Stail au Val de Senones fut obligé de lui donner un acte par lequel il reconnoissoit que les trois bois de Jehanxel, Belfey et Rotomont ou Orthemont appartiennent 'uëment et sans part d'autruy à l'abbé de Senones, et que les habitants de S~ Stail n'ont aucun droit d'y mener ni leurs porcs, ni leurs autres bestiaux; et comme le fermier du comte de Salm avoit fait quelqu'en-

treprise contraire aux intérêts de l'abbaîe de Senones, l'abbé Thirion prétendit qu'on lui en feroit justice. En effet le prévôt du lieu, au nom de toute la communauté se reconnut amendable, en mettant en main du s~ abbé un fêtu de paille, qui étoit la forme dont on usoit dans ces circonstances, pour se soumettre à l'amende.

Il. L'ABBË THIRION FAIT CASSER L'UNION DU PRIEURE DE VIC AU COUVENT DES FRAKCtSCAIM, ~420.

Nous avons vû ci-devant, sous l'an 1380, que le prieuré de S. Christophe de Vie aiant été ruiné par le malheur des guerres, l'évêque de Metz l'avoit transféré dans la ville de Vie, et y avoit uni le couvent des sœurs du Tiers-Ordre. Nonseulement cette union ne subsista pas; mais Raoul de Coucy premièrement évoque de Metz, ensuite transféré à Noyon, et Conrade Bayer de Boppart un de ses successeurs s'étoient emparés des biens de ce prieuré et l'avoient uni à leur mense; en sorte que le même évêque Conrade Bayer avoit obtenu du pape Martin V, en ')4~)9, que la maison ou le couvent de sœurs du Tiers-Ordre seroit donne pour toujours aux franciscains dits de l'Observance, que ledit Conrade vouloit établir à Vie. La bulle de Martin V, dattée de la 3e année de son pontificat, porte que l'évéque Conrade lui a exposé que le couvent de ces religieuses, avec ses officines, étant entièrement abandonné, il souhaite le donner à des religieux du même ordre, qui y feront t'omce divin et y exerceront les pratiques de leur religion. Le pape adresse la butte au doyen de l'église de Trèves, et lui ordonne, au cas qu'il trouve les choses telles qu'on les lui a exposées, de mettre les franciscains en possession de cette maison.

En effet, Thielman de Indagine, grand doyen de Trèves aiant cité tous ceux qui pouvoient avoir intérêt à cette affaire dans certain délai, le 27 janvier 'i420. le curé de Couvayet Dom Didier prieur de Léomont se présentèrent chargés des

procurations de i'abbé et du couvent de Senones, et firent leur opposition à l'exécution de la bulle.

Enfin pour terminer ce différend, lévèque de Metz et i'abbé de Senones choisirent des juges compromissaires, qui décidèrent que l'abbé de Senones jouiroit comme auparavant du droit de nommer au prieuré de S. Christophe de Vie, d'y envoier un prieur et de l'y instituer comme du passé; que. ledit prieur nommé par l'abbé jouira de tous les biens, meubles, ornemens d'église, clocher et autres choses appartenantes à son prieuré; que l'évêque Conrade sera obligé de bâtir à ses frais une ég!ise.convenable audit prieur, de Pâques prochain en un an, au lieu marqué, c'est à dire, où l'on a accoutumé de tenir la cour de Vie; qu'il fera bâtir audit prieur une maison religieuse, un dortoir et les autres lieux réguliers, lui donnera une place pour le loger commodément, et fera tous les frais des achats et des édiSces. Moyennant ces promesses les abbé et couvent de Senones se déporteront de leur opposition contre l'établissem*nt des franciscains dans le couvent des religieuses du Tiers-Ordre à Vie. L'accord est du 12 février 1420. En l'année 1422, Conrade évéque de Metz accorda quarante jours d'indulgence à ceux qui contribueroient par leurs bienfaits et libéralités au rétablissem*nt du prieuré de S. Christophe, et il permit au prieur nommé Nicolas Burtin de dire et de faire dire la messe dans son église sur un marbre consacré, ou autel portatif, apparemment parce que l'église n'étoit ni achevée ni consacrée.

L'abbé Thierry de la Chambre mourut peu de tems après, en 1420; le jour de son décès est marqué dans le nécro!oge au 20 mars.

L'abbé Thierry scella de son sceau comme témoin en 1419, les lettres d'ascensem*nt faites par fr. Jacques de Sarburg abbé de Haute-Seille à Henri seigneur de Blâmont et dame Vaubourg de Fénétrange son épouse, d'une place où ils ont fait un étang, dit de Gresson, sur l'héritage de la grange de Gresson. de ladite église, pour cinq petit* florins vieux de cens annuel, payables au terme de Pâques, le 1 juillet 1419. ~c/~es~e Lorraine, layette coM~ BM~ont 2, M" e< 55.

CHAPITRE XXXI

VALENTIN XLV" ABBÉ DE SENONES,

DEPUIS 1420 JUSQ'EN 1438

QU'IL FUT ÉLU ABBÉ DE MOYENMOUTIER, MORT EN '1451. t. COaHïBKCENENT DE L'ABBÉ VALBNT!N, BN <480. Valentin fut élû abbé de Senones le 84 mars <430. Comme l'acte de son élection est le premier qui se trouve dans notre archive, j'en donncray ici un extrait. « Thierry de Moyen

» prieur claustral, Jean Baudouin de Port, Ancellon, Jean » de Pont, Husson de Mareinville et Jean d'Antlup, religieux » de l'abbaïe de Senones (apparemment composant toute la communauté) l'an de Notre Seigneur 4420, le 20" jour de mars, l'abbé Thierry de la Chambre étant décédé hors de la Cour de Rome, et son corps aiant été décemment enterré D dans !'ég)ise de l'abbaïe, les religieux susdits craignant les » inconvénients d'une longue vacance, ayant dûement appellé » ceux qui devoient être appellés à cette élection, et après » avoir célébré la messe du Saint-Esprit, s'assemblèrent en » chapitre à Ja manière accoutumée, au son de la cloche, et » élurent unanimement et par la voie du Saint-Esprit, frère Valentin Herbi, natif de Strasbourg, religieux bénédictin, » prêtre profès de l'abbaïe de Moyenmoutier, né d'une famille » noble et doué des qualités requises à l'emploi pour lequel » il étoit destiné; après lui avoir demandé son consentement, » et rejetté tes excuses que son humilité lui fit proposer. » Les religieux de Senones prièrent Thierri d'0gévi!)er, abbé

de Moyenmoutier son supérieur de lui permettre de passer au gouvernement de l'abbaïe de Senones et de l'absoudre de l'obéissance qu'il lui devoit comme à son abbé. Ce qu'aiant obtenu, ils sortirent du chapitre, et entonnant le Te Deum, ils allèrent introniser l'élû dans le siège abbatial. Après quoi le prieur claustral annonça au clergé et au peuple l'élection qu'ils venoient de faire de l'abbé Valentin. Puis ils en dressèrent

un acte par devant un notaire et trois ou quatre témoins. Tout cela e<t contenu dans l'acte présenté à Henri de Ville évêque de Toul, pour lui demander la confirmation de cette élection. H paroit que les religieux la firent le jour même de l'enterrement et des obsèques de l'abbé Thirion de la Chambre. Le petit nombre des capitulans est remarquable: car ils n'étoient que. six. Je n'y vois aucun des prieurs des prieurés forains.

Il. ACCORD ENTRE LES ABBHS DE BBAUPREY ET DE SEKOSBS AU SUJET DES D!XMES DE LA CHAPELLE

ET CHENBVIËRBS. BAN DE SAtNT-CLBNENT, ')423. Les abbés de Beauprey et de Senones étoient ett dispute

depuis longtemps au sujet des dixmes d'une certaine contrée du ban de S. Clément, nommée autrefois SensmaM~, et que tes abbés et religieux de Beauprey soutenoient être nommés alors les Te~MMM, provenant de la donation qui leur avoit été faite longtems auparavant par un seigneur nommé Simon de Parroye. Les abbés et religieux de Senones soutenoient le contraire. L'affaire fut mise en arbitrage de même que la plupart des aSaires de ce temps-là, où nous ne voions presque que des sentences arbitrales parce qu'il n'y avoit alors dans le e pays aucun tribunal commun et supérieur, et reconnu, où l'on pût avoir recours. Les arbitres donc jugèrent que les abbés et religieux de Beaupré ne pouvoient plus se prévaloir de la donation à eux faite par Simon de Parroye; que toute la dixme du ban de S. Clément appartenoit à l'abbaïe de Senones, qui demeureroit chargée à l'avenir de dix resaux de seigle et de cinq resaux d'avoine envers l'abbaïe de Beaupré, qui se prendroient dans la grange aux dixmes de S. Clément, avant tout autre partage des dites dixmes. L'accord est de l'an 1423. III. ASCEKSEMBNT DB TERRES ET DE MAISONS A GIVRBCOURT, ~438. Le 12 may 1438, l'abbé Valentin laissa à titre de cens les

maisons, mazures, rentes et revenus, preys et terres, que l'abbaïe de Senones possédoit à Givrecourt à perpétuité, à deux particuliers du même lieu, moiennant la somme de seize gros et sept imaux de grain. C'étoit bien peu pour la quantité de biens qu'il abandonnoit, et l'on doit croire que les biens étoient alors en très-mauvais état et le pays fort ruiné.

IV. VALBNTIN EST ÉLU ABBÉ DE MOYENMOUTtEU EN '<438. La même année, Didier d'Ogéviller abbé de Moyenmoutier étant décédé, les religieux de cette abbaïe élûrent pour abbé Valentin leur confrère, qui avoit été tiré de leur monastère en 4420, pour gouverner celui de Senones. H y a lieu de croire qu'il conserva au moins quelque tems cette dernière abbaïe, avec celle de Moyenmoutier, puisque nous ne trouvons point d'abbé de Senones depuis 4438 jusqu'en ')440 où Didier de Borville paroit dans les actes conservés dans notre archive.

V. DIFFICULTÉS FAITES A VALENTIN POUR I/ABBA!B DE MOYBNMOUTIBR, <439.

Les réserves apostoliques, et le droit de prévention que les papes exerçoient alors sur les bénéfices, donnoient lieu à mille chicanes et à une infinité de difficultés de la part des ecclésiastiques avides et ambitieux, qui obtenoient des grâces expectatives, ou qui se faisoient donner des bulles pour certains bénénces, dont ils s'emparoient de gré ou de force, ou qu'ils faisoient chèrement achetter par ceux qui en étoient canoniquement pourvus, et qui aimoient mieux donner une somme d'argent pour avoir la paix, que de poursuivre de longs et fâcheux procès en cour de Rome, au risque de perdre leur argent, leur repos et leurs bénéfices. L'abbaïe de Moyenmoutier étant donc venüe à vaquer en ~438, un religieux de ce monastère ou d'ailleurs, nommé

Nicolas de Bremoncourt, prétendit que le titre abbatial et par conséquent les revenus lui appartenoient en vertu de certaines lettres qu'il en avoit obtenues du pape. L'affaire fut portée par devant Jacques marquis de Bade, qui étoit alors seigneur, ou du moins engagiste de cette partie des Vôges pour la sûreté du douaire d'Isabelle de Lorraine fille du duc Charles II qu'il avoit épousée. Ce prince mit les parties d'accord, en donnant à Valentin la jouissance de l'abbaïe de Moyenmoutier; mais à charge de payer à Nicolas une pension annuelle de 400 francs, et de le pourvoir dans trois mois de quelque prieuré. L'accord est du jour de la Conversion S~ Paul, 28 janvier ~439. Ce Nicolas de Bremoncourt fut apparemment fait prieur du MoSie!, puisqu'on ~444 il jouissoit de ce prieuré. (Hist. Me<K<MM-moM<M<. p, 367.)

Presque en même tems, Nicolas d'Acciapaccio archevêque de Capouë, qui dans la suite fut fait cardinal du titre de S~-Marce), se fit pourvoir de l'abbaïe de Moyenmoutier en commande, par le pape Eugène IV, qui se l'étoit réservée pour cette fois seulement, même du vivant de Didier d'Ogéviller. L'archevêque intenta procès en cour de Rome à Valentin pour l'obliger à lui remettre l'abbaïe. Mais Valentin sans s'embarasserdes monitions qu'on lui fit, ni des censures et des excomucications qu'on lança contre lui, retint toujours son abbnïe jusqu'après la mort du cardinal de Capouë. Alors s'étant adressé au pape Martin V, celui-ci le releva de toutes les censures qu'il avoit encourues, et lui confirma ou lui conféra i'abbaïe par son autorité apostolique.

VI. MORT DE L'ABBÉ VALENTtN EN 145~).

L'abbé Valentin ne survêquit que deux ans à cette sentence. H mourut à Moyenmoutier le 13 mai 1451, ainsi qu'il est porté dans l'ancien nécrotoge de cette abbaïe. Mais celui de Senones le met au d'avril. Kalendas aprilis o&M< DUS Valentinus abbas Senon. post (t~ abbas ~~s~ ~Mt~M~~M, (i) Ceux qui ont copié l'ancien nécrologe ont !û prm~, au lieu de ~0~, ne sachant pas la valeur de l'abréviation.

qui dedit wo&M JfVJT libras, de quibus tenemur ~ce~e annuatim unum se~~tM~. Il est certain que Valentin n'est pas mort abbé de Senones, puisque dés l'an ') 440, Didier de Borville fut élû abbé de cette abbaie.

CHAPITRE XXXII.

DIDIER DE BORVILLE XLVI~ ABBÉ, DEPUIS 1440

JUSQU'EN 1461.

1. COMMENCEMENT DB DIDIER DE BORVILLB, ~)440.

Didier de Borville étoit prieur de Léomont avant qu'il fût é!û abbé de Senones. II eut pour successeur audit prieuré un nommé Hugues Thirriet Barbet dont les bulles sont du <0" des calendes de juin, ou du 23 mars 4440. Dans ces bulles il est dit que les religieux de l'abbaïe de Senones aiant é!n canoniquement pour leur abbé Didier de Borville, ci-devant prieur de Léomont, et Didier aiant acquiescé à cette élection, et en aiant obtenu la confirmation de i'évéque de Toul, comme ordinaire de l'abbaïe, le pape Eugène IV adresse Hugues Thirriet à l'abbé de Clairlieu pour le mettre en posssession du prieuré de Léomont, dont il déclare le nommé Jean Noise déchu à cause de sa désobéissance au pape Engéne IV, et son attachement au concile de Baste, même depuis sa translation dans la ville de Ferrare.

Ainsi il y a lieu de croire que Valentin fit sa démission de l'abbaïe de Senones entre les mains des religieux de cette maison, au commencement de l'an ')440, et que Didier futéfu abbé immédiatement après.

11. ACCORD ENTRE LE PRIEUR DE DENEUVRE ET LES CHANOINES DUDIT LIEU SUR LES DJXMES ET LES NOVALES, ~444. En 4444, Nicolas de Bremoncourt prieur du Moniet sous Deneuvre, après avoir longtems plaidé contre les chanoines de Deneuvre, qui prétendoient qu'outre le tiers des grosses dixmes de Deneuvre, de Baccarat et de leurs dépendances, qui leur

appartenoient comme curés de la paroisse de Deneuvre, ils devoient encore jouir des dixmes novales dans tous ces lieux, le prieur du Moniet soutenant le contraire. Enfin ils choisirent des arbitres qui décidèrent, que dans la suite le prieur du Moniet jouiroit de la moitié généralement de toutes les grosses et menuës dixmes et des novales, tant anciennes que nouvelles, présentes et à venir dans tous les bans de Deneuvre, de Baccarat, de Thiaville et leurs appartenances, même de la corvée D&we-J~aK.M.e, située dessous Baccarat; et que les chanoines de Deneuvre auroient l'autre moitié desdites dixmes; mais à charge de délivrer audit prieur annuellement à la S. Martin, 42 quartes de 'osm~, moitié seigle, moitié avoine, à la mesure de Deneuvre, rendus à leurs frais en l'hôtel dudit prieur de Deneuvre. (Vaingié, autrement waïn, bled d'automne; en quelques endroits il est dit que ce woïn étoit de moitange ou méteil, qui est seigle et avoine, (voyez ci-devant an ')28't), ce qui fut agréé par Didier de Borville abbé de Senones et par sa communauté le février ~44. H!. LB PREVOT DE NANCY SB DÉSISTE D'UN PASTB QU'IL PRËTBNDOIT A ANTLCP, '!44o.

Le prévôt de Nancy, en sa qualité de prévôt de Nancy, prétendoit qu'il lui étoit (dû) un paste ou repas sur le gagnage que l'abbaïe de Senones possède à Antlup. Je ne vois pas sur quoi pouvoit être fondée cette prétention, sinon sur quelque possession saisie sans raison, ou sur la facilité de quelque prieur de Léomont, qui n'avoit pas empêché le prévôt de Nancy de se faire donner ce repas. Quoiqu'il en soit, en '!445, Huyn-Hural de Remberviller, prévôt de Nancy, renonça volontairement pour lui et pour ses successeurs à ce prétendu droit, et en déchargea l'abbé Didier de Borville. IV. ACCORD POUR LES RÉPARATIONS DB L'BGUSB DB CBLLBS, ~486. En 456, il y eut diSicuité entre le trésorier de la cathédrale de Metz et l'abbaïe de Senones pour les réfections de

la nef de l'église paroissiale de Celles près Pierre-Percée. L'abbé de Senones soutenant que ledit trésorier percevant le tiers des grosses dixmes de ce lieu, étoit aussi attenu au tiers des réparations. Cependant les parties s'accordèrent et convin. rent que l'entretien et réfection de ladite nef demeureroit toute entière à la charge de l'abbé et de l'abbaïe de Senones. L'accord est du 23 juillet 't456.

V. FIEF M DUNGESHE!M LAISSÉ AU CHATELAIN DE SCHtRNECK, <456.

La même année, l'abbé Didier de Borville laissa en fief au nommé Antoine Fouch la cour seigneuriale et le dM~o/Ï, que son abbaïe possédoit à Dungesheim. Cette cour est tenue en fief avec la plus grande partie de nos biens d'Alsace situés au Val de Viller par la maison d'Andlau, qui les reprend en foy et hommage de l'abbé de Senones.

U laissa aussi à quelques particuliers de Bure, pour l'espace de 25 ans, un Saulcy à charge de le mettre en nature de prey; après lequel tems ils devoient le remettre à l'abbaïe. Fait le 89 juin ~456.

Y!. ACCORD POUR LE DROIT DE RBLÈVEMBNT DU PAR LES HABITANS DU BAN DE LA RIVIÈRE, 4457.

Les habitants des six villages qui composent le ban de la Rivière, scavoir, Ogéviller, Fruménil, Raclonville, Buriville, Pétonville et Hablainville contestoient à l'abbé de Senones le droit de relèvement qui consiste à faire certaines soumissions et à payer certains droits à chaque fois que les héritages censables changent de main, soit par achapt, par vente, par succession ou autrement, les propriétaires étant obligés de faire alors leur déclaration par devant les oSIciers du seigneur, et de lui payer un certain droit nommé de ~Mo6~e~< ou de ?'ep~Mre; les habitans du ban de la Rivière prétendoient donc se décharger de cette servitude, et ne payer pour tout droit

de revéture que !e cens double, quand tu revéture échéoit. L'affaire fut longtems débattue par devant le seigneur de Fénétrange, seigneur en partie du bau de la Rivière. Enfin les parties prirent pour arbitres Vari de Fléville, baillif d'Allemagne, et Philippe de Lenoncourt, qui après avoir écouté les raisons des parties, et ouï le serment et la déposition de l'abbé de Senones, âgé pour lors de plus de 60 ans, et en ayant plus de 42 de religion, et d'un grand nombre de témoins par lui produits, prononcèrent que le droit de relèvement avoit été bien prouvé par t'abbé de Senones, et que les habitans du ban de la Rivière le devoient payer à l'avenir, de la manière qu'il avoit été payé par le passé; savoir, pour un denier de cens, ils doivent donner un gros de chaptel, ou par tête en relèvement; pour une maille, un demi gros; pour un chapon privé, trois deniers trois gros de ebaptel; pour une poule, trois mailles, qui valent deux sols de fors. Et autant d'héritiers qui relèvent, ils doivent payer autant de quatre deniers et de quartes de vin.

En 1483, le 3 avril, Poince de Champel, abbé de S. Symphorien et tout son couvent furent transférés dans la ville de Metz, et placés en l'église paroissiale de S. Hilaire, laquelle fut alors défaite et démolie; et fut mise la moitié des reliques, cloches, ornemens et autres choses appartenantes à icelle avec la moitié du peuple à S. Vy, et l'autre moitié à S. Victor en Chambre. Et fut ce fait le mardy deuxième fête de Pâque, par maître Jean doien de la grande église, et par les autres officiers de monseigneur l'évoque. (Chroniq. de Vigneule, p. ~35.~ VII. MORT DE L'ABBË DIDIER DE BORVILLB, EN 1461. L'abbé Didier de Borville mourut le 86 du mois de juin 1461, et fut enterré dans la grande église de son abbaïe, devant l'autel de la Ste-Croix, ainsi qu'il est marqué dans l'acte de l'élection de Henri Briton de Deneuvre, qui se fit le 27 du même mois.

CHAPITRE XXXIII.

HENRI BRITON DE DE:fEUVRE, AUTREMENT HENRI VALENCE DE DENEUVRE, XLYII~ ABBÉ,

DEPUIS LE 27 JUIN 146't JUSQU'EN d490.

t. COMMENCEMENT DE HBKR! BRITON DE DENEUVRE, 146<. Henri Briton de Deneuvre, étoit prieur claustral de t'abbaïe

de Senones lorsqu'il en fut élû abbé, le 37 juin')46't, c'est à-dire le lendemain de la mort de son prédécesseur, et après qu'on lui eut rendu les derniers devoirs. Les religieux qui concoururent à son élection étoient au nombre de 12, y compris les prieurs forains, du Moniet, de Léomont, de Vie, de Schures, et de imervaville; ainsi il n'y en avoit que sept résidans dans le monastère. On lit dans le même acte d'élection qu'après que l'élû eût agréé et accepté l'honneur qu'on lui faisoit, il fut porté à l'église par ses confrères chantant le Te Deum; qu'on le plaça sur le grand autel, qu'ensuite on le prosterna devant le même autel, et on lui rendit l'honneur et la révérence dües et accoutumées dans ces cas. Tout cela se passa en présence des abbés de Moyenmoutier et d'Etival, de Jean de Fénétrange maréchal de Lorraine, de noble damoiseau Jean comte de Salm, etc. Il obtint )a confirmation de J'évoque de Toul et ses bulles du pape Pie 11, en datte des nones de septembre, ou du 5 de ce mois 146'). En 4 428, un nommé Henri Briton étoit prévôt de la collégiale de S. George de Deneuvre.

Il. RBPRISB DU FIEF D'ANDLAU, ')46').

Peu de temps après son élection, c'est-à-dire le 4 octobre 1461, Fabbé Briton reçut l'hommage d'Eberard d'Andlau, qui reprit de lui les terres situées entre la Bretaiche et la Bruche, qu'il avoit reçues en fief de l'abbaïe de Senones; sauf toutefois le cens annuel que les hommes ou les sujets de ce fief doivent rendre à i'égUse de Senones. Il reconnoit

que tous les héritiers de sa famille de race en race doivent reprendre ces terres de l'abbaïe de Senones, lui jurer ndétité et la défendre selon leur pouvoir, tant dans leurs personnes que dans leurs biens, et en particulier la Cour de Roschvir appartenante au monastère. C'est le plus ancien acte de reprise que je trouve dans notre archive pour le fief d'Andlau. III. L'ABBÉ HENRI LAISSE AU SEIGNEUR DE PARROYB LES BIENS DE MOACOCRT POUR SA VIE SEULEMENT, ~461, ~62. Au commencement de i'année ~)462, Henri laissa à titre de ferme à vie les revenus de la terre et seigneurie de Moaeourt à André de Pan'oye ccuier, seigneur de Lanoy, et à Marguerite de Chambly sa femme, et à Ferri leur fils ainé, pour leur vie, à condition que ladite seigneurie reviendra à l'abbaïe après la mort du survivant des trois, le tout pour la somme de 18 petit* florins par an. Le traité est du 43 février ')46<, c'est-à-dire i462, avant Pâques, selon notre manière de compter.

IV. COLLATION DES CHAPELLES DE S~-StMÊON, DE 8~-ÀMDRÉ, DE LA MADBLAINE, 1464, 1468, 1472.

Il conféra pendant son gouvernement quelques chapelles dépendantes de l'abbaïe desquelles les titres sont à présent supprimés; par exemple, en )464, il donna à un clerc la chapette de S. Siméon, en )46o, celle de S. André dans l'église du monastère, et en 4472, celle de la Madela dans l'église de Remberviller.

V. TRAITÉ AVEC LES COMTES DE SALM POUR LES DROITS DE L'ABBA)B ÉNONCÉS EZ PLAIDS ANNAUX DE 1466.

En ~466 au mois de février, il passa un traité d'accomodement, ou une transaction avec les comtes Jean et Jacques

de Salm, comme arbitres et juges pacificateurs des différents qui étoient entre l'abbé et les habitants du Val de Senones, touchant certains articles des plaids annaux qui étoient contestés par lesdits habitants. Cette transaction, de même que toutes les autres, se fit aux dépens de l'abbaïe et par la diminution de ses droits. Anciennement toutes les forételles du ban de Senones étoient à l'abbé, et nul n'y pouvoit défricher sans son agrément. Par le traité, l'abbé consent qu'elles soient communes entre lui et les habitants, qui y pourront couper et défricher à leur volonté, en payant annuellement, de chaque canton défriché, de dix-neuf gerbes deux pour dixmes et gerbages; (anciennement au lieu de deux gerbes de dixmes pour dix-neuf gerbes, on donnoit de dix gerbes deux de dixmes, nonas et decimas, de ce qui provenoit des fonds appartenans aux églises et possédés par des laïques. (Voyez notre dissertation sur les ~M?me~); mais il ne leur est pas permis de mener le bois desdites forestelles, au dehors du Val. H leur sera permis de défricher leurs champs et de couper les hayes autour de leurs preys et héritages, en payant seulement l'ancienne dixme. I! leur sera permis de mettre leurs pores aux glandages en payant à l'abbé deux bons deniers par chacun porc, et i'abbé ne pourra mettre, à la glandée un si grand nombre de porcs, que les habitans en soient empêchés pour la nourriture des leurs. Le maire et les deux doyens et les forestiers du Val de Senones sont à la nomination et disposition de l'abbé, et doivent être francs de toutes charges, tailles, aides et servitudes.

Anciennement les habitants du Val de Senones étoient obligés de mener à leurs frais au monastère tous les 3 ans, la chaux du chauffour de l'abbaïe. Par cette transaction l'abbé veut bien les décharger de cette obligation. Les laboureurs dudit Val sont obligés à la corvée dans les trois tems, du soumart, du M~ et du tramois; c'est-à-dire, pour semer les froments ou les seigles au mois d'octobre, pour les orges et avoines au mois de mars, et pour préparer les terres à la sem*nce des fromens, vers le mois de juin, moiennant un

bichet rez de bled, ou le pain d'un bichet à chaque fois qu'ils viennent à la corvée.

Autrefois les habitans n'avoient droit de pécher dans les eaux du Val que dans le cas d'une femme en couche, ou de quelque malade, et encore raisonnablement, et à moins de mal que faire ce pourroit. Par cette transaction on leur permet de pêcher indineremment dans toutes les eaux du Val, à l'exception de ces trois bras, sçavoir en J'eau de Moussey qui vient à bas Epnal, Rouval, en l'eau de la Biertze, et en l'eau de Dignon, et encore leur permet-on d'y pêcher pour des femmes en couche ou pour des malades.

Autrefois un habitant qui avoit pris à la chasse un sanglier, un cerf ou un ours, étoit obligé d'apporter à l'abbaïe la tête, les quatre pieds et le quartier de derrière; la transaction réduit tout cela au seul quartier de derrière. C'est ainsi qu'on alloit toujours en rognant les droits de l'abbaïe. Cependant le traité étoit encore considéré comme très-avantageux, et on le tisoit à la tête des plaids annaux, ainsi qu'on le voit par ceux que tint Thirion d'Antlup en 009 et 4517, comme contenant les seules dérogations autorisées, contraires aux anciennes chartes.

VI. PLAIDS ANNAUX DE ')466.

Or voici le précis des plaids annaux de cette année~466. Afin que l'on connoisse quels étoient encore en ce tems là les droits dont jouissoit l'abbaïe.

')° Les plaids annaux se tenoient ordinairement en l'abbaïe, ou en un autre lieu, le jour. de S. Thomas, 21 décembre, à moins qu'ils ne fussent avancés ou différés pour quelque cause raisonnable.

2° Toutes les amendes hautes, moiennes ou basses commises pour ledit jour sont au seigneur.

3° Item, le ban, le fond et la roye du Val de Senones appartiennent à l'abbaïe sans part d'autruy.

4° L'abbé peut faire toute sa justice dans tout le Val sans

part d'autruy, c'est à savoir, le maire, les deux doiens et l'échevin, lesquels doivent être francs de toutes charges pendant le tems de leur office.

5° S'il se trouve quelque sujet rebelle et désobéissant, l'abbé fera venir les officiers du seigneur voüé, qui réduiront le rebelle à l'obéissance, et le tiers de l'amende sera au seigneur voüé, contre le s'' abbé pour les deux autres tiers. 6° Celui qui est condamné par la justice de Senones, et par le semblant d'icelle, peut appeUer par devanU'avoué; et si la sentence y est confirmée, il doit l'amende à i'abbé. 7° L'abbé a le droit de créer le forêtier et les deux bangards, l'un pour la paroisse de S. Maurice, l'autre pour celle de S. Jean, lesquels seront francs envers le seigneur voué; et chacun des habitans du Val de Senones qui sème du bled doit un quarteron de bled auxdits deux bangards. Ils en doivent autant au maire du Val de Senones. De plus les deux doyens et les marguilliers des deux paroisses doivent avoir chacun an sur la taille du Val de Senones 4 quartes de ~M~e~es mesure de Senones (voignerie, de bled voïn, moitié seigle, moitié avoine) moitié seigle, moitié avoine. Item l'abbé doit prendre annuellement, sur la taille du Val de Senones, 30 gros monnoie de Lorraine, et le maire et les deux doyens ~)0 gros; savoir 5 gros pour le maire seul, et 5 gros à partager entre les deux doyens.

8° Ledit sgr abbé a droit de choisir huit bons hommes pour le service de son église, lesquels il peut changer à volonté, et les remplacer par d'autres et ils seront francs de toutes aides, tailles et servitudes des seigneurs voués.

9° Item, tous les laboureurs du Val de Senones doivent trois jours de corvée de charue, moiennant un bichet rez de bled, ou un pain d'un bichet. Ils doivent aussi chacun audit s~ abbé au commencement de carême un ~eMm d'avoine. Nous avons déjà rapporté ci-devant l'article qui regarde la pesche.

10~ Celui qui trouvera dans les bois un essein de mouches à miel, en doit donner avis au cellerier du monastère, qui

le fera recueillir et ramener au logis de celui qui l'aura trouvé, lequel en aura soin, et partagera le profit par moitié avec teditceUerier.

11° Les habitants de Senones doivent au sgr abbé la dixme de chaque poulin màle, quatre deniers; d'une pouline, deux deniers; de chaque veau, une maille; de chaque essein de mouches, une maille; de chaque fauchée de prey, une maille; pour le feu, une maille; pour l'eau, une maille; et ta dixme des porcs, des agneaux et des laines. Mais il doit fournir les mâles dans ledit Val.

12° Le s''abbé de Senones a trois bois bannaux seigneuriaux et réservés, qui lui appartiennent sans part d'autruy; savoir: Jeanchey, Belfëi et Rotomont, dans lesquels il n'est permis aux habitans du Val de prendre aucune paxon, c'est à dire y mener les animaux paitre, ni y couper bois, sans le consentement de t'abbë, sous peine d'amende. Nous avons parlé de la glandée dans le précis du traité ci-devant passé en 1328, de même que de la chasse de l'ours, du sanglier et du cerf, et des défricbages, des forestelles et des hayes. 13° Chaque conduit, ou ménage du Val de Senones doit par chacun an au seigneur abbé et au couvent, savoir ceux qui mettent au champ et font labourage '15 bons deniers de droitures, et le demi conduit la moitié. Chaque conduit qui ne met pas au champ, doit payer annuellement 18 bons deniers et le demi la moitié; excepté ceux qui payent le cens de S'Agathe, qui ne doivent par chaque conduit que 10 bons deniers. Tous les autres ménages doivent chacun un gros et une maille strasburgis, lesquelles s'appellent les grandes droitures, qui doivent être levées par les doyens. Item les forestiers doivent lever de tous ceux qui mettent aux champs deux bons deniers et une maille strasburgis, et de ceux qui ne mettent pas au champ, cinq bons deniers et une maille strasburgis. Or, tes maisons qui payent le cens de Ste-Agathe sont toutes celles qui sont eu deça du pont jusqu'à t'abbaïe, excepté la maison qui est joignant la maison de cure. 14° Les abbé et couvent doivent fournir aux habitans du Vat

un ou plusieurs moulins bannaux, et les moutures s'y payeront de telle sorte pour un bichet de waingerie une ye!oM?ne; de deux bichets deux gelonnies; d'un rézal ou réymal, d'une quarte un ymai mis ou comble, et chauchié ou pressé deux fois;

18° Si l'on prend un voleur, un malfaiteur, un meurtrier, ou autre criminel, on l'amènera à la cour de l'abbaïe, et on le livrera au maire et à la justice de l'abbé, lesquels le mettront dans leurs prisons, puis le mèneront dans la forteresse du seigneur avoué lequel le fera ramener au monastère pour y être jugé définitivement par la justice de Senones. Après le jugement on le livrera aux officiers de t'avoué pour en faire justice. Si le criminel a du bien fond, et qu'il y ait confiscation, les héritages sont à l'abbé etles meubles à l'avoüé. <6° Le breu, ou prey au-dessous du monastère doit être en ban, et nul n'y peut envoier paitre ses animaux, depuis l'octave de Pâques jusqu'à la Toussaint, sous peine d'amende. ~7° Les mesures et étalons d'icelle se doivent garder à l'abbaïe, et les deux jurés nommés par Fabbé doivent aller le jour de l'Ascension et le jour de S. Pierre dans les maisons où l'on vend vin pour voir si les mesures sont conformes aux étalons. Us ont un pinte de vin pour leur droit de jaugeage et la mesure pleine de bled. Item, les abbé et couvent ont le droit de 6a~c!~ aux jours de S. Pierre et S. Paul, et le jour de l'Ascension, et peuvent empêcher de vendre vin ces jours là partout le Val. Nous avons vu ci-devant ce qui regarde la servitude de voiturer, chaque troisième année, la chaux du chauffour de l'abbaïe.

Tels étoient en t466, les droits dont jouissoit Fabbaïc par tout le Val. Elle en a joui encore longtemps depuis, et les comtes de Salm en qualité de voués du monastère étoient comme garants et conservateurs de ces droits.

VII. L'BVEQUB DE METZ PREND LE PRIEURÉ DU NOKIET SOUS SA PROTECTION, POUR LA VIB

DE NICOLAS DE BRBHONCOURT PRIEUR, ~469.

Le prieuré du Moniet fondé par Etienne de Bar, évêque de

Metz, en -H26, avoit été jusqu'alors sous !a protection des comtes de Blâment seigneurs de Deneuvre. En ~)469 Nicolas de Bremoncourt prieur de ce prieuré, brouillé avec le seigneur de Deneuvre, fut obligé de recourir à la protection de George de Bade éveque de Metz, qui s'engagea de le protéger et défendre, lui, ses domestiques, ses biens et tout ce qui dépendoit de son prieuré, pendant toute sa vie, à charge que le prieur payeroit, toute sa vie durant, 4 resaux d'avoine mesure de Remberviller dans ses greniers de la dite viHe. Il est remarquable que ce prélat dit que ce prieuré du Moniet est situé dans /Œ temporalité de son évêché, c'est-à-dire dans la dépendance de Baccarat, qui appartenoit à l'évêché de Metz. Le château de Deneuvre et celui de Baccarat n'étoient regardés que comme membres d'une même seigneurie, et l'on appelloit le château de Deneuvre, le haut château de De~e~we, par opposition au château bas, qui étoit à Baccarat; mais appartenant tous deux à un même seigneur de Deneuvre possédé en fief par le seigneur de Blâmont, et Baccarat nuement par l'évêque de Metz. Deneuvre et Biâmont sont tombés à )a maison de Lorraine par la donation d'Olry de Blâmont, qui en fit cession au duc René It, en ~499. VIII. ACCOMPAGNEMENT DE VARY DE LBSSBY, SIRB DE DOMBALE POUR LES PRESSOIRS D'ANTLCP, ')480.

Henri le Breton abbé df Senones, et le sire Vary de Lessey (Lessey, autrement Z.MC~ ancienne et illustre maison à Dombâle) chevalier, seigneur de Dombasle, passèrent ensemble en 4480, un acte d'accompagnement pour les deux pressoirs d'AntIup, dont le grand étoit posséda par moitié par ledit Vary et t'abbé de Senones, et le petit étoit au sire Vary seul. Celui-ci associa et accompagna l'abbé Henri à la moitié de son petit pressoir, moiennant 8 francs à t2 gros pour franc, que l'abbé donna à Vary; et par ce moien les deux pressoirs devinrent communs, et leurs profits se partagèrent dans la suite entr'eux également.

!X. UNION DE LA CURE DE S' JEAN A LA MEME CONVENTUELLE, ')480.

On a vû ci-devant sous l'an H 53 que Henri évoque de Toul avoit donné à l'abbaïo de Senones, c'est-à-dire à l'abbé et au couvent les autels des églises de S. Jean et de S. Maurice; mais l'abbé Henri procura en 1480, l'union de!'ég!ise, ou de la cure de S. Jean du Mont à la mense conventuelle des religieux. Le pape Sixte IV qui accorde cette grâce, dit que les religieux de Senones lui ont fait exposer que les revenus de leur mense sont si fort diminués par les malheurs des guerres qu'à peine peuvent-ils suffire pour les faire subsister et suporter les charges dont ils sont chargés; que leur abbé tirant les dixmes du même lieu de S. Jean, il seroit trèsavantageux à leur mense conventuelle si cette cure lui étoit unie à perpétuité, et que tous ses fruits et revenus lui fussent attachés, à charge de la faire desservir par un religieux de leur communauté, amovible à la volonté de l'abbé et du couvent. Ils ajoûtent que les revenus de leur mense n'excèdent pas la somme de 40 livres tournois, et ceux de la cure de S. Jean celle de 42 livres de petit* tournois. Le pape aiant égard à leur demande, unit à perpétuité à ia mense conventuelle ladite église, aux charges et conditions ci-dessus exprimées, et qu'il ne sera pas nécessaire de demander la permission de l'évoque diocèsain pour y établir un religieux desservant. La bulle est de 4480 le 14 des calendes de novembre, c'est-à-dire le 19 octobre.

X. UN!ON DU PRtEURB DU MÛNIBT A 1/ABBAtB DE SBNONBS, 1480. La même année, le 23 septembre, i'abbé Henri obtint du pape Sixte IV l'union du prieuré du Moniet à l'abbaïe de Senones, c'est-à-dire à la mense abbatiale et :') la conventuelle. L'abbé et les religieux exposent au pape que les revenus de leur monastère sont tellement diminuées par les guerres qui

ont désolé le pays, qu'il leur est impossible d'entretenir le nombre de religieux nécessaire, ni de fournir aux frais des entretiens et réparations dont ils sont chargés; que quatre de leurs religieux ont été obligés d'aller chercher à subsister dans d'autres monastères; que celui de Senones n'a de revenus que cent livres, et que le prieuré du Moniet n'en a que quatrevingts de petit* tournois que si ce prieuré étoit incorporé à leur abbaïe, ils pourroient avec ce secours éviter les inconvéniens auxquels ils sont exposés par la disette. Le pape leur accorda la grâce qu'ils demandoient, et leur permit de se mettre en possession du prieuré de S. Jaques et de S. Christophe de Deneuvre, aussitôt après la démission du prieur, qui en jouissoit actuellement.

Ce prieur étoit Nicolas de Bremoncourt, qui non seulement donna son consentement à ladite union, le 29 mars 1481, mais aussi donna sa résignation du dit prieuré entre les mains de l'abbé et du couvent, et renonça à tout droit, nom et action qu'il y prétendoit, ou pourroit prétendre; et )e lendemain 30" du même mois, l'abbé Henri, accompagné de quelques religieux de son abbaïe, prit possession dudit prieuré à la manière accoutumée. La componende de l'annate pour l'union de ce bénéncc fut de37nonns d'or de la chambre apostolique qui furent déih't'és le 21 may ')48i. Le religieux qu'on envoia dans la suite pour résider au Moniet, en fut nommé gouverneur et non pas prieur.

XI. ACCORD BKTRE I/ABB6 DE SENONES ET LE CCR6 D'HABLAINVILLE AU SUJET DES DtXMBS DUDIT LIBU, ')48~.

La même année, )'abbé de Senones et le curé d'Hablainville passèrent un accord amiable entr'eux, au sujet des dixmes de ce lieu, portant que l'abbé jouira des dcftx tiers des grosses dixmes contre ledit cure pour l'autre tiers, et que les menuës dixmes se partageront entr'eux également, le tout pour leur vie seulement. Mais toutefois cet accord subsiste encore aujour-

d'hui, à la différence que la partie qui étoit à l'abbé seul est aujourd'hui par moitié aux religieux.

XU. RÉPARATION ET PARTAGE DU HOCLIN ET BTANG DE BBRTRICHAMP, ')48't.

Le moulin et l'étang de Bertrichamp, ayant été ruinés pendant assez longtemps, frère Nicolas de Bremoncourt prieur du Moniet et les sieurs Jean de Viller et Henri Humelinghem convinrent de le rétablir en fournissant chacun par moitié les frais nécessaires pour son rétab'issem*nt, à condition de partager de même le revenu et le produit qui en reviendroit. L'accord est du mois de mars ~481. Ce moulin appartient aujourd'hui par moitié à un seigneur évêque de Metz contre l'abbé et les religieux de Senones pour l'autre moitié. XIII. CONDAMNATION D'UNE FEMME PAR LA JUSTICB DE L'ABBÉ, 1482. En 1482, il y eut une affaire célèbre dans le lieu de Senones au sujet d'une femme accusée du crime de triaige et genocherie. (Triaige et genocherie, magie et sorcellerie. Le nom de genot et de chenocherie est encore connu dans ce pays-ci, mais je ne trouve triage pour magie en aucun dictionnaire: triage peut venir de striga, sorcière, et genoche de ginosco, connoître les magiciens, et se vanter de connoître les choses cachées). Cette femme se nommoit Idatte, femme de Colin Paternostre du Ménil. Aiant donc été prise et enfermée dans les prisons de l'abbaïe, on fit venir exprès l'Inquisiteur de la Foy, qui l'interrogea plusieurs fois et ouït divers témoins contr'etie, i et lui aiant fait son procès, lût publiquement sa sentence dans la chaire de vérité, et la déclara convaicuë par sa propre confession et coupable du crime dont on l'avoit accusée. Après quoi le maire et les officiers du sgr abbé la conduisirent sur une pierre ronde au-dessus et à côté du grand chemin dedans ladite abbaïe, puis la délivrèrent entre les mains de

Jean du Puy prévôt des s~" comtes de Salm, comme avoués de l'abbaïe, pour faire justice de ladilte Idatte, selon le contenu de son procès.

Après quoi. Idatte fut menée devant le portail de l'église, o" ledit prévôt séant au siège de justice, accompagné de plusieurs autres officiers, ordonna à tous les sujets de l'abbaïe, et à ceux du comté de Salm, qui étoient présens, de se retirer avec lui à l'écart pour prendre conseil sur ce qu'il y avoit à faire dans le cas présent, suivant la coutume du lieu et du Val de Senones. Après qu'ils enrent opiné et discuté la matière bien au long, ils prononcèrent leur jugement par la bouche de Ferri le Masson de Senones à ce commis et ordonné, « que

ladite Idatte pour les choses contenues en son procès, et attendu sa confession touchant fait de triage, genocherie et matière contre la ste Foy catholique et les commandemens de notre mère s~ Eglise, qu'elle comme crimineuse avec son corps devoit bien être arse, brûlée et futminée; et pour cette cause tous ses héritages avec toutes leurs appartenances, selon les anciennes chroniques et selon le droit des anciennes et louables coutumes en tel cas observées de tems immémorial, étoient enchus et connsqués et devoient appartenir auxdits seigneurs abbé et couvent de Senones, comme seigneurs à cause de leur monastère, et tous ses biens meubles devoient pareillement appartenir auxdits seigneurs comtes de Salm, comme avouës dudit monastère et Val de Senones a. Ainsi fut prononcé, le 26 d'aoust 1482.

Mais dans tout ceci je ne vois aucun fait particulier, ni aucune preuve de la prétendue sorcellerie de cette ma)heureuse. On ne dit pas non plus d'où fut amené l'Inquisiteur qui lui fit son procès. Mais nous avons montré dans la Bibliothèque ~on's~e, sous l'article Inquisiteur, qu'il y eut des inquisiteurs de la foi dans les évéehez de Metz Toul et Verdun, surtout de Metz aux et siècles, où arriva le fait dont nous venons de parier, en ~482.

X!V. D. ARKOUD DE SALN, PRIEUR DE LA COUR, 4M4.

Sous l'abbé Henri Breton de Deneuvrc, le prieuré de la Cour d'en haut, aù Val de la Broque, étoit possédé par un religieux nommé Dom Arnoud de Salm, qui y fit quelques biens en 1484. Il ne t'étoit plus en 1492. Son nom se lit dans le nécrologe le 48 des calendes de juillet, ou le 28 juin OMt< D"°~ ~7'~M~~MS de Salmis ~KOKS~M~ /H~M !OM.

XV. DIFFICULTÉS ENTRE LES COMTES DE SALN ET L'ABBÉ DE SENONES AU SUJET LA JUSTICE DE S. STAIL, 489.

Vers l'an 1489, il survint quelque difficulté entre les, comtes de Salm et l'abbé de Senones au sujet de la justice de S~-Stai!, des étalages de la foire dudit lieu, et des amendes tant des bans de Plaine et de Salm que dudit village de S~ Stail. Mais ces difBcuttés aiant été mises eu arbitrage furent jugées en faveur de l'abbaïe, qui fut maintenuë dans la possession où elle étoit d'exercer la justice audit lieu de S' StaiL ou d'y percevoir les droits d'étalage et les deux tiers des amendes, de même que dans le ban de Plaine contre lesdits comtes de Salm pour l'autre tifrs; et à l'égard du ban de Salm ou Vipucelle, la moitié des amendes en fut adjugée auxdits comtes, et l'autre moitié à l'abbaïe, comme il paroit par la sentence arbitrale rendue par Olry de Blâmont, évêque de Toul, le 23 juin <489.

XVt. MORT BB L'ABBÉ HBKR! BR ITON DE DENEUVRE, 1490. Pour t'abbé Henri de Deneuvre, il mourut un samedy '6 février 1490, et donna cinquante livres monnoie de Lorraine pour fonder une messe qui se doit dire tous les samedis pour lui et pour les fidèles trépassés; outre cela neuf livres pour célébrer son anniversaire le jour de sa mort. On voioit

ci-devant sa tombe sur laquelle il n'y a qu'une grande croise abbatiale avec l'inscription tout autour de la tombe; on la voioit, dis-je, devant l'autel de la Vierge, aujourd'hui elle est devant l'autel de S. Joseph au côté septentrional de la croisée; l'autel de la Vierge ayant été transféré depuis peu d'années au côté méridional de la croisée, et l'autel de S. Joseph ayant été mis à la place de celui de la Vierge.

Sous son gouvernement, on voit distinctement la division des deux menses, celle de l'abbé et celle des religieux. Il paroit de plus qu'alors les biens temporels du monastère étoient en assez mauvais état; puisque comme on t'a vu dans la bulle de Sixte IV, et comme on le voit encore dans la démission de Nicolas de Bremoncourt prieur du Moniet, quelques religieux avoient été contraints, par la pauvreté, de se retirer dans d'autres monastères.

CHAPITRE XXXIV.

JEA~ CURATI XLVn~ ABBÉ DE SE~Û~RS, DEPUIS ~490 JUSQU'EX-t492.

On ne connoit l'abbé Curati que par deux endroits qui i prouvent qu'il avoit été pourvu de l'abbaïe par i'autorité du pape et non pari'étection des religieux. Ce sont deux quittances de ses bulles, qui portent qu'il avoit reçu t'abbaïe du pape Innocent VIII, le 5 juillet de l'an 1490, 6e année de son pontificat, et qu'il paya soixante florins d'or de la chambre et un tiers; et en outre pro mwM<M serot~M qu'il devoit aux officiers de la chambre 4 florins d'or et 26 sols ')') deniers monnoie romaine; de plus 13 florins d'or, 30 sols 6 deniers pour d'autres petit* services dûs aux officiers du pape. Je lis dans les comptes des carmes de Baccarat ~ous l'an <490, Gerardus CM6e?tm<or .4M6~Œ Senoniensis. Ce Gérard gouverneur de f'abbaïe vivoit peut-être avant que Curati fut nommé par ie pape, au mois de juillet de cette même année

ou s'il vivoit après la nomination de Curati, il étoit son œconome et son receveur.

Le nom de l'abbé Curati n'est pas marqué dans le nécrologe. Je ne sçais même s'il a jouï paisiblement de l'abbaïe, car dès le 5 juillet ')492, Jean de Borvifte étoit abbé de Senones.

CHAPITRE XXXV.

JEAN DE BORVILLE, XLIXe ABBÉ DE SENONES, DEPUIS 1492 JUSQU'EN 1S06.

t. COMMENCEMENT. DE JEAN DE BORVILLB.

Nous ignorons la manière dont Jean de Borville est parvenu

à l'abbaïe de Senones si c'est par voïe de démission, de résignation, d'élection, ou s'il en a été pourvu par l'autorité du pape. Dez le 27 mars ~)492, il donna permission à Dom Arnoû de Salm, jadis prieur de la Cour d'en haut au Val de la Broque, de donner une somme de vingt-deux francs à douze gros l'un, pour une espèce d'indemnité ou d'aumône, à cause d'une pièce de prey, nommé le Douaire, qui lui étoit échue faute de paiement de cens, afin que ces pauvres gens ne fussent pas entièrement privés de leur prey.

Ceci en lui-même ne mérite nulle considération; mais je le rapporte pour prouver la datte du commencement de cet abbé. Comme en cette année ')492 Pâques étoit le ')0 avril, on doit compter 4493 selon notre manière de compter.

Il. ACQUBT DE DEUX ETANGS A HUMBBPAtRE. 1492

En 1492, Claude Vaudrekin religieux de Senones, administrateur du prieuré du Moniet, achetta de Jean l'Arbalétrier bourgeois de Baccarat les deux étangs de Humhepaire, avec le moulin et battant de dessous, moiennant la somme de cent francs monnoie de Lorraine. La lettre est dattée du dernier

avril 1498. Mais il n'y est pas fait mention de l'abbé de Senones.

Ut. TESTAMENT D'UN PRIEUR DE VtC, 4495.

En 4 495, Jean de Borville, comme abbé de Senones, accorda à Didier Ancillon prieur de Vie la permission de faire un testament, par lequel ledit prieur dispose de son argent et de ses meubles en faveur des églises et de ses parents. L'année suivante, après la mort de Didier Ancillon, l'abbé conféra le prieuré de Vie à Didier Gros-Renard.

tV. BROUILLBRIBS 4U SUJET DE LBONONT, 4495.

Jean de Lambale protonotaire de S'-Siége, prieur de Léomont avoit résigné ce prieuré dès l'an 1485, à un nommé Jean Baronis, sous pènsion. Après la mort de Jean de Lambale arrivée vers l'an 4490, un nommé Jean de Co?'<eMM prémontré abbé de Bonfey, s'en étoit mis en possession, apparemment sur quelque provision surprise en cour de Rome mais un nommé Jean Benedicti, chanoine clerc du diocèse de Besançon jetta un dévolu sur ce prieuré vers l'an 4496, et plaida de Cortesiis abbé de Bonfey, pour l'obliger à se désister. Cependant l'abbé de Senones voiant que ce prieuré se perdoit et que les biens s'en dissipoient pendant ces contestations, traita avec Bénédicti qui lui remit son droit sous certaines conditions. Alors l'abbé s'adressa en 4498 au duc René If roy de Jérusalem, pour luidemander sa protection pour rentrer en possession de ce prieuré dépendant de son monastère. René par son décret permit simplement à l'abbé de Senones de prendre possession de Léomont, du consentement de Cortesiis; mais celui-ci mourut la même année avant le mois d'août, à Léomont.

V. UNION DU PRIBMË~DB LBOMONT A L'ABBÀtB PAR LB PAPB ÀLBXANDRB VI, 4499.

De manière que l'abbé Jean de Borville se voiant quitte

de ces deux compétiteurs ne trouva point de moien plus efficace pour prévenir toutes brouilleries à l'avenir que de faire supprimer le titre du prieuré de N.-Dame de Léomont, et de le faire unir à perpétuité à i'abbaïe c'est ce qu'il entreprit en 1499, et il en vint heureusem*nt à bout. Le pape Alexandre VI dit dans sa bulle que ce prieuré étant vacant par la démission volontaire que Jean Benoit chanoine de Besancon en a faite entre ses mains, n'aiant pû se mettre en possession dudit prieuré, les abbé et religieux de Senones lui avoient remontré que s'il lui plaisoit l'unir et incorporer à perpétuité à leur monastère, ils seroient plus en état de réparer et d'entretenir les édifices du prieuré et d'y maintenir le culte divin, outre que cela leur épargncroit les peines et les dépens auxquels ils sont exposés, lorsque ce prieuré tombe en commande; que d'ailleurs il est d'un très-petit revenu, ne rapportant pour l'ordinaire que vingt-quatre livres de petit* tournois par an. Le pape accordant la grâce qu'on lui demandoit, permit à l'abbé et au couvent de Senones, de se mettre en possession dudit prieuré et de ses revenus, d'envoier pour l'administrer un religieux de leur monastère ou d'un autre ordre, ou même un prêtre sécuiier amovible à leur volonté, pour y faire le divin service et administrer les sacrements aux paroissiens, s'H en a, sans être obligé d'en demander la permission à l'évoque diocésain, La bulle est dattée de Rome le 16 des calendes de may, ou du 16 avril 1499.

Il est remarquable qu'ici l'on donne pour patron au prieuré de Léomont la S~ Vierge, ailleurs on lui donne S~ Michel, et ailleurs SI Christophe- Au reste l'union dont nous venons de parler, souffrit des difficultés sous l'abbé Thirion d'Antlup. Le pape Jules II la révoqua en 4506, pour cette fois seulement, et conféra le prieuré à Jean de Savigni; mais l'union n'a pas laissé ~de subsister jusqu'aujourd'hui. Depuis ce tems là, en 1738, le prieuré de Léomont, qui appartenoit à la mense abbatiale de Senones en a été démembré pour être uni à perpétuité avec ses revenus à la maison du MéniNezLunéville.

VI. ACQUBT D'UNB NAISON A RAON EN <497.

En 1497, l'abbé Jean de Borville acquetta auprès de quelques particuliers de Ravon une maison sise audit lieu, près la porte de dessous, le chemin d'une part et devant, et les murs de la ville d'autre part, moiennant la somme de 300 francs barrois, trente gros, à 12 gros le franc, et 3 francs pour vin, sans y comprendre la façon du contrat. Cette maison a été depuis vendue ou échangée, et elle étoit fort duférente de celle que les religieux y possèdent aujourd'hui.

VII. L'ABBÉ DE SENONBS OBTIENT DU PAPE L'USAGE DES ORNBMBNS PONTIFICAUX, 1801.

Enfin en 180), il obtint du pape Alexandre VI, pour lui et pour ses successeurs, l'usage des ornemens pontificaux, savoir, de la mitre, du bâton pastoral, des sandales, des gants et des autres marques d'honneur accordés aux premiers prélats de l'Eglise, comme aussi de donner la bénédiction solemnelle au peuple après la messe, après les vêpres et après les matines, non seulement dans son abbaïe, mais aussi dans les prieurés et dans les églises, même celles qui ne sont pas soumises de plein droit à son monastère, pourvû toutefois qu'il n'y ait point d'évoqué présent, ni de légat apostolique; de plus de bénir les palles et les autres ornemens sacerdotaux, aussi souvent qu'il sera nécessaire; enfin de conférer la tonsure et les iv moindres, non-seulement aux religieux profès ou non-profès de son abbaïe, ou des prieurés qui en dépendent, mais aussi aux séculiers soumis médiatement ou immédiatement audit monastère; comme aussi de réconcilier avec l'eau qui aura été bénite par quelque évoque catholique, les cimetières, les autels et les chapelles de son abbaïe, des prieurés en dépendans et même des églises paroissiales et qui lui sont soumises, lorsqu'elles auront été polluës par l'effusion du sang ou de la sem*nce humaine.

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VIII. DONATION DE BRUMBNIL A L'ABBAIB, ')501.

La même année ~0~, le maire Thiriet de Braménii et Jeannette sa femme, laquelle étoit devenue aveug!e, donnèrent à !'abbaïe de Senones tous les biens qu'ils possédoient à Bruménil, dans le ban le Moine, consistant en deux maisons, environ 45 jours de terre, 3 ou i pièces de prey, un jardin, etc, moienuant une prébende monacbaie pour chacun d'eux pendant leur vie, leur logement et entretien dans l'abbaïe, et un anniversaire à leur mort. Ce bien fut vendu vers l'an ')o')3, par l'abbé Thirion d'Antlup, parce qu'il n'étoit pas à la bienséance du monastère, et il le remplaça par un cens de dix francs au village de Borville. Ce cens ne se paye plus, aiant été rachetté.

IX. FONDATION DE L'Af~ ~a'rM AU COMMENCEMENT DE CHAQUE OFFICE, 'i803.

Un religieux de ce monastère, nommé Jean de Ravon, prieur de S. Christophe de Vie, fonda en 1503 t'~e Maria pour être chanté au commencement de toutes les heures de l'omce du jour. I! mourut le 7 mars ~8<5. C'est ce que nous lisons dans l'ancien nécrologe au X" des calendes de juillet, c'est-à-dire, le 22 juin. On voit par là qu'encore que la dévotion à la Vierge ait toujours été très-célèbre dans J'Eglise, et que la première partie de l'Ave Maria soit tirée de l'Ecriture, cependant cetto prière, de la manière dont on la récite aujourd'hui, n'a été commune qu'assez tard. Henri de Ville, évoque de Toul, qui est mort en ~436, est le premier qui ait introduit Rasage de réciter tout haut Maria gracia plena au commencement de l'office. Voyez Histoire de Lorraine, t. 2, p. 746. Alors on ne chantoit encore que ces paroles que nous venons de rapporter, et on n'en chante pas encore davantage dans la cathédrale et dans les paroisses du diocèse. Jean de Ravon n'en établit pas davantage dans l'abbaïe de

Senones. St ,Benoit, dans sa règle, c. 9e< n'avoit ordonné de dire ni le Pater ni l'Ave Ma~a au commencement de l'offlee; on le commençoit absolument par Deus in adjutorium. A présent on ~dit par tout l'ordre bénédictin, excepté dans l'ordre de Cluny réformé selon le bréviaire nouveau, à voix basse le Pater et i'Aee Maria tout entier; depuis l'an 1803, avant la réforme, on chantoit ici !e Maria.

X. LUSTRE DE CUtVRE DONNÉ PAR b'ABBË JEAN DE BORVILLB. On conserve dans l'église de Senones un beau monument de la piété de l'abbé Jean de Borville c'est un lustre ou chandelier de cuivre, autrefois doré, à plusieurs branches, suspendu par une chaine de fer entre le choeur et le sanctuaire. Ce lustre a environ cinq pieds de hauteur, aiant deux étages; au premier sont six branches, et au second autant, portant chacune un cierge. Entre chaque branche de l'étage d'en bas sont des anges supportés par d'autres branches de moindre longueur. Au centre du chandelier est représenté le Sauveur ressuscité. Les branches qui portent les anges et le chandelier sont d'un travail très-délicat, en fleurage d'un assez bon goût; les colonnes de même qui soutiennent le second étage sont d'un ouvrage exquis. On voit en trois endroits au cul de lampe dudit lustre les armes de dom Jean de Borville qui sont une barre avec cinq étoiles, deux en haut et trois audessous. Il fit en 4806 le grand bras d'argent de S. Siméon. I! a fait bâtir, ou du moins voûter la croisée de Fégiise du prieuré du Moniet où l'on voit ses armes.

XI. MORT ET SÉPULTURE DE JEAN DE BORVILLE. 1596. D. Jean de Borville mourut à Senones le 5 d'octobre <S06, et fut enterré dans l'église de l'abbaïe. Sa tombe se voit devant le grand autel du côté de Févangue. U y est représenté en habits pontificaux, la mitre en tête et la crosse à la main droite, tenant un calice de la gauche, aiant des gants aux

mains et un anneau au second doigt de la gauche. Ses armes sont aux deux cotes de sa tête, et l'inscription écrite autour de sa tombe porte Cy gist Jehan de Borc~Me insigne abbé de céans, qui trépassa de ce monde mortel, l'an ~CCCCC' et F~, 7~ jour du mois d'octobre. F~es Dieu que ly fasse merM l'aime. Amen. Son nom est marque dans le nécrologe au 6e d'octobre, et il y est dit qu'il donna dix frans pour son anniversaire et cinq frans pour i'egtise de la Vierge, pour la Rotonde. Nous avons fait tirer son portrait d'après une vieille châsse de S. Siméon, où il étoit représenté à genoux devant S. Siméon, avec cette inscription Sancte Simeon Christi cure, pro me deprecsre.

CHAPITRE XXXVI.

THIRIOK D'A~fTLUP Le ABBÉ, DEPUIS 'të06 JUSQU'EN 1541. I. THtRION D'ANTLUP, ABBÉ DE SBNONBS, 4806. Thirion d'Anttup étoit prieur claustral de l'abbaïe de Senones,

lorsque Jean de BorviUc mourut. H fut élù canoniquement le jour même de la mort de son prédécesseur, comme il le témoigne lui-même dans le registre de cette année 4506, écrit de sa main; et ensuite mis en possession et confirmé par le pape. Je n'ai pu trouver ses buttes; mais nous apprenons d'une requête présentée au duc Antoine en 1524, par l'abbé Thirion, qu'après la mort de l'abbé Jean de Borville, le duc René II, à la prière et sollicitation du duc Antoine son fils, aiant désiré que Vary de Savigny, protonotaire du S. Siège, fùt pourvu de l'abbaïe de Senones, et les religieux s'étant hâté de choisir Thirion d'Antlup, comme on vient de le dire, te duc René en témoigna son mécontentement, et pour lui donner quelque satisfaction et prévenir les procès qui eussent pû nnitre entr'eux et le protonotaire prétendant, ou avoit jugé à propos de donner le prieuré de Léomont au

protonotaire, nonobstant l'union qui en avoit été faite au monastère.

Il. CASSATION DE L'UNION DU PRIEURÉ DE LÉOMONT A L'ABBAIE, 1506.

On s'adressa donc au pape Jules II, en 1506, et on le pria de casser l'union, ce que le pape n'eut pas de peine à accorder pour cette fois, cette cassation lui donnant lieu de conférer ce prieuré, vacant par la en cour de Rome, au protonotaire Vary de Savigny clerc du diocèse de Toul, et pour lors attaché au service du pape. Ses bulles sont du jour d'avant les ides de février 1o06, c'est-à-dire du 12 février 1M7, selon notre manière de compter.

Il paroit toutefois que Savigny ne jouit pas paisiblement du prieuré, et que l'abbé et les religieux de Senones formèrent opposition, qui ne fut levée qu'en 152i, Vary de Savigny aiant transigé avec eux, et s'étant engagé de ne remettre jamais ce bénéfice en d'autres mains que celles des religieux, et à se conformer aux termes de la bulle de Jules II, qui porte qu'après sa mort le prieuré demeurera pour toujours réuni au monastère. L'abbé Thirion présenta donc alors sa requête au duc Antoine, pour le prier de ratifier cet accord et dordonner que la bulle de réunion auroit son plein et entier effet à la mort de Savigny, et faire défense à ses officiers et sujets de troubler les religieux de Senones dans l'exécution de cette union.

En 1827, le protonotaire étant tombé dangereusem*nt malade à Lunéville, t'abbë de Senones présenta de nouveau une requête audit duc Antoine, pour le prier de donner commission à quelques-uns de ses officiers, d'empêcher que les parents ou les créanciers dudit protonotaire ne s'emparassent des biens et meubles qu'il pouvoit avoir au prieuré de Léomont, de peur que l'office divin n'y soit retardé ni délaissé. Le duc ordonna par son décret au s~ de Dombâle et au lieutenant de bailly de Lunéville qu'incontinent après le décès du pro-

tonotaire, ils missent l'abbé de Senones en possession du prieuré de Léomont, et fissent inventaire des meubles et effets du deffunt, pour les remettre à qui ils appartiendroient. L'abbaïe demeura en possession du prieuré jusqu'en 1543, qu'il fut de nouveau envahi par René du Puy du Four, comme on le dira ci-après.

111. DROITS DE L'ABBAtB DANS LB VAL DB SBNONBS, BN 1509 ET 15'! 7.

En 1509, dans l'assemblée des plaids annaux tenus le 3t1 décembre dans la grande salle de l'abbaïe, Thirion d'Antlup fit lire une charte en parchemin, scellée de quatre sceaux, saine et entière contenant certains appointemens faits entre l'abbé de Senones, Henri Breton de Deneuvre et les comtes de Salm, Jean et Jacques, lesquelles lettres on avoit accoutumé de lire chaque année aux plaids annaux, pour renouveller et confirmer les droits et usages de l'abbaïe au Val de Senones. Après la lecture de ces lettres, les échevins et habitans dudit lieu se retirèrent à l'écart pour délibérer entr'eux. Puis étant retournés, l'échevin portant la parole dit, que le ban, le fond et la roye du Val de Senones est et appartient à l'Eglise de Senones, sauf le droit d'autruy. Après quoi l'échevin proposa encore que ledit s~ abbé devoit pourvoir d'un moulin aux habitans du Val de Senones moiennant certaine quantité de farine sur quoi il y eut encore dimcutté, l'abbé ne s'accordant pas sur la manière de livrer la mouture. Enfin les habitans prétendirent avoir droit de bâtir des mou!ins dans le Val, moiennant cinq gros de cens, ce qui fut contesté par l'abbé, qui en demanda acte au notaire qu'il avoit amené aux plaids annaux.

Les mêmes cérémonies et formalités furent observées aux plaids annaux de l'an 1517, et l'échevin, au nom des communautés du Val de Senones, y forma pareilles dimcuités, auxquelles fut répondu de même par l'abbé, qui dit que ce n'étoit que depuis sept ou huit ans qu'on s'étoit avisé de parler du droit

tf'aM~n~. Il y eut encore débat au sujet des trois bois bannaux, ou de chambre appartenans au s~ abbé, savoir les bois de Jehanxey, de Belfey et de Rotomont; l'échevin prétendant que si quelque habitant du Val étoit trouvé conpant la huche, s'il étoit trouvé chargeant, le forestier l'arrête, et s'il est en chemin on ne doit pas arrêter son chariot, ni lui faire payer l'amende; et qu'au cas que quelqu'un soit gageable, on ne lui peut prendre pour gage que sa hache ou autre instrument dont il se sert pour couper du bois. Mais le ss' abbé s'opposa à ces prétentions, soutenant que quiconque étoit trouvé coupant, chargeant ou charroiant dans ses trois bois bannaux et seigneuriaux susdits, étoit amendable de 60 gros lui et ses successeurs abbés de Senones, de quoi il demanda (acte) au notaire présent.

tV. LAIX DE I/HERNITAGE ET DB LA CHAPBLI.B DELA MBR. IMI. En 45'H, le même abbé conféra la chapelle et l'hermitage de N.-Dame de la Mer à un prêtre nommé Etienne Liegies de la comté de Charolois, qui promit de ne rien demander audit abbé, ni à ses successeurs, à l'occasion de ladite chapelle, et les déclara dès lors ses héritiers après sa mort. C'est la première fois que je trouve la collation de la chapelle et hermitage de la Mer.

Y. PLAIDS ANNAUX D'AfCERVtHER TENUS M ~42.

L'attention de l'abbé Thirion d'Antlup à conserver les droits de son abbaïe le porta à tenir les plaids annaux dans la seigneurie d'Ancerviller. Il y cita les maires et habitans d'Ancerviller, d'Halloville et de Couvay qui en dépendent et après avoir fait lire la charte qui contient les droits, rentes et revenus dudit Ancerviller et villages en dépendans, il demanda aux prud'hommes s'ils avoient quelque chose à y opposer ou contredire, à quoi aiant répondu qu'ils s'y sou-

mettoient et les vouloient observer à l'avenir pour eux et leurs descendans, ainsi finirent lesdits plaids annaux, le dimanche 9e janvier ~5~2. On peut remarquer dans cette charte que les religieux de Senones sont seigneurs fonciers du ban d'Ancerviller et du han, sans faire tort à autruy; et que toutes les amendes hautes et basses leur appartiennent sans part d'autruy; qu'ils y peuvent tenir leurs plaids annaux tous les ans, le dimanche d'après l'Epiphanie, s'ils ne jugent à propos de les différer. Ils ont droit de créer le maire, quand il leur plaît, et les autres gens de justice, aux plaids annaux par l'élection des habitans d'Ancerviller et de Couvay. Les cens et relèvemens se doivent payer à la S. Martin. Ils ont droit de corvées et de chasse. Si les habitans vont à lâchasse et qu'ils tuent un sanglier, un cerf ou pn ours, lis en doivent apporter la tête, la trasse et le quartier droit dans la maison des seigneurs religieux de Senones. Il. y a plusieurs autres particularités remarquables qu'on peut voir dans la charte de cette année.

VI. TRANSACTION POUR LES FORGBS DE GRANDFONTAINB, ~513. En '!5')3, quelques particuliers aiant construit des forges à faire du fer sur les finages de Grandfontaine et de Saussure, Fabbé de Senones se plaignit qu'A son préjudice et sans sa participation on eût érigé lesdites forges et qu'on ne lui en donnât pas le tiers du produit, en conformité des anciennes transactions des années '~26~ et ')884. Sur ces plaintes, Jeanne de Fénétranges, comtesse de Salm et Marguerite de Sierk aussi comtesse de Salm, passèrent une transaction avec l'abbé Thirion portant qu'il tireroit le tiers de tous les profits desdites forges, en fournissant par lui sa part des bois nécessaires pour leurs usages. Ce traité ne se trouve pas en original dans l'archive et la copie que j'en ay vuë n'est pas signée, ce qui me fait soubçonner que ce n'est qu'un simple projet de transaction. It est certain qu'en ~S')0, l'abbé Thirion écrivit plusieurs lettres aux dames comtesses ci-devant nommées,

pour se plaindre des contraventions que l'on faisoit aux anciennes transactions. Ces lettres avec les réponses sont écrites de la main de l'abbé Thirion dans un cartulaire aussi de sa main, qui contient le titre de fondation de l'abbaïe, les transactions de <26') et <284, et quelques autres titres. Car il est important de remarquer ici que ce bon abbé est le premier qui nous ait laissé des registres de son gouvernement, dans lesquels on trouve plusieurs instructions importantes, non seulement pour l'histoire de sa maison et de sa personne, mais aussi pour les biens et les aSaires de son abbaïe. VII. SENTENCE QUI CONDAMNE LES CARMES DE BACCARAT A FERMER LEURS ÉCOLES, <5<S.

Les Carmes établis à Baccarat en <433, par Conrard Bayer de Boppart évoque de Metz, y avoient ouvert des éco!es, et le maitre des novices de ce couvent y avoit assemblé bon nombre d'écoHers. Le prieur ou administrateur du Moniet et les chanoines de Deneuvre, comme curés du lieu et en possession de nommer et instituer les maîtres d'école dans t'~endue de leur paroisse, s'y opposèrent et en portèrent leurs plaintes au sgr évêque de Toul, comme ordinaire du lien. Non seulement les Carmes n'eurent aucun égard aux remontrances et aux plaintes du prieur et des chanoines, ils méprisèrent même les citations, monitions et censures de t'omcia! de Toul, et usèrent de paroles peu respectueuses envers la cour épiscopale et envers les plaignans. Enfin cependant, ils jugèrent à propos de se soumettre, et l'évèque de Toul, par sa sentence du 23 janvier 15<8, les condamna à fermer leur école, et leur défendit d'attirer ni recevoir dans leurs écoles aucun enfant de Baccarat, et en outre de faire désavouer publiquement, dans un sermon préché par un d'entr'eux dans !eur église, tout ce qui s'étoit dit au mépris de la jurisdiction du s~ évéque de Toul.

VIH. PLAIDS ANNAUX A VIPUCBLLB OU LA BROQUE, ')5')8. En ~8, Thirion d'Antlup tint ses plaids annaux au ban

de Vipucelle, dans la ville de VipuceUe et de la. Broque, accompagné de messire Guillemin Mignon, prieur de Xures et du maire Olry maire du ban de Salm et de plusieurs autres. On y lut les droits de l'abbaïe de Senones au ban de Salm, et il y fut reconnu que le s~ abbé de Senones à droit de tenir ses plaids annaux audit ban aa terme de S. Martin, ou autre jour, selon sa commodité, et. que chaque habitant est tenu de s'y trouver sous peine de cinq sols d'amende. Que ledit abbé est seigneur foncier dudit ban et du han (le ban et le han, le finage, le territoire, et les habitations, les hameaux) qu'il crée le maire, le doyen et l'échevin, sans part d'autruy. Qu'il a la moitié de toutes les amendes dudit ban contre les comtes de Salm pour l'autre moitié. Item, les droits de chasse et de pèche, divers cens et autres droits communs avec les comtes de Salm, que l'on peut voir exprimés plus au long dans la lettre des plaids annaux de cette année ~8.

IX. PLAIDS ANNAUX DU BAN DE PLAINB, ')o')8.

La même année, il tint aussi les plaids annaux dans le ban de Plaine, au village de Saulxures, où les gens de justice, les notables et les manans; des lieux étant assemblés, on lut publiquement, on reconnut et on renouvella les anciens droits de !'abbâ)'e dans le val de Plaine. On y reconnut: ~° Que le sgr abbé de Senones est s~ foncier du fond, de la roye et du han dudit ban de Plaine. 2° Qu'il y peut et doit créer la justice, sans empêchement d'autruy. 3° Qu'il prend les deux parts de toutes les amendes contre )e seigr comte de Sa!m voué de t'abbnïe pour le tiers. 4° Qu'il peut tenir ses plaids annaux, trois fois l'année, savoir au mois de février, au mois de may et au mois de novembre. 5° Le s~ abbé a droit d'ascenser audit ban de Plaine partout où il y a lieu de le faire, et ce sans part d'autruy. 6° Les criminels se doivent prendre et juger par la justice de Ptaiue, qui les

remet aux gens du sgr voué pour les faire punir; et s'il y a confiscation, les biens fonds demeurent à Fabbaïe et les meubles au s~' voué. 7° Il a les droits de corvées, de chasse, de pesche, etc, audit ban de Piaine, ainsi qu'il est plus amplement marqué dans les lettres des plaids annaux. Tout ceci prouve la diligence et t'exactitude de l'abbé Thirion à maintenir et à renouveler les droits de son église.

X. L'ABBÉ DE SENONBS CÈDB LA NOMINATION DE LA CURE DE BROUVILLE AUX CHANOINES DE S~-DIEZ, ')5<8.

Les chanoines de S'-Diez aiant fait unir par bulle apostolique, à leur mense capitulaire la cure de Brouville, dans laquelle ils n'avoient que le tiers dans les grosses et menuës dixmes, contre l'abbé et ie couvent de Senones pour les deux autres tiers, l'abbé Thirion, qui étoit seul patron et collateur de ladite cure, s'en plaignit et fit ses oppositions à l'exécution des bulles d'union. Après quelques débats, on convint en 15~8, que l'abbé de Senones cèderoit auxdits chanoines son droit de nomination à la cure de Brouville, moicnnant trente frans barrois d'indemnité que lui donneroient les chanoines. Cette convention fut approuvée par le pape Léon X, par sa bulle du 68 des calendes de décembre 18<8. En outre il fut convenu que les abbé et couvent de Senones continueroient à percevoir les deux tiers dans toutes les dixmes novales de la paroisse de Brouville et de ses annexes. Ce traité a subsisté jusqu'en l'an ')686, que le Roy T. C. aiant fixé les portions congrues des vicaires, à 300 livres, et aiant ordonné qu'à l'avenir il n'y auroit plus de vicaires amovibles, mais qu'il seroient tous perpétuels, les vénérables chanoines de S~-Diez rétrocédèrent à l'abbaïe le droit de collation, au moien de quoi ils demeurèrent déchargés de la redevance de 30 francs, que le sr abbé de Senones paye aujourd'hui au couvent dudit lieu, pour indemnité de leur part au droit de collation de la eure de Brouville.

XI. DIFFICULTÉS SUR LA DESSERTE DES CURES DE S. JEAN ET DE S. MAURICE, 15.20

Les paroissiens des paroisses de S. Jean et de S. Maurice prétendoient que les abbés et religieux de Senones, ou leurs chappelains étoient tenus de chanter chaque semaine une messe à la paroisse de S. Jean, et une autre A celle de S. Maurice. L'abbé et les religieux soutenoient au contraire qu'ils n'étoient obligés que de célébrer une messe à chacune des deux paroisses chaque semaine à l'alternative. Comme les esprits s'échauffoient et que l'on étoit à la veille d'entrer en procès, Nicolas comte de Salm, s~ de Viviers, fut prié par les parties de juger leur différend. Il le fit en disant que le chapelain ou vicaire, quel qu'il fût, régulier ou séculier, demeurant en la maison de cure, seroit tenu de célébrer, chaque semaine deux messes, une à S. Maurice et l'autre à S. Jean; en outre de dire la messe dans les deux paroisses aux fêtes de la Vierge et des apôtres, qui seront doubles. Que les abbés et religieux seroient obligés de dire chaque semaine une messe à l'alternative dans l'une des deux paroisses, comme curés, et que pour la deuxième qu'ils diroient dans l'une des deux églises, par une espèce de surérogation, les paroissiens des deux paroisses conjointement leur délivreroient cinq francs monnoie de Lorraine par année, au terme de S. Martin d'hyver. Quant aux offrandes, on cède aux abbé et religieux toutes les offrandes d'argent, de bled, de petites chandelles ou petit* morceaux de cire mais si l'on offre quelques gros morceaux de cire, ou des cierges ou chandelles entières d'une grosseur considérable, on les laissera à la fabrique pour l'usage des autels. Fait le 6 septembre 4520. Tout cela nous donne l'idée d'une discipline bien différente de celle d'aujourd'hui.

XII. MANIÈRE DE JOGBR ET DE PUNIR LES CRIMINELS EN LA JUSTICE DE L'ABBÉ DE SENONES, 1522.

Il arriva en ~22, un cas qui nous fait connoitre quelle

étoit FappUcation de !'abbé Thirion d'Antlup à conserver les droits de son abbaïe. Un nommé Michel de Senones aiant été arrêté pour fait de larcin, fut conduit à Badonviller et détenu assez longtemps dans les prisons dudit lieu, sans qu'on eût égard aux instances de l'abbé de Senones qui le fit répéter plusieurs fois pour le mettre dans ses prisons, selon l'ancienne coutume. Quelque tems après, le maire et la justice de Senones étant assis devant la porte du monastère, prêts à rendre la justice, le châtelain et prévôt de Badonviller amenèrent ledit Michel à la porte de l'abbaïe. Alors J'abbé Thirion, accompagné de ses religieux, adressant la parole audit châtelain et à tout le peuple présent, le pria de trouver bon qu'il lui lût l'article des plaids annaux qui concerne la manière de procéder contre les criminels. Le châtelain y consentit et on lût que quand on avoit pris un malfaiteur, on le devoit mettre entre les mains de l'abbé, qui le faisoit conduire dans ses prisons par son maire; après quoi le maire le conduisoit dans la forteresse de t'avoué, qui le taisoit ramener par son prévôt dans l'abbaïe et le remettre entre les mains du maire de l'abbé, qui lui faisoit son procès dans la salle et en présence de l'abbé, lequel commandoit qu'on fit bonne justice, mais qu'on ne fit point de tort au malfaiteur. Après qu'il étoit ainsi jugé, on le remettoit entre les mains des officiers du sgr avoué. C'est ce que portoit l'article qui fut devant l'assemblée.

Après cette lecture, l'abbé se plaignit de l'infraction faite à cet ancien usage et en demanda acte de non préjudice au notaire présent, disant que telle étoit l'intention du s~ comte de Salm, que tout ce qui pourroit être fait ou entrepris contre ses droits ne tireroit pas à conséquence et ne pourroit lui porter préjudice.

XIII. UNION DE LA CURE DE S. HILAIRB DE METZ A LA MBNSE ABBATIALB DE SENONES, 1523.

En ~23, l'abbé Thirion obtint du pape Adrien VI, l'union

et incorporation à perpétuité des biens et revenus de la paroisse S~-HUaire de Metz à sa mense abbatiale. Quelqu'un de ses prédécesseurs avoit déjà fait incorporer à ladite mense la moitié des revenus de cette cure. Thirion, pour prévenir les dimeuttés qui pourroient survenir à l'avenir avec les curés dudit S. Hilaire au sujet du reste de ces revenus, en demanda l'entière union à sa mense, alléguant de plus que le culte divin se feroit avec plus de décence dans son monastère, et même dans ladite église. Quoiqu'il en soit de la validité de ces raisons, le pape accorda la grâce, et l'église de S. Hilaire est demeurée unie à l'abbaïe jusqu'à la destruction totale de cette paroisse, arrivée apparemment en 1552, pendantle siège de Metz par l'empereur Charles V.

XIV. INCENDIE DU MONASTÈRE ET DU BOURG

DE SBNONBS, ~83i.

Pendant que notre bon abbé mettoit tous ses soins à récupérer les biens de son abbaïe et à conserver ses anciens droits et privilèges, Dieu permit que le monastère de Senones fût entièrement consumé par le feu. Voici comme il raconte luimême cet événement, dans un registre écrit de sa main ez années ~533, 4 834 et suivantes.

« L'an 4534, le ~jour d'avril, lundi de Quasimodo, entre les dix et onze heures de nuit, étant les religieux et autres de la maison endormis du premier somme, fut totalement brûlée notre dite abbaïe du feu de fortune, ainsi qu'il plut à Dieu le permettre, sans y rien réserver en tous les états tant dudit couvent que l'état abbatial avec ses églises, varriers, clouchiers, et clouches totalement fonduës; (la cloche de la paroisse de Senones, qui a été cassée et refonduë en ')747, avoit été fonduë par l'abbé Thirion d'Antlup en 1534); de laquelle église nous aviens parti le matin et en étiens allé au prioré du Moniet, poarétre à la four à Deneuvre, onquel lieu les nouvelles de ladite fortune nous furent apportées par Duraud Virion sindic de l'église. Après lesquelles ouïes,

prîmes peine de dire nos heures et après célébrer messe, rendant grâces à Dieu le Créateur de ladite fortune, et priant t Dieu de vouloir donner la patience de nous y conduire en bonne patience, à son honneur et à sa gloire, et à salut des âmes; Amen.

« Et à la même heure furent brufées toutes tes maisons de deça le pont, même celles du bastant, jusqu'à la maison Didier Menget, que fuit à Chretien du bastant. » Presque tout le reste de la vie de l'abbé Thirion fut occupée à réparer l'église et le monastère. Nous avons encore les mémoires et marchés qu'il fit à cet effet. Pour la réparation des marnages de la toiture de l'église et des clochers, il donna en ')534, neuf vingt et dix frans aux ouvriers et charpentiers, et pour recouvrir et réparer tout le monastère, il emprunta auprès de l'abbé d'Autrey, la somme de deux cents frans monnoie de Lorraine, au mois d'octobre 1834, ce qui fait voir qu'elle étoit alors la rareté de l'argent et la modicité du salaire des ouvriers.

XV. ROLE DB THIRION D'ÀNTLUP, ~836.

Dom Claude Padoux, abbé de Senones, dans le rôle ou réglement qu'il dressa en 4 569 pour le partage des biens de l'abbaïe et des religieux, et pour régler ce qu'un abbé leur doit donner pour leur subsistance, cet abbé, dis-je, dit que dans l'incendie dont nous avons parlé, les chartes, lettres et registres des seigneuries, cens, rentes et droitures appartenantes à nos frères religieux et COMMM< Senones furent perdues et &rûMes en la plus grande partie. I! ajoute que le ')8 décembre 4536, l'abbé Thirion d'Antlup passa un instrument d'accord, dit le n~, avec ses religieux. Je n'ai pu recouvrer ce rôle, mais c'est le premier dont nous aions connoissance, et il a servi de base à tous ceux qui sont intervenus depuis ce tems là entre les abbés et le couvent, et à toutes ies séparations de mense que l'on a faites jusqu'aujourd'hui.

XVt. COADJUTORIE DE D. JBAN DURAND, NEVEU DE THIRtON D'ANTLUP 1536.

En 1536, l'abbé Thirion d'Antlup âgé de 60 ans et sujet à quantité d'innrmités, qui ne lui permettoient pas de vaquer, comme il l'auroit souhaité, aux affaires de son monastère, demanda au pape Paul III, pour son coadjuteur Jean Durand son neveu, âgé d'environ 20 ans et profès de l'abbaïe de Senones. Le pape lui accorda sa demande, et Jean Durand obtint ses bulles de coadjutorie le 9~ des calendes de janvier, ou le 24 décembre 1536. Il obtint du duc Antoine, le 26 juin 1539, un décret sur requête, pour en cas de vacance prendre possession de l'abbaïe dont il avoit obtenu les bulles de coadjutorie.

XVII. ACCORD ENTRE LES SEIGNEURS DE VITRIMONT

ET LES COMMUNAUTÉS

DE LUNEVILLE VILLER ET NBNIL, 1534.

Les communautés de Lunéville, Viller et Ménil prétendoient avoir droit de couper à la serpe et à volonté dans les bois nommés la FoMeyeMe de Vitrimont, la Foüeresse du four des seigneurs de Vitrimont, le bois nommé Pignat, qui est la Foùeresse de Léomont, le bois appellé Arrière-fosse Je bois des Nowes, le bois des Fa~/MSMMa;, le bois Souxei, le bois le Cugnat )'o6icia!, dependans de la seigneurie de Vitrimont. Les abbé et religieux de Senones conjointement avec Jean de VautronviUe, bailly d'Epina!, Jean de Savigny, seigr de Léomont, Philippe des Salles, seigr de Gombervaux, soutenoient le contraire. Les parties portèrent leurs contestations devant les baillis et la noblesse de Lorraine, comme juges arbitres qui décidèrent que les villes de Lunéville, Viller et Ménil auront pour toujours les bois appelés les ~VoMo~s, près la garenne de Vitrimont, les bois des Fayessieux, ~T~M-~oMe et le Pignat, moiennant quoi ils n'auront plus rien

à répéter dans les autres bois ci-devant nommés. Cette sentence arbitrale, qui fut portée le 8e mars i83i, fut confirmée par le due Antoine, le lendemain, de la même année. En 1536, sous le gouvernement de l'abbé Thirion d'Antlup, je remarque qu'on envoioit les jeunes religieux de Senones étudier chez les pères carmes de Baccarat; (Comptes mss. des P P. Carmes de Baccarat); que ces jeunes religieux de Senones étoient pensionnaires, vivant dans la maison de ces Pères, qui avoient alors pour l'ordinaire, deux lecteurs ou professeurs. Je remarque de plus qu'ez années )439,1440, 1441, 1443, ils fournissoient jusqu'à 9, 10, 12 et 14 prédicateurs dans toutes les chaires des environs. Ainsi, Valentin, abbé de Senones, ne pouvoit choisir une école ni plus célèbre, ni plus à portée, ni plus propre à inspirer l'esprit de piété à ses religieux, qu'en les envoiant aux pères carmes de Baccarat, pour vivre au milieu d'eux et profiter de leurs exemples et de leurs instructions.

XVHÏ. DEPART DE COUR POUR LES CORVÉES D'ANTLUP. 11 y eut en 1536, un très gros procès au sujet des corvées et autres droits seigneuriaux de la seigneurie d'Antlup, entre les seigneurs du lieu et les habitans; sur quoi intervint une sentence arbitrale, qui maintint les s~" dans leur droit de corvée et autres droits dans ce lieu.

XtX. FONDATION DE L'ANTIENNE MM~S<<ï A CHAKTBR TOUS LES JOURS A LA ROTONDE, -<538.

En ')838 et 1339, quatre ou cinq familles du village de Celles fondèrent en l'abbaïe de Senones, l'antienne ~TM~<s, pour être chantée tous les jours après complies dans la Rotonde, avec le verset Post partum, et la collecte Fs~M~MW avec un De profondis et les collectes Inclina et F~eMMM. Pour à quoi satisfaire, ils donnèrent 18 gros barrois de cens annuel, racheptable dans un certain terme, et hypothéquèrent 17

certains héritages. Ces cens ont-ils été rachettés? On ne dit plus cette antienne que les jours de dimanche du Rosaire, et les fêtes de la Vierge dans la station qu'on fait au. et cela en vertu d'une fondation faite par l'abbé D. Joachim Vivin.

XX. 14 GROS ET 12 DENIERS AFFECTÉS AUX GRANDS-VICAIRES ET OFFICIAUX DE .TOOL, POUR DROIT D'UNION DE LA CURE DE S. MAURICE AU COUVENT DE SENONES, '<540.

Les officiers de la cour épiscopale de Toul, aiant demandé pour indemnité de leurs droits certaine redevance annuelle, à cause de l'union de la cure de S. Maurice au couvent de Senones, Dom Dominique Galey, prieur de l'abbaïe se présenta, en ~)540, devant les grands vicaires et officiaux de Toul, et transigea pour ~4 gros et ')2 deniers de cens annuel, à cause de ladite union; à charge par lui de représenter dans six mois la charte autentique, qui avoit été faite autrefois par Henri de Lorraine, évêque de Toul, et confirmée par Maherus, aussi évêque de Toul, en ~03.

XXt. BATIMENTS DE L'ABBË TH1RION SA MORT

SON ÉLOGE, ')o4').

On trouvoit ci-devant, dans la maison abbatiale, dans celle de Léomont et dans les autres dépendances du monastère, plusieurs monumens de la diligence et de la piété de l'abbé Thirion d'Antlup. Vers l'an 1507, il bâtit tout à neuf, les moulins du MénU et de la Petite-Ravon; en ~532, il bâtit la ferme de la Neuve-Maison. Il fit faire l'autel du S'-SépuIcre, où l'on voit des statues de pierre d'assez bon goût. On croit avec raison que ce fut lui qui fit bâtir la maison abbatiale pour sa demeure ordinaire. On voioit ses armes sur les portes et sur les cheminées. La moienne des trois grosses cloches est de lui; on y voit ses armes et son nom. Il ne cessa de

travailler pour soutenir les droits de son monastère, pour en recouvrer et défendre les biens. Par sa vigilance et sa fermeté, il a réprimé tes usurpateurs et a du moins empêché le progrès de l'usurpation. I! peut être mis entre les meilleurs abbés de Senones. It mourut le 3 des nones de janvier, c'est à dire le 3e de ce mois de l'an ~84't, où son nom se trouve dans le nécrologe. Sa tombe est au devant du grand autel, aujourd'hui entre la nef et le chœur, entre celles des abbés Jean de Borville et Claude Raville.

CHAPITRE XXXVII

JEAN DURAKD LIe ABBÉ, DEPUIS L'AN 1541 JUSQU'EN 184S.

I. COMMENCEMENT DE JEAN DURAND, ABBÉ

DE SENONES, 1541.

Si Jean Durand n'avoit qu'environ 20 ans lorsqu'il fut fait coadjuteur de Thirion d'Antlup son oncle, il ne pouvoit avoir qu'environ 22 ans, lors de la mort de Thirion, arrivée, comme on l'a dit, le 3 de janvier 1541. Il prenoit le titre de Jean Durand de Crévi, abbé de Senones et prieur de Léomont, dans un titre du 15 septembre 1M1, qui est une acquisition d'un quart de l'étang de Vitrimont. La même année, il obtint un départ de cour qui règle les droits et rentes de l'abbaïe, à Magnévitte, et en particulier le droit de créer le maire du lieu. II acheva en 1842, les voûtes et les arcs boutans du cloître que l'abbé Thirion avoit commencé. !t. IL ACCORDB A UNE DE SES NIÈCES UNE PRBBBNDB DANS L'ABBAIB DE SENONES, 1842.

Il accorda, la même année, à une de ses nièces, une prebende dans l'abbaïe de Senones, c'est à dire qu'il passa

avec elle; du consentement du couvent, un traité qui lui assuroit, pour toute sa vie, pareille nourriture et entretien que l'on donnoit à chaque religieux de l'abbaïe, et cela en considération et en récompense des services que l'abbé Durand àvoit rendus à l'abbaïe, et de ceux qu'il pourroit encore luî rendre. Il lui assigna de plus une demeure dans l'enceinte de l'abbaie et les habits, linges et meubles nécessaires pour son honnête entretien.

Ht. RENÉ DU PUY DU FOUR EST POURVU DU PRIEURÉ DE LÉOMONT, ')843.

Quoique le prieuré de Léomont fût réuni à l'abbaïe, par bulles de l'an 1499, cependant, un clerc nommé René Du Puy du Four, s'en fit pourvoir en cour de Rome, en ')543. Il en jouit jusqu'en ')5o2, qu'il y renonça en faveur du monastère, à condition qu'on rachepteroit non-seulement les revenus du prieuré de Léomont, mais aussi une pension de 300 frans sur les autres biens du monastère, qu'il s'étoit fait donner, qu'on rachepteroit tout cela par une somme considérable qu'on lui assura.

IV. RÔLE OU PARTAGE DES MBNSES ABBATIALE ET CONVENTUELLE, 4844.

En ~o4i, et peu avant sa mort, l'abbé Durand fit une espèce de partage de mense entre lui et ses religieux. Nous avons déjà vû que Thirion d'Antlup son prédécesseur en avoit fait un, dont il est parlé dans le rôle de l'abbé Padoux, et que l'on ne trouve plus. Ces partages ou rôles, comme nos anciens les appelloient, étoient un réglement de ce que l'abbé étoit obligé de fournir aux religieux outre leur pittance, tant en général qu'en particulier.

La prévôté d'Anserviller en justice, cens, rentes, dixmes, avec la métairie; la moitié des grosses et menues dixmes de

MagnéviHe, le moulin, la rivière, les preys, les cens d'argent et de volaille, appartiennent à la mense des religieux; lesquels peuvent établir un d'entr'eux pour exercer la prévôté d'Anserviller et celui-ci constituera les deux jurés à Senones pour'. avoir inspection sur les vins et autres victuailles qui s'y vendent.

2" Le tiers des dixmes de la cure de Celle, et la rivière d'Art-sur-Meurthe les grosses et menuës dixmes de Moacourt; le tiers de la moitié des grosses dixmes de Vaqueville, qui appartenoit ci-devant à la crosse abbatiale, est cédé aux religieux. Item les deux parts des grosses dixmes d'Ogéviller et de Frumenil la moitié des menuës dimes desdits lieux et un tiers des dimes de Buriville. De plus, 42 quartes de grain, montant à 24 resaux seigleet avoine, qui sont dûs annuellement sur les gerbaux de Donjevin, et 30 gros qui sont dûs sur les fours dudit lieu; comme aussi tous les cens en argent, en grain, fèves, volailles contenus dans les anciens registres de la pittancerie, tant au Val de Senones qu'ès lieux susdits. Toutes les fondations, messes, services, anniversaires fondés dans l'église de l'abbaïe, pour lesquels les religieux perçoivent annuellement 2 muids de sel sur les salines de Moyenvic, jusqu'à rachapt; leur appartient encore pour augmentation de ladite pittance, la moitié du prieuré du Moniet et de toutes ses dépendances.

Item, à cause de l'union faite par le S~-Siège de la cure de Senones au couvent, appartiennent aux religieux, la moitié de tous les mortuaires, de toutes les oblations et de tous les émolumens provenans de cette cure et outre ce pour compétence, ou portion congruë, le s~ abbé doit au couvent 23 quartes de grain, mesure de Senones, moitié seigle et moitié avoine.

8" L'abbé doit aussi chaque jour à un religieux prêtre, servant actuellement à l'église, une miche et demie de pain, partie froment et le tiers seigle desquelles miches on en fera dix d'un bichetel, à six bichetels par resal, mesure de Ravon. Chaque novice aura une pareille miche. Pour la

boisson, chaque prêtre aura un meral, ou chopine, mesure de Senones, de vin à diner et autant souper. Et pour le potage et cuisine du couvent, l'abbé doit donner par chacun an neuf vingt livres de bacon ou pore, et encore au tems de Noël par chacun an, à chaque religieux prêtre, vingt sept livres de chair de bœuf, et à chaque novice et au cuisinier des religieux à chacun treize livrcs et demie. Au dimanche Circumdederunt, qui est celui de la Septuagésime, à chaque religieux prêtre, un jambon et une poule; et de plus le même jour à la communauté conventuelle deux quartes de vin de change par dessus leur pittance ordinaire. Tout ceci est à la charge de l'abbé.

6° L'aumônier de l'abbaïe, à cause de son ornée, devra à la communauté le soir de S'-Martin et la veille des Rois, à chaque fois une quarte de vin, et le même jour le cellerier en donnera autant. De plus, l'aumônier pour deux tiers et le 'pitancier pour l'autre tiers, fourniront le bois pour chauffer le poile du couvent au tems accoutumé.

70 Si un religieux tombe malade, l'aumônier sera chargé de lui fournir du monde pour le garder et soigner, et du feu pour le chauffer, Je tout à ses propres frais; et le religieux malade continuera à avoir sa prébende à l'ordinaire. Pour tout le reste des besoins du malade, ils seront à la charge de l'abbé.

8° L'aumônier doit faire le mandé ou l'aumône générale deux jours l'année, savoir le mardy de carême entrant, donnant à chaque pauvre demandant, une michette de pain et une pièce de chair; et le jour de la Toussaint une michette de pain et un verre de vin. De plus il doit donner aux enfans sous l'âge de sept ans, les clochettes de pain, (le pain qu'on demande à la clochette et à la porte du monastère. Le peuple de Senones dit encore aller à la clochette, aller à la porte de l'abbaïe), trois jours de la semaine, savoir le dimanche, le mercredy et le vendredy, depuis la Toussaint jusqu'à la S. Pierre.

9" Le sgr abbé est encore tenu de fournir une fois le jour,

pour le couvent, le potage (pulmentarium, un mets de légumes ou autre chose), c'est à dire, pois, fèves, choux, navez, panées, sel, etc., et au carême deux potages, ou pour l'un des deux une demie miche blanche pour faire la purée. Il doit aussi fournir les grandes nappes pour le couvent, et le cuisinier pour la cuisine conventuelle. Le prévôt d'Ancerviller fournira au cuisinier un garçon capable de le servir, qui sera nourri au dépens du couvent, et aura chaque jour une miche de pain; fournira de plus le bois pour la cuisine commune du couvent.

40° Le sr abbé fournira à chaque religieux prêtre, le jour de Noël six chapons, ou six blancs; et chaque novice aura moitié de ce qu'on donne à un religieux prêtre. Pour le poisson que le s~ abbé avoit accoutumé de fournir au couvent le jour de S. Benoit et du Grand-Jeudy, il a été convenu qu'il donneroit 4 frans au lieu dudit poisson. Item au jour des Rogations il doit donner à chaque religieux prêtre annuellement deux fromages de presse et deux douzaines d'œufs, et à chaque novice un fromage et une douzaine d'oeufs. De plus aux trois fêtes de Noë), au premier jour de l'an, au jour de l'Epiphanie, et à la Purification, l'abbé doit à chaque religieux une gruë de porc, et au lieu des auls ou de l'ail et du blanc manger, qu'anciennement on donnoit ce jour là au couvent, il a été convenu qu'on lui donneroit chaque année trois gros.

440 Le s''abbé doit aussi fournir le vestiaire à ses religieux; savoir après les trois premières années révolues qu'ils auront été faits prêtres, 25 gros à la S. George, et 27 gros à la S. Remi; et chaque religieux se devra fournir d'une gorne à sa première messe (la gorne est le chaperon ou capuchon). De plus, il doit donner annuellement à chaque religieux prêtre, au terme de S. George, 4 francs et demi, moiennant quoi il doit se fournir et entretenir de tout à ses frais. Et le l~jour de l'an, le S'' abbé doit donner à chaque religieux prêtre deux gros pour les couteaux appettés les petites ferme-ries. ~2° Et au lieu de six livres de vieux oint, que chaque e

religieux prêtre devoit recevoir chaque année, il a été.appointe que l'on ne donneroit à chaque prêtre que trois livres de vieux oint en espèce pour graisser leur chaussure, au jour des Bures, et trois sols pour les autres trois livres, les 3 sols valans 9 blancs; et aux novices la moitié d'autant qu'on en donne à chaque prêtre.

43° Les jours auxquels l'abbé doit dire la grande messe, savoir Noël, Pâques, la Pentecôte, le jour deS. Pierre etde S. Paul, de S. Siméon, de la Toussaint, il doit nourrir et entretenir les religieux de toutes choses, à l'exception de la quarte de vin, qu'on a accoutumé de donner aux jours de fêtes en chappes; mais on donnera seulement la quarte ordonnée pour chanter 0 salutaris Hostia; et pour la collation, on leur fournira chacun de ces hauts jours une quarte de vin. 44° L'abbé Thirion d'Antlup aiant fondé à perpétuité une messe de la Passion pour chaque vendredi de l'année, avec le Gloria in ea;ce~M. Prose, Credo, et cinq collectes, dont la 4" devoit être de la Passion, la 2e de N.-Dame, la 3~ de S. Pierre et de S. Paul, la 4e de S. Siméon, et la 5e Pietate; et à la fin de la messe, la pàssion selon S. Jean; et tous les dimanches et fêtes qu'on faisoit la procession à la Rotonde, on y devoit chanter l'f~cM~s avec le verset et la collecte selon le tems. De plus il avoit fondé un service annuel avec les vigiles, messes et obsèques pour le jour de son décès, et un autre service pour le jour suivant, le tout pour le repos de son âme et pour celles des abbés ses prédécesseurs; pour lesquelles fondations il assigna 20 frans à prendre, savoir 45 frans sur les 30 dûs par les vénérabtes chanoines de StDiez pour la cession à eux faite de la cure de Brouville, et cinq frans sur une maison à Ravon. L'abbé Jean Durand agréa et confirma la fondation de l'abbé Thirion son oncle, et y ajouta cinq frans et demi de rente annuelle, à prendre sur le prey de l'étang de Vitrimont.

')5° Item les lundis de chaque semaine se chante une messe de Requiem., et t'abbé donne au religieux qui la chante un meral de vin (le niera! étoit une certaine mesure de vin,

merum par opposition à mixtum, du vin mé)é, dont parle S. Benoit, Regul, cap.), une miche blanche pour chaque fois. Ce rôle ou convention fut fait l'an 044, et scellé du sceau de l'abbé, de celui du couvent, et de celui de l'abbé et de tout le couvent d'Etival. Comme c'est la plus ancienne transaction faite entre l'abbé et les religieux de Senones, nous avons crû la devoir rapporter au long, parce qu'elle sert comme de base à toutes celles qui ont été passées depuis. IV. ASSOCIATION POUR LE NOUHN BANAL DE MAGNEVtLLB ENTRE LE SEIGNEUR

DE LAUNOY ET L'ABBÉ DE SENONES, EN ~543.

Le seigr Jean Bayer de Boppart, sgr de Château-Brehain, de Launoy et de Magnéville aiant été en différend avec l'abbé et le couvent de Senones, a cause du moulin dudit MagnéviHe, auquel il ne vouloit pas consentir que ses sujets allassent moudre, l'abbé et le couvent associèrent George Bayer héritier de Jean Bayer audit moulin, à condition qu'il seroit bannal aux habitans de Magnévilie, à quoy les habitans consentirent le 9 juillet ~543.

V. ACCORD POUR LES PACUBRS DES D!XMBS

DE BAZBMONT 't543.

Anciennement, lorsque le tems de la moisson approchoit, l'abbé de Senones et le curé de Bazemont, qui possèdent chacun la dixme dudit village, se trouvoient ou en personnes ou par leur procureur au sortir de la messe paroissiale du même lieu, et disoient aux paroissiens « Messieurs, voici le tems

et la saison de la moisson, s'il vous plait, suivant la coutume ancienne vous élire et nommer 9 hommes à trois fois, dont diceux soient de la 2~ ou tierce fois, en prendrons deux pour nous servir, en faisant serment ez mains des ëf.hevins, ainsi qu'on a accoutumé. Après

l'élection ainsi faite, les deux s~ dixmiers étoient obligés de donner chacun un fran barrois à la communauté de Bazemont

pour leurs vins, et les deux dixmeurs ou pautiers étoient tenus de. payer à l'église deux quartes d'huile. Cette coutume s'observa pendant fort longtems. Dans la suite, les habitans de Bazemont permirent aux fermiers des s~ dixmiers de choisir eux-mêmes leurs pauliers, mais toujours à charge de fournir deux frans barrois et les deux quartes d'huile. Quelque tems après on voulut faire refus de payer les deux frans et les deux quartes d'huile; et comme les habitans étoient prêts d'entreren procès avecl'abbé et le curé, on convint qu'à l'avenir le choix des deux pauliers dépendroit uniquement des seig~ dixmiers, qu'ils continueroient à payer la redevance ancienne et accoutumée; que les pauliers préteroient le serment devant les échevins, et que nul ne pourroit enlever les gerbes de son champ que les gerbes des dixmes ne fussent assemblées. Fait à Lunéville le I" d'aoust 1543.

VI. MORT DE L'ABBÉ JEAN DURAND, 1S45.

Jean Durand paroit avoir été homme exact et bien intentionné mais la mort ne lui donna pas le loisir de faire tout le bien qu'il auroit pu faire à son abbaïe, s'il avoit vécu plus longtems. II mourut à Léomont le ')" mars 1546. II y fut enterré devant l'autel de la Vierge, où l'on voit sa tombe et son épitaphe. Ses armes sont les mêmes que celles de son oncle Thirion d'Ant)up, à cela près qu'au lieu des deux croisettes qui sont en haut de l'écusson de son oncle, il a mis deux étoiles au haut du sien. Ses ossem*ns furent transportés de l'église de Léomont dans celle de Senones, le 4 de juillet 1738. Les religieux du Ménii n'aiant point alors de chapelle pour les y inhumer.

CHAPITRE XXXVIII.

DOM CLAUDE PADOUX OU PACL-DOUX, Ln" ABBÉ, DEPUIS L'AN 'lë45 JUSQU'EN '1564.

I. CONNENCEHENT DE L'ABBE CLAUDE PADOUX.

Claude Padoux étoit natif de Remberviller, où l'on montre

encore la maison de ses ancêtres. Il fut pendant assez longtems gouverneur ou administrateur du Moniet, et t'abbé Jean Durand étant mort le mars, il fut élû par la voix unanime du S'-Esprit peu de jours après la mort de son prédécesseur, puisque ses bulles sont dattées du 7 des calendes d'avril ou du 36 mars 1545, c'est-à-dire 25 jours après la mort de Jean Durand. Mais on a déjà pû remarquer que souvent on faisoit l'élection le jour même de la mort de l'abbé, ou le lendemain jour des obsèques. Quelquefois cela se faisoit avant que de l'enterrer et presente corpore (1 ).

Dans ses huiles, qui sont du pape Paul III. il est dit que le monastère de Senones est, ?'MMe~sts seu nullius dzœcesM; et c'est la f" fois que j'ai remarqué cette manière de parler. En 4 544, dans le rôle de l'abbé Jean Durand, il est dit, que le ~o~M~e de Senones du diocèse (~ Toul, est sans moien sujet au, SI-Siège apostolique. Dans l'acte de fulmination fait par Claude Champenois, licentié en l'un et l'autre droit et chanoine de Toul, il est remarqué de même Tullensis seu nullius dtascesM. Le droit d'élection est distinctement exprimé dans ces huiles, et il y est dit que l'abbaïe n'est taxée que cent florins d'or dans les livres de la chambre apobtotique.

II. PRISB DE POSSESSION DE L'ABBÉ PADOUX TROUBLÉB

PAR LES OFFICIERS DE S. A. DE LORRAINE.

Le procès ou acte de fulmination des bulles et l'ordre de le mettre en possession est du 26 aoust ~348. Padoux en conséquence prit possession du temporel et du spirituel en vertu de ses bulles, tant dans le chef que dans les membres; mais les oiEciers de S. A. de Lorraine, ou des régens de la Lorraine, pendant la minorité du duc Charles. III, savoir

(1) Une note d'une écriture plus moderne que le texte dit: i! y avoit 22 ans qu'il gouvernoit l'abbaye lorsqu'il fut élu abbé de Senones,

Christienne de Dannemarc et le prince Nicolas de Lorraine évoque de Metz: ces officiers, dis-je, sans avoir égard à cette prise de possession, et à propos de rien, mirent empêchement sur certains membres de l'abbaïe, situés non seulement en Lorraine, mais aussi dans t'évêché de Metz, ce qui obligea l'abbé Padoux de présenter plusieurs requêtes auxdits Dame et Seigneur aiant la régence de Lorraine pour les prier de faire lever ces obstacles. Il leur avoit présenté une requête dès avant le 5e d'octobre 4545; il en présenta une seconde ce jour 5" d'octobre, une 3e le 19 du même mois, et une 4e le 3 de février 1845, c'est à dire 1346, avant Pâques, selon notre manière de compter. Toutes ces requêtes furent décrétées; mais les décrets ne contiennent que des remises et des renvois des parties, tantôt à Nancy, tantôt à Deneuvre et tantôt à Condey, ou au lieu où la cour se tenoit. Je ne trouve pas quand l'abbé fut paisible possesseur, car je n'ai vu aucun monument des premières années de son gouvernement jusqu'en 1549.

m. ACCORD ENTRE LES BOUCHERS DE DENECVRE ET DE BACCARAT SUR LA DtXHB DE LAINE, ~549.

En cette année, Dom Claude Padoux, qui prend la qualité d'abbé de Senones et dé prieur du Moniet, fit un accord conjointement avec le chapitre de S. George de Deneuvre d'une part et les bouchers de Deneuvre et de Baccarat d'autre part, par lequel lesdits bouchers s'obligeoient de donner pour la tondaison de chaque douzaine de moutons ou brebis, venant de marchandise sept frans monnoie de Lorraine. La même année les bourgeois de Baccarat lui donnèrent une reconnoissance par laquelle ils avouoient qu'en qualité de prieur de Deneuvre il avoit droit de glandée à Baccarat.

IV. DROITS DES SEIGNEURS DE BAYON A BORVILLE ~851. En 1554, nous trouvons une déclaration des droits des

seigneurs de Bayon à Borville, contre le s~' abbé de Senones, qu'il sera bon de comparer avec le titre d'accompagnement pour cette seigneurie entre les seigneurs de Bayon et l'abbé de Senoues passé en l'an 4249. (Voyez ci-devant sous ~M ~9).

V. ASSOCIATION ENTRE LES S~" EVËQOBS DE METZ ET L'ABBÉ DE SENONES POUR LE NEUF MOULIN, 1584. Sur les difficultés qui étoient survenuës entre Robert de

Lenoncourt évéque de Metz, et Claude Padoux abbé de Senones, au sujet du Neuf moulin situé près de Merviller, lesdits évéque et abbé firent un appointement en 4554, portant que les trois moulins de Chenexières, de Vaxainville et le Neufmoulin seroient communs entre lesdits seig", et seroient bannaux pour les villages de Brouville, Brouvelotte, Haudomey, Reherey, et Vaxainville, et ne feroient en quelque sorte qu'un seul moulin bannal. Que la haute justice en demeureroit au s~ éveque; qu'il seroit bailleur à ferme desdits trois moulins, en y appelant un officier du s'' abbé. Que les vins, si aucuns y avoient, profits et émolumens de ces trois usines seroient communs et se partageroient par moitié. Que le prieuré du Moniet y seroit exempt de mouture. Que toutes les réparations desdits moulins se feroient aux frais de l'abbé, mais que les bois seroient fournis par le s~évéque. Fait le 45 juin ')5M. VI. L'ÉVËQCB DE METZ RENONCE AUX NOVALES DANS LK8 BOIS DÉFRICHES, ~554.

La même année, il plût au même évêque, pour justes causes à ce le mouvant, comme il disoit, faire arrêter les dixmes noyâtes provenantes des terres défrichées depuis 40 ans par les habitans de Baccarat, Thiaville, Vaqueville et ses dépendances, Brouville et Merviller. L'abbé de Senones en porta ses plaintes et fit ses remontrances au s~ évéque, disant qu'il avoit droit de percevoir les dixmes et novaux dans les bans des terres

ainsi défrichées. L'évêque soutenoit que les bois défrichés n'étoient pas des bans et finages des lieux susdits. Enfin le prélat se désista de ses prétentions et laissa Fabbaïe de Senones dans la jouissance de nova)es en question. L'accord fut passé au château de Remberviller- le 5 de septembre ~854.

V! L'ABBË PADOUX A RECOURS AU DUC

DE LORRAINE

CONTRE LES ENTREPRISES DES OFFICIERS DE SALM, ')556.

Cependant Philippe-Othon comte de Salm aiant embrassé les erreurs de Luther ou de Calvin vers l'an 540, les officiers des comtes de Salm ne gardèrent plus de mesure ni de ménagemens envers l'abbaïe, se croiant tout permis et sans aucun égard pour les anciennes transactions. Ils ne cessoient de faire toutes sortes d'entreprises sur l'autorité et les droits du monastère, empêchant les officiers dans l'exercice de leur jurisdiction, et s'attribuant tous les droits de haute justice, avec la totalité des amendes, faisant couper partout grande quantité de bois, et les vendant au seul profit de leur maitre; i s'emparant de tous les revenus des forges, scies, et vains pâturages des bois imposant des tailles sur les officiers et bonshommes de l'abbaïe; s'attribuant les droits d'étalage de St-Stail; ascensant les places vagues, sans aucune participation de l'abbé, s'efforçant d'assujettir l'abbaïe à des taxes impériales, dont elle avoit toujours été exémte, et faisant saisir tous ses revenus pour le payement desdites taxes en un mot dépouillant l'abbé et ses religieux de tous les plus beaux droits et privilèges dont ils avoient joui jusqu'alors. Outrés de toutes ces vexations, les abbé et religieux recoururent à la protection du duc de Lorraine Charles III, et présentèrent leur requête expositive de tous ces griefs au comte de Vaudémont comme tuteur de S. A. et régent de Lorraine, le suppliant d'ordonner aux s~" comtes de Salm et à leurs

officiers de Badonviller de cesser leurs entreprises et de les laisser jouïr paisiblement de leurs droits, biens et revenus, suivant leurs titres et possessions.

Cette requête aiant été décrétée au conseil le 22 d'octobre 1588, il fut ordonné que m~" les comtes de Salm et leurs officiers de Badonviller seroient ajournés au 18" novembre. Mais comme ils ne comparurent point, ni personne pour eux, au jour de cette assignation, ni même au jour de la remise qui en fut faite, le comte de Vaudémont donna défaut contr'eux, et réassigna journée aux parties pour se retrouver en personne ou par procureur par devant lui et les gens de son conseil, le 10 février de l'an 1859. Et cependant et par provision, ordonna au bailli de Nanci, qu'il eût a répéter les biens saisis par lesdits comtes de Sa)m ou leurs officiers, sur lesdits abbé et religieux, et d'iceux les faire jouir paisiblement et sans aucun empêchement; ordonna au surplus audit bailli qu'en signe de souveraine protection et sauvegarde, il fit dresser et ériger les armoiries de S. A. tant au devant de ladite abbaïe, comme aux autres lieux et villages dépendans d'icelle.

Cet arrêt du conseil de S. A. fut expédié à Nanci le 10 0 décembre 1558, et ensuite mis en exécution par le bailli de Nanci. Mais les s~ comtes de Salm se pourvurent à la chambre impériale de Spire, où ils firent ajourner les abbé et religieux de Senones, lesquels aiant comparus demandèrent leur renvoi sans vouloir contester ni subir jurisdiction. En quoi ils furent appuiés par le procureur de S. A. de Lorraine, lequel aiant intervenu en la cause, soutint que l'abbaïe de Senones n'étoit pas de la dépendance des comtes de Salm ni de l'empire, mais immédiatement soumise au S' Siège pour le spirituel, et sous la souveraine protection et sauvegarde des dues de Lorraine pour le temporel. Au moien de cette intervention, la difficulté concernant la souveraineté de l'abbaïe se trouva liée en la chambre impériale de Spire, où elle est encore aujourd'hui indécise.

VHÏ. RÔLE OU PARTAGE DE MENSE ENTRE L'ABBÉ PADOUX ET LES RELIGIEUX, 1563.

Entre tout ce que l'abbé Padoux a fait de plus avantageux pour son abbaïe, on peut dire que rien- ne surpasse son traité fait en 't563 avec ses religieux pour régler les revenus de leur mense et ce qui leur étoit du pour leur nourriture, vestiaire et entretien. L'abbé Thirion d'Antlup et son neveu D.' Jean Durand avoient commencé à mettre par écrit ce qui s'étoit jusqu'alors conservé dans la tradition et dans la pratique du monastère. Mais l'abbé Padoux craignant, comme il dit, que l'abbaïe ne tombât en commende. ou que les abbés mêmes réguliers ses successeurs ne voulussent s'approprier certaines parties de la mense des religieux, que lui et ses prédécesseurs avoient tenus à titre d'admodiation, comme la prévôté d'An. serviller, et la moitié des fruits du prieuré du Moniet; pour obvier à ces inconvénients et prévenir les procès qui pouvoient arriver entre l'abbé et les religieux, il déclare qu'aiant eu depuis 22 ans le maniement des affaires de monastère du tems de l'abbé Thirion d'Antlup, et aiant continué de les gouverner depuis 18 ans qu'il est abbé, il est résolu, en se conformant à un traité passé entre ledit Thirion d'Antlup et le couvent da Senones le 18 décembre 4536, de ratifier ledit traité, et d'y ajouter quelque chose, comme six rcsaux de froment sur les rentes et seigneurie de Barbonville, dûs par l'abbé de Moyenmoutier. II marque les jours auxquels on célébroit en chappes, qui sont les Rois, la Dédicace de l'église de N.-Dame, la Purification l'Annonciation, l'Ascension le S. Sacrement, la Dédicace S. Pierre la Visitation N. Dame, la Translation S. B noit, l'Assomption, la Nativité, la Présentation et Conception de la Vierge, auxquels jours les religieux auront t outre leur prébende ordinaire, tant pour l'O salutaris Hostia, qu'à cause de la solemnité, deux quartes de vin. Il ajoute que comme de toute antiquité les abbés ses prédécesseurs ont accoutumé de chanter la messe solemnelle le jour du Grand-

Jeudy, les yei!)es de Pâques, de la Pentecôte, de la Toussaint et de Noë!; il ordonne que ces jours là on donne à chaque religieux en communauté une quarte de vin pour chanter 0 salutaris Hostia. Pour tout le reste le traité est conforme à celui de Jean Durand, de l'an 1544.

IX. FONDATION M! LA MESSE DE LA VtBRGE ET DE CBLLB DE LA PASSION, 4 563. t.

L'abbé Jean de Borville avoit fondé une messe de la Vierge, à dire apparemment le samedy de chaque semaine; et l'abbé Thirion d'Antlup avoit fondé celle de la Passion pour chaque vendredy, à dire à l'autel du sépulcre. Le avoit assigné cinq frans barrois de cens pour cette fondation, à prendre sur une maison à lui appartenante et sise à Raon près la porte de S~ Diez; et Thirion avoit assigné pareille somme à prendre sur une maison située près la halle de Ravon. L'abbé Padoux en 1563 confirma et ratifia ces deux fondations, et fixa les deux cens à prendre sur sa maison près la halle de Raon. On ne satisfait plus à ces deux fondations, les sommes étant à présent trop modiques pour de telles charges.

X. ADMODIATION DES CURES DU VAL DE SBNONES, 1564.

Il régnoit alors un abus, qui n'a pu être corrigé que par le concile de Trente, qui est que l'on laissoit les cures unies au monastère au rabais et à qui moins, et cela seulement pour un certain tems, comme on auroit fait une ferme. Nous trouvons en 1564, un bail passé par les religieux de Senones à un prêtre nommé Toussaint Mansuy, d'Epinal, par lequel ils lui cèdent pour six ans la cure du Val de Senones, c'est-àdire, S. Jean, S. Maurice, S. Stail et leurs dépendances, avec tous leurs profits, émotumens et redevances, moiennant la somme de 40 frans, que ledit curé dcvoit payer aux religieux et deux pastes ou repas, qu'il leur devoit donner, l'un au

jour de Quasimodo, et l'autre au jour de S. Maurice; et pendant tout ce tems de six ans, ledit curé devoit être soumis à l'abbé et aux religieux en toutes justices, corrections, fautes et excès qu'il pourroit commettre, tant en amendes pécuniaires qu'autrement; et à charge de se trouver chacun an au concile et satisfaire au droit synodal (concile ou synode qui se tenoit ordinairement deux fois l'année en la cathédrale de Toul) et aller aux services de Badonviller (apparemment aux assemblées ordonnées par le doien de Badonviller) et que si un nouvel évoque demandoit quelque chose, pour son joyeux avènement, il devroit le payer seul. On trouve une pareille admodiation sous 1569.

XI. MORT DE L'ABBÉ CLAUDE PADOUX, 4564,

L'abbé dom Claude Padoux mourut le 3 may de l'an -)864. Il fut enterré au haut de la nef, et aux pieds des degrez qui montent à la croisée. On y voit sa tombe et son épitaphe en ces termes Cy gist .R~r~ Père en Dieu Claude Pa-uldoux de .Rem6e~Hc~, en son vivant s~M de e~MM, qui trepassa l'an ~J~, 3e jour de may. Priez Dieu pour lui. Cette tombe qui étoit une grande pierre blanche (et sur laquelle il y avoit une grande croix), a été ôtée en 1777, lorsqu'on a relevé le pavé de la nef, et on a mis en sa place un carreau de marbre noir avec le nom de .l'abbé Padoux et la datte de sa mort. I! portoit pour armes; de gueules à la colonne d'argent, aiant au milieu une étoile. Au haut de l'écussoa étoient deux petites croix d'argent, et au bas deux étoiles d'or aux côtés de la colonne. On voioit ces armes en quelques endroits de l'ancienne maison abbatiale, et des autres maisons dépendantes du monastère. II avoit fondé, dés l'année 1552, son anniversaire et avoit assigné pour cela un cens de 10 frans barrois payable chaque année) à prendre sur un prey situé au finage de S'-Diez, lieu dit à la Prairie. Ce prey étoit considérable, puisqu'il portoit ordinairement 20 chars de foin. Ceux qui possédoient

cet héritage aiant négligé de payer le cens de <0 frans pendant 3 ans, les prieur et religieux de Senones s'en firent mettre juridiquement en possession en 4590. Cet anniversaire se fait encore; mais on ignore ce qu'est devenue cette pièce de prey; elle aura sans doute été vendue ou échangée. CHAPITRE XXXIX.

DOM CLAUDE RAVILLE, LUI" ABBÉ DE SENONES,

DEPUIS L'AN 1S64 JUSQU'EN dë88

ÉLECTION DE DON CLAUDE RAVILLE, ')864.

Le jour même de la mort et de la sépulture de D. Claude Padoux, abbé de Senones, après midy, les religieux s'étant t assemblés capitulairement, au nombre de neuf, le prieur de Schures, nommé D. Gérard Varin n'aiant pas répondu à l'invitation qui lui avoit été faite, et aiant été réputé contumace, élurent d'une commune voix D. Claude Raville prêtre religieux profès du monastère. Il s'excusa d'abord sur son incapacité et son insuffisance; mais ensuite pressé par les instances de ses confrères, il acquiesça humblement à leur choix; après quoi on entonna le Te Deum, et l'élû fut conduit solemnellement à l'église. Ils s'adressèrent ensuite au pape, et autant que besoin pouvoit être, à Toussaint d'Hocédy, évêque de Toul, pour confirmer cette é)er.tion. Claude Raville obtint ses bulles le dernier jour de may de l'an ~564. Le pape y marque distinctement le droit et la possession où étoient les religieux d'élire leurs abbés; que leur monastère étoit soumis immédiatement au S. Siège, et qu'il étoit Tullen-sis seu nullius cKcMMM. On y voit aussi que D. Claude Raville étoit auparavant prieur de MervaviIIe, et que l'abbaïe étant située dans la Vosge et au voisinage de l'Allemagne, étoit exposée au danger de l'hérésie, qui se rcpandoit de toutes parts dans ce pays. H. PRISE DE POSSESSION DU PRIEURÉ DE LÉOMONT

PAR L'ABBÉ RAVH.LE, ')S64.

Peu de tems après son élection et avant l'arrivée de ses

bulles, c'est-à-dire le 28 mai 1864, l'abbé Raville, sur son acte d'élection et la confirmation de t'évoque de Toul, obtint du grand duc Charles, un décret de prise de possession du prieuré de S. Miche! de Léomont, comme uni à perpétuité à son abbaïe, et de ses biens situés en Lorraine. II en prit possession par procureur, le jour devant dit, par Jean Triplot clerc du diocèse de Reims.

H!. PRISE DB POSSESSION DU TEMPOREL DE L'ABBAIR, PAR LÀ PERMISSION DES COMTES DE SALM, BN 1564.

Comme en vertu de son élection, il s'étoit mis en possession de l'abbaïe de Senones et des biens situés dans le Val les comtes de Salm envoièrent garnison dans l'abbaïe, et l'abbé Raville fut obligé de présenter sa requête auxdits comtes pour les supplier de lever la garde mise au monastère, et le laisser jouir de son abbaïe et de ses revenus ce qui lui fut accordé par Nicolas de Bilistein, procureur pour et au nom de Phitippe comte sauvage du Rhin et de Salm, et de Jean et Claude comtes de Salm, etc., le 10 may 1564.

IV. PROCÈS AU SUJET DE LA SUCCESSION DU PRIEUR DE MBRVAVILLB, 1568.

Dom Nicolas Pelegrin de Remicourt, aiant succédé à D. Claude Raville dans le prieuré deMervavitieen~64, et étant mort vers l'an 1884, il y eut de grosses contestations au sujet de sa succession. Car le s' Pompeo Gallo s'de St-Jean, chambellan de S. A. Charles III, et capitaine de Neufchâte), à cause de dame Anne de Remicourt, sa femme, soeur germaine de D. Nicolas de Remicourt, prétendit hériter des effets laissés par ce religieux, prieur de Mervaviile. En effet, il enleva quelqu'argenterie et quelque argent que ledit prieur avoit à sa mort. L'abbé Raville s'y opposa, et le duc Charles III apointa les parties et déclara que tout l'argent et les meubles

délaissés par le défunt, appartenoit au s'' abbé privativement à tous autres comme à son héritier; et de fait le sr Gallo se déporta de toutes actions et poursuites et restitua audit sr abbé ce qu'il avoit pris de la succession de son beau-frère. Cependant l'abbé Raville de sa pure générosité et sans aucune obligation voulut bien donner audit s'' Gallo une partie de l'argent qu'il avoit pris, de quoi le remercia le s'' Gallo. L'année suivante l'abbé Raville obtint encore un arrêt contre George de Remicourt neveu dudit D. Nicolas prieur de Mervaville, qui s'étoit de même emparé d'une partie des meubles et de la vaisselle d'argent qu'il prétendoit lui avoir été donnée par le défunt prieur son oncle pendant sa dernière maladie. H fut débouté de ses prétentions et obligé de restituer le tout à l'abbé de Senones. L'arrêt fut rendu au conseil de S. A. par le comte de Salin maréchal et grand maître de Lorraine, Alix président des comptes de Lorraine, et voüé de Condé maitre des requêtes ordinaires, le ~1 juillet 585. En '1573, l'abbé Raville, du consentement de ses religieux, engagea la seigneurie de Borville à Nicolas de Bilistein, s'' de Bilistein, Magnières, Froville, etc., pour la somme de mille frans barrois, le tout jusqu'à rachapt, qui cependant ne se devoit faire ni du vivant de t'abbé. ni du s' de Bilistein. Cette terre est retournée à l'abbaïe, et je ne puis dire combien d'années elle demeura engagée. Le s'' de Bilistein avoit toujours été très-attaché aux intérêts de l'abbaïe, et lui avoit rendu des services importans durant les troubles, dont elle avoit été agitée.

V. ACQUISITIONS FAITES PAR I/ABB6 RAVILLE.

Il seroit inutile et malaisé de rapporter en détail tout ce que l'abbé Raville a fait au profit de son abbaïe pendant son gouvernement. Comme il étoit homme éclairé et diligent, et qu'il trouva les choses dans un assés grand dérangement, tant pour le temporel que pour le spirituel, il s'employa de toutes ses forces à y apporter le remède convenable, terminant les

procès par des accords utiles, acquérant des biens qui étoient à la bienséance de son monastère, en ascensant d'autres qui étoient trop éloignés et dont on ne pouvoit faire assez de profits.

Il transigea en 4568 avec le curé de Vacqueville touchant le partage des dixmes de Baccarat. Il fit un accord en't569, avec les habitans de Magnéville pour la dixme de laine et d'agneaux et pour la fourniture des bêtes mâles. Il achetta en 1570, le quart du moulin de Bertrichamp et le quart de l'étang de Humbepaire. H soutint un long procès en 1575, 1576, ')o77 et ')578, contre les chanoines de S. George de Nanci. qui prétendoient les novaies du village d'Antlup et de Hudivifier, qui fut terminé en faveur de l'abbé par l'official de Toul en 'J578, le 10 juin, et les chanoines déboutés de leurs demandes. En ~) 573, la sentence prononcée par la justice de Lunéville en faveur desdits chanoines au sujet des mêmes dixmes et novaux d'Antlup fut réformée par le duc Charles III. H obtint en ~577 un départ de cour qui le maintint dans la jouissance de la haute justice à Domptail et en 4576, un autre départ de cour contre les habitans de Juvelise, qui les condamne à payer les cens dùs à l'abbé. Il acquit une maison et plusieurs fonds de terre dans le lieu de Bure en ')586, en place de ce qu'il avoit vendu à Ogéviller et à Gircourt.

VI. RÉFORMB DES RBUGIBUX DE SENONES PAR L'ABBB RAVILLB. L'indulgence des abbés ses prédécesseurs avoit donné lieu à de grands relâchemens dans l'observance de la vie religieuse et à de grands déréglemens, tant dans le peuple du Val de Senones, que dans les religieux. La licence que les nouvelles hérésies avoient introduite dans les provinces voisines, s'étoit glissée dans ce Val. L'hérésie même avoit gagné une partie de la terre de Sa)m. L'ignorance, l'oisiveté, l'indépendance dans laquelle vivoient la plûpart des religieux du pays, et en particulier ceux de Senones, demandoient une réforme rigou-

reuse et générale; mais les momens de Dieu n'étoient pas encore arrivés. Claude Raville ne pouvait mieux emploier l'autorité qu'il avoit en main qu'à ranger à leur devoir les peuples et les religieux qu'il avoit sous sa dépendance. I! retrancha les courses et évagations des moines, eut soin qu'ils ne manquassent de rien pour leur entretien et subsistance; mais aussi les obligea-t-il à remplir exactement leurs obligations. Comme il étoit naturellement ennemi de toute impureté, il réprima les désordres à cet égard, et s'il n'eut pas le bonheur et la satisfaction de rétablir dans son abbaïe une parfaite réforme, il eut au moins le mérite d'y avoir rétabli le bon ordre et d'en avoir banni les scandales.

Sous son gouvernement, nous commençons à trouver des professions de religieux toutes conformes à ce qui est porté par la règle de S. Benoit. Ils promettent la stabilité du lieu, la conversion des mœurs et l'obéissance selon la règle, sous la congrégation des religieux du monastère de Senones. Celle d'un frère convers de l'an 1566 est remarquable il dit qu'il s'offre au monastère de Senones, et qu'il promet à l'abbé et à ses successeurs légitimement élûs l'obéissance et la révérence selon la règle de S. Benoit; il promet de plus pour toujours ses services au couvent, la continence, autant que la fragilité humaine le permet, la stabilité dans le lieu, l'amendement de ses mœurs, et le renoncement à toutes les choses temporelles.

Quant aux peuples soumis à sa jurisdiction, l'abbé Raville prit soin de retrancher les abus et les désordres qui s'étoient glissés et fortifiés parmi eux pendant les mouvemens des guerres causées par les nouvelles hérésies. Dans cette vue il engagea les princes à renouveller les ordonnances contre les blasphêmes, les juremens, les jeux et la fréquentation des cabarets, pendant les fêtes et dimanches.

VU. FONDATION POUR L'ENTRETIEN DE 4 JEUNES RELIGIEUX DANS LES ÉTUDES, 1588.

Persuadé que l'ignorance est la source la plus féconde du

déréglement des mœurs, et que de l'incapacité des pasteurs et des religieux naissent l'oubli de leurs propres devoirs et les scandales qui, deshonorant la religion, inspirent au peuple le mépris des loix ecclésiastiques, l'abbé Raville fit peu de tems avant sa mort une donation de la somme de 8000 frans barrois, portant rente de 400 frans barrois, pour faciliter les études des religieux de son monastère, et pour les entretenir dans un cottège en Lorraine ou ailleurs; à condition que lesdits religieux apporteront de bons certificats de leurs régens, qu'ils ont bien emploié leur tems, sous peine d'être privés de la rétribution de ladite somme qui sera distribuée à d'autres à leur exclusion. Et s'il arrivoit que le monastère tombât en commende, il entend que la somme par lui cédée demeurera toujours en la disposition des prieur et religieux de Senones. Il ordonne en outre que chacun des étudians qui profiteront de ladite rétribution réciteront chaque jour le De profundis avec les collectes Inclina et Fidelium. Cette pieuse et prudente disposition de l'abbé Raville fut confirmée par D. Jean Lignarius son successeur et par tout le chapitre de Senones, le dernier de juin 1589.

VUL ÉLOGB DB L'ÀBBË RAVILLB, SES BIENFAITS A L'ÉGLISE DE SENONES.

La piété, l'érudition, le bon goût et le zèle pour la décoration de la maison de Dieu éclattent dans tout ce qui nous reste des monumens de son régime. Son érudition se remarque dans les pièces latines qui nous restent de lui. Le stile en est pur et assez élégant. Il est onctueux et dévôt dans ses lettres de fondation. Les termes sont propres et choisis dans celles qu'il a écrites à Spire pour des procès, ou à Trèves pour des consultes, ou à l'Empereur pour les affaires de son abbaïe. Il se fit un plaisir d'amasser dans sa bibliothèque non seulement ce qu'il y avoit alors de meilleurs livres dans le couvent, mais aussi d'achetter de dehors ceux qui se pubiioient en ce tems là. La salle de la bibliothèque étoit bien voûtée et

assurée contre le feu, et ornée de peintures au nature! des anciens patriarches depuis Adam jusqu'à notre Seigneur. If donna des preuves de son bon goût et de sa piété en faisant construire des chaires au chœur, qui passoient alors pour les plus belles et les mieux exécutées de tout le pays, au dire des experts. Elles furent achevées en 1577. Il fit mettre dans le clocher de la Rotonde, qui ne se voit plus aujourd'hui, deux grosses cloches, qui sont à présent dans le grand dôme ou clocher; la moienne est de Thirion d'Antlupt. L'abbé Raville y mit aussi les quatre moiennes cloches, qu'il fit fondre. II orna de plus le grand autel de quatre grandes colonnes et de trois grands candelabres de cuivre. Deux de ces candelabres subsistent encore, le 3e a été fondu mais les colonnes furent vendues en 'i 640, ainsi qu'on le dira ci-après. Enfin, c'est lui qui a fait faire le bel aigle de cuivre qui se voit au milieu du chœur et qui sert de pupitre aux choristes. Tous ces ouvrages en cuivre furent exécutés en )582. H donna encore de riches ornemens en broderie d'or et d'argent, chasubles, tuniques et chappes, que l'on voit encore aujourd'hui, et où paroissent ses armes relevées en broderie, le tout d'un très-bon goût.

IX. PONDATMN D'UN OBIT PAR L'ABBÉ RAYIHB, 't876.

En ')576, le même abbé fonda un service so!emue) pour être célébré après sa mort au jour de son décès, ou le jour suivant, qui sera plus commode. Il donna pour cela la somme de 4000 frans barrois pour être convertie au profit du monastère. Il ordonna aussi qu'on chanteroit à l'etévation du corps de N. S. i'~oe MfM~, aux jours que l'on ne chantera pas 0 salutaris Hostia, en suivant les anciennes fondations. De plus que le religieux semainier qui dira la messe de prime, avant de se deshabiller ira sur sa fosse avec l'eau bénite, et y récitera le De pro/M~s, Pater noster, et les collectes Inclina et Fidelium; et que le jour de son anniversaire, on

donnera un dtner honnête à toute la communauté; sans préjudice de la pitance que chacun doit recevoir à l'ordinaire; et si l'abbé juge à propos d'ouicier ce jour là, il sera traité comme l'dtat d'MK. s~ abbé le requiert.

X. MUIDS DE SEL ACQUIS AU PROFIT DES RELIGIEUX, EN 1887, 1388,

L'abbé Raville aiant prêté au duc Chartes III, la somme de 10700 frans barrois, et ce prince ne lui aiant payé ni le capital ni les intérêts, D. Jean Lignarius successeur de Raville présenta sa requête à ce prince, à ce qu'il lui plût, ou lui faire rendre le capital, ou les intérêts à cinq pour cent, ou enfin lui assigner une certaine quantité de sel sur ses salines, à quoi S. A. acquiesça, et par ses lettres du 3 octobre 1593, il assigna audit abbé de Senones et à ses successeurs une rente annuelle et perpétuelle jusqu'à rêachapt de 4 muids de sel, à prendre sur les salines de Rosières, et ordonna au gouverneur de ces salines de donner audit abbé la somme de 7o0 frans, qui excédoit celle de 10000 frans pour laquelle seule les 4 muids de sel sont constitués. L'abbé Lignarius en céda un muid aux religieux pour leur pitance, réservant les trois autres pour sa mense. Ces muids de sel ne se payent plus en espèce, depuis le règne du duc Léopold I", mais en argent sur le pied de 30 livres de Lorraine le muid, par arrêt de réduction du.

XI. DIFFICULTÉS AVEC LA MAISON DE SALM. L'EMPEREUR MAXIMILIEN 11 CONFIRME LES PRIVILÉGBS DE L'ABBAIB, 1572. Les entreprises injustes et continuelles des omciers de la maison de Salm contre les intérêts de l'abbaïe de Senones excitèrent le zèle de l'abbé Raville. Il se plaignit d'abord à ces seigneurs puis voiant qu'il n'étoit pas écouté, il s'adressa au pape et à l'empereur pour avoir justice. L'empereur ~aximitien II, en 1570, confirma les privilèges accordés

autrefois à l'abbaïe de Senones par les empereurs Henri V et OthonIVen 949.

L'année suivante le même abbé présenta une requête à l'empereur contenant plus de 60 chefs de plaintes contre les sf!" comtes de Sa)m, lesquels aiant eu communication de cette requête, se transportèrent dans l'abbaïe de Senones et étant entrés dans le chapitre accompagnés d'un notaire apostolique demandèrent aux religieux assemblés, s'il étoit vrai qu'ils eussent donné procuration à Dom Claude Raville leur abbé de répandre contre eux des calomnies atroces et des choses injurieuses à leur maison et à leur réputation, comme étoient celles qui étoient contenues dans un grand nombre d'articles qu'ils leur présentèrent. Les religieux aiant mûrement considéré ces articles, répondirent avec humilité et modestie par la bouche de D. Jean d<* Mazières abbé de Moyenmoutier, qu'ils avoient à la vérité autrefois accordé aux instantes prières de leur abbé une procuration pour soutenir leurs droits et leurs priviléges tant contre les s~" comtes de Salm, que contre tous autres; mais qu'ils n'avoient eu aucune connoissance des injures atroces dont on leur parloit; bien loin de les approuver qu'ils les condamnoient et désavouoient, suppliant très-humblement les s~" comtes de leur accorder leurs bonnes grâces. C'est de quoi on dressa un acte le 29 septembre 4574. XI!. L'EMPEREUR MAXIMILIEN H BCRIT AUX COMTES DE SALM DE SE DÉSISTER

DES ENTREPRISES CONTRE L'ABBÉ DE SENONES, 1S72. Cependant l'abbé Roville continuoit ses poursuites à la cour impériale, et l'empereur Maximilien II, en <o72, avoit été informé que les gens du Mmte de Salm, sans aucun égard pour les ordres de l'empereur, et sans attendre la fin des poursuites qui se faisoient actueHement à Spire, avoient nuitament poursuivi l'abbé Raville, qu'ils croioient encore dans le prieuré du Moniet proche Baccarat, et l'auroient apparemment

mis à mort s'ils l'eussent pû trouver, comme ils y mirent le curé de Domptail, qu'ils massacrèrent dans l'église même du prieuré. Voici comme cet événement est raconté dans un écrit de la main de l'abbé Raville présenté à l'empereur Maximilien II.

<[ Mense octobri hujus anni 71. Cum jam praefatus abbas sibi timens, secessisset in oppidum de Baccarat, ditionis Metensis, propé quod quidem habebat, ut habet, idem » preedictus abbas Prioratum vulgô dictum de Moniet, in quo » dereliquerat D'° Nicolaum Saxenat presbyterum curatum » de Domptaille Evenit nocte ut irruerent plures in eundem » Prioratum scalis admotis, et vi et violentià fractis januis et » reseratis etiam archis et aliis ferramentis in quibus recondebantur dicti Prioratûs et domûs utensilia, mobilia et domùs » necessaria. Quae non solum vi ablata sunt, sed quod etiam » dictu horrendum, miserrimè trucidarunt in templo seu » Ecelesia praefatum D'° Saxenat; omnibus titulis et docu» mentis illius Prioratûs et M" hue iHuc disruptis, laceratis et » ad ventum projectis. Quod an factum fuisset in personam'dicti Abbatis, si ibidem repertus fuisset, et in eum commisissent, » qui idipsum tam execrandum facinus peregerunt, novit Deus, » cui omnia sunt aperta.

L'empereur donc aiant été informé de ces choses, et que depuis cet attentat, le comte de Salm avoit fait entrer des troupes dans l'abbaïe, qui s'en étoient emparées de force et y avoient commis plusieurs excès, dissolutions et violences; en sorte que l'abbé avoit été contraint d'abandonner son monastère pendant le saint terns de carême, et n'y aroit pu célébrer ni la fête de Pâque, ni les autres solemnités de cette saison; que les religieux, ses sujets et domestiques auroient été obligés et contraints d'obéir à des commis établis dans f'abbaïe, sans aucune forme de justice par l'autorité de ce seigneur; Maximilien, touché des plaintes de l'abbé Raville, députa le baron de Polviler, bailli d'Haguenau, pour examiner les plaintes et les raisons des parties, avec pouvoir de terminer leurs différends à l'amiable, si cela se pouvoit. Les parties

proposèrent en effet devant le commissaire tout ce qu'elles jugèrent nécessaire pour éclaircir leurs droits et appuyer leurs prétentions; mais n'y aiant pas eu moien de les accommoder, Polviler fit rapport de l'affaire à l'empereur; et il fut arrêté au conseil de S. M. I. qu'elle écriroit une lettre sérieuse à M~" les comtes de Salm par laquelle elle les reprendroit de leur procédé violent contre t'abbaïe de Senones, et leur ordonneroit de lui restituer tout ce qu'ils lui avaient ôté avec défense de troubler à l'avenir l'abbé et les religieux dans l'exercice de leurs droits et privilèges de réparer les domages qu'ils lui avoient causez, et en particulier le meurtre commis dans la personne du curé de Domptait.

Cette lettre fut écrite le avril ~572, et l'empereur y ordonna que sans préjudice aux peines méritées par ces innovations, violences et attentats, ledit comte de Salm ait à se déporter et désister de toutes ces injustes entreprises faire sortir incessament ses troupes du monastère; restituer ce qu'on y a pris et enlevé, et satisfaire au tort fait audit abbé, et en particulier pour l'homicide commis en la personne du curé de Domptait.

On dit que les gens du comte étant entrés dans le prieuré du Moniet, emportèrent les titres de fondation et le cartulaire qu'ils y trouvèrent, et qu'un officier du comte voulut les vendre plusieurs années après aux religieux de l'abbaïe; lesquels n'aiant pû faire la somme qu'on en demandoit, furent obligés de les laisser entre les mains des comtes, qui les possèdent encore aujourd'hui.

Le ~4 avril 4 872, l'empereur Maximilien II accorda à l'abbé Raville ses lettres de protection et de sauvegarde pour son abbaïe et pour tous ses biens, dépendances, sujets et domestiques, ordonnant à tous les membres de l'empire de maintenir l'abbé, l'abbaïe, ses sujets et dépendances dans tous les droits de la sauvegarde et protection impériale, sous peine d'encourir l'indignation de l'empereur, de payer vingt marcs d'or à t'épargne, et de tous dommages et intérêts envers le monastère. Le 42 juin suivant, te même empereur fit écrire aux comte

Jean de Salm et Frideric Rhingrave, qu'aiant appris que nonobstant les défenses à eux faites par S. M. I. d'inquiéter ni troubler par violences ou voies de fait l'abbé, les religieux et le monastère de Senones, cependant lesdits comte et Rhingrave continuoient à exercer contre eux leurs violences, et que tout récemment ils avoient fait assassiner nuitamment un curé au prieuré du Moniet près de Baccarat, diocèse de Metz; qu'on y avoit pillé tout. ce qui s'y étoit trouvé; que l'abbé aiant été obligé de se sauver, des gens de guerre s'étoient emparés de son monastère. L'empereur défend auxdits comte de Salm et Rhingrave de rien entreprendre à l'avenir par eux ou par leurs gens contre lesdits abbé et religieux, hors la voie de droit, sous peine d'être traités comme perturbateurs du repos public, prenant l'abbé et l'abbaïe et ses dépendances, domestiques et sujets, sous sa protection spéciale, avec pouvoir de mettre les armes impériales sur les portes de son monastère, de ses villages, maisons et dépendances.

HI!. LE PAPE PIE V CONFIRME LES PRIVILÉGBS DE L'ABBAIB, ORDONNE QUE L'ON RËPRtNE

LES ENTREPRISES DES COMTES DE SALN, ')572.

Vers le même tems, c'est-à-dire en 157~ l'abbé Raville

se pourvût à Rome auprès du pape Pie V, et lui exposa que son abbaïe avoit été fondée par le roi Chiidéric, en 320. (C'est un anacronisme visible et une preuve qu'alors la science de la cronologie étoit peu connuë le privilége du roi Childéric II est de l'an 661 ou 662.) II ajoute que cette abbaïe fut IHustrée par plusieurs beaux priviléges des papes et des empereurs que les évêques de Metz lui aiant donné pour voüés les comtes de Salm, ceux-ci, du moins la plupart d'entr'eux, oubliant leurs devoirs d'avoüés et de protecteurs, l'avoient opprimée de différentes manières; et non contens des honoraires accordés à leurs prédécesseurs, avoient par eux-mêmes ou par leurs officiers imposé de nouvelles charges

à l'abbaïe, et sans s'arrêter aux traités et aux transactions passées avec leurs prédécesseurs, avoient toujours empiété sur les droits du monastère, jusqu'à donner des dispenses de mariage et des permissions de le contracter dans des degrés défendus par l'Eglise, et à contraindre les sujets de l'abbaïe de comparoitre devant leurs juges, de créer des notaires, de saisir les biens du monastère et de donner atteinte en mille manières à la jurisdiction temporelle et spirituelle, qu'ils veulent s'arroger à eux-mêmes, au grand scandale des peuples et au grand domage des abbé, prieur et religieux de Senones. Sur ces plaintes, le pape adressa son bref en forme de bulle au cardinal de Lorraine évoque de Metz, à l'archevêque de Trèves et & t'évoque de Toul, pour informer de la vérité des faits énoncés dans la supplique de l'abbé, avec ordre, si les choses se trouvoient telles qu'il les avoit exposées, de procéder contre le comte de Salm par la voie des censures ecclésiastiques, et de l'obliger à rétablir toutes choses dans leur premier état; défense de troubler les religieux dans leurs biens, droits et privilèges. La bulle est dattée du 26 juillet 1571. Mais la mort du pape, arrivée bientôt après, fut cause que le bref ne fut pas envoié.

XIV. GREGOIRE XIII ORDONNE QU'ON RÉPRIME LES ENTREPRISES DES OFFICIERS DU CONTE DE SALM, 1572.

Comme malgré ces défenses les officiers du comte de Salm continuoient leurs vexations, l'abbé Raville recourut de nouveau à Rome, et aiant fait au pape Grégoire XIII, successeur de Pie V, les mêmes plaintes qu'il avoit faites l'année précédente au pape son prédécesseur, il en obtint une bulle pareille à la première et adressée aux mêmes prélats. Mais elle n'eut aucun effet, les entreprises, les vexations, les voies de fait continuèrent comme auparavant.

XV. LES COMTES DE SALM SE FONT RECONNAITRE POUR SEIGNEURS RÉGALIENS PAR LES HABITANS DU VAL DE SENONES, <571. Jusqu'en 167'), les comtes de Satm'n'avaient pas été reconnus

solemnellement, ni autentiquement seigneurs souverains et régaliens du Val de Senones l'abbé de Senones y avoit toujours été reconnu pour justicier, et les comtes de Saim seulement comme avoüés et protecteurs. Mais en cétte année, Jean, comte de Salm, baron de Viviers, de Fénétrange et de Brandebourg, seigneur de Rupe (RuppM), maréchal de Lorraine et gouverneur de Nanci, et Frédéric, comte sauvage du Rhin et de Salm, baron de Fénétrange, accompagnés de quelques témoins et d'un notaire apostolique, aiant assemblé dans l'abbaïe de Senones la plupart des habitans du Val, c'est-àdire des villages et bourgs de Vipucelle, Albet, Quevelles, Freconrup, Vaquenoux, Grandfontaine, Ban de Plaine, Diespach, Poutay, Saulxures, Champenay, la Prevôté de Senones, le Ménil, Moussey, Chatay, la Petite Ravon, S~-Jean, Belval, Vermont, le Puy, Saucy, leur firent exposer et demander, par Jean Barnet châtelain dudit sgr Jean comte de Salm, que comme ils vouloient les maintenir dans tous leurs droits, privilèges, coutumes et franchises anciennes, aussi ils leur demandoient instamment cupidissime, qu'ils voulussent Jeur faire serment de fidélité et d'obéissance comme à leur Seigneur souverain et régalien, et les aiant tous cités les uns après les autres, ils répondirent qu'ils y consentoient, et aiant élevé les mains, leur firent serment de fidélité et d'obéissance. De quoi on dressa un acte le 29 septembre 1574, en présence du R. P. D. Jean de Mazières, abbé de Moyenmoutier, et de Jean-Louis de Thuillières, prieur dudit Moyenmoutier, qui déclarèrent qu'ils n'étoient témoins et reconnoissans que de la première proposition et reconnoissance, quo ad primampropositionem e{ recognitionem tantum; c'est-à-dire qu'ils reconnoissoient qu'on avoit proposé aux habitans du Val de Senones de les maintenir dans leurs usages, droits, franchises et libertés; et en même tems qu'on leur-avoit demandé s'ils ne les vouloient pas reconnoître pour leur souverain régalien; mais qu'ils n'attestoient pas la 2e,partie, savoir qu'ils eussent été reconnus seigneurs régaliens et souverains dans ie Val, et qu'ils y eussent, en cette qualité, reçu le serment de fidélité des

habitans. Il y eut toutefois trois témoins, qai furent témoins ad omnia e< MM~M~ pT'e&mMSŒ. I[ est remarquable qu'encore que tout ceci se passât dans l'abbaïe de Senones, toutefois ni l'abbé ni aucun des religieux n'y parurent et n'y consentirent.

Pendant tout cela, l'abbé Raville ne demeuroit pas en repos. D obtint de l'empereur Maximilien II, le 32 juillet 4573, un ordre adressé à l'un de ses officiers pour faire comparoitre par devant lui les comtes et Rhingraves de Salm et l'abbé de Senones, ou leurs officiers ou procureurs, pour exposer sommairement leurs raisons, et les mettre d'accord, s'il étoit t possible; sinon arrêter les entreprises desdits comtes, et les obliger de réparer les dommages qu'ils avoient faits au monastère de Senones, et les exhorter à se désister des innovations et violences qu'ils y avoient exercées, avec pouvoir néanmoins de se pourvoir par les voies de droit, et de poursuivre leurs justes prétentions par devant la justice. L'empereur ordonne à son commissaire de lui rendre compte incessamment du succès de sa commission.

XVII. SUITE DES ENTREPRISES DES COMTES DE SÀLM CONTRE L'ABBÉ RAVILLE, 4573.

Cependant on fit de part et d'autres quelques propositions d'accomodement, et l'abbé proposa divers griefs contre les ofEciers du seigneur comte de Salm. Ceux-ci irrités de ce que l'abbé s'étoit adressé à l'empereur, tenoient toujours leurs troupes dans l'abbaïe, et l'abbé, dans la crainte de tomber entre leurs mains, étoit obligé de se tenir enfermé dans le château de Baccarat, appartenant à !'évéque de Metz. Ce ne fut que le 46 septembre <373, que ie seigr comte de Saim envoia ses ordres à son prévôt de Senones, de retirer la garnison de l'abbaïe, après qu'on eût tiré parole de i'abbé Raville qu'il passeroit une nouvelle transaction et se relâcheroit sur plusieurs de ses droits et de ses prétentions.

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XVIU. TRANSACTION ~NTRE LES COMTES DE SALH ET L'ADBÉ RAVILLE, 1573.

Il la passa en effet, le 4 octobre 1573, avec ses religieux au nombre de 10, composant toute sa communauté, et les s"* Barnet et Bilistein, fondés de procuration des seigneurs Jean et Frideric comtes de'Salm. Ils exposent que sur les plaintes plusieurs fois réitérées de l'abbé de Senones à S. M. I. Elle auroit député le sr Nicolas, baron de Polviller pour ouïr les parties, informer des faits contentieux et les appointer amiablement, si faire se pouvoit; que les parties s'étant trouvées devant ledit commissaire impérial, les s~" comtes de Salm demandoieut leur renvoi à la chambre impériale, comme lieu de la justice ordinaire, et les abbé et religieux au contraire demandoient provision souveraine; de manière que les choses étoient en voie de grande rigueur et de procès immortel, ,qui ne pouvoit produire que des frais excessifs auxdits abbé et religieux, pour lesquels éviter, ils transigent en la manière qui s'ensuit.

10 Jurisdiction sMr tes personnes des rgH~MMa;. Les seigneurs comtes consentent que le S'' abbé et ses successeurs auront toute connoissance et correction sur les personnes des religieux de l'abbaïe, selon leur règle et profession, se réservant seulement les cas qui peuvent appartenir au magistrat et supérieur temporel.

2° Résidence des abbés et T'gK~MMT. Quant A la résidence des abbé, prieur et religieux en leur abbaïe, lesd. s~ comtes désirent qu'elle se fasse selon que par leur règle ils y sont obligés, en sorte que le service divin y soit fait et continué comme il appartient.

3° ~em<MM réparations et entretien des ville et cA~~M des comtes de Salm. Les abbés et religieux ne seront obligés de fournir aux entretien et réparations des ville et château desd. s~ comtes sinon autant qu'ils le voudront et sans contrainte.

Création des 8 bons hommes et de la justice foncière. Les abbé, prieur et religieux pourront, comme d'ancienneté, choisir leurs huit bons hommes, et de même aussi les mayeurs, doiens et échevins, pour l'exercice de leur justice foncière dans le ban de Senones lesquels jouiront de la franchise, à condition toutefois que les châtelains du comté seront présens, et que cette élection se fera de leur consentement. 50 Justice /o?!c~r6, son exercice réglé. L'exercice de la justice foncière dudit ban demeurera et appartiendra aux seigneurs abbé, prieur et religieux, tant à la création, des officiers (lesdits châtelains du comté de Salm présens) qu'autrement. Lesquels officiers de justice prendront connoissance de toutes causes et matières foncières et en percevront les émolumens comme du passé. Les plaintes touchant la réalité se feront aux mayeurs; mais celles qui seront personnelles d'excès et de crimes, se feront au prévôt de 3enones et aux autres officiers desd. sgrs comtes; lesquels prévôt et officiers assisteront aux plaids annaux pour la police, et à chacun siège de justice pour y conserver le droit des s~s comtes. 6° Création des bangards et forestiers. La création des bangards et forestiers se fera par les sgrs comtes ou leurs officiers, conjointement avec les srs abbé, prieur et couvent lesquels bangards prêteront serment aux deux parties. Quarterons et cens annuels du Val de Senones. Les quarterons et les cens annuels dûs par les laboureurs du Val de Senones, se partageront par moitié, entre les omciers des sgrs comtes et ceux des abbé, prieur et religieux.

Justice criminelle, exécution, confiscation, etc. L'appréhension des criminels du Val de Senones et bans, en dépendans, et la confection de leurs procès, est abandonnée par les abbé, prieux et religieux auxd. s~ comtes, de même que le jugement, exécution, amendes et confiscations; se réservant seulement les droits qui, à cause de leur justice foncière pourroient leur appartenir sur les biens meubles et immeubles des délinquans.

90 AM6?MewetM des terres vagues, amendes. Les ascen-

semMts des terres vagues et communes au Val de Senones et bans en dépendans, se feront par lesd. s~ comtes, suivant l'ordre accoutumé, et se partageront par égale portion des mésus commis dans les bois d'accompagnement. Quant aux amendes provenantes des mésus commis dans les bois de Chambre, on en usera comme du passé et seront au profit de t'abbaïe. Toutes les amendes des bois seront désormais fixées à six frans.

10° Co?'Deesd~7~ de Senones. Les s" abbé, prieur et couvent jouiront, comme ci-devant, de toutes les corvées du Val de Senones.

~° Regain sur les prêt/s du Mes~Jouiront aussi du droit de regain sur les prez de leur gagnage du Mesnil. 42° Chaumes codées aux comtes. Consentent lesd. abbé et religieux que lesd. s?" comtes jouissent seuls du profit des chaumes, ainsi que du passé.

') 3" Droits ecclésiastiques. Les abbé et religieux percevront, comme de coutume, leurs droits ecclésiastiques.

44° r<MMes et passages.- Quant aux tailles et passages du Val de Senones et bans en dépendans, lesd. s~ comtes en jouiront seuls, à l'exception de ce que les abbé et religieux ont accoutumé de prendre sur la taille.

'15° Scies de Val d'Alarmont et de Celle cédées &MiC comtes contre celles du Val de Senones. Lesd. abbé et religieux renoncent à tout ce qu'ils pourroient prétendre aux scies du Val d'Alarmont et de Celle et en récompense, iesd. s~ comtes quittent'et abandonnent auxd. abbé et religieux tout ce qu'ils pourroient prétendre aux scies du Val de Senones.

't6° Exemption des contributions impériales. Cession des forges de Framont etc. Et comme lesd. comtes de Salm prétendoient en leur qualité de comtes régaliens de l'Empire avoir droit de cottiser à discrétion Jesd. abbé et couvent, pour les contributions impériales, ceux-ci demandant d'être abonnés et limités à l'avenir à une certaine somme de deniers fixe et certaine, il fut convenu que lesd. abbé et religieux céderoient et transporteroient pour toujours auxd. comtes de Salm, la

propriété et tout le droit qu'ils prétendoient et avoient aux forges de Framont, Grandfontaine et Champenay, le cours d'eau et les minières d'icelles, moiennant deux milliers de fer façonné en barre, qui leur seroient délivrés chaque année sur lesdites forges, moiennant quoi les abbé, prieur et religieux et leurs successeurs, leurs huit bons hommes et autres exerçant leur justice foncière, avec la part de Chatay appartenante audits abbé, prieur et religieux. Les curés dud. Senones et de Plaine seront déchargés, dés à présent pour toujours des charges et contributions impériales.

XJX. PROTESTATION DE L'ABBÉ RAVtLLB CONTRE LA TRANSACTION DE -)573.

Un traité aussi désavantageux à l'abbaie de Senones et aussi contraire à ses anciens droits, ne pouvoit être l'ouvrage que de la violence et de la force. Aussi dès que l'abbé Raville se trouva plus en liberté, et qu'il fut en état de protester contre, il ne manqua pas de le faire. Dès le )~ de décembre, étant retiré à Baccarat, il en écrivit de sa propre main l'acte en ces termes « En l'an ')573, je souscript étant retiré de

» l'abbaïe au château de Baccarat, à l'occasion d'éviter la » fureur des seigneurs comtes de Salm et Rhingraf, eux » irrités pour la tuition et défense que faisois-je en soutenant » les droits, authorités et franchises du monastère de Senones; » pour à quoy obvier à l'indignation desdits seigneurs à raison » des grandes poursuites, et différens et longs procès intentés ]) et à intenter, comme il appert par le contenu on livre des actes et gestes sur ce fait, Ue n'ay p~ trouver ce livre) et mandement de la majesté impériale obtenu, aurois présenté plusieurs articles concernant les points contentieux principals » pour venir en appointement, sur lesquels lesdits seigneurs » auroient répondus sur iceux ainsi que bon leur auroit » semblé; suivant lesquels derechef non contens de leurs dites » réponses, aurois donné réplique, de manière tant seroit )) hine inde convenu, que seroit été contraint passer et accorder

»en la manière qu'ils ont voulu autrement ne prétendre » jamais entrer en leurs grâces et moyens à l'abbaye; et ce par l'avis de moult de gens de bien et d'érudition et bonne s doctrine. Et durant le tems que l'on traitoit la pacification »dudit différent, ont iceux seigneurs comtes fait ériger un ? nouveau moulin au-dessus du village dudit Senones, étant » grandement préjudiciable à l'Eglise, et tâchant par certain »moien gracieux le faire abolir fut répondu par lesdits ? seign&urs comtes, avant que l'ôter, l'on feroit brûler ceux » de ladite abbaïe Et considérant le tems, les personnes, »avons été occasionnés laisser la chose en surséance jusqu'à » meilleure provision qu'il plaira à la divine puissance remettre »le tout en bon état, à son honneur, gloire et louange et ? décoration de son Eglise. En foy de toutes les choses écrites on dit livre, et en la présente, avons signé de notre propre »main, que furent faites l'an <573, le ')'jour de décembre, » ainsi est-il, nous Damp Claude Raville, abbé de Senones. » H seroit à souhaiter que ce livre, dont il parle ici, et qui contenoit le détail de tout ce qui s'étoit passé dans ce tems de trouble, fût parvenu jusqu'à nous; nous y aurions appris bien des particularités importantes et curieuses. Mais il faut que cet ouvrage ait été égaré ou supprimé de fort bonne heure, ou que l'abbé Lignarius l'ait emporté avec lui à Rome et qu'il y soit resté; car on n'en a eu aucune connoissance dans le monastère depuis l'abbé Raville.

XX. EXPLICATION DE LA TRANSACTION DE ~573.

La transaction de ')573 ne mit pas fin aux difficultés. Bientôt il fallut revenir à des explications. Dès le 6 novembre et 22 décembre de la même année, il fut dit dans les ratifications réciproques des comtes de Salm et des abbé et religieux de Senones, que lesdits abbé et religieux avoient accompagné lesdits comtes au fond et propriété des bois de Chambre dits Ortemont, et Belfey, (il n'y est pas parlé du bois du Palon, nt de celui de Jehanxey) appartenans à l'abbaïe et mentionnés

dans la transaction, comme aussi à tous les fruits, profits, amendes et émolumens d'iceux, à la réserve de l'usage et affouage de ladite abbaïe et des fermes de Neufmaison et du Méni!.

Et le 2 mars de l'année 1574, c'est-à-dire ')S75 avant Pâques, sur une requête présentée auxdits s" comtes par lesdits abbé et religieux touchant l'interprétation de queiques articles de la transaction, il fut accordé que lesdits abbé et religieux jouiroient du droit de regain au village du Méni), de même que les autres habitans, qu'ils créeroient les mainbourgs et tuteurs, et en auroient un gros de reconnoissance; mais que la connoissance des mainburnies, ou gens qui sont en tutelle, seroit réservée aux omciers des comtes; que la justice de St-Stail seroit laissée auxdits comtes, et détachée de celle de Senones.

De plus le 25 mars ~)o74, sur des difncuités survenues touchant l'interprétation de la transaction de 573, concernant l'article des fours et moulins des bans de Senones, Plaine et Vipucelle, et de deux scies de Grandfontaine et de Champenay, les s" comtes aiant de leur autorité régalienne fait construire un moulin tout à neuf, qu'ils avoient admodié à leur seul et particulier profit, et voulant encore en faire de semblables dans le Val de Senones et le sr abbé prétendant qu'étant seigneur foncier dudit Val et ban, et à lui appartenant privativement le cours des eaux, il pouvoit empêcher qui que ce fût n'y pût construire de moulins. Pour terminer cette contestation, les ss" comtes repartirent les abbé et religieux du tiers du Neufmoulin bâti au-dessus de Senones, de même que tous les autres moulins, qui se pourroient construire à l'avenir audit Val et ban de Plaine et de Salm, et des émolumens d'iceux, en remboursant le tiers des frais employés pour la construction desdits moulins.

De plus que le moulin de l'abbaïe demeurera en son être pour le défrait et usage d'icelle, ensemble des 8 bons hommes, du s' abbé et de ses métairies de S. Siméon, de Ment! et de Neufmaison seulement; et à ce moien, les moulins du Val

de Senones et des bans de Plaine et de Salm seront déclarés bannaux et tous les petit* moulins bâtis par ci-devant aux mêmes lieux seront détruits et démolis. I) en sera de même des fours le profit desquels sera partagé entre lesdits comtes et les abbé et 'religieux pour le tiers, en fournissant au tiers de la construction desdits fours et de leurs charges. En reconnoissance de quoy lesdits abbé et religieux ont donné et transporté auxdits comtes toute telle part, droit et action qu'ils ont és bois vulgairement appellés Sauvages, situés és bans de Celle et d'Alarmont. Ils leur ont aussi cédé les deux scies de Grandfontaine et de Champenay avec leurs marches.

Enfin, en ')o80, les abbé et religieux se plaignant de l'inexécution de plusieurs articles de la transaction de '1573, il fut encore accordé que le village de Grandrup seroit joint et incorporé au village de St Stail, sans plus répondre à la justice de Senones, sans que l'abbaïe y puisse pour l'avenir prétendre aucun droit et jurisdiction foncière, ainsi qu'elle y avoit du passé, sans préjudice de ses droits ecclésiastiques et droit de chantuaire dans ledit village. En reconnoissance de quoy lesdits abbé et religieux auront la moitié de toutes les amendes qui proviendront des mesus qui se feront ès bois appellés présentement communaux dudit Val de Senones, et des bans de Plaine et Vipucelle, en lieu des bois anciennement appellés d'accompagnement. Ensemble la moitié des affortages, des charriers, maréchaux, boulangers, et autres profits, et la moitié des amendes ordinaires des rivières du Val, outre leurs usages, comme lesdits seigneurs comtes et leurs oniciers; auxquels seigneurs comtes et à leurs officiers, châtelains et gruyers seuls est réservé l'autorité et le droit d'afforter, d'admodier, permettre et disposer de toutes les choses susdites, comme des admodiations et ascensem*ns proposés et passés par ladite transaction.

Aussi a été accordé que les vicaires du Val de Senones et prévôté de St-Stail et les fermiers de la Forain, ne seront plus assujettis aux moulins bannaux du Val de Senones, mais pourront moudre au moulin de l'abbaïe.

XXI. COADJUTORIH DE D. JEAN UGNÀRtUS, 4580.

La même année ~)880, l'abbé Raville, âgé de plus de 60 ans, demanda au pape Grégoire XV des bulles de coadjutorie pour D. Jean Menusier, autrement Lignarius, son neveu, alors âgé de 24 ans, et étudiant en l'université de Pont-à-Mousson. Lignarius n'étoit pas un excellent sujet, et si l'on peut reprocher quelque chose à D. Claude Raville, qui étoit certainement un excellent abbé, c'est d'avoir dans cette occasion un peu trop écouté la chair et le sang en faveur d'un neveu, qui eut dans la suite une infinité de maux et de chagrins à essuyer par rapport à son abbaïe, et qui lui a causé des préjudices, qui lui ont attiré la commende et une suite de très-fâcheuses affaires.

Au reste, D. Jean Lignarius n'avoit nulle envie d'être abbé. I! témoigna qu'il ne souhaitoit pas la coadjutorie, et s'absenta

du chapitre où se fit l'élection de sa personne. Lorsqu'il fut é)û, on alla le trouver au verger où il étoit monté sur un arbre cueillant des fruits. On lui annonça son élection et on le pria de venir au chapitre mais il reçut mal ceux qui lui apportèrent cette nouvelle, et leur dit qu'il ne se soucioit

nullement d'être coadjuteur. Il se faisoit justice. Son oncle D. Claude Raville avoiioit que le sujet étoit peu méritant; mais il s'excusoit sur les circonstances des tems, où les protestans envirounoient son monastère, menaçoient de tout envahir, et qu'il lui failoit choisir un jeune homme capable de survivre à tous ces maux, et de conserver le titre abbatial le plus longtemps qu'il seroit possible. Au reste, nous remettons à parier de ce qui le regarde au commencement de son gouvernement, et nous allons continuer l'histoire de D. Claude Raville son oncle.

XXII. AFFORTAGE DES HABlTANS DE CHATAY DANS LE BELFEY NOtENNANT DEUX FRANS PAR AN, <573.

En. '<87S, les habitans de Chatay aiant représenté auxsetg"

comtes de Salm et à f'abbé de Senones le besoin qu'ils avoient de bois de chauffa*ge et aiant demandé qu'il leur fût permis de prendre dans le bois de Bonfeys des morts bois et bois morts et infructueux, la grâce leur fut accordée, à charge de payer par chacun an deux frans, un au s~ comte de Salm et l'autre au s~ abbé de Senones, au jour et terme de S. Martin, pour leur chauffa*ge et usage, sans y commettre faute ou abus, sous peine d'amende. Fait et accordé le 44 juin ')87S. XXIII. CONFISCATION POUR FAIT DE SORCELLERIE, ~587. La superstition, l'ignorance et le déréglement des mœurs de ce tems là avoient fait naitre dans la Lorraine et dans les trois Evéchés, ou la réalité, ou l'imagination de sorcellerie, dans une inûnité de personnes, qui furent condamnées et exécutées par le feu, et leurs biens confisqués au profit des seigneurs. Nous en avons deux exemples en ')587, en la personne de deux femmes, l'une d'Antlup, l'autre de Bure, dont les biens furent ajugés à l'abbé de Senones, comme seigneur desdits lieux.

XXIV. LE PRIEURÉ DE VIC REStG?f6 AUX CORDELIBRS DUDIT LIBU; L'ABBÉ RAVILLR LE RETIRE DE LEURS MAINS.

L'abbé Thirion d'Antlup, à la recommandation d'une certaine Dame, avoit conféré, en 1537, le prieuré de S. Christopbe de Vie, à un nommé Jean de la Neuville, qui en jouit fort longtems. Celui-ci en 4567, on ne sçait par quel motif, le résigna au gardien des cordeliers de Vie, qui résolut d'y établir une espèce de collège pour des religieux de son ordre. Dom Raville, abbé de Senones, informé de ce procédé si irrégulier, s'adressa au cardinal de Lorraine, et, par son autorité, se fit rendre le prieuré, et en pourvût D. Claude Varin son religieux, en ~o67. Dans la suite, il y eut encore de grands démêlés avec les cordeliers de Vie, au sujet d'une

certaine maison et d'une grange du prieuré, qu'ils prétendoient leur appartenir, aiant même fait démolir de leur autorité ladite maison, qui servoit de demeure au prieur, et se l'étant appropriée. Ces difficultés ne furent terminées qu'en 1597. Les cordeliers sont demeurés maîtres de la maison du prieur, et le prieur a été obligé de se contenter d'une petite maison bourgeoise, d'un petit jardin et d'une chétive église tout joignant.

XXV. PROCÈS CONTRE LES PRIEOttS DE 8CHURES

ET DE MERVAVIUE', 1577, 1584.

H y a longtems que l'expérience a fait voir les abus et les inconvéniens infinis qui naissent des prieurés de campagne, possédés et habités par des prieurs titulaires, qui y vivent seuls avec leurs domestiques. II est très-rare qu'ils s'y maintiennent dans la subordination qui fait le caractère essentiel des religieux, ni dans l'innocence et la pureté des moeurs que demande leur profession. Le. prieur de Xures nommé D. Gérard Varin, après avoir possédé paisiblement ce prieuré pendant plusieurs années, se fit pourvoir, vers l'an 1570, par le cardinal de Lorraine, du prieuré de Vie, vaquant par le décès de Jean de Neuville, curé de Maxey, dont il jouit avec son prieuré de Xures. L'abbé Raville de son côté nomma D. Pierre Monin, religieux de Senones, qui attaqua, en 1577, ledit D. Gérard Varin en désistement par devant l'official de Metz. On entendit plusieurs témoins sur cette affaire. Je ne trouve pas quelle en fut la décision on voit seulement par les interrogations qu'on doutoit de la validité du titre et du droit dudit Varin, tant a l'un qu'à l'autre de ces deux prieurés. Je trouve en 1582 et 1587, D. Guérin ou Varin prieur de Vie, et néanmoins en 1591, D. G. Varin mourut prieur de Vie et de Xures. Je crois que c'est le même prieur qui se nommoit Gérard et Guérin. Dans le prieuré de Mervaviite, après la mort de D. Nicolas de Remicourt, arrivée en 1S84, dont on a parlé ci-devant, il y eut procès entre D. Claude le Comte religieux de Senones, nommé audit prieuré par i'abbé de Senones, et Nicolas la

Tarte clerc du diocèse de Toul, pourvû par une autre voye. Claude le Comte fut maintenu, et Nicolas la Tarte renonça à son droit. Le 1~ obtint ses bulles du pape Sixte V en 1889, mais il se gouverna si mal dans l'administration du prieuré, qu'on fut obligé de lui faire son procès. On l'accusoit de plusieurs crimes scandaleux, comme d'avoir entretenu dans son prieuré une femme mariée et de s'être évadé avec une autre femme. Ce qui obligea son abbé de nommer un autre prieur en sa place en 1594 ou 1895.

XXV!. MORT DE L'ABBE RAVILLB, BN 1888.

L'abbé Raville mourut le 22 novembre 1588, et fut enterré devant le grand autel, (aujourd'hui entre le chœur et la croisée), où l'on voit sa tombe, et son effigie en habits pontificaux, la mitre en tête et la crosse à la main. Il portait pour armes d'azur à la croix croisettée d'argent, aiant en face deux étoiles d'argent, et au pied de la croix un croissant aussi d'argent. Ses armes se voient en plusieurs endroits des dépendances de l'abbaïe; ce qui prouve les ouvrages et les réparations qu'il y a faites; et on le compte à bon droit, entre les meilleurs abbés de Senones.

Dans le second tome des C~o~MM l'Ordre de S. Benoit, p. ~9, il est dit que sur la tombe de D. Claude Raville abbé de Senones, il est porté que les cendres des corps des abbés Jean de Borville et Thirion ses prédécesseurs, reposent avec ses ossem*ns, ce qui ne s'y voit plus aujourd'hui, peutêtre parce qu'on a reposé sa tombe et qu'on y a supprimé cette particutarité.

CHAPITRE XL.

DOM JEAN LIGNARIUS OU MENUISIER, XLe ABBÉ,

DEPUIS L'AN 1S88 JUSQU'EN i62S.

COMMENCEMENT DE D. JEAN LIGNARIUS; PROMESSES QU'IL FAIT AUX RELIGIEUX, BN 1887.

Pom Jean Lignarius aiant été fait coadjuteur en 1880, ainsi

qu'on l'a dit ci-devant, entra en jouissance de i'abbaïe après la mort de son oncle arrivée le 22 novembre ~688. Mais avant ce tems, et dés le 18 de juillet 1587, les religieux de Senones exigèrent de lui certaines promesses, comme de tes traiter, quand il seroit parvenu à la dignité abbatiale, avec la douceur et la charité convenable, sans vengeance, sans ressentiment et sans rancune; de les maintenir dans leurs droits. usages et offices, de conserver les biens temporels et même de travailler de tout son pouvoir à les récupérer; de )eur fournir des gornes, chaperons ou frocs tous les trois ans d'observer tous les articles contenus dans le rôle de D. Claude Padoux; de donner au moins quelque petite prébende de vin aux novices; de laisser jouir les. religieux des biens et revenus qui leur étoient abandonnés pour leur nourriture, vêtemens et entretien; de défendre leurs biens et priviléges en justice, s'il étoit besoin, par lui ou par ses officiers, et de supporter la moitié des frais qu'il y conviendroit faire. Et comme ils avoient l'expérience que quelques religieux de leur couvent étoient morts insolvables et accablés de dettes, au grand préjudice des créanciers et au déshonneur de la religion, ils prient le coadjuteur de leur accorder à l'avenir la moitié de la cotte morte de leurs confrères (l'abbé donnoit les places monachales comme des espèces de bénéfices, et jouissoit de la cotte morte, ou de la succession des moines après leur mort), tant pour payer leurs dettes, que pour faire leurs services après leur décès. Et comme les abbés se faisoient donner sept gros pour la sépulture de chaque grand corps, ce dont ils ignoroient la cause et l'origine, ils le prient de leur quitter ladite somme, ou de les déchargés du soin de la cure. De plus qu'il lui plaise recevoir dans sa bergerie et y faire nourrir les moutons et agneaux qu'ils sont obligés d'achetter, et dont ils ont besoin pour leur prébende. Qu'il leur fournisse du linge pour la cuisine et pour nettoyer leur vaisselle. Enfin qu'il fasse fournir du foin et de l'avoine pour les chevaux de leurs parents et amis qui les viennent voir, et qu'il donne

des chevaux aux religieux qui sont obligés d'aller en campagne pour les affaires du couvent.

Lignarius agréa et approuva tous ces articles, et s'engagea solemnellement à les observer, à condition que de leur côté les religieux lui promissent de le reeonno!tre pour leur abbé légitime et supérieur, après la mort de l'abbé Raville, son oncle; ce qu'ils promirent par un acte public et solemnel, qu'ils en passèrent audit coadjuteur.

II. NOUVEL ENGAGEMENT DE L'ABBÉ HGNARICS BNVBUS LES RELIGIEUX, <S88.

Le jour ou le lendemain de la mort de Dom Raville, 23 de novembre, les religieux profitant de la foiblesse du nouvel abbé Lignarius, lui firent de nouveau ratifier les promesses qu'il leur avoit faites l'année précédente; et y ajoutèrent que pour la ~Aar~e d'heureuse mdmoire de feu monsieur l'ancien, il /6TOt< venir le plutost que faire se pourroit la c{Mp~~ du pape pour la vendition qui avoit été faite ~'Oy~ctM~ et de Gircourt, ainsi que ledit sr abbé Raville s'y étoit engagé à quoy l'abbé Lignarias consentit volontiers, à condition que lesdits vendanges lui seroient mis en main.

De plus les religieux demandèrent que ledit sieur abbé les déchargeât de la cure du Val de Senones, leur profession les éloignant de tout employ extérieur et incompatible avec l'esprit de retraite que demande leur état, le priant d'assigner prébende congruë à deux hommes d'église pour satisfaire aux devoirs de curés dans les paroisses du Val. Ce qui fut encore accordé par l'abbé Lignarius. Il s'obligea de plus, pour satisfaire aux pieuses intentions de l'abbé Raville son prédécesseur, de laisser jouir les religieux de leur part des rentes et revenus du Moutez (apparemment du prieuré du Moniet) et du vestiaire à eux promis, comme aussi de faire ériger la bibtiothèque, pour la fournir de livres petit à petit, et de faire mettre au réfectoire et dortoir, les choses nécessaires, qui lui seront verbalement

spécifiées, avec l'entretenement de la fontaine du clottre promit de plus d'augmenter de quelque chose le revenu du couvent, attendu le nombre des religieux qui aiïoit être de 13 ou 14.

Et comme depuis 50 ans, les s~ abbés avoient chargé leur métairie d'Anserviller de la sauvegarde duë annuellement aux s~ comtes de Salm, il leur accorda en indemnité 5 paires de grain à payer tous les ans en attendant qu'il eût pris plus grande connoissance de cette afïaire, et qu'il y eût autrement pourvû. Les religieux demandèrent aussi d'être remis en la jouissance du lieu nommé le Petit Rouverat finage de MagnéviHe, ce que le sr abbé leur accorda, comme aussi de donner ses ordres pour que les religieux aient les choses nécessaires pour le pain, vin, légumes et autres choses, en sorte qu'il n'ayent pas lieu de murmurer.

Enfin les religieux promirent au s~ abbé de lui donner communication de leurs lettres et chartes conventuelles, et réciproquement, que l'abbé leur montreroit ses lettres concernant sa mense abbatialle, et en particuHer leur rendroit le titre de fondation du Moniet, qu'on avoit tiré du coffre de la communauté. Tous ces articles furent accordés le 24 novembre 1S88, en présence d'Antoine Doridan, abbé d'Etival, Jacques Fournier grand doyen de Saint-Diez, etc.

!!t. PRISE DE POSSESSION M L'ABBË HGNARIDS.

L'abbé Lignarius prit possession de l'abbaïe, après avoir obtenu le décret de S. A. de Lorraine pour les biens situés en Lorraine; des s~" comtes de Salm pour les biens du Val de Senones et de la terre de Salm; et du s~ évêque de Metz pour le prieuré du Moniet, situé dans la châte))enie de Baccarat, dans lequel le châtelain de Baccarat avoit, sans aucune raison, fait mettre six soldats pour le garder et d'où il ne les retira qu'après que l'abbé Lignarius eut présenté son placet à t'évoque de Metz, qui accorda la permission de prendre possession des biens de ce prieuré, unis à l'abbaie.

IV. INTRODUCTION DE LA RELIGION PRÉTENDUE RÉFORMÉE DANS LES TERRES DE SALM RÈGLEMENT

A CE SUJET, 4S90.

La religion prétenduë réformée s'étant introduite dans tes terres du comté de Salm, il y eut diverses contestations entre les habitans de ce comté et du Val de Senones pour le payement des dixmes sur quoi intervint un réglement des comtes, portant que les curés et vicaires dudit comté percevroient seuls les dixmes provenant de la culture des terres cultivées par leurs paroissiens catholiques, et réciproquement, que les ministres protestans auroient la dixme. des terres cultivées par les peuples de la religion prétenduë réformée. L'infection des nouvelles opinions avoit même pénétré dans la Lorraine, et jusque dans le bailliage de Nancy, dont les peuples ou négligeoient, ou refusoient absolument de payer aux seigneurs ecclésiastiques les droits et redevances qui leur étoient duës. En 1589, les religieux de Senones présentèrent sur cela une requête au bailli de Nancy, disant que par la malice des tems ou l'indévotion des peuples, ils ne pouvoient rien tirer de leurs débiteurs, et que n'étoit le serment qu'ils ont à leur église, ils en abandonneroient entièrement la poursuite. Telle étoit alors la situation des choses en Lorraine et dans les pays voisins. Je trouve, en ~603, des ordres des comtes de Salm pour contraindre les habitans de Celle de payer les dixmes qu'ils refusoient aux curés et aux s~' dixmiers.

V. PARTAGE DES BIENS DU NONIBT ENTRE L'ABBÉ.

Les prieur et religieux de Senones aiant admodié à l'abbé Raville les rentes et revenus du prieuré du Moniet proche Baccarat, pour le tems de sa vie abbatiale, les religieux demandèrent d'entrer, en compte sur cette affaire avec l'abbé Lignarius son successeur, et pour pour prévenir les discussions et procès dans lesquels ils étoient en danger d'entrer, ils

s'accordèrent et convinrent qu'à l'avenir ils posséderoient les revenus dudit prieuré par indivis,et en supporteroient les charges à frais communs de quoi on dressa un traité, où les biens, appartenances, dépendances et charges du prieuré sont fort bien spécifiés.

VI. CONFRATERNITÉ ENTRE LBSABBAtBSDBSBNONBS, DB NOYBNHOCT!BR BT D'ËTIVAL, ')894.

Les abbés et couvents des trois abbaïes de Senones, de Moyenmoutier et d'Etival firent eu 1594, une alliance ou société de prières, qui consistoit en ce que quand un abbé ou un religieux de l'une des trois maisons étoit mort, on en donnoit aussitôt avis aux autres communautés, qui disoient les vigiles, et le lendemain faisoient le service du défunt, comme si c'étoit l'un des leurs. Chaque religieux prêtre disoit une fois la messe pour le défunt, et les autres religieux réeitoient les sept psaumes pénitentiaux. De plus on distribuoit aux pauvres la portion du religieux décédé, pendant 3 jours consécutifs; si c'étoit un abbé on doubioit l'aumône. Le jour du service, l'abbé faisoit donner à chaque religieux une quarte du meilleur vin.

Si un religieux de l'une des trois abbaïes vient dans une autre avec permission de ses supérieurs, pour une cause honnête, l'abbé aura soin qu'on lui donne la même prébende qu'a un confrère du monastère. Il y pourra demeurer 3 jours, et s'il est malade, pendant 40 jours. Si un religieux tombe dans quelque faute, on pourra l'envoier au supérieur du monastère voisin, qui pourra user envers lui d'une plus grande indulgence, que son propre abbé. Le prince Erric de Lorraine, évéque de Verdun, étoit alors abbé de Moyenmoutier, D. Jean Menusier ou Lignarius, abbé de Senones, et M. Antoine Doridan abbé d'Etival. L'acte de cette confraternité fut passé à Moyenmoutier le 13 octobre 1594, en présence des ss" abbés susdits, des prieurs des 3 abbaïes, et de deux jésuites. 20

&0

VU. MARIAGE DE FRANÇOIS DE LORRAINE AVEC CHRISTINE DE 8ÀLM EN 4 597.

Quelque tems après, c'est à dire en 1597, le prince François de Lorraine, père du duc Charles IV, épousa Christine de Sa)m, fille et héritière du comte Paul de Sa)m, laquelle apporta en mariage à François, la moitié de )a terre de Sa)m, dont elle hérita après la mort du comte Jean de Sa)m son oncle. Par le partage qui fut fait de cette terre entre les deux frères Jean et Frideric de Salm, il fut dit que l'abbaïe de Senones, avec le t~Ma~e de Chatay, qui co~MM< /6 maisons, eM.semb~ les moitresses du M~~ S. Siméon, la Forain et autres biens de l'abbaye demeureront en commun, sous la souveraineté de mesdits s~" comtes de Salm, comme aM p<Ms~, sans ~Me l'un où l'autre y puisse prétendre innover aucune chose, ou y prétendre au p7'?zatce de l'autre. Il y eut encore quelques articles dans ce partage qui portoient préjudice aux droits du monastère; ce qui obligea les abbé et religieux de faire leur protestation contre tout ce qui y pourroit être de contraire à leurs droits.

La même année 4597, D. Jean Lignarius demanda au R. P. Antoine Doridan, abbé d'Etival, une particule du bois de la S~-Croix, pour en enrichir son église. D. Lignarius alla luimême nuds pieds, avec une partie de sa communauté à Etival pour recevoir cette précieuse relique, qui se conserve fort décemment dans un petit reliquaire au pied de la Croix processionale, et que l'on adore le jour du Vendredy-Saint. L'abbaïe de Senones avoit conservé quelques restes de régularité au milieu du relâchement presque général de tout l'Ordre de S. Benoit en Lorraine. Le prince Erric de Lorraine, évéque de Verdun aiant formé le dessein, en 1o98, de réformer son abhaïc de S. Vanne de Verdun, fut conseillé d'y faire venir Dom Poirot prieur de S. Pierre de Senones, qui y vint en effet, et y fut établi prieur en 1898, en la place de Dom

Anselin prieur de S. Vanne, qui se démit volontairement de son employ. Mais à peine D. Poirot y eut-il demeuré six mois, qu'il fut obligé de retourner dans son monastère, n'aiant pas trouve les religieux de S. Vanne disposés à suivre son exemple, ni à profiter de ses instructions. La même année 1598, l'abbé Lignarius fit fnire l'orgue de Fabbaïe, comme il paroit par cette inscription, qui étoit dans le secret de l'orgue de Senones:

« Nicolaus Platel, Parothus de Courouvre ?'M~en. dMsces., Henricus Henrioni nepos ipsius Platel, /ecerMH< sub Rece7'endo » abbate Domino JoŒe~~fïT'M, YJM.

En 1745, nous avons fait faire un nouveau buffet et corps d'orgue, à l'excfption de quelques anciens jeux d'orgue que l'on a conservés.

Lors du partage de 1598, l'abbaïe étoit possédée par Jean Lignarius. Depuis cette année, on ne trouve plus de comptes de recette de l'abbaïe jusqu'en 1606, 1607, 1608, que François Terel, bénédictin de l'abbaïe de Longeville, fut donné polir coadjuteur à l'abbé Lignarius, malgré ledit abbé et à son insçu en 1606.

Alors Lignarius se retira de l'abbaïe, apparemment avec ses comptes et ses papiers, et alla Rome pour se pourvoir contre son coadjuteur. Il y demeura jusqu'à sa mort arrivée en 1625.

Pendant ce tems, le coadjuteur François Tcret, se disant c~mMns~Œ(g!?'dM temporel et du spirituel de l'abbaïe, se faisoit rendre les comptes, dans lesquels il est porté que ledit sr abbé s'étant absenté de l'abbaïe, les s8" comte de Vaudemont, et le comte du Rhin, auxquels appartient, à cause de leur comté de Salm, la protection de l'abbaïe de Senones, ne pouvant souffrir le mauvais m~ag'e qui se /aMo~ en ~fK<e abbaïe, de laquelle le abbé s'étoit absenté, y envoièrent des gardes, qui y vécurent aux dépens de l'abbaye, qui y demeurèrent assez longtems et en saisirent les fece?tu~.

Dans les comptes des années 1606, 4607, etc., rendus devant le coadjuteur Terel, il est dit que la plus grande partie des

rentes avoit été levées par M. l'abbé, et le reste saisi par les officiers de M. le comte du Rhin, etc.

Et à l'égard des scies appartenantes à i'abbaïe, on y dit « Combien que par la teneur de la transaction (de ~573), toutes les scies du Val de Senones appartiennent à l'Eglise de Senones, néanmoins elle ne perçoit aucun profit, sinon que de deux bâties et érigées au-dessus du village de Moussey, lesquelles, en l'année du présent compte ~60T'), sont été laissées à Chrétien Idoux demeurant à Celles, pour trois ans etc. »

VIII. LIGNÀRIUS SONGE A UNIR SON ABBAtB A LA CONGRËGATION DE S. VANNE.

Les désordres qui régnoient alors parmi la plupart des ecclésiastiques} et des religieux, furent un des principaux motifs dont se servirent les protestans pour se séparer de l'Eglise romaine. Les peuples scandalisés demandoient t souvent la réforme. Les libertins prenoient occasion des abus qu'ils remarquoient dans l'Eglise, de s'en séparer, non pour mieux vivre, mais pour vivre dans une plus grande licence. Les novateurs exagéroient le mal, et affectoient de rendre les catholiques odieux par leurs calomnies. L'abbaïe de Senones, environnée d'hérétiques presque de toutes parts, étoit plus en danger de la séduction et plus exposée que beaucoup d'autres à la censure des ennemis de la religion. Aussi, l'abbé Lignarius songea de fort bonne heure à l'unir à la congrégation de S' Vanne, qui commençoit à s'établir en Lorraine. H y trouva des dimcuités de la part de ses religieux, et ne pouvant réussir à introduire la réforme dans Senones, il offrit aux réformés de S~ Vanne son prieuré de Léomont, en 606, pour y vivre selon leur réforme.

tX. FRANÇOIS TÉREL EST FAIT COADJUTBUR

DB L'ABBB DB SBNONES, 4600.

Ce n'était peut-être pas tant l'amour du bon ordre et le

zèle de l'observance qui le portoient à cela, que l'envie de se mettre à couvert des tracasseries de ses religieux et des entreprises d'un nommé François Teret, moine de i'abhaïe de Longeville ou de Glandières dans Févéché de Metz. Lignarius aiant été accusé à Rome d'imbécittité, d'insuffisance pour l'administration de l'abbaïe, et de dissipation dans le temporel, le papf avoit donné à Teret des bulles de coadjutorie. maigre et à Finscu de f'abbé Lignarius, qui n'avoit été ni cité, ni écouté dans ses justifications. Nous parlerons ci-après plus au long de cette affaire, qui eut de grandes suites, et qu mérite d'être traitée avec étendue.

X. SEPARATION DE MENSE ENTRE L'ABBE ET LES RELIGIBUX, ~602, 4603.

Dans le même tems, Lignarius, pour donner quelque satisfaction à ses religieux, et pour établir dans son monastère quelque espèce de bon gouvernement, qui remédiât aux désordres grossiers, fit en ~602, avec sa communauté, une séparation de mense et quelques réglemens pour le bon ordre. En voici le précis « Que les titres et chartes du monastère tant de la crosse abbatiale que du couveut seront conservés dans une archive commune, sous trois clefs le s~ abbé en aura une, le prieur une autre, et le plus ancien religieux de la communauté la 3e.

Que l'on fera des copies de ces titres par main de notaire, qui demeureront ez mains de l'une et de l'autre partie, pour l'usage ordinaire.

Que les religieux rendront révérence, obéissance et honneur à leur abbé.

Que le prieur aura soin que l'omce divin se fasse et soit sonné de nuit et de jour aux heures convenables, et que tous y assistent avec silence, modestie et révérence.

Qu'il députe un religieux de sa communauté pour dresser les novices, non seulement pour les mœurs et la discipline religieuse, mais aussi pour le chant et les cérémonies

de l'église. Il leur donnera des confesseurs capables, se réservant néanmoins les cas que le sr abbé s'est réservé.

Permettra aux religieux d'aller en promenade, non seuls, mais avec un religieux, ou un novice, à charge de revenir le jour même. Punira les excès commis dans le monastère, à la réserve des fautes scandaleuses et publiques réservées au s~' abbé. Accordera les permissions aux religieux pour aller vaquer aux affaires de la maison.

Le même S'' prieur fera continuer la lecture au réfectoire et y fera garder le silence. On s'y assemblera toujours pour manger, à moins qu'il n'y ait excuse légitime. Veillera à ce qu'il n'y ait ni superfluité, ni vanité aux habits des religieux, lesquels porteront toujours a l'église leurs ~or~M ('<) ou frocs, et dans la maison leur scapulaire et chapperon et les novices porteront partout le scapulaire et chaperon, et auront leur ceinture. Pourvoyera que lesdits novices logent dans les chambres des plus anciens religieux.

Le sr abbé députera un de ses religieux pour avoir soin des malades et pour faire la recette et distribution des rentes anectées à l'infirmerie, dont il rendra compte à t'abbé et aux religieux conjointement. Le s~ abbé leur donnera, pour loger les malades, l'appartement contigu à la grande cave d'un côté, et de l'autre à l'église de Notre-Dame, et en outre une chambre joignant la satte qui donne sur la grande cour. Le trésorier fournira deux cierges pour chaque messe tant ordinaire que conventuelle et de dévotion, et s'acquittera des autres charges dépendantes de son office.

Les religieux continueront à garder l'abstinence tous les mercredis de l'année, et tout le tems de l'Avent, et jeûneront le vendredy comme de coutume.

Le S'' prieur aura par préciput 30 francs, qui se payoient alors par M" les chanoines de S' Diez, sur la cure de Brouville.

(i) Dans les anciens livres de cérémonies monustiques gonfla ou ~<MMMt signifie un habit iourré, et ce me semble, le chaperon fourré.

Aujourd'hui ces 30 francs sont à la charge du s~ abbé. Lorsque le nombre de religieux de ta communauté ne sera pas complet, (ce nombre étoit fixé à dix prêtres et quatre novices), il sera loisible au sgr abbé d'en présenter un ou plusieurs jusqu'au nombre fixé, et les religieux ne devront les refuser, à moins qu'il n'y ait auxdits novices quelque défaut naturel, ou difformité messéante à l'état religieux, et on les admettra de commun consentement.

La succession des meubles des religieux sera, comme du passé, moitié au s'' abbé. et moitié aux religieux; et lors de la mort d'un religieux, le s'' abbé donnera, comme d'ancienneté, deux pots de vin au couvent, et acquittera les charges portées dans les lettres de confraternité avec les abbaïes voisines, savoir de Moienmoutier et d'Etival. (Voiez ci-devant sous l'an

Les jours solemnels, auquel l'abbé officiera, il traitera les religieux à sa table selon l'ancienne coùtume, sans préjudice de )a prébende accoutumée. Ces repas étoient fixés à six par an. On les régla à 3 francs par tête en 1620, et enfin les abbés en ont été entièrement déchargés par la cession qu'ils ont faite au couvent de leurs dixmes et du gagnage du Ménii.

Et comme il arrivoit journellement des disputes pour les prébendes de pain et de vin que ['abbé devoit fournir, conformément au rôle de l'abbé Padoux, pour éviter toute dimcuité, i'abbëLignariuss'obtigeadedonnerchaqueannée pour dix religieux prêtres et quatre novices, un cuisinier et un garçon de cuisine, 91 resaux et demi de froment et 46 resaux de seigle, mesure de Ravon et s'ils en prennent une plus grande quantité, !a paire de resaux froment et avoine, ou seigle et avoine, sera appréciée à sept frans et demi, monnoie de Lorraine, et le resal d'avoine à 30 gros. Et pour le vin, il sera estimé à 7 frans la mesure, parcequ'on est obligé de ie faire venir de loin.

Le dit s'' abbé donnera à ladite communauté deux cent quatre-vingt-quinze mesures de vin, y compris le vin des

messes et de toutes autres distributions en vin, tant ordinaires qu'extraordinaires. Et si )e nombre des religieux augmentoit, ledit s' abbé augmentera la distribution à raison de dix resaux de grain et de 25 mesures de vin pour chacun, et leur fournira incessament les futailles pour loger cette quantité de vin.

Au lieu du bois qu'il devoit donner pour le four, la cuisine et le poile du couvent, il leur fera déHvrer~toO frans; item, une charrée de planches de sapins et un muid de sel.

De plus, il sera déchargé de fournir des chappons, lard, jambons, aulx, fromages, poissons, légumes et deux gros d'étrennes, qu'il devoit à chaque religieux; moiennant ia rente annuelle de 90 frans huit gros, qu'ils recevront annuellement; et en outre quinze frans par an pour le finge qu'il devoit auparavant fournir à la cuisine et au réfectoire.

Et pour le vestiaire des religieux, il lesr donnera à chacun quatre frans quatre gros; et pour les gornes ou frocs de couleur noire, il leur assigne 60 frans de rente annuelle, à charge qu'ils porteront ces gornes à l'église, à chaque heure de l'office. Pour les gages d'un cuisinier 40 frans, pour le barbier 16 frans, outre deux paires de grain qu'il a annuellement. Pour la fondation de l'abbé Thirion d'Antlup, 45 frans; pour celle des messes de la Vierge et de la Passion, 10 irans à prendre sur la maison de Ravon; pour la sauvegarde d'Anserviller imposée au couvent, l'abbé leur rend cinq paires froment et avoine par an. Les terres dites de SI Pierre à Bazemont, demeuront par indivis à l'abbé et au couvent, comme dépendantes du Moniet. Les religieux continueront à se servir des granges de Remberviller appartenantes à l'abbé, pour y loger leurs dixmes. De plus ils jouiront à l'avenir du prey le wo~e et de la paille de 3 journées de 3 batteurs, moiennant quoy )e sr abbé sera déchargé de la fourniture des chevaux de service pour l'usage des religieux, et de la nourriture des chevaux des étrangers qui arrivoient au couvent. Pour grenier, !e s'' abbé cède aux religieux le bâtiment

nommé le Re/~otdotr, qui est sur la grande cave du cloitre. Pour cave, il leur donne la moitié de ladite grande cave. H leur fera bâtir un nouveau four, ou leur laissera l'ancien. H leur donne pour étable celle qu'on dit la Bouverie du coté de l'eau, et pour jardin le grand jardin claustral et le meix dit de l'Aumônerie, situé à rentrée de Fabbaïe à droite. Et pour fumer lesdits jardins, ils prendront annuellement 4 chars de fumier en Fabbaïe. Auront aussi 200 iivres de fer de deux milliers que le s'' abbé tire des forges de Grandfontaine, et ils seront chargés de l'entretien de la fontaine du cloitre. Et pour satisfaire aux quantités de grain et de vin marquées ci-devant, le sr abbé leur donne divers assignaux sur les dixmes de plusieurs villages énoocés dans le partage, savoir Le tiers en la (ota)ité des grosses et menuës dixmes de Ramberviller.

nem, la quantité d'avoine qu'il tire sur les mêmes dixmes. Item, ce qui appartient audit sr abbé dans la grosse et menuë dixme des villages du ban de RamberviHer; savoir, Champ, Méni), Bruz S~ Benoit et Houssera.

Item, un tiers aux grosses et menuës dixmes de Domptai). La moitié des grosses et menues dixmes de Fontenoy-faJoute et la part qui appartient audit s'' abbé an gagnage dudit lieu.

La ferme de la Forain avec ses dépendances.

Le dixmage de la Petite Ravon.

Un tiers aux grosses et menues dixmes de Moyen.

Les deux tiers aux grosses et menuës dixmes de Remoncourt.

Un tiers aux grosses et menuës dixmes de Brouville. Les deux tiers aux grosses et menuës dixmes de Reclonville.

Un tiers aux grosses et menues dixmes de Hab!ainv)tte. Dix-huit resaux froment, et six resaux d'avoine à Barbonville. Cette redevance a été venduë aux Jésuites du Noviciat de Nancy, et remplacée par l'achat des vignes de Moyen.

La part que ledit s~ abbé a dans les grosses et menuës dixmes de Deuxville, excepté la dixme de vin.

Le demi tiers aux dixmes de Crion et de Syonviller. La moitié des grosses et menuës dixmes de Vaqueville. (4) Les grosses et menues dixmes du ban de Plaine et dépendances, savoir Sauxure, Diespach, Benaville et Champenay. Les grosses et menuës dixmes du Puy.

Les dixmes de Vaqueville à cause de Venay.

Les dixmes de Bertrichamps, dépendance de la paroisse de Vaqueville.

La part du s** abbé aux grosses et menues dixmes du village de Neufmaison, dépendant de Vaqueville.

Les grosses et menuës dixmes du village de Saucy au Val de Senones. (2)

I! fut de plus arrêté qu'à l'avenir les religieux demeureroient chargés des réfections et entretiens des lieux réguliers, comme aussi des décimes, impositions et dons gratuits, et autres charges extraordinaires faites sur lesdits assignaux, dont lesdits religieux payeroient moitié contre le s~ abbé. De plus qu'ils vivront toujours en commun sans se séparer jamais de la table conventuelle, sinon en cas de grande nécessité, et par la permission du sr R. P. abbé; et au cas que le nombre des religieux diminueroit du nombre de dix, il ne leur sera rien diminué des assignaux ci-dessus; comme aussi s'il prend un religieux de la communauté pour gouverner son hôtel, il ne leur sera rien retranché; bien entendu que ce religieux jouira des rentes conventuelles comme un autre religieux. Tous lesquels articles furent agréés par l'abbé Lignarius, et les prieur et religieux composant la communauté de Senones, après avoir été proposés et arrêtés par le R. P. Antoine Doridan, abbé d'Etival, et D. Claude Riquechier docteur en théologie, prieur de l'abbaïe de S~ Evre, et Sébastien Thiriet

(1) On trouve ici ajouté, d'une écriture différëate: En tout 202 resaux froment.

(2) On a ajouté ici: «En tout i42 resaux seigle. ')

praticien à LunéviHe, et Jean l'Amance, prévôt de S~ Biez, comme juges arbitres choisis et désirés par les parties !e tout sous le bon plaisir de Sa Sainteté, lequel se poursuivroit à frais communs, et qui fut obtenu l'année suivante 4603, par bulle du pape Clément VIII.

XI. ERECTION DE L'!NF!RM!!R)E DE SBNONBS, d603. La même année ~603, l'abbé et les religieux de Senones aiant remontré au pape que D. Claude Ravi!ie, ancien abbé de ce monastère avoit donné un fond de huit mille frans, monnaie de Lorraine, pour, des revenus de cette somme, entretenir aux études les jeunes profès, ou autres religieux qui voudroient étudier; qu'après avoir satisfait à ses intentions, il restoit entre leurs mains ~400 frans, qu'il ne croioient pas pouvoir employer à d'autres usages, sans la permission expresse de Sa Sainteté, ils le prient de leur permettre d'ériger une infirmerie dans leur monastère, qui en manque, et d'employer cette somme à achetter quelques fonds pour l'entretien de cette infirmerie. Que leur abbé moderne offroit déjà aux religieux un appartement sain et commode, situé entre i'égtise de la Vierge et la grande cave du monastère. Le pape consentit

cet établissem*nt, par sa bulle du 3 des ides de juillet 4603. XU. BlBNS DE L'ABBAIB DE SBNONBS A BAR BONVILLB. En 1608, les religieux de Senones entrèrent en procès avec

les P P. Jésuites du Noviciat de Nancy, à l'occasion d'une rente qui étpit duë aux premiers sur les quartiers des villages de Barbonville et de S~ Marie, et sur les dixmes de Damelevière. Le prince Nicotas-François aiant cédé aux Jésuites en 4604, la terre de Barbonville ci-devant dépendante de l'abbaye de Moyenmoutier, ils demeurérent chargés de ladite rente envers les religieux de Senones, auxquels l'abbé Lignarius avoit cédé ladite rente en ~602. Elle appartenoit à l'abbaïe dez l'an 't295, et les religieux de Moyenmoutier avoient toujours exactement

acquitté cette rente, tantôt en grain, tantôt en argent, selon là commodité et du consentement des parties.

Les pères Jésuites aiant fait refus, en 1608, de payer cette redevance, et aiant soutenu que les pères de Senones ne l'avoient pas perçuë depuis 40 ans, ceux-ci obtinrent de Rome un brefapostolique en datte du 48 mars 609, portant commission à l'official de Toul de connoitre de cette affaire. Le procès dura plusieurs années entre les anciens religieux de Senones et les Jésuites. Après l'introduction de la réforme en ')6~)8, les Bénédictins réformés reprirent l'instance et obtinrent sentence du 9 octobre < 6~7, des échevins de Nancy, confirmée par arrêt de la cour de Parlement, par laquelle les Jésuites étoient condamnés à payer annuellement ci-après ladite rente, à restituer ce qui n'avoit pas été payé et à tous les dépens. Et par un accomodement qui suivit, il fut convenu qu'on la payeroit en argent, à raison de 16 frans barrois par resal de bled, et de 40 frans par resal d'avoine, pendant tout le tems que la guerre dureroit en Lorraine, sans aucune espérance de réduction. Dans la suite les Jésuites eurent le crédit d'obliger les Bénédictins à leur vendre cette redevance, dont !e prix fut employé à acheter les vignes de Moyen.

Quelque tems avant qu'on eût entamé cf procès, l'abbé Lignarius fut obligé de se transporter à Rome, pour se défendre contre François Terel, qui s'étoit fait pourvoir de la coadjutorie de l'abbaïe malgré lui, ainsi qu'on l'a vu. Le prince François de Vaudémont, qui avoit épousé en )597, Christine de Salm, une des deux héritières du comté de Salm, étant entré en jouissance de ce comté en ')604, trouva ce pays presque tout rempli d'hérétiques, par l'ignorance des prélats et des ecclésiastiques. H crut que le moien le plus efficace pour remédier à ces maux, étoit de s'adresser au pape, pour le prier d'y pourvoir. H envoia donc à Rome le s** Baretti avec des instructions dattées de Nancy le 30 juillet ~604, portant que M. Baretti remontreroit à Sa Sainteté

XU!. RÉFORME DE L'ABBAtE DE SENONES,

Que l'abbaïe de Senones étoit un monastère considérable dans le comté de Satm, où le prince de Vaudémont étoit seigneur régalien, le possédant avec les mêmes droits que les autres princes de l'empire possèdent leurs Etats. Qu'il étoit expédient et nécessaire que cette abbaïe fut gouvernée par des gens qui puss*nt attirer les hérétiques, dont le nombre étoit grand dans Je comté de Sa)m. Mais que tout au contraire, l'abbé Lignarius avoit peu de conduite dans les affaires, beaucoup de faiblesse dans le jugement, et d'une vie où il y avoit à redire. Le pape étoit supplié de faire informer contre lui, pour les informations vuës, Sa Saiateté ordonner ce qu'elle trouveroit à faire pour le bien de notre Religion. Le prince de Vaudémont étant allé à Rome peu de tems après la mort du comte de Salm, remontra au pape !e regret. qu'il avoit de voir dans le comté de Salm, qui lui étoit échu, un grand nombre d'hérétiques à cause de l'impunité et de la négligence des ecclésiastiques dudit comté, et entr'autres de l'abbé de Senones.

Le pape !oua le zèle du prince, et par un bref du ')') septembre ')60i, nomma commissaire pour informer, le prince Erric de Lorraine, évêque de Verdun, lequel arriva à Senones le 6 décembre suivant. Il entendit J'abbé, qu'il interrogea sur des points de notre religion fort communs; et l'on a publié que l'abbé n'avoit pû y répondre. H cita aussi plusieurs témoins qui déposèrent contre la conduite et les moeurs de i'abbé; et l'on a encore un gros procès-verbal contenant ces dépositions.

L'évêque ne passa pas outre dans l'information, à cause de quelques affaires survenues, qui l'appelèrent ailleurs. Mais en vertu du pouvoir qu'il avoit, il subdélégua l'official de Metz, qui par information trouva plus que le prince de Vaudémont n'avoit représenté. Car la plupart des témoins dirent qu'ils regardoient J'abbé comme un homme-sans raison, ni jugement, v

de peu de conduite et mauvais ménager; que t'abbaïe de Senones et ses dépendances étoient fort mal entretenues qu'elle étoit dénuée de toutes provisions; le bled mangé en herbe; de sorte que lors de son avènement à l'abbaïe, elle étoit meilleure de cinquante mille frans; aiant dissipé le bien par son peu de prévoiance.

Le prince de Vaudémont ne fut pas content que t'évoque de Verdun n'eût pas poursuivi l'information mais qu'il eût subdélégué l'Official de Metz pour )a continuer. Il en écrivit au pape une lettre très-forte, et accusa t'évoque d'avoir fait entendre sous main et par un tiers à )'abbé que son insuffisance trop bien reconnuë, lui feroit perdre son abbaïe; mais que s'il le faisoit son coadjuteur, il avoit les moiens et le pouvoir de le maintenir; que l'abbé irrésolu et sans jugement s'étoit laissé persuader et avoit donné une procuration pour faire le s~ évoque son coadjuteur; que t'évêque en étant saisi, n'avait pas passé outre, mais avoit subdélégué !'oË6cia! de Metz. Je crois, ajoute le Prince, que votre Sainteté n'approuvera pas cette forme de procéder, et je la regarde comme une offense qui m'est faite, parce qu'il sembleroit que j'eusse donné ouverture à cette poursuite, pour faire tomber obliquement l'abbaïe entre les mains de mon cousin je n'y ay jamais pensé; je serais marri que V. S. fût dans cette croyance, et je ne pouvois pas le faire par cette voye, sans préjudicier à l'autorité régalienne et au droit que j'y ay par indivis avec mon comparsonnier au comté de Salm, qui est luthérien, et ne le souffriroit pas, ainsi qu'il avoit fait paroitre par la protestation de nullité formée de sa part aux procédures de l'omciat. Il prie le pape de ne pas recevoir l'évêque de Verdun dans la coadjution de l'abbaïe de Senones, mais eu égard à t'insuuisance de l'abbé, d'ordonner que nouvelle élection fût faite d'un autre abbé par les religieux, comme on avoit accoutumé de tout tems, sous l'aveu et le consentement des comtes de Salm,

Le prince écrivit d'autres lettres sur le même sujet au cardinal Aldobrandini et au sr de S~. Léon. H les pria d'être

ses intercesseur: afin que la coadjution n'eût pas lieu mais que l'élection demeurât aux religieux, nomme du passé, sous l'aveu et consentement des comtes de Salm. Il écrivit encore à M. Baretti pour représenter les mêmes choses. Les informations contre l'abbé de Senones et les lettres du prince furent portées à Rome par un courier dépéché le 23 décembre ')604.

Le pape les aiant vuës prit avis des plus doctes de la Rote, qui jugèrent que l'abbé Lignarius seroit interpellé de faire un coadjuteur, comme étant incapable de l'administration de son abbaïe et de la dignité abbatiale. L'abbé refusa de faire un coadjuteur. Ce refus aiant été mandé au pape, Sa Sainteté dit à M'' Baretti d'écrire au prince de Vaudémont qu'il lui nommât un homme catholique et capable, et qu'il l'institueroit coadjuteur et administrateur du spirituel et du temporel de l'abbaïe de Senones l'abbé ne pouvant pas être déposé sans avoir été ouï, ce qui demandoit trop de tems. Le s** Terel informé de ce que le pape mandoit au prince, le supplia de choisir un de ses n!s, qui étoit au collége de Pont-à-Mousson, ou aiant achevé son cours de philosophie, il étudioit aux cas de conscience. Le prince de Vaudémout y

consentit sur le témoignage que les Jésuites donnèrent de la suffisante piété et religion du fils du s'' Terel, et le pape, ~o<M. proprio et ex certd scientia, comme il est énoncé dans ses bulles, créa coadjuteur de l'abbaïe de Senones, noble François Terel, religieux à Longeville, suivant l'élection que le prieur et les religieux de Senones avoient faite de sa personne; et après sa profession administrateur du spirituel et du temporel de l'abbaïe, Ce fut le pape Paul V qui lui accorda des bulles de coadjution, cum /M(M?'s successions, en ')606, en vertu desquelles il fut mis en possession de la coadjutorie. Il reçut l'ordre de la prêtrise et fit profession selon les statuts et coutumes du monastère de Senones, le 9 novembre de cette année, entre les mains de t'oSiciat, en vertu d'un induit particulier; et l'éveque de Toul, par ordre exprès de Sa Sainteté, contenu dans les lettres apostoliques de coadjution

et administration, avoit créé une pension de 3,000 francs barrois en faveur de l'abbé Lignarius.

Dom François Terel avoit pris l'habit de religieux dans le monastère de Longeville, mais il n'avoit pas encore fait ses vœux solemnels; c'est pourquoy François Thierry, qui en étoit abbé lui donna une permission par écrit, le i9 septémbre ')606, de passer au monastère de Senones, et il y fit profession, comme nous avons dit, le 9~ de novembre suivant.

Les prieur et religieux de Senones le reconnurent pour coadjuteur et administrateur de leur abbaïe. En effet, c'étoit eux qui l'avoient élû à cette dignité, et lorsqu'il en prit possession, ie )8 novembre, ils lui firent promettre: Qu'il se feroit promouvoir à )a prêtrise le plutôt qu'il pourroit. Qu'il résideroit à Senones, vivant en paix avec ses religieux comme un bon père avec ses enfans, et promettoient de le respecter. Qu'il entretiendroit ses religieux comme d'ancienneté, et les laisseroit vivre. tueusem*nt comme ils avoient appris dans les années de probation. Que dans un an pour tout délai il représenteroit à Sa Sainteté la forme de vivre observée de tems immémorial dans )e monastère, et la feroit autoriser et approuver, autant que faire se pourroit. Qu'il tiendroit irrévocablement l'accord passé entre D. Jean Lignarius leur abbé et eux, le 3 octobre 1602, confirmé depuis par le pape Clément VIII, pour faire jouir les religieux des biens à eux cédés par cet accord. Qu'il ne dérogeroit pas à l'ancien bien, qui leur appartenoit de toute ancienneté, et n'étoit pas compris dans l'accord. Qu'il donneroit communication à ses religieux des affaires concernant le domaine et les dépendances du monastère, et y procéderoit avec leur avis. Qu'il ne recevroit à profession aucun gentilhomme, noble, difforme, illégitime, ou aiant quelque défaut naturel.

Qu'il ne pouvoiroit des prieurés ruraux et des autres charges et offices tant de dedans que dehors )e monastère, que des religieux de Senones, et ce par élection des conventuels. Et comme l'élection qu'ils avoient faite de lui étoit personnelle

et particulière à lui, ils entendoient qu'il ne la pourroit céder ni transporter à autre, ni se faire un coadjuteur et successeur à l'avenir que par élection et le commun consentement des religieux.

Qu'il ne passeroit pas des admodiations générales et à longues années du revenu du monastère ou de ses dépendances conjointement ou séparément. Qu'il solliciteroit par toutes les meilleures voyes la réunion des prieurés, et des antres rentes et droits distraits de leur maison, conformément aux titres et instrumens qu'il en trouveroit. Qu'il tacheroit de méliorer et augmenter les biens du monastère. Enfin, ils le prioient d'affecter au couvent la thrésorerie, afin que cet office fut observé plus soigneusem*nt, parce .que chacun y aùroit égard.

XIV. AFFAIRE DE D. LIGNARIUS CONTRE FRANÇOIS TBRBL, 1606, ETC.

D. François Terel fit signifier au s'' abbé l'acte de sa profession le 16 novembre, avec nouvelle défense, en vertu du procès fulminé, de ne plus s'ingérer dans l'administration de l'abbaïe, ni de lever aucune rente.

Les bulles dudit François Terel furent aussi intimées en chapitre le ~)8 aoust 4606. L'abbé n'y fit point d'autre réponse que d'en demander copie ce qui lui fut accordé. Incontinent après, i!dépécha à Rome un messager, et vendit pour les frais, la bergerie de l'abbaïe. Le messager rapporta en diligence nne citation du 9 septembre, de l'auditeur des causes ordinaires de Sa Sainteté, portant défense à D. François Terel de fe troubler, comme il faisoit, sans savoir à quel droit, selon l'exposé de l'abbé, dans la jouissance de l'abbaïe, sons les peines portées dans la citation.

Au commencement de novembre, l'abbé fit intimer la citation à l'official de Toul et au coadjateur.Maisvoiantcequis'étoit passé, et que défense avoit été faite à l'admodiateur de Léo24

mont de délivrer à l'avenir les rentes du prieuré au sr abbé, il présenta requête au duc de Lorraine pour être maintenu en la possession du prieuré et de ses rentes; il obtint un arrêt de son conseil du 48 décembre ~606, qui empèchoit le coadjuteur de prendre possession dudit prieuré. H en obtint pourtant la permission le 36 février 1607, sur laquelle il se plaignit que Fabbé avoit fait emporter une partie des grains et revenus de Léomont. Assignation fut donnée aux parties au <7 mars, à laquelle le coadjuteur comparut, et remontra que n'étant pas seulement question de l'octroy d'une main levée, mais encore de restitution de fruits, cette action étoit purement personnelle, à raison de quoi il auroit décfiné et requis d'être renvoié par devant son juge ecc)ésiastique; vu même que la dimcolté étoit entre deux personnes ecctésiastiques et religieuses. De sorte que par arrêt du 23 mars, le coadjuteur fut débouté de son renvoy et contraint de procéder audit conseil.

Le coadjuteur, pour remédier, disoit-il, au mauvais ménage de l'abbé, voulut rompre les baux qu'il avoit faits à ses frères et à ses parens, suivant le pouvoir qu'il avoit d'affermer; mais il en fut débouté tant au bailliage de Nancy, qu'au conseil de S. A.

Pendant ces poursuites devant S. A., l'abbé voiant qu'on avoit aussi fait défense à l'administrateur du Moniet, dans le temporel de Févêché de Metz, de rien payer au sr abbé des revenus du prieuré, présenta requête au cardinal de Lorraine, évêque de Metz, et obtint un arrêt du 26 novembre 4606, par lequel le sgr évoque déclara nulle la défense, et ordonna à ses officiers de ne permettre aucun exploit ou mandement de justice être fait en aucun iieu de sa jurisdiction, sans sa permission expresse, ou de ses officiers; et maintint l'abbé en la jouissance des revenus étant dans son évêché. En vertu de ce décret, le s~ abbé demeura au Moniet jusqu'au 3 mars ~607, que le cardinal permit au coadjuteur d'y entrer. Mais l'abbé, par un deuxième arrêt du 7 mars, donné par le cardinal, se fit adjuger tous les fruits et revenus

du Moniet échos et perçus jusqu'au 3 mars, que le coadjuteur Y entra. Il s'adressa aussi au comte RhingraS, pour être maintenu en la possession du chef de son abbaïe et des autres biens en dépendans.

Il seroit trop long de rapporter tout le détail de ce procès, qui a été plaidé à Rome et dans le pays pendant six ou sept ans. Je dirai seulement que le 2 janvier <6~0,Dom François Terel qui plaidoit encore à Rome contre l'abbé Lignarius, in S<M~O Ps~<M SpON<oKct auditorio CO?'Œm R. P. D. Francisco Sarato, passa un acte par lequel il renonçoit entre les mains de'Sa Sainteté à la coadjutorie du monastère de Senones et à la future succession, en faveur du prince Charles, fils du prince François de Lorraine, marquis d'Hattonchatel, comte de Vaudémont, Clermont et Salm. Ce prince n'avoit encore que sept ans; il avoit accès et entrée à !'évéché de Toul. Tous les revenus de l'abbaïe de Belchamp lui étoient réservés, excepté cent écus pour la pension de l'abbé. Il avoit une pension de 3000 frans sur les revenus de la Primatiale et du prieuré de N.-Dame de Nancy, et de mille écus sur les fruits de la mense épiscopale de Toul.

Dans cet acte, François Terel demandoit une pension annuelle sur les revenus de l'abbaïe de Senones, ou plutôt sur le prieuré de S~ Michel de Léomont; ou bien s'il plaisoit à Sa Sainteté, eu égard aux grandes dépenses qu'il avoit faites, lui assigner pour pension tous les fruits dudit prieuré. Cet acte a été sans effet.

Car l'abbé Lignarius, qui depuis quelques années étoit à Rome pour se justifier, obtint une sentence de la Rote, qui contenoit son absolution et la condamnation de son adversaire. La bulle de son rétablissem*nt est du ~t7 aoust 4614. Elle porte qu'après que D. François Terel avoit été fait coadjuteur, l'abbé Lignarius s'étoit souvent plaint de la nullité du procès, de la subreption et obreption des lettres apostoliques de cette coadjutorie et du préjudice qu'elle lui avoit porté; que l'auditeur des causes du sacré palais aiant eu commission d'examiner toute cette affaire, plusieurs doutes ou cas de conscience

avoient été proposés dans ~auditoire des causes du palais, et toutes résolues en faveur de l'abbé Lignarius contre François Terel; que l'auditeur avoit procédé dans cette cause jusqu'à sa conclusion; et que s'il venoit à proférer une sentence conforme aux décisions des doutes, et en faveur de cet abbé, et que Dom François Terel en interjettât appel, il y auroit à craindre que ce procès poussé avec de grandes dépenses depuis plusieurs années, ne fût prolongé plus longtems, au grand préjudice du monastère de Senones et des parties plaidantes « Nos pro debito. praefatam et quascumque » alias causas super eisdem praemissis, quomodolibet intro-

» ductus ad nos avocavimus, et penitus extinximus, atque » annulavimus, ipsisque collitigentibus perpetuum desuper » sUentium interposuimus. insuperque dictum Joannem abbatem » contra et adversus constitutionem et deputationem ipsias » Francisci Terelli in ejns coadjutorem, ut prsefertar, factas, » in pristinum et cum in quo antiquum dictse iitteree emana» rent, quomodo libet erat, statum restituimus, etc.

XV. D. LIGNARIUB RÉTABLI DANS SON ABBAtB, 16«.

Ainsi par cette bulle D. Jean Lignarius fut rétabli dans ses

anciens droits; toutes les procédures faites contre lui en Lorraine furent cassées, et son adversaire débouté de son office et condamné aux dépens du procès, et à ]a restitution des fruits.

Plusieurs croioient que l'abbé ainsi victorieux retourneroit chez lui, mais ils se trompèrent; il resta à Rome, et ce fut pendant ce long séjour que la réforme fut introduite dans son abbaïe en ~618, comme nous le dirons ci-après. I) y avoit déjà du tems que les religieux de Senones appréhendoient la réforme, et dans le traité qu'ils avoient fait avec François Teret en 't606, lorsqu'il eut reçu ses bulles de coadjuteur, le 4~ article portoit que dans un an au plus tard le coadjuteur représenteroit à Sa Sainteté « la forme de vie de

a tems immémorial observée dans le monastère, et la feroit » approuver autant que faire se pourrdit. »

Le 6 may suivant, ils firent une protestation par écrit par devant le cardinal-légat, que les gardes posées dans leur monastère y étoient par ordre du sr Debets intendant des affaires de M~ le Rhingrave, qui comme protecteur de l'abbaïe vouloit empêcher l'introduction des réformés et qu'aucune nouveauté ne s'y fit; qu'autrefois ils avoient passé une promesse signée d'eux tous, que leur prieur avoit euë en main, portant qu'ils ne vouloient subir aucune réforme que celle qu'ils avoient apprise, vuë et entenduë en leur année de probation; i à moins que ladite réforme ne vint de Sa Sainteté, et ne fût généralement observée par toutes les maisons de l'ordre de S. Benoit.

En <6')2, le pape Paul V, donna un bref de commission en datte du 16 may, àM~deMaiilane, évêque de Toul, pour introduire la réforme dans le monastère de Senones. Voici ce bref.

XV!. BREF POUR LA RBFORNB DE L'ABBAtB DE SENONBS, 16~2.

« Paulus P. P. V. venerabilis Frater, salutem et Apostolicam » benedictionem. Alias pro nostro pastoralis oNcii debito refor» mationi ordinis S. Benedicti in Lotharingiae et Barri Ducatibus » invigilantes, Senone. Carolo, dum vixit, S. Agathae diacono » Card. à Lotharingia nuncupato nostro et Apostolicae sedis in » Ducatibus praedictis de latere Legato, per alias nostras in » simili forma brevis litteras injunximus quatenus per se, vel » vicarios suos, cum aliquibus monachis professionis et refor» mationis Cassinensibus Monasteria omnia non reformata, » et Prioratus infra limites suae legationis consistentia, nostra » autoritate visitaret et sciret an in eorum singulis debitus » monachorum numerus adesset. Quod si hujusmodi numerum » tam in Monasteriis, quàm Prioratibus prœfatis non reperiret, » eorum singulis tantum assignaret monachorum numerum, » quantum commodé posset sustentari; neenon in Monasteriis

» et Prioratibus in quibus debitus numerus non reperiretm*, » statim alios exatiis monasteriis evocando numerum compleret, » iisque praeciperet in virtute sanctae obedientiœ ut sine mora s sese transferrent ad monasteria vel Prioratus sibi designatos non obstante quovis voto stabiHtatis, quod se fuisse pre» tendere possent. Super quo idem Carolus dispensare posset. » Si autem aliqua Monasteria evaeuarentur, in mis introducere novas plantas quae juxta Sedis Apostolicae ac S. Benedicti » eorumdem locorum fundatorum intentionem irrigarentur; iisque Regulam ipsam et Constitutiones juxta reformationes congregationum, et potissimum Montis Cassinensis, obser» vandus à variis Pontificibus Rom. et praesertim, fé)ic. » record. Gregorii Papee XIII, pt'œdecessoribus nostris » approbatas proponeret, aliaque faceret et exequeretur prout »in dictis litteris plenius continetur. Ac subinde per illos » accepto quod dictus Carolus cardinalis praeventus morte, »susceptum ab eo visitationis munus fine debito terminare non potuerat, et mu)ta quse in dictis litteris mandavimus exe1 cutioni demandata non crant, nos motu proprio et ex » certa scientiâ nostrâ, ac de Apostoticâ potestatis plenitudine prim6 venerabili fratri Errico Episcopo nuper Virdun. Per quasdam. ut adjunctis sibi aliquot personis moribus, t doctrinâ et experientia conspicuis, ad totalem primodictarum » litterarum executionem in civitate tamen Virdunensi et provinciisLotharingiaeB. Mem. CarotoLotharingise Duci subjectis » dumtaxat, servatâ alias in omnibus primodictarum litterarum formâ et deindé factâ per dictum Erricum Episcopum » cessione regiminis et administratione dictae Ecciesise, fraternitati tuée per alias nostras litteras commisimus et mandavimus, ut ad totalem primodictarum litterarum executionem »juxtà tamen posteriorem litterarum nostrarum dicto Errico Episcopo directarum tenorem, et servatâ aUas, prout in »singulis litteris praefatis plenius continetur. Cum autem sicut nobis nuper exponi fecisti, ad totalem litterarum » prsefatarum executionem juxtà earum formam et facultatem » tibi in etsconcessam.MonasteriamveroS. Petri Senonens~s

? ejusdem ordinis, nuUius seu Tullensis dioecesis, quod non »in ducatu Lotharingiae, sed in comitatu de Salm dictée nullius seu Tullensis diœcesis situm existit, reformatione indigeat. NosUiiusfeticigubernioprospicRrevotentes, eidem fraternitati tuée, ut tanquam noster et Sedis prœfatae delegatus, Monasterinm S. Petri praefatum tam in capite, quam in membris juxta dictarum litterarum ipsi Episcopo Errico, et tibi aUàs t directarum, continentiam et tenorem, et servatâ iitarum » formé. et non aliàs, perindè ac si in dicto Ducatu situm esset, visitare liberè et licite possis et valeas, plenam, iiberam et omnimodam facultatem et autoritatem tenore f pra;sentiumconcedimus et impertimur, nonobstantibus omnibus quae in singulis litteris praefatis voluimus nonobstare; cœterisque contrariis qaibuscumque. Datum Romae apud S. »Petrum sub annulo piscatoris, die 46 maii 1612. Pontificatûs ï' nostri anno septimo. S. CobeHutius. »

M. de Maillane ne put fulminer et mettre à exécution ce bref du Pape qu'en 16~)8, six ans après qu'il l'eût reçu. Les dif5c.u)tés que le comte du Rhin fit d'y donner son consentement, furent la cause de ce retard. Cela conste par une lettre du prince de Vaudémont écrite de Nancy le 24 aoust de ladite année, à Mgr de Maillane évoque de Toul.

« Monsieur, j'ay fait entendre à mon cousin le comte du » Rhin, le bref que vous avez obtenu du Pape pour réformer » l'abbaye de Senone. Il répond qu'étant catholique, comme » il est, il n'empécheroit pas non plus que moy, ladite s réforme. Mais quant à son frère, qui est de la religion prétendue réformée, et autres mineurs qui ont part comme » lui au comté de Salm, ou ladite abbaye est assise sous

» notre protection et autorité régalienne, il ne peut permettre s ladite réformation; d'autant qu'il en seroit responsable envers s eux pour l'intérest qu'ils y pourroient prétendre. » Les anciens religieux de Senones n'apportèrent pas une moindre répugnance à la réforme. Quatre d'entr'eux avoient pris l'habit de la réforme dans la congrégation de S~ Vanne, e~ y avoient renouvellé leur profession savoir, D. Nicolas

Mathias (ou Mathis), D. Philippe Colard, D.- Didier Fient, et D. Jean Errard, tous à S. Vanne, le 1er, le 7 octobre <603, le 2e le 23 janvier 1604, le 38 et le 4e le 31 mars <609. D. Philippe Colard est le même que le R. P. D. Philippe François, depuis abbé de S~ Airy, si connu par sa sainteté et par les ouvrages de piété qu'il donna au pub!ic. L'évéque de Toul envoia à Senones le R. P. D. Claude Riquechier, prieur de S~ Evre, pour porter les anciens Religieux à recevoir dans leur monastère leurs quatre confrères, qui avoient embrassé la réforme. Ils le refusèrent et écrivirent au prince de Vaudémont, qu'il ne pouvoient prendre aucune résolution sur la proposition qui leur avoit été faite par le 'sr prieur de S~ Evre, sans scavoir auparavant la volonté de leur abbé, qui étoit à Rome. Le prince leur récrivit de Nancy le ~.aoust ~6'~6, qu'il n'étoit pas question de recevoir dans leur monastère des religieux étrangers, mais des personnes qui étaient du corps de leur couvent, et n'en devoient pas être exclus parcequ'ils en étoient sortis depuis quelques années pour apprendre la perfection de la règle de S. Benoît. Il les exhortoit à s'accomoder avec eux, et de prendre leur résolution avec le prieur de St Evre, qui devoit faire incessament un second voyage chez eux. Qu'ils n'avoient pas besoin d'attendre le consentement et la permisson de leur abbé, pour recevoir dans leur monastère des gens de bien, leurs confrères et enfans de la maison puisqu'on lui avoit remontré que la règle les obligeoit même à ouvrir leurs portes jusqu'à trois fois aux apostats, sans aucune délibération ni remise. Outre que vous ferez, dit-il, une œuvre pleine de mérite envers Dieu, vous me donnerez une occasion d'embrasser d'un meilleur coeur la protection de votre monastère, etc.

Les choses restèrent encore dans cet état pendant deux ans. L'abbé, qui étoit à Rome, refusa de consentir à l'introduction des réformés, et même présenta une supplique le 23 février 16<6, contre les anciens religieux pour faire casser le traité de la séparation de mense de 4602, sous prétexte qu'ils ne lui rendoient aucune obéissance et respect; qu'ils contrevenoient

tous les jours aux conditions du susdit traité; qu'itsrefusbient de recevoir les religieux ou novices qu'il envoioit qu'ils s'approprioient les revenus à eux assignés, et entretenoient à peine la moitié du nombre des religieux dont on étoit convenu, qui étoit de dix prêtres et quatre novices.

Enfin, on se lassa de ces longueurs. Le prince de Vaudémont, le 2< janvier 4618, envoia une lettre de cachet à son prévôt de Senones, dans laquelle il lui ordonnoit de ne pas empêcher, mais d'assister les Pères Bénédictins qui alloient à Senones, pour donner ouverture à la réforme du monastère. Voici la lettre de cachet.

« De par le Marquis d'Hattonchâte), comte de Vaudémont de Salm.

Ame et féal, désirant que la réforme soit introduite »dans le monastère de Senones, j'envoie le s'' prieur de S. » Evre auprès des Prieur et Religieux de Senones, afin qu'il » leur apprenne mes intentions, et les assistez pour traiter » de la réforme avec le Président et les Religieux de la Congré» gation de S' Vanne; et que cependant les Religieux de »Senones reçoivent parmi eux les Pères Nicolas Mathias, » Didier Pient et Vincent Henri, ancien profés de leur monastère. » C'est pourquoi, Nous vous mandons de ne pas empêcher » le sr prieur de S~ Evre, mais de le fortifier aux occurenses » à t'eSet de notre bonne intention, selon qu'il vous en » requierera. Signé François de Lorraine. »

Le prince de Vaudémont, qui prenoit à coeur la réforme,

écrivit le 27 janvier au comte du Rhin son cousin, et lui mandoit qu'on lui avoit dit que les religieux de Senones feroient quelques di(ï!cuités de recevoir en leur monastère la réforme, selon les voyes qui avoient été proposées, craignant que leur abbé n'en prit sujet de se plaindre d'eux; qu'ils n'avoient pas le pouvoir d'admettre par leur aveu ou consentement particulier aucune personne dans leur monastère sans sa permission, ou de quelqu'autre plus grande autorité; que de là il étoit persuadé qu'il valoit mieux que t'évéquedeTout introduisit la réforme en vertu de son bref: en quoy, dit-il,

je ne vois aucun inconvénient pour nous; puisque le tout se fera sous le mandement ou l'autorité du Pape que tous les catholiques reconnoissent souveraine dans les affaires spirituelles. C'est pourquoi je n'ay fait aucune dimculté d'y donner mon consentement, et j'espère que vous n'en ferez aucune de donner le vôtre, pour ce qui vous touche, afin que l'exécution d'une si bonne œuvre ne soit pas différée plus longtems. Le comte du Rhin récrivit au prince de Vaudémont, qu'il désiroit que les transactions passées avec les abbés de Senones fussent ratifiées du Saint-Siège, avant que de procéder à l'introduction de la réforme. Le Prince lui manda que ce n'étoit pas une chose qui pût se faire tout d'un coup; puisque le consentement des religieux n'y étoit pas tant requis que celui de l'abbé, dont il connoissoit)a cervelle et les irrésolutions. Il ajouta d'autres raisons et ses prières, afin de le disposer à consentir à une entreprise, qui étoit déjà bien commencée. On peut voir la lettre que Je prince de Vaudémont écrivit à l'évéque de Toul en datte du 1~ février ~8, où il lui fait ce détail.

Les Pères D. Nicolas Mathias, Didier Pient, Philippe Colard et Jean Errard, qui étoient profès de Senones, et avoient embrassé la réforme de S. Vanne, présentèrent leur requête aux s~ comtes de Salm, leur exposant, que depuis quelques années ils avoient vécu dans la congrégation des Pères réformés de leur ordre en Lorraine, afin d'y apprendre et pratiquer l'exacte observance de la discipline régulière suivant les constitutions de leur ordre, sans néanmoins avoir eu l'intention de renoncer au droit que leur réception et profession dans le monastère de Senones leur avoit acquis et donné mais que depuis leur retraite, ie nombre des religieux nécessaires aux offices et aux charges du monastère étant si diminué, qu'il étoit besoin d'y pourvoir, eux qui avoient conservé dans leurs cœurs l'affection qu'ils devoient à la maison où ils avoient pris l'habit de la religion qu'ils professoient, se sentoient obligés de tâcher d'y rentrer, pour y rendre le service qu'ils devoient. Us supplient les comtes de Salm qu'en faveur de leur bonne

intention et la justice, ils ordonnent à leurs officiers de ne pas empêcher leur rétablissem*nt dans ledit monastère de Senones; mais lorsqu'ils en seroient requis de le favoriser, de les assister, et leur faire fournir les aliments dans le monastère, auxquels la mense conventuelle étoit obligée par tacite hipothèque.

Les comtes aiant décrété cette requête et donné leur consentement à l'introduction de la réforme, le sr Dieudonné de Laitre, prêtre du diocèse de Toul, en vertu du mandement du sgr évoque, en date du onzième janvier ~6~8, intima le bref apostolique le 8 mars suivant aux prieur et religieux de Senones, étant tous assemblés au réfectoire, messire François Mallans prieur claustral, Nicolas Regnault, Jean Maire, George Cuny, Estienne )e Mansce et François Terel, tous religieux prêtres et profez du monastère, lesquels d'un consentement unanime déclarèrent qu'ils étoient enfans d'obéissance, prêts d'obéir en tout et partout, et autant que leurs infirmités pourroient permettre, au mandement de Sa Sainteté, et aux lettres des s~ comtes de Salm.

D. François Terel, en qualité de coadjuteur, ajoûta qu'il avoit toujours désiré et procuré selon son pouvoir la réforme du monastère, prévoyant le grand bien qui en résulteroit par le bon exemple et la saine doctrine des Pères réformés, qui y seroient introduits, pourvû néanmoins que son droit de coadjuteur lui fût conservé, et que l'autorité des ss" abbés ne fût pas altérée par cette introduction.

Le 25 aoust de ladite année, D. François Terel aiant cédé aux religieux réformes, qui étoient alors en possession du monastère de Senones, tout le droit qu'il pourroit prétendre comme religieux de l'abbaïe, sur tous les revenus de la mense conventuelle, le P. D. Nicolas Mathias, qui a été le premier prieur de la réforme, en considération de cette cession lui accorda une pension de 600 frans barrois, pendant le tems seulement que les réformés jouiroient du bénéfice et profit de ladite cession paisiblement.

L'évoque de Toul, par acte du <2 mars de ladite année,

défendit au prieur claustral et aux anciens religieux, de Senones de plus recevoir à la véture aucun novice qu'il n'embrassât la réforme, ordonnant que s'il y avoit dans le monastère quelques novices qui n'eussent pas encore fait profession, on les avertit sur le champ, ou de quitter l'habit, ou d'entrer dans un monastère réformé de Lorraine, pour y être éprouve, et pour éprouver eux mêmes s'ils pouvoient pratiquer la réforme, et déclaroit nulle la profession qu'ils pourroient faire autrement.

Le même évéque aiant uni et incorporé, par acte du 26 mars 46~8, le monastère de Senones à la congrégation de S~ Vanne et de St Hydulphe, et y aiant introduit des religieux réformés de ladite congrégation, du consentement du S'' prieur et des anciens, il prescrivit à ces derniers les règles d'une manière de vie honnête, comme il avoit déjà fait dans les autres monastères du pays de l'ordre de S. Benoit, dans lesquels il avoit introduit la réforme par commission du S* Siège. Ces articles sont au nombre de ')4.

XVII. ARTICLES POUR LES ANCIENS RELIGIEUX DE 8ENONES, ~8.

Les religieux anciens résidans dedans ou dehors i'abbaïe seront vêtus d'habits honnêtes, religieux et convenables à leur profession savoir de robes longues et d'un scapulaire avec la gorne, lorsqu'ils se trouveront à l'église et allant aux champs, i)s porteront une soutanelle ou robe courte avec ie scapulaire; et de six semaines en six semaines, ils feront renouveller leurs couronnes et raser leurs barbes; en sorte qu'ils soient reconnus pour religieux dans leurs ports ou habits extérieurs. 20 Les clefs des portes du ctoitre seront entre les mains du prieur ctaustra) et du plus ancien religieux en son absence, afin que les portes soient fermées et ouvertes à heures duës et compétentes. Ils ne sortiront du monastère pour aller promener deux ou plusieurs ensemble, comme du passé, qu'à charge de retourner dans le tems qu'il conviendra d'assister

aux offices auxquels ils seront obligés d'être présens. Eviteront les compagnies et hantises scandaleuses, et ne se trouveront point dans les festins de n6ces ou de bâtême, et ne tiendront point d'enfans sur les fonts.

3° Ils auront chacun le pouvoir de percevoir les fruits et revenus de leur pension, pour les emploier. à se nourrir et entretenir, sans se les approprier.

4° Ils rendront l'honneur et l'obéissance à leurs supérieurs dont ils subiront la correction, si le cas y échoit. Jouiront néanmoins du privilége de leur confraternité, avec les deux abbaïes voisines.

5° Ils tiendront leurs chambres meublées de peintures honnêtes et d'images dévotes, et de livres de doctrine et de dévotion. Emploieront tous les jours quelque tems à la lecture, afin de se rendre capables de leur vocation et de parvenir à la perfection religieuse.

6° Ils assisteront aux chapitrer et assemblées qui se feront tous les quinze jours, où après avoir traité de leurs affaires temporelles, il y sera fait quelque exhortation selon la discrétion du supérieur, pour le bien spirituel et le salut des âmes. Dans les autres chapitres extraordinaires, on suivra les coutumes anciennes.

7° Ils diront leurs heures selon l'usage du breviaire monastique réformé suivront le chant des réformés. En tout lieu et en tout tems le prieur après l'abbé aura le premier rang et les anciens religieux après, comme du passé. Les réformés seront les derniers tant aux processions et dans l'église qu'ailleurs.

8" Ils assisteront tous les jours à la grande messe et aux vêpres. Les matines seront à leur dévotion; mais ils se trouveront à toutes les heures ès jours de Noël, Pâqoes, Ascension, Pentecôte, Fête-Dieu, S. Pierre, la Toussaint, S. Siméon, S. Benoit, la Dédicace et les fêtes de N.-Dame; continuant dans la louable coutume qu'ils ont de fréquenter souvent le sacrement de Pénitence et de dire la messe. 9" Ils feront pour le service de l'église et des messes or-

dinaires et de fondation, suivant ce qui a été par nous réglé et ordonné dans les articles de l'introduction de la réforme. <0" Assisteront autant qu'ils pourront au saint service, aquittant les messes ordonnées pour les confrères de Senones et des abbaïes voisines.

«" Diront chaque mois une messe à l'intention des bienfaiteurs, et une fois l'office des morts.

<2° S'abstiendront de manger de la viande pendant l'Avent, tous les mercredis de l'année, et les vigiles de la S'" Vierge. <3" Ils n'iront aux champs qu'avec la permission du supérieur; et les affaires faites, ils retourneront an monastère dans le tems ordonné.

<4" Lorsqu'ils tomberont malades, le supérieur y pourvoira promptement tant pour la santé de l'âme que pour celle du corps.

Les anciens religieux n'aiant pû se résoudre à embrasser la réforme, témoignèrent que pour la vie honnête qu'on leur proposoit, ils étoient prêts de l'embrasser et de s'y conformer. Et d'autant que le nombre ordinaire des religieux de l'abbaïe est ûxé, par les traités passés avec les abbés, à dix pr~M et quatre novices, et que pour Je présent ils ne sont que sept prêtres et deux novices, ils consentent que l'on introduise dans le monastère le nombre de religieux réformés qui pourra être nourri et entretenu des prébendes des trois prêtres et des deux novices qui manquent au nombre prescrit, avec lesquels les anciens religieux ne feront qu'un corps de communauté pour traiter les aSaires tant spirituelles que temporeUes dudit monastère aux conditions et modifications suivantes

XVIII. AUTRES ARTICLES

POUR LB8 RELIGIEUX ANCIENS ET LES RÉFORMÉS DB SENONES, 16~8. 4° Que les religieux réformés incontinent après leur introduction, seront chargés de la célébration de tout !'o<Bce divin; célébreront toutes les messes hautes et conventuelles, de même que celle qui se dit tous les jours à l'autel de S. Siméon, et

celle des frères, qui se dit tous les lundis, et la messe de la Passion, qui se dit tous les vendredis; et enfin les fondations faites au monastère, moiennant les conditions desdites fondations mais les anciens demeureront chargés des messes de N.-Dame et de S. Pierre qu'ils acquitteront chacun à leur tour. 3° Les anciens assisteront à la messe et aux vêpres, et se conformeront au chant et au breviaire monastique; maisles matines et les autres heures du jour demeureront à leur dévotion. 3° L'introduction de la réforme ne pourra porter préjudice aux droits, priviléges, immunités, autorités du s~ abbé, ni à celles des abbés ses successeurs.

4° Non plus qu'au droit de coadjution du sr François Terel, lequel a jugé l'introduction de la réforme très-utile pour le bien et l'avancement spirituel, non seulement dudit monastère, mais aussi pour tout le comté de Salm, qui par la bonne vie et salutaire doctrine de ses religieux pourra être garanti de t'héréaie et préservé de la corruption des moeurs. 50 Les anciens seront gouvernés par le sr prieur en l'absence du sgr abbé, conformément aux articles de la vie honnête auxquels ils se sont soumis. Jouiront des droits, priviléges et immunités des religieux réformés de la congrégation de S. Vanne; participeront, tant à la vie qu'à la mort, aux prières, sacrifices, mérites et bonnes œuvres qui se feront dans ladite congrégation; et pourront s'ils le jugent à propos, envoier leurs députés au chapitre général.

6° Les rentes et revenus du monastère se partageront en dix portions égales, sept desquelles demeureront aux anciens religieux et les trois autres seront pour les réformés. Et comme il n'y avoit alors aucun religieux résidant au prieuré du Moniet, il fut convenu que celui, ou ceux qui voudroient y aller faire résidence le pourroient faire en acquittant les charges, et jouissant cependant de leurs cottes du revenu du monastère.

8° Ceux qui voudront aller étudier aux universités, recevront 500 frans par an, sans être obligés à aucune charge ordinaire ou extraordinaire du monastère; à moins qu'il n'y arrive une

perte excédant la somme de 200 frans auquel cas ils fourniront à ladite perte selon leur cotte et pour le dixième. 9° Si un ancien religieux est pourvû d'un prieuré, ou autre bénéfice égalant ou excédant la valeur de sa portion monacale, il sera obligé, après an et jour de possession paisible, d'abandonner aux religieux réformés sa portion monacba!e et sera dès lors déchargé de tout service et de toute charge du monastère.

10° Si le bénéfice étoit de moindre valeur que sa portion monacale, les réformés seroient tenus de lui donner autant qu'il faudra pour égaler la valeur dudit bénéfice, à celle de la portion ou prébende ordinaire.

41° A mesure que les portions des anciens viendront à vaquer, soit par mort, provision de bénéfice, libre cession ou autrement, lesdites portions reviendront aux réformés, qui seront obligés alors d'accroître le nombre de leurs religieux, en déchargeant d'autant les anciens des charges du service divin et autres charges. Et encore à condition que le revenu courant de l'année dudit religieux décédé sera employé à payer ses dettes, s'il en a, et à faire prier pour lui.

~2° Les réformés jouiront dès le jour de leur entrée de tous les revenus de la trésorerie, par la libre cession qui leur en a été faite par Messire François Mallan, sacristain, et porteront aussi les charges auxquelles ledit sr trésorier étoit auparavant obligé.

13° L'usage des meubles, joiaux, argenterie, ornemens d'église et livres de la bibliothèque sera commun aux anciens et aux reformés. Mais ceux-ci en recevront la garde par inventaire, pour en rendre compte quand ils en seront requis. 44° Les religieux réformés auront pour demeure la moitié du dortoir, depuis le dessus de l'escalier dudit dortoir, jusqu'à la fenêtre proche la bibliothèque et l'on fera une séparation en planche pour partager ledit dortoir.

15° Et comme les anciens ne peuvent encore se passer du réfectoire et de la cuisine ordinaire, les réformés auront pour leur usage le logis appelé l'InËrmerie; à condition que la chambre

d'en haut sera pour l'usage de M. Je coadjuteur, quand it sera au monastère, seulement le grand jardin qui est derrière ledit logis, sera aux réformés mais la moitié des fruits sera réservée aux anciens. L'usage du four demeurera commun aux uns et aux autres.

16° Les religieux tant anciens que réformés résidants au monastère, formeront et représenteront le chapitre de Senones, et traiteront et arrêteront les anaires concernant l'utilité du monastère. Toutefois dans le cas d'élection d'abbé et de passation des baux, à plus longues années que les saints canons ne le permettent, on sera obligé d'appeler les religieux résidants au dehors dans les prieurés dépendans de l'abbaïe. 47" Les titres de l'archive seront gardés sous trois clefs, ainsi qu'il a été ci-devant arrêté entre le sr abbé et les religieux. 480 Il ne sera permis à M. le prieur des anciens de recevoir à l'avenir aucun novice, ni à l'habit ni à la profession, sous peine de nullité; à moins que ledit novice ne veuille vivre suivant l'étroite observance.

<9° Et comme les deux novices qui se trouvent actuellement au noviciat, ont promis de vivre selon ladite observance, il leur a été accordé qu'ils seront reçus au noviciat.

30° Tous ces articles, charges, conditions et modifications aiant été agréés des deux parties, et les anciens aiant promis de recevoir sous ces conditions les réformés dans le terme de quinze jours; et les réformés s'étant engagés de faire ratifier et confirmer toutes ces choses par M~ t'évoque de Toul, commissaire apostolique, on en dressa un acte autentique le 18 mars <6<8. XtX. L'ÉVOQUE DE TOUL FAIT EKTRER A SEKOKBS LES RELIGIEUX RÉFORMÉS, t6~8.

En conséquence de cet accord, M~ Jean de Porcelet de Maillane, évêque de Toul, délégué du pape Paul V, agréa les articles dont nous venons de parler, et donna ses patentes pour l'introduction des religieux réformés dans t'abbaïe de Senones, le 26 mars ~648, rappelant tous les articles ci-dessus,

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et ajoutant seulement certaines explications pour plus grand éclaircissem*nt, notifia qu'il unissoit et associoit le monastère de Senones à la congrégation de S. Vanne et de S. Hydulphe, et déctarait les anciens participant de tous les mérites et bonnes oeuvres qui se font et feront en ladite congrégation. En même tems il dressa les règlemens selon lesquels devoient vivre les anciens religieux de Senones, comme on les a rapportez ci-dessus.

Alors les quatre religieux profès de i'abbaïe de Senones, savoir, D. Nicolas Mathias, D. Didier Pient, D. Philippe Colart (c'est D. Philippe François, depuis abbé de S~ Airy de Verdun), et Jean Evrard, qui depuis quelques années avoient quitté leur monastère pour vivre selon la réforme de S. Vanne, demandèrent et obtinrent la permission de rentrer dans le lieu Je Jeur profession, et ce par une requête présentée aux sgra comtes de Salm.

XX. LES COMTES DE SALM DEMANDENT QUE LES ANCIENNES TRANSACTIONS SOIENT RESPECTÉES, ')618,

Les seigneurs comtes de Salm, qui favorisoient cette introduction, craignant que dans la suite les religieux réformés ne se pourvussent contre les transactions passées entr'eux et les abbés de Senones, demandèrent que le chapitre général qui se devoit tenir à S. Mansuy, le 7 may 1618, donnât un acte par lequel il déclarât que les religieux de Ja congrégation de S. Vanne et de S. Hydulphe nouvellement introduits au monastère de Senones, ne sont établis poM~ jouir seulement des alimens établis aux religieux par la mense, qui d'autorité apostolique leur a été séparée de l'abbatiale, sans qu'en façon que ce soit, ils se veuillent, ou doivent t~eT'er pour trouver à redire, ou disputer les transactions ci-devant passées entre a vea~e, comtes et les abbés de Senones. Ce qui fut effec~esa. s~ com~ e< s" aM)~s ae Se~oMM. Ce qui fut eSectivement dëctaré par )e chapitre général. Mais ni le s~abbé, qui étoit à Rome, ni les anciens qui formaient la plus grande partie de la communauté, ni même les religieux particuliers réformés de Senones, ne donnèrent point d'acte pareil. Il n'en

est rien dit dans les lettres patentes de l'introduction de la réforme; et jusqu'ici on n'a eu aucun égard à cet acte du chapitre générât, qui ne pouvoit de son autorité déroger aux droits de l'abbé et de l'abbaïe de Senones la réforme y aiant été introduite non pour détruire et abolir, mais pour soutenir et affermir ses droits et priviléges.

XXI. L'ABBË LIGNARIUS S'OPPOSE A LA RÉFORME INTRODUITE ASENONES,')6~)9,')680.

D'un autre côté, t'abbé Lignarius, qui étoit à Rome, piqué de ce que l'on avoit mis la réforme dans son abbaïe sans sa participation; et surtout que les religieux réformés eussent reconnu François Terel, son antagoniste, pour vrai coadjuteur, présenta sa supplique au pape en 16') 9, se plaignant de certains religieux réformés, qui s'étoient emparés de son monastère, et avoient permis aux anciens d'en sortir et de vivre en vagabonds et sans discipline, priant Sa Sainteté de faire juger sommairement cette affaire.

II obtint un décret te ')0 janvier 1620, qui l'autorisoit à renvoier les religieux réformés, qui s'étoient, sans aucune permission, introduits dans son monastère, et d'y faire rentrer les anciens qui en étoient sortis. Mais comme on n'avoit point ouï les raisons des défendeurs, il intervint un autre jugement, le 12 juin et le 24 novembre 162t, qui maintint les réformés dans la possession de la maison de Senones. On produisit même un acte de consentement de t'abbé Lignarius par lequel il se soumettoit à la congrégation de S. Vanne. En effet, dès l'an ~606, ne pouvant réussir à introduire la réforme dans son abbaïe, il offrit à la congrégation son prieuré de Léomont, ainsi que nous l'avons vù, pour y vivre suivant les régies de l'étroite observance, à la tête d'une communauté de religieux réformés, auxquels il prioit que l'on assignât les revenus de la mense conventuelle de Senones; s'offrant de donner aux anciens une portion des biens de leur mense, qu'ils iroient consumer où ils jugeroient à propos. It paroit qu'alors il s'étoit

absenté de son abbaïe pour se soustraire aux insultes et aux mauvais traitemens qu'il craignoit [de la part de] ses religieux.

XXII. VICARIAT APOSTOLIQUE DANS LA TERRE DE 8AHI, 16~8.

Nous avons vu que vers l'an 4550, les comtes de Salm avoient embrassé les erreurs de Luther. Le comte Philippe de Salm étant à Rome en 1591, avec le cardinal de Lorraine, abjura le Luthéranisme, dont il faisoit profession. A son retour en Lorraine, il chassa tous les hérétiques qui se trouvèrent dans son comté de Salm. Mais il est malaisé de déraciner si promptement cette mauvaise sem*nce lorsqu'elle a pris racine dans un pays. L'hérésie n'en fut entièrement bannie que longtems après.

Le prince François de Vaudémont, connu depuis sous le nom de François II, duc de Lorraine, et père du duc Charles IV, avait épousé en 1597, Christine de Salm, qui lui apporta la moitié de )a terre de Salm en mariage. Ce prince mit tous ses soins à bannir entièrement de la portion du comté de Salin qui lui étoit eschuë, les restes de l'hérésie, et nésolut d'y faire établir un vicaire apostolique, pour veiller à la conservation de la religion catholique, arracher les restes de l'hérésie et en empêcher le progrés.

J'ay en main un mandat impérial de l'empereur Ferdinand II, donné à Vienne le 28 novembre 1624, de ses règnes des Romains le 6°, de Hongrie le 7e, de Bohème le 8", qui ordonne à son amé et féal (apparemment le comte François de Vaudémont), d'exterminer du comté de Salm, dont il possède une partie, la secte et schisme de Calvin afin que la vraie foy et religion catholique y soit introduite, plantée et maintenuë.

Pour cet effet, le comte de Vaudémont demanda au pape qu'il lui plût établir un vicaire apostolique dans le comté de Salm, attendu qu'une partie de cette terre est dans le territoire de l'abbaïe de Senones, qui est exemte de ia jurisdiction épiscopale de Mgr Févéque de Toul et soumise immédiatement au S' Siège. Le pape accorda la grâce en 4618. Je ne trouve

pas le nom du premier vicaire apostolique; mais on a des lettres de M. le comte d~ Salm au R. P. Dom Hyppolite Boban qui étoit prieur de Senones en 4626, par lesquelles il le prie de prendre la charge de vicaire apostolique pour tout le comté de Sa)m, sous M. l'abbé de Haute-Seille. A ce premier vicaire apostolique succéda un autre abbé de la même abbaïe nommé Bernard, qui en 4634, fit la visite du comté de Salm accompagné de D. Hyppolite Boban, prieur de Senones, son associé dans ladite visite; et y firent ensemble des ordonnances, que nous avons encore.

D. Hyppolite Boban, dont on vient de parler, avoit fait profession dans l'abbaïe de S~ Mihiel le 43 aoust 'i6~3. H mourut à Mortau le ~)6 novembre <638. Il se distingua par sa vertu et son attachement à ses devoirs. II fut visiteur et définiteur, et prieur dans divers monastères. D. Pierre Munier a donné sa vie, qui est très-édinante, dans le 3" tome de l'histoire de notre réforme, page 458. Il fut le premier prieur religieux de la congrégation, qui posséda en titre le prieuré de MervaviIIe. Il en fut pourvû en ')634. (~o~M suite des prieurs. ibid. p. 637.) En 4634, la communauté de Senones y nomma, p. 628.

On lit dans la vie du B. Pierre Fourier, qu'en '<63o, l'hérésie de Calvin faisoit de très-grands ravages dans la terre de Salm; l'erreur et le libertinage y triomphoient; les jeûnes ecclésiastiques et l'abstinence y étoient méprisés, la fréquentation des sacremens interrompue, les ecclésiastiques et les pasteurs chassés ou pervertis. Dans ce désordre, le P. Fourier se rend à Badonviller, et par ses prédications rappelle le peuple à son devoir et le tire de l'erreur. La maison curiale étoit renversée, les principaux bourgeois obstinés dans leur révolte; il les ramène doucement au giron de l'Eglise et fait rétablir la maison curiale, et rendre les biens ecclésiastiques que l'on avoit usurpés. Les ministres protestans qui voulurent entrer en dispute avec lui, furent confondus par la force de ses raisons et obligés de rendre un témoignage avantageux à son mérite, à son zèle, à sa doctrine et à sa vertu.

Philippe de Lignévi)!e-TantonyH)e, grand-prévôt de S~ Diez, fut nommé au vicariat apostolique vers l'an ')635, et fut vicaire apostolique jusqu'à sa mort arrivée en ')646. Puis Didier de Perpignan, doyen et chanoine de S~ Gengou de Toul, qui a été vicaire apostolique jusque vers l'an 4672.

En 166~, le S'' Huëf curé de Badonviller, comme officiai du vicaire apostolique de la terre de Salm, aiant commis diverses entreprises et voies de fait, pour se faire donner entrée dans les églises des paroisses du Val de Senones, les religieux de cette abbaïe s'y opposèrent en qualité de grands-vicaires du prince Charles de Lorraine, pour lors abbé de Senones, et présentèrent leur requête au due Charles IV, qui ordonna à ses officiers et à tous autres de donner main forte aux religieux pour repousser la violence, )e cas échéant, et les laisser jouïr de leur jurisdiction spirituelle sur les paroisses dudit Val.

J'ay en main une lettre originale de M~ Platel résidant à Rome avec M'' l'abbé de Jandeure prémontré, de la part de S. A. de Lorraine, en datte du 7 février 1665, par laquelle il témoigne, qu'il est chargé de travailler à rétablissem*nt d'un vicariat apostolique. Mais il ne marque pas l'endroit où le due souhaitoit qu'on établit ce vicariat apostolique. II demande d'en être instruit d'une manière distincte; si c'est dans un comté ou un marquisat, sous combien de bailliages, quels sont les princes voisins, sous quels évèchez ou archevéchez; s'il y a contestation entre )e métropotitain.

La date de cette lettre fait juger qu'il ne s'agit pas de l'érection d'un nouveau vicariat apostolique dans les villages du district de Senones, et de la dépendance de BadonvilIer et du comté deSahn; mais de la confirmation et autorisation dudit vicariat établi depuis longtems. Ou peut être qu'il s'agit de l'érection d'un vicariat apostolique dans la principauté de Lixin, Bouquenom et dépendances, où l'on en établit un, de même que dans la dépendance de i'abbaïe de Senones. La datte de l'an 4665 favorise ma conjecture: car en cette année, le

vicariat apostolique de la terre de Salm subsistoit depuis longtems. En 4668, le duc Charles IV fit défense expresse au sr Jean Hue), curé de Badonviller, soit disant official au vicariat apostolique du comté de Salm, de prendre ni d'exercer la qualité d'official en aucun endroit dudit comté, ni sur aucune personne de quelque condition elle puisse être résidente en icelui, avant que d'avoir fait paroitre du pouvoir qu'il en a, et de celui qui l'a établi; et que les bulles ou bref, si aucun y en a, soit enregistré en la cour souveraine de Lorraine; étant pareillement défendu à tous curés, vicaires, prêtres et autres personnes ecclésiastiques et séculières dudit comté de reconnoitre, déférer ni obéir à aucun ordre, mandat, ni rescrit dudit Hue! en qualité d'official qu'il s'attribue. Donné à Nancy le 4° jour de!'an~668.

Depuis ce tems l'abbaïe a continué de jouir paisiblement de sa jurisdiction quasi-épiscopale dans tout le Val de Senones. M~ l'abbé Mahuet, grand-prévôt de St Diez, est le dernier qui ait porté le titre de vicaire apostolique, et dès auparavant, le vicariat ou du moins sa jurisdiction étoit abolie et éteinte. et les terres qui lui étoient soumises sont rentrées sous la jurisdiction de l'ordinaire, qui en a fait un doienné séparé. On a même démembré quelques villages, qui étoient originairement du territoire de Senones, pour former et agrandir ce doienné. Ces villages sont Celles, Louvigny, Alarment, Vaxaincourt et Raonsur-Plaine. Mais pour ce qui est un deça et au midy des montagnes composant le territoire de l'abbaïe de Senones, ce terrain est demeuré dans son ancienne indépendance de !'évêche de Toul. Ce démembrement est bien prouvé par la commission donnée par le prince Nicolas-François, évoque de Toul et abbé commendataire de Senones, au prieur et grand-vicaire de l'abbaïe de visiter tous les villages du district, dans le dénombrement desquels ces villages sont expressément compris.

XXIII. AFFAIRE DU SIEUR TBRBL CONTRE L'ABBÉ LIGNARIUS. Il est tems de reprendre Je récit des affaires qui retenoient

l'abbé Lignarius à Rome. Nous avons vû ci-devant que François Terel avoit été fait coadjuteur de Lignarius, sans que celui-ci l'eût ni demandé, ni même connu. Voici comme se passa cette affaire, et comme elle est racontée dans une espèce de factum produit à Rome dans le procès qu'ils eurent ensemble. Le prince François de Lorraine, comte de Vaudémont et de Salm, étant à Rome et désirant procurer à son comté de Salm, dont une partie étoit tombée dans t'hérésie, les secours spirituels, l'instruction et le bon exemple capables de remédier à un si grand mal et d'en prévénir les suites, pria le pape Clément VIII de faire informer des vie et moeurs de l'abbé de Senones Jean Lignarius, qui n'avoit nulle des qualités requises pour occuper cette place; étant notoirement très-ignorant, attaché au vin, imbécile, dissipateur, incapable de gouverner, aiant laissé les biens de son monastère à vil prix à ses parens et amis, et vivant enfin d'une manière scandaleuse et peu propre à réprimer la licence de ses religieux et à contenir dans le devoir les peuples de sa jurisdiction.

XXtV.

LE PAPE FAIT ~FORMER DES VIE ET MOEURS DE L'ABBË LIGNARIUS, 't60~

Le pape touché de ces remontrances donna son bref en date du 44 septembre 1604, à l'évêque de Verdun, pour informer des vie, mœurs et capacité de )'abbé Lignarius, afin que si les choses étoient telles qu'on lui avoit dites, il pourvût au besoin de t'abbaïe de Senones. L'évêque nomma des députés pour faire l'examen dont on a parlé. L'abbé Lignarius fut interrogé et examiné; et le procès-verbal de ses réponses envoié à Rome, fut remis par ordre du pape à un de ses réformateurs. La mort de Clément VIII et celle de Léon XI son successeur, qui vécut fort peu de tems, furent cause que cette affaire ne pût être rapportée de sitôt devant le pape. Elle ne le fut que sous le pape Paul V qui aiant vû le procèsverbal et examiné les réponses de l'abbé, le jugea non seulement

incapable de gouverner son abbaïe, mais qu'on ne pouvoit pas même se flatter qu'il pût jamais acquérir les qualités suffisantes pour remplir dignement cet employ.

Le pape fit donc écrire au prince François, comte de Vaudémont et de Salm, qu'aiant mûrement examiné les chefs d'accusation formés contre l'abbé Lignarius, il les avoit trouvés très-solides et très-bien prouvés, et qu'il le prioit de lui présenter un sujet bien catholique et capable de gouverner utilement !'abbaïo de Senones, afin qu'il lui en donnât des bulles de coadjutorie avec future succession. Le prince lui proposa François Terel, novice de l'abbaïe de Glandières ou Longeville au diocèse de Metz, homme capable et de bonnes mœurs, comme il paroissoit par le témoignage des Pères Jésuites de Pont-à-Mousson, où il étudioit alors, et instamment demandé par les religieux de Senones, comme il constoit par un acte de leur chapitre en datte du 2-) may)604.

XXV. PAUL V DONNE POUR COADJUTEUR A L'AB<6 HGMARtDS, FRANÇOIS TËRBL, 4604.

Sa Sainteté priva donc l'abbé Lignarius de toute l'administration de son abbaïe, et lui donna pour coadjuteur, non seulement sans qu'il le demandât, et qu'il y consentit, mais contre son gré et malgré ses oppositions, François Terel, avec espérance de future succession, et à charge que ledit coadjuteur prendroit dès lors seul et à l'exclusion de Lignarius, le régime et l'administration de i'abbaïe, tant dans ie temporel que dans le spirituel, et donneroit à l'ancien abbé une pension, qui seroit réglée par t'évoque de Toul. Les bulles de Terel sont de l'an 1605, le 8 des ides de mars.

Mais comme il étoit porté dans ces bulles que Terel feroit profession de la règle de S. Benoît aussitôt après son année de probation écoutée, avec défense de se méler de l'exercice de la coadjutorie, avant qu'il eût fait profession, le tout sous peine d'être privé ipso /<xc~ de la grâce qu'on lui accordoit par ses bulles, il crut qu'il convenoit qu'il allât à Senones

pour y achever les cinq mois de probation qui lui restoient à faire, tant afin de connoitre les manières et usages de ce monastère, dont il devoit prendre bientôt le gouvernement, que pour se mettre au fait des affaires temporelles. U obtint donc à cet effet un bref de translation de f'abbaïe de Longeville en cei!e de Senones )e 15 juillet 1606, et en conséquence la permission de D. François Thierri, abbé de Longeville, de passer en l'abbaïe de Senones, en datte du 29 septembre de la même année.

XXVI. LE PRINCE BRRIC, BVEQUE DE VERDUN, CHERCHE A SB FAIRE DONNER LA COADJUTORIE DE SENONES, 1604.

Dans l'intervalle, je trouve des lettres qui nous apprennent que le prince Erric de Lorraine évéque de Verdun, que le pape avoit nommé commissaire pour informer des vie et mœurs de l'abbé Lignarius, avoit fait entendre à cet abbé que sur le pied où étoient ses affaires, il ne pouvoit espérer de demeurer abbé, à moins qu'il ne s'appuiât de la protection de quelque puissance, et en même tems lui avoit suggéré de le demander lui-même pour son coadjuteur. Lignarius y consentit sans peine, et donna sa procuration pour résigner, laquelle fut envoiée à Rome le 2< décembre 1604. Mais le prince François, comte de Vaudémont et de Salm, qui avoit commencé cette affaire dans des vues de religion, et qui vouloit que tout le monde fût persuadé de sa droiture, trouva ce procédé fort mauvais, et en écrivit à Rome d'une manière si vigoureuse que l'affaire échoua. Nous avons les lettres que ce prince écrivit à ce sujet au pape, au cardinal Aldohrandini, et à .M'' de S~ Léon, où l'on voit son zèle pour la religion et la droiture de ses intentions dans cette entreprise de faire exclure Lignarius du gouvernement de l'abbaïe.

XXVII. OPPOSITION A LA COADJUTOmBDE FRANÇOIS TBRBL, ')606. Cependant François Terel aiant présenté ses bulles à t'omciat

de Toul pour les fulminer, ledit official les fit intimer, le 48 aoust 1606, à l'abbé Lignarius, qui aiant demandé du tems pour prendre conseil, envoia aussitôt à Rome, et obtint de l'auditeur de la chambre apostolique une défense à Terel de le troubler dans la jouissance de son abbaïe. H la fit signifier à Terel, qui obtint du même auditeur de la chambre, une modération de ladite défense en date du 16 décembre ~606. Presqu'en même tems Terel fit signifier à l'abbé Lignarius et aux religieux de Senones son indutt de translation de Longeville à Senones. L'abbé demanda du délai pour répondre, et ensuite ne répondit que des choses vagues et générales. Mais les religieux témoignèrent qu'ils recevoient très-volontiers le sr Terel pour novice dans leur communauté. Quelque tems après, il y fit profession, le 9 novembre ~606, entre les mains de l'official de Toul, un des commissaires nommés à cet effet. En même tems il fit signifier à l'abbé Lignarius sa profession, et défense à lui de se mêler à l'avenir du gouvernement du monastère, ni dans le temporel, ni dans le spirituel.

XXVIII. L'ABBÈ LIGNARIUS SE MAINTIENT DANS LA JOUISSANCE DE LEOHONT ET DU NONIET, 1607.

Lignarius de son côté prit ses précautions pour se maintenir dans la possession du temporel de son abbaïe. I! présenta sa requête au grand duc Charles III, pour être conservé dans son prieuré de Léomont et dans ses dépendances, et il en obtint un décret favorable. H fit )a même chose envers l'évoque de Metz pour le prieuré du Moniet qui lui fut aussi conservé. Enfin il s'adressa au comte Rhingrave de Salm, qui lui fut favorable pour l'abbaïe de Senones, dans la moitié qui lui appartenoit. Ainsi le coadjuteur Térel ne put jouir des revenus de t'année 1606, depuis la S. Martin, qui lui devoient appartenir en vertu de ses bulles. De plus, Lignarius lui refusa )a communication des titres de l'obbaïe jusqu'au 28 juin ~607, qu'il

permit qu'on en fit un inventaire. Lignarius refusa aussi de comparoître devant t'évoque de Toul, pour voir taxer la pension qui lui devoit être payée par le coadjuteur. Et après bien des délais et des subterfuges, Févéque la fixa enfin le 22 février ~07, à trois mille frans barrois, payables annuellement à certains termes déterminés.

XXtX. LIGNARIUS VA A ROME ET OBTIENT DES BULLES Dg RBtNTBGRÀNDB, en <6')~.

La même année, Terel obtint les décrets et permissions nécessaires pour prendre possession des prieurés et dépendances de l'abbaïe, situés dans les états de Lorraine, et il continua de payer pendant quatre ou cinq ans la pension assignée a l'abbé Lignarius.

Celui-ci cependant se transporta à Rome, où il eut assez de peine d'obtenir audience, les esprits étant extrêmement prévenus contre lui. On dit que le cardinal Bellarmin le produisit, et lui procura les moiens de se défendre. I! en profita si bien qu'en 16H, le 28 aoust, il obtint une sentence qui cassoit et annulloit tout ce qui avoit été fait par les juges de Lorraine, et le rétablissoit dans la possession et pleine jouissance de son abbaïe, comme auparavant ordonnant à François Terel de quitter le gouvernement du monastère de Senones, et de rendre compte, dans un an, des fruits qu'il en avoit perçus, pardevant le cardinal de Givry évéqoe de Metz. Et comme ce cardinal mourut peu de tems après, l'abbé Lignarius fit nommer pour commissaire à cet effet le sr abbé d'Etival; mais celui-ci s'étant excusé d'entrer dans cet examen sans un adjoint, Lignarius prétendit que la coadjutorie de Terel étoit expirée, puisqu'il avoit laissé écouler le tems qui lui étoit donné pour rendre ses comptes.

XXX. TEREL RÉSIGNE LA COADJUTORIE EN FAVEUR

DU PRINCE CHARLES DE LORRAINE, 4620

Pans cet intervalle, c'est à dire le 2 janvier 16~)0, Terel

prévoiant que Lignarius seroit maintenu dans son abbaïe, et que sa prétenduë coadjutorie seroit déclarée nulle et abusive, fit sa démission entre les mains du pape Paul V, en faveur du prince Charles de Lorraine, fils du comte de Vaudémont, si célèbre depuis sous le nom de Charles IV, duc de Lorraine. Nous avons l'acte de cette démission mais je ne sçais si elle fut envoiée à Rome. Il est certain qu'elle n'eut point d'exécution, et que Terel, malgré la prétention de Lignarius qui soutenoit en 1643 que sa coadjutorie étoit expirée, fut maintenu par sentence de !a rote en <6')4 et 4648. La mort d'un des commissaires et le refus de l'autre n'aiant pu lui préjudicier, puisqu'il constoit qu'il n'avoit jamais refusé de rendre compte et de se conformer au décret qui l'y obligeoit. Il y eut encore une infinité de dimeultez différentes depuis l'année 460 jusqu'en 4622, sur la reddition de ces comptes, où l'on épuisa tout ce que ia chicane a de ressorts et de subterfuges. En ')618, Terel cèda aux religieux réformés de Senones tout le droit qu'il pouvoit avoir à la mense conventuelle de Senones, comme religieux de ce monastère, moiennant une pension annuelle de 600 frans barrois.

XXXI. LIGNARIUS PREND POUR COADJUTBUR LE PRINCE NICOLAS-FRANÇOIS DE LORRAINE, ')684, ~62&.

L'abbé Lignarius étant toujours à Rome, où il poursuivoit François Terel pour se faire rendre compte des fruits par lui perçus de l'abbaïe, et pour avoir ses frais, dommages et intérêts, fut fortement sollicité par Mr Virion, résidant de S. A. de Lorraine à Rome, de prendre pour coadjuteur le prince NicolasFrançois de Lorraine, fils du comte de Vaudémont et de Salm. On lui fit envisager cette coadjutorie comme un moyen sûr de se mettre à couvert tout le reste de sa vie de toutes poursuites et de s'assûrer une bonne pension sur l'abbaïe, avec la conservation de sa dignité abbatiale. Il consentit donc à recevoir pour coadjuteur ce jeune prince, et les buttes en furent expédiées !e24avriH624.

Ens uite on porta l'abbé Lignarius à abandonner le régime et l'administration de son abbaïe, et il y consentit encore le ~8 septembre 1625; mais l'acte de ce consentement ne fut dressé et signé que peu de tems avant sa mort, sous ces conditions

4° Il laisse au prince Nicolas-François l'administration et gouvernement de son abbaïe et l'usufruit de tous les fruits et revenus d'icelle, ou à tel autre, dont il voudra se servir pendant sa minorité, sans toutefois que ledit Lignarius prétende préjudicier à sa dignité abbatiale, qu'il prétend conserver et soutenir jusqu'à la fin.

2° Que ledit sgr coadjuteur fera audit sr abbé une pension annuelle de deux mille écus d'or de Stampe (sic), payables par an aux termes de Noël et de S. Jean-Baptiste, francs et quittes de tous frais, gabelles, diminutions, etc., dans le lieu où ledit abbé fera sa résidence, soit à Rome ou ailleurs. 30 Et comme ii y a plusieurs biens et domaines de l'abbaïe de Senones perdus et aliénés, ledit sgr coadjuteur sera tenu de faire ses diligences et employer son autorité au recouvrement de ces fonds à condition que la moitié des biens ainsi récupérés sera au profit dudit S'' abbé, et l'autre à mondit s~ coadjuteur.

40 Sera tenu ledit sgr coadjuteur de faire recevoir tous les comptes de l'abbaïe, quelque personne que ce soit qui ait administré ces biens; à condition que la moitié des reliquats de ces comptes reviendra audit s~ coadjuteur, et l'autre moitié au sr abbé.

5" La collation de toutes sortes de bénéfices dépendans de l'abbaïe est réservée au sr abbé.

6° Le sr Virion agent de S. A. R. sera chargé d'obtenir à ses frais toutes les ratifications nécessaires de la part de Sa Sainteté, pour plus grande assurance de toutes ces conventions faites à Rome dans la maison de résidence ordinaire du sr abbé Lignarius, sise derrière l'église S. Chartes des Prisonniers, le 8 novembre 4 628.

XXXII. TBRBL RÉSIGNE SA COADJOTORIB AU PRINCE NICOLAS-FRANÇOIS, 1624.

Dès l'année précédente 16~4, François Terel avoit résigné sa coadjutorie et tous les droits qu'il pouvoit avoir sur l'abbaïe de Senones, au même prince Nicotas-François, moiennant une pension de 600 ducats d'or de la chambre apostolique, anectés sur l'abbaïe de Viller-Betnac dont ledit prince étoit alors abbé. Les bulles de création de pension sont du 26 avril 1624. C'étoit, comme on le voit assez, une disposition préalable pour engager le bon abbé Lignarius à faire un nouveau coadjuteur et à choisir celui en faveur duquel Terel avoit déjà fait sa démission.

On peut mettre ici l'époque de la commende de l'abbaïe de Senones; c'est à dire la cause et l'origine de ses plus grands malheurs, non pas que les princes qui l'ont possédée en commende l'aient mal gouvernée, ou lui aient fait du tort; on peut même assurer qu'ils ont soutenu ses droits, et lui ont été utiles dans des temps de malheur comme furent ceuxqui suivirent, en Lorraine, les années 4 625 et suivantes. Mais ces anciennes commendes lui ont été principalement nuisibles en ce qu'elles ont interrompû l'usage des élections et donné lieu à révoquer en doute le droit qu'on en avoit conservé jusqu'alors. Elles ont donné lieu à des dévotuts qui ont causé des troubles et des frais infinis à l'abbaïe, comme on le verra dans la suite de cette histoire.

XXXIH. MORT DE L'ABBÉ LIGNARIUS, ~628.

L'abbé Lignarius étoit déjà apparemment malade de la maladie dont il mourut, lorsqu'il donna sa procuration pour demander au pape la coadjutorie pour le prince Nicolas-François; puisque cet abbé mourut sur la fin de cette année 1625, et que l'acte de son consentement est du 8 novembre -<62&. Il

fut enterré dans l'église de S. Charles de ,C<ï<eM< ou des Prisonniers, où l'on voit son épitaphe gravé sur une tombe de marbre blanc. Sa vie fut traversée par une infinité de vicissitudes et de disgrâces auxquelles son peu de conduite et d'esprit donnèrent lieu. Son coadjuteur Terel vécût jusque vers l'an 4637.

Dom Pierre Alliot, abbé de Senones, étant à Rome, se transporta exprès dans l'église de S. Charles de Catinari, et y chercha inutilement la tombe de D. Lignarius aux endroits qui lui avoient été indiqués de Senones par les parents dudit

abbé Lignarius; il n'y trouva ni la tombe ni aucun autre mémoire qu'il eût été [enterré] dans cette église. XXXIV. VIE DE DON PHILIPPE FRAKÇO!S COLART,

ABBÉ DB S. AIRY DE YBRDON.

Le R. P. D. Philippe-François Colart, abbé de S. Airy de Verdun, a fait tant d'honneur à l'abbaïe de Senones, que je me crois obligé de donner ici le précis de sa vie. I! naquit à Lunéville, le 25 mars 1579. Son père Dominique Colart étoit conseiller de S. A. et greffier civil en la cour de Lunéville, homme très-versé dans les matières de droit, sçavant dans les sciences humaines et surtout dans la langue grecque. Sa mère Béatrix Thiriet étoit d'âne des premières familles de Lunéville. Elle n'oublia rien pour inspirer la crainte et l'amour de Dieu à son fils. Celui-ci avoit l'humeur très-douce, et une mémoire si heureuse, qu'il lui sursoit d'avoir entendu une seule fois quelque chose pour la réciter après, mot à mot. D. Jean Lignarius, abbé de Senones et cousin germain de la mère du jeune Philippe-François Colart, charmé des bonnes qqalités qu'il remarquoit en lui, le demanda avec instances à ses parens, dans la vuë de le faire un jour son coadjuteur. Philippe fat reçu à Senones et revêtu de l'habit religieux en 1S89, n'aiant encore que dix ans. Deux ans après, l'abbé Lignarius l'envoia aux études dans l'université de Pont-à-Mousson

avec un autre religieux de son monastère. H acheva sa rhétorique avec applaudissem*nt, et se rendit la langue grecque aussi familière que la latine, de manière que d'ordinaire quand il écrivoit à son père, il ie faisoit en grec.

Après ses humanités, son père le mit en pension chez les pères Jésuites pour faire sa philosophie avec plus de commodité. H soutint jusqu'à trois fois des thèses avec beaucoup de succès, et étant entré en théologie sous les pères Raulin et l'Evêque, il continua a y donner des preuves de la force de son esprit et de la solidité de son jugement.

Après deux ans de théologie, il découvrit au père l'Evêque, son professeur et son directeur, le dessein qu'il avoit formé de quitter l'habit bénédictin, pour prendre celui de capucin, où il se flattoit de trouver plus de facilité pour faire son salut. Le P. t'Evéque l'en détourna et lui conseilla de demeurer dans sa première vocation, lui faisant entendre que s'il aspiroit à une plus grande perfection, il pourroit embrasser la n'forme, qu'on venoit d'introduire à S. Vanne de Verdun. Rempli de cette espérance, it revint a Senones pendant les vacances, et apprit que D. Nicolas Mathis, religieux de ce monastère, homme fort grave et très-capable, et qui dans la suite parut avec distinction dans la congrégation de S. Vanne dont il fut trois fois visiteur, en 4606, 46~2 et 4618, et trois fois dénniteur il est mort en ~625; que le P. Nicolas Mathis [dis-je], étoit dans la résolution d'embrasser la réforme, et qu'il avoit parole d'être reçu au monastère de S. Vanne de Verdun, dans trois ou quatre mois.

Philippe délibéra longtems s'il lui découvriroit son dessein, craignant d'être traversé par l'abbé Lignarius et par ses parens. Enfin il ouvrit son cœur à D. Mathis, qui lui promit le secret, lui dit de s'en retourner à Pont-à-Mousson et qu'il le prendroit en passant pour le conduire avec lui à Verdun. Ils s'y rendirent en effet, et on dit A Philippe qu'it pourroit être reçu au noviciat, lorsqu'il auroit achevé sa théologie, et qu'il apporteroit un congé par écrit, signé de son abbé. Mais il ne se passa pas deux ou trois mois que D. Nicolas Mathis 23

lui écrivit qu'il pouvoit venir avec assurance et qu'il auroit satisfaction.

La difSeuité étoit d'obtenir la permission pour s'établir à S. Vanne. L'abbé Lignarius non seulement ne l'accorda pas, mais s'opposa de toutes ses forces à cette résolution et ordonna qu'on enfermât Philippe dans son cabinet. Celui-ci s'échappa pendant la nuit et s'enfuit à S. Vanne, où il fut reçu au noviciat le 23 novembre 603, âgé de 24 ans, et n'étant encore que diacre. Il fit profession le 2< janvier <604, et peu après il reçut l'ordre de prêtrise. On lui confia ensuite l'emploi de professeur de philosophie, et il fut envoié en 4 606, avec ses

écoliers, dans l'abbaïe de S. Mihiel, où le cardinal de Lorraine venoit de mettre la réforme.

Depuis ce tems, le R. P. D. Philippe-François Colart, fut toujours dans les premiers emplois de la congrégation aiant été trois fois visiteur et une fois président. Il gouverna l'abbaïe de S. Airy pendant l'espace de 24 ans entiers et consécutifs, tant en qualité de prieur claustral que d'abbé régulier. H en fut étù abbé '13 ans avant sa mort. Il s'étoit toujours flatté de rendre cette abbaïe quinquennale et de la laisser à la disposition de la congrégation, ou de faire un coadjuteur, mais il ne pût exécuter ni l'un ni l'autre, étant mort en odeur de sainteté le 27 mars 4 635.

La réputation de sa sainteté et de son expérience dans la conduite des âmes, étoit si bien établie, que la plupart des principaux religieux de la réforme se faisoient gloire d'avoir été sous sa direction. Les dames religieuses de l'abbaïe de S. Maur de Verdun, de Vergaville, de Juvigny, de Chelles, de Montmartre, de Remiremont, de Joiiare, du Val-de-Grâce, le consultoient souvent dans leurs dimcu!tés et dans leurs doutes.

Il étoit si pénétré de )a grandeur et la sainteté de nos mystères, que quand il étoit en semaine de célébrer la grande messe, il ne sortoit point de l'église depuis les matines jusqu'après la grande messe, demeurant à genoux et la tète nuë, même en hyver, pendant tout le tems qui s'écouloit entre

les offices et la messe. Sa charité lui faisoit considérer tous les religieux qui lui étoient envoiés par l'obéissance, comme ses amis et ses frères; il les recevoit avec plaisir quelque difficiles et quelque valétudinaires qu'ils fussent. Et quand ils sortoient de sa maison pour aller demeurer ailleurs, il leur demandoit pardon à genoux, de tout ce qui avoit pû leur fariepeine sous son gouvernement. H n'usa jamais des ornemeng s pontificaux, ni des marques de sa dignité abbatiale. Voici les termes dans lesquels sa mort est marquée dans le nécrologe de l'abbaïe de S. Airy « Obitus R. P. D. PhilippiFrancisci Colart L~tUBOt~~ et abbatis dignissimi, cujus me-moria in benedictione est, e~~e in pM'p~<MMM, ob ejus M<a) MMC<t{a{e~ eximiam, e< innumera huic (!o?)Mt! co!!a<a ~Me~!M!, qui cum proefuisset annis tredecim, ~7' p~0~)H laude e< ~?no7'<c[Hta<c dignus, anno ~J, o6d8?'~o!< in Domino.

Catalogue des ses ouvrages.

1° Trésor de perfection tiré des épi) t'es et des évangiles qui se lisent à )a messe pendant l'année, en 5 volumes in-42. Imprimé à Paris chez Charles Cbatelain, ')618.

2° Le Guide spirituel pour les Novices. Imprimé chez le même en ')6~6.

3° Le Noviciat des vrais Bénédictins, tiré du chapitre 58 de la règle de S. Benoit. On trouve à [a fin un traité de la mort prétieuse des Bénédictins, in-12.

4° Le Renouvellement spirituel nécessaire aux Bénédictins. 5" La Règle de S. Benoit traduite avec des considérations. A Paris 1620, chez )a veuve Charles Chatelain.

6° Considérations sur la règle de S. Benoit. A Paris in-42, an 4 613, 1620.

7° L'Occupation journalière des vrais religieux. Enseignemens de la Règle de S. Benoit.

8° Les Exercices des Novices. Ouvrage très-utile, qui est en usage dans toutes les congrégations réformées, et qui a été

traduit en latin, en faveur des religieux d'Allemagne. Imprimé p!usieursfois.

9° Courtes explications de ce qui se dit dans l'office divin, contenant )e sens littéral et mystique de chaque psaume, avec des affections.

Les diSicuités qu'il eût pour soutenir que les supérieurs de la congrégation de S. Vanne doivent vaquer quelques années, après a ans de ~régime, produisirent plusieurs écrits qu'il composa, comme

L'Apologie des supérieurs et religieux de la congrégation de S. Vanne, qui poursuivent la manutention des premiers statuts de leur réforme.

2" Manifeste pour la juste défense du R. P. abbé de S. Airy. (D. Philippe-François).

3° Réponse à la déclaration du R. P. D. Claude-François. 4° Factum pour le R. P. abbé de S. Airy.

S" Responsio apologetica proconstitutionibusquasIH.Card. à Lotharingia in erectione congregationis ss. Vitoni et Hydulphi condidit.

Sa vie est imprimée dans les Eloges des hommes illustres de t'Ordre de S. Benoit, par la Mère de Blemure.

TABLE DES MATIERES

DE LA PREMIÈRE PARTIE Préface, page 2.

Liste ou Catalogue des abbés de Senones, 6.

CHAPITRE PREMIER. Situation de l'abbaïe, 10. Limites du Val de Senones, IL –Tems de la retraite de S. Gondebert, 12. L'abbaïe de Senones fondée vers l'an 650, plus ancienne qu'aucune des abbaïes du voisinage, 13. Nom du lieu où Senones fut bâti dans le commencement, 14. S. Gondebert cède une partie de son terrain à S. Hydutpbe pour bâtir l'abbaïe de Moyenmoutier, J 5. Quelle règle ou observa à Senones dans les commencements,! S. S. Gondebert exerça.t.il les fonctions épiscopales dans son monastère? 16. Travaux de S. Gondebert, églises qu'il bâtit, 17. Mort de S. Gondebert, vers l'an 673, p. 18. Culte de S. Gondebert, 21.

CHAPITRE Il. Magnéramme < Agéric, Magnëramme H, Bonciole, Etienne, Angelramme, abbés de Senones, 25. Angelramme est fait abbé et seigneur de Senones par Charlemague, 25. L'abbaïe de Senones étoit-elle impériale avant Angelramme? 27, Angelram fait venir à Senones le corps de S. Siméon, évoque de Metz, 29. Angelramme fait sa démission de l'abbaïe de Senones en faveur de Norgandus, 31.

CHAPITRE Hi. Norgandus, VIH" abbé, vers l'an 755, p. 32. Les religieux de Senones transportent dans leur église le corps de S. Siméon, 32. AngeIramme nomme un avoué à l'abbaïe, 33. CHAPITRE IV. Théodrade, Périn ou Barin, Notère ou Motère, Vicpode ou Vipode, abbés de Senones, 3S.

CHAPITRE V. Thierry, Urbefrède ou Erbefrède, abbés de Senones, 36.

CHAPITRE VL Ricbode XVe abbé, *0.

CHAPITRE vtl. Adelard, XVI° abbé, 40.

CHAPITRE YHI. Hengerus, Hambert, abbés, 41. Rambert se retire dans l'abbaïe deGorze, ~2,–Rambert est élu abbé de

Senones vers l'an 930, p. 42. Réforme de l'abbaïe de Senones, 43. Adalberon, éveque de Metz confirme l'église de Vaqueville à l'abbaïe de Senones en 939, p. 44. Privilége de l'empereur Othon 1, en 949, p. 44.

CHAPITRE IX. Daubert, Aneelme, Sutbarde, abbés. Abbés incertains quant au tems de leur gouvernement, 45.– Sutharde, abbé de Senones, 46. Lettre d'Adalberon H, évoque de Metz, qui règle les droits du voué de Senones, en l'an 1000, p. 46. CHAPITRE X. Sutharde H, Erlin, abbés. Sutbarde H, (douteux.), 48. Erlin, vivoit en 1030, p. 48. Eglise de Vipucele, du diocèse de Toul, 49. Diplôme du roi Henri, )!! en faveur de l'abbaïe de Senones, vers l'an 1040, p. 49. CHAPITRE XI. –BercherusouDercberus, XXIVe abbé (vers l'an iOSO), p. 50. Donation des biens de Jean et Eve sa femme, à Sommerviller en 1059, p. 50. Berchère souscrit à. deux chartes de l'éveque de Toul, en i057 et en 1059, p. 52.

CHAPITRE XII. -Antoine, abbé (depuis l'an <090, jusqu'en H36), p. 54. Vie d'Antoine, abbé de Senones, 55. Antoine est fait prieur de Lay, S6. Désordre dans l'abbaïe de Senones, après Ja mort de l'abbé Berchère, 56. Antoine est nommé abbé de Senones, en 1092, p. 57. Vertus de l'abbé Antoine, 57. Etat Hérissant de l'abbaïe sous l'abbé Antoine, 58. Donations faites à Senones par Cunégonde, dame du château de Viviers, en H 03, p. 58. Prieuré de Schures, 59.- Dédicace de l'église du prieuré de Schures, en H29, p. 60. Vexations contre l'abbaïe, faites par le voué Herman de Salm, réprimées en Hit, p. 6L Confirmation des biens du monastère par l'empereur Henry IV, en HH, p. 62. Prieuré de Léomont, 62. Le pape Calixte confirme les biens de l'abbaïe, en ii23, p. 6S. Prieuré de Vie, 66. Dédicace de l'église SI-Pierre, en H24, p. 67. Dédicace des cinq autels de l'abbaïe, 68. Antoine enrichit l'abbaïe de livres et d'ornemens, 70. Six prieurés dépendans de l'abbaïe, acquis par l'abbé Antoine, 7L Prieuré de Sales, 71. Prieuré de la Cour, 72. Prieuré de Lorquin, 72.- Prieuré d'Alinge, 72. Prieuré du Moniet, 73. Donation du fief de Basemont à I'abbaïe, en H30, p. 74. Absolution d'Henri voué de l'abbaïe, par Adalberon, archevêque de Trèves, en H3S, p. 75. Bulle d'Honoré 111 qui connrme les biens de l'abbaïe en It25, p. 76. Paroisse de S. Hilaire, à Metz, 76.

Exemtion de Senones des servitudes que l'évêque de Metz en vouloit exiger en ii2S et 1210, p. 77. Antoine devient aveugle et goutteux sur la fin de sa vie, 77. Mort de l'abbé Antoine en H37, p. 78.

CHAFtTBE XtH. Gautier XXVI" abbé de Senones, depuis l'an H37 jusqu'en H40,p.79.

CHAPITRE XIV. Humbert, XXVIt° abbé de Senones. Adalberon, archevêque de Trêves confirme à Fabbaïe ce qu'elle avoit à Reméréville, en 1245, p. 80. Confirmation des dixmes d'Art-sur-Meurthe par Henri évoque de Toul, H47, p. 84. Ascensem*nt d'uae place à Moyenvic, 82. Confirmation de la donation d'Alinges à l'abbaîe de Senones par Thierry, s~ de Dombasle, H82, p. 82. Confirmation des biens de Senones par le pape Eugène H!, H52, p. 83. Prieuré de Fricourt, son origine, église de ce lieu connue en H52, p. 85. Grands biens de l'abbaie de Senones, H52, p. 86. Dédicace de)'église de la Rotonde, en HS3; don des autels et des paroisses de S. Jean et de S. Maurice. 87.

CHAPITRB XV. Bernard, XXVI! abbé de Senones, 88. CHAprrRE XVI. Gérard XX!X" abbé, depuis H70 jusqu'en j2M. Gérard, abbé de Senones, trop attaché à sa famiite, 89. Epoque des ascensem*ns des biens du monastère, 89. Ascensem*nt de la terre de Volfereis aux Templiers de Xugney, 073, p. 90. Henri, comte de Salm et Judith sa femme, enterrés à Senones, 90. –Origine du château de Salm, bâti avant H90, p. 91. Bulle du pape Lucius !H, an ti82, p. 91. Do.nations faites au prieuré du Moniet (U88-H89). p. 92. Engagement de la cure de S. Evre aux chanoines réguliers de Lunéville, en M 90, p. 92. L'abbé Gérard se démet de son abbaïe en i200; autres abbés de Senones en ce toms là, 94. CHAPITRE XVII. Thierry de Noviant XXX" abbé de Senones, en 1200, ne gouverna qu'environ six mois, 94.

CH&piTBB XVIII. Conon de Deneuvre, XXXI" abbé, depuis i20i jusqu'en 1204 ou i20S. Caractère de Conon, abbé de Senones, 95. Maherus, évéque de Tou!, confirme à l'abbaïe la donation de l'évêque Henri, i203, p. 96.

CHAPITRE XIX. Henri, XXXH" abbé de Senones, depuis 4202 ou 1206, jusqu'en J225 Bonnes et mauvaises qualités de Henri, 96. Henri comte de Salm et son épouse réconcilient

l'abbé Henri avec ses religieux; suite de cette affaire, 97. Maux que causa Henri à son abbaïe, 98. Ouvrages de l'abbé Henri au profit de son abbaïe, 98. Donation de l'église de S' Hilaire de Metz à i'abbaïe, 99. Donation ou achat du fief de Donjevin, 12<9, p. 99. Le pape Honoré H! confirme l'église de S. Hilaire, et les prieurés de Léomont, de Xures et de Deneuvre, en 1222, p. )00.– Prieuré de MervaviUe, sa fondation, etc. 100. Acquet de la rivière d'Art-sur-Meurthe,1223, i2S2, p. 101. Echange de ce que l'abbaïe possédoit à Moyen contre d'autres biens, avec i'évëque de Metz, en 1224, p. 102. –Jean d'Apremont, éveque de Metz, donne à l'abbaïe i'ég!ise de Colombey, en 1224, p. 102. Accompagnement de Henri le Lombard à ia cour ou maison franche de Borville par l'abbé Henri, en 122S, p. 103.

CHAMTBE XX. Vidric XXXIH" abbé, depuis 1224 jusqu'en 1238, p. 405. Vidric abbé de Senones, sa naissance, ses vertus, difficultés sur le commencement de son gouvernement, IOS. Vidric règle l'office divin dans son abbaïe, 106. L'office de la Vierge se disoit tous les jours à Senones, 106. On disoit tous les jours 3 messes solennes à Senones, i06.– Bâtimens faits par l'abbé Vidric, 107. Seigneurs de la Haute-Pierre, 108. Cure et dixmes de Ramberviller; disputes à ce sujet en 1225, 1227 et 1229, p. 109, Cession de la cure de Ramberviller ou du droit de patronage, à t'abbaïe de Senones, en 1227, p. 110. Les revenus de la cure de Saint-Maurice restitués au couvent de Senones, en 1233, p. fil.–Donation de Magneville par Henri de Dombasle en 1235, p. HI.–Connrmatioo des biens du Moniet par Grégoire IX, 1230 et 1235, p. 112. Brouilleries entre le comte de Salm et l'abbé Vidric; les religieux de Senones se retirent à RamberviUer et à Léomont, 112. Vidric est choisi pour abbé de S~-Evre de Toul. Brouilleries à l'occasion du choix de son successeur, vers 1236, p. 114. Baudouin prieur de VarengéviUe élu abbé de Senones, vers l'an 1237, p. 116. Vidric prend possession de l'abbaïe de S. Evre, vers 1237, p. 116 CE~piTRE XX!. Baudouin, XXXIV abbé, depuis l'an i238 jusqu'en 4270.–Caractèred'esprit de Baudouin, 118.–Baudouin récupère le prieuré de Léomont, 119. Edifices et. autres biens que Baudouin fait à son monastère, 119. Donations faites ai. prieuré de Mervaville en 1238, 1239, p. 120. Acquet d'une

maison franche à Sarrebourg, en 1240 et 1268, p. 121. Association entre les abbaïes de Senones et de S. Evre de Toul, 1242, p. 12t.–Acquêt de la seigneurie de Colombey, proche Metz, 1246, p. 122. Exemtion des novales dans toutes les églises où l'abbaïe a des dixmes, 1248, p. 123. Union de la cure de Ramberviller à l'infirmerie de Senones, 1249, p. 123. Accompagnement de Henri le Lombard à la seigneurie de Borville, i249, p. 124. Le duc Ferri lit confirme la donation de son père, le duc Matthieu, à J'abbaïe, dans le lieu do Vitrimont, 4248, p. 124. Biens donnés à l'abbaïs, à Dombray, 126. Henri Il, comte de Salm, fonde son anniversaire à Senones, 1244, p. 42S. Le même Henri, cbassé de son propre château par Ferri son fils, 126. Tombeau de Henri Il, comte de Salm, de sa femme Jeanne de Lorraine, et de Henri le Lombard, sire de Bayon, 126. Maux que Ferri de Blâmont fait à l'abbaïe de Senones, 127. Transaction touchant les 8 bons hommes, 127. L'abbaïe de Senones est un fief de t'évoque de Metz, 128. Mort de Ferri comte de Salm, 128. Henri de Salm !V< du nom, maltraite l'abbaïe, 129. Forges de Framont, leur origine, 130. Transaction sur les forges de Framont en 1261. p. 130.– Pharamond est-il enterré à Framont? 132. Eaux salées trouvées du tems d'Henri IV, comte de Salm, 134. Henri IV comte de Salm, vend à l'éveque de Metz les châteaux de Pierre-Percée et de Salm, et les reçoit de lui en fief, 134. On met sur les épines les reliques des saints dans l'église de Senones, 134. Le comte de Salm fait -saisir les biens de l'abbaïe, 135. Rétablissem*nt des forges de Framont, 13§. Le comte Henri fait enlever tout ce qui étoit à i'abbaïe et dans ses dépendances, 136. Les religieux de Senones se retirent du monastère en divers endroits, 137. Giles de Sorcy, éveque de Toul, fait excommunier le comte par l'abbé de Moyenmoutier; il est arrêté, i 38. L'abbé de Moyenmoutier est mis en liberté, et s'acquitte de la commission contre le comte de Salm, 139. Le curé de Vie, par ordre de Févequo de Metz, excommunie )e comte de Salm et met sa terre en interdit, 139. Le bailli Renaud défend aux paysans de faire des corvées et de cultiver les terres de l'abbaïe, 1261, p. 140. Le comte Henri songe à faire la paix avec I'abbaïe de Senones, 140. L'abbé Baudouin demande la restitution de ce qu'on avoit enlevé de I'abbaïe, i4i. -.Le comte Henri fait sortir les soldats

du monastère, mais ne restitue point aussitôt ce qu'il en avoit emporté, 141. Les religieux rentrent dans l'abbaïe et recommencent l'office divin, 1262, p. 142. Hugues, prieur de Deneuvre, 143. Renier, prieur de Mervaville, 143. Frédéric prieur de Schures, 144. Donations faites A l'abbaïe, sous l'abbé Baudouin, 144. –Les revenus de la cure de Remerévilte cédés pour fonder le chapitre de Brixey, 1260, p. 145. L'abbé de Senones accompagne Jean de Nancy à la seigneurie de Vitrimont, 1269, p. 146.–Accord entre le comte de Blâment et l'abbé Baudouin pour torts qu'il avoit faits, 1269, p. 146. CHAPITRE XXII. Simon XXXV" abbé, depuis 1270 jusqu'en 1283. Simon abbé de Senones; ce qu'il fit au commencement de son gouvernement, t47. Abus des voies de fait et des gagieres en Lorraine au X1H" siècle, 148. Bulle de Jean XXI contre les gagières, 1276, p. 149. Donation de ce que Geoffroy d'Outray avoit dans la forêt de Rotomont, 1277, p. 149. Fiefs rendus à l'abbaïe, 1282, p. 180. Bouchard éveque de Metz achève de payer àl'abbaïe ce qui étoit redû pour la cession de Moyen, 1283, p. 150. Donation de ce que Herman et Villaume frères avoient à Moacourt, 1283, p. 1S1. Accord entre l'abbé de Senones et Henri comte de Biâmont au sujet des amendes et des bois de Buriville et de Bétonville, 1279, p. 151. Vente ou amodiation des biens de Colombey et du pays messin pour 25 ans, i280, p. IS2. Transaction avec le comte de Salm pour la moitié des bois du Val de Senones, 1284, p 153.

CHAPITRE XXII!. Baudouin II? du uom, XXXVf abbé, depuis l'an 128S jusques vers l'an 1315. Commencement de l'abbé Baudouin II. Quelques religieux lui refusent l'obéissance, 1285, p. <56. Confirmation de la donation du moulin de Vaxainville, 1285, p. 187. Ascensem*ns faits à Cercueil en 1286, p. 157. Accompagnement de Jean de Dombasle à la seigneurie d'Anllup, 1290, p. 138. Ascensem*nt de la place du moulin de Ramberviller, 1298, p. 159. Vente de la seigneurie de Colombey, 1293, p. 160. Ascensem*nt d'une maison à Remberviller et du moulin de Bétonville, 1295 et 1297, p. 160. Vente de la totalité des dixmes de Vaqueville, en i300, p. 162. Ascensem*nt du moulin de Chatay, 1301, p. 163. Accompagnement de Henri sire de Blâmont en la seigneurie de Fontenoy, en 1295, p. i63. -Acquets faits par l'abbé Baudouin à Juveliseen 1286, 1301, 1304, p. 164. Acquets de plusieurs biens à Nossoncourt, en 1294,

1299 etl314,p. 165.–Acquêts en Aisace,àCbâtenoy,Kuntzheim, à Berkmelz, etc. 166. Difficulté au sujet de la cure de Brouville, en 1298, p. <67. Accord pour le droit de passage des bois qui descendent de la rivière, 1302, p. 168. Mort de I'abbé Baudouin H, en 1316, p. 168.

CHAPITRE XXIV.-Hartungus, XXXVII" abbé, depuis < 316 jusqu'après 1322. Age de l'abbé Hartong, ce qu'il a fait à Senones, 1316, p. 169. Donation du moulin de Merviller, 1319, p. 170. CHAPITRE XXV. Bancelin XXXVIII" abbé de Senones, depuis 1327 jusqu'en 1349. Transaction de l'abbé Bencelin pour les dettes de son prédécesseur, 1327, p. 171. Accompagnement de Jean comte de Salm avec les abbés de Senones et de Moyenmoutier, au bois de Ravine, 1328, p. 171. Plaids annaux du Val de Senones, en 1328, p. 173. Fondation de deux anniversaires, 1329, p. 17S. Acquet d'une maison au Pui, 1333 p. 176. Chapelle de Saint-Benoit proche RemberviUer, 1333, p. 177. Chapelle de la Madelaine fondée dans l'église de Remberviller, en 1340, p. 177. Viriat de Senones cède à l'abbaïo ce qu'il avoit, moyennant une prébende de pain et de vin qu'on lui donne, 134o, p. 178. Union de la cure d'ActIup au chapitre de Saint-George de Nancy, 1342, p. 178. Droits de i'abbé de Senones en la seigneurie de Bures, 1347, p. 179 Rachat des revenus du prieuré de Léomont, 1348, p. 181. Fief de Vigneulles laissé à Jean de Toul, 1348, p. 182. Acquet du moulin d'Outray par l'abbé Bencelin, 1349, p. 183. CHAPiTBE XXVI. Rennerus ou Roricus, XXXIX" abbé de Senones depuis 1382 jusques vers 1367. Commencement de Rennerus, 184. Accord pour la haute maison du Pui, 1353, p. 184. Cession de la cure de Deneuvre aux chanoines dudit lieu par t'abbé de Senones, en 1384, p. 185. L'abbé Rennerus résigne son abbaïe entre les mains du pape, 1367, p. 187. Pierre de Varize nommé abbé de Senones, 1397, p. 187.

CHAPITRE XXVII. Pierre de Varize XL" abbé de Senones, depuis 1367 jusqu'en 1390, et peut-être au delà. Commencement de l'abbé Pierre de Varize, sa famille, son âge, 188.–Le pape GrégoireX!con8rmeiesbiensdei'abbaïede Senones, <376,p. 189. Les rentes de Fontenoy engagées à Thiébaut de Blâmont, en 1371, p. 189. -Le prieuré de Vie transféré dans la ville, 1380 p. 190. L'abbé de Senones répète les 8 bons-hommes qu'on

avoit gagés pour le comte de Salm, 1381, p. 191. Les habitans de Saint-Stail se mettent sous la protection du duc de Lorraine, 1392, p. i92. Sentence du comte de Blâmont pour les bons hommes de l'abbaïe, 193. Laix à vie des dixmes de Ramberviller au comte de Blâmont 1381 p. 193. Achat de deux parties du moulin de la Done à Merviller, pour l'abbaïe, 1319, 1382, p. 194.–Fondation des carmes de Baccarat, 1433, p. 194. Lettre du B. Pierre de Luxembourg en faveur du prieuré de Vic en 1384, 1385, p. 19S. Tems de la mort de l'abbé Pierre de Varize, après l'an 1390, p. 195.

CHAPITRE XXVIII. Baudouin IL XLII" abbé, vivoit en 1397, est mort après 1399, p. 196.

CHAPITRE XXIX. Nicole ou Nicolas de Batlémont XLIII" abbé de Senones, depuis l'an 1397 jusqu'en 14.. Accord avec la dame de Magnières au sujet d'un paste dû à Domptail, 1397, p. 196. CHAPITRE XXX. Thierry ou Thirion de la Chambre, XHV abbé, depuis 1418 jusqu'à 1423. L'abbé Thirion de la Chambre empêche ceux de St-Stail de mener leur bétail dans les bois de Belfey, de Rotomont et de Jehanxey, 1418, p. 197. L'abbé Thirion fait casser l'union du prieuré de Vic au couvent des franciscains, 1420, p. )98.

CHAPITRE XXXI. Valentin XLV" abbé de Senones, depuis 1420 jusqu'en 1438 qu'il fut élu abbé de Moyenmoutier, mort en 1451. Commencement de l'abbé Valentin, en 1420, p. 200. Accord entre les abbés de Beauprey et de Senones au sujet des dixmes de La Chapelle et Chenevières, ban de Saint-Clément, 1423, p. 201.–Ascensem*ntde terres et de maisons à Givrecourt, 1438, p. 20i.- Valentin est élu abbé de Moyenmoutier en 1438, p. 202. Difficultés faites à Valentin pour l'abbaïe de Moyenmoutier, 1439,p.202.–Mort de l'abbé Valentin en !4S1, p. 203. CHAPITRE XXXII. Didier de Borville XLVt" abbé, depuis 1440 jusqu'en 1461. Commencement de Didier de Borville, 1440, p. 204. Accord entre le prieur de Deneuvre et les chanoines dudit lieu sur les dixmes et les novales, 1444, p. 204. Le prévôt de Nancy se désiste d'un paste qu'il prétendoit à Antlup, 1445, p. 205. Accord pour les réparations de l'église de Celles, I4S6, p. 205. Fief de Dungesheim laissé au chatelain de Schirmeck, <4S6,p. 206. Accord pour le droit de relèvement dd par les habitans du ban de la Rivière, t4S7, p. 206. Mort de l'abbé Didier de Borville, en ~461, p. 207.

CHAPITRE XXXIII. Henri Briton de Deneuvre, autrement Henri Valence de Deneuvre, XLVH~ abbé, depuis le 27 juin 1461 jusqu'en 1490. Commencement de Henri Briton d~ Deneuvre, 1461, p. 208. Reprise du fief d'Andlau, 1461, p. 208. L'abbé Henri laisse au seigneur de Parroye les biens de Moacourt pour sa vie seulement, i46i, 1462, p. 209. Collation des chapelles de S'-Siméon, de S'-André, de la Madelaine, i464, 1465, 1472, p. 209. Traité avec les comtes de Salm pour les droits de t'abb&ïe énoncés ez plaids annaux de <466, p. 209. Plaids annaux da 1466, p. 2ti. –L'éveque de Metz prend le prieuré du Moniet sous sa protection, pour la vie de Nicolas de Bremoncourt prieur, 1469, p. 2~. Accompagnement de Vary de Lessey, sire de Dombâie pour les pressoirs d'Antlup, 1480, p. 21S. Union de la cure de SI-Jean à la mense conventuelle, 1480, p. 2t6. Union du prieuré du Moniet à l'abbaïe de Senones 1 i480, p. 216. Accord entre i'abbé de Senones et le curé d'Hablainville au sujet des dixmes dudit lieu, 148), p. 217. Réparation et partage du moulin et étang de Bertrichamp, 1481, p. 218. Condamnation d'una femme par la justice de l'abbé, <482, p. 2i8. D. Arnoud de Salm, prieur de la Cour, 1484, p. 220. Difficultés entre les comtes de Salm et l'abbé de Senones au sujet de la justice de S. Stail, 1489, p. 220. Mort de l'abbé Henri Briton de Deneuvre, 1490, p. 220. CmpiTRE XXXIV. Jean Curati XLVIII" abbé de Senones, depuis 1490 jusqu'en i492, p. 22t.

CHAPITRE XXXV. Jean de Borville, XLIX< abbé de Senones, depuis <492 jusqu'en 1S06. Commencement de Jean de Borville, 222. Acquet de deux étangs à Humbepaire, <492, p. 222. Testament d'un prieur de Vie, i495: p. 223.– Brouilleries au sujet de LéomonL i495, p. 223. Union du prieuré de Léomont à l'abbaïe par le pape Alexandre VI, 1499, p. 223. Acquet d'une maison à Raon en 1497, p. 225. L'abbé de Senones obtient du pape l'usage des ornemens pontificaux, 001, p. 225. –Donation de Bruménil à l'abbaïe )o0i, p. 226. Fondation de l'Ave Maria au commencement de chaque office, IS03, p. 22<6. Lustre de cuivre donné par l'abbé Jean de Borville, 227. Mort et sépulture de Jean de Borville, d596, p. 227.

CHAPITRE XXXVI. Thirion d'Antlup L" abbé, depuis i506josqu'en 1541. Thirion d'Antlup, abbé de Senones, iS06, p. 228.

Cassation de l'union du prieuré de Léomont à l'abbaïe, 1506, p. 229. Droits de l'abbaïe dans le Val de Senones, en 1 809 et 1517, p. 230. Laix de l'hermitage et de ta chapelle de la Mer, i5H, p. 23L–Plaids annaux d'Ancerviller tenus en 1512, p. 231. –Transaction pour les forges de Grandfontaine, 1513, p. 232. Sentence qui condamne les carmes de Baccarat à fermer leurs écoles, 1515, p. 233. Plaids annaux à Vipucelle ou la Broque, 1518, p. 233. Plaids annaux Ju ban de Plaine, 1518, p. 234. L'abbé de Senones cède la nomination de la cure de Brouviile aux chanoines de St-Diez, 1518, p. 235.–Difncattés sur la desserte des cures de S. Jean et de S. Maurice, 1520, p. 236. Manière de juger et de punir les criminels en la justice de l'abbé de Senones, 1522, p. 236. Union de la cure de S. Hilaire de Metz à la mense abbatiale de Senones, 1523, p. 237. Incendie du monastère et du bourg de Senones, 1534, p. 238. Ro!a de Thirion d'Autlup, 1536, p. 239.-Coadjutorie de D. Jean Durand, neveu de Thirion d'Antlup, j536,p.240. Accord entre les seigneurs de Vitrimont et les communautés de Lunéville, Viller et Ménil, <S34, p. 240. Départ de cour pour les corvées d'Antlup, 24i. Fondation de l'antienne fMMo!a<a à chanter tous les jours à la Rotonde, 1838, p. 24i. i4 gros et t2 deniers affectés aux grands-vicaires et officiaux de Toul, pour droit d'union de la cure de S. Maurice au couvent de Senones, 1S40, p.242.Bâtiments de i'abbé Thirion, sa mort, son éloge, i54<, p. 242. CHAPITRE XXXVII. Jean Durand abbé, depuis l'an < S4i jusqu'en 1545. Commencement de Jean Durand, abbé de Senones, <S4i, p. 243. H accorde à une de ses nièces une prébende dans l'abbaïe de Senones, <S42, p. 243. René Du Puy du Four est pourvu dn prieuré de Léomont, <543,p. 244.–Rote ou partage des menses abbatiale et conventuelle, 4S44, p, 244. Association pour le moulin banal de Magnévi!!e, entre le seigneur de Launoy et l'abbé de Senones, en 1543, p. 249. Accord pour les pauliers des dixmes de Bazemont, ~843, p. 249. Mort de l'abbé Jean Durand, 1545, p. 250.

CHAPITRE XXXVIII. Dom Claude Padoux ou Paul-Doux, Llle abbé, depuis l'an i84S jusqu'en 1564. Commencement de l'abbé Claude Padoux, 250. Prise de possession de l'abbé Padoux troublée par les officiers de S. A. de Lorraine, 25i. Accord entre les bouchers de Deneuvre et de Baccarat sur la dixme de

laine, i649, p. 252.–Droits des seigneurs de BayonaBorvUIe,iëth p. 252. Association entre les ssrs évequo~ de Metz et l'abbé de Senones pour le Neuf moulin, 1554, p. 253.– L'évêquo de Metz renonce aux novales dans lus bois défrichés, 1554, p. 253. L'abbé Padoux a recours au duc de Lorraine contre les entreprises des officiers de Salm, i8S8, p. 284. Rote ou partage de mense entre l'abbé Padoux et les religieux, 1563, p. 256. Fondation de la messe de la Vierge et de celle de la Passion, 1563, p. 257. Admodiation des cures du Val de Senones, 1564, p. 257. Mort de l'abbé Claude Padoux, 1364, p. 258.

CHApn-aE XXXIX. Dom Claude Raville, LUI" abbé de Senones, depuis l'an 1564 jusqu'eni588. Election de Dom Claude Ravilte, i564, p. 259. Prise de possession du prieuré de Léomont par l'abbé Raville, 1664, p. 259. Prise de possession du temporel de l'abbaïe par la permission des comtes de Salm, en ~S64. p. 260. Procès au sujet de la succession du prieur de Mervaville, 1565, p. 260. Acquisitions faites par l'abbé Raville, 26i. Réforme des religieux de Senones par l'abbé Raville, 262. Fondation pour l'entretien de 4 jeunes religieux dans les études, ia88, p. 263. Eloge de l'abbé Raville, ses bienfaits à l'église de Senones, 264. Fondation d'un obit par l'abbé Raville, 1576, p.265.–Muids de sel acquis au profit des religieux, en 1S87, ~o88, p. 266. Difficultés avec la maison de Salm. L'empereur Maximilien il confirme les priviléges de l'abbaïe, 1572, p. 266. L'empereur Maximilien H écrit aux comtes de Salm de se désister des entreprises contre l'abbé de Senones, i572, p. 267. Le pape Pie V confirme les priviléges de l'abbaie, ordonne que l'on réprime les entreprises des comtes de Salm, 1572, p. 270. Grégoire XIII ordonne qu'on réprime les entreprises des officiers du comte de Salm, i572, p. 27<. Les comtes de Salm se font reconnaître pour seigneurs régaliens par les habitans du Val de Senones, i57i, p. 271. -Suitesdes entreprises des comtes de Salm contre l'abbé Raville, 1573, p. 273. Transaction entre les comtes de Salm et l'abbé Raville, 1573, p. 274. Protestation de l'abbé Raville contre la transaction de 1573, p. 277. Explication de la transaction de 1573, p. 278. Coadjutorie de D. Jean Lignarius, i580, p. 281. Affortage des habitans de Chatay dans le Belfey moiennant deux frans par an, <58S, p. 28l. Confiscation pour fait de sorcellerie, t587, p.

282. Le prieuré de Vie résigné aux cordeliers dudit lieu; ra,bbé 6 Ravillè le retire de leurs mains, 282. Procès contre tes prieurs de Schures et de Mervaville, 1577, 1584, p. 283. -Mort de l'abbé Raville, en 1588, p. 284.

CHAPITRE XL. Dom Jean Lignarius ou Menuisier, L1V" abbé, depuis l'an 1588 jusqu'en 162o. Commencement de D. Jean Lignarius; promesses qu'il fait aux religieux, en 1 587, p. 284.– Nouvel engagement de l'abbé Lignarius envers les religieux, 1S88, p. 286. Prise de possession de l'abbé Lignarius, 287. Introduction de la religi&n prétendue réformée dans les terres de Salm; règlement à ce sujet, 1S90, p. 288. Partage des biens du Moniet entre l'abbé et les relig., 288. Confraternité entre les abbaïes de Senones, de Moyenmoutier et d'Etival, 1594., p. 289.- Mariage de François de Lorraine avec Christine de Salm, en 1597, p. 290. Lignarius songe à unir son abbaïe à la congrégation de S; Vanne, 292. François Térel est fait coadjuteur de l'abbé de Senones. 1600, p. 292. Séparation de mense entre l'abbé et les religieux, 1602, 1603, p. 203.- Erection de l'innrmsrie de Senones, 1603, p. 209. Biens de l'abbaïe de Senones à Barbonville, 299. Réforme de l'abbaïe de Senones, 301.Affaire de D. Lignarius contre François Terel, 1606, etc., 305. D. Lignarius rétabli dans son abbaïe, 1611, p. 308. Bref pour la réforme de l'abbaïe deSenones, 1612, p. 304. Articles pour les anciens religieux de Senones, 1618, p. 316. Autres articles pour les religieux anciens et les réformés de Senones, 1618, p. 318. L'évoque de Toul fait entrer à Senones les religieux réformés, 1618, p. 521. Les comtes de Salm demandent que les anciennes transactions soient respectées, 1618, p. 322. L'abbé Lignarius s'oppose à la réforme introduite à Senones, 1619, 1620, p. 323. Vicariat apostolique dans la terre de Salm, 1618, 324. Affaire du sieur Terel contre l'abbé Lignarius, 327.- Le pape fait informer des vie et mœurs de l'abbé Lignarius, 1601, p. 328. Paul V donne pour coadjuteur à l'abbé Lignarius, François Terel, 1604, p. 327. Le pr;nce Erric, évëque de Verdun, cherche à se faire donner la coadjutorie de Senones, 1604, 330. Opposition à la coadjutorie de François Terel, 1606, 330. L'abbé Lignarius se maintient dans la jouissance de Léomont et du Monie), 1607, p. 331. Lignarius va à Rome et obtient des bulles deréintegrande, en 1611, p. 332. Terel résigne la coadjutorie en faveur du prince Charles de

Lorraine, i6i0, p. 332. Lignarius prend pour eoadjutour le prince Nicolas-François de Lorraine, 1624, i62S, p. 333. -Terel résigne sa coadjutorie au prince Nicolas-François, i 624, p. 335. Mort de l'abbé Lignarius, 1625,335. Vie de Dom Philippe François Colart, abbé de S. Airy de Verdun, 336. Catalogue de ses ouvrages, 339.

Voués de l'abbaye de S'eMMes, nommés dans ce volume.

Frédéric! duc de Lorraine, voué en 962, p. 48. Folmar, comte de Lunéville, en 994, p. 47. Turkestetn (Gérard de), en 1000, p. 33, 47, 6i. Gobert (de Tincey ou de Viviers), en H05, 1129, p. 59, 60, 61.

Comtes de Salm. Herman ou Hériman, voué, en 1 i t, H 20, 1124, 1130, p. 6i, 68, 74, 75. Henri I", en 1135, «45, p. 75, 80, 81. Henri Il, époux de Judith de Lorraine, en 1174, 1224, p. 90, 9), 97, 99, 100, 108, 11?, i27.–Henri 111, en 1219, 1235, p. 99, H 2, il 3, 114. Frédéric de Salm comte de Blâmont, en 1219, 1244, p. 99, 126 à i29, iS7. Henri IV, comte de Salm et de Ribaupierre, en 1250, I26I/ v, 1284, p. 80, 91, 128, i30 à iSS. Jean, comte de Salm, Simon et Nicolas, ses fils; en i328, 1348, ~353, p. i7i, <72, ~82, i84, i8S. Jean et Jacques de Salm, en 1460, 1461, 1466, p. 80, 208 à 2i0. Jeannette de Salm, épouse de Jean Rhingrave, en <488, p. 80. Jean Rhingrave, leur fils, en 1495, p. 80. Jeanne de Fénétrange et Marguerite de Sierk, comtesses de Salm, en i499, loi 3, p. 80, 232. Nicolas, comte de Salm, s~ de Viviers, en 1520, p. 236. Philippe-Otton, comte Sauvage du Rhin et de Salm, en 1540, 1564, <S9i, p. 254, 260, 309, 3H, 3i4, 324, 331. Jean et Claude, comtes de Salm, end560, 1864, 1572, p. 80, 260, 270, 290. Frédéric Rhingrave, comte de Salm, en 1571,1572, p. 270, 272,274. Paul, comte de Salm, em597, p. 290. Christine de Salm et François de Lorraine son époux, comte de Yaudémont et de Salm, en 1597, 1632, p. 290, de 301 à 307, 3H, 312, 313, 324, de 328 à 333. Charfes-Louis-Otto, prince de Salm, en 1778, p. 10. 34

Voués de l'abbaye. p. 87, 92, 97, i73, 174, 178, 212, 2t.4, 237. Salm (Armoiries de), p. i27. (Ban de), p. 220, 234, 279. (Château de),.p. 9i, 126, <3i, 134, 133. (Comté de), p. 2)9, 273, 288, 300, 30i, 302, 3H, 319, 324, 326 à 328. (Comtes de), p. 2, 28, 33, 34, 80, 91, 97, H3, 128, j3i, de 136 à i40, i49, iS3, IS4, i68, <72, i9i, 192, <97, 209, 214, 219. 220, 230, 234, 237, 254, 255, 260, 26<, 267 à 290, 30i à 303, 314, 518, 320, 325. (Maison de). p. i2,<59, 266. (Prince de), p. 10, 80. (Terre de), p. 262, 287, 288, 324, 325, 3M.

DOCUMENTS

CONCERNANT

L'HISTOIRE DES VOSGES. Usa.

Hugo de Fisca et ~r~M~p/HM de Risnel dede~M~~ /~<t(7'~M~ de Crista terrain de ~Mdo~ et ~M&?'M omni terra sua. Orig. Archives des Vosges. Titre original

sur parchemin, fonds de l'abbaye de

Mureaa, carton H. 37, et cartuiaire

H. 20, t. 4", n° 824, p. 29.

In nomine sanctae et individuae Trinitatis, Patris et Filii et

Spiritus Sancti. Notum sit omnibus fidelibus lam futuris quam praesentibus quod dominus Hugo de Fisca et dominus Arnulfus de Risnel assensu et voluntate uxorum suarum terram quam circa Auedoiz pariter habebant, sicut via tendens de Temprou ad Brechenvile secernit, et quicquit infra canales usque ad cultam terram de Ailenvile eorum proprium continetur, fratribusde Crista dederunt. Et ne de terra illa supradictis fratribus aliqua deinceps ab aliquo calumpnia inferatur, iidcn)Fratrespt'SBsente domino Hugone et quibusdam hommibus suis in eadem terra metas posuerunt, ut si aliquis aliquando contraire voluerit, metarum testimonio comprobatus sileat, et res bene gesta inconvuisa pennaneat. Nemorum insuper et paseuarum communium usuaria omnium terrarum suarum pro redcmptione animarum

suarum, supradictis fratribus simili devotione tradiderunt. Concesserunt etiam ut quicunque de hominibus eorum infra divisionem istam aliquid haberent quod gratis aut pretio prœdictse ecelesioe conferre vellent, absque calumpnia eis liceret. Hujus doni testes sunt, ex parte domini Hugonis, Hugo Calderuns, et frater ejus Rodulfus, Wirricus de Bretenai, Hugo de Langrens, Johannes de Espizon, Albuins de Temprou, Willelmus abbas de Miruath, prior Seherus de Camberuncurt, Hubertus miles de.Sancto-Urbano, Albertus miles de Fisea. Ego Jofridus de Joniville, orum omnium quae hujus cartae continet inscriptio testis assisto, et ipsam cartam laudo, et sigilli mei inpressione munio. Ex parte domini Arnulfi, Rainaldus cisterciensis, Bernardus abbas, Airardus de Risnel, Odo de Brioucurt, Isaac de Braibant.

Hugues de la Fauche et Arnoul c!e Reynel donnent aux frères de la Crête la terre d'Audeux et le droit d'usage sur toute leur terre.

Au nom de la sainte et indivisible Trinité, du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Faisons savoir à tous les fidèles présents et à venir que le seigneur Hugues de la Fauche et le seigneur Arnoul de Reynel ont donné aux frères de la Crète, du consentement et de la volonté de leurs épouses, la terre qu'ils possédaient ensemble dans le voisinage d'Audeux, telle qu'elle est séparée par le chemin qui va de Trampot à Brechainville, et tout ce qui leur appartient en propre confinant au-dessous des aqueducs jusqu'à la terre cultivée d'Aillianville. Et pour qu'à l'avenir on ne porte pas quelque accusation contre les frères susdits touchant cette terre, les mêmes frères ont, en présence du seigneur Hugues et de quelques-uns de ses hommes, placé des bornes sur cette terre, afin que si on veut un jour soulever quelque contestation, on soit réduit au silence par la présence de ces bornes, et que les choses équitablement établies restent intactes. De plus ils se sont engagés par le

même vœu à abandonner aux susdits frères, pour le rachat de leurs âmes, la jouissance de toutes leurs terres, bois et pâturages communs. Ils ont consenti aussi à ce qu'il fût permis à tous ceux de leurs hommes qui possédaient quelque bien au-dessous de cette démarcation, de le transmettre à la dite église gratuitement ou à prix d'argent. Les témoins de cette donation sont, du côté du seigneur Hugues, Hugues Chaudron et son frère Rodolphe, Wirric de Saint-Blin, Hugues de Langrens, Jean d'Epizon, Albuins de Trampot, Guillaume abbé de Mureau, le prieur Sehèresde Chamberoncourt, Humbert chevalier de Saint-Urbain, Albert chevalier de la Fauche. Moi Geoffroy de Joinville, je certifie toutes les conventions contenues dans cet écrit fait en ma présence; j'approuve l'écrit luimême et je le couvre de l'empreinte de mon sceau. Du côté du seigneur Arnoul, Renaud de Citeaux, Bernard abbé, Erard de Reynel, Odon de Brioncourt, Isaac de Brabant. (Traduction de J!f. G. Gley.)

iiS8.

Henricus episcopus Tullensis donationem suprascriptam confirmat.

Même origine.

ln nomine sanctae et individus Trinitatis. Ego Henricus Dei gratia Leuchorum episcopus, omnibus tam futuris quàm praesentibus salutem in Domino. Omnes episcopalis curée gratia sublimati quemadmodum malis ope divina semper obviare, ita justis bonorum petitionibus obtemperare debent esse parati, quatenus ex his stolam immortalitatis mereantur adipisci, et ab omnium Domino gloria et honore coronari. Nos igitur quia auctore Deo locum regiminis licet indigni tenemus, ab hujus immortalitatis munere honoris et g!oriae exortes esse non debemus, justœ petitioni tuse (dilecte frater et abba Milo de Crista) facilem assensum prœbemus. Terram itaque grangiae de Haydoiz de trium villarum Temprouh, Brichenville, Allenville territoriis fundatas, beatae memoriac praedecessori tuo Balduino et ecclesise sanctae Maria; de Crista donatam à

domino Hugone comite Rinelli et filiis ejus Hernulfe et Hayrardo, et Hugone domino de Fischa assensu et laude uxoris suae Bergero!œ, et domini Gaufridi de Jonivilla et uxoris suée Felicitatis, à quo partem prœdictae grangiae praedictus Hugo de Fischa in feodum tenebat, et quantum ad nos pertinet, tibi et Ecctesiae praefatae in perpetuam à nobis concessam nostra auctoritate et sigilli nostri impressione firmamus, et hujus scripti nostri perturbatores et violatores donec resipiscant et satisfaciant anathematis vinculo innodamus. Datum Tutti per manum domni Rorici archidiaconi anno millésime centesimo quinquagesimo octavo Dominicae Incarnationis, indictione sexta, epacta vicesima sexta, concurrente secundo. Testes Barthoiomœus abbas sancti Pauli Virduni, Willelmus abbas de Miruatth, Bernardus abbas de Vallibus, archidiaconi Henricus, Haymo, Ulricus, Item Ulricus Lingonensis, Rorichus.

Dans une autre confi-rmation, on lit « Hugo igitur comes de Risnel assensu 6)u sui Arnulfi, et Hugo de Fisca. Henri, ~~M6 de Toul CO~f~e la donation ci-dessus. Au nom de la sainte et indivisible Trinité. Nous Henri, par la grâce de Dieu évëque des Leuques, à tous présents et à venir, salut dans le Seigneur. Tous ceux qui ont la grâce d'être revêtus des hautes fonctions épiscopates doivent être non seulement prêts à s'opposer par le secours divin aux entreprises des méchants, mais encore à écouter les justes demandes des bons, jusqu'à ce qu'ils méritent par là d'obtenir la robe de l'immortalité, et d'être couronnés de gloire et d'honneurs par le Seigneur de toutes choses. Nous donc parce que sous l'autorité de Dieu nous tenons quoique indignes la direction des affaires, nous ne devons pas être privés d'honneurs et de gloire par le don de cette immortalité, nous accordons volontiers notre adhésion à votre juste demande (cher frère et abbé Milon de la Crète). C'est pourquoi nous confirmons par notre autorité et par l'apposition de notre sceau, la concession faite par nous à perpétuité à vous, et à la dite église, de la terre de la

grange d'Audeux sur les territoires des trois localités de Trampot, Brechainville et Aillianville, donnée à Baudouin votre prédécesseur d'heureuse mémoire et à l'église de SainteMarie de la Crète, par le seigneur Hugues comte de Reynel et par ses fils Arnoul et Erard, et par Hugues seigneur de la Fauche, avec le consentement et la volonté de son épouse Bergerole, du seigneur Geoffroy de Joinville et de son épouse Félicité, duquel le susdit Hugues de la Fauche tenait en fief une partie de ladite grange. Quant aux perturbateurs et aux violateurs de notre écrit, nous lançons sur eux l'anathème jusqu'à ce qu'ils se repentent et fassent réparation. Donné à Toul par la main de Roric archidiacre, l'an mil cent cinquantehuit de l'Incarnation du Seigneur, indiction six, épacte vingtsix, concurrent deux. Témoins Barthélemy abbé de Saint-Paul do Verdun, Guillaume abbé de Mureau, Bernard abbé de Vaux, les archidiacres Henri, Haymon, Ulric, item Ulric de Langres, Roric. (7'~M<;<MK. de M. G. G~)

lise?

Simon de Rossolio concedit domui de Crista çMœdaw bona in finibus de ~ttdOM.

Origine Archives des Vosges, cartulaire

de l'abbaye de Mureau, t. l". p. 30,

carton H. 20.

In nominc Patris et Filii et Spiritus Sancti. Quae domui de Crista Deoque ibi servientibus fratribus ego Simon miles de Rossolio laude et consensu uxoris meœ Gertrudis, filiorum meorum Alberti, Hugonis, Symonis, Guillermi, Petri, Ulrici, et 6iiae meae Aelidis et mariti ejus Theoderici, per manum domini Hugonis de Fisea dedi aut habere concessi, ad praesentium pariter et futurorum notitiam preesentis scitu chirographi volui comprehendi. Dedi itaque praedictis quicquit infra terminos suos de meo jure habebant, in finibus autem A))euvi)taB et Breche)m!ieC, et in adjacecti grangiae eorum,

quœ Audoiz dicitur, circumquaque territorio ut aut de proprio jure aut de vice comitis potestate aliquid habeo, vanam ubique pasturam, ad focum et ad aediScia grangiae necessarium nemus. Porcos in pastionem ibi nisi per me aut ministralem meum non mittent. Si cui autem in pratis aut in secatoriis, seu segetibus vel aliis quibuslibet rebus damnum intulerint, capitulariter damnum sine placitatione vel emendatione ulla restituent. Factum est hoc chirographum in tribus partibus, una apud Cristam, alia servatur in Miroaut, tertiam habeo ego et filii mei post me amici praedictae domss de Crista et ut poterimus defensores. Horum omnium testis et confirmator est dominus Hugo de Fisca, Willelmus abbas de Miroaut, Rainerus canonicus, Lebaudus cognomento Pendeuns, Stephanus de Rossolio.

Simon de Rouceux fait A maison <~ la Crête abandon de quelques biens situés sur le territoire d'~M<feMa;. Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Les biens qu'avec la volonté et le consentement de mon épouse Gertrude, de mes fils Albert, Hugues, Simon, Guillaume, Pierre, Ulric et de ma fille Aélide et de son mari Thierry, moi Simon chevalier de Rouceux, ai donnés par la main du seigneur Hugues de la Fauche, à la maison de/la Crète et aux frères qui y servent Dieu, et dont je leur ai accordé la possession, j'ai voulu pour la connaissance des contemporains également et de ceux à venir que ces biens fussent compris dans l'ordonnance présente écrite de ma main. C'est pourquoi j'ai donné aux susdits tout ce qu'ils possédaient d'après mon droit au-dessous de leurs limites; d'autre part tout ce que je possède ou de mon propre droit ou par délégation du vicomte, sur les territoires d'Aillianville et de Brechainville, et de leur grange adjacente appelée Audeux, et tout autour du territoire, la vaine pâture partout et le bois nécessaire au feu et à l'entretien des bâtiments de la grange. Ils n'y pourront envoyer les porcs au pacage que par ma permission ou par celle de mon inten-

dant. Mais s'ils portent dommage à quelqu'un dans les prés, dans les champs, dans les btés, ou partout ailleurs, ils répareront le dommage sans citation, sans ordonnance ou sans amende. Cet écrit a été fait triple, un exemplaire est conservé à la Crète, un autre à Mureau, je garde le troisième et après moi il sera à mes fils amis de la dite maison de la Crête, comme ils en sont aussi les défenseurs. Le témoin et le garant de toutes ces donations est le seigneur Hugues de la Fauche, avec Guillaume abbé de Mureau, Régnier chanoine, Liébaud surnommé Pendeuns, Etienne de Rouceux. (Traduction de M. G. Gley.)

Henricus 6pMCÛpM~ Tulle-nsis CO~)'MKt< donum quod Petrus

~6 Brisseio et frater ejus Simon concesserunt apud Audoiz, Temprouh, ~brca~~Mt e< Allenvillam /~s<~Ms~e Crista, Orig. Original sur parchemin, Archives

des Vosges, H., 37, et cartulaire de Mu-

reau, H. 20, t. ~f° 30et3'f.

In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Ego Henricus

Dei gratia Leuchorum episcopus, tam futuris quam praesentibus salutem in Domino. Quemadmodum divina loquitur scriptura non minima est Episcopi gloria, piis religiosorum virorum desideriis facilem proebere consensam, ut eorum fidelis devotio celerem consequatur efFeetum. Ea propter karissimo nostro Miloni abbati de Crista et fratribus ejus eorumque successoribus dona et concessa Petri militis de Brisseio, et Symonis fratris sui dominis de Burleinmont, nostra auctoritate et sigilli nostri impressione firmamus. Concesserunt itaque ecc!esiee praedictae decimas de grangia dicta Haydoiz perpetuo habendas, pertinentes ad feodum de Brichenvilla, quas Bartholomoeus de sancto Eliffio, et Albricus de BurJeinmo)!t mitites à praefato Petro tenentes, non semel nominatae eeetesiee, uxoribus, filiis omnibus et filiabus, csetensque eorum heredibus laudantibus, antea jure perpetuo concesserant. Dederunt etiam praeUbatae eectesise praedicti fratres Petrus et Simon, agros et prata, quse babebant in territorio vH!ae Temprouh, et in finibus pra3dictœ grangiœ,

et liberum usum pasturae et aquse in territorio viijae, quae dicitur Horcavallis, et in territorio de Allenvilla, omni occasione remota, ejusdem ecelesiae fratribus, et eorum animalibus profuturum. Remiserunt etiam sepefatae ecctesiae, Petrus et Symon in perpetuum querelam quam faciebant de terra praefatae viijae A!)envif!3e, pertinente ad cellam Sancti Jacobi de Monte dicto Syon, cujus se advocatos esse dicebant. Nichilominus etiam querela, quae de clausura praedictee grangiae habebatur, sic terminata est ut de pallitio, vel sepe fat. Testes, Bartholomoeus abbas de Sancto Paulo Virduni, Bernardus abbas de ValIibus, Willelmus abbas de Mirua)th, Lethardus de Darenni, Symon, Albertus, Stephanus, fratres de Rossolio, Fulcho de Janulon, Guiardus de Moncels.

Henri, ~p~Me de Toul, confirme donation que Pierre de Brixey et son ~7'e5~o~o~(/a;~p7'~d'AM< Trampo t, Orquevaux et A~MeM~MMe, aux frères de la Crête. Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Je, Henri, par la grâce de Dieu évêque des Leuques, à tous présents et à venir salut en notre Seigneur. Comme le dit l'Ecriture sainte, la gloire n'est pas petite pour un évéque d'acquiescer volontiers aux pieux désirs des hommes religieux afin que leur fidèle dévotion obtienne un prompt effet. C'est pourquoi nous confirmons de notre autorité et de l'empreinte de notre sceau les donations et concessions de Pierre, chevalier de Brixey et de Simon son frère, seigneurs de Bourlémont, à notre très-cher frère Milon, abbé de la Crête, à ses frères et à leurs successeurs. Ils ont donc concédé à perpétuité à l'église précitée les dîmes de la grange dite d'Audeux, dépendantes du fief de Brechainville, que les chevaliers Barthélemy de Saint Elophe et Aibérie de Bourlémont, qui les tenaient dudit Pierre, avaient cédées auparavant pour toujours à l'église plusieurs fois nommée, avec approbation de leurs épouses, de tous leurs fils et filles et de tous leurs autres héritiers. Les frères précités Pierre et Simon ont aussi donné à la susdite église les champs et

les prés qu'ils avaient sur le territoire du village de Trampot et sur le Gnage de ladite grange, ainsi que le libre usage du pâturage et de J'eau sur le territoire du village qu'on nomme Orquevaux et sur le territoire d'Aillianville, usage qui, exempt de toute redevance, doit profiter aux frères de la même église et à leurs animaux. Pierre et Simon ont renoncé aussi pour toujours en faveur de l'église souvent nommée à la revendication qu'ils faisaient de la terre du susdit village d'Aillianville, dépendante de la Celle de Saint Jacques-duMont dit de Sionne, dont ils se disaient les voués. Néanmoins la contestation qui avait lieu à propos de la clôture de la dite grange a pris fin par la décision d'y établir une palissade ou une haie. Témoins Barthétemy, abbé de Saint-Paul de Verdun, Bernard abbé de Vaux, Guillaume abbé de Mureau, Léthard de Darney, Simon, Albert, Etienne, frères de Rouceux, Fulcho de Janulon, Guiard de Monce). (Traduction de M. Voulot.)

ii88.

JKaM~fpMs Dux fo~rt~M? woa: ~Mprc~e?'tp~s eoT~MM~. Orig. Charte sur parchemin, fonds de l'abbaye

de Mureau,H. 37, pièce no 816.

In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Quoniam magna

pars est justitiae et gtoriae Principium ecctesiarum paci et quieti providere, et cas manutenere et fovere, et de possessionibus, que eis in eorum praesentia à fidelibus donantur, testimonium perhibere, et sua potestate roborare. Ego Mattheus Dux Lotharingorum et Marchio, de his que Petrus miles de Brisseio et Symon frater ejus domini de Burleinmont, ecelesiae sanctae Maria; de Crista in proesentia mea concesserunt et in perpetuum contradiderunt, testimonium perhibeo, et sigilli mei auctoritate confirmo. Concesserunt itaque eceiesiœpraedictse. (Co~me au ~ep~cë'de~.)

Mathieu, duc de Lorraine, confirme l'écrit ft-dessMs. Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Comme

il appartient surtout à la justice et à la gloire des princes de pourvoir à la paix et à la tranquillité des églises, de les maintenir et de les protéger, d'appuyer de leur témoignage et de confirmer de leur puissance les donations qui sont faites en leur présence par les fidèles, je, Mathieu, due de Lorraine et Marehis, reconnais et confirme de l'autorité de mon sceau les donations faites et accordées à perpétuité en ma présence par Pierre, chevalier de Brixey et Simon son frère, seigneurs de Bourlémont, à l'égiise de Sainte-Marie, de la Crète. Ils ont donc concédé à perpétuité à l'église précitée. (Le reste comme au titre pr~de)~.) (Traduction de M. VoM~o{.) i!S8.

Attestatio suprascriptarum donationum 6< COH.~?'?M<M7M~. Orig,Charte originale sur parchemin, archives

des Vosges, H. 37.

Notum sit omnibus quod terram grangiee de Audoiz de trium villarum territoriis fundatee, videlicet Temprou, Brichenville, Aillenville, à tribus dominis Arnulfo scilicet de Risnel, Gaufrido de JoniviUa, Hugone de Fisea, ecclesia de Crista splenni donatione accepit, episcopali signe sub testibus confirmatum. Et quoniam prsefati principes à Duce Lotharingiae eandam tprramhabebant, ac tenebantjurehominii, hanc eorum eleemosynam, dux Mattheus laudavit, et in manu Milonis abbatis de Crista hujus laudis donationem posuit. Hujus rei testes sunt Ruricus abbas de Calmosiaco, Ulfaudus canonicus ejusdem loci. Haec autem facta sunt in proesentia abbatissse de Stagno nomine Mabi!œ, et Aatedis matris ejusdem Ducis anno ab Incarnatione Domini millesimo centesimo quinquagesimo octavo.

~MM<S~O~ des donations <'< confirmations ci-dessus. Faisons savoir à tous que l'Eglise de la Crète a reçu en donation solennelle la terre de la grange d'Audeux sur les territoires des trois villages de Trampot, Brechainville, Ailliany~e, des trois seigneurs Arnoul de Reynel, Geoffroy de

Joinville, Hugues de la Fauche, ce que nous confirmons devant témoins de notre sceau épiscopal. Et parce que les susdits princes tenaient et conservaient cette même terre du duc de Lorraine à titre d'hommage, le duc Mathieu a approuvé la concession de ce bénéfice en laur faveur et a placé l'acte de cette approbation dans la main de Milon abbé de la Crète. Les témoins en sont Ruric abbé de Chaumouzey, Ulphand chanoine du même lieu. Fait en présence de Mabile abbesse de l'Etanche et d'Aelide mère du même Duc, l'an de l'Incarnation du Seigneur mil cent cinquante-huit.- (Traduction de Af. Lebrunt.)

ii70.

Abbas et co?n?e~<'Ms cfg Crista ~~K~M~< grangiam de Audoiz abbati et conventui Mireoallensi.

Orig. Cyrographe original sur parchemin, archives

des Vosges, H. 37.

Quoniam juxta varias temporum vicissitudines et subitas rerum temporalium permutationes, hominum corda et voluntates variantur et subito permutantur, utile et valde necessarium est omnibus paci et veritati studentibus, et maxime jugiter Deo famulantibus emptiones et venditiones possessionum suarum, quas inter se faciunt, bonorum virorum attestatione firmare, et solemni inscriptione mémorise in posterum commendare. Ea propter ego Theobaldus abbas de Crista, totusque fratrum nostrorum tam monachorum quam conversorum conventus, notum facimus omnibus tam futuris quam prsesentibus quoniam pari consensu et voluntate Guillermo abbati de Miruvaut et fratribus ejus eorumque successoribus grangiam nostram de Audoiz cum appendiciis suis, terris videlicet cultis et incultis, nemorum usibus et pasturis, quadringentis libris vendidimus nummorum trecensium. Notandum vero est quod pasturas de Lurivitta communiter depascemus. Sciendum etiam quod si casu aliquo futuris temporibus abbas vct fratres de Miruvaut prsetibatam grangiam vendere voluerint, priùs nobis vendendam offerrent. Ut igitur quod factum est inconcussum firmumque permaneat, chyrographi prsesentis inscriptione et sigillorum

nostrorum impressione, nec non et fratrum utriusque ecctesiœ, et quorumdam aliorum attestatione firmamus. Testes sunt Ricberus abbas de Carrobler, Mace!inus abbas de Septem Fontibus, et monachi de Crista, Dominicus tune temporis prior, et Rodulfus tunc etiam subprior, Rainerius etiam et Rofridus, Vido magnus et Vido Calvus, Johannes et Martinos; Bernardus et Nathalis; de conversis, Wido et Sahardus, Rodulfus magister de Froigneiis et Martinus de veteri Crista. De Miruvaut Humbertus tune prior, Petrus subprior, Gislebertus tune provisor, Boso conversus, Theodericus cementarius, conversus, Milo conversus, Stephanus conversus. Actum est hoc anno Incarnationis Dominieae miUesimo centesimo septuagesimo. 1170.

L'ab6~ et le cou/cent de la Crête vendent la grange d'~MdëMa; à !'a~6~ et au, couvent de ~M7'esM.

Puisque, par suite des diverses vicissitudes des temps et des mutations fréquentes des biens temporels, les volontés et les coeurs sont sujets à des variations et à des changements subits, il est utile et extrêmement nécessaire pour tous ceux qui s'intéressent à la paix et a la vérité, et pour les serviteurs les plus fidèles et les plus assidus de Dieu, de confirmer par l'attestation des gens de bien et de transmettre à la postérité par un acte solennel et authentique le souvenir des acquisitions et des ventes qu'ils font entre eux. C'est pourquoi, Nous, Thiébaut, abbé de la Crète, et tous les frères de notre couvent, tant moines que convers, faisons savoir à tous, présents et à venir, que, d'un consentement et d'une volonté unanimes, nous avons vendu pour quatre cents livres, monnaie de Troyes, à Guillaume, abbé de Mureau, à ses frères et à leurs successeurs, notre grange d'Audeux, avec toutes ses dépendances, telles que terres cultivées et en friche, et le droit d'usage et de pâturage dans les forêts. Toutefois nous réservons le droit de faire paitre en commun sur nos terrains vagues de Leurville.

Il est à savoir encore que si par hasard dans les temps à venir l'abbé ou les frères de Mureau voulaient vendre la grange précitée, c'est à nous d'abord qu'ils devraient en proposer l'acquisition. Afin donc que ce qui a été fait reste ferme et stable à toujours, nous le rendons authentique parle présent cyrographe, sur lequel nous apposons notre sceau, et qu'attestent les frères des deux églises et d'autres personnes encore. Témoins Richer, abbé de Carrobler Macelin, abbé de SeptFontaines. Parmi les moines de la Crète Dominique, prieur actuel; Rodolphe, sous-prieur; Rainier et Rofride; Vido le grand et Vido le chauve Jean et Martin Bernard et Nathalis. Parmi les convers Vido et Sahard Rodolphe, maître de Froigney et Martin, de Ja Vieille Crête. Parmi ceux de Mureau: Humbert, prieur; Pierre, sous-prieur; Gislebert, économe; Boso, convers; Théodore, maçon convers; Milon, convers; et Etienne. convers. Cet acte est de l'an, de l'Incarnation de notre Seigneur, mil cent septante. (77'sdMc<t0~. de Ze~n~~J

M?2.

Petrus episcopus r~~e~sM f6Meft<!OK.em sMp7'6[scr:p~!w MM'ecaHe~Mt~M factam confirmat.

Origine: Original sur parchemin, fonds de

Mureau. aux archives des Vosges, H. 3'?, î,

et cartulaire, t. )", 33,no8'<t.

In nomine sanctae et individus Trinitatis. Ego Petrus Dei gratia Leuchorum episcopus, dilectis fitus Willermo abbati de Miruvaut et fratribus ejus eorumque successoribus in perpetuum. Quoniam dilectam sponsam suam, sanctam videlicet Ecclesiam, quam Deus et hom*o Christus Jésus non alieno, sed proprio sanguine suo acquisitam sibi copulavit, sacerdotibus pontificalibus infulis decoratis, ceterisque officii et honoris dignitate pt'aeiatis conservandam et regendam commendavit, dignum est ut Spiritus Sancti cooperante gratia cum quanta valemus cordis alacritate, et curée diligentia, verbo et opere

nobis commendata implere studeamus, quatenus in extremi judicii examine, justo judici Déo rationem reddituri pro commissi lucro talenti: Euge boni servi audiamus, et cum Christo regnaturi vitam aeternam possideamus. Omnium ergo ecciesiarum, quae infra diœcesim nostram continentur, paternam sollicitudinem gerere, et earum praecipue in quibus habitant qui Dominum jugiter die ac nocte verbis et operibus laudare non cessant, justis utilitatibus invigilare debemus. lude est quod dilecti n)u nostri Willermi abbatis de Miruvaut, et fratrum ejus justis postulationibus clementer annuimus, et grangiam de Aydoyz in sicco pago Ornensi, de trium villarum Tempro videlicet, et Brichenville, et Allenville territoriis fundatam, cum appendiciis suis, terris seilieet cultis et incultis, usibus nemorum, et pasturis et decimis, quam à Theobaldo abbate de Crista, et universis fratribus ejus, tam monachis quàm conversis, quadrigentis libris trecensium nummorum emerunt, laude et concessione omnium dominorum, ad quos fundus grangiae pertinuit, et qui eam fundaverunt, prselibato Willermo abbati de Miruvaut et fratribas ejus, eorumque successoribus in perpetuum possidendam confirmamus, et sigilli nostri impressione, personarumque ecclesise nostrae attestatione communimus et consignamus. Et quoniam de laude et concessione dominorum memoriam fecimus, ad firmamentum pacis fratrum de Miruvaut, qui grangiam emerunt, dominos propriis vocabulis exprimendos dignum duximus. Laudaverunt ergo et concesserunt, in primis, dominus Arnuifus de Risnel et n)ii ejus Wyardus, Hugo. Laudaverunt pariter et concesserunt dominus Hugo de Fisca, et uxor ejus, et filii ejus, Hugo et uxor ejus Hayvydis,MHo, Symon. Ot.to.Aihricus. Laudaverunt et nepotes prsedicti Hugonis, Hugo, Abertus, Ulricus, Symon, Petrus, et soror eorum Aelydis, et maritus ejus Tbeodericus de Ribovilla. Laudavit etiam et concessit Hugo de Ru. Laudaverunt nichilominus et concesserunt, Symon dominus de Borlenmont et sororius ejus Hugo de Berfroymont et uxor ejus Hayvydis, et 61ii ejus Simon, Lebaldus. Hsec itaque omnia supradicta confirmantibus et conservantibus et manutenentibus

benefaciat Deus, violatores autem donec satisfecerint anathematis innodamus vincolo. Testes dominus Bartho!omseas Belvaci episcopus, Odo archidiaconus et thesaurarius, Albricus archidiaconus, Theoderieus Bar. archidiaconus, Haymo archidiaconus, Hugo archidiaconus, Ebolus archidiaconus, Drogo abbas Regisvallis, Rofridus magister, Theodericus decanus Sancti-Gengulphi. Data per manum Theoderici archidiaconi et canceUani, anno Incarnationis Dominicae millesimo centesimo septuagesimo secundo, indictione quinta, epacta vicesima tertia, concurrente sexto.

ii?a.

Pierre, ~Me de Toul, co~Mte la M~<e j0~t< /at(e Ntt couvent d6 Mureau.

Au nom de la Sainte et indivisible Trinité, Nous, Pierre, par la grâce de Dieu évéque des Leuques, à nos fils bien aimés Guillaume, abbé de Mureau, ses frères et leurs successeurs à perpétuité. Puisque le Seigneur a confié aux prêtres ornés des insignes pontificaux et aux autres prélats de titre ou d'honneur la garde et le gouvernement de son épouse chérie, c'est-à-dire de la sainte Eglise, que Jésus Christ, Dieu et homme, s'est étroitement unie après l'avoir acquise au prix de son propre sang et non d'un sang étranger, il est utile que, avec le secours et la grâce du Saint-Esprit, nous nous attachions de toute l'ardeur de notre cceur, de toute notre e sollicitude, par nos paroles et par nos actes, à remplir la mission qui nous a été donnée, afin qu'au jugement dernier, devant rendre compte au souverain juge de la bonne gestion du trésor qui nous a été confié, nous entendions ces paroles Courage, bons serviteurs, et que nous possédions la vie éternelle près du trône du Christ. Nous devons donc administrer avec une sollicitude paternelle toutes les églises qui sont contenues dans notre diocèse, et surtout apporter une vigilance 25

toute spéciale' aux intérêts de celles où habitent des hommes qui sans interruption, jour et nuit, sont occupés à louer le Seigneur par leurs paroles et par leurs actes. Voilà pourquoi nous accuèillons favorablement la juste requête de notre cher S!s Guillaume abbé de Mureau et de ses frères; et la grange d'Audeux, bâtie dans l'aride pays d'Ornois, sur les territoires des trois villages de Trampot, Brechainville et Aillianville, avec ses dépendances telles que terres cultivées et incultes, le droit d'usage et de pâturage dans les forêts et les dîmes, achetée de Thiébaut, abbé de la Crête et de tous ses frères tant moines que convers, pour quatre cents livres, monnaie de Troyes, de l'approbation et du consentement de tous les seigneurs à qui le fonds de cette grange a appartenu et qui l'ont bâtie, nous en confirmons la possession à perpétuité au susdit Guillaume, abbé de Mureau, à ses frères et à leurs successeurs, et nous rendons l'acte authentique par l'apposition de notre sceau et le témoignage de diverses personnes de notre église. Et puisque nous venons de rappeler l'approbation et le consentement des seigneurs, nous avons jugé utile, pour assurer la paisible possession des frères de Mureau, de citer les noms propres de ces seigneurs. Ont donc approuvé et consenti d'abord le seigneur Arnoul de Reynel et ses fils Viard et Hugues. Ont également approuvé et consenti le seigneur Hugues de la Fauche, son épouse et ses fils, Hugues et sa femme Hadvide, Milon, Simon, Otton et Aibéric. Ont approuvé aussi les petit*-fils dudit Hugues, Hugues, Albert, Ulrich, Simon, Pierre et leur sœur Aélyde et son mari Thierry de Rebeuville. A consenti et approuvé aussi Hugues de Ru. Ont non moins approuvé et consenti, Simon seigneur de Bour)émont, et son beau-frère Hugues de Bauffremont et son épouse Hadvide et ses fils Simon et Liébaud. Que ceux qui confirmeront, conserveront et maintiendront tout ce qui est dit cidessus soient bénis de Dieu; que ceux au contraire qui le violeront soient )iés de la chaîne de l'anathème jusqu'à ce qu'Us aient donné satisfaction. Témoins le seigneur Barthélémy, évêque de Beauvais Odon, archidiacre et trésorier AJbéric,

archidiacre; Thierry Bar. archidiacre; Haymon, archidiacre; Hugues, archidiacre; Ebeiin~ archidiacre; Drogon, abbé de Rangeva! Rofride, maitre Thierry, doyen de Saint GengouH. Donné par la main de Thierry, archidiacre et chancelier, l'an de l'Incarnation du Seigneur mil cent septante deux, indiction cinq, épacte vingt-trois, concurrent six. (Traduction <!g M. Lebrunt). ia54.

Accord /t<, par l'entremise c!e Huard c!e Bauffremont, entre

Agnès de Vergy, comtesse de Ferrette, et Liébaud de BaM~remont son d'une part, et !e couvent de Mureau d'autre part.

Original sur parchemin aux archives de

taMeurthe, fonds de l'abbaye de Murean.

Cartulaire de l'abbaye de Mureau,

aux archives des Vosges, carton H. 2~,

vol. 2, pièce 462, fo 4St verso.

Je Agnès, eontesse de Ferretes, fas conossant à tous ceaus

qui ce lettres verront et orront, que tel pais com me sires Huars de Bam'oimont a fait, de par moi, envers FAbé et le covant de Mirovant, de l'ordre de Premonstré, de batens qui estoit entre moi et aus, de dimes de Gendrevile et de Aiwruile (4) et des arages de cele Aiwruile, et de chatey, que nous desiens que il i avoiet pris outre fort, nos la creantons, je et me fis Liebaus, et les aquitons de tous le chatey qu'il i ont levé, et tel creante de sexante et dix livres de fors et de rendors, ensi com il est escrit en lettres saelées dou seel de la comoune dou Nuef-Chatel, que me sires Huars dis en ai fait, nous, cete à savoir je et me davant dis fis, l'otrions et volons et prometons en leauté que jamais en contre ne venrons. Et en tesmoingnage de cete chose, ai je mis mon seel, et par requête de mon davant dit fil, à ces presentes (i) Urville, canton de Bulgnéville (Vosges).

letres, qae furent faites en l'an que !i miliaires corroit par mil et ce. et l. quatre ans, en mois de fevrier.

iaoe.

Agnès, comtesse de Ferette et dame cfe BoM~'em<Mt<, donne d

l'abbaye de Cherlieu tout ce ?M. pouvait avoir à TreW<MMOW<, Tartecourt et Magny.

Origine Titre, original, sur parchemin, aux

archives de la Hante-Saône, H, 334/342°

Communiqué par M. le Prince dé Baui&e-

mont-Courtenay, Duc d'Atrisco.

Nos dame Agnès contesse de Ferrettes et dame de Beaffroy-

munt et je Lyebauz ses fys damoyses, faceons à tous cels qui verront cels presentes lettres, que cum descorde aust esté intre nos d'une part et l'abbé et le couvent de Chier-leu d'autre part, sor ce que nos demandiens A l'abbë et à covent davant dit aucune droture que nos entendiens à avoyr à Tremoncort et à Treitecort et à Maignies et as finages de cels leus. En la fyn par conseil de bone gent et des preudomes, nos nos sumes a cordey à l'abbé et au covent desus dit en teil manire que nos avons quitté et doné en aumoigne à l'abbé et au covent desus dit par maignatiblement toitte la drotture que nos aviens ne poyens avoyr ne devyens à Tremoncort ne à Treittecort ne as a partinances des dit leus. Ausiment.lor avons quitie et doné en aumoigne la quarelle que nos avyens vers lour à Maignis. Ce est à savoir dou molin et de l'estang et de la voye dont ii abbes et H covent estoyent vestu et sasy au tens que cels lettres furent faittes. Et avons promis par nos foyz corporelement donées que nos contre ceste quictance ne contre cest don ne yrons ne ferons a leur par nos ne par autruy, mas leal garanttie porterons vers toutes genz au devant dit abbé et au covent. En tesmoignage de ceste chose por ce que e!e soit ferme et estauble, je Agnes davant dicte contesse de Ferrettes et dame de Bafroymunt par

le los et par le ottroy de Lyebaut, mon <y!, a mis mon Met en cels presentes lettres, et avons prye et requis, je et Lyebaut mes fyz nostre maire et nostre dame Clémence dame de Fovenz et Henri de Verge, mon fraire, senexchaul de Bergoigne que il ]or saes mettent en cestes lettres par noz prieres en tesmoignage de verité; Qui furent faittes l'an de l'Incarnation Jésus-Crist mil dues cent cynquante sex lan de mays de i'Aaunciation Nostre-Dame.

Visé pour collation. Vesoul te <0 septembre <87<. L'archiviste de la Haute-Saône,

Signé Jules Finot.

iaei.

Agnès, cotM<MM de F~r~< coM~y~M JM dott~ A Z'aM)<n/e de C!a~/oM<<!ttte, par Liébaud, son fils, Mfe de Fe~'o~-

w<w<.

Origine Titre en original snr parchemin aux

archives de la Hante-Saône, H. 387/397. Com-

mnniqnë par M. le Prince de Bauffremont-

Courtenay, duc d'Atrisco.

Je Agnes contesse de Ferrotes, fais savoir a tuoz ces qui verrunt ces presentes lettres et orrunt que je lou et outroy et confermoj la pais que Liebauz mes fiz sires de Befroimont a faitte à l'abbé et au couvant de Clarefontaine de totes les grouses (griefs) que il movoit contre aus de piez de terres et de pasturaiges ou finaige de Senimcort, et par la priere dou devant dit Liebaut mun fil, por !e salut de m'arme et de mes ancessors, je quit et ai quité au devant dit abbé et au covant de Clerefontaine tout le droit que je pooie et devoie avoir es devant dites greuses et si lou et confermoi totes les choses des ques li maisuns de Clerefontaine estoit vestue et tenanz au jor que ces lettres furent fattes, et promet an bone foi que je ne par moj ne par autruj au contre ne irai ne feraj aler,

ne an cort laie (cour laïque) ne an cort de crestienté (cour ecclésiastique), et leur porteraj leal garantie vers tot~s genz des devant dites choses à mon pooir. Et pour ceu que ces choses devant dites soient fermes et estables, je Agnès contesse devant dite ai mis mon seel en ces présentes lettres en tesmoignage de verité. Ceu fu fait an l'an de l'Incarnatium Notre Segnor que !i miliares corroit par mil et dus cens et sexante et un.

Collationné à Vesoul !e 0 septembre 187~.

L'archiviste de la Haute-Saône,

Signé Jules Finot.

Octobre 1298.

Donation du ~de !<:i?oM~e d'Aremoncourt, etc., /t<ep&r

Thiebaut, comte d.e Fe~reMe, au Mt~Mr de ~eM/cM<e!. Origine Archives du Donbs. Cartulaire

de la maison de Neuchâtel, m~ sur velin

du XV' siècle, antérieur à ~)423,

CXXXIV, v. Communiqué par M. le

Prince de Bauffremont-Courtenay, dnc

d'Atrisco.

Nous Thiebaut cuens de Ferrettes, faisons savoir à tous ceulx

qui ces presentes lectres verront et orront, que nous en recompensation des services que nostre bien amej cousin messire Thiebaut sires du Nuefchastel nous a fais, ti donnons et avons donney pour nous et pour nos hoirs, à lui et à ses hoirs, le fied entierement que messires Jehan de Dale chevalier fils monsieur Henry de Dale chevalier qui fut, tenoit et devoit tenir de nous c'est assavoir, la wouerie d'Aremoncourt, de Vandoncourt, de Doncourt, de Daule et d'Audincourt, et toutes les autres choses que a le dicte wouerie espandent, soit en fied ou en arrier fied, sans riens à retenir. Et cest don li faisons nous et avons fait pour nous et pour nos hors.àiui

TABLEAU GÉNÉALOGIQUE RÉSULTANT DES QUATRE PIECES PRÉCÉDENTES.

AoxÉt DB VERGY, dame de Morey. Lavigney, Pierrecourt, etc., nièce d'Alix de Vergy, duch*esse de Bourgogne, fille de Guillaume I" de Vergy, seigneur de Mirabeau, etc., sénéchal de Bourgogne, et de Clémence de Fouvent, héritière de la maison de ce nom, mariée ° Pierre, sire de Bannreniont, mort vers 1240 2' à Ulric H, comte souverain de Ferrette, gouverneur provincial en Alsace, mort on <275. (Clémence de Fouvent dame de Fouvent, FontaineFrançaise, etc., se remaria a Jean sire de Valéry. Elle était fille d'Henri seigneur f)e Fouvent et d'une dame nommée Agnès veuve en premières noces de Simon seigneur de Bourlémont )

l 1

Liébaud, sire de Bauffremont, maréchal 'te Bourgogne, etc.. mort en )302, duquel sonM~ TntBBAOT, comte de Ferrette. gouverneur provincial enAts~e,morten ')3<0, marié t'A à descendues les branches actuellement existantes de la maison princière de Bauffremont, Catherine de Ktingen; 2 à Marguerite de Btamont.

t– à ¡ SOPHIB de FERRETTE, mariée il Ulric III, comte régnant de Wur-

< I;LR;c Jil. comte de Ferrette, mort en )324. marié à Jeanne de Bourgogne-Montbëtiard, laquelle se remaria ')' à Sopais de FsRHETTE, mariée à UInc comte régnant de Wur-

Rodotphe–Hesse. marquis de Bade; 2' à Guillaume comte de Katzenettenbogen. temberg, tué en -1344.

< JEANNE, comtesse héritière de Perrette, qui apporta ce comté à la maison de Habsbourg, morte à Vienne,~ RaERHAM II, comte de Wurten. ULMc IV, comte de Wurtemen .)36),mariée eni324à à Albert 11, duc d'Autriche, dit le Sage et Je Contrefait, mortenl3o8, 4 fils de l'empereur berg,dit)eQuere))~ur,morten<392- ber~, mort sans postérité. Albert et d'Elisabeth de Carinthie. marié à Elisabeth de Henneberg. RoDOLpHB 11, ar-~FRÉO!huc,tuë~ ALBERT III, archiduc~. LëopOLD, I", ditle~ -CATHERINE MARSUEMTE, morte~~ Umic de Wurtemberg, tué SopmEde Wurtemberg, morte en 369, -chiduc d'Autriche,-en 1362. ~d'Autriche, dit à la PreuxetleBeau-Gen–abbessodeS'~en 1366, mariée en t388, marie à Elisabeth .~mariée en <367àJean 1~ duc de Lorditi'Ingënieuxpt ~Tresseetl'Astrotogue darme, tué à Sem- aaireàVienne~aMainhardtIVcomte aHedet'empereurLouisV,?raine,morten)390,etremanëàMargue)e Magnanime ?'B°''t en )39o, qui a pach, e-n 1386, fonda- morteent38.f.'de Tyrol, 2" à Jean et veuve de Jean. dernier?rite, comtesse de Looz et de Chiny. De mort sans poste- constitué la descen- teur de la 1" branche de Luxembourg, mar- duc do la Basse-Bavière, cette princesse de Wurtemberg descendent ritë,em36S. danco des archiducs de Styrie devenue quis de Moravie. toutes les branches modernes de la maison d'Autriche, éteinte en atnëe,pn<467. de Lorraine et en particulier la ligne *'° impériale d'Autriche,

<p Bn~EST t", dit de Fer et le Cuirassé, duc d'Autriche, mort en f~. A EBERHARD III, comte de Wurtemberg, dit le Débonnaire, mort en )

FMDÉmc IY, dit le Pacifique, empereur d'Atiemagne, mort en <493. ERERHÀRD IV, dit le Jeune, comte de Wurtemberg et de Montbëiiard, j' mort <~9.

MAXHunfxI". roi des Romains, empereur, mort en 1549 ULRIC Y, dit ia Bien-Aimé, lige de la branche de Stuttgard. mort en 1482.

PmuppE I", dit le Beau, archiduc d'Autriche, roi de Castifie, mort en i606. HENRY, comte de Montbétiard, mort en t6t9. A CHARLEs-Qu~T, empereur d'Attemagne et roid'Bs-~ FEM)XAND! empereur en'i8H6, mort en )S64. GE@RGES, comtede Hontbëiiard, mort en ~So8. Spagne, mort en 1558. FRÉDËRic Ie'. duc de Wurtemberg, comte de Montbëuard, mort en <~ < 608, duquel descend toute la maison rnyale de Wurtemberg. –m~tmaz~mm~.KMMMMM-=~ ? Voir: ~Mémoires de la Société d'Emu). deMontbëtiard. 2'série,

Desquela sont ~lescendus les rois d'Espagne éteints en tn00, par la mort du roi Charles II, et les empereura d'Allemagne 4 er vol. Histoire des comtes de Ferrette par 31. A. Quiquerei.

DesqueLs sont descendus tes rois d'Espagne éteints en ,700. par ta mort du roi Chartes H, et tes empereurs d'Alternée :ejerre~~r~. ~iq~z.~ par

dont l'héritière fut impératrice Marie-Ttiërésc, épouse de François-Etienne I", duc de Lorrame. Trouvât: Gënéafogie de ta maison de Ferrette. de par 3° Histoire génea!og. des mais. souv. de t'Europe, etc. par M. V.

Généatogie de la maison d'Autriche.

4" Histoire cronol. génëa). etc. de la maison royale de Wurtemberg

etc., par S' Allais.

et A ses hoirs, ~t nous desvestons et sommes desvestis nous et noz hoirs dudit fied et en revestons et avons revesti ledit seignour de Nuefchaste! lui et ses hoirs par ces présenter !ectres. Et avons promis et promectons pour nous et pour noz hoirs par nostre serement donné corporelment que nous contre ledict don que fait !i avons, ne irons ne ne ferons venir par nous ne par autrui, ne ne consentirons à venir, mais ti promectons à porter pour nous et pour noz hoirs bonne warantie leaul et paisible lui et ses hoirs en toutes cours et devant toutes gens dudict fied. Et pour ce que ceste chose soit plus ferme et estable nous avons seellées ces presentes leetres de notre seel pendant, et avons requis et prié à nostre bien amey frere monsieur Liebaul seignour de Beffroimont qu'il mette son seel en ces presentes lectres ensemble le nostre seel. Et je Liebaut sires de Beffroimont à la priere et à !a requestc de nostre dit frere, ay mis mon seel en ces presentes lectres ensemble le suen seel, Que furent faictes l'an de grace mil H" nonante et huit ans, on moys d'octobre (')). ~) Voir le tableau ci-contre.

Novembrc i564<

~m.MMOtKMCOrtM? à Liébaud de SaM/~ëMO~ C(MM<a<Stt< qu'il fut fait prisonnier à la bataille de Poitiers, etc.

Orig. Archives nationales, registre dn

trésor des chartes J. J. 98. n'LXÎX.

Charles, etc. Savoir faisons à touz presens et adveair que les amis charnelz de Liebaut, sire de BeSromont en l'empire, et de Philebert son filz, chevaliers, nous ont exposé que comme que (<) Nous donnons ces pièces sur les maisons de Bauffremont et de Ferrette, comme intéressant l'histoire de toutes ies maisons souveraines de l'Europe et en particulier celle de la maison ducate de Lorraine, aujourd'hui impériale d'Autriche qui, pendant plus de 700 ans, régna sur notre pays.

les diz chevaliers aient entrepris, passé, servi bien et.loyalment nostre très-chier seigneur et pere dont Dieu ait !'ame, et nous ausi en noz guerres en plusieurs et divers lieux, et entre les autres en la bataille de Poitiers, en laquelle ledit Liebaut fu prins et y perdi tout son hernoiz, ses chevalx et males, qui bien valoient jusques à la somme de vt~ florins d'or et plus, et avec ce fu mis à raençon très excessive, pour quoy sa chevance et son estat fu et a esté grandement diminué et abaissié, et en a tout son meuble perdu ou la plus grant partie; pour quoy il li a convenu faire grans emprins, et engàgier sa terre pour sa dicte raençon payer, et ausi devant Paris où il nous a servi à vint et cinq glaves, à ses propres fraiz et despens, et y despendit bien mil florins et plus sans aucune restitution avoir; et avec ce fa en la bataille devant Troies à xxx glaves, et là se combati contre les Angloiz et enemis de nostre Royaume, et si porta comme loyal et preudhomme; et auxi aient lesdiz chevaliers esté en plusieurs aultres lieux et places de nostre dict Royaume pour la tuition et deffence d'icelli, sans en avoir eu aulcune recompensation ou restitution, et encores ce non obstant, soient prest et apparillie de nous servir en noz guerres et aultrement en toutes les manières qu'il nous plaira; et il soit ainsy que les diz chevaliers qui ne sont pas de nostre Royaume, ains sont de l'empire, veans que pour leur liberal service à nous ainsy faict, dont ils n'eurent oncques aucune recompensation, comme dict est, ils auroient perdu leur chevance, se soient d'une partie de leurs dettes, pertes et domaiges voulu desdomaiger, et aient pour ceste cause, avec plusieurs de leurs compUces, ja pieça prins, au retour de la foire de Chaalon, Jehan de Tournay, Gille le Chaucier et Robin le Covrecteur, et tenuz en prison jusques ad ce que il se sont à eulz raençonnez de la somme de mil florins ou environ; et avec ce aient couru devant la ville de Chaumont en Bassigny et auxi devant la ville de Trampoul, et devant icelles aient prins et enmené les proies d'icelles villes, jusques à certeinne quantité de grosses bestes et menues; pour lesquelz faiz, les diz chevaliers

et leurs complices, doubtans rigueur de justice, ne se osent monstrer, ne comparoir en nostre Royaume. Et pour ce, nous ont fait humblement supplier lesdiz chevaliers que, considerez les liberaulx services et grans pertes et les autres choses desssus dictes, la grant repentance qu'il ont de leurs diz mesfaiz, et le grant desir qu'il ont de nous servir et de commenser à réparer entour nous et nostre Royaume pour bien et pour honeur, et auxi qu'il sont prest et appareillie de satisfaire avant tout enuie au dit de nous ou de noz gens par de là, que sur ce leur vueillons faire grace et misericorde. Nous, adeurtes, en resgart et considération aux choses dessus dictes, aians pitié et compassion des diz chevaliers et de leurs complices en ceste partie, toute peine corporelle, criminelle et civite en quoy yceulz chevaliers et leurs diz complices sont ou puent estre encouruz envers nous pour les faiz dessus diz, leur avons ou cas dessus dict, quitté, remis et pardonné, quittons, remettons et pardonnons de grace especial et de nostre auctorité royal, par la teneur de ces présentes lettres, satisfaction faiete à partie avant tout enuie, comme dict est, et les remettons en pays et à leur bonne renommée et à leurs biens. Mandons au baillif de Chaumont, de Troyes et de Vitry et à touz les autres justiciers et officiers de nostre Royaume, à leurs lieutenans et à chascun d'eulz, que lesdiz chevaliers ne leurs complices il ne contraignent ne ne molestent desormaix en corps ne en biens, pour les causes dessus dictes, contre la teneur de nostre presente grace, ains d'icelle lez leissent et facent joir et user paisiblement, sans contredit. Et se leur terre, ne leurs autres biens sont pour ce prins. detenuz ou arrestez, qu'il lez leur mettent ou facent mettre au delivré, sans delay ou empeschement aucun. Et pour que ce soit chose ferme et estable à touz jours, nous avons fait mettre nostre seel à ces presentes, sauf entre autres choses nostre droit, et en toutes l'autrui. Donné à Paris ou mois de novembre l'an de grâce mil cccLxiiij. Signé, par le Roy en ses requestes :Pierreelle.

j 3JanTieri56S.(v.6.) O~H~aMoK. ëe deux mille /!<M'ms d'of, ps~e aM p~o~ de

Jean de BourMttM~ par 7ZMa~ de Ruppes pour la dot de sa y~e Catherine, mariée audit ~e Bourlémont; Ferry de Ludresse rend caution. (Titre sem6~~ 0~ BMr~e?M~.de Savigny se rend caution pour 300 petit* florins M?~!emeH<; et 38 titre, où Pierre de Be~'o~o~<, sire de Ruppes,. se rend caution de Huard, au même sujet pour 500 petit* florins à payer à Pdques ')365) (~)).

Orig. Bibliothèque nation. mss, fonds

de Lorraine; 4 T. 92, f-'46; 2'Yi-

dimus du 28 juin ~392, T. 93, n" 34

3° T. 92, n° 48.

Saichent tuit que nous Jehans Huyns et Jehans Thenons de

Nuefchastei, tabellions de très-hault et puissant prince mons~ le duc de Loheraine et Marchis de son tabellionnaige

(1) Catherine de Bauffremont-Ruppes, épouse de Jean seigneur de Bourlémont et de Domremy, était fille de Huard tt de Bauffremont, sire de Ruppes, et de Jeanne de Vienne, laquelle était fille' de Guillaume de Vienne, sire de Montmorot, Saint-Georges, etc., et de Marguerite de Lorraine-Vaudémont, veuve sans enfants de Jean de Salm, tué à la bataille de Frouard en < 308. Les parents de Marguerite de Vaudront étaient Jacques de LorraineVaudémont, sire de Bainville, et Jeanne de Commercy-Sarrebruck. (~rc~. de MeM?'<Ae-e<fo<e~ CM<e<-XMr-Afo<e«e, fZJ, n" 3i.–Dom Calmet, AM<. ~e LorraMe, édit, t. 7~, aux preuves, p. LXXXIII. ~fc/t. de Meurthe-et-Moselle, lay. Commercy, ~,M°63.) Catherine de Bauffremont-Ruppes eut trois fils: Pierre seigneur de Bourlémont et de Domremy, Jean et Liébaud de Bourlémont. Elle eut aussi une SHe, Jeanne de Bour)émont, qui épousa André de Joinville, seigneur de Joinville en partie, Vaux-la-Petite, Pulligny en partie, etc.d'où naquirent: ~° Pierre de Joinville, dit Perrin, seigneur de Joinville, Pulligny, Bourlémont, Domremy, Bruley etc.,

de Chastenoy, l'an de graice nostre Seigneur mit trois cens quaitre vings et douze et vingt naict" jours du moix de jung, avons veue tenue et diligemment examinée unes lettres saines et entières en seel et en escripture contenant la forme qui c'ensut. « Saichenttuitque comme messires Huards de Ruppes chevaliers soit tenus de rendre et paier à Jehan de Boullainmont escuier dous milles florins de bon or et de juste poix, pour cause du mariage damoizelle Katherine fille ledit monss. Huard, que lidis Jehans ait prix à sa femme, si comme il dient assavoir est que pour plux grant surtey à avoir de paier ladite somme de florins à la requeste dudit monss. Huard, messire Ferris de Ludes chevaliers sires de RicharMaignil, cen est estaublis pleges et renderrez et comme principaul debteurez, en la main dudit Jehan ou de seluj qui sez presentes lettrez averoit pour cause de luj en la somme de quatre cens petis florins de bon or et de juste poix à paier à Pasques commençans quant le milliaires couroit par l'an mil trois cens sexante et seix, sens nul deffault, et en caz que deffaut y seroit, ceu que Deus ne veulle, ott jours après la requeste dudit Jehan ou d'aultre pour luj faite audit

en partie; 2" André de Joinville, mort sans postérité; 3° Agnès de Joinville, dame de Joinville, PuDigny, Bourlémont, etc., en partie, mariée à Guitfaume de Lignéville, époux en secondes noces de Claude d'Essey; 4° Jeanne de Joinville, dame de Joinville, Pulligny, Bourlémont,etc., en partie, mariée: fa âHenri seigneurd'Ogéviller; 2° à. Jean IV comte de Saim, tué à nuign6vH)e en i43t, veuf en premières noces de Guillemette de Yergy.

Par les d'Ogéviller et les Salm, Jeanne de Joinville a pour descendants toutes les maisons souveraines de l'Europe, et en particulier la maison impériale d'Autriche et la maison royale de Wurtemberg.

Jean V comte de Salm, son fils, recueillit en 4468 une partie de la succession de la maison de Bauffremont-Ruppes. du chef de Catherine de Bauffremout-Ruppes, dame de Bourlémont et de Domremy.

monss. Ferry, en sa maison à Richar-Maignil ou ay aultre qui se pourteroit pour ledit monss. Ferry en ladite maison, ledit mess. Ferris doit ailler en la ville du Nuefchastel à trois chevaulz en ostaiges et en cais qu'il ny pouroit ailler bonnement il y doit envoier deux gentis hommes chaucun à deux chevaulz en ladite ville de Nuefehastel à lour propres frais despens et missions, et ne puent ne ne dotent partir de ladite ville du Nuefchastel jusques ad ce que ledis Jehans ou celuj qui sez lettrez averoit pour cause de luj seroit parfaittement paiez de ladite somme de florins, se cen n'estoit plegiey et volentey dudit Jehan ou de seluj qui cen pourteroit pour luj, Et c'en ait promis ledit messire Ferris par jsa foy corporellement donnée en lieu de serment à tenir parfaire et accomplir du tout entièrement sens ailler de riens encontre sur l'obliguacion de tous sez biens, les biens de sez hommes et femmes, meubles et heritaiges presens et advenir partout, lesquelz biens lidis Jehans ou ceij qui averoit cause de luj pouroit panre ou faire panre par qui qu'il lor plairoit ou cais que deffault averoit ez choses dessus dites. En tesmoignaige de ceu, à la requeste dudit mess. Ferris, furent sez lettrez scellées du scel du tabellion mons. le Duc de sa court de Nancey saulf son droit et l'aultray, Que furent faitez et escriptes l'an de graice nostre Seigneur mil trois cens sexante trois, le tiers jour du moix de janvier. » En signe de verittey nous les tabellions dessus nommez avons mis le scel de ladite court de Chastenoy en cest presens vidimus auvec nos signez manuels.

Scellé sur double queue de parchemin. (Le sceau manque) i 3 et 35 Octobre i399.

Testament <~ Jehan de Bourlémont, avec un codicile. Original sur parchemin. Communiqué

par M. le Prince de Bauffremont-

Courtenay, duc d'Atrisco. Archives

nationales. M. 4, n" 28.

En nom du Père et du Fil et du Sainct Esperit, amen.

Je Jehans de Boullaimmont, escuiers, signour d'ieellui lieu en partie, et sieur de Dompremey, estans en mon bon sens et en ma bonne memoire la merci Dieu nostre Signour, considerans qu'il n'est chose plus certainne de la mort, ne chose moins certainne de l'eure d'icelle, attendons à la saulvetey de nostre arme, desirans mori en la foy catholique, fay, ordonne mon testament, ordenance et derraine voluntey des biens que Dieus m'a prestés 'en ceste mortel vie, et rappelle tous testamens. ordenances et derainnes votuntés que je pourroie avoir fais on temps passey. Et veu! que mes debtes soient paiés et mes tors fais amendés ceu que monster se pourrat suffisamment. Je rend mon arme à Dieu nostre creatour, qui l'a crée et racheutée de son très-précieux sang, à la benoite vierge Marie sa très doulce mère, à tous sainctz et à toutes sainctes et à la cour celestial de paradis. Et eslis ma sepulture en l'esglise de monsignour sainct Esloy de Girbauval, (GerbonM6Ma?) nostre hospital, en la fosse mon pere que Dieu perdoing. Item, je veul et ordonne des biens que Dieus m'a prestés, que quarante escus de bon oir et de juste pois soient donnés à quatre esglises tant collegiaulz que conventual, c'est assavoir à l'esglise de sainct Eucaire de Liverdun, de sainct Gengouph de Toul, de Nostre-Dame du Murial et de Ryner (Re~M~), à chascune d'icelles esglises deix escus d'oir, pour acheuter certainne terre de trescens de laquelle on puisse avoir chascun an, ung escu d'oir pour faire mon obit et anniversaire chascun an, en chascune d'icelles églises; c'est assavoir le soir à vespres de mon dict obit, vigilles de mortz, et le jour la messe haulte; et que )i chasnoinnes, prebstres, vicaires, chappellains et clercz d'icelles esglises, qui vouiront panre part en mon dit obit, y soient ainsi que il est de costume. Et ainsy seront ces quatre escus d'oir chascun an pour mon obit, pour chascune des dessus dites esglises ung escu, pour prier pour l'arme de mi, de mes ancestres et de tous ceauz à qui je suis tenus. Lesquelz quarante escus dessus dis je donne aulz dessus dictes esglises, à chascune deix escus, ainsi comme dessus l'ay dit et devisey, et veul que i)z soient pris surs ma terre et surs les biens, fruict et

revenues d'icelle. Item, je donne au curey de Dompremey deulz escus pour prier pour mi et pour mi administrer les sainctz sacrementz desaincte Esglise. Item je donne à Oudinot, à Richard et à Gérard, clercz, enfantz du maistre de l'escole de Marcey dessoulz Brixey, doulz escus pour prier pour mi et pour dire les sept psaulmes. Item, je veul que les doulz breviaires, le psaultier, une cloche et une ymaige de Nostre-Dame, qui furent de l'esglise de Roises, lesquelz je tieng en garde en ma chappelle de l'De de Dompremey, soient rendus et restabliz à ycelle esglise si elle se refaisoit, ou ou la redifioit on temps advenir. Item, je veui que se mi hommes ii habitantz de Dompremey veulent dire et pruever suffisamment que je leur aie fait aulcun grief ou tort de doulz douzaines d'oisons qu'ils paient chascun an à moy ou à mon certain commandement, leur soient restablis et restitués par Pierre de Boullaimont mon fil. Item, je donne à ma chapelle de Nostre-Dame de Dompremey une carte de cire pour faire une torche et ung cyerge. Item, je veul que la maignie de mon hostel soit paiée, escuiers et -varies, en la menière qu'i)z ont desservi. Item, je veu! que la terre et heritaige de Andreu, mon varlet, seant à Crescey ou on ban et finaige d'icellui lieu, que je ay retrahi de mains des Lombars, H soit restabli et rendu, parmei ce que il me servirat ung an. Item, je veul que les aiandres de saincte Catheline de l'esglise de Marcey dessus dite soient rendues et restablies à la dicte esglise pour prier pour mi, pour ce que messires WauJthiers, curey jadis d'icelle esglise, les m'avoit données, ensembles aulcunes aultres grosses aiandres qu'il avoit faites si comme ii disoit, et escript de sa main. Et sont les dictes aiandres en Bourgonne en mon escrins. Item, je nomme et eslis Pierre mon fil, mon executour accomplir et asseurer de point en point cest mien present testament, ordenanee et derreine volunté, ainsi comme dessus est dict et devizei; auquel je donne pour sa poinne viug escus d'oir. Et se Pierre mes filz n'en vouloit recepvoir la charge et la diligence et poinne de executeir et mettre adfin dehue c'est mien présent, testament, par son deffault ou par aultre essoingne

expres de corps, se que Dieus ne veule, je nomme et eslis Jehan- son frère, mon fil, par la forme et meniere que dessus est dit. Item, je veul et concède mes dis filz Pierre et Jehan dessusdis estre mes hoirz de ma terre, saulve l'anneesse de Pierre mon fil, en donnant à frère Liebaud mon fil, suffisance de partage jusques à tant qui soit beneficiez suffisamment. Item, je veui et ordonne que le servise de mon enterrement soit fait en l'esglise de mon siguour sainct Esloy, nostre hospital, pour le remede de l'arme de mi et de mes ancestres que Dieus perdoing, ainsi comme il appartient, et ainsi que il semblerat bon à Pierre mon fil, mon executour, ou à Jehan son frere, si comme dessus est ordeney, auquel mon executour je donne plain povoir, licence et auctorité de executer de point en point cest mien present testament et ordenance et derrainne voluntei, et mettre ad fin dehue en la fourme et meniere que dessus t'ay dit et devisey. Lequel testament, ordenance et derraine voluntei soient valables et de bonne valour, ainsi comme bons testament puet et doit estre valable, soit par testament ~M~c~pers~M, ou par te droit des codicilles, en la main duquel mon executour qui se voulrat entremettre de executer cest mien present testament en la meniere que dit est, je mes des maintenant tous mes biens où qu'Uz soient, pour icelluy accomplir de point en point et ainsi comme il appartient. Et se aulcuns de mes hoirs aloient à l'encontre de cest mien present testament, devise, ordenance et derraine voluntei ce que Dieus ne veulle, je le prive des maintenant de tous mes biens, et veul que ceu qui !i pourroit encheoire de par mi soit mis en euvre de pitié, ou donné pour Dieu aux povres membres de Dieu, selon le bon avis de mon executour. En signe de vérité, et pour ceu que cesdit mon testament soit valables, fermes et estables, je ay requis et prié monseignour l'oSicia! de la Court de Toul qu'il veulle seeler ces présentes lettres de mon dit testament, ensemble mon seel pendant en icelluy, escript et signey de la main Jehan Oudinot de Marcey dessoubz Brixey; clerc nottaire-juréi de !a dicte court de Toul. Et nous omciaulz; dessussdict, à

la requeste et prière dudict Jehan de BouUaimmont, ,par la fiable relation de nostre dessus dict nottaire jurei à nous faite, avons fait mettre le seel de nostre dicte court en cest present testament qui fait fait l'an de grace nostre Signour mille trois centz quatre vings et deix et nuef, le treizime jour du mois d'octembre. Presentz messire Jehan fil Henri Malebarbe, chappellain de la chappelle de l'He de Dompremey et Thiesselin de Seraumont, clerc demourant audict Marcey, tesmoings ad ce appellés et requis.

S. J. de Marcey.

Item, je donne à mons. Jehan fil Henri Malebarbe mon breviaire, pour chanter ung annal de messes pour mi et pour mes ancestres et pour tous ceaulz à qui je suis tenu. Item je donne encore audict sire Jehan ma chappelle de l'Ile de Dompremey et les appartenances d'icelle, de laquelle il a fait sairement de desservir, et de retenir et de retraire pour son pouvoir les drois d'icelle, se aulcuns y en avoit aliénés. Ce fut fait et ordeney le xxiij" jour d'ou mois d'octembre dessus dict, presentz messires Jehan curei de Dompremey et Billei femme Hernin dudict Dompremey. S. J. de Marceys. Ita est ect. anno et mense quibus supra dictus. (Parchemin, sans sceau.)

ÊS67

Lettres de franchise des habitants de Coussey <tec<M'<f~ par

Mathieu, chevalier, comte de Coussey, le mardy apf~ Pentecôte de !'a~~e ~67, et ?'app(M'~s en copie dans un acte du ~e~Mo~~Mï~e de Châtenoy, du décembre V~ Orig. Copie donnée par M. t'abbë Deblaye.

A tous ceulx qui ces presentes lettres voiront et oiront,

maistre Nicole Régnait de Toul, clerc demourant au Nûefchaste! et Ouldet Gienin dadit Nuefchastei, tabellions de hault et

puissant prince et seignour monseignour le duc de Loheraine et marchis, de son tabellionnaige de Chastenoy et dadit Neufchastel, salut. Savoir faisons, que nous, l'an de graice nostre Seignour mi) quatre cens vingt et ung, le seize jours du mois de décembre, avons veu, teneu, leu et exemple!? de mot à mot unes lettres, saines et entières, en scel et en escriptures contenant la forme qui s'ensuit Je Jehans de la Nuefville, escuiers, lieutenant de monseignour le bailly d~ la duchiei de Loheraine, fais savoir à tous ceulx qui ces présentes lettre verront et oiront, que comme plaix et descors fuit et ait estey entre Jehan Chrestien bourgeois dou Nuefchastel d'une part,- et les habitans et proud'hommes de Couxey par d'autre part. si comme de ce que Jehan Chrestien les avoit fait à waigier et sur ce en ayde de droit lidit habitant et proud'hommes de Couxey vinssent par devant moy en moy requérant que je les voulsisse faire rendre ou recroire dudit Jehan Chrestien quCj, waigier fait les avoit. et ils estient prets et apparei)Iei de faire raison et de plain par devant moy s'aulcune chouse lour vouloit demander, et encontenant je iix appeller lidit Jehan Chrestien et N dix que lidit habitant et proud'hommes de Couxey requerient à estre recrui jusques à une journée, à laquelle il serient par devant moy se aulcune chouse ionr entendoit à demander lidit Jehan Chrestien et respondant qui les avoit fait à waigier pour la somme de vingt frans et vingt ftorins de bon or et de juste poix que sous monseignour Ferry de Luddes, cbevatier, seignour de Recharmanil, !i devoit pour chevaulx vendus, si que il apparoit par bonnes lettres dudit monseignour le duc de Loheraine et lesdites scellées dou scel de son tabellion de Chastenoy qu'il tenait au present, lesquelles lettres furent teheucs et [)ub)iëes en hault. Lidit habitant et proud'hommes de Couxey, respondant et disant Vous orez le contenu des dites lettres fcmment nous ne sommes en riens nommés, obligiés ne comprins, et pour ce nous requierons à estre renduis à plain et descoutangiés. Lidit Jehans Chrestien disant que veriteis estoit qu'il les avoit fait à waigier pour ladite cause et que lidit proudhommes et habitant 36

de Couxey estient au dit messire Ferry et pour tant il:estient prenaubles, gajaubles, et panissaubles pour ledit et fait de monseignour Ferry. Lidit habitant et proud'homme de Couxey respondant et disant contraire que sauf vostre et sa bonne reverence et la graice de tous ceulx qui ceu )i avient donnés à entendre quar ils estient et sont franche gent et franc proud'hommes, abonnés à tours seignours, quar il savent qui doient par ou à lours seignours, qu'il ne sont prenaubles, gajaubles, ne panissaubles pour le seignour pour quelque debte que lour seignour puet ou pourroit deuvoir ne pour autre chouse, fors que pour tel droiture que il puellent ou porrient douvoir par an à lour seignour, et de ce estient prets et appareillies de enformey à un certein jour, tant par lettres de lour franchisse qu'il ont que par plusiours des habitans des villes voisines, que de lour temps ils ont usez de lour lettres de franchisse en la dite manière. Et seur ceu, en l'absence doudit Jehan Chrestien et aians cause de lui, se consentons jusques à ung certein jour a veoir ladite franchisse. Je Jehan lieutenant dessus dit, a de mon office donneix certein jour aux parties. Auquel jour lidit habitant et proud'hommes de Couxey apourtont unes lettres de franchisse contenant la forme que sensuit « A tous ceulx qui verront et oiront ces

»presentes lettres, Maheus de Couxey, chevalier, salut. Saichent » tuit que ja voulu et octroier veul et octroie que tuit mi & hommes et femmes demourant en ladite ville de Couxey » desoubs moy se puissent aidier et aidient de toutes bour» geoisies et entrecours partout leus en lieus où il ont esté » autrefois bourgeois et où iJ se pourient mieulx sauver, » sauf mon droit. De rechef j'ai recognu et recognois que D mon dit hommes et femmes ne doient à moy que sept livres e de toulloix parmeyan, à paier àdous termines: c'est assavoir » la moitief à la feste s~ Remy en chief d'octobre et l'autre moitief à la Pasque en suivant. Et autres costumes, crouvées si comme Hz ont accoustumey à paier anciennement. De » rechef ai recognu et recognois que mon dit hommes et »femmes puient et dient chascun an eslire et nommer sergent,

» sens nuls vendaiges avec les hommes monseignour Simon, par warder le ban et finaige, l'année durant, et les amendes » et fourfaite rapourteis par le dessusdit sergent sont et »doient estre aux seignours. De rechef ja recognu et recognois » que mon dit homme et femme ont droit d'uzer en boix » qu'on dit les aubanis seians au finaige de Couxey, en la manière que lour ancessours ont uzei on bois bâtis et en ceux dudit finaige, sauf et reservei les droits des seignours en haulte justice, auxi comme en bois batis. En tesmoignaige de veritei, je Maheus dessusdit, chevalier, a mis mon scel en ces )) présentez lettres que furent faites en l'an de grace mil trois » (cent) vingt et sept, lou mardi après la Pentecoste )1. Et auxi

estient encor prets et appareillés iidit habitant et proudhommes de Couxey de monstrer par plusiours personnes dignes de foy des villes voisines, l'usaige de lour lettres de franchisse et de si longtemps qu'il n'avoit homme en vie à present qui heust memoire du contraire. Si requerient à grand instance lidit habitant et proud'homme de Couxey à estre rendui tout à plain et descoutangiés. Et en prenant droit les aiant cause dudit Jehan Chrestien rappliquant et disant au contraire que lour dite lettre de franchisse ne deffaisoit point qui ne fuissent prenaubles, panissaubles, gajaubles pour lour seignour et auxi en aultre cas deffective ensi que pourrient c'estoit devant. Et pourtant lidit habitant et proud'hommes de Couxey estient tenu de paier le contenu dudit tabellion pour )our seignour, et en prenant droit ii droit en fut chargié en maiour de Rousseul, et fuit assigneis certein jour au parties pour ouir le droit. Auquel jour en ma présence lidit maiour de Rouceul fuit, et grand faison de proud'hommes des villes voisines ensemble lesdites parties, par especial grand faison des habitant et proud'hommes de dite ville de Couxey et lidit Jehan Chrestien en sa personne, liquel maiour de Rousseul estoit prest et appareUté de dire et pronuncier et de en faire preuve enzi que il appartenoit. Seur ce les dites parties heurent conseil et avis. Et pour fin de paix pour estre la chouse plus meheurement ferme de tout le dit descors en chargont de tout moy

Jehan lieutenant dessus dit pour ensi que premier je sawrois par le maiour de Rousseul et les prud'hommes dou droit dont il estient enchargieis et auxi je enquerrois bien et dehument et justement aux saiges et usaigiers et four dirois et monstrerois les demandes, raisons. deffences, oppositions et replications des dites parties et seur ce selon ceu que je en trouverois et que on me conseilleroit premier à ceux à cui H droit estoit enchargies, après au saiges et uzaigiers que je en voulsisse dire, determiner, pronuncier, rapporter et declairier et tout ce que je en diroit, determineroit, rapporterois et desclairerois les dites parties tanrient ferme chose et stauble, et pour ce je certif5e veritablement que je me ceux conseillei bien et dehument premiers à ceux à cui le droit estoit en charge, à plusieurs saiges et usaigiers et auxi à plusiours personnes dignes de foy des villes voisines de la dite ville de Couxey et debvant le droit, les demandes, raisons, deffenses, oppositious et repplications des dites parties sens entreport. Liquel m'ont conseillé leaument et justement de rapporter en la forme et manière que s'en suit Premier, je dis et rapporte les habitans de Couxey estre franche gens et prud'hommes francs abonneis à tour seignour, quar il scavent que doient par an à tours dits seigneurs, ensi comme il apparoit par la tenore de iour lettre de franchisse dont la coppie est ci-dessus escripte de mot à mot, et auxi pour tant que sont de serve condition, de morte main, ne de for mariaige et qu'ils se puellent remouvoir de tours lieux, aller franchement où qu'il leur plait et porter là iour chouse sens mettre empeschement nuls de iour seignours; et tenir iour heritaige franchement sens empeschement aulcuns et auxi marier leur fil ou leur fille où qui leur piait, et donner dou iour ceu qui iour plait sens empeschement de iour seignour; et aller, venir, raller, revenir et redemourer au lieu que de devant, tout franchement; et pourtant les disis et tesmoignes estre franche gent et franc prud'hommes abonneis par an à lourseignours, sans estre gajaubles, prenaubles, ne panissaubles en corps ne en biens pour iours dits seignours, fors que pour tel droiture que il puellent douvoir par an à lours dis seignou rs

et chascun pour sa porcion selon ceu que je ai prouvée en ceux à cui le droit estoit enchargié, auxi en plusiours saiges et usaigiers et en plusiours personnes dignes de foy des villes voisines. Et en tesmoignaige de laquel chouse, je Jehan de la Neufville, escuyer dessusdit, lieutenant de monseignour le bailly de la duchie en ay donnei auxdits habitant et prud'hommes de Couxey ces presentes lettres du rapport anxi fait, dit, rapportei, pronunciei et desclairei. Et avec ce je ai requis aus tabellions doudit monseignour le Duc de son tabellionnaige de Chastenoy qu'il voulussent mettre le scel doudit tabellionnaige en ces presentes lettres cy, fortiSiant et ratiffiant ledit rapport. Enxi fait, dit, rappoutei, prononciei et desclairiei comme lieutenant doudit monseignour le bailly de la duchie; Et en approuvant mon scel estre le mien propre scel de quoy je use. Et nous ti tabellions de Chastenoy dessus dict, à la requeste dudit lieutenant monseignour le bailli de la duchie, avons mis le scel dudit tabellionnaige en ceste presente declaracion et rapport, en approuvant que c'est le propre scel dudit lieutenant de quoy il use pour estre la chouze plus ferme, veritauble, et créauble, sauf le droit doudit monseignour le Duc et l'autrui. Ce fut fait à vint jour dou moix de janvier, l'an de graice Nostre Seignour mil trois cens soixante et quatorze. En tesmoignage de laquelle chouse, nous maistre Nicole Régnait et Ouldet Gienin tabellions avons mis le scel dudit tabellionnaige en ceste presente copie et vidimus que fuit fait l'an et jour premier dessus dit.

24 Juin t599.

Sauvegarde du duc de fo~'at~f, Charles II, en /CDeM?' du 60M'oc~( des Cordeliers de Neufchdteau.

Original sur parchemin, communiqué par

M. Feunette, bibliothécaire de la ville de

Neufehâteau.

Nous Charles duc de Loherenne et marehis A tous nos boins amis et bien vuellans, à tous nos omciers, baillifs, chas-

tellains, gouvernours, prevosts, maiours et aultres nos o~ciers et nos subgiez tous salut. Pour Deu purement, pourcontemplacion, devocion et affeccion que nous avons et avoir debvons à !a warde, deffence et protection de la saincte Eglise universalment, comme vrais filz de l'Eglise et boins catholique, mesmement que forment sommes tenus obligiez de substenir et tenir en bonne paix et transquilitei les églises fondées en notre duchief et en nos bonnes villes, et par nos seignours duc de Loherenne nos prédécesseurs. Considerans que entre les aultres eglises, abbayes et monasteres des religioux scituées en notre duchiet, l'église, monastère, circuite, clos, porprix et toutes les appartenances du couvent des freires minours religioux scituez en notre ville du Nuefchastel sont fondez par nos predecessours due de Loherenne, ou que)x couvent le divin office de Deu est dignement cellebrey, et y est Deu servi nuit et jour, et cellui couvent, tout dedens et dehors avons moult chiers et à cuer tous les menistres, freires et religieux, habitans on dit couvent, et les volons warder comme notre propre, principal et especial heritaige. Et pour ce mandons et commandons bien expressément à tous noz subgiez de quelconque condicion Hz soient, que aux freires et ministres dudit couvent, à lour église, à lour clos, maisons, porpris et ediffices, dedens ne dehors ne vuellent aucune chose meffaire, de fait ne de parolle, et ny vuellent attempter par violance, par jus, par esbatement desplaissans, contre la voluntei ou desplaisir d'aucun des dis freires, ne nous facent aucun empeschement aux services, sermons, predicacions et aultres affaires dudit couvent, car qu'il qui feront le contraire, nous tenriens ceu estre fait en notre content sur notre deffence, et en notre asseurement, et y pourvoiriens de tel remede et pugnicion que seroit exemple aux aultres. Et commandons à tous nos omciers et boinsvuellans que à la requeste desdis religioux et de chascun d'eulx, lour vuellent porveoir de remede contre tous ceulx que aux dis freires feront mal, grief ou offence de fait ne de parolle partout où qu'il yront, pour le bien et fait de lour église, quanque se soit. En tesmoingnage de

veritei, nous avons fait mectre notre seel pendant à ces presentes lettres, que furent faites l'an de grace notre Seigneur mil trois cens quatre vings et deix nuef, le jour de la S' JehanBaptiste. -Au 6<MM< ~crtt.' Par Monseigneur le Duc J. Poiret, avec parafe. (Le sceau n'existe plus).

Au dessus est écrit Sauvegarde du duc de Lorraine testifiant comment ce couvent est fondé par ses prédécesseurs et veult qu'il soit gardez et entretenus sur tous les aultres monastères et couvents du pays comme son propre, principal et espécial heritaige. comme appart par le contenuz de ces presentes.

9 Août i420.

Ruine du C/SM fort de K~M~, etc.

Origine. Titre sur parchemin, aux Trésor

des Chartes dA Lorraine, pièce cotée

La Mothe 2, n' 9.

Louis, par la grâce de Dieu, cardinal duc de Bar et seignour de Cassel, et Je W illame de Dompmertin, escuier, faisons savoir à tous que, comme débat et descors fuissent entre nous, à cause de ce que je Willame ay fait poursuite à l'encontre de révérend père en Dieu et très redoubtei prince monseignour le cardinaul et duc dessus dit, sur ce que feu bonne mémoire seigneur Audowart, jaidit duc de Bar, marquis du Pont et seignour de Cassel, pour son temp, à force de gens d'armes, prist et fist panre ma forteresse et chastel de Tillue, et icelle prist et fist mettre à ruyne, par ses hommes et subgés, servans et complices, fuirent fais plusieurs dompmaiges en mes villes de Tillue, de Certillue, de Dompmertin, de Vaul et de Sirecourt, pt autre part sur moy, et fuirent mis à mort plusieurs de mes var!es, servans, hommes et subgés, sur quoy en ay requis par plusours foix mondit seignour le duc, tant par voie amiable comme autrement, et aussy fait

guerre tellement que je me suis bouttei on chastel et forteresse de Pierrefort, appartenant à mondit seignour le duc, et icelluy ay gaingniei sur luy. Et nous Loys, cardinaul duc de Bar, prétendiens que aucunement n'estoiens tenus audit Willame pour lesdites querelles. Assavoir est que nous, les parties dessusdites, summes condescendues en accort et bonne paix sur icelles querelles en la manière que s'ensuit. C'est assavoir que nous Loys, cardinaul et duc de Bar, en nom de nous et de nostre duchie, par déhbéracion ehue avec nostre conseil, recongnissons estre tenu et obligie audit Willame, ses hoirs et ayant de luy, en la somme de vingt seix cens frans de boin or et de juste poix pour et à cause des querelles, actions, dompmaiges et poursuites que faisoit ledit Willame contre nous et nostre duchie, pour et à cause que dessus pour lesquelz vingt seix cens frans, nous, de certenne science et par deliberation, avons engagiez et engageons et mettons ens mains dudit Willame, nos villes de Gramgney. de Nygeon, de Waudrecourt, de Chalmont la Ville, avec toutes haitours et signories qu'avons en icelles vi))e: aussy avec toutes yssues, prouffis, droitures et revenues quelcunques de nosdictes villes, et que en icelles avons tant en hommaige, marie, boix, yawe?, fours, moulins, tailles, preis, terres, censes, rentes, revenues et autres droitures quelcunques, sen aucune chose excepter ne fuer mettre; lesquelles villes avec les homaiges, haultours et signories, yssues, prouffis, droitures, cens et autre émotumens que yssir poh'ont, ledit Willame, ses hoirs et ayans cause posséderait, sen malengin, en toutes manières comme feriens et faire polriens tant que nous ou nos successours duez de Bar aurons paier entièrement audit Willame, ses hoirs ou ayans cause ladicte somme de vingt seix cens frans d'or ou douzes gros, monnoie de Mets, comptés pour chacun fran, tout à une foix, en la ville du Nuefchastel, ~u de Nancey, ou de Liverdun, sen malengin. Et dèsmaintenant mettons et voulons estre reccu par nos officiers et gens ledit Willame es pocession corporeHe et réelle d'icelles nos villes, haultours et signories, avectou~\5 rentes, yssues, tailles, droitures, preis, terres, boix, yawes et

autres revenues, sen aucune chose excepter ne fuër mettre, pour en user et joir paisiblement comme de la sienne chose jousques & rachet. Au queil raichet faisant, ne se descompterait aucune chose de ce que ledit Willame, ses hoirs ou ayans cause avérait receu d'icelles nos villes, prouffis, droitures et yssues d'elles, ansoix dèsmaintenant pour adoncques desdictes receptes et de ce que percud en averait, et par pur et vray don le donons et remettons audit Willame, ses hoirs et ayans cause, sen aucune chose descompter de la somme prineipau!. Et on cas que nos dictes villes ou les rentes d'icelles seroient en aucunes autres obligations faites par nous, debvons icelles libérer et affranchir et warentir audit Willame, ses hoirs et ayans cause, contre tous et envers tous. Et je Willame, pour my, mes hoirs et hayans cause, parmey les choses dessusdictes, ay remis et acquittei, remes et aquicte à mondit seignour le duc son duchu (dû) et tous autres aux quelz appartient de tous les dompmaiges, querelles et actions dessusdictes, et dèsmaintenant restitue audit monseignour le duc ladicte forteresse de Picn'efort, en tant comme à luy touche, en faisant convenant c .près de non jamaix aucune chose demander audit monseignour le duc ne à son duchie, à causes des dompmaiges et querelles dessusdictes. Et en oultre nous, Loys cardinaul et duc de Bar, pour nous, nostre duchie, aidans, servans et complices, d'une part, et je Willame de Dompmartin, pour my, mes aidans, servans et complices, d'autre part, demeurons quittes les ungs envers les autres de toutes les querelles, dompmaiges et entrestens advenues d'un costei et d'autre pour cause et raison que dessus et des deppendences d'iceHes, et en summes condescendus en bonne paix et traittier par la manière que dessus, sen ce que à nulz jours maix li ung contre l'autre en puisse faire action ou poursuite. Et avons promis et promettons en bonne foy et loyaulment de tenir, garder, observer toutes et singulières choses dessusdites en lours poins et vrai entendement, et chacun de nous endroy soy, sen aller ou faire ntter au contraire par quelcunque menière que soit, sur l'obligation expresse de tous les biens

de nous, de noz hommes et subgés, moubles et non moubles, par )a prinse, vendicion et aliénacion desquelz voulons estre contrains se alliens ou l'ung de nous alloit au contraire. Et avons renoncier et renunsons aux excepcions de mal, de ma)ice, de force, de fraude, de baret, de lésion, de circonvencion, de décepcion, à l'ignorance de fait et de droit de la chose non ne estre ainsy faite comme dit est, et généralement à toutes autres excepcions, aUégacions quelcunques par lesquelles ly ung de nous polroit aller ou venir contre les choses dessusdictes en tout ou en partie, ou luy deffendre, espéciaulment au droit qui dit général renunciacion nyant valloir se ly espéciaul ne précéde. En tesmoingnaige de véritey, nous, les parties dessusdictes, avons mis nos seelz à ces présentes lettres, qui furent faites l'an de graice Nostre Seignour mil quaitres cens et vingtz, le vanredi après feste sainct Jaique et sainct Christome appostres, vingtseixime jour du moix de jullet. Et pour tant que cest présent vidimus soit plux ferme et muelx estable, nous, les wardains dessusdits, l'avons scellei du seel dudit tabellion monseignour le duc de sadicte court de Nancey, saulf tout le droit de mondit seignour et l'aultruy. Si quel fuit fait et transcript l'an et le jour dessudit. (<)

DROW. DE LUNARD?

(<) La construction du chœar et de la tour de l'église actuelle de TiMeux paraitremonter au 13' siècle. Cette église est évidemment contemporaine de l'ancien château détruit au commencement du iS* siècle, et dont il ne reste plus que des substructions, dans le jardin situé au nord du cimetière. En 1839, le propriétaire de ce jardin, M. Charles Bogard, ayant arraché un poirier séculaire qui s'y trouvait, découvrit les fondations des murs de ce château, et trouva, au pied de ces murs, plusieurs flèches et des carreaux, avec le sceau très-bien conservé de Thomas de Longeville (ToMtMOt de ton~Ot~M). Ces objets intéressants furent cédés au musée des Vosges et y sont déposés.

a Mai 1429.

Lettres par lesquelles Thiébault de Neufchdtel (ï~'aMC/n< ~s

habitans de C/K~M~OSe~ p~SMMfS ?'M~KMM!M qui ~~a~a~< commeree e< la prosp~~ de !<t m~. Origine Titre en copie, sur parchemin,

aux archives de la ville de Châtel, pièce

cotée AA, n' 2.

Donnei pour copie de mot en mot d'une lettre saines et

entière, sans avoir en seaulz, en escriptures ne en parchemin vice ne corruption, dez quêtiez la teneur sensuit. « Thiebault seigneur de Nuefchastel et de Chastel sur Meselle, à tous ceux qui ces presentes lettres verront et orront, salut. De la partie dez manans et habitans de notre ville du dit Chastel sur Meselle, nous a esté exposé, que comme eux soient tenus et chargiez envers nous en plusours grosses et diverses servitutes et redevances tant pour la soustenance et retenue de nostre dicte ville comme autrement, entre lez autres de à nous paier certaine vente et autre deu appellé tanneul, de toutes denrées vendues, eschangées, balloquées et deduites par lez dis habitans et ung chacun d'eulx, en icelle nostre ville, avec amende de sexante solz que ung chacun d'iceulx deffallant à paier lesdicts vente et tanneul à chacune foy commet envers nous, pour ocasion de laquelle chose plusieurs d'iceux hesbitans d'incorrir et cheir en ce dongiez differoient et delaissoient à eulz pourveoir en nostre ville sur le fait de l'exercice de marchandie, veu aussi que lez villes voisines de nostre dicte ville, ne autres en la duchie de Lorraine ne conté de Waudemont, ne sont chergiez d'icelle charge, maix icelles cessent illec comme du tout inutile qui lour tournoit à grant dangiez à recovrer des biens en revenue, de non multiplier nostre dicte ville, tant de gens comme d'avoir, redoubtant par conséquent à la déchéance et diminution d'icelle ville que seroit à notre très grand dommage et prejudice, nous requerant humblement sur ce avoir provision convenable,

savoir faisons que nous considerans tout ce que dit est, inclinans à lour requeste, desirans l'aumentation, acroissem*nt et réparation de nostre dicte ville, tendant au recovrement du bien comun des dis habitans et à proffit necessaire d'iceux. Avons de graice especiaul par grant avis et mehure délibération sur ce eue en nostre consoil, pour nous, nos hoirs et aians cause, à yceulx habitans et à ung chacun d'eux, pour eulx et lour hoirs, de la dicte vente tannent et autres dessusdis, remis quitté et afranchiz, et par ces presentes lettres et pour tousjours, remetons quictons et afranchissons, sens ce que plux doresenavant à la cause que dessus sois pris,levei ou exigei aucune chose d'eulx en apert ne en requoy de quelconque marchandie ou danrée que ce soit. Se donnons en mandement à noz baillis justiciers et autres officiers dudit Chastel presens et advenir qui dès maintenant et perpétueiment tiennent quittes et pasibles lez dis habitans et ung chacun d'eulx de la dicte vente tanneul et amendes dessusdictes par la manière que dit est, et que de nostre presente graice quittance et affranchissem*nt facent, soffrent et laissent iceulx et chacun en droit soy joyr et user sens contredit, car ainsin le voulons, et ausdis habitans et à ung chacun d'eux pour eulx et leurs hoirs l'avons pour nous noz hoirs ou aians cause, permis et permettons en bonne foy tenir ferme et estauble à tous jours sens contrevenir. En tesmoing de vérité nous avons fait metre nostre seel pendant à cez presentes lettres que furent faictes et données en nostre ville de Lile le secon jour du mois de may l'an mil quatre cens vingt et nuef.

i a Avril i 524.

Antoine, dMc de Lorraine, prend à son service le comte Pilix de Weyde~ M~tMMr de CM~s~-jfo~

Origine Archives de la ville de

Châtel; original sur parchemin, coté.

A. A, 3' pièce.

Nous Félix conte de Werdemberg seigneur de Neufchaste)

et de Chastel sur Mezelle etc. faisons savoir et confessons à tous ceulx qui ces présentes lettres verront. Comme H ait pieu à très-hault très-puissant et très-excellent prince et seigneur monseigneur le duc de Calabre, de Lorrainne et de Bar; notre très-redoubté seigneur nous prandre et recevoir en serviteur comme il appert par ces lettres patentes qu'il luy a pieu nous sur ce expédié, dont la teneur sensuit. Anthoine par la grace de Dieu duc de Calabre, de Lorrainne et de Bar, marchis, marquis du Pont, conte de Prouvence, de Vaudemont, etc. A tous ceulx qui ces presentes lettres verront salut, savoir faisons que pour la bonne affection, amour et begnivolence que avons et portons à notre très-chier et fea! cousin le conte Felix de Werdemberg, considérant le bon vouloir qu'il a de nous faire service, pour ces causes et aultres raisonnables à ce nous mouvans, l'avons aujourduy prins et retenu, prenons et retenons en notre service pour en icelluy nous servir bonnement et lealementcontre et envers tous réservé l'Empereur, les maisons d'Osterrich et Bourgongne. Et au moyen dudit service notre dit cousin sera tenu, toutes et quanteffois que par nous les gens de notre conseil ou noz commis il sera mandé, venir en notre dit service en personne acompaigné et en nombre de vingt cinq chevaulx en armes. Et se tant estoit que pour cause légitime il ne pouvoit venir en personne en notre dit service, il sera néantmoins tenu y envoyer ung gentilhomme souffisant avec douze chevaulx armez et en point ainsi qu'il appartient ayant charge de nous servir comme si notre dit cousin y estoit en personne. Et quant notre dit cousin sera ainsi mandé et qu'il ou ledit gentilhomme partira de l'une de ses maisons avec ledit nombre de gens et chevaulx, ilz seront et debvront estre à noz fraiz et despens ledit service durant, et tout pareillement au retour dudit service, jusques en l'une de ses dites maisons, et seront traictez comme aultres noz contes et serviteurs de semblable retenue. Pareillement si nous plaist de l'envoyer en ambassade en aucuns Heux, il sera et debvra aussi estre à nos despens partant et retournant jusques en sadite maison. Et si tant estoit que nous mandissions

ou feissions venir par devers nous en noz pays notre dit cousin pour nous accompaigner en robbe et non en armes, il sera tenu d'y venir et s'il n'y demouroit que huict jours ou au dessoubz ce debvra estre à ses frais et despens. Mais si passé lesdits huict jours nous le retenons avec nous, deslors et tant et si longuement qu'il y sera ce debvra estre à noz frais et despens. Item, se tant estoit que feussions de guerre à quelcungs que notre dit cousin le conte Félix feust par nous mandé pour lever et nous amener aucun nombre de gens de guerre, de pied ou de cheval oultre ledit nombre qu'il est tenu en notre service, en ce cas lors et pour le tems que ainsi en aurons affaire sera advisé, conclud et accordé avec luy tant pour son payement estat et traictement que aultrement. Et si pour cause dudit service il se mouvoit ou advenoit différens et questions entre nous et notredit cousin, nous de notre part et luy de la sienne serons tenu d'en venir par devant ung conte et un gentilhomme qui soient noz feudalz ou serviteurs. Et ci après ledit différend entendu d'une part et d'aultre ce que par iceulx en sera dit et rapporté debvra estre tenu et entretenu de chacun costé ferme et estable, sans en faire aucun contredit ne poursuitte plus avant. Pour lequel service nous voulons et serons tenu de payer et donner par chacun an à notre dit cousin jusques à notre bon plaisir, la somme de douze cens frans monnoye de Lorrainne par les mains de notre trésorrier général de Lorrainne et à deux termes l'année, assavoir à la Saint-Remy et Pasques, dont le premier terme et payement sera à la Saint-Remy prouchain venant et ainsi continuer de terme en terme jusques à notre bon plaisir. Tout ce que dessus qui nous touche nous avons promis et promectons à notre dit cousin tenir et entretenir ferme et estable le tout sans malengin. En tesmoing de ce nous avons à ces présentes signées de notre main fait mectre et apprendre notre seel, en notre ville de Nancey l'an mil cinq cens vingt quatre le douziesmejour d'apvril, Ainsi signé ÂNTHOtM, et sur le reploy Par Monseigneur le duc, les abbé de SaintAnthoine grant maistre-d'Ostel, bailly de Nancey, et le s8 de

Chastelbrehein presens, soussigné. N. Mengin, pour secretaire, en registrata, Chasteauneuf. De ce est il que nous promectons et avons promys par notre foy et sur notre honneur servir mondit seigneur bonnement et lealment, et faire et accomplir tous et chacun les poinctz et articles déclairez et contenus esdites lettres de notre dit seigneur, ainsi comme ung bon et léal serviteur doit et est tenu servir à son seigneur, au moyen des réserves y contenues, et sans aucun malengin. En tesmoing de ce nous avons signé ces presentes de notre main.

Signé F6nx de Werdenberg, avec parafe.

5 Mars 1B3S.

Le duc Antoine prend possession de ta c~, du c~dte<:M, de la terre et de seigneurie de CM(e~M?'foseMe. Origine Archives de la ville de Châtel,

pièce cotée AA, 5. Original sur par-

chemin.

Anthoine par la grâce de Dieu duc de Calabre, de Lorraine et de Bar, marchis, marquis du Pont, conte de Provence, de Vauldemont, etc. A tous ceulx qui ces presentes lettres verront, salut. Comme pour la conservation, entretenement et soubtenement de noz auctorité et souveraineté, et aussy du droict de celluy celle ou ceulx à qui appertient les ville, chasteau, terre et seigneurie de Chastel-sur-Mezelle, ses appartenances et deppendances, mouvant de nous en fief, que promettons garder et rendre ez mains de ceulluy, celle ou ceulx à qui ledict droict appertiendra, estant congneu par droiet de justice et raison, les bourgeois, manans, habitans et communaultez de ladicte ville. Ayans ad ce regard et considération, et par le consentement de nostre cousine dame Marguerite de Neufchastel, abbesse de Baulme et de Remyeremont, pour laquelle et aultres y pretendans droict, tenoient aucunement bon et party, Nous ayent faict l'ouverture et donnez plaine entrée en

ycelles ville et chasteau à la personne de nostre tr~s-cher et féal conseillier et premier chambelain messire Claude de Fresneau chevalier seigneur de Pierrefort, etc., nostre lieutenant gênera! en ceste affaire, avec la charge qu'il a de nous, pour en nostre nom avoir la garde desdicts ville et chasteau. et de toute ladicte terre et seigneurie. A ceste cause avons promis et promettons à iceulx bourgeois, manans, habitans, et communaultez faire et administrer bonne et briefve justice, et aussy de les tenir et maintenir en leurs usaiges, franchises et libertez, au contenu de leurs chartres et aultres lectres, et tiltres de previleiges, ainsy et en la forme et manière qu'ilz ont joy et usez par cy devant, et du temps de leurs feuz seigneurs et dames, desdictes ville, chasteau, terre et seigneurie. Et toutesvoyes, ou cas que nous rendrions et remettrions lesdictes ville, chasteau, terre et seigneurie, en aultres mains et mesmes de celluy, celle ou ceulx à qui par justice seroit trouvé iedict droict debvoir appcrtenir ou aultrement, nous l'instituerons en pareille condition en promesse envers lesdicts bourgeois, manans, habitans et communaultez, de les maintenir et entretenir en leursdictes franchises, usaiges et iibertez, ainsy et en la manière que dict est cy dessus. Si voulons et mandons à tous noz mareschaulx, seneschaulx, baillis, cappitaines, prevostz, procureurs, recepveurs, mayeurs, justiciers, officiers, leurs lieutenans et chacun d'eulx, et aultres hommes wassaulx et subjectz qu'il appartiendra, entretenir et faire entretenir tout le contenu cy-dessus, sans en ce leur donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aulcung annuy, destourbier ou empeschement au contraire, car tel est notre plaisir et voulons, saulf en tout nostre droict. En tesmoingt de ce nous avons à cesdictes presentes, signées de nostre main, fait mettre et apposer nostre contreseel. Donné en nostre ville de Nancey, le cinquiesme jours de mars l'an mil cinq cens trente-trois. Ainsy signé, ANTHOINE. Et au desoubz il y a Par monseigneur le duc etc., révérend père l'abbé de Saint-Remy, chief de conseil, tedict seigneur de Pierrefort, baiHy de Clermont, et le president de Lorraine presens. Et pour secrettaire V.

DomptaiHe, et r~ J. Beurges. La presente coppie extraicte faicte et collationnée de mot en mot sur le principal qui est seellée en cire rouge du contreseel armoyez des armes de nostre dict souverain seigneur, par nous soubscrips, asseavoir moy messire Claude Bowin prebtre notaire de la court de Toul, et moy Michiet Jehan tabellion aux bailliaiges dudict Chastel sur Mezelle, de Nancey et de Vosges, lequel principal est sain et entier de parchemin et d'escripture et signature, et lediet contreseel à simple queue pendant. La presente coppie faicte et signée le sixiesme jour de janvier l'an mil cinq cens cinquante et ung.

Signé BowtNt, avec parafe, M. JBHAN, avec parafe. 20 Décembre 1~93.

Donation, par le duc de Lorraine Charles III,

de la seigneurie de Darnieulles à François de Gellenoncourt. Origine Trésor des chartes de Lorraine,

à Nancy; registre de ')692.

Charles par la grace de Dieu duc de Calabre, de Lorraine, Bar, Gueldres, marchis, marquis du Pont à Mousson, comte de Provence, Vaudémont Blamont Zutphen, etc. A tous ceulx qui ces presentes verront, salut. Noz prédécesseurs recongnoissans les services des progéniteurs du feu sr Darnieul en son vivant chambelain des nostres, leur auroit donné la maison et seigneurie dudict Darnieul pour en jouir en usufruict par eulx et les descendans d'eux en tigne directe à condition et réserve expresse que defaillans les masles de ladicte ligne, ladicte maison et seigneurie seroit réunie et incorporée à nostre domaine. Et soit présentement lediet sieur de Darnieul décédé sans laisser hoir masle de ceste ligne, et partant ladicte maison et seigneurie réunie à nostre domaine; et ayans esgard aux notables, bons, aggréables et fidelz services que nostre trescher et féal François de Gellenoncourt nous auroit fait, tant à l'exercice de sa charge que veages qu'il a fait particuliers 27

à nostre suitte, hors noz païs, et nommément depuis ces guerres; désirans, à ceste occasion, luy faire paroistre le contantement que nous avons de ces dits services, sçavoir faisons que nous avons, pour nous et noz successeurs ducz de Lorraine, donné, concédé et octroyé, donnons, concédons et octroyons audict sieur de Gellenoncourt et à ses enffans masles qui descenderont de luy en léal mariage, tout tel droit, nom, raison et action que nous avons et pouvons avoir en l'usufruit de ladicte maison et seigneurie de Darnieulle, pour doresnavant jouir et user plainement et paisiblement par fedict de Gellenoncourt et sesdicts enffans masles qui descenderont de luy en ligne directe, comme dit est, à charge et condition expresse que sy fedict de Gelenoncourt décédoit sans enffans masles ou ses enffans sans hoirs masles, ladicte maison et seigneurie retorneroit à nous et seroit ledict usufruict réuny et incorporé avec la propriété à nostre domaine, et dont fedict de Gelenoncourt sera tenu. avant que de jouir de ceste nostre donnation, d'en donner en nostre Chambre des Comptes ses lettres reversalles, pour y avoir recours lors et quand il appartiendra. Sy donnons en mandement à noz très chers et féaux conseilliers les président et gens des comptes, procureur généra! de Lorraine, recepvcur de et autres noz officiers qu'il appartiendra, faire et laisser jouir et user plainement et paisiblement fedict de Gelenoncourt et sa postérité, enffans masles et descendans de Juy en ligne directe, comme dit est, de cestes noz lettres de donnation, concession et octroy, aux conditions et moduEcations que dessus, sans leur faire ny permectre estre fait, mis ou donné aucun ennuy, trouble ou empeschement au contraire. Car ainsi nous plaist. En tesmoing de quoy nous avons signé cesdictes de nostre propre main et à icelles fait mettre et apprendre nostre grand seel. Données en nostre ville de Lunéville, fe vingtiesme jour de décembre mil cinq cens quatre vingtz et douze. Signé CnARLEs. Sur le replis est escript par monseigneur le duc, etc. Contresignées pour secrétaire M. Bouvet. Registrata, L. Henry.

4 Mars 1618.

Statut d'entre les habitans de 7sr~?t~

«/MC~aH.< les nouveaux entrans audit lieu.

Original sur parchemin aux archives de

la commune de Jarménil, pièce cotée,

n°5.

Scachent tous que honneste Christofle Gehel ma~re de Jearmesnil, Remy Gaudet et Colin Pierel commis audict lieu, honnestes Nicolas Olriel, Jacot Vautier, Ougier Thieriot, Colin Tuxin, Nicolas et Demenge Luc Thieriat frères, Jean Gaudel, Jean Henrypierre, Nicolas Thomas, Ougier Pierel, Adam Tuxin, Jean Misson, Jean Lallemant dict Goudat, Julien Henry, Jean Thieriat, Jacot Misson, Jean Georgeon, Simon Gehel, Demenge Durand, Jean Copat, Nicolas Augier, Antoine Mougel, Jean Mouge), Claudon Claude Jacquemin et Jean Claudel, tous manans et habitans dudit Jearmesnil, faisans et représentans la plus grande et saine partie de la commune dudit lieu, se faisant forts de leurs cohabitans absens, soubz promesse de les faire approuver et aggreer les presentes sy besoing faict, lesquels assemblez et congregez pour adviser aux aSaires de leur dicte commune et y mettre certain ordre et reglement afin de sy conformer à l'advenir, après avoir considéré les frais, peines et travaux par eux prins, soustenus et supportez de mesme que leurs prédécesseurs à se maintenir et conserver à leurs anciens droicts et privilèges touchant plusieurs faicts ausquels on a tasché les troubler et y aiterer, mesme à nourrir, eslever et denendrc le peu de bois communaux qu'ils ont entre eux. Duquoy faisant leurs peines n'ont esté espargnées seulement, muis y emploiez bonnes et notables sommes de deniers, tant à soustenir les procès à eux suscitéz à ce suject qu'autrement; Etcomme présentement Usapperçoiventtamultitude des forains arrivant audict lieu les reserrer grandement, non seulement à l'égard du vain pasturage, ains en ce mesme qu'est

de leurs émolumens communaux ausquels lesdits forainss'attribuent droict et veulent participer comme l'un d'eulx habitans originels. Et n'estant raisonnable que ce soit sans estre recongnus de leurs dits frais et peines, ils ont d'un commun consentement recongnu et confessé librement et volontairement avoir statué et statuent par les presentes pour eux et leurs successeurs habitans audict Jearmesnil pour toujours, soubz néantmoins le bon plaisir des seigneurs dudict lieu par eux expressément réservé, asçavoir: Que doresnavanttous forains qui se présenteront audit lieu pour y résider seront tenus avant d'y estre receu bourgeoy moins participer à aucuns droits ou émolumens de leur dicte communauté, de faire paroistre par attestation sunisante, du lieu de son origine, du fame, comportement, renommée, estat et condition de luy, de ses parens, femmes et familles, s'ils en ont et outre de paier et satisfaire promptement pour droict d'entrée, la somme de soixante frans lorrains, pour l'égard de ceux qui eux et leurs femmes seront originaires d'ailleurs que dudict Jearmesnil, applicables un tier ausdicts seigneur du lieu, et les deux autres à ladicte communauté, pour ayder à f'entretien des deux ponts qu'ils ont sur les bras et autres leurs necessitez. Et pour ceux qui prendront vefves ou filles audit Jearmesnil, trente frans seulement pour ladicte entrée applicables comme dessus. Que sy un bourgeoy dudit lieu laboureur ou homme de praticque a intention d'aller resider en quelque autre lieu pensant y faire sa fortune et condition meilleure, faire le poura, pour trois ans seulement, ayant au prealable prin congé de ce faire desdictz habitans. Et pendant lesditz trois ans sera suject de contribuer au paiement des tailles et autres subsides que sont attenus lesdits habitans tant ordinaires que generalles selon ses facultez et moiens et continuant sa résidence ailleurs davantage que desdictz trois ans, il ne pourra plus rentrer audict Jearmesnil qu'en paiant le susdict droit d'entrée et sera suject de rapporter outre ce attestation de son comportement pendant sa dicte absence. Ont de plus arresté et passé, que tous ceux qui ont arrivez audits lieu et y resident depuis

vingt ans ença seront tenus aller querir attestation es lieux de leurs origines, de leurs extractions, fames et réputations, comme dessus sy jà ne l'on faict, et ce dedans six sepmaines suivantes et prochaines, commençantes à courrir dez aujourd'huy. Et le tout ainsy resould, passé et arresté entres lesdicts recongnoissans lesquels de suitte ont unanimement promis par leur foy donnée corporellement en lieu de serment, de tenir, faire tenir ensuivre et avoir à tousjours pour aggréable ferme et stable, eux et leursdictz successeurs habitans audit Jearmesnil, le contenu es présentes, sans aller ny souffrir estre allé au contraire en façon que soit ou puisse estre, directement ou indirectement, soubz l'obligation expresse de tous et chacuns leurs biens meubles et immeubles présens et à venir par tous, lesquelz quant à ce ils ont submis à la cohertion et contraincte de toutes courts et justices, toutes exceptions de déception cessantes et arrières mises. En tesmoignagc de vérité, sont ces presentes lettres seellées du seel monseigneur le Duc de sa cour et tabellionnage d'Arches, saulf son droict et l'aultruy. Que furent faictes et passées audit Jearmesnil le quatrième jour du mois de mars mil six cens et quinze, en présence d'honneste jeune filz Jean Nicolas Mougin de Mathaincourt demeurant à Espinal, et Claudin Charpentier sagier dudit Espina), tesmoins à ce requis.

Signé A. OLRfEL, avec parafe.

3 Décembre 170;!

Ze~M patentes du duc Léopold, portant échange et cession

des droits de haute justice et autres que le do~s~ avait à Girecourt, avec permission d'y ~~e?' signe pst~M~M'e, prisons et ca?'ca7:, en /'acgMr du se~eMr de Girecourt, coM~ l'abandon, par ce der?!Mr, de trois fMa?<.c de seigle et six d'at'owe çM't~ tirait SM?' domaine de Bruyères. Origine Titre original sur parchemin, scellé du

grand sceau du duc de Lorraine, aux archives

de M. le comte de Bourcier delillers, à son

château de Gireconrt-sur-Durbion.

Léopold par la grâce de Dieu due de Lorraine et de Bar,

roy de Jerusalem, marchis, duc de Calabre et de Gueldres, marquis du Pont-à-Mousson et de Nommeny, comte de Provence, Vaadémont, Blamont, Zutphen, Sarwerden, Sa)m, Falekenstein, etc. A tous ceux qui ces presentes verront, sa!ut. Nostre cher et féal commissaire gênera) réformateur de nos eaux et forestz au département de Vosges, le sr Jean-François Humhert seigneur de Girecourt et de Faucompierre, nous a fait remonstrer, qu'en qualité de seigneur dudit Girecourt il y possede un chasteau, pont levis, la création de maire et de gens de justice, qui connoissent de toutes actions personnelles, réelles et mixtes, droit de mainmorte, troupeau à part, colombier et droit de pesche, avec tous les cens et émolumens seigneuriaux sans autre part pour nostre domaine, que deux frans de cens sur un prey dit le prey le Duc Mais comme dans la seigneurie dudit Gireeourt il n'y a point de signe patibulaire, et que par ce deffaut l'on pourroit induire que le suppliant n'y a nul droit de haute justice, quoy que ses maire et gens de justice ayent connu jusques à présent de toutes les affaires civiles et du petit criminel, et que le cas de formaliser des procédures criminelles ne se soit pas encore presenté de memoire d'homme, cependant il auroit esté conseillé de recourrir à nous, et de nous offrir une rente et redevance annuelle de trois rezaulx de seigle et de six rezaulx d'avoine, qui lui appartient sur nostre domaine de Bruyères et dont il est en possession, en nous suppliant de vouloir en considération de cet abandonnement, luy céder et transporter tous les droitz de haute justice que nous pouvons avoir dans ladite seigneurie de Girecourt, avec pouvoir d'y faire ériger un signe patibulaire, et y exercer la haute justice le cas échéant, de même que dans les autres hautes justices de nos Estatz; sçavoir faisons que voulant en cette occasion marquer au suppliant la satisfaction que nous avons de ses bons et fidels services, et de ceux que ses ancestres ont rendus aux Ducs nos predecesseurs avec toutte la fidélité possible. A ces causes et autres bonnes et justes à ce nous mouvantz, Nous de nostre certaine science, pleine puissance et authorité souveraine. Avons donné, cedé,

quitté et transporté, et par ces presentes, donnons, cedons, quittons et transportons, par eschange audit sieur Jean François Humbert, tous les droits de haute justice appartenances et despendances qui nous appartiennent ou doivent appartenir au village, ban, Snage et confinage dudit Girecourt, pour jouir desditz droits par luy, ses hoirs, successeurs et ayans cause, ainsy et de même que nous en avons joüy ou deub joüir; luy permettons en consequence d'y faire mettre carcan et eriger signe patibulaire, d'y tenir et avoir prisons pour l'execution des sentences et jugemens des juges qu'il y establira, sans préjudice néantmoins à tous autres droitz qui luy appartiennent audit ban, avant la presente cession; à charge et condition qu'il cedera à nostre proffit, par contreeschange, les trois resaulx de seigle et six resaulx d'avoine qui lui appartiennent sur nostre domaine de Bruyères, dont il joüit actuellement, qu'il donnera ses lettres reversales en nostre chambre des comptes de Lorraine, dans les formes requises et accoutumées, et que pour raison de ladite haute justice, il nous fera les foys, hommages et serment de fidélité. Sy donnons en mandement à nos très chers et féaux les president, conseillers, auditeurs et gens tenant nostre dittc chambre des comptes de Lorraine, et à tous autres nos officiers et justiciers qu'il appartiendra, que de nos présentes lettres de donnation, cession et transport ils et chacun d'eux en droit soy fassent, souffrent et laissent ledit sieur Jean-François Humbert ensemble ses hoirs, successeurs et ayants cause, jouir et user pleinement et paisiblement, cessant et faisant cesser tous troubles et empechemens au contraire; car ninsy nous plaist. En foy de quoy nous avons aux présentes, signées de nostre main, et contresignées par l'un de nos conseillers secrelaires d'Estat, commandement et finances, fait mettre et apprendre nostre grand scel, Donné en nostre ville de Lunéville le troisième décembre mil sept cent cinq; Signé LÉOPOLD, et sur le reptis. Par son Altesse Royale, signé J. Le B6GUB. Signé sur le registre PERRIN, et scellé du grand scel gratis avec contresel en cire rouge, pendant sur queue de parchemin.

Au dos est écrit: Du 9" décembre 4708, a Lunévi))e, A l'audience des sceaux tenue cejourd'huy ont été teûes les lettres d'autre part expédiées gratis, le droit du sceau reglé pour l'eschange à une pistolle, pour celuy de l'erection du signe patibulaire trois pistolles, trois livres pour la cire, pour le droit du commis une demy pistolle et 2o fr. pour le parchemin, pour le droict du reg" une demy pistolle, et pour celuy du greffe trente sols.

Signé MARCHIS.

Et cejourd'huy quatrieme febvrier mil sept centz six, à la tenüe de l'audience du bailliage de Bruyères lesdites lettres d'autre part ont esté feues, ce requerant ledit sieur JeanFrançois Humbert de Girecourt, après avoir ouy le procureur de S. A. R. ordonné qu'elles seront registrées pour y avoir recours le cas escheant lesquelles en effect sont registrées ledit jour par le soubscript greffier.

J. F. RANFAING.

8 Juin 1722

Nomination par le duc Léopold d'un médecin à ~sw~r-p~ Origine Archives de Rambervillers. BB. 20. 't'722.

Communiqué par M. le d'A. Fournier.

Ce jourd'huy, nous prévostchef de police et officier dei'hôtet de ville de Rambervillers étant assemblés audit hôtel de ville, se seroit présenté à nous le sieur Nicolas François de Montigny, lequel nous auroit dit qu'il avoit plu à S. A. R. lui accorder un brevet pour résider en cette ville en qualité de médecin à l'eflet de soulager et traiter les pauvres malades, moyennant une somme de deux cents livres qui lui sera payée annuellement à prendre sur les deniers patrimoniaux et d'octroy de la dite ville et afin que ce brevet fût exécuté et suivi selon sa forme et teneur, il nous a requis d'ordonner qu'il sera registré au registre dudit hôtel de ville, nous t'ayant à l'instant remis pour cet effet.

Sur quoi, nous officiers susdits, après avoir pris communication

dudit brevet et iceluy examiné, avons ordonné à notre greffier de l'enregistrer au présent registre pour être suivi suivant sa forme et teneur et y avoir recours le cas échéant; oui préalablement sur le tout le procureur-syndic. Fait audit hôtel de ville les an et jour susdits.

S'ensuit la teneur dudit brevet

Aujourd'hui 27 avril ~722. S. A. R. étant informée qu'il n'y a point de médecin établi en la ville de Rambervillers quoiqu'elle soit assez considérable par rapport au nombre de peuple qui l'habite, et par sa situation, en sorte qu'il convient au bien public et au soulagement des pauvres malades d'y en avoir un, eUe a pour cet effet nommé et choisi le sieur Nicolas François de Montigny, natif de Saint Mihiel, de qualité noble, docteur médecin, pour aller résider audit Rambervillers, où il traitera et soignera les malades et pour lui donner moyen de subsister décemment suivant sa qualité et son état, S. A. R. lui a accordé et lui accorde la somme de deux cents livres par année à prendre et recevoir sur les deniers patrimoniaux et d'octrois de ladite ville de Rambervillers laquelle lui sera payée par le receveur de six mois à autre, et passée en la dépense de ses comptes par les auditeurs d'iceux et rapportant pour une fois seulement copie du présent brevet collationnée, et à chaque paiement quittance suffisante, moyennant quoi ledit sieur de Montigny sera tenu de traiter et soigner les pauvres malades gratis telle étant la volonté de S. A. R., laquelle pour témoignage d'icelle a, au présent brevet, signé de sa main.

Signé LËopoLD. Contresigné OLIVIER.

6 Janvier 1766.

CMoMMa~ce dit roi StSMM/a~,

fixant les coMcM~oTMpOM.r être admis habitant de Ray~efpiMo' Origine Archives de Ran)ljeru)tt,'t~.

BB. m, nes-nec, f 34. Commu-

niqué par M. le Dr A. Fourrier,

Le Ro) en son conseil avant égard à la requête, a ordonné

que conformément aux ordonnances, arrêts et règlements'de police, il ne sera reçu aucun étranger de quoique qualité, condition et nation il puisse être; pour s'établir en ladite ville qu'ils ne se soient présentés aux officiers municipaux de ladite ville de Rambervillers, et obtenu leur agrément sur la connoissance qu'ils leur donneront de leur naisance, vie, mœurs, religion, qualité et profession; fait défense aux bourgeois et propriétaires de maisons d'en louer aux étrangers qu'il ne leur soit apparu de l'agrément desdits officiers municipaux; ordonne, Sa Majesté, que pour l'avenir le droit d'entrée en ladite ville sera de vingt livres pour chacun étranger sujet audit droit qui viendra s'y établir, lequel néanmoins sera réduit à moitié pour ceux qui dans l'année de leur entrée épouseront des filles ou femmes veuves de ladite ville. Fait au Conseil tenu à Lunéville le 6 janvier 4766. Signé: DURIVAL. Registré ensuite de la publication le 2t janvier )766. Signé, TISSERAND.

Avant-propos. Membresdu Comité. n Histoire de l'abbaye de Senones, (1" partie) là 354 ~.) 58. Don de la terre d'Audeux à l'abbaye de la Crète. 4 1158. Henri, évéque de Toul, confirme ce don. 3 1158. Simon de Rouceux abandonne à la Crète plusieurs biens situés à Audeux 5 H58.–Henri, évoque deïoui, confirme aux frères de la Crète, une donation à eux faite par Pierre de Brixey et Simon son frère, seigneurs de Bourtémont 7 ~gg. –Mathieu, duc de Lorraine, confirme cette donation 9 1158.–Attcstationde ces donations etconnrmations.. 10 0 .~70 L'abbaye de la Crête vend la tcrrre d'Audeux àceUedeMureau 11 '072. Pierre, évéque de Toul, confirme cette vente 13 1234. Accord d'Agnès de Vergy et Liébaud de Beaufremont son fils, avec le couvent de Mureau. 17 1256. Agnès de Vergy, comtesse de Férrette, fait une donation à i'abbayedeCheriieu. 18 ~61. Elle confirme les dons faits par son fils Liébaud deBaunremontàt'abbayedeOairefontaine 19 )298. Thiébaut de Férrette cède l'avoucrie d'Aremoncourt au seigneur de Xentchâtet. 20 Tab)eaugénéa)ogique 2) 1364. Rémission accordée à Liébaud de Bauffrcmont, fait prisonnier à la bataille de Poitiers. 21 1363. Obligations pour )a dot de Catherine de Ruppes. 24 1 1399.–Testament de Jean de Bouriémont 26

TABLE

DES

Documents contenus dans ce votume

Pages

') 367.–Lettres de franchise des habitants de Coussey 30 4399. Sauvegarde pour les cordeliers de Neufchateau. 35 4420. Ruine du château fort de Tilleux. 37 1429.–ThiébautdeNeufchâte) aCfranchit de plusieurs redevances les habitants de Chàtel-sur-Moselle 41 1524.–Le duc Antoine prend à son service le comte de Werdemberg, 42 4533. Le duc Anthoine prend possession de Châte) 45 1592. Donation, par Charles III ,de la seigneurie de Darnieulles à François de Gellenoncourt 47 7 4615. Statuts pour )es nouveaux entrants à Jarméni) 49 4705. Permission, au seigneur de Girecourt, d'ériger signe patibulaire, prisons et carcan. 5a 1722. Nomination, par le duc Léopold, d'un médecin à Rambervillers 54 1765. Conditions pour être reçu habitant de Rambervillers 55

Pages.

TABLE

des noms de personnes et de lieux contenus dans ce volume.

A

Aillianville, Ailenvile, de 1 à 16. Albéric, archidiacre, 15, 16.

Andreu, valet, 28.

Arches, (tabellionnage d'), 51. Aremoncourt, 20.

Audeux, ~M~Mz, Haydoiz, de 1 à <6. Audincourt, (Doubs), 20.

Autriche, Osterrich, 21, 25, 43. B

BauBremont, Ba~rotfMOtt~ BM~'oymont, Beffroymont, Be~omo~, Bef/ro~mott<, etc. (ma)son de) 21. (Huard, Pua~ de), 17, 24. (Hugues de), Hadvide de Bourlémont son épouse, (Simon et Liébaud de), 14, 16, Liébaud dit Pendeuns 6, 7. Liebaud Lte&aMz, Lyebaut, etc., de), 18 à 22. -(Philibert de), 2t. (Agnès, dame de), 18.

BauSremont-Ruppes (Huard, Pierre, Catherine, Katherine de), 24, 25. Bar (Louis, Loys, duc de), 37, 38, 39. (Edouard, Audowart, due de), 37. (Duc de), 37, 38, 43, 47, 61.

Beauvais Be~act(Barth6temy, évêque de), 1S, 16.

Bernard, abbé, 2, 3.

Beurges, 47.

Blamont (comte de), 47, 52.

Bourgogne, BoMf~ott~e, Bergoigne, 19, 28, (maison de), 43.

Bourlemont, Bor~n~KW~ Boullainmont, Burleinmont, de 7 à 28. (Pierre de Brixey et Simon son frère, s~" de), de 7 à 1H. (AIbéric de), 7, 8. (Hadvide de), 14, 16. (Jean de), s!' de Domremy, de 24 à 30. Pierre, Jean, Liébaud et Jeanne de), 24, 28, 29.

Bouvet, secrétaire, 48.

Bowin, notaire, 47.

Brabant (Isaac de), 2, 3.

BrecbainviHe, Brichenvile, de < à 16. Brioncourt (Odon de), 2, 3.

Bruyères (bailliage de), Si à 54. Bu!gnévi!Ie (bataille de), 25. c

Calabre (duc de), 43, 45, 47, 52. Carrobler (Richer, abbé de), 12, i3. Cassel (Louis, Edouard de), 37. Châlons, Chaalon (foire de), 22. Chamberoncourt (Sehère de), 2, 3. Charles V, roi de France, 2i. Château-Brehain, C~(e«)reMM (s' de), 45.

Châtet-sur-MoseMo, C/Mt~e~Mf-AfeM~, 24, de 42 à 47. (Mihiel, Jehan de), 47.

Châtenois, C~as~noy, de 25 à 35. Chasteauneuf, secrétaire, 45.

Chaudron (Hugues et Rodolphe), 2, 3. Chaumont en Bassigny, 22. (bailli de), 23.

Chaumont-la-Ville, 38.

Chaumouzey (Ruric, abbé, Ulphand, chanoine de), iO, H.

Chertieu, Chierleu (abbaye de), i8. Clairefontaine (abbaye de), 19. CertiHeux, Certillue, 37.

Circourt, FaM! de Sirecourt, 37. Citeaux (Renaud de), 2, 3.

Commercy-Sarrebruck (Jeanne de), 24.

Coussey Couxey, CfMC~/ ? (Mathieu ~sAeMX, comte de), 28, 30 à 35. D

Dale (Jehan, Henry de), 20.

Darney (Lethard de), 8, 9.

Darnieulles, DarnteM!, 47,48. (Sieurs, seigneurie de), 47, 48.

Daule (vouerie de), 20.

Dommartin, Dompmertin (Villaume, Willame de), 37, 38, 39.

Domptaille, secrétaire, 47.

Domremy, Dompremey,,24 à 30. (Chape le Notre-Dame et de l'lie de), 28, 30, (habitans de), 28. -(Jehan curé de), 30. (Femme Hernin de), 30.–(Jean s~~ de Bourlémont et de), 24 à 30. Durival, 56.

E

Ebelin, archidiacre, 15, 17.

Epinal, EsptKs! (Charpentier d'), S). Epizon,2,3. Europe (maisons souveraines d'), 2!, 25.

F

Falckenstein (comte de), 52. Fauche (la), FMca, i à i6.–(HuguM. I" de), Bergerole son épouse i à (Hugues II, Hawide son épousf,' Miton, Simon, Otto, Atbéricde), i4.! i. i6. (Hugues III, Albert, U)rich, Simon, Pierre, Aéfide de), i4, i6. (Albert, cher de), 2, 3.

Faucompierre, 52. Ferrette, Fefî'o<es, (Agnès de Vei'gy, j comtesse de), 17 à 21. (Thiébaut, comte de), 20. j Fouvent, FoceM, (Ciémence de), i9. I Fesneau (Claude de), 46. Frouard (bataille de), 24.

G

Gellenoncourt (François de), 47, 48. Gendreville, i 7.

Gerbonvaux, Girbauval, 27.

Gienin Ouldet, tabellion, 30, 35. Gille le chaucier, 22. L Girecourt-sur-Durbion, 51 à 54. (Humbert, seig'' de), 52, 53, 54. L Graffigny, G~<Ke! 38.

Gueldres (duc de), 47, 52.

H

Haute-Saône, 19, 20.

~Haymon, archidiacre, 4, o, iS, n.. jHenri, archidiacre, 4, 5.

(Hugues, archidiacre, 15, t7.

J

JatM~OM ~Fulcbo de), 8, 9.

Jarménil, Jear~MM~, (habitants de), 49,30, 5i.

Jérusaiem. (roi de), 52.

Joinville, JotHM~e, (Geoffroy de), 2 à H. (André, Pierre ou Perrin de), sgr de PuU:gny, etc., 24,23.–(Félicité de), 4, 5.–(Agnes, Jeanne de), 25.

L

La Crête, Crista (abbaye, maison de), i à i2. (Baudoin, Milon, Thiébaut, abbés de), 3 à 16. (Dominique, prieur, Rodolphe, s. prieur de), i?, 13.- (Vido, Jean, Martin, Bernard, ~atati~, Sahard, Rodolphe, moines Je), 12, 13.

Langrens (Hugues de), <, 2.

Langres (Ulric de), 4, 5.

Le Bègue, 53.

L'Etanche (Mabile, abbesse de), 10,

Il.

Leurville, ~Mn~~s, i2.

L)gné~-ille (Guillaume de), 25. L.ite eu Barrois, 42.

L.iverdun, 27, 38.

~ongevitle (Thomas, roM~~ de), 40. Lorraine, Loherenne, Loheraine, 31 à Si. (Antoine, duc de), 42 à 46.–(Charles )I duc de), 35. (Charles 111, ducde),47,48.–(Léopoid,duc de), Si, Sa. –Mathieu, duc de), Aélide sa mère, 9 à H. (duc, duché de), 31 à Si. (Maison de), 2i. (Monnoie, trésorier, président de), 44, 46.

,udres, Ludes (Ferry de), sgr de RicbardménU, 24 à 32.

.unénHe,48 à 56.

M

lalebarbe, Jean et Henri, 30.

[agny, Maignis, Jf<KytHM, 18. [archis, 54.

Mattaincourt, Mat~a<McoMf<, S!. Maxey, Marcey-sous-Brixey, 28 à 30. (Waultiers, curé, Oudinot, Richard et Gérard, cters de), 28. (Jean Oudinot, notaire à), 29. (église de), 28.

Mengin, secrétaire, 45.

Metz, Me~, 38.

Moncel (Guiard de), 8, 9.

Montigny, Nicolas François de, 54,55. Mureau, Mirovaut, Mirualth, Murial (abbaye couvent de), 1 & 27.–(Guillaume, abbé de), 2 à 16. Humbert prieur, Pierre s.-prieur, Gislebert économe, Boso, Théodore, Milon, Etienne,convers de), 12, i3. N

Nancy, Nancey, 26, 38, 40,44, 46, 47. Neufehâteau, Neufchastel, i7, 24, 26, 31 à 38. (CordfUers de), 33, 36. (Jean Chrestien, bourgeois de), 3i à 34. (Jeha'ns Huyns, Jehans Thenons, tabellions de), 24.

Neufcbâlel Nuefehastel (Thiébaut sire de), 20, 2i, 4L (Marguerite de), 1 abbesse de Baulme et de Remire- 1 mont, 45. (Félix de Werdemberg seigneur de), 42.

Nuefville (Jean de), 3), 35. < Nijon. Nigeon, 38.

Nommeny (marquis de), 52.

0 s

Odon, archidiacre, 15, 16. S

OséviUer (Henri d'), 25.

Otriet, notaire, 51. S Olivier, 55. S Ornois, Ornensi, (pago, pays d') 14, y 16. S Orquevaux, Horcavillan, 7, 8, 9. S c P

Paris, 22, 23. S Pierrefort (sgr de), haiHi de Ctermont, S 46. (Fortcressa de), 38, 39. S Poitiers (bataille de), 21 22.

Pont-à-Mousson, Pont, (sgr, marquis S de), 37, 43, 45, 47, 52. S~ Provence (comte de), 43, 45, 47, 52. Si

R

Rambervillers, 54 à 56.

Ranfaing, J. F., 54.

Rangéval, BM~c[!K~ (Drogon abbé de), 15,17.

Rebeuvitte, Ribovilla, (Thierry de), Aélide son épouse, 14,16.

Régnait, Nicole, Tabellion, 30, 35. Regnier, chanoine, 6, 7.

Remiremont, Remyeremont, 45. Rovnel, Risnel, Ryner, 1 à 27. (Arnoul de), là 14. (Erard de), 2 à 5. (Hugues, comte de), 4, 5. (Viard et Hugues, de), 14, 16. Richardménil, Recharmanil, RicharMcK~,25,26, 31.

Robin le covrecteur, 22.

Rofride (maître), 15, 17.

Roises (église de), 28.

Roric, archidiacre, 4, 5.

Rouceux, .RotMMM~ Rc~oMo, 5 à 9, 33, 34. (Simon, cher de), Gertrude son épouse, leurs enfants, Albert, Hugues, Simon, Guillaume, Pierre, Uiric, Aélide et son mari Thierry, S6. (Etienne de), 6 à 9. ~u (Hugues de), 14, 16.

S

iaint-Antoine (abbé de), 44.

)aint-Bhn, Bretenai (Wirrie de), 2,3. ;aini-Efophe, Sancto-Eliffio (Barthé.lemi de), 7, 8.

Saint-Gengoult (Thierry, doyen de), 15, )7, 27.

'aint-Jacques-du-Mont, de Sionne, 8,9.

!aint-Mihie], 55.

iaint-Paut (Barthélemy, abbé de), 4, 5, 8, 9.

~int-Rexty (abbé de), 46.

'aint-Urbain (Humbert de), 2. 3. .aim, (Jean IV, Jean V de), 24, 25, (comte de), 52.

arwerden (comte de), 52.

avigny (Burnequin de), 24.

'MMMCO)'(, j9.

ept-Fontaines(Maceiin, abbé de), 12, 13.

eraumont (Thie~selin de), 30. imon (m~), 33.

tanislas, duc de Lorraine, 55.

T

Thierry, archidiacre, 15, i7. Tilleux, Tillue (château, forteresse de), 37, 40.

Tisserand, 56.

Toul, 3 à 8, 27, 29,47. (Henri, évequede), 3, 4, 7, 8.- (Merre, 6vêque de), 13, <S.

Tournay (Jehan de), 22.

Trampot, Tamprou, Trampoui, i à 22, (Albums de), 2, 3.

~ra«ecor(, rremofM;or<, i8.

Troyes, t2, i6, 22, 23.

u

Ulric archidiacre, 4, S.

Urville, ~tpy<tt~, <7.

v

Vandoncourt (Doabs), 20.

iVaudémont, R~vttwwnt (Jacques de Lorraine), sire de BaiMille, 24. (Marguerite de Lorraine), 24, (comté, comte de), é), 43, 45, 47, 52.

Vaudrecourt, Waudrecourt, 38.

Vaux (Bernard,. abbé de), 4, 6, 8, 9. Verdun, 4, 5.

Vergy (Agnès de), 17 à 21. (Henri de), 19. (Guillemette de), 25.

Vesoul, i9, 20.

Vienne (Guillaume de), sire de Montmorot, S'-George, 24. (Jeanne de), 24.

Vitry (bailli de), 23.

Vosges, 17, (bailliage de), 47, 52. Werdemberg (comte de), 42 à 45. Wurtemberg (maison de), 25.

z

Zutphen (comte de), 47, 52.

Documents rares ou inédits de l'histoire des Vosges ; 5-6. Histoire de l'abbaye de Senones. Tome 5, 1 / rédigée par D. Aug. Calmet ; et continuée par D. Fangé, son neveu (2024)

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Introduction: My name is Roderick King, I am a cute, splendid, excited, perfect, gentle, funny, vivacious person who loves writing and wants to share my knowledge and understanding with you.